AVIV mag - NFrance Conseil
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ACIT Association Cultuelle Israélite de Toulouse SEPTEMbRE 2014 N°202 3€ LE MAGAZINE DE LA COMMUNAUTÉ JUIVE DE TOULOUSE ET DES PAYS DE LA GARONNE JEAN-LUC MOUDENC : 10 QUESTIONS-CLÉS AU NOUVEAU MAIRE DE TOULOUSE SÉPAHARADES, LE POOL CONSTANTINOIS DE TOULOUSE LE GRAND RABBIN HAÏM KORSIA FÊTES DE TICHRI PRÉPARER LE GRAND PARDON JOURNÉES DE LA CULTURE : 9 NOV/8 DÉC du N° 202 Autimne 2014 Tichri 5774 Jean-Luc Moudenc, nouveau maire de Toulouse, exprime ses convictions et dévoile ses orientations dans un entretien sans détours. > p 15 Photo de couverture Mairie de Toulouse Le billet d’henri amar Sommaire "Indignez-vous !" Les guerres ont encore durement Bien -pensance et bonnes consciences unilatérales nullement exemptes de frappé en cet été 2014. Guerre en Ukraine au coeur d'une Eu- troubles références ou de brunes nosrope impuissante à contenir les assauts talgies. On condamne les «reprérevanchards de la Russie de Poutine sailles» israéliennes contre les repaires sur l'un des ex - vassaux de l'ex - Urss. des dirigeants du Hamas, mais on Guerre de tous contre tous dans une passe sous silence l'envoi massif et quotidien, depuis plusieurs mois, Libye à la dérive. Guerre dévastatrice dans une Syrie d'obus, de missiles et de roquettes sur où le sanguinaire tyran de Damas se les villes et les civils de l'Etat hébreu. veut et apparait désormais comme l'un On s'insurge contre la riposte, mais on feint d'en ignorer les causes et le des remparts à la terreur islamiste! Guerre transfrontières en Afrique où droit -unanimement reconnu - de tout gagne et s'étend la barbarie des djiha- Etat à se défendre et à protéger ses cidistes de Boko Haram, sauvages ra- toyens. On hurle sa fureur contre Nevisseurs de jeunes filles et cyniques tanyahou, mais on se garde de s'élever contre le recours aux boucliers hutrafiquants d'otages. Guerre, « sainte » d'un « Etat Isla- mains - femmes et enfants - pratiqué mique » s'affichant et se revendiquant et imposé par les chefs du Hamas à comme un califat de la haine, pour- leur population. chassant les « infidèles », - chrétiens et yézidis - sommés de choisir entre Et que penser de l'assourdissant silence de ces mêmes « bonnes conversion ou extermination. Guerre enfin contre Israël d'un Hamas consciences » confrontées au massacre jusqu'au boutiste, contraint au terme des innocents perpétré en Irak par les de cinquante jours de conflit - et au séides du Calife autoproclamé de l'Etat Islamique ? Que dire moment où j'écris ces de leur persistant mulignes - à un cessez tisme face à l'atroce le-feu « indéterminé », mise en scène télévisée mais toujours aussi réde l'égorgement des solu à jouer la carte de journalistes américains la négation absolue de James Foley et Steven la coexistence avec un James Foley Sotloff par ces djihaEtat juif et démocradistes, ennemis jurés des démocraties tique. et pourfendeurs de leurs valeurs ? Guerres cruelles avec leur inéluctable cortège de destructions, de morts, de « Indignez – vous ! » A vouloir et à douleurs, de deuils et de colères, de prétendre pratiquer l'exercice, comme le préconisait l'auteur de l'opuscule révoltes et d'indignations. publié sous ce titre - un auteur lui Indignations trop souvent sélectives. même oublieux de l'indispensable imCelles haineusement exprimées, ces partialité de cette injonction - il dernières semaines dans les rues de convient de rappeler à tous ses enParis et de certaines grandes villes de thousiastes adeptes l'impérieuse néprovince. Celles qui prenant, une fois cessité de ne pas se laisser aller aux encore, pour cible exclusive, l'Etat perverses dérives de la mauvaise foi «sioniste» - et, pour faire bonne me- et de l'injustice. sure - les Juifs, en général, conduisent Mais il est vrai qu'il n'est pire sourd à l'assaut des synagogues et à l'appel que celui qui ne veut pas entendre ... au meurtre. Henri Amar Le billet d’Henri Amar All with us (Tous avec nous) L’œil du président Actualité religieuse : les fêtes de Tichri de A à Z Dossier : les sépharades de Toulouse, Enquête sur les Constantinois Interview : Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse Haïm Korsia : grand rabbin de France Jean-Luc Halimi raconte La résistance juive dans le Tarn La parole aux associations brèves communautaires Mémoire : Max Honikman, Pologne, France, Israël Le MEJD à Bouloc Jeunesse Culture Hébraïca, la grille des activités Carnet communautaire 3 4 5 6 10 16 19 21 22 24 28 30 31 32 35 38 39 Ont contribué à ce numéro Henri Amar, Jacques Asseraf, Salomon Attia, Annie Beck, Arié Bensemhoun, Dana Bensimon, Sophie Castiel, Laétitia Cooper, Claude Denjean, Johanna Dray, Franck Khalifa, Olivier Lalieu, Pierre Lasry, Maurice Lugassy, Yoseph Ytzrak Matusof, Yaacov Monsonégo, Valérie Ermosilla Piétravalle, Rachel Roizes, Yaël Rueff-Salama, Hubert Strouk, Harold Avraham Weill. Aviv mag est une publication de l’ACIT Association Cultuelle Israélite de Toulouse, 2 place Riquet, 31000 Toulouse. Tél. 05 62 73 46 46 Directeur de la publication : Arié Bensemhoun Directeur de la communication : Armand Partouche Directeur de la rédaction : Pierre Lasry Rédaction et coordination : Yaël Rueff-Salama Crédit photo : LSP, Bernard Aïach Design et production : LSP, 11 rue Adonis, 31200 Toulouse, tél. 05 61 13 18 18, [email protected] Régie publicitaire : Joëlle Adjedj N° de commission paritaire : 1106G88068 Dépôt légal à parution AVIVmag n°202 septembre 2014 3 Tous avec nous Nous préparons activement nos prochaines actions… Interview croisée des Co-fondateurs de l’association toulousaine : Annie Cohen et boaz Gasto « L’actualité malheureusement donne raison à notre action et nous motive pour continuer notre combat contre l’antisémitisme et l’antisionisme » commence Boaz Gasto. « Il est temps d’agir à tous les niveaux avant qu’il ne soit trop tard » continue Annie Cohen. boaz Gasto : Lorsque nous avons créé All With Us – Tous Avec Nous, nous étions loin de penser que nous serions tant sollicités. Tout s’est très vite enchainé. Annie Cohen : « All With Us – Tous Avec Nous », regroupe tous les amis d’Israël quelque soient leurs origines, leurs cultures et leurs croyances. 30 % de nos adhérents sont des non juifs et 10% sont musulmans. Notre site Facebook, est suivi par des arabes israéliens ainsi que par de nombreux palestiniens, nous en sommes les premiers surpris. bG : Cela démontre que notre initiative intéresse un large public. Nous sommes issus de la société civile, nous ne faisons pas de politique. Les personnes qui nous soutiennent se retrouvent en nous, car nous sommes indépendants, nous n’agissons pas sous une quelconque étiquette. All With Us –Tous Avec Nous est une association non juive. AC : Nous sommes tous passionnés, déterminés et nous souhaitons intervenir dans un cadre précis : Lancer des campagnes de publicité sur l’ensemble du territoire national afin de faire découvrir Israël d’une manière différente car il faut sensibiliser les français à une vision plus objective de la démocratie israélienne. Développer les voyages des représentants des villes de moyennes importances qui permettront d’apporter un 4 AVIVmag n°202 4 AVIVmag n°202 éclairage différent et plus objectif sur la société israélienne en découvrant in situ les réalités complexes sur le terrain. Ils seront l’occasion de développer des jumelages et des échanges culturels et économiques entre les villes des deux pays. Accompagner en Israël des personnalités de la société civile qui travaillent au rapprochement entre les peuples malgré leurs divergences. Proposer des échanges entre étudiants et jeunes diplômes afin de susciter des rapprochements au niveau technique et dans des secteurs liés à la recherche. Beaucoup sont surpris de découvrir le dynamisme des Start Up israéliennes et ne savent pas qu’ils utilisent tous les jours des applications qui ont été développées ou inventées en Israël notamment dans le secteur de l’informatique. bG : Nous avons accompagnés au mois de mai, deux conseillers municipaux d’une ville moyenne française du Sud Ouest. Nous sommes repartis en juin avec une personnalité de la société civile Madame Latifa Ibn Ziaten, la maman du soldat assassiné lâchement par Mohammed Merah à Toulouse. Nous avons parcouru Israël mais aussi les Territoires Palestiniens, rencontré les élus des deux cotés, des associations qui œuvrent pour le rapprochement et le dialogue entre les peuples. Tous ont découvert que sur l’ensemble du territoire israélien, les juifs, les arabes, les chrétiens et plusieurs minorités, vivent ensemble, côte à côte, dans le respect. Ils se sont rendus compte que l’ensemble des institutions sont les mêmes qu’un pays démocratique européen car Israël est une démocratie. AC : Pour Mme Ibn Ziaten, il a fallu combattre beaucoup d’idées reçues et cela n’a pas été évident. Elle avait également une approche très naïve du conflit. Elle n’arrivait pas à comprendre les impératifs liés à la sécurité de l’Etat d’Israël et au terrorisme, ce qui est très curieux compte tenu de son histoire. Par contre, elle a été agréablement surprise du grand respect de l’Etat d’Israël envers ses soldats peu importe leur origine ou leur religion. Le mémorial des soldats bédouins morts pour la nation l’a profondément touchée. bG : Malheureusement, lorsque nous sommes rentrés, la situation sur place s’est dégradée jusqu’au conflit que nous connaissons. Nous avons du adapter notre site facebook car il est devenu très vite une page web d’information incontournable. Nos adhérents demandaient des informations sur le conflit afin qu’ils puissent les diffuser à leur tour. Nous avons essayé à notre niveau de rétablir la vérité sur les attaques contre Israël, en recherchant des interviews, des articles quelquefois différents de ceux que l’on pouvait trouver ailleurs. La promotion d’Israël est très vite devenue la défense d’Israël ! AC : L’importation du conflit Israélo palestinien en France et l’antisémitisme très présent en Europe ces derniers temps nous ont obligés à réagir, car nous nous sommes aperçus que la couverture médiatique n’est pas toujours objective. Une fois de plus, Israël doit subir mais n’a pas le droit de se défendre. Le vivre ensemble républicain a été attaqué, malheureusement les pouvoirs publics, les instances juives, à tous les niveaux dénoncent, condamnent, promettent mais n’agissent pas vraiment. bG : Nous menons un véritable combat au quotidien et nous nous sommes battus pour que la couverture du conflit soit équilibrée. Il était important que tous les médias fassent des reportages des deux cotés, pour montrer la réalité du terrain. Radio France a été plus réfractaire, aussi nous avons donc décidé de lancer une pétition en ligne qui continue à recevoir de nombreuses signatures. AC : Il est évident que de parler des israéliens dans les abris est beaucoup moins vendeur que de parler des bombardements à Gaza. Depuis notre initiative, nous avons pu noter des progrès dans la couverture du conflit, ce qui prouve que notre action peut être efficace. Il faut rester mobilisé et ne pas baisser les bras. bG : Nous avons prouvé que nous avions la souplesse et les capacités à nous adapter pour pouvoir continuer les missions que nous nous sommes fixées. Proposer des initiatives pour essayer de faire changer les mentalités, entamer un dialogue qui pourra modifier les regards des uns et des autres car nous refusons de croire que tout est définitivement tracé. Si à notre niveau, nous pouvons un temps soit peu, amener quelques personnes à faire un pas vers la paix, c’est déjà beaucoup. Actuellement, nous avons de nombreux projets en préparation, nous pensons élargir nos champs d’actions. Mais pour poursuivre nos actions, nous recherchons des sponsors et tout soutien financier est le bienvenu. Notre combat est aussi le votre. Seuls nous pouvons peu mais à nous tous nous pouvons beaucoup ! Annie Cohen et boaz Gasto : Site facebook All With Us – Tous Avec Nous, All With Us – Tous Avec Nous 4 rue des feuillants 31300 TOULOUSE La parole à arié bensemhoun L es Juifs de France ont peur. Ils sont inquiets pour leur avenir et voient ressurgir les démons du passé qui les ont plus d’une fois poussés à l’exil. Mais les Juifs de France sont français. Ils le sont passionnément. Et, comme beaucoup de français qui quittent notre pays, ils se sentent orphelins des valeurs de la République qui sont au cœur de leur éducation et de leur identité. Les manifestations de “soutien aux palestiniens“ pendant la guerre contre le Hamas cet été, ont trop souvent dégénéré en émeutes et guérillas urbaines aux cris de “Mort aux Juifs, sionistes assassins…” et plus encore. Certes, le gouvernement dirigé par Manuel Valls, a, non seulement pris la mesure de la gravité de la situation, mais fait de son mieux pour prendre les dispositions qui s’imposent pour enrayer cette mécanique de la montée de la haine dans notre pays. Mais, nous le voyons tous les jours, c’est loin d’être suffisant et le moins que l’on puisse dire, c’est que la confiance n’est pas là. C’est le doute qui domine. Il faut rassurer donc, convaincre que, non seulement tout n’est pas perdu, mais qu’au delà des déclarations, il existe un plan, une stratégie crédible pour en finir avec la haine qui annonce la barbarie. Toulouse est hélas une communauté qui reste profondément marquée par la tragédie du 19 mars 2012. Elle est particulièrement sensible à la dégradation du climat social et aux menaces sur la paix civile. De manière générale les assassinats de Toulouse et Montauban sont les marqueurs d’un drame national qui s’inscrit dans la menace globale que représente l’islam radical et le djihad dans le monde. Déjà près de 200 familles nous ont quitté ou nous quitteront, sans parler de ceux qui choisissent d’autres destinations en Europe et dans le monde et que nous ne sommes pas capables de quantifier. Plus que toute autre, la communauté juive de Toulouse est un symbole du malaise et du mal être des Juifs de France et peut être d’un grand nombre de nos concitoyens qui réalisent qu’au delà des Juifs et d’Israël c’est la démocratie qui est attaquée, c’est la République qui est visée. Pour ceux qui partent, l’Alyah est une chance. C’est aussi un choix personnel qui s’inscrit dans une longue tradition et d’espoir du retour à Sion. Pour ceux qui restent, il faut se battre ! C’est la réalisation d’un idéal auquel consciemment ou pas nous sommes attachés. A ceux qui font ce choix je dis que nos prières et nos encouragements les accompagnent. L’Alyah n’est pas une rupture, c’est à la fois un aboutissement et une continuation. En devenant Israéliens les Juifs de France restent profondément français et contribuent au rayonnement des valeurs de la République et de la francophonie dans le monde. C’est aussi un cri d’alarme, car comme l’écrit Benoit Raysky : ”Mais à cause de qui, à cause de quoi, les Juifs partent-ils ? A cause de l'irruption violente et haineuse de la racaille des cités drapée pour la circonstance dans le drapeau vert de l'Islam. Si des Juifs ont l'impression que le sol de France se dérobe sous leurs pieds, c'est qu'ils constatent que cette judéophobie est aimablement accompagnée à la gauche de la gauche et chez les écologistes par des commentaires convenus du genre : "il faut les comprendre, avec Gaza et tout ça…". Alors ils se sentent seuls. Et la solitude est mauvaise conseillère. Leur départ n'est pas une bonne chose pour la France. Et peu importe que cela en soit une pour Israël. Un Etat qui ne sait pas protéger une catégorie de ses citoyens est incapable de protéger tous les autres.” Nos gouvernants, les responsables politiques, mais aussi les élites intellectuelles sans oublier les journalistes dont la responsabilité dans la perception de la réalité est déterminante, feraient bien de méditer ces quelques phrases. Pour ceux qui restent, et disons la vérité, c’est à dire l’encore immense majorité, il faut relever la tête et ne pas baisser les bras ! Il faut se battre pour défendre notre place de citoyen, notre place dans ce pays qui est le nôtre parce que nous ne faisons pas qu’y vivre, nous contribuons chaque jour à son édification et à son renforcement. Ici c’est chez nous ! Pour ceux qui restent il faut renforcer nos communautés et se lever pour prendre la place de ceux qui sont partis. Plus de responsabilité, plus de solidarité, plus de générosité… Plus personne ne doit s’exonérer de son devoir envers la collectivité juive qui ne peut pas vivre et s’épanouir sans chacun de nous. C’est un défi qu’il nous faut relever sous peine de voir disparaître nos écoles et nos synagogues… Alors, je vous le dis sans détour et tant pis si je vous choque, ce ne sont pas nos ennemis qui nous menacent, car ils ne sont forts que de nos faiblesses. Ce ne sont pas les familles qui nous quittent qui peuvent nous fragiliser car, au contraire ils nous rendent plus forts et plus digne car ils nous rappellent que l’Etat d’Israël est notre bouclier et notre fierté. Non, la seule chose qui peut nous atteindre et peut être nous détruire c’est l’indifférence du plus grand nombre, de ceux qui se comportent comme des consommateurs, qui prennent mais qui ne veulent rien donner. Voilà ce qui est insupportable. Voilà ce qui est intolérable aujourd’hui plus encore qu’hier. C’est avec émotion que je m’adresse à vous pour la dernière fois à l’occasion des fêtes de Tichri. Dans quelques mois j’arriverai à la fin de mon mandat et je quitterai mes fonctions. Un autre Conseil, un (ou une) autre Président hériteront de cette immense responsabilité au service de notre communauté. En attendant, je garde toute ma détermination pour continuer à remplir pleinement ma mission et mettre en œuvre toutes les réformes nécessaires afin d’assurer dans un moment difficile, la pérennité du judaïsme toulousain. A la veille des fêtes de Roch Hachana et de Yom Kippour, je compte sur vous pour être au rendez vous de la vie, de la bénédiction et de l’espoir pour le monde, le peuple Juif et Israël. ChanaVéHatimaTova Arié Bensemhoun Président de la communauté juive de Toulouse AVIVmag n°202 septembre 2014 5 Judaïsme pratique Horaires de tichri 5775 SELIHOT JEUNE DE GUEDALIA Jusqu’au vendredi 3 octobre 2014 : • lundi et jeudi : 5h45 • semaine : 6h00 VEILLE DE ROCH HACHANA Mercredi 24 septembre 2014 : • Sélihot : 6h00 suivi de Hatarat nédarim (annulation des vœux). • 9h00 : visite au cimetière (prière pour les morts). EROUV TAVCHILINE • Allumage des bougies : entre 18h32 et 19h30. • Minha : 19h00 suivi d’Arvit du 1er soir de fête. A. Yéchouroun : 19h30 1ER JOUR DE ROCH HACHANA Jeudi 25 septembre 2014 • Chahrit : 8h00 A. Yéchouroun : 9h00 • Minha : 18h30 • Tachlikh :19h15 (Pont de Constantine de l’EDJ) (Pont de l’Hers de Balma) (Garonne, ave H. Barbusse, route d’Espagne de Chaaré Emeth) (Pont du Touch de Birkat Haim, Tournefeuille) • Arvit : 19h30 A. Yéchouroun : 20h15 • Allumage des bougies : après 20h30 2E JOUR DE ROCH HACHANA Dimanche 28 septembre 2014 • Début du jeûne : 6h23 • Selihot : 6h30 • Chahrit : 7h30 • Minha suivi de Arvit : 19h00 • Fin du jeûne : 20h16 VEILLE DE KIPPOUR Vendredi 3 octobre 2014 • Sélihot : 6h00, suivi de Chahrit et de Hatarat nédarim (annulation des vœux). • Visite au cimetière (prière pour les morts) : 9h00 • Minha : 14h30 • Allumage des bougies : avant 19h15 (début du jeûne) • Kol Nidré : 19h15, suivi d’Arvit de Kippour et de la journée solennelle de prière A. Yéchouroun : 19h30 JOURNEE DE YOM KIPPOUR Samedi 4 octobre 2014 : • Chahrit : 8h00 A. Yéchouroun : 9h00 (Yizkor vers 13h00) • Néïla (clôture) : 19h00 • Fin du jeûne : 20h13 VEILLE DE SOUCCOT Mercredi 8 octobre 2014 : EROUV TAVCHILINE • Allumage des bougies : avant 19h05 • Minha 18h45, suivi d’Arvit de fête A. Yéchouroun : 19h00. CHAbbAT HOL HAMOED SOUCCOT Samedi 11 octobre 2014 : • Chahrit : 8h30 A. Yéchour. 10h00 • Cours : 17h45 • Minha suivi d’Arvit : 18h30 • Fin de chabbat : 20h01 HOL HAMOED SOUCCOT Du dimanche 12 octobre au mercredi 15 octobre 2014 : • Chahrit : (pas de téphilines) • Dimanche : 7h30 • Lundi et mardi : 7h15 • Minha suivi d’Arvit: 18h45 HOCHAANA RAbbA (VEILLÉE D’ÉTUDE) Mardi 14 octobre 2014 : A partir de 22h30 jusqu’à l’aube. Mercredi 15 octobre 2014 : • Chahrit : 7h15 EROUV TAVCHILINE • Allumage : avant 18h55 • Minha suivi de Arvit de fête : 18h30 A. Yéchouroun : 19h00 CHEMINI ATSERET Jeudi 16 octobre 2014 : • Chahrit : 8h30 A. Yéchouroun : 10h00 (Yizkor) • Minha : 18h45 suivi d’Arvit et réjouissances de Simhat Torah, procession des Sépharim A. Yéchouroun : 19h00 • Allumage des bougies : après 19h54 Vendredi 26 septembre 2014 : • Chahrit : 8h00 (A.Yéchour. : 9h00) SONNERIE DU CHOFAR • Minha suivi d’Arvit de Chabbat: 19h00 A. Yéchouroun : 19h30 • Allumage des bougies de chabbat : entre 19h00 et 19h28. 