AVIV mag - NFrance Conseil

Transcription

AVIV mag - NFrance Conseil
ACIT
Association Cultuelle
Israélite de Toulouse
SEPTEMbRE 2014
N°202
3€
LE MAGAZINE DE LA COMMUNAUTÉ JUIVE DE TOULOUSE ET DES PAYS DE LA GARONNE
JEAN-LUC MOUDENC :
10 QUESTIONS-CLÉS AU NOUVEAU
MAIRE DE TOULOUSE
SÉPAHARADES, LE POOL
CONSTANTINOIS DE TOULOUSE
LE GRAND RABBIN HAÏM KORSIA
FÊTES DE TICHRI
PRÉPARER LE GRAND PARDON
JOURNÉES DE LA CULTURE : 9 NOV/8 DÉC
du N° 202
Autimne 2014
Tichri 5774
Jean-Luc Moudenc, nouveau maire de Toulouse,
exprime ses convictions et dévoile ses orientations
dans un entretien sans détours.
> p 15
Photo de couverture Mairie de Toulouse
Le billet
d’henri
amar
Sommaire
"Indignez-vous !"
Les guerres ont encore durement Bien -pensance et bonnes consciences
unilatérales nullement exemptes de
frappé en cet été 2014.
Guerre en Ukraine au coeur d'une Eu- troubles références ou de brunes nosrope impuissante à contenir les assauts talgies. On condamne les «reprérevanchards de la Russie de Poutine sailles» israéliennes contre les repaires
sur l'un des ex - vassaux de l'ex - Urss. des dirigeants du Hamas, mais on
Guerre de tous contre tous dans une passe sous silence l'envoi massif et
quotidien, depuis plusieurs mois,
Libye à la dérive.
Guerre dévastatrice dans une Syrie d'obus, de missiles et de roquettes sur
où le sanguinaire tyran de Damas se les villes et les civils de l'Etat hébreu.
veut et apparait désormais comme l'un On s'insurge contre la riposte, mais
on feint d'en ignorer les causes et le
des remparts à la terreur islamiste!
Guerre transfrontières en Afrique où droit -unanimement reconnu - de tout
gagne et s'étend la barbarie des djiha- Etat à se défendre et à protéger ses cidistes de Boko Haram, sauvages ra- toyens. On hurle sa fureur contre Nevisseurs de jeunes filles et cyniques tanyahou, mais on se garde de s'élever
contre le recours aux boucliers hutrafiquants d'otages.
Guerre, « sainte » d'un « Etat Isla- mains - femmes et enfants - pratiqué
mique » s'affichant et se revendiquant et imposé par les chefs du Hamas à
comme un califat de la haine, pour- leur population.
chassant les « infidèles », - chrétiens
et yézidis - sommés de choisir entre Et que penser de l'assourdissant silence de ces mêmes « bonnes
conversion ou extermination.
Guerre enfin contre Israël d'un Hamas consciences » confrontées au massacre
jusqu'au boutiste, contraint au terme des innocents perpétré en Irak par les
de cinquante jours de conflit - et au séides du Calife autoproclamé de l'Etat
Islamique ? Que dire
moment où j'écris ces
de leur persistant mulignes - à un cessez tisme face à l'atroce
le-feu « indéterminé »,
mise en scène télévisée
mais toujours aussi réde l'égorgement des
solu à jouer la carte de
journalistes américains
la négation absolue de
James Foley et Steven
la coexistence avec un
James Foley
Sotloff par ces djihaEtat juif et démocradistes, ennemis jurés des démocraties
tique.
et pourfendeurs de leurs valeurs ?
Guerres cruelles avec leur inéluctable
cortège de destructions, de morts, de « Indignez – vous ! » A vouloir et à
douleurs, de deuils et de colères, de prétendre pratiquer l'exercice, comme
le préconisait l'auteur de l'opuscule
révoltes et d'indignations.
publié sous ce titre - un auteur lui Indignations trop souvent sélectives. même oublieux de l'indispensable imCelles haineusement exprimées, ces partialité de cette injonction - il
dernières semaines dans les rues de convient de rappeler à tous ses enParis et de certaines grandes villes de thousiastes adeptes l'impérieuse néprovince. Celles qui prenant, une fois cessité de ne pas se laisser aller aux
encore, pour cible exclusive, l'Etat perverses dérives de la mauvaise foi
«sioniste» - et, pour faire bonne me- et de l'injustice.
sure - les Juifs, en général, conduisent Mais il est vrai qu'il n'est pire sourd
à l'assaut des synagogues et à l'appel que celui qui ne veut pas entendre ...
au meurtre.
Henri Amar
Le billet d’Henri Amar
All with us (Tous avec nous)
L’œil du président
Actualité religieuse :
les fêtes de Tichri de A à Z
Dossier : les sépharades de Toulouse,
Enquête sur les Constantinois
Interview : Jean-Luc Moudenc,
maire de Toulouse
Haïm Korsia : grand rabbin de France
Jean-Luc Halimi raconte
La résistance juive dans le Tarn
La parole aux associations
brèves communautaires
Mémoire : Max Honikman, Pologne,
France, Israël
Le MEJD à Bouloc
Jeunesse
Culture
Hébraïca, la grille des activités
Carnet communautaire
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Ont contribué à ce numéro
Henri Amar, Jacques Asseraf, Salomon Attia, Annie Beck,
Arié Bensemhoun, Dana Bensimon, Sophie Castiel, Laétitia
Cooper, Claude Denjean, Johanna Dray, Franck Khalifa,
Olivier Lalieu, Pierre Lasry, Maurice Lugassy, Yoseph
Ytzrak Matusof, Yaacov Monsonégo, Valérie Ermosilla Piétravalle, Rachel Roizes, Yaël Rueff-Salama, Hubert
Strouk, Harold Avraham Weill.
Aviv mag est une publication de l’ACIT
Association Cultuelle Israélite de Toulouse, 2 place
Riquet, 31000 Toulouse. Tél. 05 62 73 46 46
Directeur de la publication : Arié Bensemhoun
Directeur de la communication : Armand Partouche
Directeur de la rédaction : Pierre Lasry
Rédaction et coordination : Yaël Rueff-Salama
Crédit photo : LSP, Bernard Aïach
Design et production : LSP, 11 rue Adonis, 31200
Toulouse, tél. 05 61 13 18 18, [email protected]
Régie publicitaire : Joëlle Adjedj
N° de commission paritaire : 1106G88068 Dépôt légal à parution
AVIVmag n°202 septembre 2014
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Tous avec nous
Nous préparons activement nos prochaines actions…
Interview croisée des Co-fondateurs de l’association toulousaine : Annie Cohen et boaz Gasto
« L’actualité malheureusement
donne raison à notre action et
nous motive pour continuer notre
combat contre l’antisémitisme et
l’antisionisme » commence
Boaz Gasto.
« Il est temps d’agir à tous les niveaux avant qu’il ne soit trop
tard » continue Annie Cohen.
boaz Gasto : Lorsque nous
avons créé All With Us – Tous
Avec Nous, nous étions loin de
penser que nous serions tant
sollicités. Tout s’est très vite enchainé.
Annie Cohen : « All With Us –
Tous Avec Nous », regroupe
tous les amis d’Israël quelque
soient leurs origines, leurs cultures et leurs croyances.
30 % de nos adhérents sont des
non juifs et 10% sont musulmans. Notre site Facebook, est
suivi par des arabes israéliens
ainsi que par de nombreux palestiniens, nous en sommes les
premiers surpris.
bG : Cela démontre que notre
initiative intéresse un large public. Nous sommes issus de la
société civile, nous ne faisons
pas de politique.
Les personnes qui nous soutiennent se retrouvent en nous, car
nous sommes indépendants,
nous n’agissons pas sous une
quelconque étiquette. All With
Us –Tous Avec Nous est une association non juive.
AC : Nous sommes tous passionnés, déterminés et nous
souhaitons intervenir dans un
cadre précis :
Lancer des campagnes de publicité sur l’ensemble du territoire
national afin de faire découvrir
Israël d’une manière différente
car il faut sensibiliser les français à une vision plus objective
de la démocratie israélienne.
Développer les voyages des représentants des villes de
moyennes importances qui permettront
d’apporter
un
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AVIVmag n°202
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AVIVmag n°202
éclairage différent et plus objectif sur la société israélienne en
découvrant in situ les réalités
complexes sur le terrain. Ils seront l’occasion de développer
des jumelages et des échanges
culturels et économiques entre
les villes des deux pays.
Accompagner en Israël des personnalités de la société civile qui
travaillent au rapprochement
entre les peuples malgré leurs
divergences.
Proposer des échanges entre
étudiants et jeunes diplômes afin
de susciter des rapprochements
au niveau technique et dans des
secteurs liés à la recherche.
Beaucoup sont surpris de découvrir le dynamisme des Start
Up israéliennes et ne savent pas
qu’ils utilisent tous les jours des
applications qui ont été développées ou inventées en Israël
notamment dans le secteur de
l’informatique.
bG : Nous avons accompagnés
au mois de mai, deux conseillers
municipaux d’une ville moyenne
française du Sud Ouest.
Nous sommes repartis en juin
avec une personnalité de la société civile Madame Latifa Ibn
Ziaten, la maman du soldat assassiné
lâchement
par
Mohammed Merah à Toulouse.
Nous avons parcouru Israël
mais aussi les Territoires Palestiniens, rencontré les élus des
deux cotés, des associations qui
œuvrent pour le rapprochement
et le dialogue entre les peuples.
Tous ont découvert que sur l’ensemble du territoire israélien, les
juifs, les arabes, les chrétiens et
plusieurs minorités, vivent ensemble, côte à côte, dans le
respect.
Ils se sont rendus compte que
l’ensemble des institutions sont
les mêmes qu’un pays démocratique européen car Israël est une
démocratie.
AC : Pour Mme Ibn Ziaten, il a
fallu combattre beaucoup d’idées
reçues et cela n’a pas été évident.
Elle avait également une approche très naïve du conflit. Elle
n’arrivait pas à comprendre les
impératifs liés à la sécurité de
l’Etat d’Israël et au terrorisme, ce
qui est très curieux compte tenu
de son histoire.
Par contre, elle a été agréablement surprise du grand respect
de l’Etat d’Israël envers ses soldats peu importe leur origine ou
leur religion. Le mémorial des
soldats bédouins morts pour la
nation l’a profondément touchée.
bG : Malheureusement, lorsque
nous sommes rentrés, la situation
sur place s’est dégradée jusqu’au
conflit que nous connaissons.
Nous avons du adapter notre site
facebook car il est devenu très
vite une page web d’information
incontournable.
Nos adhérents demandaient des
informations sur le conflit afin
qu’ils puissent les diffuser à leur
tour. Nous avons essayé à notre
niveau de rétablir la vérité sur les
attaques contre Israël, en recherchant des interviews, des articles
quelquefois différents de ceux
que l’on pouvait trouver ailleurs.
La promotion d’Israël est très
vite devenue la défense d’Israël !
AC : L’importation du conflit Israélo palestinien en France et
l’antisémitisme très présent en
Europe ces derniers temps nous
ont obligés à réagir, car nous
nous sommes aperçus que la
couverture médiatique n’est pas
toujours objective.
Une fois de plus, Israël doit subir
mais n’a pas le droit de se défendre.
Le vivre ensemble républicain a
été attaqué, malheureusement les
pouvoirs publics, les instances
juives, à tous les niveaux dénoncent, condamnent, promettent
mais n’agissent pas vraiment.
bG : Nous menons un véritable
combat au quotidien et nous
nous sommes battus pour que la
couverture du conflit soit équilibrée. Il était important que tous
les médias fassent des reportages
des deux cotés, pour montrer la
réalité du terrain.
Radio France a été plus réfractaire, aussi nous avons donc
décidé de lancer une pétition en
ligne qui continue à recevoir de
nombreuses signatures.
AC : Il est évident que de parler
des israéliens dans les abris est
beaucoup moins vendeur que de
parler des bombardements à
Gaza. Depuis notre initiative,
nous avons pu noter des progrès
dans la couverture du conflit, ce
qui prouve que notre action peut
être efficace. Il faut rester mobilisé et ne pas baisser les bras.
bG : Nous avons prouvé que
nous avions la souplesse et les capacités à nous adapter pour
pouvoir continuer les missions
que nous nous sommes fixées.
Proposer des initiatives pour essayer de faire changer les
mentalités, entamer un dialogue
qui pourra modifier les regards
des uns et des autres car nous refusons de croire que tout est
définitivement tracé. Si à notre
niveau, nous pouvons un temps
soit peu, amener quelques personnes à faire un pas vers la paix,
c’est déjà beaucoup.
Actuellement, nous avons de
nombreux projets en préparation, nous pensons élargir nos
champs d’actions.
Mais pour poursuivre nos actions, nous recherchons des
sponsors et tout soutien financier
est le bienvenu.
Notre combat est aussi le votre.
Seuls nous pouvons peu mais à
nous tous nous pouvons beaucoup !
Annie Cohen et boaz Gasto :
Site facebook All With Us –
Tous Avec Nous,
All With Us – Tous Avec
Nous 4 rue des feuillants
31300 TOULOUSE
La parole
à arié
bensemhoun
L
es Juifs de France ont peur. Ils sont
inquiets pour leur avenir et voient
ressurgir les démons du passé qui les ont
plus d’une fois poussés à l’exil.
Mais les Juifs de France sont français. Ils le sont
passionnément. Et, comme beaucoup de français
qui quittent notre pays, ils se sentent orphelins
des valeurs de la République qui sont au cœur de
leur éducation et de leur identité.
