Tendances de l`innovation sociétale

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Tendances de l`innovation sociétale
Tendances de
l’innovation sociétale
La Lettre de Youphil - 1ère source d’information des décideurs engagés | www.youphil.com | N° 1 – 6 octobre 2010
Édito Making Of
Actualités
Kiva s’attaque
au microprêt étudiant
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eBay, chantre de
l’intrapreneuriat social ?
|3
Leclerc jette les prospectus papier
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Clinton Global Initiative. Le Best Of
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Décryptages
Dossier Objectifs du Millénaire
Comment le développement
devint une affaire d’entreprises | 5-7
La Semaine de L’ISR vue
par Vincent Auriac
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Le bénévolat d’expertise,
clé d’implication des jeunes
|9
Tendances
Plaidoyers pour le “Middle”
| 10
LE CHIFFRE À RETENIR
2 %
C’est la part des
profits nets moyens
que les entreprises
indiennes devront consacrer à des
activités liées à la RSE sur les trois
prochaines années si le projet de
loi Companies Bill est adopté par le
Parlement indien. Cette réforme du
droit des sociétés (datant de 1956),
allant vers plus de souplesse, de
transparence et de protection des
parties prenantes, crée donc un “2 %
RSE” pour les entreprises entrant dans
l’une des trois catégories suivantes :
un profit annuel moyen dépassant
les 1,06 M$, des actifs supérieurs
à 106 M$ ou un chiffre d’affaires
supérieur à 212 M$. Plus de 3 400
entreprises seraient concernées. Le
projet de loi ne définit en revanche
pas ce qu’est précisément une
“activité liée à la RSE”.
Nous avouons avoir (un peu) hésité
à nous lancer dans l’édition d’une
lettre de veille et d’information sur
l’innovation sociétale. C’est un
exercice exigeant et structurant
pour notre petite équipe du
web, libre des contraintes des
bouclages, et qui génère une
foule de questions. Si nous passions
à côté d’une information importante ? Si notre champ de sujets était trop
vaste pour finalement satisfaire nos lecteurs ? Allons-nous toujours savoir poser
les bonnes questions de fond ? Dans ces secteurs en ébullition, qu’est-ce
qui relève vraiment de l’innovation ? Devons-nous nous concentrer sur le
“social” et rester dans la réparation et l’urgence, ou nous ouvrir au “sociétal”,
porteur de changements en profondeur et de comportements nouveaux ?
Est-ce qu’un média pure player ne se dédit pas en proposant une édition
électronique que certains imprimeront – avec un peu de culpabilité à la clé,
à moins d’être l’heureux propriétaire d’un iPad – peu avant de s’engouffrer
dans une rame de métro ou un bus ?
Voici le fruit de ces réflexions. En espérant qu’il aiguise votre appétit pour
tous ces nouveaux enjeux du vivre ensemble, et avec trois plats au menu,
tous les 15 jours : des actualités, un dossier d’analyse et des pages de
tendances. Tout ceci concocté avec les ingrédients habituels de Youphil :
la transversalité (de la RSE à l’économie inclusive et expérimentale en
passant par l’entrepreneuriat social, la philanthropie active ou la solidarité
internationale…) mais aussi le bon dosage entre actualité, décryptage et
veille, l’ouverture sur l’international et la volonté d’une écriture simple, par
de “vrais” spécialistes de ces questions.
La casserole dans laquelle nous avons jeté ces ingrédients est faite de
la volonté de toujours libérer l’information que nous traitons de l’excès
d’angélisme, de politisation, de dogmatisme ou de vertu qui freinerait
l’action. Nous devrions aussi vous faire gagner un peu de temps : nous traitons
plus de 500 informations par jour pour retenir celles qui nous semblent les
plus cruciales, innovantes, insolites… en un mot, les plus à même de rassasier
votre faim d’innovation sociétale.
“En rapprochant les hommes, la mondialisation a renforcé le sentiment de
solidarité qui les lie.” Cette phrase extraite du dernier livre de Jean-Michel
Sévérino et Olivier Ray*, rappelle que plus nous serons nombreux sur cette
Terre plus nous devrons être meilleurs dans ce que nous entreprendrons.
Cette lettre est une modeste contribution à susciter de nouvelles idées
ou perspectives chez le professionnel engagé que vous êtes ou que vous
deviendrez. Et un outil pour mieux agir, quotidiennement.
Bonne lecture, faites passer et pensez à vous abonner !
Pour tout renseignement, http://www.youphil.com/fr/lettre-professionnelle
* Le Temps de l’Afrique, Ed. Odile Jacob, 2010
N° 1 - 6 octobre 2010 | 1
Tendances de l’innovation sociétale
Actualités
Microfinance Kiva s’attaque
au microprêt étudiant
Petite révolution dans la microfinance : Kiva, plateforme de microcrédit en
ligne, propose depuis fin septembre aux citoyens américains de faire des
mini-prêts de 25 $ minimum à de jeunes Paraguayens, Boliviens et Libanais.
Le but : leur permettre d’accéder à l’enseignement supérieur et à un meilleur
avenir. Selon Kiva, l’éducation permettrait en effet d’accroître leurs futurs
revenus de 200 à 300 %.
Précurseur de la microfinance 2.0 avec plus de 160 M$ prêtés à plus de
400 000 entrepreneurs depuis sa création en 2005, Kiva a pourtant des allures
de suiveur sur ce terrain. Depuis 2007, Qifang propose aux Chinois de prêter
de l’argent aux jeunes étudiants de leur pays. Également créé en 2007, le
site américain Vittana, qui agissait jusqu’ici auprès des jeunes de cinq pays
d’Amérique du Sud et d’Asie, a annoncé lors de la Clinton Global Initiative
(voir page 4) l’extension de son programme au continent africain.
Face à ces sites peer-to-peer (prêt d’individu à individu), bon nombre de fonds
d’investissement à travers la planète pratiquent également le microprêt étudiant
et seraient, selon Aurélie Duthoit, cofondatrice du site français Babyloan, bien
plus légitimes. “Le microcrédit s’adresse aux exclus du système financier et est
par essence de courte durée. Prêter à des étudiants revient à investir dans le
temps. C’est un autre métier”. Babyloan et l’Adie, en France, ne devraient ainsi
pas se lancer sur le créneau. Sauf si Kiva et sa force de frappe les font changer
d’avis en portant le concept à une échelle sans précédent : le site américain
ambitionne déjà de l’étendre à 15 pays supplémentaires d’ici la fin de l’année.
Finance Le Crédit Municipal se lance
dans le courtage éthique de prêts
Dans une région qui concentre près de 10 % des dossiers de surendettement
français, le Crédit Municipal de Lille se lance dans un nouveau service
innovant : le courtage “éthique” de prêts. Avec OuiFinance – initiative
unique en France – le mont-de-piété lillois compte lutter contre le sur et le
mal-endettement en aidant ses clients à mieux négocier leurs emprunts et
surtout en menant une mission d’information et de prévention. Une centaine
de dossiers devrait être traitée chaque mois par quatre courtiers qui ne
sont pas rémunérés à la commission. Pour compléter cette démarche,
OuiFinance crée le fonds de dotation Finance et Humanisme auquel sera
versé 150 € à chaque signature d’accord de prêt.
