Editorial - Revue Internationale de Géomatique
Transcription
Editorial - Revue Internationale de Géomatique
Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives.rig.revuesonline.com Editorial Un de nos collègues, Jean-Marc Robbez-Masson, a trouvé la mort en juillet 2005 en effectuant une voie d’alpinisme au sommet du Mont Blanc. Maître de conférence à l’Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Montpellier depuis 1986 et membre du laboratoire des Interactions Sols, Agrosystème Hydrosystèmes (LISAH, UMR INRA-ENSAM-IRD), Jean-Marc a été pour beaucoup un collègue d’une grande valeur, à la fois pour ses qualités de chercheur et d’enseignant. Sa thèse soutenue en 1994 et portant sur la « Reconnaissance et délimitation de motifs d’organisation spatiale ; application à la cartographie des pédopaysages » révélait déjà plusieurs qualités remarquables, et notamment sa rigueur scientifique, sa maîtrise de l’analyse spatiale et sa volonté de créer un outil diffusable. Depuis, il avait poursuivi ses activités de recherche dans plusieurs directions : cartographie numérique des sols, organisation des bases de données pédologiques, télédétection des états de surface des sols, caractérisation des vignes par télédétection). Récemment, il s’apprêtait à passer son habilitation à diriger des recherches. Sensible à la dimension spatiale des phénomènes qu’il avait à étudier, JeanMarc a été dans sa discipline parmi les précurseurs de l’utilisation des SIG et de l’information géographique. Dans ce domaine, sa vision était celle d’une géomatique directement liée aux besoins de la recherche opérationnelle : sans renier pour autant le formalisme et la théorie, il voulait que les outils soient avant tout au service du thématicien et de l’enquêteur de terrain. Faisant parfaitement le lien entre une approche visuelle et sensible du paysage et une approche instrumentée par ordinateur, il savait concilier l’observation du réel et le modèle spatial qui en découle. A la fois homme de décision et homme de terrain, chacun avait remarqué qu’il gardait toujours ses chaussures de randonnée, même quand il ne travaillait que sur des couches informatiques… Son statut de géomaticien en sciences du sol lui a valu d’être parfois considéré comme un « pédologue géographe » ; mais au-delà de son appartenance académique, Jean-Marc avait su établir des relations fructueuses en dehors de sa propre discipline. Par exemple, il avait récemment passé quelque temps chez les géographes bisontins de l’UMR THEMA, pour concrétiser une étude sur l’identification des vignes par télédétection ; l’article dont il est co-auteur dans ce numéro constitue le dernier travail qu’il a effectué dans le cadre de cette collaboration. Mais bien des projets étaient encore à l’ordre du jour… Jean-Marc tenait beaucoup à transmettre aux autres les fruits de son travail, et sa démarche dépassait parfois celle d’un simple chercheur. Il avait à cœur de mettre à disposition ses programmes et, pour lui, la conception d’une méthode ne s’arrêtait 8 Revue internationale de géomatique. Volume 17 – n° 1/2007 pas à la communication de son formalisme, mais allait jusqu’à la réalisation d’outils informatiques utilisables par tous. Nombreux sont ceux qui ont profité des logiciels CLAPAS ou EPI, ceux qui ont apprécié la présence des manuels d’utilisateurs, des exemples d’applications, des lexiques illustrés… et surtout la disponibilité de Jean-Marc pour conseiller ou accompagner certains traitements. Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives.rig.revuesonline.com Cette générosité dont Jean-Marc faisait preuve dans son travail de chercheur était également bien présente dans son activité d’enseignement. Plusieurs générations d’étudiants ont pu bénéficier de ses très grandes qualités pédagogiques et de sa façon à la fois rigoureuse et détendue de stimuler les neurones ! Les étudiants de l’ENSA Montpellier, ceux du mastère SILAT, et bien d’autres encore (thésards, stagiaires, IUP Génie des Territoires à Besançon…) ont gardé le souvenir d’un enseignant attentif et consciencieux, consacrant beaucoup de son temps à transmettre son savoir. Enfin, évoquer Jean-Marc sans parler de son humour communicatif serait oublier un versant important de son personnage. Très accessible et ne s’embarrassant pas d’une posture imposante vis-à-vis des autres, le regard souvent rieur, on avait l’impression d’entrevoir à travers ses blagues et ses canulars l’enfant espiègle qu’il a peut-être été. La gentillesse de Jean-Marc, sa patience, son aptitude à guider les autres et la confiance qu’il inspirait, sont autant de qualités dont il a aussi fait preuve en dehors de son travail. Passionné de haute montagne, d’escalade et de spéléologie, il était un membre actif du CAF de Montpellier et était devenu un alpiniste chevronné. Toujours prêt à organiser une sortie, à initier des néophytes, il savait partager cette passion avec les autres. Pour tous ceux qui ont été amenés à le côtoyer, collègues, étudiants, camarades de montagne, Jean-Marc laissera un grand vide. Les membres du comité de rédaction de la Revue internationale de géomatique s’associent à la peine de sa famille, de sa femme Isabelle et de sa fille Marianne. JEAN-CHRISTOPHE FOLTÊTE Théma, Besançon