Une visée partenariale dans les relations entre l`école et les familles
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Une visée partenariale dans les relations entre l`école et les familles
1 Une visée partenariale dans les relations entre l’école et les familles : complémentarité de trois cadres conceptuels1 par Rollande Deslandes, Ph.D2. Les relations entre l’école et les familles suscitent l’intérêt de plusieurs groupes d’acteurs impliqués dans l’éducation des enfants, dont les parents, les enseignants et les responsables politiques, comme en témoignent le rapport de l’OCDE (1997) et un des Avis du Conseil supérieur de l’éducation (1998). Elles font aussi l’objet de nombreuses recherches tant sur le plan international que national et provincial (p.ex., Bouchard, 1998; Epstein, 1996; OCDE, 1997; Pourtois et Desmit, 1997; Vincent et Tomlinson, 1997). L’étude, à la fois des écrits et des pratiques sur le terrain, met en évidence un mouvement vers l’implication des parents. Le discours politique prédominant s’inscrit dans une perspective de développement de la collaboration, voire du partenariat entre l’école et les familles. A titre d’illustration, les amendements apportés à la Loi sur l’instruction publique, par le gouvernement du Québec en décembre 1997, consacrent les parents comme partenaires de la gestion de l'école par le biais de leur participation au conseil d'établissement. Les tenants de l’approche partenariale s’appuient sur les résultats de plusieurs recherches afin de démontrer les bénéfices d’une telle collaboration pour les élèves, en l’occurrence, l’amélioration des résultats, des comportements et des attitudes relativement à l’école (Epstein, 1996). Cette approche partenariale n’est cependant pas partagée par tous, notamment ceux qui décrient la rhétorique du partenariat comme étant une manière de maintenir le contrôle professionnel des enseignants à travers une option de soutien parental (Vincent et Tomlinson, 1997). D’autres déplorent la prépondérance d’une vision des relations école-famille provenant 1 Le présent article a fait l'objet d'une présentation récente : Deslandes, R. (2001). «A vision of home-school partnership: three complementary conceptual frameworks». Presentation at the International Roundtable Conference A bridge to the future: collaboration between families, schools and communities Ichthus College Rotterdam, The Netherlands, 22-23 novembre. Il apparaît aussi dans le livre suivant: Deslandes, R. (2001). «A vision of home-school partnership: three complementary conceptual frameworks. In Frederik Smit, Kees van der Wolf and Peter Sleegers (eds) A bridge to the future. collaboration between parents schools and communities. Parent participation. (11-24). ITS, Stichting Katholieke Universiteit te Nijmegen. ISBN 90-5554-17. 2 Cet article a été rendu possible grâce à une subvention du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) accordée à l’auteure 2 uniquement du point de vue de l’école et de ses enseignants, et conviennent qu’il ne peut exister de partenariat unidirectionnel (Vincent et Tomlinson, 1997). Pour sa part, Lareau (1996) rejette d’emblée le concept de partenariat fondé sur un statut égalitaire car elle perçoit un plus grand pouvoir des enseignants par rapport à celui des parents à l’école. Quant à Cochran et Dean (1991), leur vision des parents se décrit davantage en termes de déficit, et commande des programmes d’éducation parentale compensatoires ainsi que des interventions basées sur l’appropriation et l’auto-détermination (Dunst et al., 1992). Toutefois, pour Bouchard (1998), ces deux derniers principes correspondent à la définition même du partenariat, soit «…l’actualisation des ressources et des compétences de chacun» (p. 23). Dans le même ordre d’idées, l’OCDE (1997) associe le partenariat à «…un processus puisqu’il s’agit d’apprendre à travailler ensemble et de mettre en valeur ce que chaque partenaire peut apporter de positif dans la relation» (p. 58). De notre côté, nous avons été interpellés à maintes reprises dans le cadre de formations offertes à des enseignants et intervenants sociaux par des interrogations similaires à celles-ci :. «…que faire lorsque les parents qu’on désire rencontrer ne se présentent jamais à l’école?» ou encore «…comment aller chercher les parents difficiles à atteindre?». Ces commentaires nous ont amenés à réfléchir sur la notion de partenariat qui prévaut présentement dans les écoles du Québec et sur la congruence entre ce modèle de partenariat et celui que les différents organismes en éducation préconisent. Dans le cadre de cet article, nous examinerons la complémentarité entre trois cadres conceptuels liés au partenariat école-famille, le modèle de l’influence partagée (Epstein, 1987), le modèle du processus de la participation parentale (Hoover-Dempsey, 1995, 1997) et le modèle partenarial de l'appropriation et de l'autodétermination de la famille (Bouchard, 1998; Dunst et al., 1992). Il est à noter qu'une plus grande attention sera accordée au modèle du processus de la participation parentale (Hoover-Dempsey, 1995, 1997) car ce dernier semble apporter un éclairage tout à fait particulier quant aux familles difficiles à atteindre. Finalement, nous regarderons le type de partenariat visé par les