RSE P&G, virage vert à 100 %
100 % d’énergies renouvelables pour ses usines. 100 % de matériaux
renouvelables ou recyclables pour ses produits et emballages. 100 %
des déchets non-enfouis. Et des produits qui préservent au maximum les
ressources. Voilà le résumé de l’ambition environnementale à “long terme”
de Procter & Gamble (P&G), leader mondial des produits de grande
consommation (Pampers, Gillette…). Cette vision ambitieuse – qui va
faire monter la pression au sein du secteur – se décline en plan d’action
chiffré d’ici 2020, sur lequel P&G communiquera son avancement chaque
année. Remplacer 25 % des matières premières issues du pétrole par des
matériaux renouvelables produits durablement ou alimenter les usines à 30 %
en énergies renouvelables d’ici 2020 viennent, entre autres, s’ajouter à la
liste des objectifs “verts” que l’entreprise s’était fixés sur 2007-2012. Saluée
par le WWF américain qui travaille avec P&G sur ce plan, cette ambition
environnementale serait aussi, selon Bob McDonald, Pdg de P&G, applaudie
par les consommateurs et la planète. Ainsi que par les actionnaires : “quand
on fait des choses justes, a assuré le Pdg, cela fait décoller le business”.
Fundraising Les ONG ne manquent
pas d’imagination avec les réseaux
sociaux. Cette fois, ce sont des tweets,
messages de 140 caractères diffusés
sur le site Twitter, qui ont été mis aux
enchères via Ebay au profit de A
Home in Haïti. Mais pas n’importe
lesquels : des tweets de stars. Le plus
offrant remportait le droit de diffuser
un message sur le compte de son
people favori. Soit l’opportunité
d’être lu par ses centaines de milliers
de “suiveurs”. L’opération a rapporté
540 000 $, permettant au passage de
sensibiliser les plus jeunes à la cause.
Baromètre
La Big Society du
gouvernement britannique ne rassure
pas les charities : seules 46 % pensent
que ce programme (visant à ce que
l’État transfère une part d’initiatives à
la société civile) peut marcher “si on lui
en donne les moyens”. Et 67 % seraient
inquiètes pour leurs finances sur 2011
(étude Charities Aid Foundation).
Motifs : les coupes budgétaires
publiques ou la crainte d’une baisse
des dons… face à des besoins
sociaux en croissance. Parallèlement,
le baromètre trimestriel du NCVO
souligne que la confiance des leaders
associatifs dans les finances de leur
structure a atteint son plus bas niveau
depuis la création de l’outil en 2007.
700
M€. C’est le montant
alloué à des prêts
bonifiés en faveur
des énergies renouvelables par la
région Midi-Pyrénées avec la Banque
Européenne d’Investissement. Ce
dispositif unique en France est destiné
avant tout aux entreprises, exploitations
agricoles et collectivités afin de
favoriser la production d’électricité
issue d’énergies renouvelables et la
rénovation énergétique des bâtiments.
De quoi faire, selon le président de la
région de Midi-Pyrénées, une “Green
Valley de niveau européen” d’ici à 2013.
Microfinance
La microfinance
progresse en France selon la seconde
édition de l’Observatoire annuel de la
Banque de France. Entre 2008 et 2009,
les prêts professionnels ont augmenté
de 38 % (20 384 accordés) et les prêts
personnels de 54 % (5 520 accordés).
En tout, près de 69 M€ ont été prêtés
en 2009 (2 000 € en moyenne pour les
microcrédits personnels, 5 000 € pour
les professionnels).
N° 1 - 6 octobre 2010 | 2
Tendances de l’innovation sociétale
Actualités
RSE eBay, chantre
de l’intrapreneuriat social ?
Gagnante du concours d’innovation interne eBay 2010, la Green Box est un
paquet postal “vert”, dans sa fabrication comme dans son utilisation puisqu’il
est réutilisable (selon eBay, chaque boîte sera utilisée cinq fois). L’idée est
née d’un constat simple : les clients du site de vente aux enchères étant
fréquemment à la fois vendeurs et acheteurs, ils sont amenés à recevoir puis
envoyer des objets. Et si elle n’est pas fondamentalement innovante – UPS
propose des enveloppes réutilisables depuis plus de dix ans – elle cristallise
bien une autre forme d’innovation : l’intrapreneuriat social.
Né à la fin des années soixante-dix, l’intrapreneuriat désigne la capacité
d’innovation des salariés au bénéfice de leur entreprise. Après avoir
fait couler beaucoup d’encre à l’époque, il revient trente ans plus tard
sous la forme d’intrapreneuriat social : l’innovation interne au service
du développement durable de l’entreprise. Simple concours interne
ou événement de motivation ? Si l’on en croit l’histoire officielle, tout a
commencé à l’initiative d’une quarantaine de salariés américains en 2007.
Réunie pour réfléchir aux moyens de limiter l’impact environnemental de
leur entreprise, cette Green Team a acquis le soutien de sa hiérarchie
avant de réussir à fédérer 2 400 salariés puis de s’ouvrir en 2009 aux clients.
Aujourd’hui, plus de 200 000 personnes échangeraient bonnes pratiques et
idées sur le site de la eBay Green Team. Les membres de cette communauté
seront d’ailleurs les premiers à tester les 100 000 Green Box qui doivent être
distribuées par l’entreprise à partir du 1er octobre.
C’est une vraie force de frappe interne au service de l’innovation durable
qui s’est mise en marche chez eBay depuis trois ans. Exception culturelle ou
modèle précurseur ? Dans le cas d’eBay, la culture d’entreprise et la stratégie
RSE ont certainement facilité la démarche des intrapreneurs sociaux.
Mais au sein des grandes entreprises, les exemples restent peu probants
ou suffisamment rares pour que l’Institut Aspen juge intéressant de primer
certains de ces éclaireurs. L’intrapreneuriat social pourrait pourtant avoir
de belles heures devant lui. Selon une tribune publiée par Julie Battilana,
professeur à Harvard, dans Le Monde du 27 septembre, ce serait même
un “enjeu stratégique pour les entreprises désireuses d’innover en matière
de RSE”. D’autant plus stratégique que si les idées d’innovation sociale des
salariés restent coincées dans leurs tiroirs, elles risquent fort, un jour, d’aller
s’exprimer à l’extérieur.
RSE Leclerc jette les prospectus papier
Leclerc lance un nouveau “combat” écolo au sein de la grande distribution.
C’était lui qui, en 1996, avait pris le premier la décision de supprimer les
sacs plastiques aux caisses. Il s’attaque désormais à un autre point noir, qui
coûte aussi cher à l’environnement qu’à l’entreprise : les prospectus papiers
(chaque Français en recevrait 40 kg par an dans sa boîte aux lettres).
L’ambition est de taille, puisque l’entreprise compte faire migrer, d’ici dix
ans, l’intégralité de ses prospectus papiers vers le numérique.
Le pari est audacieux, dans un univers qui se bat à coups de catalogues
alléchants. Il pourrait permettre à Leclerc d’économiser 0,3 % de son CA,
selon une déclaration du directeur de la communication à l’AFP. Mais, il
pourrait aussi, toujours selon le directeur communication de Leclerc, lui faire
perdre jusqu’à 10 % de ses revenus. Pour continuer à séduire le chaland,
Leclerc mise donc désormais sur les smartphones : une application iPhone
a déjà été créée, d’autres sont prévues. Une politique qui permettrait en
plus d’adapter la publicité au profil de chaque client ?
Discriminations Bientôt un texte
contre le “racisme anti-pauvres” ?
C’est ce que souhaite l’ONG ATD
Quart Monde, qui a mis en place
avec la Halde un groupe de travail,
pour étudier la possibilité d’instituer
dans la loi un critère de discrimination
pour origine sociale. Dans ses dossiers,
de nombreux exemples concrets, qui
vont du refus de certains bailleurs à
accorder un logement sur simple
préjugé, à la mise à l’écart d’enfants
à l’école. En Belgique et au Canada,
ce type de discrimination est déjà
entré dans la loi.