Les manifestations de “soutien aux palestiniens“
pendant la guerre contre le Hamas cet été, ont
trop souvent dégénéré en émeutes et guérillas
urbaines aux cris de “Mort aux Juifs, sionistes
assassins…” et plus encore. Certes, le
gouvernement dirigé par Manuel Valls, a, non
seulement pris la mesure de la gravité de la
situation, mais fait de son mieux pour prendre les
dispositions qui s’imposent pour enrayer cette
mécanique de la montée de la haine dans notre
pays. Mais, nous le voyons tous les jours, c’est
loin d’être suffisant et le moins que l’on puisse
dire, c’est que la confiance n’est pas là. C’est le
doute qui domine. Il faut rassurer donc,
convaincre que, non seulement tout n’est pas
perdu, mais qu’au delà des déclarations, il existe
un plan, une stratégie crédible pour en finir avec
la haine qui annonce la barbarie.
Toulouse est hélas une communauté qui reste
profondément marquée par la tragédie du 19
mars 2012. Elle est particulièrement sensible à la
dégradation du climat social et aux menaces sur
la paix civile.
De manière générale les assassinats de Toulouse
et Montauban sont les marqueurs d’un drame
national qui s’inscrit dans la menace globale que
représente l’islam radical et le djihad dans le
monde.
Déjà près de 200 familles nous ont quitté ou nous
quitteront, sans parler de ceux qui choisissent
d’autres destinations en Europe et dans le monde
et que nous ne sommes pas capables de
quantifier. Plus que toute autre, la communauté
juive de Toulouse est un symbole du malaise et
du mal être des Juifs de France et peut être d’un
grand nombre de nos concitoyens qui réalisent
qu’au delà des Juifs et d’Israël c’est la démocratie
qui est attaquée, c’est la République qui est visée.
Pour ceux qui partent, l’Alyah est une chance.
C’est aussi un choix personnel qui s’inscrit dans
une longue tradition et d’espoir du retour à Sion.
Pour ceux qui restent,
il faut se battre !
C’est la réalisation d’un idéal auquel
consciemment ou pas nous sommes attachés. A
ceux qui font ce choix je dis que nos prières et
nos encouragements les accompagnent. L’Alyah
n’est pas une rupture, c’est à la fois un
aboutissement et une continuation. En devenant
Israéliens les Juifs de France restent
profondément français et contribuent au
rayonnement des valeurs de la République et de
la francophonie dans le monde.
C’est aussi un cri d’alarme, car comme l’écrit
Benoit Raysky : ”Mais à cause de qui, à cause de quoi,
les Juifs partent-ils ? A cause de l'irruption violente et
haineuse de la racaille des cités drapée pour la
circonstance dans le drapeau vert de l'Islam. Si des Juifs
ont l'impression que le sol de France se dérobe sous leurs
pieds, c'est qu'ils constatent que cette judéophobie est
aimablement accompagnée à la gauche de la gauche et
chez les écologistes par des commentaires convenus du
genre : "il faut les comprendre, avec Gaza et tout ça…".
Alors ils se sentent seuls. Et la solitude est mauvaise
conseillère.
Leur départ n'est pas une bonne chose pour la
France. Et peu importe que cela en soit une pour
Israël. Un Etat qui ne sait pas protéger une
catégorie de ses citoyens est incapable de protéger
tous les autres.”
Nos gouvernants, les responsables politiques,
mais aussi les élites intellectuelles sans oublier les
journalistes dont la responsabilité dans la
perception de la réalité est déterminante, feraient
bien de méditer ces quelques phrases.
Pour ceux qui restent, et disons la vérité, c’est à
dire l’encore immense majorité, il faut relever la
tête et ne pas baisser les bras ! Il faut se battre
pour défendre notre place de citoyen, notre place
dans ce pays qui est le nôtre parce que nous ne
faisons pas qu’y vivre, nous contribuons chaque
jour à son édification et à son renforcement. Ici
c’est chez nous !
Pour ceux qui restent il faut renforcer nos
communautés et se lever pour prendre la place
de ceux qui sont partis. Plus de responsabilité,
plus de solidarité, plus de générosité… Plus
personne ne doit s’exonérer de son devoir envers
la collectivité juive qui ne peut pas vivre et
s’épanouir sans chacun de nous. C’est un défi
qu’il nous faut relever sous peine de voir
disparaître nos écoles et nos synagogues…
Alors, je vous le dis sans détour et tant pis si je
vous choque, ce ne sont pas nos ennemis qui nous
menacent, car ils ne sont forts que de nos
faiblesses. Ce ne sont pas les familles qui nous
quittent qui peuvent nous fragiliser car, au
contraire ils nous rendent plus forts et plus digne
car ils nous rappellent que l’Etat d’Israël est notre
bouclier et notre fierté. Non, la seule chose qui
peut nous atteindre et peut être nous détruire
c’est l’indifférence du plus grand nombre, de
ceux qui se comportent comme des
consommateurs, qui prennent mais qui ne
veulent rien donner. Voilà ce qui est
insupportable. Voilà ce qui est intolérable
aujourd’hui plus encore qu’hier.
C’est avec émotion que je m’adresse à vous pour
la dernière fois à l’occasion des fêtes de Tichri.
Dans quelques mois j’arriverai à la fin de mon
mandat et je quitterai mes fonctions. Un autre
Conseil, un (ou une) autre Président hériteront
de cette immense responsabilité au service de
notre communauté. En attendant, je garde toute
ma détermination pour continuer à remplir
pleinement ma mission et mettre en œuvre toutes
les réformes nécessaires afin d’assurer dans un
moment difficile, la pérennité du judaïsme
toulousain.
A la veille des fêtes de Roch Hachana et de Yom
Kippour, je compte sur vous pour être au rendez
vous de la vie, de la bénédiction et de l’espoir
pour le monde, le peuple Juif et Israël.
ChanaVéHatimaTova
Arié Bensemhoun
Président de la communauté juive de Toulouse
AVIVmag n°202 septembre 2014
5
Judaïsme pratique
Horaires de tichri 5775
SELIHOT
JEUNE DE GUEDALIA
Jusqu’au vendredi 3 octobre 2014 :
• lundi et jeudi : 5h45
• semaine : 6h00
VEILLE DE ROCH
HACHANA
Mercredi 24 septembre 2014 :
• Sélihot : 6h00 suivi de Hatarat nédarim
(annulation des vœux).
• 9h00 : visite au cimetière (prière pour les
morts).
EROUV TAVCHILINE
• Allumage des bougies : entre 18h32 et
19h30.
• Minha : 19h00 suivi d’Arvit du 1er soir de
fête. A. Yéchouroun : 19h30
1ER JOUR DE ROCH
HACHANA
Jeudi 25 septembre 2014
• Chahrit : 8h00
A. Yéchouroun : 9h00
• Minha : 18h30
• Tachlikh :19h15
(Pont de Constantine de l’EDJ)
(Pont de l’Hers de Balma)
(Garonne, ave H. Barbusse, route
d’Espagne de Chaaré Emeth)
(Pont du Touch de Birkat Haim,
Tournefeuille)
• Arvit : 19h30 A. Yéchouroun : 20h15
• Allumage des bougies : après 20h30
2E JOUR DE ROCH
HACHANA
Dimanche 28 septembre 2014
• Début du jeûne : 6h23
• Selihot : 6h30
• Chahrit : 7h30
• Minha suivi de Arvit : 19h00
• Fin du jeûne : 20h16
VEILLE DE KIPPOUR
Vendredi 3 octobre 2014
• Sélihot : 6h00, suivi de Chahrit et de
Hatarat nédarim (annulation des vœux).
• Visite au cimetière (prière pour les morts) :
9h00
• Minha : 14h30
• Allumage des bougies : avant 19h15 (début
du jeûne)
• Kol Nidré : 19h15, suivi d’Arvit de Kippour
et de la journée solennelle de prière
A. Yéchouroun : 19h30
JOURNEE DE YOM
KIPPOUR
Samedi 4 octobre 2014 :
• Chahrit : 8h00
A. Yéchouroun : 9h00
(Yizkor vers 13h00)
• Néïla (clôture) : 19h00
• Fin du jeûne : 20h13
VEILLE DE SOUCCOT
Mercredi 8 octobre 2014 :
EROUV TAVCHILINE
• Allumage des bougies : avant 19h05
• Minha 18h45, suivi d’Arvit de fête
A. Yéchouroun : 19h00.
CHAbbAT HOL
HAMOED SOUCCOT
Samedi 11 octobre 2014 :
• Chahrit : 8h30
A. Yéchour. 10h00
• Cours : 17h45
• Minha suivi d’Arvit : 18h30
• Fin de chabbat : 20h01
HOL HAMOED
SOUCCOT
Du dimanche 12 octobre au mercredi 15
octobre 2014 :
• Chahrit : (pas de téphilines)
• Dimanche : 7h30 • Lundi et mardi : 7h15
• Minha suivi d’Arvit: 18h45
HOCHAANA RAbbA
(VEILLÉE D’ÉTUDE)
Mardi 14 octobre 2014 :
A partir de 22h30 jusqu’à l’aube.
Mercredi 15 octobre 2014 :
• Chahrit : 7h15
EROUV TAVCHILINE
• Allumage : avant 18h55
• Minha suivi de Arvit de fête : 18h30
A. Yéchouroun : 19h00
CHEMINI ATSERET
Jeudi 16 octobre 2014 :
• Chahrit : 8h30
A. Yéchouroun : 10h00 (Yizkor)
• Minha : 18h45 suivi d’Arvit et réjouissances
de Simhat Torah, procession des Sépharim
A. Yéchouroun : 19h00
• Allumage des bougies : après 19h54
Vendredi 26 septembre 2014 :
• Chahrit : 8h00 (A.Yéchour. : 9h00)
SONNERIE DU CHOFAR
• Minha suivi d’Arvit de Chabbat: 19h00
A. Yéchouroun : 19h30
• Allumage des bougies de chabbat : entre
19h00 et 19h28.
1ER JOUR DE SOUCCOT
SIMHAT TORAH
Jeudi 9 octobre 2014 :
• Chahrit : 8h30 (Mitsva du loulav)
Yéchouroun : 10h00
• Minha : 18h45 suivi d’Arvit de Fête.
• Allumage des bougies du 2e jour de fête :
après 20h05
Dernier jour de Fête :
Réjouissance avec la Torah
Vendredi 17 octobre 2014
• Chahrit : 8h30 - A. Yéchouroun 10h00
• Minha : 18h30 suivi d’Arvit de chabbat
BERECHIT A. Yéchouroun : 18h45
• Allum. des bougies de chabbat : après 18h51
CHAbbAT HAAZINOU
CHOUVA
2E JOUR DE SOUCCOT
Samedi 27 septembre 2014 :
• Chahrit : 8h30 A.Yéchouroun : 10h00
• Cours : 18h15
• Minha : 19h00
• Arvit et fin du chabbat : 20h27.
6
Rav Y.Y. MATUSOF
AVIVmag n°202
Vendredi 10 octobre 2014 :
• Chahrit : 8h30
A. Yéchouroun : 10h00
• Minha : 18h45 suivi d’Arvit
A. Yéchouroun : 19h00
• Allumage des bougies : après 19h03
CHAbbAT bERECHIT
Samedi 18 octobre 2014 :
• Chahrit : 8h30 - A. Yéchour. 10h00
• Cours 17h45 • Minha : 18h30
• Arvit et fin de chabbat : 19h50
Par Avraham Weill
Judaïsme
13 LIEUx DE CULTE
à VOTRE DISPOSITION
LE JOUR DE KIPPOUR
HALLE AUx GRAINS
Place Dupuy - 31000 Toulouse
EDJ/ORANAIS -HEKHAL DAVID
2, place Riquet - 31000 Toulouse
PALAPRAT
2, rue Palaprat - 31000 Toulouse
CHAARé EMETH
35, rue Rembrandt 31100 Toulouse
ADATH YéCHOUROUN –
ACHKéNAZE EDJ - 2, place Riquet 31000 Toulouse
TOURNEFEUILLE - BIRKAT HAïM
73, route de Tarbes - 31170
TOURNEFEUILLE ADATH ISRAëL
17, rue Alsace Lorraine - 31000 Toulouse
BALMA - BETH YOSSEF
Chemin des Arènes - 31130 Balma
ORATOIRE DE L’UNION
Salle des Fêtes - 31240 l’Union
OHR TORAH - MICHKAN NESSIM
33, rue Jules Dalou - 31500 Toulouse
LES JARDINS DE RAMBAM
Chemin de Tucard - 31650 St-Orens
ORT - ORATOIRE OR YOSSEF
14, rue E. Collongue
31770Colomiers
GAN RACHI - TéPHILA LE MOSHé
8, Imp Suzanne Lenglen
31200 Toulouse
Silencieuse prière
Il est des moments dans l'année qui revêtent pour chacun d'entre nous
une émotion toujours particulière. Le shofar de Rosh Hachana fait
partie de ceux-là.
Q
u'il ait la voix rauque ou fluette,
il fait trembler et pleurer les plus
insensibles
d'entres
nous.
Le Rav Shlomo Yossef Zevin dans son magistral ouvrage "Latorah Velamoadim" nous
propose un regard très original sur le secret de
la fascinante corne de bélier :
Certains moments dans la vie d'un homme sont
si intenses en émotion qu'aucun mot ni aucune
langue, aussi riche soit-elle, ne parviendrait à
exprimer l'instant vécu.
Lors de ces moments si particuliers d'ailleurs,
nous ne ressentons souvent pas le besoin de
parler ou en sommes incapables.
Un seul mot pourrait même avoir des conséquences désastreuses. Il viendrait briser net la
puissance de l'émotion et nous renvoyer violemment à la réalité.
Parmi ces moments d'exception, il en est un
que le peuple juif partageait chaque année à
l'époque du temple de Jérusalem.
C'était à Yom Kippour lorsque le Cohen
Gadol, le grand prêtre, pénétrait dans le Saint
des Saints pour représenter le plus dignement
possible l'ensemble du peuple d'Israël. Il ne devait alors pas sortir le moindre son de sa
bouche. Il n'était alors accompagné d'aucune
prière.
