N°16 – 4ème trimestre 2013 Bulletin de la Société d`Archéologie et
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N°16 – 4ème trimestre 2013 Bulletin de la Société d`Archéologie et
N°16 – 4ème trimestre 2013 Bulletin de la Société d’Archéologie et d’Histoire de Saint-Paul-Trois-Châteaux Le 4ème trimestre 2013 a été riche en conférences. Pour conclure sa conférence Janick Ode nous a présenté une superbe photo, que la SAH vous offre en vous présentant ses vœux pour la nouvelle année. « Bonne Année 2014 » 25 octobre : Mylène Lert directrice du Musée « Actualité du patrimoine et de l'archéologie » À l'honneur, les travaux de restauration de l'orgue de la cathédrale réalisés par Claude Berger, facteur d'orgue à Clermont-l'Hérault et l'étude archéologique de l'îlot juiverie conduite par l'INRAP. Quelques sites archéologiques majeurs ont été présentés comme sur la commune de Châteauneuf-du-Rhône : une nécropole sur le site de La Labre fouillée sous la responsabilité de F. Ferber, comprenant au moins 140 sépultures du Haut et BasEmpire, puis, le site du Ponant, fouillé sous la responsabilité de C. Landry qui a mis en valeur des traces agraires et de maçonneries antiques. Enfin Mylène Lert a évoqué le travail réalisé sur les collections du Musée dont l'avancement du récolement décennal et l'étude des collections par des chercheurs comme Cl. Malagoli, B. Girard et J. Ode sur le site du sanctuaire de Lachau. Coupe à inscription en or. Verre incolore à décor de fils incolores doublés d’or. Panse tronconique décorée de légères dépressions ovales, fond concave décoré d’une inscription latine à la feuille d’or, prise entre deux couches de verre, et qui se développe sur deux lignes « ANNI BONI », encadrée de deux fils, l’un linéaire, l’autre ondé; pied annulaire en ventouse, rapporté. Provenance : Orange-La Brunette, dans une couche de destruction de la pièce 43 (US 90), 1985-1986. N° inv. : 92.05.341, Musée d’Orange. 16 novembre : Janick Ode (docteur en archéologie, chercheur associé au CNRS) : « Production et consommation du Verre antique » L’Antiquité a donné une place importante à la verrerie. Le verre, matériau capable de jouer avec la lumière, de se décliner dans une large gamme de couleurs, de préserver la saveur des liquides ou aliments qui lui sont confiés, y a fait l’objet d’innovations parfois révolutionnaires. Étirage, moulage-pressage, soufflage, coulage, ainsi que soufflage-moulage, autant de techniques que les artisans gallo-romains ont mises en œuvre pour proposer au consommateur un vaste éventail de formes et de décors. Le verre se retrouve ainsi dans le vaisselier, l’architecture, la parure et accompagne aussi les défunts dans l’au-delà. Le corpus tricastin et de la moyenne vallée du Rhône en est une belle illustration. Du sable extrait en Orient pour produire du verre brut aux produits manufacturés dans des ateliers secondaires, le verre antique raconte l’histoire d’un art témoin des transformations techniques, d’une mondialisation économique et du savoir-faire d’artisans pleins d’audaces. ❋❋❋ Prenez date pour 2014 L’assemblée générale de notre association se tiendra le mercredi 12 févier 2014 à la salle Pommier à 18 h. Conférences de 2014 par le Musat : 21 mars : Tracéologie sur silex par Loïc Torchy 27 juin : Lampes à huile par Claude Malagoli ❋❋❋ 1 Les temples réformés dans la ville de Saint Paul Le 8 Janvier 1526, les idées de la Réforme entrent à Saint Paul avec la nomination de Michel d’Arande à la tête de l’Évêché. Ami de Farel et de Lefèvre d’Etaples, il y est nommé sur la recommandation de Marguerite d’Angoulême, sœur du roi François 1er, dont il est le confesseur. Il vient des évêchés de Meaux et de Bourges, où ses prêches, proches des thèses humanistes et luthériennes, lui ont attiré des problèmes avec sa hiérarchie. 