Philanthropie Alors que Warren
Buffett et Bill Gates étaient en
opération séduction en Chine, sur
le front américain, la saga Giving
Pledge continue. Cette semaine,
c’est le magazine Forbes qui fait les
comptes. Agrégeant les fortunes
des 40 richissimes Américains
ayant répondu à l’appel des deux
milliardaires et ainsi promis de donner,
avant ou après leur mort, au moins
la moitié de leur patrimoine à des
œuvres caritatives, le magazine a
déterminé que 120 Mds$ pourraient
être distribués à des causes choisies.
Communication RSE 95 % des grands
groupes internationaux aborderaient
ouvertement la question des achats
responsables selon une analyse
de la communication de 125
entreprises asiatiques, américaines et
européennes publiée par Ecovadis
avec l’ORSE. L’étude note aussi que
le sujet est “un objectif prioritaire de
RSE” dans 64 % des cas. Les entreprises
européennes communiqueraient
par ailleurs plus et plus clairement
(transparence “avancée” des rapports
chez 75 % des entreprises), que les
américaines (40 %) ou asiatiques
(18 %).
Carbone L’Indonésie hébergera la
première réserve carbone née d’un
partenariat entre un gouvernement
et une entreprise : APP, un des leaders
mondiaux de la pâte à papier (par
ailleurs décrié pour sa déforestation
“sauvage”). La Réserve de Kampar,
puits de carbone de 15 000 ha,
est établie, pour 30 ans au moins.
“L’Indonésie fait un don au monde”
selon le communiqué d’APP. Elle
s’offre aussi la possibilité de lui vendre
des crédits carbone…
N° 1 - 6 octobre 2010 | 3
Tendances de l’innovation sociétale
Actualités
Clinton Initiative Le Best Of
C’est “the place to be” pour les philanthropes en
tous genres. La sixième édition de la Clinton Global
Initiative (CGI), conférence annuelle de trois jours, a
vu défiler fin septembre 1967 anciens ou actuels chefs
d’État, 600 entrepreneurs et plus de 500 représentants
d’ONG…
L’ambition de cette conférence initiée par le président
Clinton et qui ne se veut pas tout à fait comme les
autres : “transformer les idées en actions” et renforcer
la collaboration entre les leaders mondiaux.
Cette année encore, les objectifs seraient atteints
avec plus de 300 “engagements à agir” et, sur la
table, plus de 6 Mds$ pour des initiatives sociales,
solidaires et/ou environnementales.
Chaque fois plus présentes, les entreprises sont
impliquées cette année dans 54 % des engagements,
contre un tiers lors de la première conférence. Si la
plupart de leurs “actions” consistent en de larges
promesses de dons, plusieurs projets particulièrement
innovants ont retenu notre attention.
Wal-Mart et H&M réduisent leur empreinte
environnementale en Chine. Deux des plus importants
vendeurs de vêtements au monde se sont engagés à
rendre leur production textile chinoise plus écologique
et, pour cela, à travailler avec leurs fournisseurs chinois
afin de limiter l’utilisation d’eau, d’énergie et de produits
chimiques dans la fabrication de leurs produits.
Question impact, d’après le Natural Resources Defense
Council, qui travaille avec les enseignes, si 100 petites
et moyennes fabriques appliquaient le programme,
l’économie d’eau réalisée permettrait d’abreuver
12,4 millions de personnes pendant un an et la réduction
d’émissions de CO2 serait équivalente à la production
annuelle de 172 000 voitures.
Coca-Cola va aider 5 millions d’entrepreneuses.
L’entreprise se basera sur son vaste réseau de microentrepreneurs locaux pour aider 5 millions de femmes
à développer leur activité d’ici 2020. Coca-Cola
compte les soutenir pour dépasser leurs trois principaux
obstacles : le manque d’accès aux financements, à la
formation et aux réseaux.
Il y a un an, Coca-Cola s’était déjà engagé en ce sens
en annonçant que 50 % des nouveaux entrepreneurs
de son système de microdistribution seraient des
femmes.
Des fourneaux pour sauver des vies. C’est un des
engagements les plus étonnants de la CGI. Les ÉtatsUnis vont donner 50 M$ pour faciliter l’accès à des
fourneaux propres dans les pays en développement.
Actuellement, l’usage généralisé de fourneaux anciens
et sales génère des gaz toxiques, qui tueraient chaque
année 2 millions de personnes. Grâce aux 100 millions
de fourneaux distribués, un cinquième des besoins
seront couverts. L’initiative permettra également une
réduction des émissions excessives de CO2.
Un partenariat ambitieux pour réduire la pollution des
véhicules de location américains. C’est une alliance
originale qui vient de se mettre en place entre Dolen,
une grande entreprise de location de voitures, le
Fonds de défense de l’environnement et la société
Greendriver. Ensemble, ils se sont donné pour objectif
de réduire de 20 % les émissions de toutes les flottes
commerciales américaines d’ici 5 ans.
Dolen s’est engagée à travailler avec ses clients,
partenaires et même ses concurrents pour atteindre
ce résultat. Le Fonds de défense de l’environnement
l’aidera dans son organisation en lui fournissant des
ressources méthodologiques. Enfin, Greendriver étendra
ses cours de conduite “verte” pour que l’action implique
jusqu’aux conducteurs eux-mêmes.
Les nouvelles technologies au secours des réfugiés. Le
HCR, l’ONG Refugees United, Ericsson et l’entreprise de
télécoms MTN vont unir leurs forces. Objectif : créer un
service de téléphonie mobile permettant aux familles
de réfugiés africains de se retrouver et d’échanger.
Chacun occupe un rôle précis. Ericsson créera
l’application mobile, Refugees United gérera la base
de données répertoriant les réfugiés, MTN donnera
accès à son réseau télécom et le HCR permettra à
ce projet de s’implanter dans les camps de réfugiés.
Un système similaire existe déjà sur internet, mais moins
de 2 % des Africains ont accès au web, alors que 45 %
ont un téléphone portable.
Un nouveau fonds agricole pour l’Afrique. L’ONG FarmAfrica a proposé la mise en place d’un nouveau fonds
visant à aider les petits agriculteurs. Centré sur l’idée
d’innovation, ce fonds doit leur permettre l’accès à
de nouvelles technologies et compétences ou à des
marchés plus profitables afin qu’ils puissent passer
d’une production de subsistance à une production
durable.
L’expérience, déjà menée à petite échelle, s’est
montrée concluante puisque chaque dollar investi
aurait finalement rapporté entre 1,3 et 24,70 dollars.
Sur 5 ans, 96 000 fermiers devraient être concernés,
soit 3 millions de personnes par extension.
N° 1 - 6 octobre 2010 | 4
Tendances de l’innovation sociétale
Décryptages
Dossier OMD
Et le Développement
devint une affaire d’entreprises
Lors du sommet des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) à New York fin septembre,
les entreprises se sont révélées comme désormais
incontournables pour réaliser les ambitions mondiales de réduction de la pauvreté. Du mécénat aux formes
plus pointues d’engagement, pourquoi et comment le
Développement est-il devenu stratégique… pour les
entreprises ?