Et c'est uniquement lorsqu'il sortait de cette
pièce si particulière qu'il récitait une courte
prière comme nous l'enseigne la Mishna dans
le traité de Yoma (5e chapitre).
Aucune trace de toutes les longues prières et
autres poèmes que nous trouvons aujourd'hui
dans nos rituels de Kippour.
Seul le silence était de mise.
Ce silence qui fait partie de la musique et qui
peut s'avérer parfois être la plus puissante des
prières.
Nous n'avons plus de Cohen Gadol, mais nous
avons encore le Shofar.
Or le silence édifiant qui accompagne la sonnerie du Shofar est justement là pour nous faire
revivre l'expérience du peuple juif au temps du
Cohen Gadol.
Un silence durant lequel nous exprimons alors
tout ce que nous serions incapables d’exprimer
par des mots, ni même par des écrits.
Une silencieuse prière qui déchire le ciel et per-
met de libérer cette voix intérieure, la voix de
Yaacov, étouffée durant toute l'année par les
mains puissantes d'Essav.
Cette petite voix qui sort du plus profond d’entre nous mais que nous avons tant de mal à
laisser s’exprimer.
Une fois par an, nous avons l’occasion de laisser s’échapper ce qu’il y a de plus vrai et de
plus authentique à l’intérieur de nous. Sans tricher ni se mentir.
Nous laissons alors au vestiaire la peau de chevreuil avec laquelle nous avons paradé pendant
toute l’année et acceptons de nous mettre à nu
devant Dieu.
Que ce moment est précieux. Oh combien
peut-il s’avérer salutaire.
Il y en a qui gagnent leur monde [futur] en un
instant nous enseignent nos sages.
Aucun rabbin ni prophète ne pourra faire le
travail à ma place. La Techouva (repentir) véritable n’est pas question de quantité mais de
qualité. Elle passe par une prise de conscience
courageuse et assumée. Or cela, tout le monde
en est capable.
Dieu attend ce moment avec impatience. Il
sera aussi sensible à notre silencieux recueillement durant le Shofar qu’à nos chants les plus
fervents.
Ne Le décevons. Ne nous décevons pas.
Qu’Hashem accorde à chacune et chacun d’entre vous la plus douce et merveilleuse des
années, dans la santé, la prospérité et la sérénité.
Leshana Tova Tikatevou Vete’hatemou.
Avraham WEILL, rabbin de Toulouse
AVIVmag n°202 septembre 2014
7
Par Yossef Matusof
Judaïsme
Une année de Chemita
« Parle aux enfants d’Israël et dis-leur :
Quand vous serez entrés dans le pays que
je vous donne, la terre sera soumise à un
chômage en l’honneur de l’Eternel. Six années tu ensemenceras ton champ, six années tu travailleras ta vigne, et tu en recueilleras le produit ; mais, la septième
année, un chômage absolu sera accordé à
la terre, un sabbat en l’honneur de l’Eternel. Tu n’ensemenceras ton champ, ni ne
tailleras ta vigne. »
(Lévitique25, 2-4)
L’année 5775 est appelée : « Année de la Chemita ».
Q
U’EST-CE que la Chemita
et quelles sont ses incidences pratiques ?
Depuis la conquête de la Terre Sainte et le
partage des terrains entre les tribus à
l’époque de Yehochoua (Josué), le peuple
juif a compté les années en consacrant
chaque fois la septième année qui est appelée « Chemita » (le compte de la cinquantième année – le Yovel (jubilé) – a été abandonné après la destruction du Temple).
L’année de « Chemita » il est interdit de
travailler la terre en Israël : labourer, semer,
enlever les mauvaises herbes, récolter et
vendre de façon normale les produits de la
terre… On peut cultiver ce qui pousse sur
l’eau et dans les serres qui ne sont pas en
contact avec la terre, selon les technologies
modernes développées entre autres pour
respecter ces lois de «Chemita ». Ainsi,
toute personne souhaitant se rendre en Israël durant l’année 5775 et même après devra se renseigner quant aux magasins, restaurants etc.. où il est possible d’acheter
fruits, légumes, fleurs et céréales tout en
respectant ces lois.
Par ailleurs, l’année de « Chemita » annule
toutes les dettes entre particuliers.
8
AVIVmag n°202
Pour éviter que des gens refusent de prêter
de l’argent à l’approche de l’année de « Chemita », Hillel l’Ancien institua le Prouzboul
: avant et à la fin de l’année de « Chemita »
(la veille de Roch Hachana), chacun est invité à déclarer (oralement ou par écrit) devant un Beth Din (tribunal rabbinique)
qu’il lui transmet ses dettes. Ainsi, chacun
est libre de réclamer par la suite à ses débiteurs, le remboursement de ses dettes.
Pour s’acquitter de cette Mitsva, certains
veillent même à emprunter de l’argent symboliquement avant le Prouzboul.
Enseignement éternel
La chemita, le repos de la terre et l’année
sabbatique : bien que ce commandement
ne se pratique que sur la Terre d’Israël, il
est néanmoins d’actualité et il contient des
répercussions pour tous.
Comme le chabbat hebdomadaire évoque
pour nous la foi en Dieu Créateur, ainsi, le
chabbat des cycles annuels évoque la foi en
D… Régisseur de toute la Nature.
Le droit de propriété au sens large est aboli
et le partage s’impose.
Cette année, comme le chabbat hebdomadaire, le repos et l’absence des occupations
terrestres et matérielles laissent place et dis-
ponibilité à consacrer son temps à sa relation à Dieu par l’étude de la Torah et ses
préceptes.
Le sens de la « Chemita » est d’exprimer
notre confiance en Dieu même dans notre
vie professionnelle et matérielle, comme le
chabbat l’indique aussi.
C’est pour cela que l’année à venir requiert
notre engagement à tous pour consacrer
plus de notre temps et de notre esprit à
l’étude et à nos progrès dans la spiritualité.
D’autant que le chabbat est mis en évidence
dès le début de l’année, Roch Hachana ainsi
que Souccot et Sim’hatTorah tombent jeudi
et vendredi suivis de chabbat : trois fois
trois (‘Hazaka=force) jours sacrés se suivent. De même Yom Kippour tombe également chabbat.
Je souhaite que l’année 5775 soit une année
de Torah, de bonheur, de joie, de partage
et de solidarité pour chacun de nous.
Chana tova et bonnes fêtes.
Rav YY Matusof
Par Jacques Asseraf
ROCH HACHANA-KIPPOUR
Entre terre et ciel
Bien qu’il se revendique comme un mode d’existence régi par un code de lois,
le judaïsme, peuple et religion confondus, s’inscrit résolument dans l’Histoire.
Ainsi, la fête juive, toujours auréolée de sa dimension religieuse, s’insère
d’abord dans le temps historique. Elle est, dès l’origine, événement daté dans
le destin collectif d’Israël et entend s’arrimer délibérément dans l’épaisseur
du réel; nous éloignant d’une spiritualité éthérée, déconnectée de la réalité
palpable.
C
Mosaïque représentant le cycle des douze mois du
zodiaque hébraïque, période byzantine, inscriptions
hébraïques. From synagogue Beth Alpha.
’est ainsi que Pessah commémore, le jour de la réception par Moïse des
plus de deux siècles d’enfermement secondes tables de la Loi. Peu importe si la
égyptien il y a 3400ans, la liberté conception de l’univers fut étalée sur des
recouvrée et la naissance du peuple juif. Que millions d’années, comme le soutiennent
Shavouot, rappelle le don de la Torah, deux aujourd’hui, les scientifiques; que les “jours”
ans plus tard et que Souccot, illustre l’er- de la Création, égrenés dans le premier charance des Hébreux durant 40 ans, dans le pitre de la Genèse, correspondraient à des
désert, et la haute protection
phases ou à des ères de fordu Ciel dont ils ont bénéficié. Tout en assumant son mation et d’élaboration du
Plus tard, Hanouka et Pou- vécu dans ce monde, le cosmos, telles que le suggèrim viendront, à l’initiative de
rent certains. Peu importe
nos Sages, s’ajouter à l’éphé- juif entend se vouer à que le chiffre 5775 du nouméride en célébrant les une autre approche de veau calendrier hébraïque
victoires, en -168, des maccomptabilise, selon la Tradison existence : une
chabis sur les légions
tion juive, la chronologie des
greco-assyriennes d’occupa- aspiration spirituelle années écoulées depuis l’aption
et
le
génocide
parition du premier homme
vers un au-delà du
programmé des juifs, déjoué
ou que ce calcul soit assimilé
matériel, associée au à l’avénement d’une humapar la Reine Esther, deux sièsouci permanent
cles plus tôt. Le deuil de
nité civilisée.
Tich’a Béav, quant à lui, rapA partir du moment où le
de son Prochain
pelle la destruction des deux
peuple juif entre de plainTemples de Jérusalem.
pied dans l’histoire de
C’est ainsi que, par ce rappel du passé, le l’humanité, il se consacre, d’abord et surtout,
judaïsme entend valider son présent et sou- à sa relation au Divin et au développement
ligner, avec force, l’objectif de sa mission de sa conscience morale. Il tend à négliger
essentiellement terrestre: l’avénement d’une l’exploration proto-humaine du temps qui
humanité meilleure. Comment, dans cette passe ou les théories de l’évolution, dès lors
perspective, appréhender les solennités plu- que l’Homme n’y occupe plus la place centôt austères, de Roch Hachana et Yom trale assignée par l’Ecriture, et que l’éthique
Kippour, qui inaugurent l’année juive ? semble remisée au magasin des accessoires.
Alors que métaphysique et sainteté meu- Plus que le Vrai, c’est le Bien qui le préocblent l’essentiel de leur liturgie et que jeûne, cupe. Tout en assumant son vécu dans ce
pénitence et contrition se substituent à un monde, le juif entend se vouer à une autre
climat festif.
approche de son existence : une aspiration
A priori, nul événement n’a, semble-t-il, spirituelle vers un au-delà du matériel, assomarqué leur survenue. Aucun miracle n’est ciée au souci permanent de son Prochain.
venu frapper de son sceau leur émergence
dans la mémoire juive. Elles ont cependant Désormais, son regard sera tendu vers le
été pourvues par nos Sages, d’une conso- Ciel mais ses pieds resteront toujours rivés
nance historique. Roch Hachana appelé au sol. C’est ainsi qu’il entend affirmer sa
également Yom Harat‘Olam*, se trouve présence au monde et accomplir la mission
identifié, par le génie de l’exégèse, à l’anni- qui lui fut confiée .
versaire de la Création du monde, tombant Jacques ASSERAF
ainsi le premier de l’an juif. Et, par le simple
comput des péripéties bibliques, Kippour *Littéralement: Jour de la naissance du monde
survient le 10 Tichri et marque, précisément,
AVIVmag n°202
9
Jalons de
la communauté
Les Constantinois de Toulouse
Une communauté dans la communauté
On dit des Constantinois qu’ils sont le sel du
judaïsme, pourquoi selon vous ?
Gilles Nakache : j’ai 65 ans : depuis des temps
immémoriaux, on a toujours nommé Constantine “la petite Jérusalem” parce que c’était un
bastion du Judaïsme et de la pratique religieuse. Le peuple de Constantine s’est toujours
entouré de ses synagogues.
Justement je crois qu’à Constantine on dénombrait beaucoup de synagogues ?
Jacky Tordjeman, j’ai 75 ans : c’est tout à fait
vrai ! Il y avait beaucoup de synagogues. Dans
chaque quartier les gens fréquentaient la leur.
En ce qui me concerne j’habitais place Négrier
et je fréquentais la synagogue de Rabbi Tsion
Choukroun.
Pourquoi une ferveur si forte ?
Jacky Tordjeman : la foi était très forte, il y
avait une grande religiosité. Je peux vous affirmer que le jour de Chavouot, la synagogue
était si pleine que l’on ne trouvait pas une place
de libre, on ne pouvait pas y ajouter une tête
10
AVIVmag n°202
d’épingle ! Il y avait une effervescence incroyable. On lisait les 10 commandements ce
jour-là, et l’on entendait des voix extraordinaires.
Gilles Nakache : ce qui peut-être explique
cette ferveur, c’est le fait que les communautés
vivaient en vase clos, en autarcie, et cette particularité resserrait les liens entre les fidèles de
la communauté, réunie autour de
son Midrash, de ses Téhélim, de ses
pratiques.
Qui dit grande pratique dit forte
éducation. Comment enseignaiton l’hébreu, la pratique
religieuse?
Jacky Tordjeman : pour ma part,
j’ai surtout appris au talmud-thorah. La différence par rapport aux
écoles juives d’aujourd’hui, c’est
que nous y allions le jeudi et dimanche.
Gilles Nakache : Nos professeurs
étaient le rav Charbit, le rav Aaron,
le rav Guedj, le rav Tsion Choukroun, le rav Rabbi Yossef, une sommité, et
bien sûr le rav Sidi Fredj Halimi, qui était
l’âme de la communauté.
Il semble que le noyau constantinois de Toulouse ait conservé les mêmes amitiés
d’outremer cinquante ans plus tard ?
Gilles Nakache : Les anciens sont partis mais
c’est vrai que les Constantinois de Toulouse ont
formé le premier noyau religieux, mis à part
bien sûr celui des Turcs et des Ashkénazes.
Jacky Tordjeman : Le 21 juin 1961,
Cheik Raymond, le beau-père d’Enrico Macias, grand chanteur aimé
des Juifs comme des Arabes, a été
assassiné. De ce jour, les Constantinois sont partis pour ne plus revenir,
ils savaient que tout était perdu.
Gilles Nakache : Je voudrais ajouter
ceci : Constantine était la ville des
ponts, il y en avait 36. Cette particularité évoque bien le “passage”, la
main tendue entre les communautés.