1ER JOUR DE SOUCCOT SIMHAT TORAH Jeudi 9 octobre 2014 : • Chahrit : 8h30 (Mitsva du loulav) Yéchouroun : 10h00 • Minha : 18h45 suivi d’Arvit de Fête. • Allumage des bougies du 2e jour de fête : après 20h05 Dernier jour de Fête : Réjouissance avec la Torah Vendredi 17 octobre 2014 • Chahrit : 8h30 - A. Yéchouroun 10h00 • Minha : 18h30 suivi d’Arvit de chabbat BERECHIT A. Yéchouroun : 18h45 • Allum. des bougies de chabbat : après 18h51 CHAbbAT HAAZINOU CHOUVA 2E JOUR DE SOUCCOT Samedi 27 septembre 2014 : • Chahrit : 8h30 A.Yéchouroun : 10h00 • Cours : 18h15 • Minha : 19h00 • Arvit et fin du chabbat : 20h27. 6 Rav Y.Y. MATUSOF AVIVmag n°202 Vendredi 10 octobre 2014 : • Chahrit : 8h30 A. Yéchouroun : 10h00 • Minha : 18h45 suivi d’Arvit A. Yéchouroun : 19h00 • Allumage des bougies : après 19h03 CHAbbAT bERECHIT Samedi 18 octobre 2014 : • Chahrit : 8h30 - A. Yéchour. 10h00 • Cours 17h45 • Minha : 18h30 • Arvit et fin de chabbat : 19h50 Par Avraham Weill Judaïsme 13 LIEUx DE CULTE à VOTRE DISPOSITION LE JOUR DE KIPPOUR HALLE AUx GRAINS Place Dupuy - 31000 Toulouse EDJ/ORANAIS -HEKHAL DAVID 2, place Riquet - 31000 Toulouse PALAPRAT 2, rue Palaprat - 31000 Toulouse CHAARé EMETH 35, rue Rembrandt 31100 Toulouse ADATH YéCHOUROUN – ACHKéNAZE EDJ - 2, place Riquet 31000 Toulouse TOURNEFEUILLE - BIRKAT HAïM 73, route de Tarbes - 31170 TOURNEFEUILLE ADATH ISRAëL 17, rue Alsace Lorraine - 31000 Toulouse BALMA - BETH YOSSEF Chemin des Arènes - 31130 Balma ORATOIRE DE L’UNION Salle des Fêtes - 31240 l’Union OHR TORAH - MICHKAN NESSIM 33, rue Jules Dalou - 31500 Toulouse LES JARDINS DE RAMBAM Chemin de Tucard - 31650 St-Orens ORT - ORATOIRE OR YOSSEF 14, rue E. Collongue 31770Colomiers GAN RACHI - TéPHILA LE MOSHé 8, Imp Suzanne Lenglen 31200 Toulouse Silencieuse prière Il est des moments dans l'année qui revêtent pour chacun d'entre nous une émotion toujours particulière. Le shofar de Rosh Hachana fait partie de ceux-là. Q u'il ait la voix rauque ou fluette, il fait trembler et pleurer les plus insensibles d'entres nous. Le Rav Shlomo Yossef Zevin dans son magistral ouvrage "Latorah Velamoadim" nous propose un regard très original sur le secret de la fascinante corne de bélier : Certains moments dans la vie d'un homme sont si intenses en émotion qu'aucun mot ni aucune langue, aussi riche soit-elle, ne parviendrait à exprimer l'instant vécu. Lors de ces moments si particuliers d'ailleurs, nous ne ressentons souvent pas le besoin de parler ou en sommes incapables. Un seul mot pourrait même avoir des conséquences désastreuses. Il viendrait briser net la puissance de l'émotion et nous renvoyer violemment à la réalité. Parmi ces moments d'exception, il en est un que le peuple juif partageait chaque année à l'époque du temple de Jérusalem. C'était à Yom Kippour lorsque le Cohen Gadol, le grand prêtre, pénétrait dans le Saint des Saints pour représenter le plus dignement possible l'ensemble du peuple d'Israël. Il ne devait alors pas sortir le moindre son de sa bouche. Il n'était alors accompagné d'aucune prière. Et c'est uniquement lorsqu'il sortait de cette pièce si particulière qu'il récitait une courte prière comme nous l'enseigne la Mishna dans le traité de Yoma (5e chapitre). Aucune trace de toutes les longues prières et autres poèmes que nous trouvons aujourd'hui dans nos rituels de Kippour. Seul le silence était de mise. Ce silence qui fait partie de la musique et qui peut s'avérer parfois être la plus puissante des prières. Nous n'avons plus de Cohen Gadol, mais nous avons encore le Shofar. Or le silence édifiant qui accompagne la sonnerie du Shofar est justement là pour nous faire revivre l'expérience du peuple juif au temps du Cohen Gadol. Un silence durant lequel nous exprimons alors tout ce que nous serions incapables d’exprimer par des mots, ni même par des écrits. Une silencieuse prière qui déchire le ciel et per- met de libérer cette voix intérieure, la voix de Yaacov, étouffée durant toute l'année par les mains puissantes d'Essav. Cette petite voix qui sort du plus profond d’entre nous mais que nous avons tant de mal à laisser s’exprimer. Une fois par an, nous avons l’occasion de laisser s’échapper ce qu’il y a de plus vrai et de plus authentique à l’intérieur de nous. Sans tricher ni se mentir. Nous laissons alors au vestiaire la peau de chevreuil avec laquelle nous avons paradé pendant toute l’année et acceptons de nous mettre à nu devant Dieu. Que ce moment est précieux. Oh combien peut-il s’avérer salutaire. Il y en a qui gagnent leur monde [futur] en un instant nous enseignent nos sages. Aucun rabbin ni prophète ne pourra faire le travail à ma place. La Techouva (repentir) véritable n’est pas question de quantité mais de qualité. Elle passe par une prise de conscience courageuse et assumée. Or cela, tout le monde en est capable. Dieu attend ce moment avec impatience. Il sera aussi sensible à notre silencieux recueillement durant le Shofar qu’à nos chants les plus fervents. Ne Le décevons. Ne nous décevons pas. Qu’Hashem accorde à chacune et chacun d’entre vous la plus douce et merveilleuse des années, dans la santé, la prospérité et la sérénité. Leshana Tova Tikatevou Vete’hatemou. Avraham WEILL, rabbin de Toulouse AVIVmag n°202 septembre 2014 7 Par Yossef Matusof Judaïsme Une année de Chemita « Parle aux enfants d’Israël et dis-leur : Quand vous serez entrés dans le pays que je vous donne, la terre sera soumise à un chômage en l’honneur de l’Eternel. Six années tu ensemenceras ton champ, six années tu travailleras ta vigne, et tu en recueilleras le produit ; mais, la septième année, un chômage absolu sera accordé à la terre, un sabbat en l’honneur de l’Eternel. Tu n’ensemenceras ton champ, ni ne tailleras ta vigne. » (Lévitique25, 2-4) L’année 5775 est appelée : « Année de la Chemita ». Q U’EST-CE que la Chemita et quelles sont ses incidences pratiques ? Depuis la conquête de la Terre Sainte et le partage des terrains entre les tribus à l’époque de Yehochoua (Josué), le peuple juif a compté les années en consacrant chaque fois la septième année qui est appelée « Chemita » (le compte de la cinquantième année – le Yovel (jubilé) – a été abandonné après la destruction du Temple). L’année de « Chemita » il est interdit de travailler la terre en Israël : labourer, semer, enlever les mauvaises herbes, récolter et vendre de façon normale les produits de la terre… On peut cultiver ce qui pousse sur l’eau et dans les serres qui ne sont pas en contact avec la terre, selon les technologies modernes développées entre autres pour respecter ces lois de «Chemita ». Ainsi, toute personne souhaitant se rendre en Israël durant l’année 5775 et même après devra se renseigner quant aux magasins, restaurants etc.. où il est possible d’acheter fruits, légumes, fleurs et céréales tout en respectant ces lois. Par ailleurs, l’année de « Chemita » annule toutes les dettes entre particuliers. 8 AVIVmag n°202 Pour éviter que des gens refusent de prêter de l’argent à l’approche de l’année de « Chemita », Hillel l’Ancien institua le Prouzboul : avant et à la fin de l’année de « Chemita » (la veille de Roch Hachana), chacun est invité à déclarer (oralement ou par écrit) devant un Beth Din (tribunal rabbinique) qu’il lui transmet ses dettes. Ainsi, chacun est libre de réclamer par la suite à ses débiteurs, le remboursement de ses dettes. Pour s’acquitter de cette Mitsva, certains veillent même à emprunter de l’argent symboliquement avant le Prouzboul. Enseignement éternel La chemita, le repos de la terre et l’année sabbatique : bien que ce commandement ne se pratique que sur la Terre d’Israël, il est néanmoins d’actualité et il contient des répercussions pour tous. Comme le chabbat hebdomadaire évoque pour nous la foi en Dieu Créateur, ainsi, le chabbat des cycles annuels évoque la foi en D… Régisseur de toute la Nature. Le droit de propriété au sens large est aboli et le partage s’impose. Cette année, comme le chabbat hebdomadaire, le repos et l’absence des occupations terrestres et matérielles laissent place et dis- ponibilité à consacrer son temps à sa relation à Dieu par l’étude de la Torah et ses préceptes. Le sens de la « Chemita » est d’exprimer notre confiance en Dieu même dans notre vie professionnelle et matérielle, comme le chabbat l’indique aussi. C’est pour cela que l’année à venir requiert notre engagement à tous pour consacrer plus de notre temps et de notre esprit à l’étude et à nos progrès dans la spiritualité. D’autant que le chabbat est mis en évidence dès le début de l’année, Roch Hachana ainsi que Souccot et Sim’hatTorah tombent jeudi et vendredi suivis de chabbat : trois fois trois (‘Hazaka=force) jours sacrés se suivent. De même Yom Kippour tombe également chabbat. Je souhaite que l’année 5775 soit une année de Torah, de bonheur, de joie, de partage et de solidarité pour chacun de nous. Chana tova et bonnes fêtes. Rav YY Matusof Par Jacques Asseraf ROCH HACHANA-KIPPOUR Entre terre et ciel Bien qu’il se revendique comme un mode d’existence régi par un code de lois, le judaïsme, peuple et religion confondus, s’inscrit résolument dans l’Histoire. Ainsi, la fête juive, toujours auréolée de sa dimension religieuse, s’insère d’abord dans le temps historique. Elle est, dès l’origine, événement daté dans le destin collectif d’Israël et entend s’arrimer délibérément dans l’épaisseur du réel; nous éloignant d’une spiritualité éthérée, déconnectée de la réalité palpable. C Mosaïque représentant le cycle des douze mois du zodiaque hébraïque, période byzantine, inscriptions hébraïques. From synagogue Beth Alpha. ’est ainsi que Pessah commémore, le jour de la réception par Moïse des plus de deux siècles d’enfermement secondes tables de la Loi. Peu importe si la égyptien il y a 3400ans, la liberté conception de l’univers fut étalée sur des recouvrée et la naissance du peuple juif. Que millions d’années, comme le soutiennent Shavouot, rappelle le don de la Torah, deux aujourd’hui, les scientifiques; que les “jours” ans plus tard et que Souccot, illustre l’er- de la Création, égrenés dans le premier charance des Hébreux durant 40 ans, dans le pitre de la Genèse, correspondraient à des désert, et la haute protection phases ou à des ères de fordu Ciel dont ils ont bénéficié. Tout en assumant son mation et d’élaboration du Plus tard, Hanouka et Pou- vécu dans ce monde, le cosmos, telles que le suggèrim viendront, à l’initiative de rent certains. Peu importe nos Sages, s’ajouter à l’éphé- juif entend se vouer à que le chiffre 5775 du nouméride en célébrant les une autre approche de veau calendrier hébraïque victoires, en -168, des maccomptabilise, selon la Tradison existence : une chabis sur les légions tion juive, la chronologie des greco-assyriennes d’occupa- aspiration spirituelle années écoulées depuis l’aption et le génocide parition du premier homme vers un au-delà du programmé des juifs, déjoué ou que ce calcul soit assimilé matériel, associée au à l’avénement d’une humapar la Reine Esther, deux sièsouci permanent cles plus tôt. Le deuil de nité civilisée. Tich’a Béav, quant à lui, rapA partir du moment où le de son Prochain pelle la destruction des deux peuple juif entre de plainTemples de Jérusalem. pied dans l’histoire de C’est ainsi que, par ce rappel du passé, le l’humanité, il se consacre, d’abord et surtout, judaïsme entend valider son présent et sou- à sa relation au Divin et au développement ligner, avec force, l’objectif de sa mission de sa conscience morale. Il tend à négliger essentiellement terrestre: l’avénement d’une l’exploration proto-humaine du temps qui humanité meilleure. Comment, dans cette passe ou les théories de l’évolution, dès lors perspective, appréhender les solennités plu- que l’Homme n’y occupe plus la place centôt austères, de Roch Hachana et Yom trale assignée par l’Ecriture, et que l’éthique Kippour, qui inaugurent l’année juive ? semble remisée au magasin des accessoires. Alors que métaphysique et sainteté meu- Plus que le Vrai, c’est le Bien qui le préocblent l’essentiel de leur liturgie et que jeûne, cupe. Tout en assumant son vécu dans ce pénitence et contrition se substituent à un monde, le juif entend se vouer à une autre climat festif. approche de son existence : une aspiration A priori, nul événement n’a, semble-t-il, spirituelle vers un au-delà du matériel, assomarqué leur survenue. Aucun miracle n’est ciée au souci permanent de son Prochain. venu frapper de son sceau leur émergence dans la mémoire juive. Elles ont cependant Désormais, son regard sera tendu vers le été pourvues par nos Sages, d’une conso- Ciel mais ses pieds resteront toujours rivés nance historique. Roch Hachana appelé au sol. C’est ainsi qu’il entend affirmer sa également Yom Harat‘Olam*, se trouve présence au monde et accomplir la mission identifié, par le génie de l’exégèse, à l’anni- qui lui fut confiée . versaire de la Création du monde, tombant Jacques ASSERAF ainsi le premier de l’an juif. Et, par le simple comput des péripéties bibliques, Kippour *Littéralement: Jour de la naissance du monde survient le 10 Tichri et marque, précisément, AVIVmag n°202 9 Jalons de la communauté Les Constantinois de Toulouse Une communauté dans la communauté On dit des Constantinois qu’ils sont le sel du judaïsme, pourquoi selon vous ? Gilles Nakache : j’ai 65 ans : depuis des temps immémoriaux, on a toujours nommé Constantine “la petite Jérusalem” parce que c’était un bastion du Judaïsme et de la pratique religieuse. Le peuple de Constantine s’est toujours entouré de ses synagogues. Justement je crois qu’à Constantine on dénombrait beaucoup de synagogues ? Jacky Tordjeman, j’ai 75 ans : c’est tout à fait vrai ! Il y avait beaucoup de synagogues. Dans chaque quartier les gens fréquentaient la leur. En ce qui me concerne j’habitais place Négrier et je fréquentais la synagogue de Rabbi Tsion Choukroun. Pourquoi une ferveur si forte ? Jacky Tordjeman : la foi était très forte, il y avait une grande religiosité. Je peux vous affirmer que le jour de Chavouot, la synagogue était si pleine que l’on ne trouvait pas une place de libre, on ne pouvait pas y ajouter une tête 10 AVIVmag n°202 d’épingle ! Il y avait une effervescence incroyable. On lisait les 10 commandements ce jour-là, et l’on entendait des voix extraordinaires. Gilles Nakache : ce qui peut-être explique cette ferveur, c’est le fait que les communautés vivaient en vase clos, en autarcie, et cette particularité resserrait les liens entre les fidèles de la communauté, réunie autour de son Midrash, de ses Téhélim, de ses pratiques. Qui dit grande pratique dit forte éducation. Comment enseignaiton l’hébreu, la pratique religieuse? Jacky Tordjeman : pour ma part, j’ai surtout appris au talmud-thorah. La différence par rapport aux écoles juives d’aujourd’hui, c’est que nous y allions le jeudi et dimanche. Gilles Nakache : Nos professeurs étaient le rav Charbit, le rav Aaron, le rav Guedj, le rav Tsion Choukroun, le rav Rabbi Yossef, une sommité, et bien sûr le rav Sidi Fredj Halimi, qui était l’âme de la communauté. Il semble que le noyau constantinois de Toulouse ait conservé les mêmes amitiés d’outremer cinquante ans plus tard ? Gilles Nakache : Les anciens sont partis mais c’est vrai que les Constantinois de Toulouse ont formé le premier noyau religieux, mis à part bien sûr celui des Turcs et des Ashkénazes. Jacky Tordjeman : Le 21 juin 1961, Cheik Raymond, le beau-père d’Enrico Macias, grand chanteur aimé des Juifs comme des Arabes, a été assassiné. De ce jour, les Constantinois sont partis pour ne plus revenir, ils savaient que tout était perdu. Gilles Nakache : Je voudrais ajouter ceci : Constantine était la ville des ponts, il y en avait 36. Cette particularité évoque bien le “passage”, la main tendue entre les communautés. Et Juifs et Arabes vivaient somme toute en bonne intelligence. Revenons à Toulouse, quels ont été les lieux de prédilection des Constantinois ici ? Gilles Nakache : Principalement Palaprat au début, mais ensuite, c’est la rue du Rempart qui en a été le fief, avec des figures comme Simshoun Taïeb, le beau-père de Jacky, Monsieur Khélif, Prosper et Robert Nakache, difficile de tous les citer. Certains sont partis en Israël, surtout à Natanya. Propos recueillis par Pierre Lasry « « bien représentés à Toulouse, ils ont plaisir à évoquer leurs origines QUESTIONS à DEUx FIDèLES 2 1 4 3 5 Quand on parle de Constantine, on évoque une ferveur religieuse incomparable, une profondeur spirituelle qui traverse le temps, forgée par la tradition, les valeurs familiales et le respect des anciens. Roger Allouche a accepté de jouer le jeu de l’évocation… Que peut-on dire du grand rabbin de Constantine, Sidi Fredj Halimi ? Roger Allouche : c’était un érudit, un catalyseur, un fédérateur, il ne faisait jamais reproche à qui enfreignait la loi, mais possédait un regard plein d’humanité, 1 Je crois que les Sepher torah de Constantine étaient différents de ceux que nous connaissons ? RA : oui, nous avions des sepher torah dans des boîtes, en bois, avec des rimonim, et il y avait une façon particulière de les présenter aux fidèles. Ceux qui le faisaient étaient des spécialistes. 2 Comment expliquez-vous cette ferveur si particulière ? RA : d’abord parce qu’il y avait des rabbanim très proches de nous, qui transmettaient, et parce qu’il y avait une exigence d’exemplarité à suivre. Nous fréquentions chaque jour un Talmud torah très bien structuré, à 11 heures en sortant de l’école. Nous n’avions pas de problématique de rythme scolaire ! En été nous avions l’enseignement pendant deux mois et puis nos parents nous y poussaient… Je me souviens de ma mère disant : “koum !” Lèvetoi - pour aller faire la prière le matin. Je suis un vrai Constantinois, d’ailleurs j’habitais 9 rue Constantin à Constantine ! Le grand rabbin Yossef Renassia, grande figure de Constantine, était monté en Israël en 1961-62, à Dimona, non loin du grand rabbin Castiel. Il était très affectueux et très respec- table. Voici un texte qu’il écrivit sur sa fille : “à la mémoire de ma fille chérie Reine Milka Renassia. Je la vois et l’entends, fille éveillée, expliquer la méthode hébraïque, la paracha, les prières aux petits élèves d’Ohr Torah. Je la vois et l’entends, jeune étudiante, chanter la Chira, Hacher kelmat, les chants de la Milah, la Avdala, la Haphtara. Tous les ans à la table du Séder, je la vois et l’entends, petite fille, réciter la Haggada et chanter le Hallel, Ehad mi yodeah, Had gadia, Chir hachirim et répéter avec enthousiasme “Lechana abah lérouchalaïm”. Sa Jérusalem n’est plus de ce monde, éditer ces livres qu’elle a tant aimés m’est un besoin du cœur.” J’ai retrouvé un contrat de mariage de la sœur 3 de ma grand mère qui date de juin 1897. C’est un document qui met en lumière les apports très modestes - habit, linge, vêtements - dont le relevé et l’estimation étaient consignés dans le contrat, une curiosité historique familiale. De grands amis à Constantine ont réussi à perpétuer leur amitié jusqu’ici, comment ont-ils fait ? RA : Cela s’explique, pour une certaine génération. Ce sont des gens qui se connaissaient à Connstantine, et qui se sont retrouvés ici. C’était une petite ville, une communauté de 20 000 habitants, dans des quartiers assez resserrés. De ce fait, les gens se connaissaient, il y avait une reconnaissance de l’autre dans l’identité, dans les airs, les chants (Enrico Macias, Cheikh Raymond), dans les traditions 4 locales. Et certains perpétuent ce souvenir constantinois. Les pionniers constantinois à Toulouse sont les familles Nakache, Merdekra (Allouche). On parle de relations arabo-juives paisibles mais il y a eu des événements graves aussi ? RA : Dans la relation individuelle de voisinage, c’était très correct, entre chefs des trois communautés également, mais les émeutes arabes anti-juives à Constantine sont effrayantes. Collectivement, je ne garderai pas le souvenir d’une fraternité authentique. Il ne faut pas oublier que la guerre d’Algérie a commencé quasiment dans les ruelles de Constantine. Notre logement dominait la rue et nous avons assisté aux émeutes : les synagogues ont reçu des grenades, le cheikh Raymond une balle dans la nuque, le symbole même du rapprochement musulman-juif. Qu’est devenu Constantine ? RA : Le cimetière est resté entretenu. Ce que m’en disent les marchands arabes constantinois du marché, c’est que la ville s’est beaucoup développée, université, hôpitaux… Quand à moi, je regarde peu dans sa direction, mes regards vont plutôt vers Israël que vers le Magreb. 