An 2000. Les Nations Unies adoptent les OMD visant à
réduire la pauvreté de moitié à horizon 2015 et initient le
Pacte Mondial, colonne vertébrale de la responsabilité
sociétale d’entreprise (RSE), qui invite les signataires à
progresser sur dix principes (environnement, droits de
l’Homme et du travail, lutte contre la corruption…). Et
pourtant, rappelle Konrad Eckenschwiller, représentant
permanent du Pacte Mondial en France, “quand les
OMD ont été écrits, il n’y avait pas un mot concernant les
entreprises. C’était un autre monde, où l’on considérait
que le Public pouvait tout”. C’était aussi – et reste
encore – un monde où la convergence entre OMD et
entreprises semblait un peu contre nature. Selon Michel
Doucin, Ambassadeur en charge de la RSE au ministère
des Affaires Étrangères : “les OMD sont des objectifs
macroéconomiques, alors que l’entreprise est un acteur
centré sur la réalisation de ses intérêts vus à travers une
lunette microéconomique, même si elle associe ses
parties prenantes à ses choix. Macro et micro ne se
rencontrent pas facilement”.
les activités liées au métier : création d’emploi, choix de
fournisseurs ou distributeurs locaux, produits accessibles
aux populations locales…
Du mécénat à la réflexion métier. C’est parce que
l’entreprise est dans une relation gagnant-gagnant que
cela marche. En aidant au développement économique
et social des communautés qui l’entourent, elle cantonne
et gère des risques opérationnels et d’image. En limitant
ses impacts négatifs, elle prend soin de sa réputation. En
assurant le bien-être des communautés, elle contribue
à préserver la stabilité des zones où elle est implantée
ou limiter l’absentéisme des salariés… Mais désormais
s’impliquer dans le développement, c’est aussi une
opportunité d’innover et de développer de nouveaux
marchés (voir page suivante).
Et pourtant, dix ans plus tard, la question de la contribution
des entreprises aux OMD n’en est plus une. Du côté des
Nations Unies, le business n’est plus perçu seulement
comme une source de financement mais “comme un
partenaire égal dans le développement” selon un rapport
du Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD), publié à l’occasion du Sommet de New York.
Entre le retard pris sur les ambitions de début de millénaire
et “la crise de la dette souveraine qui ne va pas donner
plus de latitude aux États pour atteindre les OMD, on s’est
rendu compte que la participation active des entreprises
était nécessaire. Pas suffisante mais nécessaire”, selon
Konrad Eckenschwiller.
En France, si la plupart des grandes entreprises sont
concernées par le développement, elles n’ont pas
franchement adopté les OMD en tant que tels. Chez
Vinci, Clara Lorinquer, chargée de développement
durable, l’admet : “nous ne formalisons pas notre action
dans les pays en développement en termes d’OMD mais
en termes d’impacts sociétaux sur les populations, sur
l’environnement”. Il y a toutefois de “bons élèves” sur
le sujet, fréquemment cités en exemple : Sanofi-Aventis,
Danone, EDF… Des entreprises “dont le métier, comme
la Santé ou l’Énergie, est directement relié aux OMD, ce
qui les amène presque inévitablement à soutenir ces
objectifs”, explique Henri de Reboul, délégué général
d’IMS Entreprendre pour la Cité et co-auteur de Et les
clients pauvres (Ed. Autrement, 2008). Souvent, aussi,
d’anciennes entreprises publiques ou familiales, à la
culture de service public ou paternaliste.
De fait la réalité a rattrapé les Nations Unies. Et si les
OMD ne sont pas forcément transposables en objectifs
d’entreprise, la rencontre s’est faite sur le terrain, parfois
avant la cristallisation des OMD, autour de trois champs
d’action. La philanthropie, d’abord, sous sa forme la
plus simple, le don d’argent, ou sous des formes plus
complexes (création de fonds sociaux, mécénat de
compétences). Le plaidoyer, pratiqué à l’échelon
international ou auprès des gouvernements et autorités
régionales des pays en développement. Et enfin, toutes
Reste que, même s’il va croissant depuis 10 ans et ne
semble pas prêt de ralentir, l’engagement des entreprises
en faveur des OMD a ses limites. Celles de l’intérêt
général et de la quête d’une efficacité commune dans
l’ambition du millénaire, face à leurs intérêts particuliers.
Celle de l’autonomie des populations soutenues et des
gouvernements locaux face à leur intervention massive.
Celle de l’équilibre entre impacts positifs et négatifs. Celle
de la transparence, face à un investissement qui peut se
révéler être, parfois, un véritable avantage concurrentiel.
N° 1 - 6 octobre 2010 | 5
Tendances de l’innovation sociétale
Décryptages
Dossier OMD (suite)
Inclusive Business,
le développement par le marché
À New York, difficile d’échapper à l’Inclusive Business. Rapport majeur du
PNUD*, star du Forum du secteur privé… le concept réaffirme la légitimité
du développement par le marché. L’idée d’un “marché des pauvres” n’est
pas neuve. Elle a sous-tendu le développement du Base of Pyramid (BoP)
Business et, selon la Banque Mondiale, ce marché représenterait près de
5 000 Mds$… Mais l’Inclusive Business (IB) ajoute une dimension sociétale à
la simple idée de vendre des produits et services adaptés aux besoins des
plus défavorisés. “Les modèles d’Inclusive Business peuvent aussi leur offrir
des revenus et des emplois en les intégrant à toute la chaîne de valeur,
notamment en tant que fournisseurs ou distributeurs. Ce sont des modèles
commerciaux viables et qui ont donc un potentiel de développement à
plus grande échelle que les projets philanthropiques” explique Marcel Engel,
directeur du programme Développement au World Business Council For
Sustainable Development (WBCSD), alliance d’entreprises qui planchent
de longue date sur le sujet. Et puis, il y a une affaire sémantique : Inclusive
est bien plus valorisant que Base ou Bottom (of Pyramid).
Depuis quelques années, les projets d’IB se multiplient, à la frontière du
business et de la philanthropie (certains y viennent par leurs fondations,
d’autres par leurs cœurs de métier), menés par de plus ou moins grandes
multinationales, du Nord comme des pays émergents voire des entreprises
du Sud. Pourquoi ? “Parce qu’elles doivent désormais faire la preuve de
leur légitimité sociétale, mais aussi par espoir d’un profit”, répond Rodolphe
Vidal, ingénieur de recherche à la chaire d’entrepreneuriat social de l’ESSEC.
Et cet espoir repose sur deux types de marchés. Les premiers sont prêts à
être saisis, comme celui de la téléphonie mobile qui a explosé jusque dans
les régions les plus défavorisées du globe. Les autres restent à construire.
Et de fait, si les acteurs de l’IB publient des catalogues de success stories,
beaucoup d’initiatives sont dans le rouge. Peu importe. Entreprises (et
actionnaires) les envisagent comme un champ d’innovation, un moyen de
préempter de futurs marchés. “Pour cela, certains pays, comme l’Inde, sont
particulièrement intéressants, explique Henri de Reboul. Ils offrent à la fois des
marchés Middle of Pyramid pouvant générer rapidement du profit et des
marchés BoP plus longs et complexes à conquérir, nécessitant concertation
et alliances avec les ONG, les organismes publics, les entreprises locales”.
La concertation et, plus largement, des pratiques de gouvernance de projets
réellement participatives, dans des logiques de co-construction, sont des
clés de succès. Et peut-être le seul moyen “de cerner les effets pervers du
développement, liés au fait que les buts poursuivis, OMD inclus, reposent
sur une vision “occidentale”, soutient Rodolphe Vidal. Dans certaines zones,
le microcrédit a par exemple renforcé la pression sur les femmes au lieu
d’améliorer leur statut. C’est pour tenter de déjouer ces effets qu’avec
une entreprise, nous avons associé un anthropologue à nos travaux”.
