Annie Le Brun - L`Insatiable

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Annie Le Brun - L`Insatiable
Annie Le Brun
Extrait du L'Insatiable
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Annie Le Brun
- Espace ouvert
- Grands entretiens
-
Date de mise en ligne : mercredi 13 novembre 2013
Description :
Paru il y a plus de dix ans, Du trop de réalité fit l'effet d'une déflagration dans un consensus postmoderne mortifère. Annie Le Brun y interrogeait l'ensemble des
symptômes d'une société occupée à détruire toute possibilité de rêve autre que programmé, à gommer des mémoires les fulgurances qui bouleversèrent les
horizons poétiques, mais aussi politiques, de l'Occident.
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Paru il y a plus de dix ans, Du trop de réalité fit l'effet d'une déflagration dans un consensus
postmoderne mortifère. Annie Le Brun y interrogeait l'ensemble des symptômes d'une société
occupée à détruire toute possibilité de rêve autre que programmé, à gommer des mémoires les
fulgurances qui bouleversèrent les horizons poétiques, mais aussi politiques, de l'Occident. Celle
qui écrivit en 1977 le retentissant pamphlet Lâchez tout (1) n'a jamais rien lâché de la conscience
poétique qui lui fit, en 1963, rejoindre André Breton et les surréalistes. Sade, Breton, Jarry,
Roussel, Césaire sont ces compagnons d'insoumission, ces porteurs de l'éperdu (2) qu'elle
convoque pour faire le procès d'une marchandisation acharnée à détruire le sensible en chaque être.
Dix ans après, alors que la catastrophe qu'elle dénonçait est désormais (trop ?) largement actée, son
dernier ouvrage, Si rien avait une forme, ce serait cela, nous invite à un pas de côté, un
déplacement du regard. Elle y explore la part de noir, d'abîme, aux sources de toute effraction
poétique et tout geste de liberté, et nous invite, avec Victor Hugo, à opposer les forces irréductibles
de l'imaginaire à l'aliénation tentaculaire de la société marchande et technicienne.
Du trop de réalité frappe par l'âpreté et la radicalité de votre constat. Votre dernier livre le prolonge, mais propose
aussi des échappatoires. On serait tenté de le dire « moins pessimiste ».
Annie Le Brun : Ce livre est la suite Du trop de réalité, c'est pour cela qu'on ne peut parler ni de pessimisme ni
d'optimisme. Il y a dix ans, j'ai été terrifiée par ce que je découvrais. Plus je prêtais attention à ce qui se mettait en
place, plus je faisais le constat effrayant que tout se tenait. Et le malheur est que, dans les années qui ont suivi,
j'aurais pu écrire un tome II, puis III, IV ! Mais dans la mesure où, malgré tout, je continuais à vivre, je ne pouvais
m'en tenir à ce constat. Soit j'essayais de voir un peu plus loin, soit il valait mieux tout arrêter plutôt que de m'installer
dans une posture de dénonciation et de déploration - ce qui est depuis quelque temps un nouveau genre littéraire.
La dénonciation du monde marchand est très présente sur le terrain militant et associatif. Mais l'analyse que vous
faites me semble aller beaucoup plus loin ; vous rapprochez la destruction du sensible, de l'imaginaire, des ravages
sur l'environnement : « Les pluies acides de notre civilisation ont presque achevé de défolier les derniers fourrés de
la forêt mentale », écrivez-vous. Vous ne cessez d'établir des correspondances entre les ravages massifs des
paysages naturels et urbains et ceux des corps, des consciences.
Lors de la parution Du trop de réalité, écrit il y a dix ans, on n'a pas vraiment compris ce dont je parlais : ce rapport
analogique entre les ravages en train d'advenir dans les domaines les plus divers. Ce que l'on fait du corps des villes
et du corps des femmes est comparable. Les rues piétonnes et le botox relèvent de la même entreprise ! Et le corps
gadgétisé, bodybuildé tend à devenir une machine de plus en plus performante et de plus en plus dépourvue de
charge érotique. Je ne vois pas de différence de traitement entre le monde intellectuel et le monde physique, ni entre
le sort réservé au monde sensible et à l'environnement : on assiste à une occupation d'envergure, qui nous laisse de
plus en plus démunis. C'est pourquoi j'ai essayé de revenir en amont, pour comprendre ce qui s'est passé, pourquoi
nous en sommes là, et pour éventuellement découvrir les possibilités de s'y opposer. À travers la perte du poétique,
la dimension politique de votre livre apparaît mais toujours en filigrane.