projets novateurs actuellement mis en œuvre dans plusieurs écoles du Québec, et plus spécifiquement, au niveau secondaire. La perspective avec laquelle nous abordons le vrai partenariat implique des conditions de confiance mutuelle, de buts communs et de communication bi-directionnelle. De son côté, la collaboration renvoie à la participation à la réalisation d’une tâche ou d’une responsabilité. Le 3 partenariat nécessite donc des relations collaboratives entre deux parties. La participation parentale représente un moyen afin d’établir cette relation collaborative, voire partenariale. Certains auteurs vont alors parler de partenariat de réciprocité lorsqu'il y a un partage mutuel de tâche ou de responsabilité et de partenariat collaboratif ou associatif lorsqu'il s'agit davantage de réaliser une tâche ou une responsabilité en réponse à l'invitation de l'école et des enseignants (Bouchard, 1998; Boutin et Le Cren, 1998; Dunst et al., 1992; Epstein, 1992). Le modèle de l’influence partagée Inspiré du modèle écologique de Bronfenbrenner (1979, 1986) et d’une perspective sociale et organisationnelle (Litwak et Meyer, 1974; Seeley, 1981, cités dans Epstein, 1987, 1992, 1996), le modèle de l’influence partagée privilégie la coopération et la complémentarité entre l’école et la famille et encourage la communication et la collaboration entre les deux institutions (Epstein, 1987, 1996). Ce modèle est illustré par des sphères représentant la famille et l’école qui peuvent être poussées l’une vers l’autre ou encore éloignées l’une de l’autre par trois forces: le temps (force A) et les caractéristiques, philosophies et pratiques de la famille (force B) et de l'école (force C). Ces forces contribuent à créer ou pas des occasions pour des activités partagées entre l’école et les familles. Par exemple, on constate que les sphères s’entrecroisent à un plus haut degré au cours des années préscolaires et primaires de l’élève (force A). De même, quand les parents participent au suivi scolaire de leur enfant (force B), la zone d’interaction entre les deux sphères s’accroît. Le même scénario se produit lorsque les activités des enseignants favorisent la participation parentale au suivi scolaire (force C). L’interaction entre les deux sphères se veut maximale lorsque l’école et les familles fonctionnent comme de véritables partenaires au sein d’un programme global comprenant plusieurs activités de partenariat écolefamille. Le modèle attire l’attention sur la réciprocité entre les enseignants, les familles et les élèves. Il reconnaît que les élèves sont des agents actifs dans les relations entre l’école et les familles. Ainsi, un enseignant peut solliciter la participation parentale en demandant aux élèves, par exemple, d’interroger un membre de leur famille sur la profession qu’il exerce. Une règle de base du modèle réside en l’assomption qu’un échange de savoirs et de savoir-faire entre parents et enseignants axé sur le respect mutuel et le partage de buts communs conduira à un meilleur développement et une meilleure réussite de l’élève (Epstein, 1996). 4 Tableau 1 Modèle de l’influence partagée Famille Ecole Force B Force C -Caractéristiques -Philosophie f -Pratiques a F É é -Caractéristiques -Philosophie A p a P E -Pratiques e Force A Temps/âge/niveau scolaire Mots-clés: interactions Intrainstitutionnelles (lettres minuscules) interactions Interinstitutionnels (lettres majuscules) f/F: Famille é/É: École a/A: Adolescent p/P: Parent e/E: Enseignant ______________________________________________________________________________ (Epstein, 1987, 1992, 1996) La structure interne du modèle représente les patrons de communication interpersonnelle et institutionnelle. Les interactions représentées par les lettres minuscules (f=famille), (é=école), (p=parents) et (e=enseignants) sont celles qui se produisent en parallèle, soit en famille ou à l’école. Les interactions sur le plan institutionnel (lettres majuscules) concernent tous les membres de l’école et des familles (e.g., l’école invite toutes les familles à une soirée d’information, F-É). Les interactions individuelles (lettres majuscules) ont trait à un élève, un parent ou un enseignant (e.g., une rencontre parent-enseignant concernant un élève en particulier, P-E)., ces deux derniers types d’interactions se retrouvent dans la zone d’intersection du modèle et représentent des activités de partenariat école-famille. 5 Ces activités de partenariat école-famille ont été regroupées dans une typologie comprenant six catégories : (a) les devoirs de base des parents envers leurs enfants (type 1), comme exercer une supervision, guider et assurer le matériel requis; (b) les devoirs de base de l’école envers l’enfant et sa famille (type 2) qui ont trait aux renseignements donnés par l’école aux parents et vice-versa; (c) la participation des parents à l’école (type 3) qui se manifeste par du bénévolat ou par une présence lors d’événements spéciaux; (d) la participation des parents dans les apprentissages à la maison (type 4) qui comprend l’aide apportée dans le travail scolaire, les discussions reliées au vécu scolaire, les encouragements et les compliments, etc. (e) la participation des parents dans les prises de décisions des instances éducatives (école, commission