Rez de chaussée : présentation d`une maquette de l`abbaye et de la

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Rez de chaussée : présentation d`une maquette de l`abbaye et de la
VISITE : MUSEE D’ART ET D’ARCHEOLOGIE DE CLUNY
JOURNEE DE LA FETE DE L’ECRITURE DEPARTEMENTALE DE LUTILEA
10 JUIN 2010
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Rez de chaussée : présentation d’une maquette de l’abbaye et de la
ville de Cluny (fin XII – début XIII) réalisée par Francis CLEMENT
(1984/85).
Tout d’abord : montrer l’emplacement du palais de Bourbon dans lequel est installé le musée
(étiquette dans les arbres)
Puis quelques points de repères visibles à ce jour :
- clocher de l’eau bénite transept sud
- double porte d’honneur
- église St Marcel
- église Notre Dame (en construction)
- tour ronde
- tour des fromages
Introduction :
Fondée en 910 par le duc Guillaume d’Aquitaine, l’abbaye de Cluny, dédiée aux Saints Pierre et
Paul est à l’origine de l’une des villes les plus riches de l’époque romane.
1) Situation géographique.
Cluny se niche dans une petite vallée appelée Vallée noire parce que très boisée, arrosée par un
affluent de la Saône : La Grosne.
Le pays de Cluny ou Clunisois s’étend à 15 km de la vallée de la Saône. Les vallées sont parallèles
mais les rivières coulent en sens inverse.
Située en Bourgogne du Sud, c’est une région de passage et de rencontres : les personnes, les biens,
les idées transitent par cette province.
Occupée dès la préhistoire, cette région compte au IXe encore plusieurs villae (1) gallo-romaines
dont plusieurs sont attestées aux alentours immédiats de Cluny. Autour des villae, des habitants se
regroupent en hameaux puis en villages.
2) Fondation.
Fin IXe :
Une villae est installée sur les pentes proches de la Grosne : c’est une donation, en 802, de
Charlemagne à l’église de Mâcon.
11 septembre 910 :
Guillaume d’Aquitaine, comte de Bourges donne sa terre de Cluny pour fonder une abbaye, pour
que la prière des moines l’aide à être sauvé malgré ses fautes.
L’abbé Bernon et douze moines viennent du Jura (Gigny et Baume les Messieurs) pour fonder cette
abbaye bénédictine.
11 mai 994 :
Première référence du bourg de Cluny et de ses habitants dans une charte (2)
Fin XIe :
Plus ancienne reconnaissance officielle de la ville.
1
Fin XIIe :
Les limites géographiques de la ville médiévale sont alors définies : elles subsistent jusqu’à
aujourd’hui : c’est Cluny intra-muros (entre les murs) : espace dans les villes médiévales occupé par
des cultures ou des vignes et aujourd’hui encore par de nombreux jardins ou vergers.
3) Développement de la ville.
Le site est peu propice au développement urbain : les pentes de la vallée qui longent le Merdasson
(affluent de la Grosne qui traverse Cluny d’ouest en est) sont abruptes et les abords de la rivière
marécageux.
Au XIIe, de grands travaux permettent de contenir le cours du Merdasson (appelé aujourd’hui
Médasson). Cependant, les premiers peuplements du site se font sur la colline de St Mayeul vers l’an
mil (à l’ouest), puis le quartier de l’église Notre Dame (XIe) et des portes de l’Abbaye ; mais le plus
grand développement sera (fin XIe) le faubourg de St Odon (rebaptisé St Marcel au XIIe) au bord de
la Grosne où s’implanteront des tanneries.
Ce quartier sera intégré, seulement, au XIVe à l’intérieur des remparts plus étendus, d’où son nom
de « faubourg ».
XIIIe : une vague d’immigrants arrivent à Cluny : du Bourbonnais, d’Auvergne, Franche- Comté et
du Nord de la Bourgogne (Auxerrois).
4) Développement économique.