C'est un livre politique au sens où la poésie est d'ordre politique. J'ai été très frappée par l'exemple de Günther
Anders, qui est de formation philosophique, et qui, devant l'horreur du monde, les camps d'extermination et la bombe
atomique, se demande soudain : « Qu'est-ce que la philosophie si elle ne permet pas de concevoir cela ? » Au point
que sa vie comme sa pensée basculent. Et il en arrive à voir des choses très simples, mais beaucoup plus
intéressantes que n'importe quelle réflexion savante, sur la technique. Par exemple, il constate que, faute
d'imagination, nous sommes plus petits que ce que nous produisons : c'est ce qu'il appelle le « complexe de
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Prométhée ». Pourquoi sommes-nous plus petits que ce que nous produisons ? Parce que, faute de se projeter
au-delà de ce que l'on fait, on se met dans l'incapacité de prévoir l'effet de nos actes. Comme s'il y avait une espèce
de panne sensible entre ce qu'on fait et ce que cela devient. Cette panne est due au manque d'imagination
qu'Anders dénonce comme l'une des causes majeures de notre asservissement à la technique. Je suis partie de là
pour analyser les mécanismes par lesquels la Raison technique - qu'il est aujourd'hui facile de dénoncer, car on en
mesure les ravages - a pu faire illusion aux débuts de la société industrielle, à la fin du XVIIIe et au début du XIXe
siècle européen. Toute la première partie de Si rien avait une forme est consacrée à une exploration de ce que vous
appelez « le noir », un continent ou un abîme que vous distinguez du « négatif » et du « mal ».
Vous le faites à travers un long cheminement dans l'histoire des idées qui passe par Hegel, par le romantisme
allemand, par un certain nombre de philosophes et d'artistes. Que recouvre précisément ce mot au coeur de votre
réflexion ? Est-ce d'abord une critique de la philosophie rationnelle, de l'idée de progrès ?
Bien sûr. Mais ce qui m'a frappée, c'est que toutes les sociétés traditionnelles, primitives ou non, donnent une place
à ces forces noires, non seulement en les évoquant mais aussi en essayant de les saisir, éventuellement de les
circonvenir, à travers les formes rituelles. Et l'incroyable, c'est que la société industrielle est la seule qui a cru pouvoir
faire l'économie de ces forces. On sait que les débuts de la société industrielle, à la charnière des XVIIIe et XIXe
siècles, correspondent à une montée de l'incroyance, au moins à l'estompement progressif de la représentation
chrétienne du monde, où le mal avait sa place. On sait l'effort des philosophes pour essayer de penser les forces
noires qui existent en chacun de nous et qui sont d'autant plus menaçantes que le cadre conceptuel dans lequel
elles étaient évoquées est en train de disparaître. D'où le formidable travail de Hegel pour en dégager la notion de
négatif, jusqu'à en faire le moteur de l'histoire. Mais ce travail du négatif - avec lequel se confond la dialectique conduit à l'affirmation d'une positivité historique qui s'est transformée en idéologie du Progrès. D'où la rationalisation
à outrance, dont nous pouvons chaque jour mesurer les dégâts. On en est arrivé à ne plus pouvoir penser ce qui
n'est pas rationalisable - et ne donne pas forcément du positif. Vous décrivez une sorte de paradoxe -même s'il faut
établir une différence entre science et technique - chez les romantiques allemands notamment : certaines
insurrections de l'esprit s'accompagnent d'une fascination pour les découvertes scientifiques de leur époque. La
science a ouvert des continents à l'imaginaire en même temps que ses applications enfermaient dans la société
industrielle.
On peut même avancer que l'une des caractéristiques du romantisme allemand est une approche poétique de la
science. Novalis, directeur des salines de Weissenfels, voyait la minéralogie comme une astrologie à rebours. Mais
passé l'éblouissement que représente l'ouverture de tels horizons, la plupart ont très vite perdu, sans s'en rendre
vraiment compte, cette conscience poétique, pour sacrifier à la raison instrumentale. Comme si, soudain, il y avait un
dysfonctionnement. C'est aussi ce que j'ai cherché à saisir : le moment où la raison instrumentale prend le dessus.
Et les circonstances qui conduisent à cette défaite du sensible. Autrement dit : pourquoi l'homme croit-il nécessaire
de s'amputer d'une part de lui-même sous prétexte de maîtriser la nature ? Ce déni du noir, n'est-ce pas ce qui nous
revient aujourd'hui avec la souffrance psychique généralisée, les destructions massives, physiques et mentales, que
vous décrivez, comme une sorte de retour du refoulé ? On ne peut pas vraiment parler de « retour du refoulé » car
tout semble mis en place pour en empêcher l'émergence. C'est effrayant de voir combien cette dimension
fondamentale est systématiquement gommée. On n'a pas assez prêté attention à l'effort de Marcuse, dans les
années 1960-1970, lorsque, dans L'Homme unidimensionnel, il parle de « désublimation répressive ». C'est ce que
ce que je dénonçais dans Du trop de réalité, cette censure par l'outrance, qui permet de manipuler les individus,
jusqu'à les anéantir, en comblant leurs désirs avant que ceux-ci n'aient eu le temps de se manifester pour prendre
forme. Certains de vos constats rejoignent ceux de collectifs tels que l'Appel des appels. Mais là où eux disent que
l'« on est en train de perdre l'humain », vous écrivez « on est en train de perdre l'inhumain ». Cela mérite d'être
explicité.