scolaire, etc.) (type 5) qui a trait entre autres, à l’implication dans le conseil d’établissement, et (f) la collaboration avec la communauté qui inclut les échanges avec les autres parents de la même communauté (type 6) (Epstein, 1992, 1996). Les parents qui participent moins au suivi scolaire proviennent habituellement de familles non-traditionnelles et moins scolarisées (Force B) (Dornbusch et Ritter, 1992; Deslandes, Potvin, et Leclerc, 1999). Les parents ont tendance à aider davantage un enfant du niveau primaire que du niveau secondaire, et un enfant qui réussit bien ou qui en est à ses premières difficultés scolaires qu’un enfant en difficulté depuis longtemps (Force A) (Eccles et Harold, 1996). Parmi toutes les variables examinées, les activités mises en place par l’école, c’est-à-dire les programmes de partenariat école-famille, s’avèrent les meilleurs prédicteurs de la participation parentale (Force C; Dauber et Epstein, 1993). Autrement dit, les parents participent davantage à la maison et à l’école lorsqu’ils perçoivent que l’école et les enseignants favorisent leur collaboration. Dans une étude récente, guidés par le modèle de l’influence partagée et sa typologie des activités de partenariat école-famille , nous avons comparé les niveaux de participation entre les parents d’élèves inscrits en troisième secondaire régulier (N=525) et les parents d’élèves inscrits au secteur de l’adaptation scolaire (N= 112) (Deslandes, Royer, Potvin, et Leclerc, 1999). Ce dernier groupe comprenait des élèves en difficulté d’apprentissage ou de comportement ayant au moins deux années de retard au niveau scolaire. Conformément à ce qui est rapporté dans la littérature, les familles des élèves en difficulté étaient moins scolarisées et davantage nontraditionnelles (familles monoparentales,recomposées ou autres). Les résultats ont indiqué des 6 différences significatives entre les niveaux de participation de parents d’élèves du régulier et de l’adaptation scolaire, tout spécialement en lien avec les activités de type 1 (ex. : supervision parentale), type 3 (ex. : participation à l’école à des activités dans lesquelles l’adolescent est impliqué) et type 4 (ex. : participation à la maison sous forme d’aide dans les devoirs, de discussions et d’encouragement). Or, ces trois types de participation parentale, selon la perception des adolescents, contribuent à prédire les résultats scolaires. Comment expliquer cette différence dans les niveaux de participation parentale? Il faut forcément aller dans notre recherche d’explications, au-delà de ce qui est présenté dans le modèle de l’influence partagée. A cet effet, le modèle du processus de participation parentale conçu par Hoover-Demsey et Sandler (1995, 1997) apparaît porteur d’éléments de réponse additionnels ou tout au moins, plus détaillés. Le modèle du processus de la participation parentale Fondé en partie sur le modèle écologique de Bronfenbrenner (1976, 1986), et basé sur les résultats d’études psychologiques et sociologiques, le modèle de Hoover-Dempsey et Sandler (1995, 1997) examine le processus de participation parentale à partir de la prise de décision de participer (tableau 2). Selon les arguments du modèle qui se lit de bas en haut, les parents participent parce qu’ils ont développé une compréhension de leur rôle parental qui inclut la collaboration, parce qu’ils ont un sentiment de compétence positif pour aider leur jeune à réussir, et parce qu’ils perçoivent les opportunités et les invitations à participer de la part de leur enfant et de l’école de leur enfant. Le modèle suggère qu’une fois que les parents décident de participer, ils choisissent des activités précises en fonction de la perception de leurs propres habiletés, intérêts et capacités; de leurs autres responsabilités demandant du temps et de l’énergie, et de leur expérience relative à des invitations de participation parentale spécifiques provenant des jeunes, des enseignants et de l’école. Le modèle soutient que la participation parentale influence les résultats de l’enfant par le biais de trois mécanismes , modelage, renforcement et enseignement (instruction), qui à leur tour, sont médiatisés par la pertinence développementale des stratégies des parents et la congruence entre les actions des parents et les attentes de l’école. Le processus de participation parentale trouve son dénouement dans son influence sur les résultats de l’enfant, notamment ses connaissances, ses habiletés et son sentiment de compétence pour réussir à l’école. Pour les fins de la présente discussion, nous nous limiterons au premier niveau du modèle. 