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1914-2014 : 100 ans déjà.
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Témoignage d’un soldat de la guerre de 1914-1918
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Journal retranscrit du soldat René Auguste Avit Honoré QUENTIN, notre grand-père et arrière grandpère, né à Anzin (Nord) le27 mai 1885. Comptable de profession. Domicilié à Suresnes. Marié 1
enfant. Mobilisé début août 1914 et incorporé au 271ème régiment d’infanterie de Saint Brieuc
partant pour la défense des frontières avec la 4ème armée.
Août 1914
Dimanche 2 août : mobilisation
Mardi 4 : départ à 3h de Paris
Mercredi 5 : arrivée à 3h1/2 à Saint-Brieuc
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Dimanche 9 août 1914: Départ à 2h30 de Saint-Brieuc via Rennes, Sillé le Guillaume, l’Aigle, Evreux,
Achères, Persan, Creil, Compiègne, Soisson, Laon, Reims et le Chatelet.
Mardi 11 : arrivée à 1h, 2h30 départ pour Leffincourt - 27 km sans boire( ?) – cantonnement à
Leffincourt.
Mercredi 12 : -de même13 août : départ à 8h -14km- cantonnement à Vrizy.
14 août : de même.
15 août férié : départ de Vrizy à 2h de l’après midi -17km- cantonnement à Le Chesne (2h de marche
sous la pluie, arrivée à la nuit).
16 août : départ de Le Chesne à 7h30 -27km- cantonnement à Boutancourt près Sedan et Mézières –
pour la première fois le canon se fait entendre dans la soirée – (très fatigué, nuit froide).
17 août, lundi : réveil à 5h15, il pleut – à 7h sommes dans l’attente d’un ordre de départ (depuis 15
jours, pas reçu de lettre) – toujours sur ordre, à 9h suite – 9h1/2 rien de changé – nous restons au
cantonnement, nuit très froide.
18 août : réveil à 5h – départ à 7h15 de Boutancourt à Donchéry à 4km de Sedan (trajet 12km) –
arrivée 11h1/2 – je suis bon pour établir un petit poste sur la route allant en Belgique (très belle vue
sur la vallée de la Meuse qui domine le château de Bellevue où Napoléon signa la capitulation de
Sedan – vue sur le champ de bataille.
- Temps splendide quelques aéroplanes évoluent et sont criblés de balles par nos mitrailleuses –
aucun résultat. A partir de 8h je remplace mes sentinelles double de demi-heure en demi-heure il en
sera de même toute la nuit. Nuit froide - relève à 7h – très bien reçu chez la garde barrière de
Donchéry
19 août : corvée de lavage de linge – repos pour les descendants de garde – 2h vaguemestre – lettres
néant – soir revue d’arrmes – coucher sur la paille à 8h, mieux dorrmi, pas eu froid .
20 août : réveil à 5h –rassemblement 5h45 – même cantonnement – Donchéry – exercice de tir,
rentré à 9h1/4 – ce soir repos – à 5h départ de la compagnie pour Sedan garder les ponts – ma
section au pont du chemin de fer au nord du château de Bellevue – Route avec le lieutenant et le
planton Voquer – couché à 10h du soir – bien dormi – lendemain,
21 août : pêche sur la Meuse, manille, etc – relevé de garde à 5h – retour au même cantonnement –
bien reposé.
22 août – réveil 5h1/4 – petit exercice près de la ligne du chemin de fer – 9h retour au
cantonnement ; tantôt repos manille ; 5h1/2 lettre de Papa la 1ère, tant mieux les autres vont suivre.
23 août -férié – départ de Donchéry à 5h du matin, 9h10 passons la frontière belge, à 11h1/2 grande
halte à Poupéhan, repartons pour Rochehaut où nous cantonnons, il est 1h1/2, nous sommes à 15km
de la France – Le canon gronde au loin, nous croisons les 50ème et 51ème d’artillerie puis le 248ème et le
247ème vers 5h1/2 ; à 400m nous voyons 4 scrapelles (?) éclater provenant de l’ennemi ; nous nous
mettons en face de l’ennemi pour répondre à toute éventualité, à 9h1/2 revenons à Poupéhan nous
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sommes qu’une soixantaine d’hommes, ayant égaré le reste de la compagnie enfin à 11h1/2 nous
nous couchons – à 3h1/2 réveil – je suis glacé – Quel dimanche à émotions, c’est la première fois
depuis notre arrivée à Sedan que nous avons été si près du feu .
24 août : passons à Corbion, puis Renouveau, la frontière et retour en France – vilain spectacle de
début de guerre, des chevaux crevés et dépecés bordent la route – Fleigneux (écrit différemment)
retrouvons une section de notre compagnie – en compagnie nous appuyons l’artillerie vers Floing
puis rentrons à Donchéry, il est 6h du soir – avec les 12km de la veille et d’aujourd’hui je compte en
tout 60km – l’entrain est excellent aucun malade à 7h30 coucher – à signaler 3 incendies (choses
vues).