Et Juifs et Arabes vivaient somme
toute en bonne intelligence.
Revenons à Toulouse, quels ont été
les lieux de prédilection des Constantinois
ici ?
Gilles Nakache : Principalement Palaprat au
début, mais ensuite, c’est la rue du Rempart
qui en a été le fief, avec des figures comme
Simshoun Taïeb, le beau-père de Jacky, Monsieur Khélif, Prosper et Robert Nakache,
difficile de tous les citer. Certains sont partis
en Israël, surtout à Natanya.
Propos recueillis par Pierre Lasry
«
«
bien représentés à Toulouse, ils ont plaisir à évoquer leurs origines QUESTIONS à DEUx FIDèLES
2
1
4
3
5
Quand on parle de Constantine, on évoque une ferveur religieuse incomparable, une profondeur spirituelle qui traverse le temps,
forgée par la tradition, les valeurs familiales et le respect des anciens. Roger Allouche a accepté de jouer le jeu de l’évocation…
Que peut-on dire du grand rabbin de
Constantine, Sidi Fredj Halimi ?
Roger Allouche : c’était un érudit, un catalyseur, un fédérateur, il ne faisait jamais
reproche à qui enfreignait la loi, mais possédait
un regard plein d’humanité,
1
Je crois que les Sepher torah de
Constantine étaient différents de ceux
que nous connaissons ?
RA : oui, nous avions des sepher torah dans
des boîtes, en bois, avec des rimonim, et il y
avait une façon particulière de les présenter
aux fidèles. Ceux qui le faisaient étaient des
spécialistes.
2
Comment expliquez-vous cette ferveur si
particulière ?
RA : d’abord parce qu’il y avait des rabbanim
très proches de nous, qui transmettaient, et
parce qu’il y avait une exigence d’exemplarité
à suivre. Nous fréquentions chaque jour un
Talmud torah très bien structuré, à 11 heures
en sortant de l’école. Nous n’avions pas de problématique de rythme scolaire ! En été nous
avions l’enseignement pendant deux mois et
puis nos parents nous y poussaient… Je me
souviens de ma mère disant : “koum !” Lèvetoi - pour aller faire la prière le matin. Je suis
un vrai Constantinois, d’ailleurs j’habitais 9 rue
Constantin à Constantine !
Le grand rabbin Yossef Renassia, grande figure de Constantine, était monté en Israël en
1961-62, à Dimona, non loin du grand rabbin
Castiel. Il était très affectueux et très respec-
table. Voici un texte qu’il écrivit sur sa fille :
“à la mémoire de ma fille chérie Reine Milka
Renassia. Je la vois et l’entends, fille éveillée,
expliquer la méthode hébraïque, la paracha,
les prières aux petits élèves d’Ohr Torah. Je
la vois et l’entends, jeune étudiante, chanter la
Chira, Hacher kelmat, les chants de la Milah,
la Avdala, la Haphtara. Tous les ans à la table
du Séder, je la vois et l’entends, petite fille, réciter la Haggada et chanter le Hallel, Ehad mi
yodeah, Had gadia, Chir hachirim et répéter
avec enthousiasme “Lechana abah lérouchalaïm”. Sa Jérusalem n’est plus de ce monde,
éditer ces livres qu’elle a tant aimés m’est un
besoin du cœur.”
J’ai retrouvé un contrat de mariage de la sœur
3 de ma grand mère qui date de juin 1897.
C’est un document qui met en lumière
les apports très modestes - habit, linge, vêtements - dont le relevé et l’estimation étaient
consignés dans le contrat, une curiosité historique familiale.
De grands amis à Constantine ont
réussi à perpétuer leur amitié
jusqu’ici, comment ont-ils fait ?
RA : Cela s’explique, pour une certaine génération. Ce sont des gens qui se connaissaient à
Connstantine, et qui se sont retrouvés ici.
C’était une petite ville, une communauté de 20
000 habitants, dans des quartiers assez resserrés. De ce fait, les gens se connaissaient, il y
avait une reconnaissance de l’autre dans
l’identité, dans les airs, les chants (Enrico Macias, Cheikh Raymond), dans les traditions
4
locales. Et certains perpétuent ce souvenir
constantinois. Les pionniers constantinois à
Toulouse sont les familles Nakache, Merdekra
(Allouche).
On parle de relations arabo-juives paisibles
mais il y a eu des événements graves aussi ?
RA : Dans la relation individuelle de voisinage,
c’était très correct, entre chefs des trois communautés également, mais les émeutes arabes
anti-juives à Constantine sont effrayantes.
Collectivement, je ne garderai pas le souvenir
d’une fraternité authentique. Il ne faut pas oublier que la guerre d’Algérie a commencé
quasiment dans les ruelles de Constantine.
Notre logement dominait la rue et nous avons
assisté aux émeutes : les synagogues ont reçu
des grenades, le cheikh Raymond une balle
dans la nuque, le symbole même du rapprochement musulman-juif.
Qu’est devenu Constantine ?
RA : Le cimetière est resté entretenu.
Ce que m’en disent les marchands arabes
constantinois du marché, c’est que la ville s’est
beaucoup développée, université, hôpitaux…
Quand à moi, je regarde peu dans sa direction,
mes regards vont plutôt vers Israël que vers le
Magreb.
5
Propos recueillis par Pierre Lasry
AVIVmag n°202 septembre 2014
11
SUITE DU DOSSIER
Jalons de
De l’enfance sous le soleil de Constantine à l’installation à Toulouse…
«L
’un avait 17 ans, les
autres avaient respectivement 11 et 4 ans
quand ils ont quitté Constantine. Entre souvenirs d’enfant
ou d’adolescent, les noms des
synagogues, des rues, des
lieux se bousculent – la rue de
France, le Mont de Piété, la
place de la Brèche, le Pont
suspendu, la place Négrier, la
rue Chevalier, l’Alliance et tant d’autres. Les
souvenirs des noms des gens qu’ils ont croisés, des Rabbins – Rabbi Zion Choukroun,
Rabbi Chlomo Halimi , Rabbi Yoseph Guenassia, Rabbi Sidi Fredj - des cousins, des
amis, des familles – Guedj, Karoubi, Halimi,
Chemack - se mêlent dans un échange enflammé où chacun relate ses souvenirs et ses
sentiments.
Rencontre avec quatre constantinois passionnés : Jean-Pierre
Attaïech,
Gérard
Attaïech,
Monique Attaïech, née Sebbah
et Claire Rueff, née Zerbib.
Nous consacrons ce numéro aux juifs de
Constantine arrivés au début des années
soixante à Toulouse, au moment de la fin de
la guerre et de la signature de l’indépendance de l’Algérie. Ces fidèles représentent
un noyau dur important dans notre communauté, noyau dont vous faite bien sûr partie.
La communauté juive était importante à
Constantine, comment se déroulait la vie
juive ?
JP Attaïech : On avait une vie juive beaucoup plus intense et différente de celle que
nous connaissons à Toulouse aujourd’hui.
C’était une vie très riche ; d’ailleurs on appelait Constantine « la Petite Jérusalem »,
comme d’autres villes où la religiosité était
grande. Les juifs étaient installés dans plusieurs quartiers. Par exemple, dans le quartier
de la Place Négrier, on comptait cinq synagogues. Nous avions de grands rabbins,
Rabbi Yoseph Guenassia qui avait écrit des
ouvrages sur la Shehita sur lesquels j’ai étu12
la communauté
AVIVmag n°202
temps avant la signature de
l’indépendance. Pourquoi
avoir choisi Toulouse ? Comment s’est passée votre
installation ?
On rejoignait des membres de
nos familles qui étaient déjà
arrivés en France.
JPA : Je suis arrivé le premier de ma famille en 1961,
Jean-Pierre, Gérard et Monique Attaïech, Claire Rueff
peut-être deux semaines après
dié, et Rabbi Sidi Fredj qui lui aussi avait
l’assassinat
de
Raymond
le chanteur (page ciécrit des livres mais sur Pessah. Ils étaient
contre).
Je
suis
d’abord
arrivé à Blois, avant
tous des sommités, certains d’entre eux n’ont
Toulouse
;
une
de
mes
tantes
y était installée.
malheureusement pas connu l’indépendance
J’y
suis
arrivé
avec
un
CAP
d’ajusteur
mécaet d’autres ont suivi le flot des « rapatriés ».
nicien,
j’y
ai
travaillé
pendant
trois
mois.
Puis,
Les synagogues étaient pleines, toujours avec
s’est
posée
la
question
de
faire
venir
mes
pabeaucoup de ferveur.
rents, mais Blois était une petite ville où la
communauté et la religiosité
étaient faibles. Une tante, «
tata Rosa », habitait Toulouse ; j’y suis venu, j’ai loué
un appartement et j’ai fait
venir mes parents.
CR : Nous avons rejoint un
de mes oncles - rue des Lois installé depuis plusieurs années à Toulouse. Il nous a
trouvé un appartement dans
un immeuble attenant au sien
Constantine et son pont suspendu, le pont Sidi M’Cid
pour nous accueillir, mes parents, mes frères et moi. Toulouse était une
Vous avez connu la dure période de la grande ville du Sud qui a attiré beaucoup de
Guerre d’Algérie, quels souvenirs en gar- juifs dans les années soixante.
Certains sont partis en Israël, mais il ne faut
dez-vous ?
En 1954, après l’assassinat d’instituteurs fran- pas perdre de vue qu’Israël était un tout jeune
çais, nous avons connu les premiers « pays en construction où il fallait pouvoir traévènements ». Nous avons tous connu les vailler.
bombes et les assassinats. La guerre d’Algérie
pour nous c’était les bombes rue Nationale,
au Monoprix, rue de France …
Claire raconte : Le père d’une cousine de mon
père a été tué d’une balle dans la tête, rue Nationale, parce qu’il était juif. J’étais jeune
lorsque j’ai connu la guerre, j’en ai gardé une
grande peur de tout bruit violent.
Par conséquent, vous avez quitté Constantine avec vos familles en 1961-62, peu de
Vous étiez « les frères Attaïech », Gérard,
Alexandre, Jean-Pierre et Norbert, déjà en
Algérie de famille très pieuse, et aujourd’hui des membres influents de la
communauté de Toulouse. Vous avez tous
contribué à mettre en place et animer le
culte à Toulouse. Pouvez-vous nous raconter cela et nous rappeler les actions menées
par vous et vos frères ?
JPA : Je suis arrivé à Toulouse à 17 ans après
avoir appris tout ce que je sais du judaïsme en
Les Constantinois de Toulouse
Une communauté dans la communauté
des offices de Kippour, à la Hévra Kadicha, j’ai
assuré les offices à Rambam et j’ai contribué à
dynamiser la vie juive à l’Union en mettant en
place le Talmud Torah avec mon ami Edgar
Guenassia (zal) qui a très bien marché.
Mon frère Alex a été administrateur de l’ACIT
pendant deux mandatures.
Gérard quant à lui est devenu Hazan de la synagogue de Palaprat à la suite du départ en
Israël de David Bensoussan.
Nous avons aussi tous formé beaucoup de
jeunes Bar Mitzva.
Léon Laloum, le mari de notre sœur, a monté
un orchestre, « l’orchestre Léon Laloum », dans
lequel nous avons tous joué. Nous avons appris
à jouer la musique algérienne, celle de Raymond, et avons animé de nombreux
évènements Bar Mitzva, mariages, etc… Pour
l’anecdote, Gérard a appris à jouer du violon en
Quelles sont les traditions constantinoises
qui sont perpétuées ici dans la vie toulousaine ?
Beaucoup d’airs rituels sont hérités de
Constantine, même si bien sûr les traditions
se sont mêlées aux autres, marocaine, tunisienne, portugaise et autres.
CR : Nous nous reconnaissons entre
Constantinois par nos traditions ancrées, et
en particulier nos traditions culinaires. Par
exemple, tous les chabbatoth nos mères faisaient « poisson – boulettes - couscous
Vendredi soir et Samedi midi, Tfina de cardes
d’épinards ou autres.
Justement, Monique, Claire, nous
sommes à l’aube de fêtes de Tichri,
mettez nous l’eau à la bouche…
quelles sont les traditions culinaires constantinoises pour Roch
Hachana et Yom Kippour ?
MA : Le bouillon de poule avec le citron et la menthe, la tfina d’épinards
avec la joue, le jarret de veau avec les
petites pates – « langues d’oiseau »
ou faites à la main entre le pouce et
l’index.
CR : Pour le soir de Kippour, la tradition de
ma mère était de faire une tifna de cardes, suivie d’un poulet farci. Mais depuis, les
traditions s’amenuisent, les estomacs ne le
supportent plus, mais la tfina reste un incontournable.
Un dernier commentaire sur la ville de
votre enfance ?
CR : Il est bien triste de ne plus pouvoir retourner là-bas librement, nous en avons des
souvenirs très doux et très beaux. Nous avons
aussi des oncles, des parents enterrés dans
cette ville, et nous ne pouvons aller nous recueillir sur leurs tombes. Et cela c’est
dommage !
Raymond Leyris est né le 27 juillet 1912 à
Constantine, alors en Algérie française. Il
est le fils d'un Juif et d'une Française, abandonné enfant et recueilli par une famille
juive. A cette époque, musulmans, juifs, et
chrétiens cohabitaient dans une certaine
harmonie, surtout dans les classes les plus
pauvres de la population dont était issue
Cheikh Raymond.
Son nom de Cheikh lui est donné par les
musulmans en signe de respect. Virtuose de
l'oud, Cheikh Raymond se produisait dans
les mariages musulmans comme dans les
Bar Mitzhva juives. Il intègre dans son orchestre le violoniste Sylvain Ghrenassia,
père de Gaston Ghrenassia, plus connu sous
le nom de Enrico Macias. Ce dernier devint
le gendre de Cheikh Raymond en épousant
sa fille Suzy.