5 Propos recueillis par Pierre Lasry AVIVmag n°202 septembre 2014 11 SUITE DU DOSSIER Jalons de De l’enfance sous le soleil de Constantine à l’installation à Toulouse… «L ’un avait 17 ans, les autres avaient respectivement 11 et 4 ans quand ils ont quitté Constantine. Entre souvenirs d’enfant ou d’adolescent, les noms des synagogues, des rues, des lieux se bousculent – la rue de France, le Mont de Piété, la place de la Brèche, le Pont suspendu, la place Négrier, la rue Chevalier, l’Alliance et tant d’autres. Les souvenirs des noms des gens qu’ils ont croisés, des Rabbins – Rabbi Zion Choukroun, Rabbi Chlomo Halimi , Rabbi Yoseph Guenassia, Rabbi Sidi Fredj - des cousins, des amis, des familles – Guedj, Karoubi, Halimi, Chemack - se mêlent dans un échange enflammé où chacun relate ses souvenirs et ses sentiments. Rencontre avec quatre constantinois passionnés : Jean-Pierre Attaïech, Gérard Attaïech, Monique Attaïech, née Sebbah et Claire Rueff, née Zerbib. Nous consacrons ce numéro aux juifs de Constantine arrivés au début des années soixante à Toulouse, au moment de la fin de la guerre et de la signature de l’indépendance de l’Algérie. Ces fidèles représentent un noyau dur important dans notre communauté, noyau dont vous faite bien sûr partie. La communauté juive était importante à Constantine, comment se déroulait la vie juive ? JP Attaïech : On avait une vie juive beaucoup plus intense et différente de celle que nous connaissons à Toulouse aujourd’hui. C’était une vie très riche ; d’ailleurs on appelait Constantine « la Petite Jérusalem », comme d’autres villes où la religiosité était grande. Les juifs étaient installés dans plusieurs quartiers. Par exemple, dans le quartier de la Place Négrier, on comptait cinq synagogues. Nous avions de grands rabbins, Rabbi Yoseph Guenassia qui avait écrit des ouvrages sur la Shehita sur lesquels j’ai étu12 la communauté AVIVmag n°202 temps avant la signature de l’indépendance. Pourquoi avoir choisi Toulouse ? Comment s’est passée votre installation ? On rejoignait des membres de nos familles qui étaient déjà arrivés en France. JPA : Je suis arrivé le premier de ma famille en 1961, Jean-Pierre, Gérard et Monique Attaïech, Claire Rueff peut-être deux semaines après dié, et Rabbi Sidi Fredj qui lui aussi avait l’assassinat de Raymond le chanteur (page ciécrit des livres mais sur Pessah. Ils étaient contre). Je suis d’abord arrivé à Blois, avant tous des sommités, certains d’entre eux n’ont Toulouse ; une de mes tantes y était installée. malheureusement pas connu l’indépendance J’y suis arrivé avec un CAP d’ajusteur mécaet d’autres ont suivi le flot des « rapatriés ». nicien, j’y ai travaillé pendant trois mois. Puis, Les synagogues étaient pleines, toujours avec s’est posée la question de faire venir mes pabeaucoup de ferveur. rents, mais Blois était une petite ville où la communauté et la religiosité étaient faibles. Une tante, « tata Rosa », habitait Toulouse ; j’y suis venu, j’ai loué un appartement et j’ai fait venir mes parents. CR : Nous avons rejoint un de mes oncles - rue des Lois installé depuis plusieurs années à Toulouse. Il nous a trouvé un appartement dans un immeuble attenant au sien Constantine et son pont suspendu, le pont Sidi M’Cid pour nous accueillir, mes parents, mes frères et moi. Toulouse était une Vous avez connu la dure période de la grande ville du Sud qui a attiré beaucoup de Guerre d’Algérie, quels souvenirs en gar- juifs dans les années soixante. Certains sont partis en Israël, mais il ne faut dez-vous ? En 1954, après l’assassinat d’instituteurs fran- pas perdre de vue qu’Israël était un tout jeune çais, nous avons connu les premiers « pays en construction où il fallait pouvoir traévènements ». Nous avons tous connu les vailler. bombes et les assassinats. La guerre d’Algérie pour nous c’était les bombes rue Nationale, au Monoprix, rue de France … Claire raconte : Le père d’une cousine de mon père a été tué d’une balle dans la tête, rue Nationale, parce qu’il était juif. J’étais jeune lorsque j’ai connu la guerre, j’en ai gardé une grande peur de tout bruit violent. Par conséquent, vous avez quitté Constantine avec vos familles en 1961-62, peu de Vous étiez « les frères Attaïech », Gérard, Alexandre, Jean-Pierre et Norbert, déjà en Algérie de famille très pieuse, et aujourd’hui des membres influents de la communauté de Toulouse. Vous avez tous contribué à mettre en place et animer le culte à Toulouse. Pouvez-vous nous raconter cela et nous rappeler les actions menées par vous et vos frères ? JPA : Je suis arrivé à Toulouse à 17 ans après avoir appris tout ce que je sais du judaïsme en Les Constantinois de Toulouse Une communauté dans la communauté des offices de Kippour, à la Hévra Kadicha, j’ai assuré les offices à Rambam et j’ai contribué à dynamiser la vie juive à l’Union en mettant en place le Talmud Torah avec mon ami Edgar Guenassia (zal) qui a très bien marché. Mon frère Alex a été administrateur de l’ACIT pendant deux mandatures. Gérard quant à lui est devenu Hazan de la synagogue de Palaprat à la suite du départ en Israël de David Bensoussan. Nous avons aussi tous formé beaucoup de jeunes Bar Mitzva. Léon Laloum, le mari de notre sœur, a monté un orchestre, « l’orchestre Léon Laloum », dans lequel nous avons tous joué. Nous avons appris à jouer la musique algérienne, celle de Raymond, et avons animé de nombreux évènements Bar Mitzva, mariages, etc… Pour l’anecdote, Gérard a appris à jouer du violon en Quelles sont les traditions constantinoises qui sont perpétuées ici dans la vie toulousaine ? Beaucoup d’airs rituels sont hérités de Constantine, même si bien sûr les traditions se sont mêlées aux autres, marocaine, tunisienne, portugaise et autres. CR : Nous nous reconnaissons entre Constantinois par nos traditions ancrées, et en particulier nos traditions culinaires. Par exemple, tous les chabbatoth nos mères faisaient « poisson – boulettes - couscous Vendredi soir et Samedi midi, Tfina de cardes d’épinards ou autres. Justement, Monique, Claire, nous sommes à l’aube de fêtes de Tichri, mettez nous l’eau à la bouche… quelles sont les traditions culinaires constantinoises pour Roch Hachana et Yom Kippour ? MA : Le bouillon de poule avec le citron et la menthe, la tfina d’épinards avec la joue, le jarret de veau avec les petites pates – « langues d’oiseau » ou faites à la main entre le pouce et l’index. CR : Pour le soir de Kippour, la tradition de ma mère était de faire une tifna de cardes, suivie d’un poulet farci. Mais depuis, les traditions s’amenuisent, les estomacs ne le supportent plus, mais la tfina reste un incontournable. Un dernier commentaire sur la ville de votre enfance ? CR : Il est bien triste de ne plus pouvoir retourner là-bas librement, nous en avons des souvenirs très doux et très beaux. Nous avons aussi des oncles, des parents enterrés dans cette ville, et nous ne pouvons aller nous recueillir sur leurs tombes. Et cela c’est dommage ! Raymond Leyris est né le 27 juillet 1912 à Constantine, alors en Algérie française. Il est le fils d'un Juif et d'une Française, abandonné enfant et recueilli par une famille juive. A cette époque, musulmans, juifs, et chrétiens cohabitaient dans une certaine harmonie, surtout dans les classes les plus pauvres de la population dont était issue Cheikh Raymond. Son nom de Cheikh lui est donné par les musulmans en signe de respect. Virtuose de l'oud, Cheikh Raymond se produisait dans les mariages musulmans comme dans les Bar Mitzhva juives. Il intègre dans son orchestre le violoniste Sylvain Ghrenassia, père de Gaston Ghrenassia, plus connu sous le nom de Enrico Macias. Ce dernier devint le gendre de Cheikh Raymond en épousant sa fille Suzy. Jouant et enregistrant énormément, Cheikh Raymond était un lien entre des communautés qui se déchirèrent à partir du terrible massacre de Sétif en mai 1945. Alors qu'une grande partie de la communauté juive - souvent installée en Algérie bien avant la colonisation - ne pensait pas quitter ce qu'elle considérait légitimement comme son pays, l'assassinat de Cheikh Raymond le 22 juin 1961 à Constantine a contribué à changer la donne. Le meurtre d'un homme aussi populaire dans toutes les composantes de la population algérienne, a montré à l'ensemble de la communauté juive le danger qu'elle courrait et l’a forcé à l'exil en Métropole. SUITE PAGE SUIVANTE La place de la brèche, le théatre et les halles moins d’un an, pour animer le mariage de sa sœur. La famille Attaïech a servi la communauté de Toulouse dans ses aspects religieux. « Algérie. Je connaissais déjà tous les Téhilim, et j’ai commencé à les lire à la synagogue de Palaprat sitôt que je suis arrivé. Nous allions à la synagogue de Palaprat, la seule synagogue à ce moment là. Nous y avons connu le rabbin Rozen et M. Fraelich. Ensuite, lorsque le rabbin Rozen est parti, le rabbin Haïk est arrivé. Puis nous avons déménagé dans un immeuble dans le quartier de Bagatelle, là, nous allions à la synagogue de la rue du Pech. Nous allions tous les jours à la synagogue, nous avons toujours eu une culture religieuse importante. Je suis le second de la fratrie, et grâce à mes connaissances religieuses, j’ai très vite été proche des rabbins G. Haïk et A. Castiel à la VNS. Après avoir passé 11 ans en Israël, je suis revenu à Toulouse et me suis occupé de beaucoup d’aspects religieux, pour l’organisation Le grand musicien Cheikh Raymond Propos recueillis par Yaël Rueff-Salama AVIVmag n°202 septembre 2014 13 SUITE DU DOSSIER Jalons de « Les Constantinois de Toulouse Une communauté dans la communauté J E venais de Constantine. Je ne me suis pas installée tout de suite à Toulouse mais à Montauban pour des raisons professionnelles. Nous faisions des va-et-vient entre Toulouse et Montauban car nous avions de la famille installée aux Arènes. Nous venions nous approvisionner en viande à la boucherie Ghenassia qui était en quelque sorte l’annexe de la communauté, où les gens se retrouvaient et prenaient des nouvelles les uns des autres. J’étais institutrice à Constantine puis j’ai été réintégrée dans l’Académie de France d’abord à Montauban puis ensuite à Toulouse. Mon mari avait trouvé un emploi à Montauban Il était secrétaire administratif à Constantine d’où il a dû démissionner car la situation se compliquait surtout après l’assassinat du beaupère d’Enrico Macias, la situation devenait impossible. D’autres assassinats nous ont fait quitter Constantine abandonnant tout, nous sommes rentrés sans rien du tout. Nous étions des milliers dans cette situation. La plupart des juifs sont rentrés en juin, juillet 1962, mais la population constantinoise prise de panique est rentrée plus tôt, en novembre 1961. C’est la famille qui nous a fait faire le choix de Toulouse car ils étaient déjà installés ici. On s’abritait les uns chez les autres essayant de rebondir un petit peu. Puis nous avons eu la chance d’aller à Montauban où mon mari, qui était un ancien combattant et prisonnier de guerre, s’était vu attribuer un emploi réservé, un mois avant notre arrivée.. J’avais quatre enfants qui ont été scolarisés tout de suite, nous avons eu un appartement à Montauban, je n’avais pas repris mon emploi tout de suite car j’étais très affectée et très perturbée. Nous nous sommes employés à “remonter” la communauté à Montauban avec les familles Borgère, Bartant, Serfati, Suissa, Levy qui arrivaient d’Oran et d’Alger. Nous étions au début très seuls et nous cher14 la communauté AVIVmag n°202 Jeune institutrice à Constantine, Denise a rejoint Toulouse en 1961. Une trajectoire mouvementée et cinq enfants plus tard, elle nous confie ses souvenirs et sa vision de ce passage de l’Algérie profonde au Sud-Ouest de la France. AMbIANCE… Après trois ans à Montauban, mon mari et moi avons eu une mutation à Toulouse où ma dernière fille Nelly est née. nous reconstruisions une vie après toutes les épreuves, les inquiétudes et les drames, la vie recommençait, on se retrouvait en paix. On rebondissait, chacun se retrouvait avec un emploi, nous nous recevions, les enfants faisaient des études. Pour la plupart, même s’ils avaient peu de moyens, les enfants de Bagatelle étaient bien élevés, modestement mais avec toutes les valeurs que nous voulions conserver et transmettre. Les parents surveillaient leurs enfants, ils n’étaient pas laxistes et les enfants étaient bien J’ai ensuite repris mon travail ; peu de temps après, j’ai été affectée dans le quartier de Bagatelle. A l’époque Bagatelle était un quartier neuf très accueillant, il y avait beaucoup de juifs et de Pied-noirs, des Espagnols, l’atmosphère était très agréable, les enfants s’amusaient en toute quiétude, la communauté se rassemblait. Le quartier des Arènes avait accueilli une grande partie des Juifs pieds noirs, on l’appelait la « petite Jérusalem ». J’avais aux environs de trente-six ans, nous tenus, protégés, ils fréquentaient l’école et la synagogue, nous menions paisiblement et modestement nos vies. Quand les fêtes de Pourim et les fêtes de Lag baohmer arrivaient, chacun faisait une séhouda et on se recevait. Pour Pourim, on s’envoyait des gâteaux, je me souviens des enfants Partouche, Armand et Sylvain se pressaient pour apporter les gâteaux et on leur donnait une petite pièce. Les Constantinois reconstruisaient à l’identique leur ambiance, ici à Toulouse. chions à nous retrouver et nous regrouper, à nous refaire un cercle d’amis. bagatelle Du Rhummel à la Garonne Le témoignage de Denise Khalifa : une institutrice de Constantine qui a su rebondir en France en recréant une nouvelle vie riche de ses traditions et de ses valeurs La synagogue de la rue du Pech s’est construite pour les besoins de la cause car il y avait beaucoup de juifs aux Arènes et, comme la synagogue “VSN” qui se trouvait rue du rempart Saint Etienne était trop loin surtout pour les Chomer chabbat, nous avons loué un garage vers l’actuelle clinique Ambroise Paré, dans une rue perpendiculaire à la route de St Simon. Chacun avait mis la main à la pâte : c’était donc un simple dépôt, un garage que nous avons complétement aménagé avec les Chicheportiche, les parents et les enfants Ataïiech , il y a eu également des petites contributions du FSJU. C’est donc devenu une véritable synagogue, avec l’arche tout au fond, la Teva au milieu, une petite galerie pour les femmes et un jardin pour les enfants. Les rabbins étaient Isaac Chetrit, Abraham Cohen et l’officiant Israël Atlan. Le terrain était loué sûrement par le Fond social, nous y allions pour les fêtes. Ensuite, nous nous sommes déplacés vers Chaare Hemet. Mais tout le monde s’était beaucoup beaucoup investi pour cette synagogue de la rue du Pech. L’évolution vers le Mirail Petit à petit les familles ont évolué, les enfants ont grandi et les familles se sont déplacées vers le nouveau quartier du Mirail qui venait de se construire, les appartements étaient plus beaux, plus grands. En ce qui nous concerne, nous nous sommes installés à la Faourette où nous avons acheté notre appartement. La Faourette était un quartier très tranquille, face à Bagatelle qui proposait des HLM en location. Petit à petit, l’évolution s’est faite, l’immigration maghrébine est arrivée dans les années 75, 80 et au fur et à mesure, les appartements qui se vidaient étaient occupés par les familles maghrébines. Jusqu’en 1985, 1986 c’étaient encore des quar- tiers agréables et vivables puis cela a commencé à se gâter, à se dégrader, la fréquentation n’était plus la même et les juifs ont commencé à quitter le quartier. Les enfants grandissaient, ils avaient plus de vingt ans et se déplacaient vers la ville, vers des quartiers plus résidentiels. J’ai assisté à une transformation totale du quartier de la Faourette qui était un quartier très vivant, QUELQUES FAMILLES DE LA RIVE GAUCHE Je ne peux pas toutes les citer, mais je pense bien sûr aux Khélif, aux Chicheportiche, aux Partouche, aux Attaïech, aux Zerbib, en particulier Marco, à Monsieur N’Kaoua qui faisait les encaissements pour la communauté, aux Allouche, à René et Marguerite Ghrenassia dans leur boucherie, aux Atlan… considérés presque comme des « héros », ce n’était pas comme aujourd’hui, nous nous substituions même parfois aux parents. Pourquoi les choses ont changé ? Peut-être aujourd’hui que les enseignants n’ont pas sur garder leur rang, ils ont peut-être voulu trop copiner et ce manque de distance fait qu’il ont peut- être aussi perdu le respect. C’est comme le tutoiement et le vouvoiement cela permet de conserver une distance et du respect.” Propos recueillis par Pierre Lasry chaleureux, il y avait des officiers de la base de Francazal qui habitaient là, la fréquentation était plus “sélect”. J’avais des amis de toutes sortes avec toute la population car j’étais l’institutrice de tout le quartier. Puis la zone s’est détériorée sensiblement au fur et à mesure de l’arrivée des musulmans qui avaient créé des cafés maures au milieu du quartier, qui n’était plus respectueux du contexte local et national, à la différence de nous, qui étions intégrés tout en respectant nos coutumes. Les voitures commençaient à être vandalisées si bien que mes enfants redoutaient de venir. C’est en fait la deuxième génération et la troisième génération de cette immigration qui a été plus dévastatrice car la première génération, comme nous, avait voulu se refaire une vie. « La synagogue de la rue du Pech Institutrice, un métier qui change Je garde un excellent souvenir de tous les élèves que j’ai eu, j’étais respectée, nous étions AVIVmag n°202 septembre 2014 15 Interview exclusive Jean-Luc Moudenc Maire de Toulouse, président de Toulouse Métropole “Je suis du genre fidèle” V ous êtes né en 1960 à Toulouse, vous vous engagez en politique dès l’âge de 17 ans ; quels ont été les chemins, les ressorts secrets qui vous ont propulsé vers ce destin de maire de la 4e ville de France en avril dernier ? Je crois que c’est la passion de Toulouse. Je me suis engagé lorsque j’étais jeune pour des idées. Très vite j’ai découvert l’action municipale, ce qui est quelque chose d’un peu différent. J’ai découvert aussi la personnalité de Dominique Baudis, sur la liste duquel j’ai figuré lorsqu’il a brigué la mairie de Toulouse pour la première fois en 1983. J’étais le plus jeune et depuis j’ai approfondi mon engagement municipal. Je crois que je suis une illustration du parcours républicain où échelon après échelon, poste de responsabilité après poste de responsabilité, on construit, on renforce un engagement. Le mien m’a conduit à cette grande mission d’être élu à deux reprises mais dans des conditions différentes, maire de la ville qui m’a vu naître, dans laquelle je vis et que j’aime très sincèrement. Vous avez déjà été maire une première fois de 2004 à 2008 et député élu de la troisième circonscription de la Haute-Garonne de 2012 à 2014. On vous sent aujourd’hui plus à l’aise, plus déterminé et sûr de vous que lors de ce premier mandat. Quels sont les ingrédients de cette évolution, de ces progrès ? Le travail sur soi, la campagne électorale, la maturité, du coaching ? Il y a sans doute un peu de tout cela, sauf le dernier point, je n’ai pas fait de coaching. Je pense que j’avais été élu en 2004 dans des circonstances particulières par le Conseil Municipal. A 16 AVIVmag n°202 partir de là, je ne pouvais détenir une autorité politique, morale et personnelle forte. Le 30 mars 2014, ce qui s’est passé est radicalement différent. Ce sont les Toulousains, qui par leur souveraineté populaire et démocratique, m’ont confié le mandat. La dimension de l’élu que je suis n’est plus la même. De 2008 à 2014, j’ai accompli un parcours d’opposition. Ce ne sont pas des moments faciles. C’est un peu la traversée du désert. Mais, justement, quand on arrive à traverser le désert, on se sent plus fort que lorsqu’on y entre. Et je crois que toute épreuve dans la vie, lorsqu’elle est vécue de manière positive, constructive, comme une invitation à faire des efforts à puiser au fond de son caractère, à mettre en avant des qualités que l’on peut avoir, à corriger des défauts que l’on a forcément, à ces conditions là, l’épreuve est une étape de progrès. Et moi, j’ai vécu ces années d’opposition dans le cadre d’un travail de terrain, de réflexion, d’expression permanent au contact des Toulousains. C’est ce contact avec les Toulousains qui m’a rendu sans doute plus fort. Peut-on parler un peu de l’homme privé ? Vous êtes marié, père de famille. Je crois que vous êtes catholique pratiquant, quelles sont vos relations intimes avec le judaïsme ? Des relations de deux ordres. D’abord j’ai eu la chance, d’être très jeune en relation avec le judaïsme par ma famille puisque du côté de ma mère et du côté de mon père, il y a eu des mariages interreligieux entre des juifs et des catholiques issus de ma famille. Je suis donc familier de la religion juive grâce à mes cousins, côté paternel et maternel. Et puis étant catholique, je suis pleinement conscient que nous sommes des branches différentes du même arbre. Plus tard, lorsque j’ai approfondi mon engagement politique, j’ai été en contact avec la Communauté Juive de Toulouse, non plus à travers telle ou telle réunion familiale ponctuelle mais à travers ses organes communautaires, les responsables qui la font vivre. La maturité politique m’a également amené à réfléchir sur le judaïsme dans notre pays, sur Israël, sur les rapports de la France et d’Israël, sur la problématique extrêmement complexe du Proche Orient. Une sorte de conscience civique s’est ajoutée dans un second temps à un vécu familial. On peut dire que ce sont ces deux aspects qui ont forgé ma relation avec le judaïsme et plus particulièrement avec la communauté israélite toulousaine. On vous a vu en campagne - mais aussi hors contexte - très proche de la communauté juive