On a presque oublié que chaque être doit affronter la violence essentielle qui l'habite et que l'on déclare inhumaine
lorsque tout est en place pour ne pas la reconnaître. Pourtant, c'est aussi par cet abîme que nous sommes reliés à
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tout ce que nous ne sommes pas. Si l'on a une chose à apprendre des peuples dits « sauvages », c'est la façon dont
ceux-ci ont toujours misé sur cette communication par l'abîme pour fonder leur équilibre et se trouver en harmonie
avec le monde qui les entoure. Si l'on se pense libéré de cet abîme au point de croire possible de rationaliser tout ce
qui participe du monde sensible, on devient l'otage d'un univers qui n'a plus rien à opposer à la marchandisation
généralisée qui défait progressivement notre vie intérieure. Dans Du trop de réalité, le constat portait surtout sur le
monde occidental - même si l'on peut dire que la mondialisation contamine toute la planète.
Vous ouvrez sur la question de l'altérité, du « sauvage ». N'est-ce pas de ce côté que peut advenir une conscience
poétique encore préservée, qui peut s'exprimer sous d'autres formes que celles de notre conception de l'art ? Est-ce
que ce n'est pas de l'Afrique notamment que peut nous venir cette préservation de la conscience poétique ?
On voudrait l'espérer. Non que quelque chose y ait été préservé, comme on pourrait le croire, mais parce que
l'Afrique a eu le malheur de subir, dans la plus grande violence et en raccourci, les ravages de la société industrielle.
C'est pour ça que j'ai insisté sur l'importance de Césaire qui, dans le Cahier d'un retour au pays natal, part de ce
paradoxe pour réinventer une autre négritude. Il me semblait nécessaire d'y revenir au moment où l'idéologie de la
créolité visait à liquider l'Afrique pour se mettre au diapason de la mondialisation. C'est ce qui m'a révoltée dans la
sorte de biographie que Raphaël Confiant a consacrée à Césaire, caricaturant sa pensée comme pour en réduire la
portée véritable et empêcher de voir l'immensité du détour nécessaire pour reconquérir nos pouvoirs perdus. Ce que
vous écrivez sur l'Afrique est traversé par une interrogation, contenue dans cette phrase : « Les hauts donjons de la
singularité communiquent avec les profondeurs d'une jachère commune. » Cela pose la question de l'articulation du
collectif avec la singularité de l'individu et du poète. Dans votre écriture, on sent une revendication de la singularité
absolue et, en même temps, un renvoi à ce que vous appelez « la géologie du sensible » chez un peuple ou dans un
territoire donné.
Comment l'articulez-vous ?
C'est à la fois la grande question sensible et la grande question politique d'aujourd'hui. Dès ses débuts, la société
industrielle a cru possible de nier la part de nuit qui nous fonde. Et si, dans le même temps, les romantiques
allemands se préoccupent du mythe, c'est parce qu'ils perçoivent ce manque, tout en mesurant l'importance d'un
espace où justement évoquer, au même titre que l'étrangeté de ce que nous ne sommes pas, l'étrangeté qui nous
hante. Ce manque devient encore plus inquiétant dans les années 1930, au moment où l'on passe à un autre stade
de la société technique. Bataille, Leiris, Breton, tous ceux qui pensent de manière aiguë dans ces années, reviennent
à la question du mythe, mais cette fois loin des Grecs, en misant sur le plus grand détour par les peuples sauvages.
Dans le romantisme allemand comme dans les années 1930, les personnes alertées par cette question se sont
trouvées incapables de fabriquer une mythologie. Mais leur désir a laissé cet espace vide et en a fait un espace
porteur de tous les espaces possibles. C'est cela qui est extraordinaire et réconfortant. Or, cet espace qui
n'appartient à personne parce qu'il est à tout le monde, cet espace d'où une collectivité peut faire surgir des formes,
ce lieu improbable dont même le souvenir est menacé par le processus de marchandisation qui vise à occuper tous
les espaces, fussent-ils virtuels, pour les transformer en nouveaux marchés. Ainsi fabriquet- on de plus en plus de
collectivités fictives et interchangeables, regroupées autour d'icônes de la mode qui sont, par définition, tout aussi
fictives et d'autant plus interchangeables qu'elles fournissent chaque fois au marché l'occasion de se renouveler. La
grande question est de savoir si d'autres lieux, hors de l'Europe, peuvent surgir d'autres espaces.
