vauban à strasbourg

Transcription

vauban à strasbourg
VAUBAN
Sébastien le Prestre (marquis de)
(1633-1707)
Ingénieur civil et militaire du roi
Commémoration de son passage à Strasbourg
à l’occasion du tricentenaire de sa mort
Eléments biographiques
Rigaud Hyacinthe, Sébastien le Prestre, marquis de VAUBAN :
né le 12 mai 1633 à Saint-Léger de Fourcherets, dans une famille de petite noblesse, et mort le 30
mars 1707 à Paris.
A l’âge de 18 ans, s’engage dans l’armée de Condé (opposée à Louis XIV).
1653 : au service du roi, il se fait appeler Vauban.
1655 : ingénieur militaire du roi par l’intermédiaire du cardinal de Mazarin.
1662 : commissaire général des fortifications.
Sa carrière tout entière est consacrée au roi et au royaume : il dirige plus de 50 sièges : Tournai,
Douai, Lille, Maastricht, Mons, Besançon, Namur, Luxembourg, etc., et fortifie le royaume (environ 300
forteresses) qu'il nomma "le pré carré" en Flandres et dans le Nord, en Ardennes, Alsace, Rhénanie, en
Franche-Comté, Alpes, Bretagne, Roussillon, sans omettre la façade maritime.
Il crée des places-fortes avec des échelonnements de défense à Lille, Besançon, Belfort, etc.
1688 : lieutenant général.
1699 : membre honoraire de l’Académie des Sciences.
1703 : maréchal de France.
1705 : écrit un traité sur l'attaque des forteresses.
1707 : publie son Projet de dîme royale, préconisant l'impôt unique.
Défenseur de la liberté de conscience, il réprouve la révocation de l’Edit de Nantes.
Il est bâtisseur, urbaniste, ingénieur civil et de l'armement, stratège et tacticien, gestionnaire et
économiste.
Son corps repose en l'église de Bazoches (Nièvre), près de son château acquis en 1675, tandis
que son cœur est déposé en l'église du Dôme, aux Invalides, à Paris, par décision de l'Empereur
Napoléon, depuis le 28 mai 1808.
Vauban à Strasbourg
Sébastien Le Prestre de Vauban est mort il y a trois cents ans, à la fin du règne de Louis XIV. Aussi, il
n’est pas inutile de rappeler le rôle éminent joué par cet illustre ingénieur militaire, dans la restructuration
et le renforcement des défenses de la ville de Strasbourg, dont les fortifications n’ont guère été remaniées
depuis l’ingénieur Daniel Specklin, à la fin du XVIe siècle, et Merschhaeusser et ses contemporains, au
cours de la guerre de Trente ans.
Depuis sa fondation jusqu’à une période récente, la ville de Strasbourg a joué un rôle militaire
important. Les premières représentations figurées montrent le castrum romain entouré de hauts remparts
crénelés. Au Moyen-âge, le système défensif de la ville a connu des extensions successives. A partir du
XVIe siècle, la Ville assume d’importants travaux confiés à des spécialistes, dont l’un au moins, Daniel
Specklin, de renommée internationale.
Après la réunion à la France, en 1681 (cf. document 1), la rénovation des fortifications de
Strasbourg, place de guerre sous Louis XIV, est à nouveau confiée au meilleur spécialiste du temps :
Vauban. La Ville perd la maîtrise d’ouvrage, ne gardant que la charge financière.
Le 3 octobre 1681, 3 jours après la capitulation de Strasbourg, Vauban inspecte une partie de la place
et les environs avec Louvois. Peu de temps est alloué à Vauban pour dresser le Projet des nouvelles
défenses de Strasbourg qui devait être proposé au Roi dont l’arrivée en Alsace était prévue pour le 14.
Effectivement, le maréchal présente son étude au souverain le jour retenu. De fait, le dossier sur les
nouvelles fortifications composé de plans, d’une instruction générale et d’un mémoire, est terminé le 9
octobre 1981. Recopié pour être présenté au roi, le projet de Vauban est intitulé Scituation de Strasbourg,
ses deffauts et avantages. Et les propriétés généralles et particulières de la fortification, après l’exécution
de son projet achevé.
Il entreprend aussitôt les travaux de renforcement des remparts existants, d’édification d’une véritable
place forte autonome entre le Rhin et la ville : la citadelle. Il fait ériger des forts, afin d’assurer la
surveillance du Rhin et du pont, et, en amont des Ponts Couverts, fait établir un ouvrage défensif servant