Jouant et enregistrant énormément,
Cheikh Raymond
était un lien entre des
communautés qui se
déchirèrent à partir
du terrible massacre
de Sétif en mai 1945.
Alors qu'une grande partie de la communauté juive - souvent installée en Algérie
bien avant la colonisation - ne pensait pas
quitter ce qu'elle considérait légitimement
comme son pays, l'assassinat de Cheikh
Raymond le 22 juin 1961 à Constantine a
contribué à changer la donne. Le meurtre
d'un homme aussi populaire dans toutes les
composantes de la population algérienne, a
montré à l'ensemble de la communauté juive
le danger qu'elle courrait et l’a forcé à l'exil
en Métropole.
SUITE PAGE SUIVANTE
La place de la brèche, le théatre et les halles
moins d’un an, pour animer le mariage de sa
sœur.
La famille Attaïech a servi la communauté de
Toulouse dans ses aspects religieux.
«
Algérie. Je connaissais déjà tous les Téhilim,
et j’ai commencé à les lire à la synagogue de Palaprat sitôt que je suis arrivé. Nous allions à la
synagogue de Palaprat, la seule synagogue à ce
moment là. Nous y avons connu le rabbin
Rozen et M. Fraelich. Ensuite, lorsque le rabbin Rozen est parti, le rabbin Haïk est arrivé.
Puis nous avons déménagé dans un immeuble
dans le quartier de Bagatelle, là, nous allions à
la synagogue de la rue du Pech. Nous allions
tous les jours à la synagogue, nous avons toujours eu une culture religieuse importante. Je
suis le second de la fratrie, et grâce à mes
connaissances religieuses, j’ai très vite été
proche des rabbins G. Haïk et A. Castiel à la
VNS. Après avoir passé 11 ans en Israël, je suis
revenu à Toulouse et me suis occupé de beaucoup d’aspects religieux, pour l’organisation
Le grand musicien
Cheikh Raymond
Propos recueillis par Yaël Rueff-Salama
AVIVmag n°202 septembre 2014
13
SUITE DU DOSSIER
Jalons de
«
Les Constantinois de Toulouse
Une communauté dans la communauté
J
E venais de Constantine. Je ne me suis
pas installée tout de suite à Toulouse
mais à Montauban pour des raisons
professionnelles. Nous faisions des va-et-vient
entre Toulouse et Montauban car nous avions
de la famille installée aux Arènes.
Nous venions nous approvisionner en viande à
la boucherie Ghenassia qui était en quelque
sorte l’annexe de la communauté, où les gens se
retrouvaient et prenaient des nouvelles les uns
des autres.
J’étais institutrice à Constantine puis j’ai été réintégrée dans l’Académie de France d’abord à
Montauban puis ensuite à Toulouse.
Mon mari avait trouvé un emploi à Montauban
Il était secrétaire administratif à Constantine
d’où il a dû démissionner car la situation se
compliquait surtout après l’assassinat du beaupère d’Enrico Macias, la situation devenait impossible. D’autres assassinats nous ont fait
quitter Constantine abandonnant tout, nous
sommes rentrés sans rien du tout.
Nous étions des milliers dans cette situation. La
plupart des juifs sont rentrés en juin, juillet
1962, mais la population constantinoise prise de
panique est rentrée plus tôt, en novembre 1961.
C’est la famille qui nous a fait faire le choix de
Toulouse car ils étaient déjà installés ici.
On s’abritait les uns chez les autres essayant
de rebondir un petit peu.
Puis nous avons eu la chance d’aller à Montauban où mon mari, qui était un ancien
combattant et prisonnier de guerre, s’était vu
attribuer un emploi réservé, un mois avant
notre arrivée..
J’avais quatre enfants qui ont été scolarisés
tout de suite, nous avons eu un appartement à
Montauban, je n’avais pas repris mon emploi
tout de suite car j’étais très affectée et très perturbée. Nous nous sommes employés à
“remonter” la communauté à Montauban avec
les familles Borgère, Bartant, Serfati, Suissa,
Levy qui arrivaient d’Oran et d’Alger.
Nous étions au début très seuls et nous cher14
la communauté
AVIVmag n°202
Jeune institutrice à Constantine,
Denise a rejoint Toulouse en
1961. Une trajectoire mouvementée et cinq enfants plus tard,
elle nous confie ses souvenirs
et sa vision de ce passage de
l’Algérie profonde au Sud-Ouest
de la France. AMbIANCE…
Après trois ans à Montauban, mon mari et moi
avons eu une mutation à Toulouse où ma dernière fille Nelly est née.
nous reconstruisions une vie après toutes les
épreuves, les inquiétudes et les drames, la vie
recommençait, on se retrouvait en paix.
On rebondissait, chacun se retrouvait avec un
emploi, nous nous recevions, les enfants faisaient des études. Pour la plupart, même s’ils
avaient peu de moyens, les enfants de Bagatelle
étaient bien élevés, modestement mais avec
toutes les valeurs que nous voulions conserver
et transmettre.
Les parents surveillaient leurs enfants, ils
n’étaient pas laxistes et les enfants étaient bien
J’ai ensuite repris mon travail ; peu de temps
après, j’ai été affectée dans le quartier de Bagatelle.
A l’époque Bagatelle était un quartier neuf très
accueillant, il y avait beaucoup de juifs et de
Pied-noirs, des Espagnols, l’atmosphère était
très agréable, les enfants s’amusaient en toute
quiétude, la communauté se rassemblait. Le
quartier des Arènes avait accueilli une grande
partie des Juifs pieds noirs, on l’appelait la
« petite Jérusalem ».
J’avais aux environs de trente-six ans, nous
tenus, protégés, ils fréquentaient l’école et la synagogue, nous menions paisiblement et
modestement nos vies.
Quand les fêtes de Pourim et les fêtes de Lag
baohmer arrivaient, chacun faisait une séhouda
et on se recevait.
Pour Pourim, on s’envoyait des gâteaux, je me
souviens des enfants Partouche, Armand et
Sylvain se pressaient pour apporter les gâteaux
et on leur donnait une petite pièce.
Les Constantinois reconstruisaient à l’identique
leur ambiance, ici à Toulouse.
chions à nous retrouver et nous regrouper, à
nous refaire un cercle d’amis.
bagatelle
Du Rhummel à la Garonne
Le témoignage de Denise Khalifa : une institutrice de Constantine qui a su rebondir en France en recréant une nouvelle vie riche de ses traditions et de ses valeurs
La synagogue de la rue du Pech s’est construite
pour les besoins de la cause car il y avait beaucoup de juifs aux Arènes et, comme la
synagogue “VSN” qui se trouvait rue du rempart Saint Etienne était trop loin surtout pour
les Chomer chabbat, nous avons loué un garage
vers l’actuelle clinique Ambroise Paré, dans une
rue perpendiculaire à la route de St Simon.
Chacun avait mis la main à la pâte : c’était donc
un simple dépôt, un garage que nous avons
complétement aménagé avec les Chicheportiche, les parents et les enfants Ataïiech , il y a
eu également des petites contributions du
FSJU.
C’est donc devenu une véritable synagogue,
avec l’arche tout au fond, la Teva au milieu, une
petite galerie pour les femmes et un jardin pour
les enfants. Les rabbins étaient Isaac Chetrit,
Abraham Cohen et l’officiant Israël Atlan. Le
terrain était loué sûrement par le Fond social,
nous y allions pour les fêtes.
Ensuite, nous nous sommes déplacés vers
Chaare Hemet.
Mais tout le monde s’était beaucoup beaucoup
investi pour cette synagogue de la rue du Pech.
L’évolution vers le Mirail
Petit à petit les familles ont évolué, les enfants
ont grandi et les familles se sont déplacées vers
le nouveau quartier du Mirail qui venait de se
construire, les appartements étaient plus beaux,
plus grands. En ce qui nous concerne, nous
nous sommes installés à la Faourette où nous
avons acheté notre appartement. La Faourette
était un quartier très tranquille, face à Bagatelle
qui proposait des HLM en location.
Petit à petit, l’évolution s’est faite, l’immigration
maghrébine est arrivée dans les années 75, 80
et au fur et à mesure, les appartements qui se
vidaient étaient occupés par les familles maghrébines.
Jusqu’en 1985, 1986 c’étaient encore des quar-
tiers agréables et vivables puis cela a commencé
à se gâter, à se dégrader, la fréquentation n’était
plus la même et les juifs ont commencé à quitter
le quartier.
Les enfants grandissaient, ils avaient plus de
vingt ans et se déplacaient vers la ville, vers des
quartiers plus résidentiels. J’ai assisté à une
transformation totale du quartier de la Faourette qui était un quartier très vivant,
QUELQUES FAMILLES DE
LA RIVE GAUCHE
Je ne peux pas toutes les citer, mais je
pense bien sûr aux Khélif, aux Chicheportiche, aux Partouche, aux Attaïech,
aux Zerbib, en particulier Marco, à
Monsieur N’Kaoua qui faisait les encaissements pour la communauté, aux
Allouche, à René et Marguerite Ghrenassia dans leur boucherie, aux Atlan…
considérés presque comme des « héros », ce
n’était pas comme aujourd’hui, nous nous substituions même parfois aux parents.
Pourquoi les choses ont changé ? Peut-être aujourd’hui que les enseignants n’ont pas sur
garder leur rang, ils ont peut-être voulu trop
copiner et ce manque de distance fait qu’il ont
peut- être aussi perdu le respect.
C’est comme le tutoiement et le vouvoiement
cela permet de conserver une distance et du respect.”
Propos recueillis par Pierre Lasry
chaleureux, il y avait des officiers de la base de
Francazal qui habitaient là, la fréquentation
était plus “sélect”. J’avais des amis de toutes
sortes avec toute la population car j’étais l’institutrice de tout le quartier.
Puis la zone s’est détériorée sensiblement au fur
et à mesure de l’arrivée des musulmans qui
avaient créé des cafés maures au milieu du
quartier, qui n’était plus respectueux du
contexte local et national, à la différence de
nous, qui étions intégrés tout en respectant nos
coutumes.
Les voitures commençaient à être vandalisées
si bien que mes enfants redoutaient de venir.
C’est en fait la deuxième génération et la troisième génération de cette immigration qui a été
plus dévastatrice car la première génération,
comme nous, avait voulu se refaire une vie.
«
La synagogue de la rue du Pech
Institutrice, un métier qui change
Je garde un excellent souvenir de tous les
élèves que j’ai eu, j’étais respectée, nous étions
AVIVmag n°202 septembre 2014
15
Interview exclusive
Jean-Luc Moudenc
Maire de Toulouse, président de Toulouse Métropole
“Je suis du genre fidèle”
V
ous êtes né en 1960 à Toulouse, vous
vous engagez en politique dès l’âge de
17 ans ; quels ont été les chemins, les
ressorts secrets qui vous ont propulsé vers ce
destin de maire de la 4e ville de France en
avril dernier ?
Je crois que c’est la passion de Toulouse. Je me
suis engagé lorsque j’étais jeune pour des idées.
Très vite j’ai découvert l’action municipale, ce
qui est quelque chose d’un peu différent. J’ai
découvert aussi la personnalité de Dominique
Baudis, sur la liste duquel j’ai figuré lorsqu’il a
brigué la mairie de Toulouse pour la première
fois en 1983. J’étais le plus jeune et depuis j’ai
approfondi mon engagement municipal. Je
crois que je suis une illustration du parcours républicain où échelon après échelon, poste de
responsabilité après poste de responsabilité, on
construit, on renforce un engagement. Le mien
m’a conduit à cette grande mission d’être élu à
deux reprises mais dans des conditions différentes, maire de la ville qui m’a vu naître, dans
laquelle je vis et que j’aime très sincèrement.
Vous avez déjà été maire une première fois de
2004 à 2008 et député élu de la troisième circonscription de la Haute-Garonne de 2012 à
2014. On vous sent aujourd’hui plus à l’aise,
plus déterminé et sûr de vous que lors de ce
premier mandat. Quels sont les ingrédients
de cette évolution, de ces progrès ? Le travail
sur soi, la campagne électorale, la maturité,
du coaching ?
Il y a sans doute un peu de tout cela, sauf le dernier point, je n’ai pas fait de coaching. Je pense
que j’avais été élu en 2004 dans des circonstances particulières par le Conseil Municipal. A
16
AVIVmag n°202
partir de là, je ne pouvais détenir une autorité
politique, morale et personnelle forte.
Le 30 mars 2014, ce qui s’est passé est radicalement différent. Ce sont les Toulousains, qui
par leur souveraineté populaire et démocratique, m’ont confié le mandat. La dimension de
l’élu que je suis n’est plus la même.
De 2008 à 2014, j’ai accompli un parcours d’opposition. Ce ne sont pas des moments faciles.
C’est un peu la traversée du désert. Mais, justement, quand on arrive à traverser le désert,
on se sent plus fort que lorsqu’on y entre. Et je
crois que toute épreuve dans la vie, lorsqu’elle
est vécue de manière positive, constructive,
comme une invitation à faire des efforts à puiser
au fond de son caractère, à mettre en avant des
qualités que l’on peut avoir, à corriger des défauts que l’on a forcément, à ces conditions là,
l’épreuve est une étape de progrès. Et moi, j’ai
vécu ces années d’opposition dans le cadre d’un
travail de terrain, de réflexion, d’expression
permanent au contact des Toulousains. C’est ce
contact avec les Toulousains qui m’a rendu sans
doute plus fort.
Peut-on parler un peu de l’homme privé ?
Vous êtes marié, père de famille. Je crois que
vous êtes catholique pratiquant, quelles sont
vos relations intimes avec le judaïsme ?