25 août – journée qui débute dans une certaine gravité – Réveil à 3h, à 4h nous sommes en position,
puis à l’aide du 6ème génie, nous creusons les tranchées - Le Désastre paraît proche. Les maires
donnent l’ordre d’évacuer les villages et de traverser les ponts pour occuper la rive gauche de la
Meuse – parmi ces émigrants on remarque beaucoup de sujets belges car l’ennemi était prêt à surgir
chez eux. Peut-être y sont-ils maintenant. 9h matin – 25 août – tout est tranquille.
25 août suite – 2h – Tirs par l’artillerie, on voit très bien les obus éclater au dessus de Floing l’ennemi
doit déjà avoir des tués.
A 1h1/4 le pont du chemin de fer Valette saute – quelques autres ponts sur la Meuse ont le même
sort –
3h1/2 le pont de Donchéry saute à 100m de nos tranchées quel tableau et il y a encore gens et
troupes dans le village… comment vont-ils passer la Meuse ? –
des feux d’artillerie très nourris depuis 12h déterminent des incendies. J’aperçois nettement en me
glissant sur la crête du château de Donchéry l’éclatement des obus – cela ne me fait nullement peur
mais l’effet produit sur l’ennemi doit être terrible.
6h une usine en face de moi brûle tandis qu’un nuage noir monte dans le ciel – la nuit arrive, nous
répartissons l’ordre de veillée des sentinelles et nous notre contrôle de surveillance 11h soir je prends la suite de Sabiven avec le caporal Marquet 12h1/2 une fusillade assez forte se fait entendre vers Glaire – 6km
3h – réveil pour tout le monde.
Dessin en date du 25 août :
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26 août : 4h1/2 la fusillade près de nous dans Donchéry commence et à 6h l’engagement est
complet.
Inutile de noter ces mémoires qui resterons gravées chez moi toute ma vie 12h nous nous replions laissant morts et blessés sur le terrain – manquent à l’appel du soir mes bons
amis sergents Roche, Mimon, Watrecolin et beaucoup d’autres encore 7h la fatigue m’oblige pour la première fois à quitter la colonne et pendant 2h nous errons avec 2
autres épuisés à retrouver notre section. Nous rentrons à Omicourt pour nous reposer – la fusillade
continue comme la veille.
27 août : un sentinelle et un sergent du 116ème nous indiquent que le 271ème est passé cette nuit
allant prendre du repos à un village (Malmy) distant de 3km – nous y arrivons à 6h – mais pas de
271ème – je décide donc vu la peine des hommes et de moi de marcher d’un bon pas, de nous diriger
vers la Cassine pour gagner Le Chesne, (cantonnement du 15 août) – Là nous attendons notre
régiment, moi je compte voir un major à défaut du notre pour me faire examiner – je suis tout à fait
faible et je souffre de mes palpitations – il pleut à torrents – heureusement que nous sommes obligés
d’aller doucement, mes palpitations me reviennent de plus en plus fort.
5h – je rencontre à Malmy le régiment venant de Vendresse mais ne pouvant le suivre je reste à
Malmy attendant le médecin major – 2h – personne – je reviens à Omicourt et je trouve la
compagnie logée dans les bois – juste s’y trouvent les 2 majors – aussitôt examiné reconnu malade
du cœur et point pulmonaire – à évacuer. 6h –
A 8h du soir nous sommes blessés et évacués montés en fourgon et en route pour Vendresse – je suis
conduit à l’hôpital où dans un bon lit de plume je vais prendre un peu de repos bien gagné.
28 août : par habitude je me réveille à 5h – quelle bonne nuit sans cauchemar – le canon entre déjà
en action quoique les prussiens se soient retirés dit-on de l’autre côté de la Meuse –
9h on annonce l’arrivée des prisonniers allemands dans le village de Vendresse et en effet sitôt sorti
de l’hôpital j’aperçois entre nos soldats 62 soldats d’infanterie allemande et en voiture 2 officiers
dont un colonel – ils sont conduits tête basse dans le soubassement de la mairie de Vendresse.
10h départ de la gare de Vendresse – Le Chesne, nous recueillons d’autres blessés puis voila Vouziers
où les Dames de la Croix Rouge nous offrent des victuailles – nous repartons de Vouziers pour
Chalons où nous arrivons à 10h1/2 du soir.
J’attends avec un camarade du 138ème le départ du train de Paris.
29 août :1h du matin nous quittons Chalons, je m’endors et me réveille à Château Thierry il est 3h1/2
– le train n’avance pas et à Meaux il est 9h – toujours en panne, des trains en grand nombre se
garent à Noisy-le-Sec et gênent le trafic. Nous arrivons en gare de l’est à 5h1/4.
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Le soldat QUENTIN malade ne repartira pas. Il est décédé le 19 novembre 1918.
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