1621 - Réfection du Temple : « Bail à prix fait pour Messieurs de la Religion Reformée de St Pol trois Châteaux à Messire Jehan Galand : 4 Avril 1621 avant midi... établi en sa personne sire Antoine Roux syndic de l’église réformée dudit St Pol... baille à messire Jehan Galand maçon dudit St Pol présent et acceptant savoir : … parachever le couvert de leur temple à tuiles moulées et à poser le badigeon en dessus les murailles et des acoulles* et butées des arcs et icelles parachever ensemble la pile où est le clocher et y faire tous les bâtiments nécessaires... seront tenus lesdits habitants fournir... moyennant la somme de quarante-huit livres payables en trois parties... outre lui paieront quatre livres. » . (ADD E.5809 notaire C. Payan) *acoulles : chéneaux 27 novembre 1680 - Louis-Aube de Roquemartine prend ses fonctions d’Évêque de la ville : « Du XIIII octobre 1682 …requête à Monseigneur l’Intendant étant au Montélimar, tendant à ce que ceux de la religion prétendue réformée habitants en cette cité fussent condamnés à restituer à la communauté la cloche qui est à leur prêche pour avoir été achetée des deniers de la communauté en l’année mille six cent un, …sur laquelle requête Monseigneur l’Intendant ordonna que le syndic de ceux de ladite religion serait assigné au fin de ladite requête. » (AM SP BB13) Novembre 1682 - l’Évêque effectue une visite pastorale (extrait du compte- endu) : « Visite de Saint-Paul : Au nom de Dieu soit, … avons été aussi occupé à deux heures après midi à prendre les précautions possibles contre les attaquements de ceux de la R.P.R. qui nonobstant les arrêts du Conseil s’assemblent et investissent toutes les nuits notre palais, ayant le soir passé enlevé la cloche de leur temple qui appartenait et avait été adjugée aux catholiques. ».... Ainsi débute l’affaire dite de la cloche, le prétexte du soidisant vol de la cloche est l’occasion d’imputer aux protestants des tas de crimes supposés et d’engager la répression. Le Temple n’est pas encore rasé, les protestants prouvant certainement que l’inscription de 1621 était celle de la réfection de leur Temple, effectivement construit avant 1599. Octobre 1685 - révocation de l’Édit de Nantes. Le temple est détruit, les matériaux et le portail sont réemployés pour la construction du nouvel hôpital. 19 nov. 1685 : « Auquel bureau a été proposé par lesdits Sieurs Recteurs que par le bénéfice des édits de sa Majesté tous les biens des Consistoires sous quel titre que ce soit appartiennent aux hôpitaux et que par le dernier édit qui révoqua celui de Nantes tout exercice de la Religion P.R. est interdit dans tout le Royaume et par conséquent dans cette cité où le temple de ceux de ladite Religion doit être démoli jusque au fondement Très tôt, entre 1567 et 1585, les protestants de Saint Paul se dotent d’un lieu de culte, pendant la vacance de l’Évêché, M. De Combe étant pasteur en1560. Le premier Temple, entouré d’un cimetière réservé aux protestants, est édifié immédiatement au sud de l’Évêché. 1598 - l’Édit de Nantes amène la paix religieuse et le partage du pouvoir à part égale dans la ville, entre les deux communautés 19 mars 1601 - Les consuls votent un budget de 9 livres pour l’achat de 2 cloches, une catholique et une réformée. De 1602 à 1609 le pasteur à Saint Paul est JeanBaptiste Ollivier Avant 1603 - L’évêque Antoine Ducros exprime son désaccord avec son chapitre (Boyer de Ste Marthe) :« Après lui avoir exposé les ravages que les « hérétiques » avaient faits dans sa Ville Épiscopale, son Église et son Palais dont ils avaient été les maîtres pendant plus de quarante ans, où ils avaient fait bâtir un Temple... » 1603 - Les consuls votent 36 livres pour l’achat d’une maison ruinée, pour agrandir le cimetière protestant. 