Centre religieux, Cluny attire non seulement les pèlerins, mais aussi les négociants (les marchands).
L’activé économique se développe considérablement à la fin du XIIe.
Les moines, essaient de réduire les péages exigés par les seigneurs sur les ponts et les routes qui
mènent à Cluny, dans le souci d’assurer le ravitaillement des marchandises pour la ville et l’abbaye
(400 moines au XIe et XIIe)
Monnaie : l’abbaye obtient du roi de France de battre monnaie dès le milieu du XIe : denier de
Cluny (cluniaco cenubio). On situe l’atelier de frappe dans l’Hôtel de la monnaie (XIIe), rue d’avril.
5) Protection de la ville.
En 1080 : l’abbé nomme un prévôt (magistrat) pour rendre la justice.
Au XIIe : L’abbé Thibaud, face aux dangers d’attaques fait édifier un rempart pour la ville et
l’abbaye avec portes d’entrée et tours.
L’abbaye (13ha) sera séparée de la ville par une muraille intérieure. Durant la guerre de 100 ans
(XIVe /XVe) ces fortifications furent très utiles contre les pillages.
6) Relations ville –Abbaye.
L’Abbé assurait la protection de la ville qui s’était créée à la suite de la fondation du monastère.
Plusieurs rébellions des habitants eurent lieu au XIIe et XIIIe pour établir une commune à Cluny.
En 1451 : une maison, place Notre Dame est cédée par une habitante (Anthonia) pour servir de
mairie.
Début XVIIe : l’Abbé accorde aux habitants de la ville une plus grande autonomie.
Cependant, les moines garderont toujours le souci du développement de la ville de Cluny et de ses
habitants.
2
En 1619 : le premier Hôtel de ville s’installe au 22 rue de la Barre (maison des Echevins (3)), après
de hautes luttes pendant près de 170 ans avec l’Abbaye qui ne voulait pas voir s’instaurer un pouvoir
civil.
Après la révolution (1789-1791) :
La ville a investi le domaine de l’abbaye, créant de nouvelles rues à l’intérieur et notamment une
sortie au nord.
1) villae : ensemble de bâtiments d’une exploitation agricole de l’empire romain.
2) Charte : titre qui accordait ou confirmait des privilèges et des franchises au Moyen Age.
3) Echevin : magistrat municipal avant 1789.
1ier étage : Salle Lorraine
1) La commende.
Dès sa fondation en 910, Guillaume d’Aquitaine, renonce à tous ses droits sur la nouvelle abbaye,
placée sous la protection des Saints Pierre et Paul : seule l’autorité du Pape peut s’y exercer.
Cette indépendance est renforcée en 998 par la confirmation de l’Exemption (1) qui met l’Abbaye à
l’abri de toute autre autorité : l e Seigneur du lieu ou l’Evêque de Mâcon.
En 1270 : le système de la commende (2) apparut, mettant l’ordre clunisien sous la double tutelle du
Roi et du Pape.
2) Jean de Bourbon (Abbé de 1456 à 1485).
Le premier Abbé Commendataire est Jean de Bourbon nommé par le roi Charles VII (roi de France
de 1422 à 1461) en 1456. Il était Prince de la famille royale et Evêque du Puy en Velay (Haute
Loire).
3) Le palais Jean de Bourbon.
Jean de Bourbon fait construire ce palais dans lequel nous sommes. C’est une demeure de style
gothique, remarquable par son toit très pentu. Il abritait les appartements privés de l’Abbé, une
chapelle et un cloître, une salle d’apparat (3) et une salle des Gardes. La disposition de ces salles a
été très peu modifiée et il subsiste de magnifiques cheminées au manteau (4) décoré de blasons (5) :
- fleurs de Lys. Barré : Jean de Bourbon
- fleurs de Lys : roi
- clé : ville de Cluny
- 2 clés + un glaive : Abbaye St Pierre et Paul
- blason + chapeau : évêque du Puy en Velay ( ?)