Des relations de deux ordres. D’abord j’ai eu la
chance, d’être très jeune en relation avec le judaïsme par ma famille puisque du côté de ma
mère et du côté de mon père, il y a eu des mariages interreligieux entre des juifs et des
catholiques issus de ma famille. Je suis donc familier de la religion juive grâce à mes cousins,
côté paternel et maternel. Et puis étant catholique, je suis pleinement conscient que nous
sommes des branches différentes du même
arbre.
Plus tard, lorsque j’ai approfondi mon engagement politique, j’ai été en contact avec la
Communauté Juive de Toulouse, non plus à
travers telle ou telle réunion familiale ponctuelle
mais à travers ses organes communautaires, les
responsables qui la font vivre.
La maturité politique m’a également amené à
réfléchir sur le judaïsme dans notre pays, sur
Israël, sur les rapports de la France et d’Israël,
sur la problématique extrêmement complexe du
Proche Orient. Une sorte de conscience civique
s’est ajoutée dans un second temps à un vécu
familial. On peut dire que ce sont ces deux aspects qui ont forgé ma relation avec le judaïsme
et plus particulièrement avec la communauté israélite toulousaine.
On vous a vu en campagne - mais aussi hors
contexte - très proche de la communauté
juive de Toulouse, qui vient de fêter le bicentenaire de sa communauté organisée.
Comment voyez-vous aujourd’hui la suite de
ce chemin que vous avez parcouru avec elle
ou à ses côtés ?
C’est vrai que je suis plutôt du genre fidèle et
donc je crois avoir été présent en tout temps
dans les grands rendez-vous auxquels la Communauté m’a convié comme élu à différents
titres : avant que je devienne maire de Toulouse,
avant 2004, pendant mon premier mandat,
quand je n’ai plus été maire de Toulouse. La fidélité, c’est justement la permanence d’une
relation quelles que soient les circonstances et
les positions que l’on peut avoir ou ne pas avoir
dans la vie publique. Je considère que la Communauté juive de Toulouse est une richesse
d’abord parce qu’elle est extrêmement dynamique dans la vie communautaire, mais aussi
dans la vie publique, dans la vie sociale, dans la
vie économique, donc dans la vie toulousaine
tout court. Et uune ville, pour avancer, a besoin
de personnages dynamiques, de groupes dynamiques. Toulouse est caractérisée depuis
longtemps par une sorte de pluralité. Elle fédère
depuis très longtemps des identités, des parcours humains, des histoires personnelles et
familiales venues d’horizons extrêmement différents. C’est une ville qui aime le débat et qui
vit, c’est ma conviction, plus fort, plus intensément que d’autres villes, ce que j’appellerais le
pluralisme d’une société. Donc, la communauté
juive, pas simplement parce qu’elle est dynamique mais parce qu’elle est héritière d’une
histoire extrêmement riche, extrêmement particulière, a naturellement toute sa place dans
cette vie toulousaine qui est faite de diversité,
de débat, de rencontre, d’échange, de confrontation parfois.
Jean-Luc Moudenc
On ne peut pas ne pas évoquer la recrudescence des actes et des paroles antisémites qui
frappent la France depuis 2012, et que tous
les responsables politiques dénoncent. Au
delà des appels à la fermeté républicaine, au
respect de la loi, quelle est votre position
d’élu d’une grande ville. Avez-vous des idées
nouvelles par rapport à ces questions si difficiles ?
Je n’aurai pas la prétention d’avoir des idées
nouvelles mais la recrudescence
de
l’antisémitisme
dans
notre pays est malheureusement une réalité.
Nous l’avons vécu à Toulouse de manière plus
dramatique et tragique
qu’ailleurs et notre douleur est toujours là.
Il y a quelques mois,
lorsque j’étais député et
secrétaire du groupe
d’amitié France/Israël à
l’Assemblée Nationale,
nous avons eu une réunion de travail en groupe
restreint avec Roger Cukierman qui avait été élu
à la présidence du CRIF
national quelques mois
auparavant et les premiers mots lors de cette
rencontre m’ont frappé.
Ils ont été de nous dire
qu’en reprenant la présidence du CRIF qu’il
avait exercé auparavant,
il trouvait malheureusement
une situation
beaucoup plus grave et
dégradée du point de vue
de l’antisémitisme en
France et donc de la démocratie française, et de
la République française. Le responsable que je
suis parmi d’autres ne peut être que concerné,
interpellé par cette question.
A défaut d’originalité, lorsqu’il y a la montée
d’un phénomène pervers et dangereux, je crois
qu’il faut d’abord réaffirmer des fondamentaux
très sûrs, très solides, très anciens. Parce que le
pire, lorsqu’il y a la montée d’un péril c’est qu’il
y ait une sorte de fragilisation générale, que
cette montée d’un péril intimide tout le corps
social et que la communauté juive se trouve isolée pour sa propre protection et sa propre
tranquillité. C’est ce qu’il faut éviter et donc, à
défaut d’une position novatrice ou originale, il
me semble que mon rôle, maintenant que je suis
maire après avoir été élu député, c’est justement
de réaffirmer publiquement et fortement une
fermeté et une fidélité républicaine.
Après cela, il y a des mesures juridiques, il y a
des prises de position publiques des pouvoirs
publics, nationaux d’abord. Le problème n’est
pas un problème municipal ou un problème
local.
Nous avions évoqué justement avec Roger Cukierman, lors de cette fameuse réunion de fin
2013 ou début 2014, la possibilité de revisiter
l’arsenal juridique qui existe dans notre pays
permettant de contrecarrer l’antisémitisme
puisque nous avons constaté à travers l’affaire
Dieudonné par exemple que cet arsenal juridique pouvait être inopérant. Donc l’idée était
d’avoir, notamment avec les parlementaires et
avec les institutions de la Communauté, un travail technique croisé pour voir quel projet de
loi ou quelle proposition de loi nous pourrions
élaborer pour permettre de combler les insuffisances et les carences des dispositifs existants.
Je ne suis plus député, donc je ne puis plus participer à ce travail à peine esquissé. Ce que je
souhaite, c’est que le gouvernement et les parlementaires remettent ce sujet à l’ordre du jour.
On en a beaucoup parlé au moment de l’affaire
Dieudonné, on en parle moins aujourd’hui. Le
risque serait que l’on soit passé à autre chose et
comme (c’est tant mieux) il est moins question
de Dieudonné dans l’actualité, on relâche la vigilance et on oublie de faire ce travail de
perfectionnement juridique. Il faut que ce travail soit fait. Ce n’est pas parce qu’il y a une
accalmie dans l’actualité de l’antisémitisme en
ce moment qu’il faut baisser la garde.
On évoque hélas souvent
Toulouse affublé du nom de
l’assassin du 19 mars 2012.
L’affaire Mérah, l’affaire de
Toulouse, la tuerie de Toulouse, le foyer salafiste
toulousain, etc…. Cette terminologie est à l’évidence
néfaste à l’image de la ville
rose. Le temps peut l’estomper mais ce n’est pas certain.
Avez-vous réfléchi, en tant
que Maire, à la façon de reblanchir l’image ternie de
votre ville, quel action, quel
temps fort peut nettoyer les
mémoires et offrir au
monde un autre angle de
vue sur la ville ?
Je crois que Toulouse, par
ses intérêts naturels, et ils
sont multiples, a des occasions de faire parler d’elle,
heureusement de manière
bien différente de ce drame et
de manière positive. Nous allons, dans peu de temps,
assister au lancement d’une
nouvelle version d’Airbus,
l’A350 Néo qui est promu à
un grand succès commercial.
La poursuite de la succes story
d’Airbus, c’est une valeur
sûre de la réussite toulousaine et de l’image de
Toulouse à l’extérieur. C’est un événement que
je cite pour répondre à votre question parce
qu’il va avoir lieu bientôt. Mais il y a heureusement des évènements réguliers dans la vie
sociale, dans la vie économique, dans la vie universitaire, dans la vie culturelle toulousaine qui
colorent d’une ambiance positive notre vie et
l’image de notre cité.
Un mot sur Israël. Vous en revenez il y a peu
de jours. C’est une destination que vous
connaissiez déjà je crois, que vous appréciez.
Comment voyez-vous l’avenir pour ce pays
qui sort à peine d’un conflit sanglant ?
On a l’impression qu’il y a un conflit interminable dont on se demande si il finira un jour.
AVIVmag n°202
17
Jean-Luc Moudenc
“A la Communauté Juive de Toulouse, je souhaite de conserver le formidable
dynamisme qui fait d’elle un pilier de la République Toulousaine.”
Et donc face à tout cela, je crois qu’il faut que
ceux qui sont amis d’Israël ne cessent de réaffirmer cette amitié quelle que soit la
conjoncture, contre vents et marées, dans les
moments de tension là bas tout comme dans les
moments d’accalmie. Je le dis souvent et je le
redis : on peut être en désaccord avec telle ou
telle décision du gouvernement israélien du moment et cela n’empêche pas, bien au contraire,
de redire notre attachement à la pérennité
d’Israël, de redire, parce que malheureusement
les médias ne le disent pratiquement jamais,
qu’Israël est une démocratie, sœur de nos propres démocraties européennes et que cette
démocratie israélienne est bien la seule démocratie qui existe dans la région, au Proche
Orient. Donc défendre Israël, ce n’est pas forcément approuver les positions du
gouvernement israélien du moment, c’est avant
tout défendre un modèle de Société, des valeurs
de civilisation qui nous sont étroitement communes.
Israël est bâtie sur un socle de valeurs démocratiques et humaines qui est identique aux
valeurs et au socle de civilisation sur lequel nous
sommes en France et je crois que dire cela n’est
pas neutre. C’est quelque chose de fort et c’est
affirmer une permanence qui est sincère, qui est
juste quelle que soit la conjoncture de paix ou
de guerre du moment.
En quoi les relations privilégiées entre Toulouse et Tel Aviv et le jumelage peuvent-ils
prendre davantage de sens ?
Les relations entre Tel Aviv et Toulouse sont
très anciennes. C’est le plus ancien jumelage de
Toulouse. Il a 52 ans d’existence. Il a été mis en
place lorsqu’il y avait un maire socialiste. Depuis d’autres majorités, d’autres municipalités
se sont succédées. Le jumelage a toujours été
maintenu.
Ce jumelage, c’est d’abord un signe d’amitié,
c’est aussi une marque de reconnaissance pour
ce que je disais un peu plus tôt, c’est-à-dire le
dynamisme particulier de la Communauté
Juive Toulousaine.
J’ai un nouvel élu à mes côtés, Aviv Zonabend,
qui est chargé des jumelages. Il est épaulé d’un
ancien élu qui amène son expérience, notre ami
Gérard Naon et je sais que tous les deux préparent des propositions pour donner un nouvel
élan que je souhaite à ce jumelage dans les mois
à venir.
J’ai rencontré mon homologue Ron Huldaï
quelques semaines après mon élection. Je
l’avais vu il y a quelques années et nous sommes
tout à fait sur la même longueur d’onde. Il faut
18
AVIVmag n°202
simplement que l’on sélectionne quels sont les
points de coopération car, dans les grandes
villes, il y a de multiples choses qui sont possibles. Et l’on ne peut pas tout faire en même
temps. Donc, il faut que l’on travaille avec Tel
Aviv pour voir quels sont les points de convergence, de coopération, d’échange, les thèmes
que l’on peut développer pendant la mandature
municipale qui s’ouvre.
Hasard du calendrier, la Dépêche du Midi
publie le jour de notre entretien une double
page sur l’aliyah des Juifs toulousains, beaucoup plus importante ces dernières années,
qu’elle ne l’a jamais été et qui prive votre ville
de dizaines de familles. Que pensez-vous de
ce phénomène. Et faut-il essayer de l’endiguer ?
C’est très inquiétant car évidemment, ce phénomène n’est pas pour l’essentiel le résultat d’un
cheminement personnel et spirituel et de réflexion. Pour l’essentiel, c’est un corolaire de ce
que nous disions au début de notre entretien, à
savoir la montée de l’antisémitisme et donc, cela
m’autorise, me semble-t-il, à exprimer mes regrets de cette situation. Je regrette qu’il y ait
des Juifs français, toulousains qui, à un moment estiment qu’au fond, ils seront plus en
sécurité s’ils vivent en Israël. A partir du mo-
ment où ils font ce constat, où ils acquièrent
cette intime conviction et qu’ils font ce choix,
cela veut dire que nous sommes en échec, nous
tous collectivement, que nous n’avons pas su
préserver cette sécurité, cette tranquillité, cette
tolérance qui pourtant est dans nos gènes de démocrates et de républicains.
Donc, je ne peux pas me satisfaire de ce qui est
un échec. Je le répète pour qu’il n’y ait pas
d’ambiguïté, je mets à part ceux qui, mais je
crois savoir qu’ils sont minoritaires, font leur
aliyah parce qu’ils sont dans un cheminement
spirituel ou familial indépendant du contexte
sécuritaire français. Je pense que quand des valeurs fondamentales sont attaquées, il ne faut
pas déguerpir. Il faut être là pour les réaffirmer,
les défendre et pour créer des solidarités.
Le Communauté Juive toulousaine a beaucoup
d’amis non juifs. Je ne suis qu’un parmi ceuxci mais nous sommes nombreux à être des amis
fidèles et solides. Donc je pense qu’il vaut
mieux se parler, développer des relations et
faire un travail. J’ai évoqué un peu plus haut
un travail législatif pour justement créer et développer des anticorps à l’antisémitisme, une
sorte de contre offensive au service des valeurs
de la démocratie, de la République et du pluralisme plutôt que de déserter le combat.
Pour clôturer l’entretien, que faut-il souhaiter au maire de Toulouse ? Et que faut-il
souhaiter aux juifs de Toulouse ?
Au Maire de Toulouse, il faut souhaiter d’avoir
la possibilité de mettre en œuvre les engagements sur lesquels son équipe et lui-même ont
été élus et donc de développer tout au long des
six années du mandat le travail nécessaire au
côté des Toulousains pour faire en sorte que
Toulouse réussisse, que la métropole de demain
soit un succès, que le développement économique soit au rendez-vous.
