Un campus «romand» au cœur de Berlin

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Focus
HG H No 32
Lausanne, le 16 novembre 2016
Fondée en 1983 par Barbara Jaeschke, l’école GLS s’est installée il y a une dizaine d’années à Prenzlauer Berg où elle dispose d’un campus de 16’000 m 2 comprenant un hôtel, deux restaurants et 50 appartements. GLS
Parmi la soixantaine de
nationalités présentes
sur le campus GLS, les
Romands représentent
le premier marché
devant les Espagnols et
les Italiens.
Quartier populaire au tournant du
XXe siècle, Prenzlauer Berg a été le
point de ralliement des artistes et
intellectuels de Berlin-Est jusqu’à
la chute du mur en 1989. Dans un
premier temps délaissé par les
Berlinois réunifiés en raison de
la vétusteté de ses grands immeubles appelés Mietskasernen,
ou casernes locatives, le quartier
a entamé sa transformation dès la
fin des années 1990. Aujourd’hui,
Prenzlauer Berg est l’un des coins
les plus branchés de la capitale
avec ses nombreux bars et restaurants, ainsi que son campus de
16 000 m2 qui attire chaque année
plus de 5000 étudiants.
Un hôtel flambant neuf
C’est là, sur Kastianenallee, que
Barbara Jaeschke a implanté il
y a une dizaine d’années l’école
GLS (German Language School),
qu’elle a fondée en 1983 à Göttingen après une première expérience professionnelle en qualité de professeure d’anglais et de
russe dans l’enseignement public.
D’emblée, sa volonté a été d’élever son établissement au rang de
campus. «Le site qui hébergeait
une école à sa création en 1902 mée en un hôtel de catégorie suétait en ruine et la ville traversait périeure comptant 70 chambres
une phase économique difficile. et deux appartements. Certes, les
Néanmoins, il a fallu faire preuve 100 baignoires et les 200 douches
de persévérance pour convaincre de la grande époque ont été remles autorités de nous vendre le bâ- placées par des chambres et des
timent. Au final, le fait que notre salles de conférence, mais les anprojet ait une dimension péda- ciennes portes ont été préservées
gogique a plaidé en notre faveur», et mises en valeur, apportant une
explique la fondatrice et direc- touche vintage à une décoration
trice de GLS. Dans la foulée, elle a sinon contemporaine et épurée.
obtenu un financement pour la rénovation complète des infrastruc- Une majorité de Romands
tures et l’aménagement d’un véritable campus, qu’elle a agrandi Véritable destination dans la desen 2005 en achetant les anciens tination, l’hôtel Oderberger acbains publics voisins sur Oderber- cueille une clientèle composée
d’hommes et femmes d’affaires,
ger Strasse.
de touristes et d’étudiants. Ces
derniers ont également la possibilité de se loger dans l’un des 50
appartements du campus, où ils
bénéficient d’équipements modernes et d’une kitchenette tout
équipée. La durée moyenne du séjour, il est vrai, oscille entre deux
à trois semaines l’été et six mois
ou plus l’automne et le printemps,
d’où l’importance de jouir d’une
J E S SI C A M O N N E T, D I R EC T R I CE
certaine autonomie.
RO M A N D E D E B OA LI N GUA
Parmi la soixantaine de nationalités présentes, les Romands
Pour les habitants historiques représentent, de loin, le premier
de Prenzlauer Berg, et certains marché devant les Espagnols et
professeurs du campus qui y ont les Italiens avec 21% de parts de
appris à nager, ces bains repré- marché. Directrice de Boa Linsentent l’âme du quartier. Leur gua pour la Suisse romande, fidèle
fermeture en 1986 aurait pu son- partenaire de GLS, Jessica Monner le glas d’une époque, mais les net confirme l’attrait du campus
travaux entrepris par Barbara auprès de la clientèle romande.
Jaeschke leur ont redonné leur «Les Romands entretiennent un
lustre d’antan. Après cinq années rapport ambivalent avec l’allede travaux, la piscine a non seu- mand. Tous savent qu’il est imporlement rouvert le printemps der- tant de le maîtriser, mais la plunier, mais la bâtisse de style néo- part gardent un mauvais souveRenaissance s’est aussi transfor- nir des années durant lesquelles
«La perspective d’un séjour
à Berlin suscite
des vocations»
Davantage d’informations:
www.boalingua.ch
www.gls-berlin.de
Un campus «romand» au cœur de Berlin
ils l’ont appris à l’école. C’est pour- à C1 en vue de la recherche d’un
quoi la perspective d’un séjour à travail à Bâle, où la maîtrise de
Berlin, l’une des capitales les plus l’allemand est obligatoire», explibranchées d’Europe, suscite des quait-il en substance alors qu’il
vocations et encourage les jeunes s’apprêtait à terminer la première
et moins jeunes à choisir GLS moitié d’un cursus de 18 semaines,
dans l’optique d’un séjour linguis- entrecoupé d’une pause estivale
durant laquelle il comptait troutique», explique Jessica Monnet.
D’entente avec le conseiller ver un job dans la capitale pour
Boa Lingua qui supervise leur dos- s’immerger encore davantage
sier jusqu’à leur retour en Suisse, dans la culture allemande en géles étudiants choisissent le cursus néral, et berlinoise en particulier.
qui correspond le mieux à leurs
attentes. Qu’il s’agisse de per- Stages pratiques dans le tourisme
fectionner ses connaissances de
bases ou d’acquérir des compé- Depuis plusieurs années, GLS
tences linguistiques dans un do- propose d’ailleurs la formule de
maine spécifique, GLS offre une stages professionnels en complélarge palette de cours dispensés ment des cours. Placé sous la resen effectif réduit et qui tiennent ponsabilité de Katharina Hirt, le
compte du niveau des partici- programme est accessible aux étupants. Rencontrée l’été dernier à diants âgés d’au moins 18 ans qui
Berlin où elle séjournait depuis suivent quatre semaines de cours
deux mois et demi, Estelle, une ou plus. «Les stages pratiques
étudiante genevoise en droit dans sont disponibles dans les secla vingtaine, soulignait l’intérêt teurs de l’hôtellerie-restauration,
des classes intensives qui lui ont du tourisme ou encore du markepermis d’élever rapidement son ting. Beaucoup de Romands proniveau d’allemand. Une nécessité fitent de cette opportunité pour
absolue dans l’optique d’une car- côtoyer les Allemands dans un enrière juridique en Suisse, selon vironnement professionnel, ce qui
elle. Et un objectif réalisable par leur permet de compléter idéalela plupart des Romands, qui, s’ils ment l’enseignement théorique en
manquent souvent de confiance classe», explique Katharina Hirt.
quant à leurs compétences lin- Le recrutement a lieu par son enguistiques comme l’explique une tremise une fois qu’elle a renconenseignante de GLS, disposent tré les étudiants, le plus souvent
néanmoins d’un bagage gramma- âgés entre 18 et 30 ans, et qu’elle
tical et d’un vocabulaire plus im- a pu cerner leurs attentes. Elle en
portants qu’ils ne le pensent.
profite également pour les coacher
De son côté, le Jurassien No- en vue de l’entretien d’embauche
lan, 20 ans, a terminé son appren- – un coup de pouce utile qui paratissage d’employé de commerce chève généralement leur intégraet effectué son école de recrues tion à Prenzlauer Berg, dont ils se
avant de se rendre à Berlin. «Mon sentent tous orphelins au moment
objectif est de passer du niveau B2 de quitter Berlin. PAT R I CK CL AU D E T