7 Tableau 2 Modèle du processus de participation parentale Résultats chez l’enfant/ado Habiletés et connaissances Sentiment de compétence relié au travail scolaire Variables médiatrices Utilisation par les parents de stratégies de de participation appropriées au stade de développement de l’enfant/ado Adéquation entre les activités participation des parents et les attentes de l’école Mécanismes par lesquels la participation parentale influence les résultats chez l’enfant/ado/l’élève Modelage Renforcement Instruction Choix des parents en regard des activités de participation Influencé par : Domaines spécifiques Exigences en termes de Invitations spécifiques et de connaissances et d’habiletés temps et d’énergie de : demandes de participation de : des parents Autres responsabilités Responsabilités EnfantsÉcole/enseignants familiales reliées à l’emploi Décision des parents de participer Décision positive de la part des parents de participer Influencée par : Compréhension et interprétation par le parent de son rôle parental Sentiment de compétence du parent Opportunités générales à aider son jeune à réussir à l’école et demandes pour participer présentées par : Influencées par : •Expériences directes •Expériences indirectes •Persuasion verbale •Éveil émotionnel Influencé par : •Expériences directes •Expériences indirectes •Persuasion verbale •Éveil émotionnel Les enfants du L’école des parent enfants 8 Au premier niveau, le modèle suggère que la décision du parent de participer au suivi scolaire varie en fonction de la compréhension de son rôle parental, de son sentiment de compétence par rapport à l’aide apportée à son enfant, et des opportunités, invitations et demandes relative à la participation parentale présentée, soit par l'enfant ou l'école de l'enfant. La compréhension de son rôle parental. La compréhension du rôle parental est importante car elle détermine le type d'activités que le parent va considérer comme étant nécessaires pour l'intérêt de l’enfant. Elle est influencée par la définition du rôle parental, les croyances sur le développement et l’éducation de l'enfant et les croyances sur les rôles de soutien qui sont appropriés à la maison et à l’école. Selon la théorie du rôle (Forsyth, 1990) appliquée aux choix des parents dans l’éducation de leur enfant, les groupes auxquels les parents appartiennent, famille, école, lieu de travail, ont des attentes eu égard des comportements appropriés, incluant ceux qui sont reliés à la participation parentale. A titre d’illustration, si l’école s'attend à peu d'implication parentale, les parents auront moins tendance à participer (Epstein et Dauber, 1991). La compréhension du rôle apparaît reliée aussi aux croyances parentales. Ainsi, les parents vont moins participer s’ils croient que l’enseignement doit être laissé uniquement aux enseignants (Ritter, Mont-Reynaud et Dornbusch, 1993). De même, si les parents sont convaincus que l’adolescent peut s’occuper seul de son éducation, ils seront alors portés à moins participer au suivi scolaire (Eccles et Harold, 1996). Les croyances des parents sur le développement et l’éducation de l’enfant. Des liens ont été établis entre les croyances des parents, les valeurs, les buts et le savoir d'un côté, et un ensemble de comportements parentaux pertinents au développement de l'enfant de l'autre côté (Darling et Steinberg, 1993). Par exemple, si un parent croit que les enfants ont besoin d’affection et d’encadrement pour leur développement et que le but de l’éducation est de développer des habiletés et la créativité, il sera porté à discuter avec son enfant et à s’informer sur le développement du processus de la pensée de l’enfant à l’école (pour une discussion plus détaillée, voir Deslandes, 1996). 8 9 Les croyances sur les rôles de soutien à la maison en lien avec l'éducation des enfants et des adolescents. Les études de Lareau (1996) ont démontré que la classe sociale influence les croyances sur le rôle de soutien relativement à l’éducation de l’enfant à la maison. Les parents de faible niveau socioéonomique auraient une vision séparée de l'école et de la famille alors que ceux de la classe supérieure se verraient comme ayant un rôle partagé avec l’école (voir Deslandes, 1996 pour une description détaillée de ces théories). En somme, la recherche suggère que les parents développent des croyances et une compréhension des attentes par rapport à leur rôle parental en fonction de leur appartenance à des regroupements spécifiques (famille, école, église, communauté, société en général). Les idées des parents sur le développement et l’éducation de l'enfant et de l’adolescent, et sur les rôles appropriés pour soutenir l'éducation à la maison constituent des composantes de la compréhension du rôle parental qui influencent la décision de participer au suivi scolaire ou non. Le sentiment de compétence des parents à aider leur enfant à réussir à l'école Est-ce que les parents croient, que par leur participation, ils peuvent exercer une influence positive sur les résultats de l'enfant? Ce construit se fonde sur les théories de compétence personnelle, les attributions causales reliées aux succès scolaires, sur les théories personnelles en regard de l'intelligence et sur d'autres travaux portant sur les stratégies parentales pour résoudre les problèmes reliés à l'école: L’ensemble de ces théories fournit de l'information sur les manifestations spécifiques du sentiment de compétence parentale qui peut être reliée à la participation parentale. Selon la théorie de l’efficacité de Bandura (1989), les parents vont développer des buts pour leurs comportements basés sur leurs anticipations et ils vont planifier des actions pour atteindre ces buts. A leur tour, ces buts vont être influencés par l’estimation de leurs capacités dans une situation donnée. Des individus avec un sentiment de compétence élevé auront des buts élevés, et plus leur engagement pour rencontrer ces buts sera élevé. Appliquée