Les autres clés de la réussite, selon lui : “mixer l’apport de l’innovation
technologique aux savoir-faire traditionnels, en s’autorisant les low-tech et
en entrant dans une vraie logique de R&D sociétale”. “C’est une question
de durabilité, il faut définir de nouveaux modèles si l’on ne veut pas que le
système mondial s’écroule”, insiste Marcel Engel. Et dans la définition des
nouvelles équations marchandes, il reste beaucoup d’inconnues. Malgré
tous les efforts et les dollars déployés, le développement reste aléatoire,
particulièrement dans les pays à la gouvernance douteuse. “Trade Not
Aid” clamaient les pionniers du commerce équitable. “Trade Not Aid.
And a better governance for everyone” a induit Barack Obama dans son
discours de clôture du sommet des OMD…
* The MDGs : Everyone’s Business - How inclusive business models contribute to development.
Les Awards de
l’Inclusive Business
Parallèlement au sommet des
OMD, la Chambre de Commerce
Inter national, l’International
Business Leaders Forum et le
PNUD ont remis les World Business
Development Awards à dix
pratiques d’Inclusive Business (sur
172 initiatives présentées au jury) :
Cemex pour ses Self-Employment
Production Centers où les habitants
défavorisés de Mexico peuvent
produire des matériaux de
construction pour leurs habitations ;
Les laboratoires Eli Lilly & Company
pour leur action mondiale contre la
tuberculose multirésistante ;
Le fonds GroFin avec la Fondation
Shell pour son modèle de financement
des PME en Afrique, alliant apport de
capital et appui au développement
commercial ;
Heineken pour son soutien aux
producteurs de Sierra Leone dans
le développement de la culture
du sorgho, que l’entreprise achète
plutôt que du grain importé ;
Les hôpitaux LifeSpring (joint-venture
entre Acumen Fund et une entreprise
publique indienne) qui soignent à
bas prix les mères défavorisées à
travers l’Inde ;
Novartis pour la vente de plus de
340 millions de traitements contre la
malaria à prix coûtant et ses mesures
pour l’accès aux médicaments, son
partage des bonnes pratiques… ;
Nuru Energy pour l’accès à l’éclairage
dans les zones non électrifiées via un
programme de micro-entrepreneurs
tirant leurs revenus de la recharge
de lampes Nudu (solaire ou système
à pédales) ;
Reuters Market Light pour son service
d’information sur mobile qui aurait
aidé plus d’ 1 million de fermiers
indiens à améliorer leurs récoltes ;
Royal DSM pour ses produits (farine,
sucre, huile, riz) low-cost et enrichis
en nutriments (2 millions de personnes
concernées par le programme) ;
Wal-Mart Mexique pour son
programme permettant aux
producteurs locaux de vendre
leurs produits dans ses enseignes
(appui au transport, distribution,
logistique).
N° 1 - 6 octobre 2010 | 6
Tendances de l’innovation sociétale
Décryptages
Dossier OMD (suite)
Entreprises, quel impact global ?
La contribution des entreprises aux OMD est incontestablement grandissante,
les Nation Unies – et de plus en plus d’acteurs du développement – les
considèrent désormais comme des partenaires incontournables, les incitant à
s’impliquer toujours plus (voir le site business.un.org). Mais il reste une grande
inconnue : combien ? À combien équivaut le montant global de l’effort des
entreprises au regard de l’aide publique mondiale au développement ?
Combien de personnes “aident”-elles via leur mécénat, leurs produits BoP,
leurs pratiques commerciales ? À ces questions, pas de réponse mais des
suppositions. Et pour certains, la somme pourrait déjà dépasser le montant
total de l’aide publique au développement.
Certes les impacts directs pourraient être mesurés. Supposant un travail de
modélisation titanesque et par définition réducteur, certains économistes
pourraient être tentés par le défi d’évaluation de ce nouveau type d’impact
à grande échelle : nombre d’emplois directement créés et progrès sociaux
avérés, avec les sommes investies ou données. Mais comment mesurer
l’effet, par exemple, des millions de téléphones mobiles mis à disposition
d’une population et servant indirectement de centres d’informations sur
le sida, de comptes bancaires ou de programmes de développement de
l’agriculture ? La difficulté d’estimer les impacts indirects et leur pouvoir
multiplicateur est réelle, sans compter le besoin de prendre en compte,
en parallèle à tous ces impacts positifs, les impacts négatifs des activités…
L’économie dite expérimentale apporte désormais quelques réponses en
privilégiant l’évaluation à partir du terrain et l’interdisciplinarité, mais selon
un article de Next Billion, la recherche économique et en management
aurait bien besoin de se secouer, “en étant à la fois plus rigoureuse dans
ses méthodes et plus pertinente dans les questions qu’elle pose”. Et
l’article d’évoquer quelques points soulignés par le journal de l’Academy
of Management : elle se concentrerait sur la théorie et la description de
cas, négligeant l’analyse quantitative ou les expérimentations contrôlées ;
elle n’aborderait le sujet que de manière indirecte, hésitant à se pencher
clairement sur le lien entre entreprises et développement ; enfin, il n’y aurait
que peu d’auteurs sur le sujet venant des pays du Sud. “Toujours nous,
Américains et Européens, parlant des pauvres des pays en développement”.
Si établir des chiffres globaux est un défi pour la recherche, évaluer son
impact direct et indirect l’est tout autant pour une entreprise. Depuis quelques
années, une initiative du National Committee for International Development
néerlandais propose pourtant un outil en ligne à celles qui désirent tenter
l’expérience : MDG Scan. Cité par le PNUD, utilisé par le Pacte Mondial
en Amérique du Sud, l’outil a ses limites, assumées. Il semble toutefois être
une initiative unique pour dégrossir l’évaluation, mesurant l’impact selon le
“community investment” (philanthropie, initiatives des salariés, programmes
en faveur des communautés) et les activités commerciales (création
d’emplois directs et indirects, produits et services BoP).
Après analyse des données fournies par l’entreprise, MDG Scan fournit le
profil de sa contribution dans la lutte contre la pauvreté, chiffres à l’appui :
le nombre total de bénéficiaires de ses activités, avec la ventilation par type
d’activité et par Objectif du Millénaire. Chacun est ensuite libre de publier
ses résultats ou de n’en faire qu’une utilisation interne. Les 135 entreprises
enregistrées sur MDG Scan auraient ainsi, à elles seules, près de 220 millions
de “bénéficiaires” à travers la planète, dont 95 millions via leurs activités
commerciales et 125 millions via le community investment. Avec des efforts
ultra-concentrés sur le premier des OMD, réduire la pauvreté et la faim :
93 millions de “bénéficiaires”, essentiellement via le community investment.
OMD - ENTREPRISES
Le regard de l’ONG
3 questions à Julien Grouillet
Partenariats RSE – Care France
OMD et entreprises : affaire de
business ou de philanthropie ?
Le paradoxe pour une association
c’est qu’aujourd’hui il est plus facile
d’obtenir un don de 100 000 €
d’une entreprise pour construire
une école que de collecter 10 000 €
pour l’accompagner dans un projet
stratégique sur son cœur de métier. À
ce stade précoce de l’histoire de la
RSE, il est trop tôt pour tourner la page
du mécénat. C’est un levier important,
amorçant des réflexes, rassemblant
l’interne, créant une passerelle vers
des mesures plus sophistiquées sur
les pratiques business. Malgré cela,
CARE pousse à la création de plus de
partenariats sur les pratiques métier.
C’est là que se joue le potentiel de
duplication et de passage à l’échelle.
Quels sont les moteurs des initiatives
des entreprises sur leur “métier” ?
Au début, elles ont souvent agi dans
une optique de gestion des risques.