1620 - Les protestants de Saint Paul demandent un secours au synode national « pour dresser une école et achever de bâtir un temple resté imparfait. » Lyon, le temple de la rue Paradis 2 …, sur quoi même par les ordres express de Monseigneur le Procureur Général, Monsieur Mézodier son subdélégué en ce siège va faire procéder au moment à l’enchère du prix fait de la démolition… il y a longtemps qu’il avait été résolu de bâtir un hôpital attendu qu’il n’y a qu’un membre pour ceux qui sont en garde et les malades hommes et femmes, … la bâtisse dudit hôpital dans laquelle lesdits matériaux pourront servir. … A été délibéré que lesdits Sieurs Recteurs feront incessamment ... devant Messieurs les Officiers Royaux et déclarent que le bureau pour les pauvres se charge de la démolition aux frais de l’hôpital puisqu’il doit profiter des matériaux... » Descriptif des travaux (extrait) « … Démoliront à leur frais l’hôpital qui est présentement et les écuries contiguës acquises du Sieur Payan et toute la muraille qui est le long du cimetière, l’aligneront et la feront de douze pans hors terre et deux pans et demi d’épaisseur avec un portail au milieu qui sera celui qui est présentement au temple. » La salle de réunion des Amis de la Constitution se trouvait dans une maison appartenant à la famille Favier, dont plusieurs membres avaient adhéré au protestantisme. 5 Février 1802 - Suite au concordat de 1801, le conseil presbytéral émet l’idée de construire un nouveau temple. 18 mai1802 - L’assemblée de Dieulefit fait une demande au préfet dans ce sens. 1er décembre1807 - Attendant la nouvelle construction, 16 protestants de St Paul achètent pour 600 F un local, dans une maison de la place aux herbes, en vue d’y célébrer le culte. 1810 - Le cadastre mentionne à la section O 329 : la Commune, Le Temple. Section O 313-314-315-316 1819 - Les fidèles se cotisent pour subvenir aux réparations du local. 1822 - Abandon du projet de construction, faute d’argent. Puis 20 juillet 1822, Devis de réparation de 1500 F par le géomètre Ayasse et demande d’aide à la commune. 8 mars1824 - Attribution d’une aide de 800 F par le Ministre des cultes. 28 avril 1840 - Examen par le conseil municipal (M. Cheysson maire) d’un devis de construction, en déficit de 4096,45 F en tenant compte de la vente du local de la place aux herbes et d’une souscription auprès des paroissiens. Le conseil municipal se fait tirer l’oreille et demande une aide auprès du gouvernement. 7 septembre1840 - Lettre du sous-préfet qui insiste pour cette construction et menace la municipalité de perdre son droit à un secours. 18 avril 1842 - Émission du cahier des charges. 25 mai 1842 - Approbation préfectorale de ce cahier des charges. 19 juin 1842 - Adjudication du chantier par le pasteur Jean-Pierre Paul, selon le CdC, mise à prix 7593,83 F. s’effectue en 7 feux successifs qui font passer le prix à 6500 F, puis 6300 F, encore 6300, puis 6250, enfin 6240 F, adjugés au 7ème feu au Sieur Crespin Tarjon, Maître maçon à St Paul, cautionné par Louis Marron, Maître menuisier au même St Paul. 23 avril 1845 - Attribution préfectorale d’un secours de 1300F, le pasteur est M. Cabal. 24 avril 1845 - Inauguration officielle du temple actuel, le sous-préfet est excusé. (AM SP Archives de l’hôpital E1) Le portail du Temple à l’entrée de l’hôpital Les protestants, privés de leur lieu de culte, s’assemblent clandestinement dans des lieux isolés, connus sous le nom d’Église du désert. 29 novembre 1787 Louis XVI promulgue l’Édit de tolérance qui rend aux protestants leur existence civile. 26 août 1789 - la liberté religieuse est rendue aux protestants. 1er janvier 1792 - À Saint Paul un descendant de la famille protestante des Payan, fondateur de le Sté des Amis de la Constitution va intervenir en faveur des protestants : « L’an quatre de la liberté. La Société des Amis de la Constitution assemblée à quatre heures du soir dans la salle ordinaire..... Le président a observé à l’assemblée que cette même salle dans laquelle ils étaient assemblés serait peut-être destinée à être le temple dans lesquels nos frères protestants s’assembleraient pour y exercer leur culte religieux. Il a fait quelques réflexions pour prévenir les scrupules de ceux de nos frères les catholiques à qui cette réunion pourrait paraître contraire à leurs principes et Claude Payan a développé les mêmes idées avec beaucoup de précision et de vérité..... ». Le temple vers 1900 (AM SP RV4) Pierre Vallerey 3 La chronique Tricastine de Nicole CHANDRU L’affaire