à la participation parentale, cette théorie signifie que les parents ayant un sentiment de compétence fortement développé vont participer davantage parce qu’ils croient que leur participation influencera positivement l'apprentissage de l'enfant et sa performance. Au secondaire, cette confiance des parents à aider dans les travaux scolaires semble moins élevée (Eccles et Harold, 9 10 1996). Il en est de même pour les parents ayant un faible niveau de scolarité (Dauber et Epstein, 1993). Les croyances des parents ou les attributions sur le rôle des habiletés, de l'effort et du hasard comme causes de la performance des enfants et des adolescents. Les travaux dans ce domaine suggèrent que les attributions parentales reliées à l'effort de l'enfant sont souvent associées à une plus grande performance chez ce dernier, pendant que les attributions parentales reliées au hasard sont associées à une faible performance. Dans le même sens, les parents vont persévérer, faire des efforts et s'attendre à du succès s'ils croient avoir un contrôle sur les résultats visés. Il est donc plausible de penser que si les parents pensent que des facteurs contrôlables et instables (effort) sont responsables de la faible performance de l’enfant, ils vont participer au suivi scolaire et persévérer jusqu'à ce qu'ils expérimentent du succès. Par contre, un parent peut choisir de ne pas participer s’il attribue la faible performance de l'enfant ou la sienne à des facteurs stables et internes (ex. : faibles habiletés de l'enfant, manque de connaissance du parent) (Henderson et Dweck, 1990; Hoover-Dempsey et Sandler, 1995, 1997). Théories sur l’intelligence. Il semble que les parents qui croient au développement de l’intelligence, notamment par l’effort et la persévérance, aient tendance à mettre l’accent sur l’effort (le leur et celui de l’enfant) dans l’apprentissage. La recherche indique que les parents ayant un sentiment de compétence élevé dans leur capacité à aider leur enfant à réussir ont probablement une perception développementale de l'intelligence. Autrement dit, ils pensent que leur participation au suivi scolaire contribuera à améliorer les compétences et les performances de l'enfant. Par contre, les parents ayant un faible sentiment de compétence ont probablement une perception globale de l'intelligence, c’est-à-dire, que la capacité de l'enfant ne changera pas et que tout effort de participation de la part du parent aura très peu d'impact sur son apprentissage (Henderson et Dweck, 1990). Stratégies pour résoudre les problèmes reliés à l'école. Les études soulignent que les parents qui ont un sentiment de compétence élevé vont aider leur enfant à anticiper et à résoudre les problèmes courants à l’école (ex. : comment travailler 10 11 avec un tuteur, comment se préparer à l’entrée au secondaire, comment amener l’enfant à changer d’amis, etc.). Par ailleurs, les parents ayant un faible sentiment de compétence vont, soit se fier à l’enfant ou à l’école pour faire face aux problèmes ou aux interventions des autres ou encore, au hasard pour améliorer les situations difficiles pour leur enfant (Baker et Stevenson, 1986). En résumé, le sentiment de compétence parentale, les attributions causales, les théories de l’intelligence et les stratégies pour résoudre les problèmes reliés à l’école peuvent offrir des explications par rapport à la décision parentale de participer ou pas. La théorie de l’efficacité suggère que les parents avec un sentiment de compétence à aider leurs enfants à réussir tendent à penser que leur implication donnera des résultats positifs. La recherche sur les attributions causales relativement à la réussite met en lien le sentiment de compétence des parents et l’accent mis par les parents sur la valeur de l’effort plutôt que sur les habiletés ou le hasard. Les parents tenants des théories sur le développement de l’intelligence auront probablement un sentiment de compétence élevé en regard de l’aide à apporter à l’enfant pour favoriser sa réussite. En d’autres termes, la participation parentale sera perçue valable si la cible des efforts des parents, l’intelligence de l’enfant, son habileté ou sa performance de l’école, est perçue comme étant malléable. Finalement, la recherche soutient que les parents ayant un sentiment de compétence élevé ont tendance à développer des stratégies pour anticiper ou résoudre les problèmes reliés à l’école. Invitations générales, demandes et opportunités pour la participation parentale. Une question demeure fondamentale: Est-ce que les parents perçoivent que l’enfant et l’école veulent qu’ils soient impliqués? Cette perception peut reposer sur des affirmations claires de l’enfant à l’effet que la participation parentale est importante, sur un climat scolaire invitant et sur des attitudes et comportements de la part des enseignants qui sont à la fois chaleureux et facilitants. Opportunités générales, invitations et demandes présentées par l’enfant. D’après les écrits répertoriés, la participation parentale est plus élevée au niveau primaire, présentant une diminution importante vers la quatrième année pour être à son plus bas au secondaire (Dauber et Epstein, 1993; Deslandes, 1996; Eccles et Harold, 1996). Cette diminution 11 12 de la participation parentale associée avec