Aujourd’hui, elles entrent dans une
phase de mise en place de projets
plus innovants, notamment pour la
“base de la pyramide”. Toucher de
nouvelles franges de clients pauvres
en créant du low cost intelligent et
socialement responsable motive
certaines entreprises. Cela les amène à
se pencher sur une nouvelle façon de
travailler - plus transverse, plus proche
du consommateur – qui peut s’avérer
rentable au Sud mais aussi au Nord en
stimulant l’innovation. Cette motivation
“commerciale” est en filigrane de
tous les autres moteurs. Même si elle
est moindre, à très long terme ou
incertaine, s’il n’y a pas de perspective
de rentabilité, les entreprises ne se
mobilisent pas.
Où en sont les entreprises françaises ?
Elles sont entrées dans une dynamique
liée aux OMD mais la définition de leurs
démarches n’est pas encore vraiment
aboutie. Elles sont pour la plupart
dans une période de découverte de
leurs impacts, de leurs responsabilités,
de leurs possibilités d’intervention.
Seules les plus avancées en sont à
la structuration. La liste des OMD est
intéressante pour les entreprises : elle
leur permet de bâtir un plan d’action,
de trouver des aires d’amélioration de
leurs pratiques, des axes de mécénat,
de développer des modèles hybrides…
N° 1 - 6 octobre 2010 | 7
Tendances de l’innovation sociétale
Décryptages
La Semaine de L’ISR
vue par Vincent Auriac,
Gérant d’Axylia Conseil
En pleine Semaine de l’Investissement
Socialement Responsable (ISR), Vincent Auriac,
gérant d’Axylia Conseil*, porte son regard sur
les enjeux et les freins de la progression de l’ISR
en France.
Cette première Semaine de l’ISR : une nécessité ?
C’est utile pour concentrer les messages en un temps restreint et favoriser
la diffusion de l’idée, qui n’est pas encore vraiment passée. Les grandes
banques en sont encore à sensibiliser leurs réseaux. Quant à convaincre le
grand public, la route est encore longue. La culture économique est faible
en France, a fortiori la culture extra-financière ! Tant qu’il n’y aura pas une
offre adaptée d’ISR sincère, lisible et performante, il sera compliqué de
convaincre. Pour aider à la lisibilité et à la pédagogie, notre cabinet a
classé l’ISR en six familles. Elles reflètent le fait qu’il n’y a pas un mais des ISR.
Cette diversité pourrait être exploitée pour aider à une meilleure diffusion
des messages, vers des publics différents, plutôt que d’approcher l’ISR en
“masse”.
À l’aube de cette Semaine, l’image de l’ISR a été entamée par la sortie
d’un documentaire et d’une étude des Amis de la Terre…
La question que posent ces “détracteurs” est légitime : comment faire
avancer la planète quand on est un investisseur professionnel ? Pour l’heure,
la pratique de l’ISR est encore très insatisfaisante. Il est au début de sa
courbe de croissance et n’a pas encore atteint son âge de responsabilité.
Au-delà de ces constats, ce qui est intéressant c’est d’identifier les bonnes
pratiques, créatrices de valeur, et d’inciter le maximum d’intervenants à
les généraliser. Ce que fait d’ailleurs, marginalement, l’étude des Amis de
la Terre.
Que pensez-vous de la liste des fonds labellisés Novethic ?
C’est un label privé, comme il en existe dans beaucoup de domaines. Mais
c’est pour l’instant le seul en France pour les fonds ISR. Il n’aide toutefois
pas le grand public à savoir quels sont les meilleurs fonds. Il faut voir ce
label comme un plancher d’exigence. Un peu comme le bac : 80 % des
gestionnaires l’ont eu et il leur faudra encore décrocher d’autres “examens”
pour se démarquer. Il pointe aussi les efforts qui restent à mener. En matière
de transparence dans un premier temps : la moitié des fonds ISR ne sont
pas soumis au label. Des efforts sur la qualité et la crédibilité ensuite, car
les raisons de refus du label sont sérieuses : analyse et sélection ESG trop
faibles pour 35 % des refus et, à nouveau, le manque de transparence
dans 22,5 % des cas.
Quelles performances pour l’ISR ?
Cette question en pose une autre : qu’est-ce que la performance ? Parle-ton du “I” d’Investissement et donc de la performance financière classique
ou du “SR” de Socialement Responsable et donc du retour social sur
investissement… Chacun met des attentes différentes dans l’ISR, ce qui
ne rend pas le dialogue facile ! Sur le “I”, la réalité est qu’en cas de grave
crise boursière systémique, aucune considération “responsable” ne résiste.
Concernant le “SR”, il faut faire le tri. Après tout, certains fonds non-ISR
peuvent démontrer des performances supérieures à des fonds ISR en
termes d’indicateurs ESG…
REPÈRES
Qu’est ce que l’ISR ?
Placement “éthique” réalisé en fonction
de critères ESG (Environnementaux,
Sociaux/sociétaux, Gouvernance), l’ISR
serait né aux USA dans les années vingt,
à l’initiative de congrégations. En France,
le premier fonds ISR a vu le jour en 1983,
à l’instigation de Sœur Nicole Reille.
Les fonds ISR peuvent être Best in Class
(entreprises aux meilleures pratiques,
d’exclusion – rejet de secteurs d’activité –
ou thématiques). Parallèlement, certains
pratiquent l’activisme actionnarial visant
à faire avancer les entreprises sur leurs
critères ESG.
La première Semaine de l’ISR
Du 4 au 10 octobre 2010, la première
Semaine de l’ISR (organisée par le Forum
pour l’Investissement Responsable)
concentre des dizaines d’événements
destinés à promouvoir l’ISR auprès du
grand public, des institutionnels et des
professionnels (gestionnaires d’actifs,
consultants, réseaux de distribution…).
Les enquêtes qui plombent l’ISR
Le 20 septembre, les Amis de la
Terre publiait une étude analysant la
composition des fonds labellisés par
Novethic et soulignant de lourds écarts
entre promesse “éthique” et réalité des
investissements dans des entreprises
aux pratiques “désastreuses”, selon
l’ONG. Une dénonciation appuyée,
le 29 septembre, par la sortie du
documentaire “Moi, la Finance et
le Développement Durable” où la
réalisatrice Jocelyne Lemaire-Darnaud
retrace son enquête, à charge, sur le
secteur.
Label ISR Novethic
Novethic, filiale de la Caisse des
Dépôts, est spécialisée dans le
développement durable, l’ISR et la
RSE. Depuis 2009, Novethic attribue
son label aux fonds ISR “dont la gestion
prend systématiquement en compte
des critères ESG”. Le label 2010 a été
attribué le 28 septembre à 142 fonds
(92 l’an dernier, pour la première
labellisation).
*Axylia Conseil
Avec une expérience de quinze
ans, ce cabinet pionnier de l’ISR,
conseille les acteurs des secteurs
non-marchands et financiers sur
leurs stratégies ISR. Chaque année, il
favorise le partage de bonnes pratiques
avec son Forum Bestof ISR. Vincent
Auriac est également chroniqueur sur
youphil.com.
N° 1 - 6 octobre 2010 | 8
Tendances de l’innovation sociétale
Décryptages
ONG Le bénévolat
d’expertise, clé d’implication
des jeunes ?
Un nouveau site web new yorkais met en relation
bénévoles et ONG pour des missions professionnelles
(marketing, comptabilité, etc.). Une offre claire, un
design attrayant, une gestion en mode “projet”... Et si le site Catchafire détenait la clé de l’engagement
des jeunes actifs ?