A la Communauté Juive de Toulouse, il faut
souhaiter de conserver le formidable dynamisme dont je parlais, qui fait d’elle un pilier de
la République Toulousaine.
Propos recueillis par Pierre Lasry
Entretien
Le grand rabbin Haïm Korsia
Elu depuis quelques semaines, le grand rabbin de France répond à nos questions
Parallèlement à ce choc que l’on a subi,
même si la réaction a été positive, il y a une
augmentation des actions et des discours antisémites qui n’épargnent pas Toulouse.
Toulouse est comme le reste de la France.
C’est une très bonne remarque. Il y a une
forme de chute du Tabou et une libération de
la parole et des actes, comme si finalement, les
méchants avaient le sentiment qu’ils étaient ap-
prouvés par une sorte de majorité silencieuse.
C’est le risque grave des majorités silencieuses.
On fait les choses au nom des majorités silencieuses parce que, par nature, elles ne
s’expriment pas. D’où l’appel à tous nos citoyens à se lever, à parler, à dire, chacun à sa
façon. On ne peut pas laisser faire en notre
nom des choses insupportables.
Mais en tant que Juifs, comment nous adresser à nos concitoyens ? Comment s’adresser
à cette majorité silencieuse ?
Chacun doit parler dans son entourage, expliquer. Chacun doit montrer que la lâcheté et le
silence sont complices et combien on a besoin
de sentir cette solidarité de concitoyens, qui
donne corps à la fraternité, à notre devise nationale : « Liberté, Egalité, Fraternité ».
J’ai vu La Dépêche qui parle d’un grand nombre de départs de familles juives de Toulouse
et je crois que c’est un signal d’alarme pour
l’ensemble de la société parce que cela veut dire
qu’il y a des Français qui n’arrivent plus à percevoir dans ce qu’incarne la France, le rêve
d’une société plus sereine, plus agréable, meilleure, la possibilité d’un futur, d’un
rapido
1963 : Naissance à Lyon.
1988 : Rabbin à Reims.
2000 : Aumônier de l’armée de
l’air.
2007 : Aumônier général israélite
des armées.
22 juin 2014 : Elu grand rabbin
de France.
réenchantement de la société.
Et c’est d’ailleurs l’un des
constats que l’on peut faire.
Les générations actuelles s’inquiètent beaucoup plus, alors
que depuis toujours on était
persuadé que les générations
ultérieures allaient vivre
mieux que nous. Maintenant,
on se fait du souci pour les générations ultérieures. C’est
nouveau. C’est à dire que
brusquement l’horizon de sérénité est en train de
disparaître.
Ce signal d’alarme, je pense
que l’ensemble de la société l’a
entendu. Dans le titre de La Dépêche, ce qu’il
y a d’inquiétant, c’est : « Exode ».
Une longue amitié le lie à Jacques Chirac
Le Maire de Toulouse, interrogé quelques
jours avant vous, a dit sur cette question :
«Pour nous, c’est un constat d’échec. Des
Toulousains juifs qui s’en vont en nombre,
cela veut dire qu’on a échoué à les accueillir,
à leur donner les conditions d’une bonne vie
ici.» Que faut-il faire, que faut-il dire pour
éviter cette hémorragie continue ?
ll faut reparler et reconstruire à nouveau une
France fidèle à elle-même, c’est-à-dire qui protège tous ses citoyens, interdit la violence entre
les uns et les autres, qui ne laisse pas cours à
des formes de guerre civile où chacun au mieux
s’insulte, au pire se tabasse. Parce que le judaïsme, les Juifs en France sont toujours dans
le cadre républicain et refusent de rentrer dans
une logique de guerre intercommunautaire, on
se trouve avec : « Nous, la France doit nous
protéger ». C’est ce que disent et confirment les
gouvernements quels qu’ils soient avec beaucoup de force. D’autres jouent une sorte de
violence, comme si le seul moyen de s’exprimer
en France, était la violence.
AVIVmag n°202 septembre 2014
SUITE PAGE SUIVANTE
Toulouse a été meurtri, endeuillé, il y a un peu plus de
deux ans. Votre prédécesseur, Gilles bernheim, a été
extrêmement présent et
réactif et nous a aidé à relever la tête tout de suite
après, puis dans les mois qui
ont suivi. Comment redorer
aujourd’hui le blason d’une
ville marquée par cette infamie ?
“Je suis venu pour la commémoration des “un an” de
cette tuerie, pour les “un an”
de l’assassinat des soldats à
Montauban et on a
conscience effectivement que Toulouse était
devenu un symbole. Mais contrairement à des
villes qui portent leur infamie, ces crimes terribles ont été presque supplantés dans la
mémoire collective par l’élan de fraternité qu’il
y a eu après. Je l’ai perçu quand je suis venu
avec Kader Arif, Ministre des Anciens Combattants et Jean-Yves Le Drian, Ministre de la
Défense, parce que vous avez toujours deux
options. J’ai une option biblique : « Voici, je
place devant vous la vie et la mort ».
Cette ville aurait pu basculer, être entrainée
dans la mort. Elle a choisi la vie. Et je vous le
dis d’autant plus que ce dimanche, je vais aller
à l’inauguration du Sefer Torah à la mémoire
du fils et des deux petits enfants de Monsieur
Sandler, mon ami. Je l’ai accompagné quand il
est revenu de Toulouse et c’est moi qui ai réceptionné les corps à Roissy avant de les faire
partir en Israël. J’étais, à ma façon, d’une certaine manière au cœur de l’accompagnement.
J’ai vu les élans de fraternité, de solidarité. La
vie se lever. C’est à nous de faire en sorte que
Toulouse soit le symbole de la fraternité dans
l’adversité et non pas le symbole de la chute
d’un monde. Sinon, cela aurait donné une victoire au criminel et il n’en est pas question.
19
Entretien
SUITE DE LA PAGE PRéCéDENTE
Le grand rabbin Haïm Korsia
Mon vœu, c’est que nous soyons capables d’être ceux
qui produisent de l’espérance
Le sujet n’est pas qu’il y en ait un qui soit
plus moderne ou différent, c’est plutôt qu’à
un moment quelqu’un porte une espérance,
et je crois que le judaïsme en France comme
dans l’ensemble de la Société, a besoin d’un
message d’espoir et moi, ma nature est là.
Elle est de voir toujours le verre à moitié
Vous êtes un homme de média. On
plein. Quand le verre est à moitié plein, c’est
connaît l’émission sur Direct8 « Les enqu’on a encore de la marge. Je dirais que la
fants d’Abraham » à laquelle vous avez
force profonde du Judaïsme, ce n’est pas
participé pendant six ans. Qu’est-ce que
d’être parfait, c’est
cette expérience
d’avoir conscience
télévisuelle vous a
que l’homme est
apporté ?
perfectible. Chaque
Je dirais que le
situation est parmédia, la télévision
faite, parce qu’elle
m’oblige à être synest
perfectible.
thétique, à ne pas
Quand une situaparler à telle ou
tion est finie,
telle audience. Il
terminée, bloquée,
faut parler de ma- “Les enfants d’Abraham”, l’emission de Direct 8, avec le il n’y a plus d’élévanière très large. Et père Alain de la Morandais et Malek Chebel
tion possible, ni
l’on se rend compte lorsque le talmud dit : spirituelle, ni matérielle. Quand vous êtes
« Diber ha Torah lashon Ben Adam », je au top de quelque chose, vous n’allez pas
me suis rendu compte que je n’ai parlé tou- plus loin. La situation qui est la nôtre est
jours que de Bible, de Torah, de Talmud. Et que l’on a besoin d’espoir et l’espoir c’est le
le Talmud, la Bible, la Torah, tous ces textes moteur profond de l’humanité. Chaque
juifs, profondément juifs ont aussi une au- femme, chaque homme a besoin d’espédience universelle.
rance.
L’effort que j’ai dû produire pour que La France, dans son ensemble a besoin
l’émission fonctionne avec un prêtre Alain d’espérance et ce que j’aimerais, mes vœux,
de la Morandais et aussi avec Malek Che- si vous me le permettez, en guise de conclubel, c’est justement de rendre audible à sion, d’ouverture de cette année et en
l’ensemble de la Société des messages pro- particulier pour la Communauté de Toufondément juifs. Je continue à le faire et en louse c’est que comme toujours, la
tout cas, j’essaie de le faire.
Communauté Juive soit à l’avant garde de
la Société, comme toujours, nous soyons caPeut-on dire de vous que vous avez un pables d’être ceux qui produisent de
profil de rabbin plus moderne que la plu- l’espérance. Si l’on a été capable d’espérer,
part des rabbins qui étaient en lice pour d’être devant la Mer Rouge avec les Egyple poste que vous avez obtenu, le poste de tiens qui arrivaient derrière, ce n’est pas
parce que quelques méchants s’obstinent à
Grand Rabbin ?
vouloir faire de nous des sous citoyens que
Moderne, je ne sais pas ce que ça veut dire.
nous serons moins citoyens. On sera autant
Je sais simplement que tous les candidats
citoyens. On pourra autant apporter ce que
étaient des camarades, pour certains de pronous sommes à l’ensemble de la Société.
motion, des copains. On travaillait
C’est ce message d’espoir que je veux déliensemble, on travaille ensemble à nouveau,
vrer, en particulier à la Communauté de
sans problème.
Toulouse, qu’elle montre son courage, se
Pendant la campagne, qui était vraiment fraternité, qu’elle montre son exemple à
sympathique, j’ai le souvenir du passage l’ensemble de la Communauté Nationale”.
d’audition à Toulouse. On passait les uns
après les autres. On parlait dans le couloir.
On nous avait servi des gâteaux, ça s’est Propos recueillis par Pierre Lasry
passé dans une très bonne ambiance.
En réalité, c’est la Société dans son ensemble qui est malade, nous ne sommes que les
vigies de ce mal-être de la Société. Nous
sommes ceux qui incarnons l’obligation de
se ressaisir pour la Société.
20
AVIV mag n°201
“
RENCONTRE AVEC
Homme de l’ombre dont on
connaît le nom, la voix, le
visage, connu mais discret,
qui ne mâche pas ses mots,
Jean-Luc Halimi se bat
tous les jours sur le terrain
de l’engagement pour la
Communauté.
Qui êtes-vous JL Halimi ? Je suis
tout d’abord un vieux militant de la
Communauté, j’ai toujours été très attaché à la servir, à la représenter le plus
dignement possible, à faire qu’elle soit
respectée et respectable, en m’imposant des règles strictes de respect de
l’autre et de rigueur, que j’ai appliquées
dans toutes les associations pour lesquelles j’ai travaillé et notamment au
sein du CRIF où j’ai servi de nombreuses années comme Secrétaire
Général. Je suis, dans la vie civile, ingénieur en Télécom spatiales
depuis1981. J’ai fait mes études à
l’ENSEEIHT à Toulouse dans les années 70, j’étais alors déjà un militant
actif de l’UEJF. C’est également à cette
période que j’ai rencontré Esther et
Yossef Matusof et découvert le mouvement Loubavitch ; j’ai appris à leur
contact ce que signifiait un judaïsme
résolument tourné vers les autres et la
force d’un engagement, et je ne l’ai jamais oublié. Nous nous sommes mariés
ensuite avec Geneviève Zekri en 1981
et sommes partis vivre à Paris jusqu’en
1988. Puis, nous sommes revenus vivre
à Toulouse. Depuis, j’ai une activité
communautaire ininterrompue.
Vous êtes un « militant de longue
date » dans beaucoup d’associations
communautaires ? Racontez-nous
votre parcours ? En revenant à Toulouse, je me suis investi à la Fédération
des Organisations Sionistes de France
(FOSF), émanation de l’Organisation
Sioniste Mondiale, qui régit l’action de
soutien à Israël en diaspora. Là j’y ai
retrouvé mon ami Gilles Nacache. J’ai
ensuite rejoint le CRIF en 1990, où j’ai
démarré un long parcours qui se pour-
Portrait
Jean-Luc Halimi
UN HOMME DISCRET, MAIS DONT L’ENGAGEMENT EST INÉbRANLAbLE !
suit aujourd’hui. J’ai tout d’abord
au sein du Comité Directeur, travaillé pour la Commission des Juifs
d’URSS. Puis, au delà de l’action
de soutien à Israël, notre principale
mission était dans les années 90 de
lutter contre l’antisémitisme et le
Front National. Avec Yvan Macheto et Gilles Nacache, nous
avons animé la Commission « Antisémitisme » ; nous y avons traité
des affaires parfois délicates, révélant des situations humaines
difficiles pour certaines familles
juives vivant dans la région, et qui
ont pour certaines mené à un procès et une condamnation.
Après les accords d’Oslo en 1993,
nous avons connu une relative accalmie au niveau de l’action de
soutien à Israël, avant le déclenchement de la seconde intifada à partir
d’Octobre 2000, avec sa cohorte de
haine d’Israël, de désinformation et
d’explosion d’actes antisémites en
France. Le travail était considérable ; auprès d’Arié Bensemhoun,
alors Président, j’ai travaillé activement au sein de la Commission
«Média» avec notamment Alain
Attlan et Catherine Leuchter : expliquer le sujet sur le plan
historique et du droit international,
trouver des argumentaires, décrypter les articles, aider les gens à
argumenter face à des attaques rhétoriques très violentes contre Israël
et le Sionisme. Cette période CRIF,
s’est vécue dans une ambiance de
militantisme exceptionnel, autour
d’Arié Bensemhoun, avec notamment Roger Attali, Gilles Nacache,
Daniel Tolub, Serge Allouche, Nicole Yardéni, Eric Zerbib et bien
d’autres.