l’âge de l’enfant est reliée au stade de développement (ex. : l’adolescent désire plus d’autonomie), aux croyances des parents relativement à leur habileté à aider quand leur jeune a des problèmes et à la plus grande complexité des travaux scolaires au secondaire. Le niveau de performance scolaire semble être associé à une plus grande participation parentale. Ainsi, les adolescents qui réussissent bien et qui ont des aspirations scolaires élevées disent recevoir plus de soutien affectif (encouragements, félicitations, discussions, etc.) de la part de leurs parents que les autres adolescents (Deslandes, 1996; Deslandes et Potvin, 1998). Cependant, quelques types de participation parentale font exception à la règle. Par exemple, des chercheurs ont noté plus de communication entre parents et enseignants et plus d’interactions parent-adolescent axées sur le quotidien scolaire lorsqu’il y a des difficultés d’ordre scolaire (Deslandes, 1996; Deslandes et Royer, 1997; Lee, 1994). Les qualités personnelles de l’enfant, son tempérament, son style d’apprentissage et ses préférences sont également des aspects qui peuvent influencer la décision du parent à participer ou pas (Eccles et Harold, 1993). Opportunités générales, invitations et demandes présentées par l’école et les enseignants. Selon Epstein (1996), les pratiques des enseignants et de l’école, et notamment les programmes de partenariat école-famille, jouent un rôle primordial dans la promotion de la participation des parents, quel que soit le niveau socio-économique de ces derniers. Ce constat nous renvoie donc à la typologie des six types de participation parentale et aux interactions interpersonnelles et interinstitutionnelles du modèle de l’influence partagée d’Epstein (voir tableau 1). Mais pour Hoover-Dempsey et Sandler (1995, 1997), même si les invitations à la participation parentale sont cruciales dans la décision de participer, les deux autres construits, et tout particulièrement la compréhension du rôle parental, le sont davantage. Autrement dit, si le parent ne croit pas qu’il devrait participer au suivi scolaire de son enfant, son sentiment de compétence et sa perception des invitations et des opportunités sont insuffisantes pour prédire sa participation. Son sentiment de compétence apparaît également important dans la décision de 12 13 participer. En clair, la croyance qu’il est capable d’aider son enfant augmente le pouvoir de la compréhension de son rôle à le rendre capable de prendre une décision positive. La plus faible probabilité de participer se produira quand la compréhension du rôle parental est peu élevée, c’est-à-dire, quand le parent ne croit pas qu’il devrait participer, et lorsque son sentiment de compétence est également faible. Le modèle de Hoover-Dempsey et Sandler démontre que pour augmenter la participation parentale, l’école et les enseignants doivent se centrer en partie du moins, sur la perspective du parent dans le processus. Les parents qui pensent qu’ils devraient participer et qui ont un sentiment de compétence élevé auront tendance à participer. Des efforts doivent être mis pour susciter des occasions de rencontre dans la perspective d’augmenter la compréhension du rôle parental et le sentiment de compétence des parents, particulièrement chez les parents dont l’expérience a résulté en un faible sentiment de compétence et une faible construction de leur rôle parental. Si les parents ne viennent pas à la relation école-famille avec un sentiment de compétence fort, les écoles doivent travailler ces éléments afin que les jeunes en bénéficient. En d’autres mots, si bien élaborées soient-elles, les rencontres entre les parents et les enseignants, pour être efficaces, doivent se situer dans un contexte d’intersubjectivité visant à redonner le sentiment de confiance et de compétence aux différents acteurs, en l’occurrence, les parents (Cochran, 1989). Voilà le principe traduit dans le cadre partenarial qui suit. Le modèle du processus de l’appropriation et de l’autodétermination de la famille Utilisé tant par des auteurs européeens (ex. : Pourtois et Desmet, 1997), américains (Dunst, Johanson, Rounds, Trivette et Hamby, 1992) que québécois (Bouchard, 1998; Bouchard, Talbot, Pelchat et Boudreault, 1996), le modèle de partenariat de réciprocité favorise une relation entre parents et enseignants qui nécessite un partage complet des connaissances, des habiletés et des expériences. Il repose sur des principes d’appropriation (empowerment) et d’autodétermination (enabling). L’appropriation correspond à l’actualisation des ressources et des compétences de chacun alors que l’autodétermination renvoie à l’habileté des parents de préciser leur rôle et de déterminer de quelle façon ils entendent collaborer (Bouchard, 1998; Bouchard et al., 1996; Cochran, 1989; Cochran et Dean, 1991; Dunst et al., 1992). 