à la fois de pont et de barrage permettant de régulariser l’arrivée d’eau dans les fossés autour de
l’enceinte et d’inonder, en cas de siège, tout le front sud de la forteresse : le barrage Vauban. Cet
ouvrage dont la construction a duré 4 ans, est destiné, en barrant les eaux de l’Ill, à provoquer
l’inondation par devant les remparts ; les ouvrages à cornes sur le front ouest et la citadelle sont eux
destinés à la défense du pont sur le Rhin (cf. document 2).
Les chantiers, dirigés dès 1680 par Jacques Tarade, ingénieur du roi et directeur des places fortes
d’Alsace de 1683 à 1712, sont entrepris simultanément avec 3000 hommes à la citadelle et quelques 1000
hommes au fort de Kehl. La direction des fortifications et places de l’Alsace demeure entre les mains de
membres de la même famille, en particulier Antoine du Portal, gendre de Tarade, jusqu’en 1738.
Appelé vers d’autres tâches, Vauban quitte Strasbourg le 23 décembre 1681. Il y revient en 1682,
1684, 1686, 1687, 1688, 1698 et 1703 (quatre ans avant sa mort). Il note de Strasbourg qu’elle est la
forteresse la plus considérable d’Europe, qu’aucune puissance ne pourrait emporter. L’excellence de ses
défenses la rend pratiquement invincible… (Vauban à Michel le Peletier de Soucy, 1696). Avec Strasbourg
le roi peut se dire Souverain d’Alsace, mais sans Strasbourg il y sera toujours faible et tout au plus
considéré comme un grand seigneur. Toutes ces raisons sont que, je ne voie rien qui convienne tant à la
France, que cette place… (Vauban à Jean-Baptiste Colbert, 1696).
Les réalisations de Vauban sont restées opérationnelles jusqu’au siège de 1870 qui a duré 50 jours, et
subsistèrent jusqu’en 1872.
Mis à part Strasbourg, d’autres places ont été fortifiées par Vauban dans l’Est : Sélestat, Huningue,
Phalsbourg, Bitche, Fort-Louis, Belfort, Belfort, Neuf-Brisach, etc.
Source bibliographique :
HAETTEL Jean-Paul, « Vauban, aux frontières de l’Est », dans Annuaire du Vieux Strasbourg 1995-1997,
n° 25, 1997, p. 137 à 167 [cahier séparé].
Documents d’archives
Document 1
Louis XIV, maître de Strasbourg : notice de la médaille commémorative de 1683
France, après 1683, Papier, impression, gravure sur cuivre, 43,3 x 28 cm, Archives de Strasbourg, X 952
« Strasbourg fortifié. Les raisons, qui déterminèrent le Roy à ne plus
négliger ses droits sur Strasbourg, l’engagèrent à pourvoir aux plus
prompts moyens de s’en asseûrer la possession. Par son ordre on avoit
préparé dans la Haute-Alsace tous les matériaux, et taillé toutes les
pierres nécessaires pour la Citadelle, qu’il avoit résolu de faire bastir. Ces
pierres, ces matériaux descendirent par le Rhin jusqu’à Strasbourg, et y
formèrent tout à coup une Citadelle, qui jointe au grand nombre
d’ouvrages, qu’on fit avec la mesme diligence, osta aux Ennemis l’envie de
disputer au Roy sa nouvelle conqueste, et leur oppose encore aujourd’huy
une barrière impénétrable.
C’est le sujet de cette Médaille. On y voit la Ville de Strasbourg avec ses
fortifications. Les mots de la Légende, Clausa Germanis Gallia, signifient la
France fermée aux Allemands. L’Exergue, Argentorati arces ad Rhenum,
M. DC. LXXXIII. veulent dire Strasbourg fortifiée sur le Rhin, 1683. »
Monté sur le trône à cinq ans, en 1643, Louis XIV n’exerce réellement le
pouvoir qu’à partir de 1661. Son règne est marqué à l’extérieur par une suite de guerres d’abord victorieuses, puis
défavorables. Sa politique intérieure impose l’absolutisme. En Alsace, les institutions qu’il met en place ou renforce
travaillent à l’unité de la province. En 1681, la capitulation de Strasbourg marque le point culminant de cette volonté
de « tout soumettre à la volonté du Roi ». Pour marquer la prise de Strasbourg et la construction de la citadelle face à
l’Empire, une médaille est frappée en 1683.
Document 2
Plan de la ville et citadelle de Strasbourg, avec leurs environs
Date estimée : 1750. Taille originale : 75 x 62 cm. Service d’Information géographique de la CUS.

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