Nom : Catchafire. Lieu : New York, Internet. Mission : faciliter
la mise en relation des bénévoles et des ONG. Sur ce tout
nouveau site, associations et professionnels new yorkais se
rencontrent en mode projet. L’originalité de l’initiative a
en effet été de “marketer” l’offre de bénévolat, établissant
une liste de missions types, précises et ne dépassant pas
trois mois (optimisation de budget, création de logo ou
d’une base de données) dans laquelle les ONG peuvent
piocher selon leurs besoins. Et les bénévoles rapidement s’y
repèrent en fonction de leurs compétences, identifiant au
passage d’un coup d’œil le nombre d’heures budgétées
pour la mission et l’équivalent “honoraire” de leur
contribution (somme que l’ONG aurait à débourser pour
obtenir le service auprès d’un prestataire payant). Outre
ces vrais atouts sur le fond, le design et l’ergonomie du
site ajoutent une jolie couche de maquillage au projet. Et
cela marcherait, particulièrement auprès des jeunes actifs,
cible de Catchafire à en croire la galerie de portraits et
les témoignages mis en avant sur le site.
Catchafire aurait-il trouvé la formule gagnante du
développement du bénévolat des jeunes actifs : le
bénévolat d’expertise organisé via Internet ? Car c’est
de cette notion encore peu répandue en France qu’il
s’agit. Selon l’étude la France Bénévole publiée en juin
par Recherches & Solidarités, “Il s’agit pour un bénévole
disposant d’un savoir-faire très précis de satisfaire un
besoin ponctuel présenté par une association (refonte
d’un système informatique, mise en place d’une
veille documentaire, préparation d’un dossier de
communication, aide à l’organisation d’une manifestation
exceptionnelle…)”. Une forme de bénévolat ponctuel et
professionnel qui se développerait mais ne serait “tout
à fait” connu que de 17 % des associations interrogées
par Recherches & Solidarités. Le reste se ventilant en 27 %
d’associations “vaguement” au fait et de 55 % “pas du
tout” au courant. Face aux associations, les 25-35 ans
seraient la tranche d’âge la moins encline au bénévolat
(25 % en fait), d’après l’étude “La situation du bénévolat
en France en 2010” de France Bénévolat publiée fin
septembre (voir encadré ci-dessous). Une situation
notamment liée à l’image du bénévolat, trop associée aux
retraités ou aux seniors, pour Nathalie Choiseau du réseau
de mise en relation associations - bénévoles BetoBe.
Un concept méconnu, des jeunes peu engagés. Il y
aurait là un potentiel de rencontre énorme, poursuit
Nathalie Choiseau. “Beaucoup de jeunes actifs ont des
compétences, en particulier dans la communication,
l’internet et les réseaux sociaux, mais leur expérience est
souvent sous-estimée par les associations”. Et pourtant,
ces compétences seraient exactement celles que
les associations chercheraient. Selon l’étude France
Générosités, au regard du bénévolat d’expertise, le
premier besoin qu’elles identifient est la communication
(49 %) devant le marketing et développement (45 %) puis
Internet (32 %). Une tendance confirmée par une autre
étude, menée en 2008 par Passerelles & Compétences,
qui met également en relation les deux mondes. Selon
cette enquête, les manques de compétences internes
des associations concernent à 80 % l’informatique et
internet et à 50 % le marketing/communication.
Au-delà des opportunités de rencontre, comment gérer
la relation entre les deux univers ? Si Catchafire, comme
BetoBe, s’en remet entièrement à Internet, ce n’est
pas le cas de Passerelles & Compétences. Créée en
2002, l’association fait intervenir une tierce personne, la
“Passerelle”, chargée d’animer la relation et de suivre le bon
déroulement de la mission. Un intermédiaire nécessaire selon
Patrick Bertrand, président et fondateur de l’association.
“Ce sont deux mondes très éloignés et il leur est difficile de
travailler ensemble, d’autant plus qu’ils n’ont souvent pas
la même perception du temps”. Mais ce système impose
une structure plus lourde et notamment le problème du
recrutement des Passerelles. Des bénévoles, justement.
LA SITUATION DU BÉNÉVOLAT EN FRANCE
Le mois dernier, France Bénévolat publiait les résultats d’une enquête sur les pratiques bénévoles, menée auprès de plus de
2000 Français de 15 ans et plus. Selon les résultats, près de 36 % des Français donneraient de leur temps à des associations
ou autres structures syndicalistes, politiques, religieuses, ainsi qu’à autrui (voisins, amis à l’exception de la famille). Par
ailleurs, 20 % ont donné du temps par le passé mais ont cessé. La France compterait ainsi 11,3 millions de bénévoles.
Ceux qui donnent leur temps le font 8 fois sur 10 tout au long de l’année (quelques heures par semaine le plus souvent).
Les bénévoles associatifs se consacrent à une seule structure dans près de 60 % des cas. Corroborant l’étude menée par
France Bénévolat en juin 2010 (cf. article ci dessus), l’étude confirme que les 25-35 ans sont les moins engagés (25 %)
tandis que sans surprise, les plus de 65 ans raflent la palme du bénévolat avec plus de 50 % de taux d’engagement. Ceux
qui ne font pas de bénévolat invoquent principalement un manque de temps (55 %) ou d’occasions (36 %). Quant à
ceux qui ont donné du temps par le passé et ont cessé, ils prétextent également un manque de temps (47 %) mais aussi
un changement de situation personnelle ou professionnelle (38 %). Et enfin, information non négligeable quand il s’agit
de débattre sur l’intermédiation ou non du bénévolat : 22 % d’entre eux expliquent leur abandon du bénévolat par une
déception quant à l’organisation de l’association.
N° 1 - 6 octobre 2010 | 9
Tendances de l’innovation sociétale
Melting pot
Idées Plaidoyers pour le “Middle”
Les pauvres ne sont pas ceux que l’on croit ! Au lendemain du sommet sur les
OMD, et alors que le Secrétariat d’État au Développement britannique (DFID)
va recentrer son aide sur un nombre restreint de pays, soi-disant au bénéfice
des plus “pauvres”, Alex Evans, ancien conseiller au DFID, publie sur Global
Dashboard un article captivant, s’appuyant sur un rapport de l’Institute of
Development Studies (UK). Thèse du rapport : si, en 1990, 93 % des pauvres
vivaient dans des pays à bas revenus (revenu moyen par an et habitant inférieur
à 995 $), aujourd’hui, les 3/4 vivraient dans des pays à revenus “moyens”. En
clair, la majorité des pauvres ne vit pas dans les pays les plus pauvres.
Retraçant l’évolution de la stratégie d’aide au développement du RoyaumeUni, Alex Evans en dévoile aussi les dessous. Notamment quand, en 2003,
la Secrétaire d’État, nommée quelques heures plus tôt, reporte – sous la
pression de Tony Blair – une large partie du budget vers l’Irak envahi. Une
décision qui, justification oblige vis-à-vis des ONG, conduit alors le pays à
faire exploser son aide vers les pays à moyens revenus. Au fil des lignes, Alex
Evans pose la démonstration : c’est une erreur majeure de couper l’aide
aux pays à “middle income”. “Les politiques de développement visent les
gens pauvres, pas les pays pauvres”.
Hasard de calendrier ? Le même jour, le site Social Edge publiait un post
plaidant pour des investissements dans un autre genre de “Middle” : les
PME des pays en développement, particulièrement celles d’Afrique. Trop
grosses pour prétendre au microcrédit, trop petites pour obtenir des prêts
bancaires, elles auraient pourtant besoin, selon l’auteur (journaliste distinguée
et consultante pour Ashoka Changemakers) de capitaux pour se développer
et, comme partout dans le monde, assurer leur rôle de moteur économique.