(Un marteau-piqueur interrompt la conversation. Annie, souriante : « Vous voyez bien que ça nous traque de tous les
côtés »...)
Une autre correspondance m'a frappée : au moment où l'on évoque la jungle du capitalisme et le retour de la
barbarie, vous déplorez le désensauvagement du monde. Si le capitalisme n'était qu'une jungle ce serait merveilleux
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! (Rires.) Il faut dire cette prétention des êtres les plus aliénés à croire qu'ils incarnent le summum de la civilisation.
S'il y a barbarie, elle est d'abord dans la façon dont on relooke les villes, dont les centres historiques sont réduits à
l'état de décors de plus en plus kitsch.
Ce que vous citez de Heidegger à propos des « primitifs » ressemble d'ailleurs fortement au « discours de Dakar ».
Oui, comme si l'histoire devait se confondre avec le progrès de la technique. Il ne faut pas oublier ce que dit Hegel
de l'Afrique : tout y est monstrueux, la nature et les bêtes, effrayantes, et les hommes à l'avenant.
Votre constat est sans appel sur la production artistique contemporaine. Il existe tout de même un certain nombre de
tentatives souterraines, dont certaines tendent à fabriquer du collectif ou qui veulent renouer avec la part « sauvage
». Vous expédiez sévèrement la performance, mais peut-on nier l'irruption de formes d'effraction, des prolongements
de formes poétiques dans la danse ? Peut-on affirmer que toute conscience poétique a déserté les expressions
contemporaines ?
Peut-être pas, mais elle est en mauvaise posture. Il y a toujours des effractions possibles. Reste que l'organisation
culturelle est devenue le lieu de tant de sinécures ! C'est là aussi que se manifeste tout le faux, à travers
l'escroquerie à la « créativité ». À voir le nombre d'« acteurs culturels » comme de « créateurs » au mètre carré, on
devrait vivre dans un monde merveilleux ! La grande arnaque de la culture aujourd'hui consiste non seulement à
servir de couverture au processus de marchandisation généralisée, mais aussi à empêcher tout discernement au
nom d'une diversité devant laquelle il faudrait s'incliner. La culture est devenue le plus sûr moyen de domestication.
Au début de ce siècle, Cravan disait : « Dans la rue, on ne verra bientôt plus que des artistes et on aura toutes les
peines du monde à y découvrir un homme ». N'est-ce pas ce à quoi nous assistons ? Vous êtes méfiante vis-à-vis de
toute organisation, mais vous indiquez des échappatoires, des lignes de fuite pour dire « non ».
Je ne trace rien - je me méfie toujours des gens qui tracent pour les autres, surtout des lignes de fuite ! Mais je dis
qu'elles sont possibles. On voit bien comment la dévastation intérieure des êtres, des collectifs, s'est mise en place
au cours des dernières années. Et des mouvements comme celui que vous avez cité, initié par des psychanalystes
qui sont en première ligne pour mesurer l'étendue des dégâts, sont des formes d'association très intéressantes qui
surgissent comme réponse à une situation inacceptable. Je crois beaucoup à des activités de ce genre, qui prennent
à revers la tendance actuelle qui veut, par exemple, que le livre contre Freud de Michel Onfray soit en tête des
ventes. Nouvelle preuve que tout se tient, le discours de Dakar et ça, c'est pareil. Et du côté de l'art et de la culture,
sachant qu'une conscience poétique ne se décrète pas, quelle « lettre à un jeune poète » ou aux jeunes générations
pourrait-on Quels antidotes à Disneyland, à ceux qui prétendent « donner une âme à ce qui nous aliène » ? Si
conscience poétique il y a aujourd'hui, elle ne peut que commencer par dire « non », en retrouvant une capacité de
discernement face aux modes de diffusion d'une culture qui met tout sur le même plan, d'où l'esprit critique est
éliminé. Pour le reste, c'est à chacun de trouver par où en passer. Les lignes de fuite sont, par définition, infinies. La
situation est telle qu'on ne peut que naviguer à vue.
Ce n'est pas par hasard que j'ai été subjuguée par l'injonction de Victor Hugo : « Extravaguez ! »
1. Lâchez tout, paru aux éditions Le Sagittaire en 1977, vient d'être réédité par les éditions Ramsay-Pauvert.
2. Annie Le Brun a publié un livre intitulé De l'éperdu (Stock, 2000). " Annie Le Brun, Si rien avait une forme, ce
serait cela, Paris, Gallimard, 2010. Du trop de réalité (2000), Paris, Gallimard, coll. « Folio/essais », 2004.
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