13 14 Tableau 3 Modèle de processus de l’appropriation et de l’autodétermination de la famille Représentations préalables, attitudes, valeurs, croyances et pratiques Interventions favorables à l’appropriation et à l’autodétermina tion Réponses de l’intervention ont des conséquences sur le … …sentiment d’appropriation et d’autodétermination Résultats sur les conduites d’autonomie de la personne et de sa famille PARTENARIAT (principes de réciprocité et d’égalité) (Bouchard, 1998) Selon le modèle, la relation entre parent et enseignants se situe davantage dans une relation de donnant à donnant où chacune des deux parties apprend du savoir et du savoir-faire de l'autre. Bouchard (1998) réfère à la pédagogie sociale de l'intervention pour signifier que les attitudes, les croyances et les pratiques éducatives facilitent l'interdépendance et la réciprocité dans l'apprentissage. Une démarche de partenariat ne peut se faire sans la connaissance des attentes et des points de vue de chacun (Dunst et al., 1992; Pourtois et Desmet, 1997). Elle doit également être établie sur une base d’égalité, signifiant qu’on reconnaît que chaque partenaire, soit les parents et 14 15 les enseignants, possède une zone de connaissances et d’expertise à partager. Donc, les parents, tout comme les enseignants, manifestent des forces qui se veulent complémentaires à celles des autres partenaires. Selon Dunst et al. (1992), il existe quatre catégories de caractéristiques propices à l’instauration d’un partenariat (voir tableau 4): (a) des prédispositions affectives (attitudes) axées sur la confiance, l’engagement, la générosité, l’empathie et la compréhension; (b) des prédispositions intellectuelles (croyances) basées sur l’honnêteté, la confiance le respect mutuel, la flexibilité et le partage des responsabilités ; (c) une communication ouverte et bidirectionnelle qui suppose l’écoute active et l’auto-révélation, et (d) des actions à travers lesquelles se manifestent des attitudes et des croyances. 15 16 Tableau 4 Modèle des caractéristiques associées au partenariat PARTENARIAT Engagement Compréhension Empathie Générosité Attitudes Confiance Communication ouverte Honnêteté Autorévélation Style de communication Partage des responsabilités Respect mutuel Flexibilité Croyances Écoute active Actions comportementales Bouchard (1998) soutient que ces actions sont reflétées dans la théorie de l’Agir communicationnel empruntée à Habermas (1987, cité dans Bouchard, 1998). Celle-ci comprend des conduites qui illustrent les intentions et les agirs des acteurs dans une relation partenariale. L’agir communicationnel comporte une conciliation des points de vue de chacun et une recherche de consensus qui se rapprochent du principe d’égalité retenu dans le modèle de partenariat de 17 réciprocité. Les parents sont perçus comme des acteurs ayant des ressources éducatives qui peuvent enrichir l’enseignant. Tel que mentionné précédemment, il s’agit alors d’une relation d’apprenant-apprenant. Bouchard et al. (1996) donnent comme exemples de conduites facilitantes au partenariat entre autres, la reconnaissance de l’expertise (ex. : «Avez-vous observé un certain progrès?», et la reconnaissance de la collaboration (ex. : «Vous en faites beaucoup pour votre enfant; vous voulez vraiment qu’il s’améliore»). Bref, conformément au cadre conceptuel décrit plus haut, soit le recours à un modèle d’appropriation et d’autodétermination, il apparaît dès lors cohérent de privilégier des savoir-faire et savoir-être susceptibles de développer des ressources chez les individus. Complémentarité entre les trois cadres conceptuels et notion de partenariat Le modèle de l’influence partagée d’Epstein (1987, 1992, 1996) trouve sa pertinence dans l’illustration du partenariat sur le plan organisationnel. Il permet une analyse holistique des obstacles et des facteurs facilitants associés au partenariat école-famille et du rôle important des acteurs impliqués dans l’éducation des enfants tout au long du cycle de vie. Quant au modèle de Hoover-Dempsey et Sandler (1995, 1997), il contribue à expliciter le modèle d’Esptein, dans le sens qu’il ajoute à la compréhension des notions correspondant à la philosophie des parents (force B) et au rôle de l’élève (force A) dans les relations entre l’école et les familles. Qu’est-ce qui amène un parent à décider de collaborer? Force nous est d’admettre les lacunes observées dans le modèle de l’influence partagée lorsqu’il s’agit de documenter la nature des effets des caractéristiques familiales et des caractéristiques individuelles des élèves sur le partenariat écolefamille. Or, nous avons besoin d’élucider ce type de questionnement afin d’élaborer des activités susceptibles de favoriser le partenariat. Parmi les plus prometteuses dans le cas des parents difficiles à atteindre, on retrouve les activités créant des opportunités pour la construction sociale– par les parents, les enseignants, les écoles et les élèves -,du rôle parental qui inclut une collaboration et un sentiment de compétence accru. Par ailleurs, le modèle basé sur l’appropriation et l’auto-détermination a déplacé notre attention vers les dimensions interactionnelles situées au centre du modèle de l’influence partagée. Ce modèle met en évidence le hiatus pas toujours facile à franchir entre les intentions de partenariat et l’actualisation proprement dite, particulièrement auprès des parents d’élèves en difficulté. Les fondements du modèle reposent sur des attitudes et des comportements essentiels au développement, à l’utilisation et à l’augmentation des 18 compétences des individus. Un constat semble émerger selon lequel des rencontres individuelles entre parents et enseignants empreintes de