Nicolas Copernic, De revolutionibus orbium cœlestium. Des
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Nicolas Copernic, De revolutionibus orbium cœlestium. Des
Sélection d’ouvrages présentés en hommage lors des séances 2016 de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. « J’ai l’honneur de déposer sur le bureau de l’Académie de la part de ses auteurs l’ouvrage intitulé Nicolas Copernic, De revolutionibus orbium coelestium. Les révolutions des orbes célestes, édition critique, traduction et notes par Michel-Pierre Lerner, Alain-Philippe Segonds† et Jean-Pierre Verdet, avec la collaboration de Concetta Luna, Isabelle Pantin, Denis Savoie et Michel Toulmonde, 3 volumes sous coffret formant au total environ 2700 pages, Paris, Les Belles Lettres (Science et Humanisme), 2015. L’ouvrage a reçu le 14 janvier dernier à l’ambassade de Pologne la médaille Alexandre Koyré décernée par l’Académie internationale d’histoire des sciences. On comprend l’intérêt suscité chez nos confrères par la publication du texte qui a révolutionné notre vision de l’univers en se substituant après exactement 1400 ans à l’Almageste de Ptolémée, apparaissant ainsi comme le nouvel Almageste. Mais cet ouvrage, dont la réalisation a mobilisé pendant près de vingt ans aux côtés des astrophysiciens et historiens des sciences une équipe d’éminents philologues dont Alain-Philippe Segonds fut l’anima mouens, est aussi et d’abord un exploit éditorial en tant que première édition critique et première traduction française intégrale des six livres qui le composent (Alexandre Koyré avait traduit en 1970 seulement les 12 premiers chapitres du livre I) et à ce titre il vient d’être distingué par le prix du Budget, décerné par notre Compagnie. L’ouvrage comprend trois volumes. Le volume I (887 p.) est une vaste introduction : six chapitres consacrés à la biographie de Copernic, à ses travaux astronomiques mineurs et à la préparation du grand œuvre, à une analyse d’ensemble du Des révolutions, à la réception de l’héliocentrisme entre sa parution en 1543 et sa condamnation en 1616 par la Congrégation romaine de l’Index, à la question des précurseurs de Copernic, enfin à l’histoire du texte : soit une nouvelle description codicologique de l’autographe, une histoire de l’édition princeps, enfin la description en termes de bibliographie matérielle des éditions anciennes (complètes et partielles). Suit une série de dix-sept annexes portant sur des thèmes particuliers, tels les horoscopes de Copernic ou le jugement de Kepler sur les Tables Pruténiques (fondées sur le De revolutionibus) qui effacent les Tables Alphonsines. Cette présentation du grand débat intellectuel qui opposa la nouvelle cosmologie à la physique d’Aristote et à la cosmologie de Ptolémée éclaire un moment capital dans l’histoire de la pensée occidentale. Le volume II (536 p.) contient l’édition critique du De revolutionibus accompagnée de la première traduction française intégrale en vis-à-vis. Le texte étant transmis à la fois par l’autographe de Copernic conservé à la Bibliothèque Jagellone et par les trois éditions anciennes : Nuremberg 1543 (année de la mort de l’auteur), Bâle 1566, et Amsterdam 1617, le problème critique fondamental consistait en ce que le texte de l’autographe présente une version inachevée par rapport à la princeps qui a bénéficié des ultimes retouches de Copernic. Il contient inversement des passages qui n’ont pas été repris dans l’édition, à commencer par la préface, remplacée après coup par la Lettre au pape www.aibl.fr 1 Sélection d’ouvrages présentés en hommage lors des séances 2016 de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Paul III et par un Argument ad lectorem ; la division en livres est elle aussi différente. Le manuscrit utilisé pour l’édition de 1543 n’étant pas l’autographe, mais une copie largement corrigée et mise au net, détruite ou perdue après l’impression, la présente édition est fondée sur le texte imprimé, corrigé, là où il est manifestement fautif, à l’aide de l’autographe et non mélangé mais suivi des passages de l’autographe non repris dans l’édition. Je traiterai dans le détail des problèmes de traduction dans le texte imprimé. Le volume III (801 p. + un dossier iconographique) contient le commentaire historique, technique et philologique à chacun des six livres. Il est suivi lui aussi par dix-sept articles complémentaires, j’en retiens celui qui expose une des nouveautés les plus importantes de cette édition : la découverte par Alain Seconds d’une source majeure, qui était jusquelà demeurée inconnue : les deux derniers chapitres du livre V et d’amples passages du livre VI sont une traduction plus ou moins littérale du texte grec de l’Almageste de Ptolémée qui venait d’être publié (Bâle, 1538). Toujours lu jusque-là dans la traduction arabo-latine de Gérard de Crémone (1175), le texte de Ptolémée, fondement de toute l’astronomie ancienne et médiévale, est alors pour la première fois accessible dans l’original grec : aidé par son élève Rheticus, excellent helléniste, Copernic a pu, grâce au Ptolémée grec, achever son ouvrage qui allait prendre la place de l’Almageste. Cette découverte jette une lumière nouvelle et inattendue sur l’histoire des textes grecs en Occident à la Renaissance. » Pierre LAURENS Le 18 mars 2016 Nicolas Copernic, De revolutionibus orbium coelestium. Les révolutions des orbes célestes Les Belles Lettres www.aibl.fr 2