Le culturisme exige bien des sacrifices
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Le culturisme exige bien des sacrifices
Version 3 Photo : oui 4F Le culturisme Le culturisme exige bien des sacrifices Les athlètes qui pratiquent le culturisme consacrent tout leur temps à l’entraînement, négligeant leur vie sociale au profit du dépassement de soi, qui devient une obsession. Mais les sacrifices qu’ils s’imposent sont-ils sains? Jade Lévesque [email protected] «Je m’entraine six fois par semaine et quelques mois avant une compétition, je peux m’entraîner environ 25 heures par semaine», explique un jeune culturiste de 20 ans, Dereck Lamontage. Le temps consacré à cette discipline s’additionne aux heures de travail et d’études du jeune athlète. Ses soirées ne sont donc réservées qu’à l’entraînement. Selon le psychologue sportif Sylvain Guimond, cette obsession pour l’entraînement est saine, seulement si l’athlète parvient à atteindre en bout de ligne, ses objectifs personnels. «On n’a pas le choix d’en faire une obsession si on veut réussir dans cette discipline», renchérit un culturiste de 28 ans, Jonathan L. Ayotte. «Il est rare que les culturistes réussissent à maintenir une vie sociale active et équilibrée. L’athlète qui se dévoue pour le culturisme est obligé de se limiter dans ses activités», ajoute Sylvain Guimond. Il fait également valoir que les culturistes ont besoin de beaucoup d’aide au niveau de la pharmacologie et qu’ils doivent suivre un programme de nutrition sévère afin d’obtenir de bons résultats physiques. Il témoigne qu’ils iront même jusqu’à sacrifier régulièrement les moments en famille ou leur vie de couple afin de s’assurer de manger à la lettre ce qui est prévu dans leur programme, soit six repas par jour. «Si ma famille ou mes amis m’invitent au restaurant, je dois refuser», ajoute Dereck Lamontagne. Entretenir des vieilles amitiés et en créer de nouvelles devient alors presque impossible. «J’ai été près de six mois sans parler à une fille parce que je n’avais pas le temps d’être sur Internet ou de sortir dans les bars», confie un autre athlète de culturisme de 23 ans, Martin P. Compétition Tous ces sacrifices ont un seul but : se rendre à la compétition. «Des mois de souffrance et de persévérance pour une minute sous les projecteurs, une minute de gloire pour des mois de travail, pour se prouver qu’on est capable de faire ce que 99 % des gens sont incapables», confie Martin P. Pour les trois culturistes interrogés, cette discipline est un sport, une passion et un mode de vie. Ils adorent leur routine et ils ne feraient que ça de leur vie, mais pour le moment, c’est impossible. Deux de ces jeunes culturistes sont dans l’armée et l’autre athlète travaille comme gardien de prison. Tous souhaitent exceller dans l’entraînement et désirent être entraineurs d’ici la fin de leur carrière. «J’adore ma routine! Je suis heureux quand je m’entraine», explique Jonathan L. Ayotte. Les préjugés des Québécois Sylvain Guimond souligne que dans l’espoir de devenir plus imposant, nombre d’athlètes, amateurs comme professionnels, ont recours à des produits pharmaceutiques comme les stéroïdes, les diurétiques, les anabolisants et autres produits. Selon les trois culturistes contactés, les Québécois pensent encore que les athlètes dans le monde du culturisme sont des gens très gros et peu intelligents. De plus, ils ont beaucoup de préjugés concernant ce sport tandis qu’aux ÉtatsUnis, les gens qui exercent cette discipline sont presque considérés comme des «stars» par les gens et ils sont vraiment appréciés. «C’est difficile d’avoir une bonne et sérieuse discussion avec les gens au sujet de mon entrainement physique ou de mon mode de vie. Ils ne me prennent pas au sérieux et ils ne comprennent absolument rien de ce qu’on leur explique et ils ne comprendront sûrement jamais», ajoute Martin P. Sylvain Guimond explique que le culturisme a toujours été associé aux stéroïdes et à d’autres formes de dopage. Ces athlètes doivent malheureusement vivre avec ces préjugés. «Lors d’une compétition, je rencontre beaucoup d’autres athlètes qui sont eux aussi, passionnés par le culturisme. On devient amis sur Facebook et on s’échange plusieurs conseils sur à peu près tout ce qui entoure notre sport. Je me sens moins seul», confie Dereck Lamontagne. -30b.v : Dereck Lamontagne pose lors de sa dernière compétition au Championnat canadien à Halifax, le 6 juillet 2013.