de Toulouse, qui vient de fêter le bicentenaire de sa communauté organisée. Comment voyez-vous aujourd’hui la suite de ce chemin que vous avez parcouru avec elle ou à ses côtés ? C’est vrai que je suis plutôt du genre fidèle et donc je crois avoir été présent en tout temps dans les grands rendez-vous auxquels la Communauté m’a convié comme élu à différents titres : avant que je devienne maire de Toulouse, avant 2004, pendant mon premier mandat, quand je n’ai plus été maire de Toulouse. La fidélité, c’est justement la permanence d’une relation quelles que soient les circonstances et les positions que l’on peut avoir ou ne pas avoir dans la vie publique. Je considère que la Communauté juive de Toulouse est une richesse d’abord parce qu’elle est extrêmement dynamique dans la vie communautaire, mais aussi dans la vie publique, dans la vie sociale, dans la vie économique, donc dans la vie toulousaine tout court. Et uune ville, pour avancer, a besoin de personnages dynamiques, de groupes dynamiques. Toulouse est caractérisée depuis longtemps par une sorte de pluralité. Elle fédère depuis très longtemps des identités, des parcours humains, des histoires personnelles et familiales venues d’horizons extrêmement différents. C’est une ville qui aime le débat et qui vit, c’est ma conviction, plus fort, plus intensément que d’autres villes, ce que j’appellerais le pluralisme d’une société. Donc, la communauté juive, pas simplement parce qu’elle est dynamique mais parce qu’elle est héritière d’une histoire extrêmement riche, extrêmement particulière, a naturellement toute sa place dans cette vie toulousaine qui est faite de diversité, de débat, de rencontre, d’échange, de confrontation parfois. Jean-Luc Moudenc On ne peut pas ne pas évoquer la recrudescence des actes et des paroles antisémites qui frappent la France depuis 2012, et que tous les responsables politiques dénoncent. Au delà des appels à la fermeté républicaine, au respect de la loi, quelle est votre position d’élu d’une grande ville. Avez-vous des idées nouvelles par rapport à ces questions si difficiles ? Je n’aurai pas la prétention d’avoir des idées nouvelles mais la recrudescence de l’antisémitisme dans notre pays est malheureusement une réalité. Nous l’avons vécu à Toulouse de manière plus dramatique et tragique qu’ailleurs et notre douleur est toujours là. Il y a quelques mois, lorsque j’étais député et secrétaire du groupe d’amitié France/Israël à l’Assemblée Nationale, nous avons eu une réunion de travail en groupe restreint avec Roger Cukierman qui avait été élu à la présidence du CRIF national quelques mois auparavant et les premiers mots lors de cette rencontre m’ont frappé. Ils ont été de nous dire qu’en reprenant la présidence du CRIF qu’il avait exercé auparavant, il trouvait malheureusement une situation beaucoup plus grave et dégradée du point de vue de l’antisémitisme en France et donc de la démocratie française, et de la République française. Le responsable que je suis parmi d’autres ne peut être que concerné, interpellé par cette question. A défaut d’originalité, lorsqu’il y a la montée d’un phénomène pervers et dangereux, je crois qu’il faut d’abord réaffirmer des fondamentaux très sûrs, très solides, très anciens. Parce que le pire, lorsqu’il y a la montée d’un péril c’est qu’il y ait une sorte de fragilisation générale, que cette montée d’un péril intimide tout le corps social et que la communauté juive se trouve isolée pour sa propre protection et sa propre tranquillité. C’est ce qu’il faut éviter et donc, à défaut d’une position novatrice ou originale, il me semble que mon rôle, maintenant que je suis maire après avoir été élu député, c’est justement de réaffirmer publiquement et fortement une fermeté et une fidélité républicaine. Après cela, il y a des mesures juridiques, il y a des prises de position publiques des pouvoirs publics, nationaux d’abord. Le problème n’est pas un problème municipal ou un problème local. Nous avions évoqué justement avec Roger Cukierman, lors de cette fameuse réunion de fin 2013 ou début 2014, la possibilité de revisiter l’arsenal juridique qui existe dans notre pays permettant de contrecarrer l’antisémitisme puisque nous avons constaté à travers l’affaire Dieudonné par exemple que cet arsenal juridique pouvait être inopérant. Donc l’idée était d’avoir, notamment avec les parlementaires et avec les institutions de la Communauté, un travail technique croisé pour voir quel projet de loi ou quelle proposition de loi nous pourrions élaborer pour permettre de combler les insuffisances et les carences des dispositifs existants. Je ne suis plus député, donc je ne puis plus participer à ce travail à peine esquissé. Ce que je souhaite, c’est que le gouvernement et les parlementaires remettent ce sujet à l’ordre du jour. On en a beaucoup parlé au moment de l’affaire Dieudonné, on en parle moins aujourd’hui. Le risque serait que l’on soit passé à autre chose et comme (c’est tant mieux) il est moins question de Dieudonné dans l’actualité, on relâche la vigilance et on oublie de faire ce travail de perfectionnement juridique. Il faut que ce travail soit fait. Ce n’est pas parce qu’il y a une accalmie dans l’actualité de l’antisémitisme en ce moment qu’il faut baisser la garde. On évoque hélas souvent Toulouse affublé du nom de l’assassin du 19 mars 2012. L’affaire Mérah, l’affaire de Toulouse, la tuerie de Toulouse, le foyer salafiste toulousain, etc…. Cette terminologie est à l’évidence néfaste à l’image de la ville rose. Le temps peut l’estomper mais ce n’est pas certain. Avez-vous réfléchi, en tant que Maire, à la façon de reblanchir l’image ternie de votre ville, quel action, quel temps fort peut nettoyer les mémoires et offrir au monde un autre angle de vue sur la ville ? Je crois que Toulouse, par ses intérêts naturels, et ils sont multiples, a des occasions de faire parler d’elle, heureusement de manière bien différente de ce drame et de manière positive. Nous allons, dans peu de temps, assister au lancement d’une nouvelle version d’Airbus, l’A350 Néo qui est promu à un grand succès commercial. La poursuite de la succes story d’Airbus, c’est une valeur sûre de la réussite toulousaine et de l’image de Toulouse à l’extérieur. C’est un événement que je cite pour répondre à votre question parce qu’il va avoir lieu bientôt. Mais il y a heureusement des évènements réguliers dans la vie sociale, dans la vie économique, dans la vie universitaire, dans la vie culturelle toulousaine qui colorent d’une ambiance positive notre vie et l’image de notre cité. Un mot sur Israël. Vous en revenez il y a peu de jours. C’est une destination que vous connaissiez déjà je crois, que vous appréciez. Comment voyez-vous l’avenir pour ce pays qui sort à peine d’un conflit sanglant ? On a l’impression qu’il y a un conflit interminable dont on se demande si il finira un jour. AVIVmag n°202 17 Jean-Luc Moudenc “A la Communauté Juive de Toulouse, je souhaite de conserver le formidable dynamisme qui fait d’elle un pilier de la République Toulousaine.” Et donc face à tout cela, je crois qu’il faut que ceux qui sont amis d’Israël ne cessent de réaffirmer cette amitié quelle que soit la conjoncture, contre vents et marées, dans les moments de tension là bas tout comme dans les moments d’accalmie. Je le dis souvent et je le redis : on peut être en désaccord avec telle ou telle décision du gouvernement israélien du moment et cela n’empêche pas, bien au contraire, de redire notre attachement à la pérennité d’Israël, de redire, parce que malheureusement les médias ne le disent pratiquement jamais, qu’Israël est une démocratie, sœur de nos propres démocraties européennes et que cette démocratie israélienne est bien la seule démocratie qui existe dans la région, au Proche Orient. Donc défendre Israël, ce n’est pas forcément approuver les positions du gouvernement israélien du moment, c’est avant tout défendre un modèle de Société, des valeurs de civilisation qui nous sont étroitement communes. Israël est bâtie sur un socle de valeurs démocratiques et humaines qui est identique aux valeurs et au socle de civilisation sur lequel nous sommes en France et je crois que dire cela n’est pas neutre. C’est quelque chose de fort et c’est affirmer une permanence qui est sincère, qui est juste quelle que soit la conjoncture de paix ou de guerre du moment. En quoi les relations privilégiées entre Toulouse et Tel Aviv et le jumelage peuvent-ils prendre davantage de sens ? Les relations entre Tel Aviv et Toulouse sont très anciennes. C’est le plus ancien jumelage de Toulouse. Il a 52 ans d’existence. Il a été mis en place lorsqu’il y avait un maire socialiste. Depuis d’autres majorités, d’autres municipalités se sont succédées. Le jumelage a toujours été maintenu. Ce jumelage, c’est d’abord un signe d’amitié, c’est aussi une marque de reconnaissance pour ce que je disais un peu plus tôt, c’est-à-dire le dynamisme particulier de la Communauté Juive Toulousaine. J’ai un nouvel élu à mes côtés, Aviv Zonabend, qui est chargé des jumelages. Il est épaulé d’un ancien élu qui amène son expérience, notre ami Gérard Naon et je sais que tous les deux préparent des propositions pour donner un nouvel élan que je souhaite à ce jumelage dans les mois à venir. J’ai rencontré mon homologue Ron Huldaï quelques semaines après mon élection. Je l’avais vu il y a quelques années et nous sommes tout à fait sur la même longueur d’onde. Il faut 18 AVIVmag n°202 simplement que l’on sélectionne quels sont les points de coopération car, dans les grandes villes, il y a de multiples choses qui sont possibles. Et l’on ne peut pas tout faire en même temps. Donc, il faut que l’on travaille avec Tel Aviv pour voir quels sont les points de convergence, de coopération, d’échange, les thèmes que l’on peut développer pendant la mandature municipale qui s’ouvre. Hasard du calendrier, la Dépêche du Midi publie le jour de notre entretien une double page sur l’aliyah des Juifs toulousains, beaucoup plus importante ces dernières années, qu’elle ne l’a jamais été et qui prive votre ville de dizaines de familles. Que pensez-vous de ce phénomène. Et faut-il essayer de l’endiguer ? C’est très inquiétant car évidemment, ce phénomène n’est pas pour l’essentiel le résultat d’un cheminement personnel et spirituel et de réflexion. Pour l’essentiel, c’est un corolaire de ce que nous disions au début de notre entretien, à savoir la montée de l’antisémitisme et donc, cela m’autorise, me semble-t-il, à exprimer mes regrets de cette situation. Je regrette qu’il y ait des Juifs français, toulousains qui, à un moment estiment qu’au fond, ils seront plus en sécurité s’ils vivent en Israël. A partir du mo- ment où ils font ce constat, où ils acquièrent cette intime conviction et qu’ils font ce choix, cela veut dire que nous sommes en échec, nous tous collectivement, que nous n’avons pas su préserver cette sécurité, cette tranquillité, cette tolérance qui pourtant est dans nos gènes de démocrates et de républicains. Donc, je ne peux pas me satisfaire de ce qui est un échec. Je le répète pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté, je mets à part ceux qui, mais je crois savoir qu’ils sont minoritaires, font leur aliyah parce qu’ils sont dans un cheminement spirituel ou familial indépendant du contexte sécuritaire français. Je pense que quand des valeurs fondamentales sont attaquées, il ne faut pas déguerpir. Il faut être là pour les réaffirmer, les défendre et pour créer des solidarités. Le Communauté Juive toulousaine a beaucoup d’amis non juifs. Je ne suis qu’un parmi ceuxci mais nous sommes nombreux à être des amis fidèles et solides. Donc je pense qu’il vaut mieux se parler, développer des relations et faire un travail. J’ai évoqué un peu plus haut un travail législatif pour justement créer et développer des anticorps à l’antisémitisme, une sorte de contre offensive au service des valeurs de la démocratie, de la République et du pluralisme plutôt que de déserter le combat. Pour clôturer l’entretien, que faut-il souhaiter au maire de Toulouse ? Et que faut-il souhaiter aux juifs de Toulouse ? Au Maire de Toulouse, il faut souhaiter d’avoir la possibilité de mettre en œuvre les engagements sur lesquels son équipe et lui-même ont été élus et donc de développer tout au long des six années du mandat le travail nécessaire au côté des Toulousains pour faire en sorte que Toulouse réussisse, que la métropole de demain soit un succès, que le développement économique soit au rendez-vous. A la Communauté Juive de Toulouse, il faut souhaiter de conserver le formidable dynamisme dont je parlais, qui fait d’elle un pilier de la République Toulousaine. Propos recueillis par Pierre Lasry Entretien Le grand rabbin Haïm Korsia Elu depuis quelques semaines, le grand rabbin de France répond à nos questions Parallèlement à ce choc que l’on a subi, même si la réaction a été positive, il y a une augmentation des actions et des discours antisémites qui n’épargnent pas Toulouse. Toulouse est comme le reste de la France. C’est une très bonne remarque. Il y a une forme de chute du Tabou et une libération de la parole et des actes, comme si finalement, les méchants avaient le sentiment qu’ils étaient ap- prouvés par une sorte de majorité silencieuse. C’est le risque grave des majorités silencieuses. On fait les choses au nom des majorités silencieuses parce que, par nature, elles ne s’expriment pas. D’où l’appel à tous nos citoyens à se lever, à parler, à dire, chacun à sa façon. On ne peut pas laisser faire en notre nom des choses insupportables. Mais en tant que Juifs, comment nous adresser à nos concitoyens ? Comment s’adresser à cette majorité silencieuse ? Chacun doit parler dans son entourage, expliquer. Chacun doit montrer que la lâcheté et le silence sont complices et combien on a besoin de sentir cette solidarité de concitoyens, qui donne corps à la fraternité, à notre devise nationale : « Liberté, Egalité, Fraternité ». J’ai vu La Dépêche qui parle d’un grand nombre de départs de familles juives de Toulouse et je crois que c’est un signal d’alarme pour l’ensemble de la société parce que cela veut dire qu’il y a des Français qui n’arrivent plus à percevoir dans ce qu’incarne la France, le rêve d’une société plus sereine, plus agréable, meilleure, la possibilité d’un futur, d’un rapido 1963 : Naissance à Lyon. 1988 : Rabbin à Reims. 2000 : Aumônier de l’armée de l’air. 2007 : Aumônier général israélite des armées. 22 juin 2014 : Elu grand rabbin de France. réenchantement de la société. Et c’est d’ailleurs l’un des constats que l’on peut faire. Les générations actuelles s’inquiètent beaucoup plus, alors que depuis toujours on était persuadé que les générations ultérieures allaient vivre mieux que nous. Maintenant, on se fait du souci pour les générations ultérieures. C’est nouveau. C’est à dire que brusquement l’horizon de sérénité est en train de disparaître. Ce signal d’alarme, je pense que l’ensemble de la société l’a entendu. Dans le titre de La Dépêche, ce qu’il y a d’inquiétant, c’est : « Exode ». Une longue amitié le lie à Jacques Chirac Le Maire de Toulouse, interrogé quelques jours avant vous, a dit sur cette question : «Pour nous, c’est un constat d’échec. Des Toulousains juifs qui s’en vont en nombre, cela veut dire qu’on a échoué à les accueillir, à leur donner les conditions d’une bonne vie ici.» Que faut-il faire, que faut-il dire pour éviter cette hémorragie continue ? ll faut reparler et reconstruire à nouveau une France fidèle à elle-même, c’est-à-dire qui protège tous ses citoyens, interdit la violence entre les uns et les autres, qui ne laisse pas cours à des formes de guerre civile où chacun au mieux s’insulte, au pire se tabasse. Parce que le judaïsme, les Juifs en France sont toujours dans le cadre républicain et refusent de rentrer dans une logique de guerre intercommunautaire, on se trouve avec : « Nous, la France doit nous protéger ». C’est ce que disent et confirment les gouvernements quels qu’ils soient avec beaucoup de force. D’autres jouent une sorte de violence, comme si le seul moyen de s’exprimer en France, était la violence. AVIVmag n°202 septembre 2014 SUITE PAGE SUIVANTE Toulouse a été meurtri, endeuillé, il y a un peu plus de deux ans. Votre prédécesseur, Gilles bernheim, a été extrêmement présent et réactif et nous a aidé à relever la tête tout de suite après, puis dans les mois qui ont suivi. Comment redorer aujourd’hui le blason d’une ville marquée par cette infamie ? “Je suis venu pour la commémoration des “un an” de cette tuerie, pour les “un an” de l’assassinat des soldats à Montauban et on a conscience effectivement que Toulouse était devenu un symbole. Mais contrairement à des villes qui portent leur infamie, ces crimes terribles ont été presque supplantés dans la mémoire collective par l’élan de fraternité qu’il y a eu après. Je l’ai perçu quand je suis venu avec Kader Arif, Ministre des Anciens Combattants et Jean-Yves Le Drian, Ministre de la Défense, parce que vous avez toujours deux options. J’ai une option biblique : « Voici, je place devant vous la vie et la mort ». Cette ville aurait pu basculer, être entrainée dans la mort. Elle a choisi la vie. Et je vous le dis d’autant plus que ce dimanche, je vais aller à l’inauguration du Sefer Torah à la mémoire du fils et des deux petits enfants de Monsieur Sandler, mon ami. Je l’ai accompagné quand il est revenu de Toulouse et c’est moi qui ai réceptionné les corps à Roissy avant de les faire partir en Israël. J’étais, à ma façon, d’une certaine manière au cœur de l’accompagnement. J’ai vu les élans de fraternité, de solidarité. La vie se lever. C’est à nous de faire en sorte que Toulouse soit le symbole de la fraternité dans l’adversité et non pas le symbole de la chute d’un monde. Sinon, cela aurait donné une victoire au criminel et il n’en est pas question. 19 Entretien SUITE DE LA PAGE PRéCéDENTE Le grand rabbin Haïm Korsia Mon vœu, c’est que nous soyons capables d’être ceux qui produisent de l’espérance Le sujet n’est pas qu’il y en ait un qui soit plus moderne ou différent, c’est plutôt qu’à un moment quelqu’un porte une espérance, et je crois que le judaïsme en France comme dans l’ensemble de la Société, a besoin d’un message d’espoir et moi, ma nature est là. Elle est de voir toujours le verre à moitié Vous êtes un homme de média. On plein. Quand le verre est à moitié plein, c’est connaît l’émission sur Direct8 « Les enqu’on a encore de la marge. Je dirais que la fants d’Abraham » à laquelle vous avez force profonde du Judaïsme, ce n’est pas participé pendant six ans. Qu’est-ce que d’être parfait, c’est cette expérience d’avoir conscience télévisuelle vous a que l’homme est apporté ? perfectible. Chaque Je dirais que le situation est parmédia, la télévision faite, parce qu’elle m’oblige à être synest perfectible. thétique, à ne pas Quand une situaparler à telle ou tion est finie, telle audience. Il terminée, bloquée, faut parler de ma- “Les enfants d’Abraham”, l’emission de Direct 8, avec le il n’y a plus d’élévanière très large. Et père Alain de la Morandais et Malek Chebel tion possible, ni l’on se rend compte lorsque le talmud dit : spirituelle, ni matérielle. Quand vous êtes « Diber ha Torah lashon Ben Adam », je au top de quelque chose, vous n’allez pas me suis rendu compte que je n’ai parlé tou- plus loin. La situation qui est la nôtre est jours que de Bible, de Torah, de Talmud. Et que l’on a besoin d’espoir et l’espoir c’est le le Talmud, la Bible, la Torah, tous ces textes moteur profond de l’humanité. Chaque juifs, profondément juifs ont aussi une au- femme, chaque homme a besoin d’espédience universelle. rance. L’effort que j’ai dû produire pour que La France, dans son ensemble a besoin l’émission fonctionne avec un prêtre Alain d’espérance et ce que j’aimerais, mes vœux, de la Morandais et aussi avec Malek Che- si vous me le permettez, en guise de conclubel, c’est justement de rendre audible à sion, d’ouverture de cette année et en l’ensemble de la Société des messages pro- particulier pour la Communauté de Toufondément juifs. Je continue à le faire et en louse c’est que comme toujours, la tout cas, j’essaie de le faire. Communauté Juive soit à l’avant garde de la Société, comme toujours, nous soyons caPeut-on dire de vous que vous avez un pables d’être ceux qui produisent de profil de rabbin plus moderne que la plu- l’espérance. Si l’on a été capable d’espérer, part des rabbins qui étaient en lice pour d’être devant la Mer Rouge avec les Egyple poste que vous avez obtenu, le poste de tiens qui arrivaient derrière, ce n’est pas parce que quelques méchants s’obstinent à Grand Rabbin ? vouloir faire de nous des sous citoyens que Moderne, je ne sais pas ce que ça veut dire. nous serons moins citoyens. On sera autant Je sais simplement que tous les candidats citoyens. On pourra autant apporter ce que étaient des camarades, pour certains de pronous sommes à l’ensemble de la Société. motion, des copains. On travaillait C’est ce message d’espoir que je veux déliensemble, on travaille ensemble à nouveau, vrer, en particulier à la Communauté de sans problème. Toulouse, qu’elle montre son courage, se Pendant la campagne, qui était vraiment fraternité, qu’elle montre son exemple à sympathique, j’ai le souvenir du passage l’ensemble de la Communauté Nationale”. d’audition à Toulouse. On passait les uns après les autres. On parlait dans le couloir. On nous avait servi des gâteaux, ça s’est Propos recueillis par Pierre Lasry passé dans une très bonne ambiance. En réalité, c’est la Société dans son ensemble qui est malade, nous ne sommes que les vigies de ce mal-être de la Société. Nous sommes ceux qui incarnons l’obligation de se ressaisir pour la Société. 