de la cloche Avertissement et conclusions pour messire Antoine Melchior prêtre et chanoine en l’église cathédrale de Saint-Paul-Trois-Châteaux et syndic général du clergé au Diocèse dudit lieu, demandeur en cas d’assemblées défendues, larcins et occultation de cloche, trouble de fonctions Épiscopales et autres crimes. Contre Pierre Rat se disant Syndic des habitants dudit StPaul faisans professions de la Religion Prétendue Réformée et l’universalité des habitants dudit St-Paul et ses dépendances pratiquants la même secte, accusés et défendeurs. Les deuxièmes ont été prises sur un enlèvement et larcin nocturne d’une cloche achetée des deniers de la communauté dont la restitution avait été adjugée aux demandeurs avec dépend. Observation II. Sur l’enlèvement et recélation de la cloche. Ce chef d’accusation comprend trois sortes de crimes. Le premier consiste en l’artifice projeté de se conserver injustement le bien de la communauté, qui avait acheté de ses deniers ladite cloche, et laquelle seule comme catholique elle appartenait. 2° Ils ont exercé cette cruelle calomnie d’accuser faussement les Catholiques d’avoir fait cet enlèvement, et de leur imputer des violences faites par fractures dans leur temple. 3°Ils ont apporté des grands soins pour receler leur larcin violent, afin que l’adjudication en fût inutile aux Catholiques. La cloche a été trouvée enterrée chez un Religionnaire. En effet ladite procédure apprend qu’on avait profané cette cloche dédiée au service divin et ce d’une manière qui tombe dans le sacrilège ; puisqu’il fut découvert qu’ils l’avaient enterrée sous une crèche de mulet sept pieds dans terre. Observation V Sur les peines qui doivent être établies pour la réparation de tant de crimes compliqués. Qu’il y a eu contention entre les demandeurs et lesdits Religionnaires par-devant Messieurs les Commissaires députés par Sa Majesté, touchant la démolition des Temples, par-devant lesquels il fut remontré de la part des demandeurs que le temple de la cité de St-Paul est de ceux qui ont été construits depuis l’Édit de Nantes et que par conséquent il doit être démoli. En effet ils soutenaient qu’ils avaient un Temple et un établissement de leur exercice avant l’Édit de Nantes, qui fut publié en 1599 ; cependant on produit en extrait de l’inscription qui était gravée au-devant de leur Temple, par laquelle il apparaît visiblement que ledit Temple ne fut construit qu’en 1621. De là il s’ensuit bien sensiblement que lesdits religionnaires de la cité de St-Paul n’ont aucun droit de Temple, ni d’exercice de Religion dans ladite ville. Conclusions : Elles tendent à ce que maître Gédéon Payan, le ministre, les anciens du consistoire de ladite cité de Saint-Paul, Rat se disant syndic des habitants religionnaires dudit lieu, Genevès père et fils et Laurent Roux neveu dudit Rat recélateur de ladite cloche soient solidairement condamnés le chacun en l’amende de mille livres applicables, le tiers à l’hôpital de ladite cité de St Paul ; le tiers aux réparations de l’Église Cathédrale dudit lieu et l’autre tiers aux demandeurs et que pour le surplus l’exercice de la R.P.R. soit pleinement et définitivement déclaré interdit dans ladite cité de Saint-Paul et ordonné que les trois portes du temple seront murées, attendant que sur le rasement dudit temple il ait été pourvu par sa Majesté en l’instance de partage sus énoncé et que défenses soient faites à tous lesdits habitants de s’assembler en aucun lieu au-delà du nombre de trois... sur peine dès à présent déclarée indicte du dernier supplice. Valle, Monsieur de St. Marcel rapporteur, Chaumat procureur. Document non daté - Archives privées (vers 1683) Le temple de Montélimar construit en 1604, il fut détruit en 1684 dans des circonstances dramatiques en vertu de l'arrêt du Parlement de Grenoble du 12 juillet 1684. Dessin : Charles READ (inclus dans son ouvrage cité ci-dessous) READ, Charles.- Daniel Chamier.- Paris ; 1858 Comité de rédaction : Raymonde VANNI - Mireille CRUMBACH - Nicole VALLEREY - Nicole CHANDRU. 4