respect mutuel, d’empathie et de partage pourraient avoir des répercussions sur l’engagement éventuel des parents relativement aux activités de partenariat mises en place pour l’ensemble des parents de l’école. Somme toute, les trois modèles précédemment décrits s’avèrent complémentaires dans la mesure où ils conduisent vers des stratégies permettant d’améliorer la compétence des acteurs de façon à mieux actualiser la relation partenariale entre l’école et les familles. L’analyse des modèles théoriques, et tout particulièrement, du dernier portant sur l’appropriation et l’autodétermination, a contribué à faire émerger une nouvelle compréhension du partenariat par son insistance à examiner les interrelations entre les parents et les enseignants. À ce moment-ci, une question se pose: Sommes-nous en mesure de parler de vrai partenariat, c’est-àdire, de partenariat de réciprocité dans nos écoles dites ordinaires du Québec ? Selon nos observations et se basant sur nos travaux en cours, la notion de partenariat qui est actuellement préconisée prend plutôt le sens de collaboration en réponse aux demandes des enseignants. L’objectif consiste davantage à examiner comment les parents peuvent assister les enseignants dans une perspective de meilleure réussite. Malgré tout, les entreprises, même de partenariat collaboratif, ne se font pas sans résistance, ces pratiques n’étant pas encore suffisamment ancrées ans nos mœurs québécoises et d’une façon plus prononcée, au niveau secondaire. Il semble donc que les modèles théoriques entrevoient des horizons que l’action n’occupe pas encore. Nous avons vu que certains conditions sont essentielles à l’instauration d’un vrai partenariat. Dans un premier temps, il faut se demander si le partenariat est souhaité et souhaitable. Puis, il faut qu’il y ait prise en considération des attentes et des perceptions des différents groupes d’acteurs impliqués dans l’éducation des enfants. Tout comme l’OCDE (1997) le mentionne, nous croyons que l’instauration d’un partenariat correspond à un long processus continuellement en situation de négociation. A l’heure actuelle, nous concevons le partenariat comme un idéal, un but vers lequel les parents, les enseignants et les écoles doivent travailler. Nous ne sommes cependant pas naïfs au point d’être aveuglés par une vision romantique du partenariat où l’on ne proclame que ses vertus. De même, nous réalisons que le partenariat n’est pas une panacée et qu’il repose sur un équilibre entre les acteurs concernés. En dépit de ces constats, nous croyons qu’il constitue une voie d’avenir qui nécessite un virage important dans nos façons de penser et d’agir, virage 19 notamment souhaité par les instances politiques (CSE, 1996). Dunst et al. (1992) soulignent que pour établir un vrai partenariat, il faut du temps. A titre d’exemple, l’école pourrait augmenter la disponibilité des enseignants pour les parents ou encore prévoir l’embauche d’un agent de liaison (intervenant) qui faciliterait les interactions entre les parents et les enseignants. En cette période de coupures et de restrictions budgétaires, est-il réaliste de croire que l’on puisse développer un vrai partenariat à l’intérieur d’un tel régime? Du côté de la formation des enseignants, cette visée partenariale a des conséquences importantes en particulier en ce qui a trait à leur agir communicationnel. On peut deviner en filigrane des orientations de programmes où l’apprentissage du savoir-être et du savoir-faire dans les relations interpersonnelles prennent une place de plus en plus considérable. Au terme de cette analyse, il semble que le partenariat entre l’école et les familles et même la communauté pourrait marquer une évolution intéressante au courant de la prochaine décennie. En résumé, le modèle de l’influence partagée d’Epstein (1987, 1992, 1996) s’avère inspirant dans sa vision globale des différents facteurs influençant le partenariat entre l’école et les familles. Quant au modèle du processus de participation parentale de Hoover-Dempsey et Sandler (1995, 1997), il permet de mieux comprendre ce qui va amener un parent à décider de participer ou pas. La compréhension du rôle parental, son sentiment de compétence et les invitations à participer apparaissent des facteurs déterminants. Comme préalables psychologiques à tout effort visant à promouvoir la participation parentale, on retrouve le respect d’autrui et l’ouverture aux autres. La reconnaissance de la valeur de l’autre et l’actualisation de son potentiel se situent au cœur même du modèle de l’appropriation et de l’autodétermination (Bouchard, 1998; Dunst et al., 1992). Un tel modèle repose sur un certain nombre d’habiletés de communication menant à des conduites de coopération et de partenariat. Dans la majorité de nos écoles québécoises dites ordinaires, la notion de partenariat prend davantage le sens de collaboration. Le partenariat de réciprocité demeure ainsi une visée, un objectif à atteindre. Références Baker, D. P., et Stevenson, D. L. (1986). Mothers’ strategies for children’s school achievement : Managing the transition to high school. Sociology of Education, 59, 156-166. Bandura, A. (1989). Regulation of cognitive processes through perceived self-efficacy. 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