cerveaux frenchy creent l`etonnement un peu partout
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cerveaux frenchy creent l`etonnement un peu partout
PAYS :France DIFFUSION :232507 PAGE(S) :66 SURFACE :78 % PERIODICITE :Mensuel 1 septembre 2016 - N°300 PARIS, NUMÉRO3 MONDIAL DES CENTRES D'INNOVATION 1. Silicon Valley 2. Londres 3. Paris CERVEAUX FRENCHY CREENT L'ETONNEMENT UN PEU PARTOUT Malgré ses défauts, notre système éducatif parvient à produire des chercheurs et des ingénieurs que les industriels convoitent. Explications. 4. Singapour 5. Bangalore Français dans la Silicon Valley t de quatre.Mi-juin, le chinois Huawei a inauguré à BoulogneBillancourt un nouveau labo de recherche en France, consacréauxmathématiques.Il emploie 79salariéset s'ajouteà ceuxdédiés aux objetsconnectés,au traitement de l'image etau design (Paris). Au total, 137blouses blanches sont au servicedu numéro 3 mondial des smartphones dans l'Hexagone. «Nous avons investi assez tardivement dansla recherche en France, explique Isabelle Leung, directrice des affaires publiques de Huawei, mais c'est désormais ici que nous nous développonsleplus vite.» CE N'EST PAS PAR FRANCOPHILIE que Huawei s'installe chez nous. Au-delà de lacarottedu crédit impôt recherche, c'est surtout notre matière grise qui séduit cette multinationale. Facebook, Intel, Samsung,Salesforce,Google,Siemens... pas une semaine sans qu'un nouveau labo international ouvre ses portes.En2015,la Franceaaccueilli 87 projets de R &D, avec 1706 emplois à la cléselon BusinessFrance. Il n'y en avait eu que 40 en 2011 et 45 en 2012. Mieux, d'après Capgemini et Altimeter, Paris est la troisièmeagglomération la plus attractive au monde pour les centres d'innovation, juste derrière la Silicon Valley et Londres. Mais comment expliquer le rayonnement international de nos Géo Trouvetou ? L'élite scientifique est d'abord bien plus largeici qu'ailleurs : 62%de nos doctorants ont une formation en scienceou en ingénierie,contre seulement 44%dans l'OCDE. Un poids qui s'expliquenotamment par la capacité d'abstraction supérieure des petits Françaisqui, trèstôt, apprennent àraisonner en thèse-antithèsesynthèse.Noschercheurs sont aussi plus généralistes que leurs homologues étrangers. «Ils sont issus d'écoles d'ingénieurs plutôt que de cursus purement mathématiques, observeMérouane Debbah,le directeur du nouveau site Huawei. Du coup,cene sontpasde simples théoriciens, ils connaissent l'industrie.» Ceux venus de Télécom ParisTech maîtrisent par exempleles technologies de l'information, ceux des Pontset Chausséesl'univers du bâtiment... Une ouverture sur le réel bien utile, puisque les recrues de Huawei doivent plancher sur l'autonomie des batteries ou le futur réseau5G. «Nosingénieurs savent faire le lien entre différents domaines,ajoute Olivier Bourtourault, directeur deCapgemini Accelerated Solutions Environment. C'est très précieux. Dans un jeu vidéo, il faut ainsi associerla physique et le graphisme pour reproduire des cheveux dans le vent. Dans l'intelligence artificielle, il faut mixer neurosciences et maths.» Autre atout des cerveaux français : leur bagage culturel. Alors qu'en Allemagne et aux Pays-Bas les ingénieurs ont souvent quitté tôt l'enseignementgénéralpour sespécialiser, les nôtres le poursuivent jusqu'au bac. «Grâceàcela, ils sont souvent dotés d'un background académique plus consistant», fait valoir Eric Charbonnier,expert éducation à l'OCDE. Même une fois parvenus en école d'ingénieurs, ils ne s'enferment pas dans leurs disciplines. «Un quart de notre cursus est consacré aux sciences humaines et sociales, c'est bien plus qu'à l'étranger», précise Arnaud Poitou, directeur de l'Ecole centrale de Nantes.Au moment d'un entretien d'embauche, cette culture générale fait ladifférence. LA FRENCHTOUCH,c'est également une bonne dose de créativité et de sensibilité artistique. «Parmi nos 2200 étudiants, un sur quatre joue du piano et plusieurs composent leurs propres musiques, poursuit Arnaud Poitou. Or regardezles produits qui cartonnent : ils viennent autant de l'imagination que de la science!» Pour stimuler cette zone du cerveau,l'EC Nantesorganisedes cours communs aveclesécolesd'architecture et de designlocales. Même nos défautstraditionnels séduisent les employeurs étrangers. Nous sommes râleurs et éternellement insatisfaits ?Tant mieux! «Cet état d'espritest plutôt recherché aujourd'hui, assure Olivier Bourtourault. Nous aimons mettre le doigt sur ce qui pourrait être amélioré. Celaaide àidentifier leszonesd'innovations.» Restonsgrognons! © Tous droits de reproduction réservés