- blason + tiare : papauté ( ?)
Le musée fut installé en 1864 dans ce palais à la suite de la donation que la veuve du docteur Jean
Baptiste Ochier fit à la ville de Cluny.
En 1485, Jacques II d’Amboise succède à Jean de Bourbon : il fait ajouter au premier Palais un
édifice portant son nom destiné à héberger les hôtes de marque.
C’est aujourd’hui l’Hôtel de ville de Cluny.
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4) Architecture civile.
Cette salle de Lorraine contient surtout des vestiges de l’architecture civile : c’est à dire les
sculptures et les décorations en pierre qui ornaient les maisons de la ville, principalement au XIe et
XIIe.
La façade d’une maison clunisoise à cette époque est percée sur un ou deux étages d’une suite de
fenêtres appelée : claire-voie.
Suivant l’importance de cette façade et de sa décoration (signifiant le statut social du propriétaire) le
nombre de fenêtres varie (3, 4,5 ou plus).
Elles sont en arcades plein-cintre (en demi-cercle) séparées par des colonnettes rondes ou plates
(pilastre : pilier adossé à un mur) décorées de torsades, cannelures et surmontées de Chapiteaux aux
motifs d’animaux ou de végétaux.
A la jonction de deux arcades (écoinçon) on retrouve très souvent la sculpture d’une «rose » au
nombre de pétales variable : c’est une « spécialité » de la sculpture à Cluny (civile et religieuse).
Les arcades sont parfois soulignées par des décors simples, géométriques : cordon, billettes, oves,
entrelacs…
Au dessus des arcatures (suite de plusieurs petites arcades) ou sur les côtés, les linteaux, sont ornés
de scènes de la vie quotidienne : vendanges, métiers (cordonnier), jeux (tournoi de chevaliers,
musiciens) figurines, monstres, dragons, griffons…
Ces décors étaient soulignés de polychromie (plusieurs couleurs) dont on trouve parfois des traces.
A une époque où beaucoup d’habitants ne savaient ni lire, ni écrire, ces sculptures étaient une façon
d’exprimer la vie, les évènements, les personnes de son temps, il fallait LIRE DANS LA PIERRE.
5) Conclusion.
Depuis, plus de 20 ans, suite à une étude très approfondie (demandée par le ministère de la culture),
le Centre d’études Clunisiennes s’attache particulièrement à découvrir et faire découvrir cette
architecture civile du XIe au XIVe unique en France.
Dans le cadre de la célébration du 1100ème anniversaire de la fondation de l’Abbaye de Cluny :
Cluny 2010, une exposition intitulée :
Des pierres et des hommes : la sculpture civile clunisoise du XIe au XIVe (+ de 200 maisons
médiévales le long des rues de Cluny) se tiendra du 26 juin au 26 septembre 2010 aux Ecuries de St
Hugues.
1) Exemption : disposition émanant de la papauté à Rome, permettant à un monastère de
bénéficier de dérogations particulières (modification spéciale apportée à une loi).
2) Commende : régime permettant de placer une abbaye sous la protection d’un prélat
(dignitaire dans l’église) qui en perçoit les revenus.
3) Apparat : majestueux, solennel.
4) Manteau de cheminée : partie construite en saillie au dessus du foyer.
5) Blason : figure souvent en forme de bouclier portant des armoiries (emblèmes qui distingue
une famille noble, une collectivité (ville)).
Pour l’architecture : voir glossaire ci-après (document du Centre d’Etudes Clunisiennes).
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1ier étage : Bibliothèque
1) Présentation.
Ici sont rassemblés 4000 volumes sur les 4800 répertoriés en 1948 par Raymond Oursel
(conservateur des Archives départementales de Saône et Loire.)
Environ 1800 proviennent de la bibliothèque de l’ancienne Abbaye. Une grande partie des
manuscrits (1) sont conservés à la Bibliothèque Nationale à Paris.