20 AVIV mag n°201 “ RENCONTRE AVEC Homme de l’ombre dont on connaît le nom, la voix, le visage, connu mais discret, qui ne mâche pas ses mots, Jean-Luc Halimi se bat tous les jours sur le terrain de l’engagement pour la Communauté. Qui êtes-vous JL Halimi ? Je suis tout d’abord un vieux militant de la Communauté, j’ai toujours été très attaché à la servir, à la représenter le plus dignement possible, à faire qu’elle soit respectée et respectable, en m’imposant des règles strictes de respect de l’autre et de rigueur, que j’ai appliquées dans toutes les associations pour lesquelles j’ai travaillé et notamment au sein du CRIF où j’ai servi de nombreuses années comme Secrétaire Général. Je suis, dans la vie civile, ingénieur en Télécom spatiales depuis1981. J’ai fait mes études à l’ENSEEIHT à Toulouse dans les années 70, j’étais alors déjà un militant actif de l’UEJF. C’est également à cette période que j’ai rencontré Esther et Yossef Matusof et découvert le mouvement Loubavitch ; j’ai appris à leur contact ce que signifiait un judaïsme résolument tourné vers les autres et la force d’un engagement, et je ne l’ai jamais oublié. Nous nous sommes mariés ensuite avec Geneviève Zekri en 1981 et sommes partis vivre à Paris jusqu’en 1988. Puis, nous sommes revenus vivre à Toulouse. Depuis, j’ai une activité communautaire ininterrompue. Vous êtes un « militant de longue date » dans beaucoup d’associations communautaires ? Racontez-nous votre parcours ? En revenant à Toulouse, je me suis investi à la Fédération des Organisations Sionistes de France (FOSF), émanation de l’Organisation Sioniste Mondiale, qui régit l’action de soutien à Israël en diaspora. Là j’y ai retrouvé mon ami Gilles Nacache. J’ai ensuite rejoint le CRIF en 1990, où j’ai démarré un long parcours qui se pour- Portrait Jean-Luc Halimi UN HOMME DISCRET, MAIS DONT L’ENGAGEMENT EST INÉbRANLAbLE ! suit aujourd’hui. J’ai tout d’abord au sein du Comité Directeur, travaillé pour la Commission des Juifs d’URSS. Puis, au delà de l’action de soutien à Israël, notre principale mission était dans les années 90 de lutter contre l’antisémitisme et le Front National. Avec Yvan Macheto et Gilles Nacache, nous avons animé la Commission « Antisémitisme » ; nous y avons traité des affaires parfois délicates, révélant des situations humaines difficiles pour certaines familles juives vivant dans la région, et qui ont pour certaines mené à un procès et une condamnation. Après les accords d’Oslo en 1993, nous avons connu une relative accalmie au niveau de l’action de soutien à Israël, avant le déclenchement de la seconde intifada à partir d’Octobre 2000, avec sa cohorte de haine d’Israël, de désinformation et d’explosion d’actes antisémites en France. Le travail était considérable ; auprès d’Arié Bensemhoun, alors Président, j’ai travaillé activement au sein de la Commission «Média» avec notamment Alain Attlan et Catherine Leuchter : expliquer le sujet sur le plan historique et du droit international, trouver des argumentaires, décrypter les articles, aider les gens à argumenter face à des attaques rhétoriques très violentes contre Israël et le Sionisme. Cette période CRIF, s’est vécue dans une ambiance de militantisme exceptionnel, autour d’Arié Bensemhoun, avec notamment Roger Attali, Gilles Nacache, Daniel Tolub, Serge Allouche, Nicole Yardéni, Eric Zerbib et bien d’autres. Vous avez également mis au service de la Communauté vos compétences professionnelles en travaillant sur le chantier internet de l’EDJ ? à partir de l’année 2000, j’ai travaillé sur le projet de câblage informatique de l’EDJ, avec la mise en réseau de tous les postes de travail pour l’ensemble des associations et le raccordement à Internet. Ensuite, avec le soutien actif et bénévole de Rony Dahan et de sa société, nous avons pu développer le site web de la Communauté en 2001 (CEDJ.org : Cyber Espace du Judaïsme), dont Raymond Schmorak assure aujourd’hui la gestion comme webmaster, avec passion et efficacité. Enfin nous avons lancé la diffusion de Aviv Hebdo par Internet. Depuis 2006, nous avons aussi mis en place avec David Benchimol et Raymond Schmorak, la diffusion de la radio Kol Aviv en streaming sur Internet (webradio), qui nous permet d’être écouté par nos auditeurs aux quatre coins du monde. Depuis les projets se sont poursuivis : généralisation du câblage informatique de l’EDJ, évolution vers la Téléphonie sur IP, et aujourd’hui le projet de diffusion vidéo de radio Kol Aviv sur Internet. Jean-Luc Halimi, on connait votre voix, vous animez des émission sur Radio Kol Aviv, il s’agit là d’une autre façon de vivre son engagement ? Quels sont les enjeux d’une radio communautaire ? J’ai toujours été intéressé par la radio, qui est le média majeur au service de la Communauté. Ces derniers mois avec notamment la couverture des élections Municipales, puis des Européennes et enfin l’enlèvement et l’assassinat de nos 3 enfants en Israël suivi par l’Opération Bordure Protectrice, ont bien montré l’importance cruciale de ce média et l’attente très forte de tous nos auditeurs. Elle est aussi une vitrine de la Communauté et de ses Institutions (ACIT FSJU, CRIF) et contribue fortement à valoriser la place et l’image de la Communauté au sein de la Cité, car les auditeurs de Kol Aviv, il faut le garder à l’esprit, s’étendent largement au-delà de la Communauté. La radio est un lien que j’ai toujours cultivé au travers des émissions que j’ai animées dans le passé (ex : CRIF MAG puis REPLIQUES). J’ai été sollicité en ce début d’année 2014 par Armand Partouche et Gérald Bennarous pour rejoindre l’équipe d’animation des émissions politiques de Kol Aviv notamment en vue des élections et je les en remercie car ils m’ont permis de renouer un lien à nouveau très actif avec Kol Aviv. Aujourd’hui un dimanche sur deux, j’anime avec grand plaisir aux cotés de Gérald Benarrous la tranche matinale (9h-12h30) incluant avec notamment l’émission le Grand Plateau, des interviews, débats et décryptages de l’information politique nationale et israélienne. Un mot sur la situation des juifs de France dans le contexte que vous contribuez à décrypter semaine après semaine ? Nous vivons dans un contexte d’antisémitisme porté par une mouvance islamo-gauchiste, fort, violent, qui s’exprime désormais ouvertement, et où la question de la pérennité du judaïsme diasporique en France et en Europe est posée. Je ne fais pas partie de ceux qui poussent au départ précipité ; je préfèrerais naturellement que l’alyah reste une démarche volontaire, sereine et positive, plutôt qu’un dernier recours. La réponse à cette grave question de l’antisémitisme et de la pérennité du Judaïsme en France est entre les mains des pouvoirs publics qui en ont parfaitement conscience mais dont on ne sait aujourd’hui s’ils sauront ou pourront prendre les mesures nécessaires pour endiguer ce phénomène. L’absence de réaction forte de la société civile et le déni de la réalité de nombre d’intellectuels et responsables de média ne porte guère à l’optimisme. Le « politiquement correct » et l’aveuglement sont là, certainement mêlés à la crainte ! Les agressions n’ont fait qu’augmenter mais nombre de médias et de responsables politiques jouent sur le vocabulaire, ne parlant pas par exemple de « terroristes » mais de « combattants » ; et quant aux manifestations antisémites violentes de ces dernières semaines, certains vont du déni ou de la relativisation systématique, jusqu’à l’attribution de la responsabilité des actes antisémites … aux juifs eux-mêmes coupables de soutenir Israël. La question du départ est donc aujourd’hui ouverte, mais il est aussi clair qu’Israël a besoin d’une diaspora forte, contribuant à renforcer le judaïsme et à soutenir le pays partout dans le monde. Je reste un militant qui soutient inconditionnellement l’Etat d’Israël qui est une partie de nous-mêmes – de moi même- mais aussi qui continue à travailler pour que la Communauté soit forte, vivante, et respectée. Un mot pour la communauté de Toulouse en cette veille de fêtes ? La Communauté a plus que jamais besoin de tous, beaucoup trop peu de gens s’investissent aujourd’hui au service de la Communauté, des personnes qui auraient le temps et les moyens de le faire. Il faut qu’ils sachent que lorsqu’on se donne pour la Communauté on reçoit infiniment plus en retour ! “ Concernant le FSJU, à la demande de Jo Amar (directeur régional), je me suis présenté en 1999 à l’élection des représentants régionaux au Conseil National du FSJU alors dirigé par Alain Alter. Cette période a vu la forte montée en puissance de l’association culturelle HEBRAICA, avec notamment Albert Siboni et Maurice Lugassy et qui a initié les Journées de la Culture Juive. Propos recueillis par Yaël Rueff-Salama AVIVmag n°202 septembre 2014 21 Mémoire Les résistants juifs dans le Tarn : Dossier de Valérie Ermosilla – Pietravalle, Olivier Lalieu et Hubert Strouk A la faveur des commémorations du 70e anniversaire de la Libération de la France, le rôle des résistants juifs dans le Tarn durant la Seconde Guerre mondiale retrouve toute sa place. Depuis 1939, le nombre des Juifs avait considérablement augmenté dans le Tarn, en raison de l'afflux des réfugiés. Outre les Juifs traqués, cachés, certains sont aussi internés dans les camps de Saint-Sulpice ou de Brens, ou assignés à résidence par le gouvernement de Vichy, comme à Lacaune. Dans ce contexte, une partie choisit la voie de la Résistance. Le Tarn, département refuge Les populations juives rejoignirent le Tarn pour plusieurs raisons : proximité de la frontière espagnole et topographie avantageuse car difficile d'accès. La Montagne Noire, les Monts de Lacaune sont des espaces où forêts et rochers présentent maints abris. De plus, avant-guerre, beaucoup de Juifs commerçants du Sentier ou du Marais de Paris s'approvisionnaient en textile dans le Tarn. La forte présence des protestants dans ce département joue également un rôle attractif. Enfin, il existe une filière qui conduit ces Juifs de la zone Nord jusqu'au chantier rural des E.I.F. de Lautrec où ils trouvent conseils et aide. Ainsi, dans ce département, se développent à la fois le sauvetage des Juifs et une lutte armée qui prend en 1943 la forme originale de maquis juifs. Tout en gardant leur spécificité, ils s’intègrent aux mouvements de Résistance afin de bénéficier d'une reconnaissance officielle et des armes de Londres pour se battre. Les E.I.F. et le chantier rural de Lautrec Le mouvement des E.I.F (éclaireurs Israélites de France) est né en 1923 sous l'impulsion de Robert Gamzon qui voulait créer un mouvement de scoutisme juif. “ Scouts, juifs et Français ”, ainsi se définissent les EI. Ce mouvement souhaite concilier attachement à la France, principes et valeurs républicains et revalorisation de l'éducation juive. 22 AVIVmag n°202 Particulièrement sensibles au contexte politique depuis les accords de Munich de 1938, les EI ne se font guère d'illusion sur la pérennité de la paix. Dès lors, ils établissent dans le sud de la France des maisons de repli pour les enfants parisiens. Démobilisés après l'armistice de juin 1940 les anciens cadres EI, sous la direction de Gamzon, commencent à organiser les bases du sauvetage de la jeunesse juive en choisissant la forme de chantiers ruraux pour apprendre le travail de la terre. à Lautrec, un chef des EI, Marc Haguenau, trouve une propriété et sous la direction de Gamzon et de Léo Cohn y installe une première équipe de “défricheurs” le 15 novembre 1940. Ce mouvement E.I est reconnu officiellement et intègre la Fédération des associations scoutes françaises. Dans l'immédiat, la préoccupation majeure du mouvement demeure le sauvetage des enfants. Cette urgence oblige les EI à adhérer à l'UGIF le 30 mars 1942. Le chantier de Lautrec compte 50 à 70 personnes que le gouvernement de Vichy suspecte de mener des activités clandestines. En effet, ils cachent des Juifs traqués, leur fournissent des faux papiers notamment après les rafles d'août 1942. Dans ce contexte, le Commissariat Général aux Questions Juives ordonne la dissolution des EI en février 1943. Cette mesure donne un réel élan à la réaction des Juifs face à l'oppression : le sauvetage et l'entraide s'intensifient et les jeunes EIF s'engagent pleinement dans la lutte armée. locale qui se trouve déjà bien implantée à Vabre grâce aux efforts de “ Pol Roux ”( Guy de Rouville). Après La Malquière, une partie des E.I, placée sous la direction du lieutenant Roger et de Gilbert Bloch (lieutenant Patrick), s'installe en mars 1944 à La Roque. Un mois plus tard, Adrien Gensburger (Sergent Adrien) avec 38 hommes, fonde le maquis de La Cado. L'ensemble est commandé par Robert Gamzon (capitaine Lagnès). L'intégration dans les Corps Francs de Libération du Tarn (CFL10 Vabre) Ces groupes intègrent au printemps 1944 le CFL 10 Vabre. Dépendants de l’Armée Secrète ils sont placés sous l’autorité de Pierre Dunoyer de Segonzac, chef militaire de la Zone A. Gamzon les baptise Compagnie Marc Haguenau, en souvenir du secrétaire général des EI, mort à Grenoble en 1944 au cours de son évasion pour échapper à la Gestapo. La judéité de cette compagnie s'épanouit dans la vie quotidienne du maquis : chants traditionnels, prières, rites et coutumes hébraïques. L'action militaire des sections juives combattantes du Tarn au sein du CFL 10 Vabre NAISSANCE ET ACTION DES MAQUIS JUIFS DU TARN Un maquis E.I.F. “ pour ne plus être des lapins, mais des bêtes qui ont des griffes et des crocs ” selon Gamzon Après leur dissolution, les EI de Lautrec décident de prendre le maquis. Ils veulent participer aux combats de Libération nationale, en tant que Juifs français, fiers de leur identité. En décembre 1943, ils créent leur premier maquis à La Malquière. Il regroupe huit hommes. Son chef, Roger Cahen, dit lieutenant Roger, se charge de le structurer et d'accueillir les nouveaux venus. Gamzon prend rapidement contact avec la Résistance Libération de Castres par les maquisards, archives privées Jean-Paul Nathan En 1944, le maquis de Vabre compte 448 engagés. Sa 2ème Compagnie est forte de 138 hommes dont 87 résistants juifs. Il est attaqué à La Roque le 8 août 1944. Sept hommes tombent au combat dont Gilbert Bloch. Plus tard, la Compagnie Haguenau participe des héros méconnus à l'attaque du train de Mazamet. Ce 19 août 1944, les résistants juifs soulignent avec fierté leur identité. Défilant devant les prisonniers allemands, ils clament “Ich bin jude!” (“Je suis juif!”). Hubert Beuve-Méry relate cet épisode glorieux dans un article de Temps présent intitulé “La guerre des juifs”. Les membres de la Compagnie Haguenau prennent part, enfin, à la Libération de Castres le 20 août 1944. La majorité de ce peloton juif s’engage ensuite dans le 12e Régiment de Dragons qui part de Castres le 6 septembre 1944 pour poursuivre la lutte au-delà du Rhin. mars 1944, qu’il quitte pour L'Espinassier un mois plus tard. La responsabilité de ce maquis est confiée à Jacques Lazarus, figure majeure de cette Résistance juive. Achille Szpilfogiel, dit Freddy, est Témoignage Le marquis d'Aragon, chef de résistance locale, souligne “ Il existait un maquis totalement homogène, c'était le maquis juif. À certains d'entre eux, aux discours que nous entendions, à quelques détails vestimentaires, nous savions que nous avions affaire à des juifs religieux. Dans quels temps vivions-nous ? Nous avions vu tant de juifs partir en groupe et captifs vers l'Allemagne. Voilà enfin que nous avions devant nous, rassemblés, entraînés, des juifs prêts à prendre le même chemin, mais cette fois en armes. Personne n'avait l'air plus militaires que ces hommes dont les propos nous rendaient graves » Le maquis de l'Armée Juive L'Armée Juive est née en janvier 1942 à Toulouse sous l'impulsion de Abraham Polonsky et de Lucien Lublin. Cette organisation est issue de la “ Main Forte ”créée en 1940 par Dika Jefroykin, David Knout et sa femme Régine, un groupe de juifs sionistes. Ils se fixent comme objectif une Résistance immédiate et armée, pour libérer le territoire, et pour participer à la fondation d'un état juif. Le mouvement se structure en se dotant d'un service de faux papiers, de filières de passage vers l'étranger, de groupes francs et enfin d'un journal clandestin, Quand Même. A l'été 1943, l'AJ choisit de fonder un maquis dans le Tarn. Ses résistants s'entraînent au combat notamment au Rec. Plus tard, les dirigeants de l'A.J créent un maquis autonome, spécifiquement juif. Il voit le jour à Biques, le 15 novembre 1943 sous le commandement de Pierre Loeb (dit Pierrot) et de Henri Broder. Mais, la situation devenant précaire, le maquis s’implante à Lacaune, à Martinou en anonymes qui ont marqué l'histoire de ces maquis du Tarn. Ces résistants, français ou étrangers, combattirent pour libérer la France de l'Occupation, et du régime de Vichy, restaurer les valeurs républicaines et préserver leur identité, à l'image d'Achille Szpilfogiel, un des membres des EIF du maquis de Vabre dans la compagnie Marc Haguenau. Le maquis de l’Espinassier De gauche à droite : Jean-Jacques FRAYMAN, Jacques LAZARUS, PATRICIA, Henri BRODER, Pierre LOEB et Albert COHEN. Coll. Mémorial de la Shoah / CDJC Le peloton Trumpeldor Après entente avec la Résistance locale, les membres de l'AJ conviennent d'intégrer le Corps Franc de la Montagne Noire (CFMN) le 6 juin 1944 afin de prendre part aux combats de libération du territoire. Adoptant comme symbole le drapeau “ Bleu-Blanc ”, ces résistants se regroupent dans une unité et la distinguent par son nom: le Peloton Trumpeldor, en souvenir de cet officier de l’armée tsariste engagé dans le mouvement sioniste. Dans ce CFMN, fort de quelque 800 maquisards, le peloton Trumpeldor compte 40 résistants. Le commandement est alors confié au lieutenant Leblond de l'Armée Secrète, de son vrai nom Lévy-Seckel. Converti au protestantisme en 1939, il réclame l’honneur de commander cette unité juive en 1944. Le CFMN subit une sévère attaque allemande le 20 juillet 1944 qui l'oblige à se disperser en petites unités pour rester efficace. Alors qu'il cherche un repli pour son peloton, le lieutenant Leblond est arrêté et fusillé par les Allemands le 5 août 1944 à l'Espinassière. Réintégré au CFMN après le 15 août, ce peloton participe activement à la Libération du département. Ces maquisards ne se contentèrent pas de libérer le Tarn : ils poursuivirent la lutte en territoire allemand jusqu'à la victoire finale. né en 1924, à Random en Pologne. En 1942, recherché par les Nazis à Paris, il se replie sur Toulouse. Il rencontre alors Léon Nisand- Neugewurtz, dit Léon Desc a m p s , aumônier des camps d'internement du Sud de la France qui le charge de distribuer de fausses cartes d'identité. En juillet 1943 à Toulouse, il est arrêté et interné au camp de Noé. Léon Descamps organise son évasion le 29 décembre 1943. L’aumônier envoie alors Freddy au maquis de Vabre où il intègre la Compagnie Haguenau et participe à différentes actions : parachutages, défense de La Roque, attaque du train de Mazamet et libération de Castres. Il est ensuite incorporé dans le 12e régiment de Dragons. Il se bat jusqu’à Belfort en octobre 1944, mais il est renvoyé parce qu'il n'est pas de nationalité française. Dossier réalisé par Valèrie Ermosilla – Pietravalle, professeur d'histoire, Olivier Lalieu, historien, responsable de l’aménagement des lieux de Mémoire et des projets externes, Mémorial de la Shoah et Hubert Strouk coordinateur régional du Mémorial de la Shoah pour le Sud de la France. Cet article s'appuie sur la récente exposition consacrée à la Résistance juive dans le Tarn, présentée le 27 mai 2014 à la Mairie de Lacaune, en partenariat avec l'Association des Amitiés judéo-lacaunaises présidée par Jacques Fijalkow. Elle bénéficie du soutien de l’Office Nationale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre et de la Mairie de Lacaune. Difficile de présenter tous les héros parfois AVIVmag n°202 septembre 2014 23 Les associations LE CRIF LA WIZO La République doit réagir … « Ici, dans cette terre de France, le judaïsme a trouvé des racines profondes. Juif et Français : l’un ne va pas sans l’autre ! » Cette phrase a été prononcée le 27 février 2014 à Toulouse, par le premier ministre Manuel VALLS (alors ministre de l’intérieur) lors du