Le Mot de la Quinzaine
B Corporation
Ni Big, ni Bad ! Le B de B Corporation
signifie Benefit. B Corp est un label
privé décerné aux entreprises
“utilisant le pouvoir du business pour
créer du bénéfice social”. Comme
tout label, il s’accompagne d’un
cahier des charges évalué et
régulièrement audité par la société
B Lab. Aujourd’hui, on compte 315 B
Corps aux États-Unis pour un volume
d’activité d’environ 1,5 Mds$. Deux
des cinq entrepreneurs sociaux les
plus prometteurs des USA élus sur
le site Bloomberg Businessweek
sont des B Corps. Derrière cette
logique de labellisation, il s’agit
de faire émerger une nouvelle
forme d’entreprise dont le cœur
d’activité doit permettre de
“résoudre des problèmes sociaux
et environnementaux”. Cette
initiative pourrait inspirer les acteurs
français de l’entrepreneuriat social,
notamment le jeune MOUVES afin
d’ouvrir le secteur à de nouvelles
entreprises.
Revue de web
La Californie, premier État à électricité
“100 % verte” ? “C’est possible”,
selon Bill Gross, dont les entreprises
Idealab et e-Solar mènent une
expérience pilote en ce sens. Pour
appuyer l’idée, son ami, directeur de
United Postcodes Lotteries (loterie de
charité néerlandaise), se saisit de sa
plume et demande au gouverneur
Arnold Schwarzenegger via une
tribune publiée sur GreenBiz.com,
des subventions afin de mener à bien
ce projet d’envergure.
Pays en guerre et microfinance. Le
site Microfinance Focus a regroupé
dans un dossier tous articles du
site concernant les initiatives de
microfinance dans les pays vivant
ou ayant vécu des conflits armés.
Un dossier qui mérite le coup d’œil,
notamment concernant les activités
développées en Afghanistan. Pas la
peine, en revanche, de s’attarder sur
celle menée au Darfour. Dommage
aussi que le site n’ait pas pris la peine,
en plus de recenser ces articles, de
se livrer à une analyse de la question
dans son ensemble.
Le buzz du “co”. Lucy Bernholz,
influente bloggeuse sur la
philanthropie, fait converger dans
un billet tous les livres et signes d’une
nouvelle vague (ou tic marketing ?).
Le préfixe “co-” (co-working, coconstruction, co-créativité) prône
la mise en commun et l’échange
égalitaire. Quels enseignements en
tirer ? À suivre sur Twitter, hashtag
#buzzword2010. Dans la même
veine, Internactu se penche sur la
consommation collaborative, autre
déferlante qui devrait nourrir le besoin
de sens des consommateurs les plus
exigeants et les plus connectés.
À quand des associations et
fondations “déviantes” ? Dans
la Stanford Innovation Revue, le
président du cabinet américain
Tactical Philanthropy plaide pour
une philanthropie “déviante”… dans
le bon sens du terme ! Dévier, briser
les lignes de force et de pensée, ce
serait : que les fondations dénoncent
les ONG mal gérées, que le secteur
non marchand rémunère ses cadres
au même niveau que ceux du
secteur marchand (bonus en prime),
que les associations aillent jusqu’au
bout du plaidoyer et de la critique
des politiques. Une apologie de la
déviance à lire, et à appliquer.
Gloire aux chercheurs de l’improbable.
Les prix IgNobels récompensant les
recherches les plus absurdes (qui
font “rire avant de faire penser”)
ont été remis pour la dixième année
consécutive. Des vraies recherches
(de l’efficacité du port de chaussettes
sur les chaussures sur sol glacé aux
effets de la promotion aléatoire sur
l’efficacité d’une entreprise) et des
trouvailles moins volontaires (Prix de
Chimie co-remis à BP et l’université
d’Hawaï pour avoir “prouvé” que
l’huile était miscible dans l’eau), à
découvrir – en français – sur Rue 89.
Certaines causes valent plus que
d’autres. C’est l’avis du directeur
d’un Think Tank britannique, New
Philanthropy Capital, qui secoue le
secteur associatif local en prônant
la création d’un classement des
associations en fonction des
bénéfices apportés à la société…
N° 1 - 6 octobre 2010 | 10
Tendances de l’innovation sociétale
À suivre…
Agenda
VU SUR YOUPHIL.COM
11 octobre Journée de lancement – Les États généraux de l’ESS en chantier !
Lieu Hémicycle du Conseil régional Ile-de-France, Paris.
13 au 15 octobre Rencontre internationale des fondations pour l’innovation
sociale. Cette rencontre s’adresse aux fondations de tous les pays du
monde qui entendent prendre part à des actions innovantes aux plans
social, économique, culturel et environnemental.
Lieu Montréal – Château Champlain.
28 octobre 5e Forum National des Associations et Fondations.
Le rendez-vous annuel des dirigeants et responsables du secteur associatif.
Lieu Palais des Congrès de Paris.
28 octobre CSR Europe’s Enterprise 2020 MarketPlace.
Enterprise 2020 is about addressing global, regional and national socioeconomic challenges crucial in driving transformation towards a smart,
sustainable and inclusive society. Lieu Brussels Kart Expo, Belgium.
16 et 17 novembre 6e conférence annuelle de l’EVPA.
A new era for venture philanthropy : where grant- making and social investment
converge. The aim of this year’s conference is to move away from past
dichotomies and to focus on the overall objective of venture philanthropy :
building stronger social sector organisations to achieve greater social impact !
Lieu Nouveau Centre de Conférence Kirchberg, Luxembourg.
En partenariat avec
Mouvements
France Nature Environnement
renouvelle son équipe de direction
Pierre Bousquet, 42 ans, a été
nommé directeur général de France
Nature Environnement. Il est entré
à FNE en 1995 en tant que chargé
de mission sur les problématiques
déchets, Pierre Bousquet était
depuis 2003 directeur administratif
de la fédération.
Vincent Le Scornet, 44 ans, rejoint
France Nature Environnement au
poste de directeur fédéral. Il a en
charge la vie fédérale, la stratégie de
La gouvernance en Afrique file un
mauvais coton
L’indice Mo Ibrahim attribue une
note de 49 sur 100 au continent.
Associations : “Il faut favoriser les
échelons locaux”
C’est ce que préconise Claude
Capelier, co-auteur avec Luc Ferry
du rapport sur la représentativité du
secteur associatif remis fin septembre
à Marc-Philippe Daubresse.
La réforme des retraites, machine à
broyer les vieux
Alors que les discussions se sont
focalisées sur le sort des femmes,
celui des plus précaires a été peu
évoqué.
Jeremy Hockenstein, un sous-traitant
très social
Son entreprise de numérisation de
documents, Digital Divide Data,
recrute des jeunes Cambodgiens
et Laotiens issus de familles pauvres
et les accompagne vers une sortie
de la pauvreté.
Les associations, gardiennes de la
République
À l’heure où les hommes politiques
sont décrédibilisés, le monde
associatif doit être beaucoup plus
associé à la prise de décisions
publiques, explique Hamou
Bouakkaz, maire adjoint à la ville
de Paris.
communication et les partenariats.
Benoît Hartmann, 39 ans, a été
nommé directeur des relations
extérieures et porte-parole de la
fédération. Il occupait depuis le
1er mars 2009 et jusqu’au 1er juillet
le poste de coordinateur du pôle
aménagement durable du territoire.
“Moi, la finance et le développement
durable”
À l’origine de ce documentaire, un
thème peu hollywoodien : la finance
peut-elle être durable ?
Etiennette Frayer, 56 ans, est
désormais responsable des ressources
humaines et financières de FNE.
Alternatives Économiques, l’ovni
coopératif
Zoom sur le mensuel qui fête ses
30 ans cet automne.
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N° 1 - 6 octobre 2010 | 11