Cependant plusieurs incunables (2) sont encore à Cluny ainsi que l’encyclopédie (3) de Diderot
et d’Alembert rédigée de 1747 à 1772 en 33 volumes et un Atlas (4) en 2 volumes de Mercator
datant du XVIIe ainsi que des Bibles et des Antiphonaires (5) et des ouvrages sur l’histoire de
l’abbaye et de la ville de Cluny.
D’autres livres proviennent du fonds ancien de la Bibliothèque municipale et au XIXe s’ajoutent
les œuvres des auteurs de l’époque : Alphonse de Lamartine, Victor Hugo.
2) Le plus ancien inventaire.
Il date du milieu du XIIe sous l’abbatiat de Hugues de Semur (1049-1109), il recensait 570
manuscrits qui sont réalisés dans un Scriptorium (lieu où sont écrits et décorés les manuscrits.)
3) Découverte de l’imprimerie (vers 1438).
Elle est perfectionnée par Gutenberg vers 1450 à Mayence en Allemagne. Il utilise des
caractères mobiles, chargés de matière colorante et reportés sur un support comme le papier.
En 1493 : Michel Wensler de Bâle (Suisse) imprime à Cluny un missel conservé dans cette
bibliothèque.
4) XVe et XVIe.
Des abbés Jean de Bourbon (XVe) et Jacques d’Amboise (XVIe) lèguent de nombreux livres
imprimés à la bibliothèque de l’abbaye.
5) XVIIe et XVIIIe.
De nombreux volumes non religieux enrichissent la bibliothèque : auteurs antiques (grecsromains) et classiques.
Sciences, traités de médecine, astronomie, géographie, histoire, poésie, démontrent les centres
d’intérêts très variés dans la culture des moines.
6) Le temps de la révolution (1789-1799).
En 1791, les 40 derniers moines expulsés, quittent l’abbaye. Leurs biens sont confisqués. Les
livres sont dispersés, saccagés, brûlés. Certains parchemins (6) servaient de « vitres » pour les
fenêtres de la ville.
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7) XIXe.
En 1834 : Prosper Mérimée, écrivain et inspecteur Général des monuments historiques (1833)
fait transférer des manuscrits à la bibliothèque royale (bibliothèque nationale) à Paris.
Fin XIXe : un grand nombre de livres (426) sont rendus à la ville de Cluny.
8) Conclusion.
Depuis sa fondation, l’abbaye de Cluny, a cherché à fonder des écoles, collèges, universités
(Cluny, Paris) pour diffuser un savoir encyclopédique, et être un exemple d’ouverture
intellectuelle et spirituelle.
(Pierre de Montboissier dit le VENERABLE, au XIIe fait traduire le Coran (Livre de l’Islam) en
latin (vers 1142).
Cluny, capitale monastique a exercé une influence sans précédent sur la vie spirituelle,
intellectuelle, artistique et politique de l’occident au XIe et XIIe, contribuant au développement
et à la civilisation de l’Europe.
1) Manuscrit : livre écrit à la main, décoré d’enluminures (miniature en couleur) de lettres
ornées.
2) Incunable : ouvrage imprimé après la découverte de l’imprimerie (1438) mais avant 1500.
3) Encyclopédie : ouvrage où l’on traite de toutes les connaissances humaines.
4) Atlas : recueil de cartes géographiques
5) Antiphonaires : livre contenant le chant noté des offices liturgiques des moines.
6) Parchemin : peau finement tannée, utilisée comme support de l’écriture.
Textes rédigés à partir des documents suivants :
- Cluny en 200 questions – réponses
Gérard Thélier / Editions Orphie (2009)
- L’Abbaye de Cluny
Jean Denis Salvèque / Editions du patrimoine (2001)
- Parcours découverte du bourg monastique Cluny
Ville de Cluny, Office de tourisme, et centre d’Etudes Clunisiennes.
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Documents de présentation dans le musée d’art et d’archéologie de cluny.
Fait par Marie Claire Momtmessin- Salvèque
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