Diner du CRIF. qui n’a pas été effleuré par l’idée de faire son alyah ? En août 2014 ce sont plus de 5000 juifs (contre 3000 juifs en 2013) qui ont décidé de partir. Le visage des migrants vers Israël a changé. Les années précédentes, l’alyah était surtout le fait d’étudiants. Aujourd’hui ce sont des familles ; beaucoup partent pour ne plus ressentir cette inquiétude Manuel Valls arrive au centre de congrès Pierre-Baudis de Toulouse. Il était l’invité d’honneur du repas annuel du Crif Midi-Pyrénées, cinq cents invités étaient présents, dont le préfet de région Michel Comet, le président du conseil régional Midi-Pyrénées, Martin Malvy, le maire de Toulouse, Pierre Cohen, le président national du Crif, Roger Cukierman, ou le cinéaste Alexandre Arcady. De l’assassinat d’Ilan Halimi au massacre du musée juif de Bruxelles en passant par la tuerie ignoble d’Ozar Hatorah. De L’antisémitisme fructueux du pseudo humoriste qui piétine, souille et tue une seconde fois les victimes de la Shoah aux manifestations pro-palestiniennes, en passant par des « morts aux juifs ! » scandés dans des rassemblements qui ne concernent pas directement la communauté juive, une partie croissante des juifs pense quitter la France. En analysant la situation, permanente d'insécurité pour leurs enfants. Paradoxe de l’histoire, à l’heure où la France commémore le soixante - dixième anniversaire de sa libération face à l’oppresseur nazi, la communauté juive France et d’Europe est menacée par l’accroissement de l’antisémitisme ! A Toulouse, le CRIF, l’ACIT et le FSJU travaillent de concert avec les responsables politiques, les services de police et le rectorat pour assurer au mieux la sécurité de notre communauté. Et même si les gouvernants prennent avec importance nos propos, ce combat contre l’antisémitisme ne cesse de gangrener notre société. La lutte contre cette haine ne peut être gagnée sans un véritable sursaut républicain. Si la France veut redonner confiance aux juifs qui ne partiraient pas si ils n’avaient pas ce sentiment d’abandon, il faut que les mentalités changent. L’antisémitisme c’est avant tout le problème de tous ceux et celles qui se revendiquent républicains et qui veulent que la laïcité et le vivre ensemble triomphe. Le CRIF ne cesse d’expliquer ces problématiques sans relâche à tous ses partenaires. Lorsqu’une personne est agressée pour son appartenance religieuse, c’est que le socle républicain et les valeurs les plus profondes basées sur la tolérance sont fragilisés. C'est purement et simplement un échec grave pour un état qui se veut « pays des droits de l’homme ». La grande majorité des juifs de France souhaite rester ici, ils veulent garder confiance dans les fondements même de notre république. Il faut qu’au-delà des mots il y ait des actes concrets qui puissent garantir la sécurité de notre communauté. La plupart des juifs de France ne souhaitent qu’une chose : rester les enfants d’Abraham et de Marianne. La WIZO à Toulouse Dans quelques jours nous entrerons dans les fêtes de Tichri ; dans quelques jours nous serons dans nos synagogues – hélas gardées comme des blockhaus. Espérons dorénavant qu’Israël n’aura plus à affronter les roquettes et que les Israéliens pourront enfin vivre en paix. Mais le pays devra faire face à d’autres problèmes internes, sécuritaires, économiques … C’est là que nous, Wizéennes, avons un rôle important à jouer. La Wizo a toujours participé pour 1/3 du social en Israël. Grâce à vous des crèches, des écoles professionnelles, des dispensaires, des abris ont été créés. Ces réalisations, nos réalisations doivent continuer à vivre et ainsi réduire les inégalités sociales qui sont encore présentes en Israël. Chères amies, maintenant plus que jamais, nous avons besoin de vous, de votre soutien, de votre appui. Malgré soucis et difficultés nous pouvons être fières de notre travail et avoir foi en l’avenir de la WIZO. C’est pourquoi, avec Colette Simon, présidente de la section toulousaine, je lance un appel à toutes nos sympathisantes. Venez nous rejoindre, engagez-vous, aidez-nous à élargir le pont qui relie nos deux rives : Israël et la Diaspora Mes meilleurs vœux de chana tova, que cette année apporte paix, sécurité et sérénité à Israël et aux juifs de France. Anny Beck Salomon ATTIA Secrétaire Général du Crif Toulouse Midi Pyrénées La Wizo en 1966, déjà sur le pont… 24 AVIVmag n°202 Katia Nakache Les associations l’EDJ Et encore du nouveau à l’EDJ… Septembre 2014, veille des fêtes de Tichri, Katia Nakache, directrice de l’EDJ, reprend les rennes. Avec toute son énergie, entourée de son équipe, elle travaille sur le nouveau programme d’activités et d’animation dans l’espace communautaire. Son objectif est toujours aussi affirmé, continuer à remplir et à dynamiser cet espace. Entretien de rentrée Septembre, une nouvelle année démarre qui, nous l’espérons, sera placée sous des auspices favorables pour tout le monde. Vous reprenez les activités à la tête de l’EDJ avec toujours le même enthousiasme. Quelles bonnes surprises nous attendent cette année ? L’an dernier, nous avons initié plusieurs activités nouvelles comme les thés dansants et les rendez-vous beauté qui ont connu un certain succès mais qui peinent tout de même à démarrer. Je vais donc renouveler ces programmes, mais plus ponctuellement des dimanches par exemple. Je vais aussi mener une petite enquête de satisfaction sur ces deux animations pour voir dans quelle mesure je les propose. Puis, je souhaite développer d’autres activités telles que des cours de Zumba, de théâtre et des Ateliers Cuisine. Pour les collégiens et lycéens, nous avons des étudiants autour de nous qui nous ont proposé de mettre en place des créneaux d’aide aux devoirs, Je suis très aidée par Simon Hababou pour ce projet ! Ensuite, certainement le 30 novembre prochain – mesdames prenez date ! – nous allons consacrer la Journée aux Femmes Juives : un dimanche après-midi entier avec coiffeurs, esthéticiennes, massages, relooking, Taï Chi, Feng Shui etc… suivi d’une soirée à thème pour profiter de cette mise en beauté du jour !!! compter sur elle. Je me suis entourée l’an passé de supers «mamys bénévoles» qui viennent animer et encadrer les activités, en particulier celles consacrées aux enfants. Mais, il manque des heures à mes journées pour gérer à la fois le développement des animations et les aspects administratifs. Je profite d’ailleurs de votre interview pour lancer un appel à des bénévoles volontaires qui seraient prêts à m’aider quelques heures par semaine pour que je puisse mener à bien ces projets. Le centre aéré Qui sont vous principaux partenaires ? Je souhaite vraiment travailler avec toutes les associations. A ce jour, je travaille évidemment avec les associations Hébraïca et Hé- Vous avez permis à de nombreux enfants l’an passé de venir passer des journées d’activités à l’EDJ pendant les périodes de congés scolaires, ils semble qu’elles ont eu un échos très favorables, allez-vous renouveler ces actions ? Oui, bien sûr !!!! Je travaillerai de nouveau en partenariat avec le Gan Rachi pour l’organisation de ce programme. Nous avons aussi de nouvelles idées pour amuser les enfants mais je n’en dévoile pas plus, je leur réserve des surprises… Merci Katia La soirée de réveillon 2013 Enfin, nous allons réorganiser la soirée du 31 décembre qui semble-t-il est attendue du public conquis de la première édition. Quand commence ce programme ? Est-il décliné pour tous les âges et peut-il répondre à toutes les envies ? A qui est-il destiné ? Nous démarrons 1er octobre, entre Roch Hachana et Yom Kippour. Tout le monde pourra y trouver des activités qui lui conviennent. braïca Jeunesse au quotidien mais aussi avec Eydel Weill d’Aviv Hanashim et Batia de Lev Tahor ; L’ACIT et le FSJU sont constamment à nos côtés pour nous aider et nous guider dans l’organisation des événements ! Disposez-vous des moyens techniques et humains suffisants pour mener à bien vos projets ? J’ai beaucoup d’idées d’animations et de services à développer pour répondre aux attentes de tous. L’équipe de l’EDJ est très présente et je sais que je peux Propos recueillis par Yaël Rueff-Salama Inscrivez vous sur le statut Facebook sécurisé et retrouvez les animations et le programme de l’Espace du Judaïsme EdjToulouse New AVIVmag n°202 septembre 2014 25 Maurice Lugassy Les associations HEbRAICA Des Journées de la Culture Juive en une dramatique actualité Lorsque nous avons choisi le thème des xxIIes Journées de la Culture Juive, nous ignorions en janvier 2014 que nous serions au cœur de l’actualité. En rejoignant les dates commémoratives de 1914 et de 1944, le programme 2014 devait concerner les guerres et la manière dont les Juifs les ont vécues, à la fois dans leur chair et dans leur foi. Nous en sommes ainsi arrivés au titre assez simple, Tu ne tueras point, et à une ligne générale, les liens entre les Juifs, le judaïsme et la violence. Puis, en tant que thématique consécutive, les diverses manifestations de résistance à l’oppression, aux répressions, aux guerres, et au génocide. Nous avons ainsi depuis plusieurs mois mis en place une affiche ( un soldat sombre qui porte une fleur au bout du fusil, dans un champ de coquelicots), et décliné la thématique en films projetés au cinéma ABC (To be or not to be avec Mel Brooks, Sobibor de Lanzmann, Exodus de Premminger) et au Goethe Institut (Tu marcheras sur l’eau d’Eytan Fox). On a ajouté du théâtre, en partenariat avec le Théâtre Garonne (l’adaptation de Histoire d’une vie d’Appelfeld) et au Goethe Institut ainsi qu’à l’EDJ, un montage inédit de pièces de cabaret d’Hanoch Levin, en une traduction nouvelle. Résister à la violence par le rire, par le témoignage, par la transmission. En arrière-plan, du 8 novembre à début décembre, l’exposition réalisée par Monique-Lise Cohen, les Juifs dans la résistance, maintient présente cette double thématique, violence et résistance. Et puis, l’été vint. Le soleil, les séjours à la plage et… les missiles sur Israël. Bon nombre d’entre nous avons été finalement la cible de ces missiles lancés aveuglément sur les civils à Ashdod, Ashkélon, Tel Aviv et même Jérusalem, pour ne citer que ces villes. Et là, ce qui ressortait des livres d’histoire prend une réalité palpable, solide, meurtrière. Notre affiche résonne alors lugubrement, nous créons alors un nouveau visuel ; nos premiers choix fonctionnent mais semblent terriblement 26 AVIVmag n°202 incomplets. Nous lançons une série d’invitations : l’ancien ambassadeur Elie Barnavi, le promoteur infatigable de la paix Marek Halter, l’auteur d’un excellent livre et documentaire sur les Frères musulmans, Michaël Prazan, et, en provenance d’Israël, les romanciers A.B. Yehoshuah et Edgar Keret. Quant à Pierre Jourde, il nous rejoindra le 20 novembre pour un dîner-rencontre. Pierre Jourde, écrivain et blogueur, inlassable défenseur d’Israël C’est à ce parcours à la fois dans l’histoire, dans l’actualité et dans la pensée juive qu’Hébraica vous convie dès le 8 novembre. En cette période très agitée et floue, à l’Espace du Judaïsme et dans les lieux partenaires, les journées de la Culture juive nous aideront à parler, réfléchir, mieux comprendre, mieux nous comprendre, sans oublier de rire, ensemble. Maurice Lugassy, Président d’Hébraica PRENDRE DATE Samedi 8 novembre 21h Edj, Ouverture, La Nuit des Arts Mercredi 12 novembre, 20h30, Goethe Institut, Cabaret inédit d’Hanoch Levin Jeudi 13 novembre, 20h30, Edj, Jacques Sémelin, en partenariat avec l’AJC Jeudi 20 novembre, 20h, Edj, dîner rencontre avec Pierre Jourde, écrivain Programme complet sur hebraicatoulouse.com Laurent Taïeb Linda Sztulman Les associations PASSERELLES Un bien « Bel été » à renouveler Du 28 juin au 31 juillet Laurent Taïeb, délégué régional du FSJU-AUJF et Linda Sztulman, responsable régionale du réseau Passerelles ont proposé de décliner le programme national « Bel été » pour les aînés de Toulouse et sa région ; un succès qui ne s’est pas fait attendre. Retour sur le mois de juillet : m’ont demandé de le développer tout au long de l’année. Je crois que le succès était au rendezvous ! Si on doit dresser un palmarès des activités, quel serait-il ? Parmi les activités qui ont le plus plu ? Calicéo, les sorties à la forêt de Bouconne, au château de Laréol ou à la Cité de l’Espace arrivent en tête ! Je pense qu’à travers ces activités, les gens ont exprimé ce besoin de vacances et de loisirs. Au zoo de Plaisance du Touch Les repas étaient bien entendu strictement cachers; ils se déroulaient soit à l’EDJ, soit sur les lieux de pique-nique. Je tiens à rappeler que ce programme a pu fonctionné grâce au soutien du FSJU, de la Mairie de tains en couple et d’autres seuls. Au début, je comptais une vingtaine de participants, puis au fur au et à mesure du déroulé du programme, un effet boule de neige a permis de gonfler les effectifs jusqu’à une quarantaine, en Face à ce retour très positif il va falloir envisager de renouveler cette action l’été prochain ? Bien entendu nous allons la renouveler au regard de ces échos. On va garder la même forme, en augmentant certainement le nombre d’activités proposées par semaine – peut-être 3 à 4 - ou bien même à étendre sur le mois d’août pour répondre aux demandes exprimées. Bien entendu, nous dépendrons aussi des aides allouées, mais je pense que le public nous attend ! Entretien avec Linda Sztulman Linda, pouvez-vous nous rappeler en quelques mots le programme que vous avez développé et les objectifs poursuivis ? L’objectif était simple : proposer des activités ludiques et culturelles aux seniors qui, faute de moyens ou d’accompagnant, ne pouvaient partir en vacances. Nous avons choisi d’organiser deux activités par semaine, réparties de façon à la fois ludique – piques niques à la forêt de Bouconne, au lac de Saint Féréol, demi-journée à Calicéo ou encore visite du zoo de Plaisance - et culturelle - visite guidée du Musée des Augustins, du château de Laréole, de la Cité de l’Espace ainsi qu’un atelier d’écriture. Toutes ces sorties ont été animées par des professionnels. Pour exemples, l’atelier d’écriture était animé par Annie Bloch-Raymond, sociologue aujourd’hui à la retraite, et les visites de musées étaient assurées par des guides conférenciers. Cité de l’Espace - De gauche à droite : Renée, Elisabeth, Fortunée et Esther ! Toulouse, du Conseil Général, du Conseil Régional et de l’ACIT. Ces subventions ont permis de ne demander aux participants qu’une faible participation aux frais. Je crois savoir que ce programme a rencontré un vif succès, combien de personnes y ont participé ? J’ai enregistré en moyenne une quarantaine de personnes à chaque activité. Beaucoup sont venus entre amies, leur mari ne voulant pas forcément venir, cer- L’atelier d’écriture a connu plus de retenue ; d’ailleurs, j’ai compté beaucoup moins de participants. Je pense qu’il y a une certaine pudeur des personnes face à cet exercice qui demandait d’écrire son histoire pour la transmettre à ses petits enfants. comptant un noyau dur à chaque activité. Le bouche à oreilles a très très bien fonctionné. Les effectifs ont augmenté au fur et à mesure du mois de juillet, votre public a donc été conquis ? « Bel été » a eu un très bon écho. Tout le monde était enchanté, d’autant plus que c’était la première fois que ce type de programme était proposé à Toulouse. Certains ont même regretté qu’il ne soit pas prolongé sur le mois d’août. D’autres Merci Linda Propos recueillis par Yaël Rueff-Salama AVIVmag n°202 septembre 2014 27 brèves Samedi 5 avril Dimanche 29 juin L’Ordre National du Mérite honore Robert Marcault L’assemblée générale de l’ACIT : préparer demain L’ordre national du Mérite rend un hommage solennel à la mémoire du Déporté et Grand Résistant que fut Robert MARCAULT. A l’issue de son assemblée générale, le 5 avril 2014, l‘association des membres de l’Ordre national du Mérite que préside Gérard ELBAZ, en Haute-Garonne, offrait un grand moment d’émotion à une nombreuse assistance réunie dans l’amphithéâtre de Météo France. En effet, sous la présidence du Préfet Henri-Michel COMET et en présence des plus hautes personnalités civiles et militaires, un vibrant hommage était rendu à la mémoire de Robert MARCAULT, déporté et victime du nazisme. Il fut un grand témoin, qui à sa libération, a eu le courage et l’intelligence de prévenir des foules de jeunes en leur déclarant « Si je suis là, c‘est pour vous mettre en garde : n’écoutez pas les sirènes qui vous invitent à la haine de l’autre, des différences… dites non à l’horreur autour de vous » Avant de remettre le Trophée de reconnaissance à sa veuve Mme Annie MARCAULT, le Préfet COMET donnait lecture du texte qui y était gravé : « La République Française avec toutes ses composantes et à l’initiative de la section des membres de l’Ordre national du Mérite de la Haute-Garonne, témoignent avec ce Trophée un vibrant hommage au souvenir de Robert MARCAULT, survivant des camps d’extermination nazis pour son inlassable travail de témoignage et de transmission de la Mémoire de la Shoah auprès des nombreuses générations ! Il restera dans nos esprits notre plus grand et vénérable témoin ». Mardi 1er juillet C’est un rendez-vous important. L’Acit, c’est nous, et dans ce moment d’échange annuel, chacun de nous a son mot à entendre, comme il a son mot à dire. Les services cultuels de la communauté juive de Toulouse sont à la disposition de tous pour tous les moments de la vie, et les fêtes de Tichri aujourd’hui en sont un vivant exemple. L’assistance était nombreuse. Les grands sujets ont été passés en revue par le président Arié Bensemhoun, et le trésorier Michel Khalifa a rendu son rapport financier. Yves Bounan a présenté la nouvelle charte des statuts de cotisants, mise en place pour pallier les départs récents qui laissent un vide à combler pour pouvoir continuer à gérer notre communauté comme elle le souhaite et le mérite. Synagogue Hékhal David : hommage aux trois jeunes israéliens assassinés C’est dans une atmosphère de recueillement malheureusement trop connue que s’est déroulé un office spécial à l’Espace du Judaïsme à l’appel du Rabbin Avraham A. Weill et de toutes les organisations juives. « Il y a un temps pour pleurer, un temps pour prier et un temps pour agir. Soyons fort dans l'unité » a dit le rabbin. A la fin de l’office, Nicole Yardéni, présidente du CRIF Midi-Pyrénées, a précisé que les juifs entrent dans une nouvelle période complexe dans laquelle les accusations face aux représailles israéliennes ou tentatives de justifications de tels actes au nom d’un contexte politique difficile au Moyen-Orient, doivent trouver des réponses fermes et des arguments affutés. « Israël va détruire le Hamas et les organisations islamistes barbares », ceci doit être entendu, compris et admis. 28 AVIVmag n°202 brèves Mercredi 30 juillet Le dernier convoi Jeudi 31 juillet Manifestation pro-israélienne sous haute surveillance Scandant «Israël légitime défense» ou «Hamas, AlQaïda même combat», plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à Paris pour soutenir Israël et son offensive sur Gaza. Répondant à l'appel du Crif, quelque 4.500 manifestants, selon la police, 6.000 selon les organisateurs, se sont réunis vers 18h30 devant l'ambassade d'Israël, dans le VIIIe arrondissement de Paris, pour ce premier rassemblement pro-Israël organisé dans la capitale depuis le début du conflit, le 8 juillet. Photo D.R Le 30 juillet à 12 h 30 eut lieu sur le parvis de la gare de ToulouseMatabiau la lecture des noms des personnes emportées par le dernier convoi le 30 juillet 1944. Serge Klarsfeld ainsi que Jacques Fredj, directeur du Mémorial de la Shoah, ont fait le déplacement pour rendre hommage aux victimes du régime nazi et de Vichy. Parmi l'assemblée nombreuse, nous pouvions remarquer la présence d'anciens déportés, rescapés de ces wagons de malheur en 1944. Parmi eux, certains venaient de Paris ou de Nice, tandis que Madame Marie Vaislic, (ci-contre à l’âge de sa déportation) mesurait en tant que toulousaine, la course infernale de l'histoire, celle qui emporte, qui fait disparaître ou qui épargne jusqu'à un retour au point de départ. Maurice Lugassy Coordinateur régional du Mémorial de la Shoah samedi 6 septembre Le traitement médiatique de la guerre à Gaza Quel traitement médiatique de la guerre ? Comment les envoyés spéciaux traitent avec les porte-parole du Hamas ? Et avec l’armée israélienne ? Des journalistes de France Culture, en compagnie d’Arno Klarsfeld ont essayé de répondre… ExTRAITS Isabelle Veyrat-Masson, historienne, sociologue des médias : les accréditations sont faciles à obtenir tant du côté israélien que du côté palestinien. Guillaume Auda, iTélé et RTL : “il y a une différence notable : aujourd’hui les israéliens permettent aux journalistes étrangers d’entrer dans la bande de Gaza, alors qu’ils savent que les images peuvent leur être défavorables. Ce n’était pas le cas en 2009”. Emmanuel Halperin, journaliste israélien, ”aucun journaliste n’a filmé ou interviewé un combattant du Hamas. Encore moins filmé un site de lancement de roquettes. Quand des journalistes ont enquêté pour vérifier si les roquettes étaient tirées depuis des zones civiles, ils ont été recherchés et expulsés de Gaza.”’ Helène Sallon, du Monde : “Impossible de trouver un combattant, d’interroger un dirigeant politique, tout le monde est caché, on ne voit rien. Quand j’ai couvert l’enterrement des trois hauts commandants de Rafah, tous les La manifestation s'est tenue sans incidents mais sous haute surveillance: rues alentour bouclées, accès filtré par la police et important service d'ordre. A plusieurs reprises les manifestants, agitant petits drapeaux israéliens et français, ont entonné l'hymne national français, La Marseillaise. à Lyon, entre 800 et mille personnes se sont aussi rassemblées jeudi soir à la Grande synagogue pour apporter leur soutien à l'état et à la population d'Israël. From Le Figaro du 31 juillet 2014 jeunes gens étaient en civil et je n’ai croisé aucun combattant.” Guillaume Auda : “les porte-paroles du Hamas tenaient des conférences de presse à l’intérieur de l’hôpital Shifa. J’ai vu des responsables du Hamas, une fois, qui se repliaient après un bombardement massif, et c’est très rare. S’il a fallu attendre 40 jours pour qu’Israël trouve des hauts cadres du Hamas et les tue, c’est encore plus difficile pour des journalistes.” Ludovic Piedtenu (France Culture) : “avec l’armée israélienne, c’est très facile de travailler, ils envoient des extraits vidéo de leurs opérations, parfois quelques heures à peine après. C’est réactif, très bien organisé. Le personnel qui s’occupe de la presse est bienveillant, parle français…” Isabelle Veyrat-Masson : “on a envie de connaitre les effets de ces images à travers les sondages. Malgré le nombre d’images, les français se désengagent. 70 % déclarent que leur sympathie ne va ni vers Israël, ni vers les Palestiniens. Ils n’ont pas envie de prendre position. Mais il y a un effet sur la sympathie à l’égard d’Israël qui s’est inversée. De 68 % de sympathisants dans les années 1950/60, ils sont seulement 14 % aujourd’hui. Mais il n’y a pas pour autant de sympathie à l’égard des Palestiniens même s’ils sont pour un état palestinien. Est-ce que les médias ont eu un rôle négatif à l’égard d’Israël ? Je crois qu’il faut voir un autre chiffre qui montre que l’existence de l’état d’Israël n’est pas en cause. Seuls 1 % se déclarent contre son existence. Ils étaient plus nombreux en 1970. Le peuple français est, en Europe, le plus favorable à Israël. Arno Klarsfeld : La France n’est pas antisémite, la société est très ouverte aux Juifs mais il y a une partie de la jeunesse des banlieues, une frange de l’extrême-gauche, le noyau dur de l’extrême droite Propos recueillis par Pierre Lasry qui est farouchement antisémite. AVIVmag n°202 septembre 2014 29 Mémoire Pologne…France…Israël Autour de Max Honikman • 1re partie Le nom de Max Honikman est lié à d'autres noms de la petite communauté ashkénaze d'après-guerre: M. et Mme Chilstein, Oscar et Paulette Shapiro, Dr Anklewitch et sa femme, Dr Gynfogel père et fils, M. Kaufmann, … des amis intimes auxquels viennent s'ajouter les grossistes de la place de la Bourse et de la rue Ste Ursule : les Zilberberg - partis à Paris au début des années 60 - et puis les Grushewski (Fanny que nous avions revue à Tel Aviv), Borowski, Perleberger, Petchenik, Chizen, Guenashov, Shtulman, Grauhar et d'autres encore qui mériteraient d'être cites mais qui échappent à ma mémoire. Je ne pourrai conclure cette liste sans mentionner le nom de M. et Mme Kishner, non pas liés au commerce des "shmates" mais à celui des "delicatessen": le concombre salé est pour moi comme la madeleine de Proust et le magasin de la rue des Filatiers me revient instantanément en mémoire, avec toutes ses odeurs alléchantes d'épices, de "shprotes" et de pain noir! Tous ces noms évoquent des personnalités fortes et conscientes de leur responsabilité de faire renaitre de ses débris une nouvelle communauté saine et dynamique qui tout en restant attachée à son passé et à ses valeurs culturelles et religieuses, a su s'adapter à la réalité d'après-guerre en France et créer des liens nouveaux avec le jeune état d'Israël. C'est là que Max Honikman entre en scène au début des années 1950. 1 – le jeune homme militant (de 1932 à 1947) Adolescent il est déjà actif dans le mouvement "Ha halouts"(le pionnier) alors qu'il étudie au lycée O.R.T. de Vilno (Pologne). C'est en 1932 qu'il débarque à Paris où il poursuit ses études d'ingénieur radio à l'Ecole des Arts et Métiers tout en continuant ses activités sionistes. En 1935, il tente son Alya en 'Erets Israel" mais reçoit une réponse négative à cause des nouvelles rigueurs imposées par le mandat britannique. Il reste donc à Paris et une fois diplômé, est embauché par la société de radio Pathé Marconi (La Voix de son Maitre). A la suite des mesures anti-juives qui sévissent 30 AVIVmag n°202 dans Paris en 1940, il est encouragé par son patron à quitter Paris et se refugier dans la zone libre. C'est ainsi qu'il débarque à Toulouse avec une lettre de recommandation pour M. Martin Gautier, le "Pathé Marconi" de Toulouse qui l’embauche immédiatement dans sa maison de la radio, rue d'Alsace Lorraine! Une nouvelle vie commence mais le calme est de courte durée. Max est dénoncé et interné au camp de Recébedou. Je tiens à citer M. Martin Gautier père en tant que "Juste parmi les Nations" car c'est grâce a son intervention rapide que Max a été libéré et grâce à son soutien qu'il a pu fuir la France occupée et rejoindre la 2ème D.B. (Division Blindée du général Leclerc). Le détail de son parcours pendant la guerre a été publié dans « Aviv » n° 197 de de juin 2013, p12. 2 - Les années d'après-guerre. Fin 1947, c'est à Toulouse qu'il choisit de retourner, accompagné de son épouse Jeanne (Yenta) Bechkes rencontrée en Pologne. C'est à Toulouse qu'il décide de créer une famille, de "construire et se reconstruire" comme on dit en hébreu "livnot ve leibanot"! Il reprend son travail d’ingénieur chez Martin Gauthier. Il reprend aussi ses activités sionistes et noue des liens avec la communauté juive locale et aussi avec ses amis de Paris, comme M. Orfus lui aussi fervent sioniste, actif pour le K.K.L. et porte-parole du parti des libéraux indépendants. 3 – l’homme engagé : Au début des années 1950, Max devient président de la fédération sioniste - section toulousaine Midi Pyrénées - et il le restera jusqu'en 1962. Cette responsabilité le met en contact avec des personnalités de la scène politique israélienne (le parti Mapai alors au pouvoir), les représentants du Keren Kayemet pour lesquels il organise des collectes et surtout les délégués de l'Agence Juive ; le nom de M. Kenan me revient en mémoire car Max l'a rencontré lors d'une de ses visites en Israël. En dehors des fêtes, les conférences, débats, interviews, réunions et rencontres organisés par Max ont animé la salle des locaux de la rue du Rempart St Etienne. A la même époque, Max écrit des articles qui sont publiés dans le journal national Yiddish "Unzer Wort". Mais sa langue favorite reste sans nul doute l'hébreu ; il lisait avec grand plaisir et intérêt le journal "Haarets" de la 1ère à la dernière page lors de ses séjours en Israël! Sa bibliothèque, comme un reflet de l’effervescence intellectuelle de l’époque, contenait des livres, en hébreu et en yiddish, d'histoire et de littérature, de poésie (dont les recueils du poète Tchernikovski) ; certains de ces ouvrages sont dédicacés à Max par leurs auteurs qu’il invitait à Toulouse dans le cadre de ses activités pour la communauté. Selon sa volonté, il en a été fait don au Medem (Bibliothèque Yiddish) et au Musée de la Shoah à Paris. à SUIVRE… “ “ Un récit d’Annie et Esther Honikman bOULOC, 20 AOUT 2014 La Mémoire des Enfants Juifs Déportés Aujourd’hui prend place le 70è anniversaire de la Libération de Bouloc et sa région et partout se déroulent des cérémonies comme celle qui vient de prendre place devant la stèle dédiée à la mémoire d’Edouard MARSAUD, Rémy CURE, Charles DESTRUEL et Philippe POIRIER. Ils sont tombés aux mains des allemands en déroute le 20 août 1944 et l’ont payé de leur vie La minute de recueillement devant la plaque,avec Rachel Roizès, pour MEJD et les représentants des résistants avaient refusé une opportunité de le jour même ou la région se fuite car ils se sentaient en séculibérait. Leur souvenir ne doit pas être oublié. Comme ne doit pas être oublié non plus cet autre drame qu’a été la Shoah avec l’arrestation à Bouloc, la déportation et l’assassinat dans les camps de la mort nazis de Régine et Hersch KOMORNIK avec leurs deux enfants Max et Susi. Cette famille a rejoint la cohorte des 6 millions de Juifs arrêtés à travers toute l’Europe, dont 76000 en France, et exterminés dans le cadre de la « Solution finale », établie par les dignitaires nazis lors de la conférence de Wansee du 20 janvier 1942. Les familles juives, françaises ou étrangères, qui avaient fuis en zone « dite » libre, avaient dans un premier temps été accueillies en tant que « réfugiées », puis assignés à résidence à la suite de la promulgation du premier statut des Juifs établi par le gouvernement de Pétain en octobre 1940. La famille Komornik était arrivée d’Autriche, réfugiée à Bouloc où la famille s’était bien intégrée. L’école pour le plus jeune, les travaux des champs pour le père. Ils rité. Ils ont disparu, condamnés parce qu’ils étaient juifs et parce que l’antisémitisme meurtrier avait déferlé sur toute l’Europe. Mais ce chiffre de 6 millions de juifs massacrés est à présent largement revu à la hausse avec les fouilles du Père Desbois qui continue son travail harassant et met à jour inlassablement d’immenses charniers de juifs fusillés en Ukraine. Au cours d’une conférence à Toulouse, il nous avait déclaré devoir s’arrêter durant des périodes plus ou moins longues car ce qu’il découvrait tout au long de ses recherches sur ce qu’il a nommé « la Shoah par balles » était insupportable. Il avait besoin de ces arrêts pour avoir la force de continuer. Aujourd’hui, cet antisémitisme est en train de renaître et sans vouloir faire preuve de pessimisme, nous devons tous nous mobiliser, avec tous les moyens dont nous disposons, même s’ils paraissent faibles ou insuffisants devant la déferlante de haine dont nous recevons tous les jours les clameurs. Pourtant, nous savons que l’antisémitisme, le racisme et l’intolérance ne peuvent conduire qu’à la ruine et à la mort. Les guerres et les destructions humaines n’ont jamais été une solution à aucun problème sur cette terre. puis l’inauguration de cette plaque au mois de juillet 2010. Nous sommes heureux de nous retrouver parmi vous pour ces Alors, faisons en sorte que le « vivre ensemble » ne devienne pas une utopie. Je remercie tout particulièrement la municipalité de Bouloc pour l’accueil que les membres de l’équipe de l’association ToulouseMEJD, Mémoire des Enfants Juifs Déportés, et moi-même, nous recevons chaque année de- commémorations si importantes et nous vous remercions du fond du cœur de pouvoir partager ces moments d’émotion avec vous tous. Rachel ROIZES, Présidente l’Association Toulouse - MEJD AVIVmag n°202 septembre 2014 de 31 Jeunesse EEIF : un été INOUbLIAbLE Les bâtisseurs : 18 jours à la découverte de l’aventure Comme le dit la chanson « ils sont hauts comme trois pommes et n’ont peur de rien.. », nos 47 bâtisseurs ont campé sous la tente près de 3 semaines sous le beau soleil du centre de loisirs de Gascogne, sous la direction de la chef de camp Clara Zerbib. Ils ont séjourné avec le groupe de Saint – Maur (Val de Marne), plus connu sous le nom de « Yona » (colombe, oiseau de paix). Au programme, les incontournables classiques EI : constructions, « concours de bouffe », Maccabiades, bivouac, veillées chants, (et même Walibi !) ont rythmé ces 18 jours de rencontres, de découvertes et de partages, placés cette année sous le signe des 4 éléments. Rien de mieux pour un vrai retour à la nature ! 23 Bâtisseurs, et 3 animateurs ont également fait leur « promesse bat », cérémonie au cours de laquelle ils promettent solennellement de respecter la loi nationale des bâtisseurs : ceux qui s’en souviennent encore, c’était bien 10 ans en arrière: même grotte, même siddourim, même chants, même danses. On aurait pu croiser les regards de certains éclais, aujourd’hui animateurs et chef de camps. Eh oui c’est bien en Juillet 2004, sur le Nathan fait sa bar mitsva même terrain de camp, que Charles-Elie Sillam a lu sa paracha Les Eclaireurs : trois semaines Pinhas et que nous avions cette fois accueilli la de partages, de découvertes et famille Sillam. Rien de plus merveilleux, d’unique et d’émoud’actions vant qu’est l’ambiance EI pour accompagner Les 65 « éclais », tels qu’on les surnomme, de la tous ces bar-mitzvot lors de leur premier jour Branche Moyenne de Toulouse se sont retrou- de la vie d’homme. Un grand Mazaltov à Navés pour camper du 7 au 28 juillet dernier, à la than et à la famille Azuelos, ce fut un réel plaisir Blaquererie près de Millau. Ils ont fait là-bas la de célébrer et de partager cette joie. Nous esrencontre de 40 éclaireurs du groupe local de pérons avoir l’occasion d’accueillir chaque anParis La Victoire. née une nouvelle bar-mitsvah sur nos camps, Tout comme les bâtisseurs, ils n’ont pas échappé expérience si enrichissante pour le mouvement, aux incontournables activités EI du mois de les enfants et les familles concernées. Et, on ne juillet. ; sans oublier la journée Bonne Action - vous cache pas que les éclais ont également ou BA - qui a consisté cette année à aider un hâte de retrouver le goût unique des croissants agriculteur à nettoyer entièrement sa ferme, sur un terrain un camp ! ainsi qu’à traire ses chèvres. De quoi rapide- Et comme la chanson du camp Shot Gun 2014 ment se replonger dans le monde de la cam- le disait, « on aurait bien voulu qu’elle dure, pagne pour nos petits toulousains ! cette belle aventure ! » La branche Perspective : un voyage unique C’est du 6 au 27 Juillet 2014 que les 10 membres de la BP de Toulouse, âgés de 17 ans, ont participé à un voyage exceptionnel sur la terre d’Israël. Ce n’est sûrement pas le climat de guerre qui a empêché les EEIF et ses pifs de Toulouse, Nice et de Paris, toujours autant déterminés, de partir à la découverte de leur terre. Au Programme : On les félicite et leur souhaite un grand Mazaltov ! On ne vous a pas dit tout dit : cette année les «bats», ont également construit tous ensemble une très grande cabane … de quoi donner de nouvelles idées aux enfants pour la rentrée ! Bilan très réussi de ce séjour qui a permis l’intégration au groupe d’une dizaine de nouveaux enfants. Alors on vous dit, 1,2,3 Spart’i, c’est comme les EI, ce n’est jamais fini … 32 AVIVmag n°202 1e étape → Le voyage Hatikva 2014, trois jours de croisière sur la mer Méditerranée organisés par l’Agence Juive, avec escale à Chypre, où étaient regroupés plus de 800 jeunes issus de mouvements juifs français. Inutile de vous dire que l’ambiance était au rendez-vous ! la BC devant la cabane A la fin de la croisière, les pifs ont assisté au Cette année encore, le camp BM6 a eu la chance concert d’Amir Haddad à Kyriat Gat. de célébrer la mise des Tefillins d’un de ses 2e étape → La ville de Jérusalem, avec la dééclaireurs, Nathan Azuelos, tout comme en couverte et la visite de la Vieille Ville, du Kotel, 2013 avec Axel Bounan. C’est ainsi que le mer- ainsi qu’un pèlerinage au cimetière. Ils ont passé credi 16 Juillet toute la famille Azuelos a dé- le premier chabbat dispersés dans plusieurs fabarqué à la Blaquererie pour ce moment si par- milles d’anciens EI. De quoi avoir plus d’une ticulier. Que de nostalgie… effectivement, pour anecdote à se raconter ! Jeunesse PROGRAMME La Rentrée EEIF ! C’est un programme très chargé qui attend les Eclaireuses Eclaireurs Israélites de Toulouse : Manon, Romane, Hannah, Léna, Léa, Barbara, Clara Dimanche 13 Juillet ils sont également partis visiter l’incroyable mémorial de Yad Vashem. 3e étape → 5 jours de volontariat dans un kibboutz à Nitsana ; au programme de ce bénévolat : agriculture, archéologie et apprentissage sur l’implantation de village ou le recyclage dans le désert. 4e étape → Les incontournables Ein Gedi, rencontre des bédouins, Massada et Mer Morte 5ème étape → Chabbat pleines de rencontres dans une auberge de jeunesse à Eilat 6e étape → 5 jours de Gadna à Sdé Boker, programme similaire à celui de l’armée israélienne qui prépare les lycéens de fin de cycle secondaire au service militaire. Et pour clôturer ce camp, nommé par les animateurs “MIKLATEVOU 2014” (en rappel aux heures passées dans plusieurs miklats d’Israël), un grand et dernier chabbat a été organisé avec tous les Pifs qui séjournaient en Israël, à Netanya. C’est plein de souvenirs que tous les Pifs de la BP9, ou Famey, se sont quittés pour retrouver leur ville respective, au quatre coins de la France. Une chose est sûre, émerveillés des découvertes et des rencontres faites en Eretz Israël, ce voyage, qu’ils ont mis un an à préparer, ils ne sont pas prêts de l’oublier ! → La branche Cadette (7-11 ans), qui accueille les bâtisseurs, dit « bats » sera sous la direction de Elsa Siboni et Yoann benchetrit pour la deuxième année consécutive. → La branche Moyenne (12- 15 ans), qui comprend les éclaireurs, dit « éclais » sera elle dirigée par Anael Nedjar et Eden bensimon. Petit Zoom sur LA bRANCHE PERSPECTIVE, souvent méconnue du grand public → La Branche perspective réunit des jeunes, appelés “Pifs” qui ont vécu ensemble le même parcours EI: ils ont été Bâtisseurs, puis Eclaireurs pour la plupart. L’année perspective est une période où ils se retrouvent entre eux et pendant laquelle ils vont s'investir dans des projets qu'ils vont eux-mêmes mettre en place, encadrés par deux animateurs, qui sont cette année Katleen Abergel et Dana Bensimon. A Toulouse, les projets aboutissent régulièrement sur un voyage de découverte d’Israël au mois de Juillet. Cette année exceptionnellement, les Pifs ne partiront pas en Israël mais au Japon, où ils participeront au Jamboree. Le Jamboree est la réunion mondiale des scouts qui a lieu tous les quatre ans. Il permet aux jeunes des quatre coins du monde de vivre la fraternité scoute en action, et de prendre conscience de la dimension internationale du scoutisme. Par là, Barden-Powell espérait faire progresser la paix dans le monde : Les scouts ayant été présents lors de jamborees prennent conscience du fait qu’avant d’appartenir à tel ou tel pays ennemis ils étaient avant tout jeunes et semblables. Pour finir … C’est donc un « sans faute » pour les camps BC, BM, BP, 2014 tous dirigés par un chef de camp Toulousain cette année ! Un grand merci aux trois maitrises EEIF, composées d’animateurs bénévoles toulousains, parisiens et niçois, qui ont donné beaucoup de leur temps pour transformer ces camps en moments magiques. Nous tenions également à remercier certains parents et notamment le FSJU qui nous ont aidé à financer intégralement la sécurité sur les camps BC et BM et qui ont permis à ces maitrises d’œuvrer sereinement et en toute sécurité. A très bientôt pour de nouvelles aventures ! Les activités du dimanche reprendront dès le mois de Septembre, un dimanche sur trois de 12h30 à 17h00 à l’Espace du Judaïsme. Concernant le camp de Toussaint, il aura lieu à Saint-Lary, du Mercredi 29 Octobre au Dimanche 2 Novembre 2014. L’année s’annonce également très spéciale pour notre groupe local qui fête cette ces 75 ans (créé en 1940 par Robert Munnich). Plus d’infos dans les éditos à venir. Dana Bensimon, Johanna Dray, responsables du groupe local AVIVmag n°202 septembre 2014 33 Jeunesse Hébraïca Jeunesse La colo d’Hébraïca Jeunesse Cet été, Hébraïca Jeunesse a organisé sa colo en partenariat avec Moadon, organisme culturel de vacances et de loisirs implanté à Paris, qui organise des colonies de vacances dans toute la France et à l’étranger. Ce partenariat a pu avoir lieu grâce à la flexibilité de Moadon, mais également grâce au soutien du FSJU et du CASIT, comme les années précédentes. 10 enfants et 3 animatrices dont Léa Berdah, professionnelle d’Hébraïca Jeunesse, sont partis à Figeac du 8 au 24 juillet. Le centre de vacances était une « Académie des sports », donc les enfants ont pu choisir plusieurs activités sportives parmi foot, basket, hip hop, tennis, zumba, krav maga ou équitation. Ces activités matinales étaient encadrées par des professionnels. L’après- midi, les animateurs et animatrices de Moadon proposaient leurs activités, jeux, sorties, veillées, soirées, etc… Les enfants se sont éclatés, l’ambiance était au rendez-vous. Ils sont revenus des souvenirs pleins la tête, épanouis, enchantés par leur séjour, prêts à repartir ! Il leur tarde maintenant de reprendre les activités d’Hébraïca Jeunesse qui seront proposées tout au long de l’année. Des retrouvailles sont déjà prévues pour le dimanche 21 septembre (date à confirmer). Laetitia Cooper, présidente d’Hébraïca Jeunesse Hébraïca Jeunesse, émanation du Fonds Social Juif Unifié, s’adresse aux enfants et ados de 7 à 17 ans. Pour toute suggestion, information, vous pouvez contacter Léa Berdah au 06.22.60.35.16. 