Association Réseau Hippocampe Marseillan, le 20 septembre 2006

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Association Réseau Hippocampe Marseillan, le 20 septembre 2006
Association Réseau Hippocampe
24 rue Émile Zola
Marseillan 34340
Marseillan, le 20 septembre 2006
E-mail : [email protected]
À Messieurs les Commissaires enquêteurs
Objet : enquête publique sur l’aménagement du lido de Carnon à La Grande Motte
Notre association, qui a pour but la défense des espaces naturels du littoral, tient tout
d’abord à exprimer son inquiétude devant la multiplication des atteintes à la protection du littoral
constatées depuis deux ans car c’est dans ce contexte qu’il faut évaluer la pertinence du projet qui
nous est présenté.
Assouplissement de la loi littoral, comblement de zones humides, déclassement de
l’Étang de Thau, installation de paillotes sur les plages, reprise de grands projets immobiliers,
projets de constructions sous différents prétextes dans la bande des 100 mètres, parkings,
sédentarisation de mobil home dans les campings etc. : tous les signaux d'alerte sont passés au
rouge.
Le projet d’aménagement du lido de Carnon à la Grande Motte nous est certes
présenté comme un projet de protection du littoral mais le terme d’ « aménagement durable » ne
saurait faire illusion bien longtemps : il ne s’agit nullement de lutter contre l’érosion mais bien
plutôt de créer les conditions d’une privatisation rampante de cette plage comme d’autres plages du
département*.
Il existe une très forte pression de certains lobbies immobiliers et bancaires et de la
grande industrie du tourisme pour relancer la construction immobilière sur le littoral et pour donner
à ce département un standing « haut de gamme » où les perspectives de profit à court terme seraient
plus alléchantes.
L’obstacle majeur au développement de cette politique, c’est la population du
département elle-même puisqu’elle occupe inutilement des espaces qui ne pourraient être
rentabilisés à court terme qu’après l’en avoir écartée.
C’est avant tout dans ce but qu’on tente de limiter l’accès aux plages en créant des
parkings, tout comme, par ailleurs, on met en difficulté les professions qui occupent des espaces
ruraux promis à d’autres activités (la plaisance au lieu de la pêche et de la conchyliculture dans les
ports et les étangs, des lotissement fermés à l’américaine dans les garrigues à la place des vignobles
etc.).
Les arguments prétendument écologiques qui soutiennent ce projet ne résistent pas à
un examen attentif. Nous les avons patiemment décortiqués à l’occasion de l’enquête publique sur
l’aménagement du lido de Sète à Marseillan* comme l’association Sauvons La Plage Libre, dont
nous partageons l’analyse et les propositions, l’a fait pour le lido de Carnon à la Grande Motte.
Il ne s’agit, avec ce projet, de rien d'autre que de réserver cette plage aux riches.
La réflexion sur la lutte contre l'érosion reste entièrement à mener, hors de toute
considération mercantile, car l'argent et la protection de l'environnement ne font pas bon ménage sur
le littoral.
Or il semble que les fonds structurels européens doivent s'accompagner de certaines
contreparties économiques, si on en croit les récentes déclarations du maire de Sète au quotidien
Midi Libre, dont je vous joins une copie.
En tout état de cause, ce projet est incompatible avec la loi littoral qui énonce le
principe fondamental de la liberté d'accès aux plages et de sa gratuité.
Les déclarations tardivement rassurantes de différents responsables politiques n'y
changent rien : en entravant délibérément l'accès au rivage, en créant des parkings comme seul
point d'accès, en restreignant le nombre de places de stationnement, on installe une infrastructure
qui va permettre, à n’importe quel moment, de rendre cet accès payant et d’en confier la gestion à
des groupes privés, puisque cette décision relève d’une simple délibération des conseils municipaux
concernés.
Ce projet doit-il être mené contre l’avis de la population, en dépit du désaccord exprimé au
cours des deux réunions de concertation qui ont fait salle comble ?
Les grands dossiers d’aménagement du territoire et notamment ceux - particulièrement
sensibles - qui concernent le littoral, doivent-ils échapper au contrôle de la population et au débat
public : avec Sauvons La Plage Libre, nous avons demandé en vain qu’un débat public ait lieu au
Conseil Général sur l’aménagement des plages ?
Le littoral n’a-t-il pas déjà assez souffert des décisions imposées sous la pression de gros
intérêts privés ?
N’est-il pas urgent de prendre le temps de réfléchir, notamment aux causes de l'érosion des
plages dues à l'intervention humaine (digue de l'Espiguette par exemple) et d’évaluer dans la
transparence les différentes solutions possibles ?
Telles sont les questions que je voulais, messieurs les Commissaires enquêteurs, soumettre à
votre réflexion.
En vous priant d’agréer mes sincères salutations.
Pour l’association Réseau Hippocampe
La Présidente
Marie Azzaroni
* Voir nos observations pour l'enquête publique sur l'aménagement du lido de Sète à Marseillan
en ligne sur le site www.reseau-hippocampe.org/aménagement

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