34 AVIVmag n°202 LEV TAHOR Un nouvel animateur à Lev Tahor ! Bienvenue à Rav bitton, qui vient présider aux destinées de ce beau mouvement qu’est Lev Tahor, que Rahamim Sebag à su animer et vitaliser depuis plusieurs saisons. Le Créateur a fait résider en chacun de conférences dans le cadre de Lev Tahor, nous un « cœur pur », ou plus précisé- j’ai décidé de relever le défi, avec l’aide du ment, une immense réserve d’énergie, de Créateur sans Qui rien n’est possible. force et d’optimisme. Les turbulences de Lev Tahor est d’ores et déjà à l’origine la vie atteignent à des degrés divers cette d’une nouvelle émission de radio qui comréserve. De nombreuses mencera après les fêtes : forces se liguent pour Lev Tahor bera li Elokim, Torah Spot. L’émission nous ravir ce bien préréunira un plateau de vérouah nakhon hadech cieux. Comment nous jeunes qui dialogueront békirbi. régénérer ? avec la communauté, au Lev Tahor s’est fixé O Dieu, crée en moi un cours de débats sur des comme objectif de don- cœur pur, et fais renaître thèmes de société et ner cette « pêche » à nos dans mon sein un esprit d’actualité. Plus encore, jeunes, mais également nous organisons déjà de droit. à toute notre communouveaux cours en ville, nauté. Nous avons une dans les lieux publics. réserve inépuisable de Nous sommes bien sûrs sagesse, de force, de joie disposés à organiser des et de sérénité qui nous soirées chez les familles, vient d’un jeune-vieux pour des cours et des texte, imité, déformé, débats entre amis, dans traduit/trahi, trafiqué une atmosphère de diapar beaucoup, mais logue et d’échange. dont nous avons « l’original », expliqué par Je participe également ceux qui l’ont étudié et à l’animation des sites transmis tout au long des siècles : la Torah box et Espacetorah. Sur ce derTorah. nier site, vous pourrez écouter C’est cet héritage que Lev Tahor se pro- quelques-uns de mes cours notamment pose de faire découvrir à toute la sur les rubriques « Sciences et Torah », « communauté, dans de nouveaux lieux de la paracha », « judaïca », ou bien encore rencontre, dans la convivialité et la joie. ceux qui sont consacrés à la Shoah, aux preuves archéologiques de la sortie Rav Monsonego m’a confié la direction de d’Egypte, ou bien, dans un autre registre, cette équipe. Après avoir parcouru toutes au couple. les communautés francophones, au tra- Rendez-vous également sur le Facebook vers de séminaires, de Chabbat, de de levtahor sur lequel vous trouverez tous conférences et de nombreuses rencontres, nos rendez-vous, ainsi que des Torahj’ai choisi d’accepter cette mission. La flash sous la forme d’une phrase, d’un communauté juive de Toulouse a été frap- enseignement de nos sages. pée, et par son intermédiaire, l’ensemble du peuple juif. Etant souvent venu à Tou- Mordekhaï Bitton louse pour donner des cours et des mordekhaï [email protected] Culture le feuilleton historique claude denjean Bernhard Blumenkranz, un historien à Toulouse à la fin du xxe siècle C’est à Toulouse que les ouvrages novateurs de la collection Franco-Judaïca ont d’abord été édités à la fin des années 1970. On peut lire les préfaces et introductions aux divers ouvrages de cette collection. Claude Denjean et Juliette Sibon proposent une biographie intellectuelle de cet auteur dans « Être historien des juifs médiévaux en France après Bernhard Blumenkranz », The legacy of Bernhard Blumenkranz, Colloque de Vienne (nov. 2013), Martha Keil, Philippe Buc et John Tolan eds (à paraître). En cette année qui suit le bicentenaire de la communauté de Toulouse et le centenaire de la naissance du refondateur de l’histoire des juifs en France, nous pouvons relire le message de rigueur et de réflexion que Bernhard Blumenkranz (19131989) nous a laissé. Juifs et chrétiens Né à Vienne, émigré en France, il prépara à Bâle une thèse de doctorat en théologie sur le sermon aux Juifs d’Augustin, avant de publier en 1960 sa thèse d’histoire sous la direction d’Henri-Irénée Marrou, professeur à la Sorbonne fondateur en 1948 de l’amitié judéo-chrétienne. Parmi ses maîtres, des antiquisants spécialistes d’histoire des religions, tel Marcel Simon, auteur du Verus Israël (1947). Il défend donc une histoire médiévale des juifs et chrétiens, au plus près des textes, au plus haut niveau universitaire. Il s’inscrit dans lesillage de Salo Wittmayer Baron qui plaidait déjà pour une histoire « déghettoïsée ». Il travaille avec des collègues non spécialistes, développant ainsi une voie novatrice. à Fanjeaux, lieu de colloques annuels, on débat. En témoigne un livre marquant : Juifs et judaïsme du Languedoc, Cahiers de Fanjeaux 12, Toulouse, Privat, 1977, publié avec Marie-Humbert Vicaire. Un travail encyclopédique au service de nouvelles recherches Exhumer des documents inédits, mettre en lumière des sources méconnues et toujours renouveler le corpus, tels sont les axes majeurs qui guident son oeuvre. Il met l’érudition et l’extrême rigueur scientifique au service de l’histoire des juifs, jamais perçue comme périphérique ni particulière, mais bien au contraire conçue comme intimement insérée dans l’histoire de la société médiévale globale. Les années 1970 voient une floraison de titres publiés chez Privat, qui offrent inventaire des sources et synthèses, proposent de nouvelles pistes. Une modestie conquérante Il souligne que « Toute minorité a l’inquiétude en partage » et réfléchit à la confrontation avec les majoritaires. Il rejette toute vision lacrymale parce qu’elle serait un a priori qui rendrait impossible toute oeuvre scientifique. Il insiste sur la nécessité de replacer les textes dans leur contexte redit combien l’étude bouscule les lieux communs : « Le devenir historique des Juifs, aussi peu que de tout autre groupe humain, ne suit pas une direction rectiligne [… ] D’abord et surtout : les rapports entre juifs et chrétiens ne sont pas une catégorie isolée, indépendante ... ». Il ne cesse de reprendre ses oeuvres, de nuancer son propos. Infirmer l’hypothèse de départ, obtenir une réponse en creux ne l’effraie pas. Lui, dont la présence vivante s’affirme d’abord par sa méthode historique et sa boulimie de découvertes, parle des hommes qu’il étudie, les Juifs médiévaux, avec un mélange de distance et de connaissance intime, mais loin de l’expression de tout pathos. Ainsi nous dit-il (sommes-nous autorisés à voir un léger sourire se dessiner dans cette proposition ?) : « Sans nulle propension à l’apologie des Juifs, je me crois en droit d’affirmer ... » AVIVmag n°202 septembre 2014 35 Point de vue par Franck Khalifa A la recherche de l’Unité Professeur certifié hors classe d'économie gestion, docteur en sciences juridiques et politiques de l'université des sciences sociales de Toulouse, il est l’auteur de "Difficile laïcité, Sources et enjeux", éditions l'Harmattan, Paris 2014. Presque 60 jours passés à Ashkelon sous la nuée de missiles tirés par le Hamas dans le but de créer le chaos en Israël, 60 jours après le kidnapping et l’assassinat de Eyal, Naftali et Gilad, 60 jours après l’opération « Tsouk Etan », le gouvernement israélien a eu l’intelligence de ne pas se laisser entrainer dans la spirale de la violence de ceux qui ont forgé leur identité dans la haine du juif et dont le seul but était, au travers des tunnels, de semer la mort au sein même du territoire israélien précisément le jour de Roch Hachana. Elle est là la victoire d’Israël ! Bien sûr, il y a ceux qui ne seront jamais satisfaits de ne pas être allés plus loin sur le plan militaire. A ceux là, je leur demande d’entendre les hurlements de ces mères venues à l’enterrement de leur enfant chéri dont le sacrifice est certainement plus pathétique que celui du Petit cheval de Georges Brassens. Il y a ceux qui, des deux côtés de l’échiquier politique israélien, vont jouer leur carte en isolant un peu plus le premier ministre Benjamin Netanyahou. A ceux là, je voudrais dire combien il est dangereux de jouer avec l’unité du peuple d’Israël. Enfin, il y a ceux que l’on n’a pas entendus tout au long du conflit et dont on aurait tant apprécié leur don d’ubiquité pour éviter les pièges d’une guérilla qui a fait tant de victimes parmi les très jeunes soldats de Tsahal. A ceux là, je veux leur dire qu’ils ont joué avec l’Unité tout court. J’en ai un peu marre d’entendre des pseudo-républicains et des pseudo-démocrates se soustraire à l’épreuve de la vérité historique allègrement dévoyée, non sans un certain cynisme couard face à la multitude, preuve honteuse de leur collaboration à la libération de la parole raciste, antisémite et antisioniste. Et, je n’évoque même pas les atrocités commises par l’EI. Deux poids, deux mesures. Où sont passés les idées de Spinoza, Hobbes, Locke, Rousseau, Kant, Mendelssohn et des Lumières en général qui ont inspirés les fondateurs de l’Europe et des Etats-Unis et qui ont inspiré la Déclaration des droits et du citoyen du 26 août 1789, la Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 ou encore la Convention européenne des droits de l’homme du 4 novembre 1950 ? Mais seulement voilà, beaucoup de ces penseurs sont ceux de la religion naturelle, du coeur et de l’angélisme « biologicateur» des principes fondateurs des Etats de droits. C’est l’opinion et les droits qui dictent leur volonté au Nomos et c’est là le point de rupture qui explique les fractures actuelles du pacte social en Europe et le cynisme des diplomaties européennes et américaines. L’Europe est le lieu des droits de l’homme mais elle est le lieu du « plus jamais cela ! ». L’Europe est aveuglée par son universalisme massificateur. L’Europe se fourvoie dans sa « dérive du cœur » qui la conduit à ses antipodes : la négation de l’autre. Le juif n’aurait pas sa place dans un monde ou tout est nivelé par le bas c’est à dire par les droits et l’opinion. Parallèlement, Israël n’a pas son mot à dire dans le concert des nations. Israël est bien un « Etat juif ». Il est vrai que le monde des hommes est celui du dualisme et c’est bien là le drame de l’humanité. Mais, Roch Achanah est avant tout la proclamation de l’Unité. La vie et la mort se fondent ensemble. Il n'y a que « Etre » mais nous choisissons la vie. Nombreux produits d'épicerie israéliens Arrivage chaque semaine Viande volaille fraîche & surgelé Rayon charcuterie à la coupe et épicerie fine Large choix de fromages & laitages Rôtissoire poulet rôti Roti de poulet Roti de dinde… Et ses accompagnements Vin spécial réserve ... Pain de shabbat frais chaque jeudi et vendredi Market 26 est heureux de la confiance que vous lui avez apportée, et tient à remercier l’ensemble de la communauté pour son encouragement à continuer dans la voie du cacher. Market26 vous souhaite de très bonnes fêtes de Tichri Et une merveilleuse année 5775 ! 174 chemin de Ramelet Moundi ZAC Triasis, rue Antoine Becquerel 31140 Launaguet Tél. 05 62 89 11 22 36 AVIVmag n°202 Tournefeuille Tél : 05 34 52 26 26 Ouvert du lundi au jeudi 9h- 19h, vendredi et dimanche 9h14h30 Culture Lectures Anny BECK Les pages d’Anny Anny, notre insatiable lectrice, possède une authentique qualité : elle prend du plaisir à lire mais elle a un autre talent - qui n’est pas donné à tout le monde : celui de nous le faire partager ! « Le Codex d’Alep » Ou l’Etrange destin d’un Manuscrit sacré - Par Matti Friedman Cet ouvrage n’est pas une fiction. L’auteur s’est documenté auprès des plus hautes personnalités scientifiques et théologiques et il a passé 4 ans à en écrire l’histoire. Le Codex ou Couronne d’Alep, texte sacré le plus convoité du monde est la plus ancienne version connue de la Bible hébraïque. Il aurait été écrit entre 910 et 930 de notre ère à Tibériade par un grand érudit, le Rabbin Aaron Ben Asher. Ce manuscrit est très précieux, car il n’en n’existe aucune copie. C’est sur la base du Codex d’Alep que Maïmonide a édicté les règles de rédaction de la Thora. On pourrait résumer son histoire – et quelle histoire – ainsi : Ecrit en Israël, volé par les Croisés, caché pendant des siècles à Alep ( Syrie ), endommagé par un incendie allumé par des émeutiers arabes en 1947, il est finalement arrivé le 6 janvier 1956 en Israël, son point de départ. Je pourrais m’arrêter là, mais ce serait sans compter sur l’intérêt très vif suscité en moi par ce livre et que je veux vous faire partager. Matti Friedman raconte l’incroyable destin de ce précieux manuscrit qui a survécu à des siècles de guerre avant de regagné, finalement Israël, son point de départ. Mais comment le Codex a t il voyagé depuis une obscure crypte de la synagogue d’Alep jusqu’à Jérusalem ? L’auteur nous emmène à travers les âges à la rencontre de personnages fascinants, agents secrets, gens d’Eglise, hauts fonctionnaires israëliens qui, tous tentent de mettre la main sur ce texte sacré. Composé donc au xe siècle, le Codex aurait été, par la suite, la propriété de la communauté karaïte à Jérusalem. Au cours de la 1ere Croisade, il est volé par les Croisés lors de la chute de Jérusalem en 10 99. Après paiement d’une rançon, il est racheté par la communauté juive de Furstat en Egypte. Trois siècles plus tard, un rabbin fuyant les troubles du Caire, l’emporte avec lui et s’installe à Alep. Le manuscrit sera gardé dans la synagogue comme une relique jusqu’en 1947, date à laquelle éclate les émeutes anti-juives. La synagogue est brûlée. On sauve le Codex. Je vous laisse découvrir les conditions rocambolesques de sa sortie de Syrie et de son arrivée en Israël en 1958, comme si ce manuscrit avait attendu que le peuple d’Israël revienne lui aussi chez lui. Malheureusement durant ce long périple, environ 1/3 de ses pages ont disparu, volées ou vendues à des collectionneurs. Lors de l’enquête, l’auteur s’est trouvé face à un mur de silence. L’étrange mutisme au sujet des feuilles disparues ne semblait pas être uniquement observé par les juifs d’Alep. Les israéliens se taisaient également. La grande synagogue d’Alep est aujourd’hui abandonnée, à demi carbonisée, au milieu d’un quartier juif…sans juif. Un monde vieux de milliers d’années s’est éteint à Alep. Dans son livre, Matti Friedman, grand reporter, qui vit à Jérusalem, retrace donc l’incroyable vie de ce manuscrit qui a survécu à des siècles de guerre. Ce récit est à la croisée de l’enquête journalistique et du thriller d’espionnage ; un destin romanesque où se mêlent la convoitise des uns, le fanatisme religieux des autres et d’obscurs secrets d’Etat. « Je m’attendais, dit il, à écrire une histoire exaltante sur le sauvetage de ce Manuscrit. En fait, j’ai ouvert un placard et je me suis trouvé enseveli sous les cadavres qui y étaient cachés » Quant au Codex ou Couronne d’Alep, parchemin témoin de notre histoire mouvementée, il est exposé au Musée du Livres à Jérusalem, où il attend votre visite. Une citation de Jonathan Safran Foer en conclusion : « on ne connaît aucun précédent à un peuple dispersé parvenant à conserver son unité, car en général dispersion égale disparition » A cette citation je rajouterai : l’union du peuple juif s’est faite et se fait toujours autour d’un Livre : la Bible hébraïque qui a aidé ce peuple a survivre en tant que juifs. Bonnes fêtes de Tichri AVIVmag n°202 septembre 2014 37 Disparition Gérard Azulay Il fut président de l’ADAPEI, président national des agents généraux d’assurance, président régional des retraités d’assurance, président du club d’Alouette, trésorier de l’ACIT sous les deux mandats de Tony Elicha. i m mense plaisir. Il fut un homme dévoué, intègre pour ce qu’il avait à accomplir. A son départ de la vie, j’ai perdu un ami, un frère. Repose en paix Gérard et prie pour toute ta famille”. Alexandre Attaïech HOMMAGES à GÉRARD AZULAY “Comment vous dire simplement ce que nous pensons ? Nous avons toujours eu pour Gérard plus que de l’estime, de l’admiration. Avec son départ, c’est une forme totalement désintéressée du militantisme et de l’engagement associatif qui est atteinte. Il fût un homme convaincu, d’une parfaite honnêteté intellectuelle, toujours prêt à rendre service. Il acceptait toutes tâches, toutes fonctions, qu’il accomplissait avec compétence, application et rapidité. Travailler avec lui était un vrai bonheur. Fidélité à sa famille, à ses idéaux, à ses valeurs. Il manifestait malgré tous ses engagements une incroyable disponibilité. Il est une des rares personnes qui disait ce qu’il faisait et faisait ce qu’il disait. A toutes ses qualités, s’ajoutait une autre bien peu fréquente, la modestie. Travailleur de l’ombre, il ne cherchait aucune gratification, aucun honneur, merci pour tout.” “Gérard était pour nous un époux, un père et un grand-père chéri formidable. Il n’y a rien d’autre à ajouter.” Arlette Azulay, son épouse. “Juste un petit historique : Avant de nous rencontrer à la responsabilité confiée par l’ACIT, nous ne nous connaissions que superficiellement. Nous nous sommes appréciés et travailler avec Gérard était un “Gérard était un grand serviteur de la communauté. Il était un homme de grand cœur qui a donné beaucoup de son temps et de son énergie. Il était connu pour ne pas mâcher ses mots ; il avait son franc parler. Il avait un grand esprit critique mais très constructif, il apportait toujours des solutions.” Elie Amsellem “Il était une personnalité, un serviteur de la communauté et non des moindres. J’ai souvenir d’un homme discret, qui n’a jamais ménagé ses efforts pour la communauté. Il n’était pas là pour briller, mais était là pour un objectif : servir sa communauté.” Arié Bensemhoun LA RENTRÉE D’HÉBRAÏCA Nombreux produits d'épicerie israéliens CETTE ANNÉE J’ADHÈRE À HEBRAÏCA ! Arrivage chaque semaine Viande volaille fraîche & surgelé Rayon charcuterie à la coupe et épicerie fine Large choix de fromages & laitages Rôtissoire poulet rôti COURS D’HÉBREU ANGLAIS NIVEAU ALEPH : MERCREDI 10H – 11H30 MERCREDI 19H30 – 21H NIVEAU BETH : LUNDI 20H –21H30 NIVEAU GUIMEL : LUNDI 18H30 - 20H NIVEAU DALETH : MARDI 19H30 - 21H NIVEAU VAV : MARDI 17H30 – 19H APPROFONDISSEMENT : MARDI 15H – 16H30 CONVERSATION : MARDI 16H30 – 17H30 MERCREDI 18H-19H (NIVEAU INTER.- AVANCÉ) Et ses accompagnements Vin spécial réserve ... Mercredi 16h-17h Pain de shabbat frais chaque jeudi et vendredi NOUVELLES ACTIVITES LUNDI 14H-16H OU MARDI 16H-18H OU DIMANCHE DANSES D’ISRAEL LUNDI ( DÉBUTANTS ) 19H-20H LUNDI ( DÉBUTANTS PLUS) 19H30-20H30 LUNDI ( INTER-AVANCÉS) 20H30-22H HEBREU BIBLIQUE Jeudi 18h30-19h30 HISTOIRE JUIVE Jeudi 19h45-20h45 ATELIER D’ECRITURE « Raconte moi une histoire » G R O U P E Market 26 est heureux de la confiance que vous lui avez apportée, et tient à remercier l’ensemble de la communauté pour son encouragement à continuer dans la voie du cacher. Market26 vous souhaite de très bonnes fêtes de Tichri Et une merveilleuse année 5775 ! Lundi 14h30- 16h Hébraïca F S J U RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTIONS 05 62 73 45 33 AVIVmag n°202 Roti de dinde… TAI CHI DESSIN PEINTURE 38 Roti de poulet 174 chemin de Ramelet Moundi Tournefeuille Tél : 05 34 52 26 26 Ouvert du lundi au jeudi 9h- 19h, vendredi et dimanche 9h14h30 Carnet Sophie Castiel Naissances à Toulouse 23/05/2014 10/06/2014 20/06/2014 20/06/2014 08/07/2014 08/07/2014 11/07/2014 22/07/2014 18/08/2014 18/08/2014 20/08/2014 29/08/2014 CHETRIT Louise Angélina Ruth PEZILLA Raphaël Méir HABIB-FITOUSSI Aaron HABIB-FITOUSSI Isaac NAKACHE Ruben NAKACHE Naomie NAKACHE Ariel GAGNEBIEN Raphaël SEROR Elsa BITOUN Romy GURARY Ménahem Mende Salomé ARTIGAUx … et ailleurs 18/05/2014 18/05/2014 25/06/2014 05/09/2014 ZAMIR Andréa Tel-Aviv (Israël) ZAMIR Olivia Tel-Aviv (Israël) LEBHAR Réfaël Elisha Paris HAINE Emma (Paris) Bar et Bat Mitsva 23/06/2014 10/08/2014 28/08/2014 06/09/2014 LEMAITRE Julien TESTEMALE Yohan AZUELOS Nathan STROUK Ness Mariages à Toulouse 06/07/2014 KESSAS Sébastien / LAYANI Céline 14/07/2014 AZOULAY David / BOYADJIEVA Stanislava 17/08/2014 ALLOUCHE Lionel / ATTALI Sophie 28/08/2014 DAHAN Philippe / ELOIT Yaelle 31/08/2014 BENHAIM Raphaël / DANAN Anaelle 31/08/2014 KHELIF Jérémy / SERADIEU SIMON Natacha … et ailleurs 13/07/2014 11/08/2014 11/08/2014 13/08/2014 18/08/2014 24/08/2014 SAADA Jonathan / BENDAYAN Marion Montpellier HABIB Jérémie / LEVY Hannah Israël COHEN Alexandre / INGOLD Yonit Israël COHEN Jacob / Jessica ZEKRI Israël GONZALEZ Florian / BENSEMHOUN Sharon Israël CHICHE Jordan / LEHIANY Sarah (Montpellier) Décès 30/06/2014 GRUSZEWSKI Fanny 04/07/2014 MITRANI Feby 16/07/2014 HAMMEL Lot 17/07/2014 BECUS Rachel 20/07/2014 SEBBAG Prosper 21/07/2014 MORYOUSSEF Fanny 22/07/2014 SIMON Williams 23/07/2014 RAMOND Fanny 24/07/2014 DARMON André 25/07/2014 BENDRIHEM Esther 30/07/2014 DOUIEB Jean Claude 31/07/2014 ALMOUZNI Joseph 14/08/2014 TARZAN Berthe Madeleine 28/08/2014 AZULAY Gérard … et ailleurs LEVY Daniel Metz … et ailleurs 07/08/2014 MEIMOUN Ariel Chalom AVIVmag n°202 septembre 2014 39