Vous avez également mis au service de la Communauté vos
compétences professionnelles en
travaillant sur le chantier internet
de l’EDJ ?
à partir de l’année 2000, j’ai travaillé sur le projet de câblage
informatique de l’EDJ, avec la
mise en réseau de tous les postes de
travail pour l’ensemble des associations et le raccordement à Internet.
Ensuite, avec le soutien actif et bénévole de Rony Dahan et de sa
société, nous avons pu développer
le site web de la Communauté en
2001 (CEDJ.org : Cyber Espace
du Judaïsme), dont Raymond
Schmorak assure aujourd’hui la
gestion comme webmaster, avec
passion et efficacité. Enfin nous
avons lancé la diffusion de Aviv
Hebdo par Internet.
Depuis 2006, nous avons aussi mis
en place avec David Benchimol et
Raymond Schmorak, la diffusion
de la radio Kol Aviv en streaming
sur Internet (webradio), qui nous
permet d’être écouté par nos auditeurs aux quatre coins du monde.
Depuis les projets se sont poursuivis : généralisation du câblage
informatique de l’EDJ, évolution
vers la Téléphonie sur IP, et aujourd’hui le projet de diffusion
vidéo de radio Kol Aviv sur Internet.
Jean-Luc Halimi, on connait
votre voix, vous animez des émission sur Radio Kol Aviv, il s’agit
là d’une autre façon de vivre son
engagement ? Quels sont les enjeux d’une radio communautaire ?
J’ai toujours été intéressé par la
radio, qui est le média majeur au
service de la Communauté.
Ces derniers mois avec notamment
la couverture des élections Municipales, puis des Européennes et
enfin l’enlèvement et l’assassinat de
nos 3 enfants en Israël suivi par
l’Opération Bordure Protectrice,
ont bien montré l’importance cruciale de ce média et l’attente très
forte de tous nos auditeurs. Elle est
aussi une vitrine de la Communauté
et de ses Institutions (ACIT FSJU,
CRIF) et contribue fortement à valoriser la place et l’image de la
Communauté au sein de la Cité, car
les auditeurs de Kol Aviv, il faut le
garder à l’esprit, s’étendent largement au-delà de la Communauté.
La radio est un lien que j’ai toujours
cultivé au travers des émissions que
j’ai animées dans le passé (ex :
CRIF MAG puis REPLIQUES).
J’ai été sollicité en ce début d’année
2014 par Armand Partouche et Gérald Bennarous pour rejoindre
l’équipe d’animation des émissions
politiques de Kol Aviv notamment
en vue des élections et je les en remercie car ils m’ont permis de
renouer un lien à nouveau très actif
avec Kol Aviv.
Aujourd’hui un dimanche sur deux,
j’anime avec grand plaisir aux cotés
de Gérald Benarrous la tranche
matinale (9h-12h30) incluant avec
notamment l’émission le Grand
Plateau, des interviews, débats et
décryptages de l’information politique nationale et israélienne.
Un mot sur la situation des juifs
de France dans le contexte que
vous contribuez à décrypter semaine après semaine ?
Nous vivons dans un contexte d’antisémitisme porté par une
mouvance islamo-gauchiste, fort,
violent, qui s’exprime désormais
ouvertement, et où la question de la
pérennité du judaïsme diasporique
en France et en Europe est posée.
Je ne fais pas partie de ceux qui
poussent au départ précipité ; je
préfèrerais naturellement que
l’alyah reste une démarche volontaire, sereine et positive, plutôt
qu’un dernier recours.
La réponse à cette grave question
de l’antisémitisme et de la pérennité
du Judaïsme en France est entre
les mains des pouvoirs publics qui
en ont parfaitement conscience
mais dont on ne sait aujourd’hui
s’ils sauront ou pourront prendre
les mesures nécessaires pour endiguer ce phénomène. L’absence de
réaction forte de la société civile et
le déni de la réalité de nombre d’intellectuels et responsables de média
ne porte guère à l’optimisme.
Le « politiquement correct » et
l’aveuglement sont là, certainement
mêlés à la crainte ! Les agressions
n’ont fait qu’augmenter mais nombre de médias et de responsables
politiques jouent sur le vocabulaire,
ne parlant pas par exemple de « terroristes » mais de « combattants » ;
et quant aux manifestations antisémites violentes de ces dernières
semaines, certains vont du déni ou
de la relativisation systématique,
jusqu’à l’attribution de la responsabilité des actes antisémites … aux
juifs eux-mêmes coupables de soutenir Israël. La question du départ
est donc aujourd’hui ouverte, mais
il est aussi clair qu’Israël a besoin
d’une diaspora forte, contribuant à
renforcer le judaïsme et à soutenir
le pays partout dans le monde.
Je reste un militant qui soutient inconditionnellement l’Etat d’Israël
qui est une partie de nous-mêmes –
de moi même- mais aussi qui continue à travailler pour que la
Communauté soit forte, vivante, et
respectée.
Un mot pour la communauté de
Toulouse en cette veille de fêtes ?
La Communauté a plus que jamais
besoin de tous, beaucoup trop peu
de gens s’investissent aujourd’hui
au service de la Communauté, des
personnes qui auraient le temps et
les moyens de le faire. Il faut qu’ils
sachent que lorsqu’on se donne
pour la Communauté on reçoit infiniment plus en retour !
“
Concernant le FSJU, à la demande
de Jo Amar (directeur régional), je
me suis présenté en 1999 à l’élection des représentants régionaux au
Conseil National du FSJU alors
dirigé par Alain Alter. Cette période
a vu la forte montée en puissance
de l’association culturelle HEBRAICA, avec notamment Albert
Siboni et Maurice Lugassy et qui a
initié les Journées de la Culture
Juive.
Propos recueillis par Yaël Rueff-Salama
AVIVmag n°202 septembre 2014
21
Mémoire
Les résistants juifs dans le Tarn :
Dossier de Valérie Ermosilla – Pietravalle,
Olivier Lalieu et Hubert Strouk
A la faveur des commémorations du 70e anniversaire
de la Libération de la France, le rôle des résistants
juifs dans le Tarn durant la Seconde Guerre mondiale retrouve toute sa place.
Depuis 1939, le nombre des Juifs avait considérablement augmenté dans le Tarn, en raison de l'afflux
des réfugiés. Outre les Juifs traqués, cachés, certains
sont aussi internés dans les camps de Saint-Sulpice
ou de Brens, ou assignés à résidence par le gouvernement de Vichy, comme à Lacaune. Dans ce
contexte, une partie choisit la voie de la Résistance.
Le Tarn, département refuge
Les populations juives rejoignirent le Tarn
pour plusieurs raisons : proximité de la frontière espagnole et topographie avantageuse
car difficile d'accès. La Montagne Noire, les
Monts de Lacaune sont des espaces où forêts
et rochers présentent maints abris. De plus,
avant-guerre, beaucoup de Juifs commerçants du Sentier ou du Marais de Paris
s'approvisionnaient en textile dans le Tarn. La
forte présence des protestants dans ce département joue également un rôle attractif.
Enfin, il existe une filière qui conduit ces
Juifs de la zone Nord jusqu'au chantier rural
des E.I.F. de Lautrec où ils trouvent conseils
et aide.
Ainsi, dans ce département, se développent à
la fois le sauvetage des Juifs et une lutte
armée qui prend en 1943 la forme originale
de maquis juifs. Tout en gardant leur spécificité, ils s’intègrent aux
mouvements de Résistance afin de bénéficier
d'une reconnaissance officielle et des armes de
Londres pour se battre.
Les E.I.F. et le chantier rural de
Lautrec
Le mouvement des E.I.F (éclaireurs Israélites de France) est né en 1923 sous
l'impulsion de Robert Gamzon qui voulait
créer un mouvement de scoutisme juif.
“ Scouts, juifs et Français ”, ainsi se définissent les EI. Ce mouvement souhaite concilier
attachement à la France, principes et valeurs
républicains et revalorisation de l'éducation
juive.
22
AVIVmag n°202
Particulièrement sensibles au contexte politique depuis les accords de Munich de 1938,
les EI ne se font guère d'illusion sur la pérennité de la paix. Dès lors, ils établissent dans le
sud de la France des maisons de repli pour les
enfants parisiens. Démobilisés après l'armistice de juin 1940 les anciens cadres EI, sous
la direction de Gamzon, commencent à organiser les bases du sauvetage de la jeunesse
juive en choisissant la forme de chantiers ruraux pour apprendre le travail de la terre. à
Lautrec, un chef des EI, Marc Haguenau,
trouve une propriété et sous la direction de
Gamzon et de Léo Cohn y installe une première équipe de “défricheurs” le 15 novembre
1940.
Ce mouvement E.I est reconnu officiellement
et intègre la Fédération des associations
scoutes françaises. Dans l'immédiat, la préoccupation majeure du mouvement demeure le
sauvetage des enfants. Cette urgence oblige
les EI à adhérer à l'UGIF le 30 mars 1942.
Le chantier de Lautrec compte 50 à 70 personnes que le gouvernement de Vichy
suspecte de mener des activités clandestines.
En effet, ils cachent des Juifs traqués, leur
fournissent des faux papiers notamment
après les rafles d'août 1942. Dans ce contexte,
le Commissariat Général aux Questions
Juives ordonne la dissolution des EI en février 1943.
Cette mesure donne un réel élan à la réaction
des Juifs face à l'oppression : le sauvetage et
l'entraide s'intensifient et les jeunes EIF s'engagent pleinement dans la lutte armée.
locale qui se trouve déjà bien implantée à
Vabre grâce aux efforts de “ Pol Roux ”( Guy
de Rouville).
Après La Malquière, une partie des E.I, placée sous la direction du lieutenant Roger et
de Gilbert Bloch (lieutenant Patrick), s'installe en mars 1944 à La Roque. Un mois plus
tard, Adrien Gensburger (Sergent Adrien)
avec 38 hommes, fonde le maquis de La
Cado. L'ensemble est commandé par Robert
Gamzon (capitaine Lagnès).
L'intégration dans les Corps Francs
de Libération du Tarn (CFL10
Vabre)
Ces groupes intègrent au printemps 1944 le
CFL 10 Vabre. Dépendants de l’Armée Secrète ils sont placés sous l’autorité de Pierre
Dunoyer de Segonzac, chef militaire de la
Zone A. Gamzon les baptise Compagnie
Marc Haguenau, en souvenir du secrétaire
général des EI, mort à Grenoble en 1944 au
cours de son évasion pour échapper à la Gestapo.
La judéité de cette compagnie s'épanouit
dans la vie quotidienne du maquis : chants
traditionnels, prières, rites et coutumes hébraïques.
L'action militaire des sections juives
combattantes du Tarn au sein du
CFL 10 Vabre
NAISSANCE ET ACTION DES
MAQUIS JUIFS DU TARN
Un maquis E.I.F. “ pour ne plus être des lapins, mais des bêtes qui ont des griffes et des
crocs ” selon Gamzon
Après leur dissolution, les EI de Lautrec décident de prendre le maquis. Ils veulent
participer aux combats de Libération nationale, en tant que Juifs français, fiers de leur
identité.
En décembre 1943, ils créent leur premier
maquis à La Malquière. Il regroupe huit
hommes. Son chef, Roger Cahen, dit lieutenant Roger, se charge de le structurer et
d'accueillir les nouveaux venus. Gamzon
prend rapidement contact avec la Résistance
Libération de Castres par les maquisards, archives privées
Jean-Paul Nathan
En 1944, le maquis de Vabre compte 448 engagés. Sa 2ème Compagnie est forte de 138
hommes dont 87 résistants juifs. Il est attaqué
à La Roque le 8 août 1944. Sept hommes
tombent au combat dont Gilbert Bloch.
Plus tard, la Compagnie Haguenau participe
des héros méconnus
à l'attaque du train de Mazamet. Ce 19 août
1944, les résistants juifs soulignent avec fierté
leur identité. Défilant devant les prisonniers
allemands, ils clament “Ich bin jude!” (“Je
suis juif!”). Hubert Beuve-Méry relate cet
épisode glorieux dans un article de Temps
présent intitulé “La guerre des juifs”.
Les membres de la Compagnie Haguenau
prennent part, enfin, à la Libération de Castres le 20 août 1944. La majorité de ce peloton
juif s’engage ensuite dans le 12e Régiment de
Dragons qui part de Castres le 6 septembre
1944 pour poursuivre la lutte au-delà du
Rhin.
mars 1944, qu’il quitte pour L'Espinassier un
mois plus tard. La responsabilité de ce maquis
est confiée à Jacques Lazarus, figure majeure
de cette Résistance juive.
Achille Szpilfogiel, dit Freddy, est
Témoignage
Le marquis d'Aragon, chef de résistance locale, souligne “ Il existait un maquis
totalement homogène, c'était le maquis juif.
À certains d'entre eux, aux discours que nous
entendions, à quelques détails vestimentaires,
nous savions que nous avions affaire à des
juifs religieux. Dans quels temps vivions-nous
? Nous avions vu tant de juifs partir en groupe
et captifs vers l'Allemagne. Voilà enfin que
nous avions devant nous, rassemblés, entraînés, des juifs prêts à prendre le même chemin,
mais cette fois en armes. Personne n'avait
l'air plus militaires que ces hommes dont les
propos nous rendaient graves »
Le maquis de l'Armée Juive
L'Armée Juive est née en janvier 1942 à Toulouse sous l'impulsion de Abraham Polonsky
et de Lucien Lublin. Cette organisation est
issue de la “ Main Forte ”créée en 1940 par
Dika Jefroykin, David Knout et sa femme
Régine, un groupe de juifs sionistes. Ils se
fixent comme objectif une Résistance immédiate et armée, pour libérer le territoire, et
pour participer à la fondation d'un état juif.
Le mouvement se structure en se dotant d'un
service de faux papiers, de filières de passage
vers l'étranger, de groupes francs et enfin d'un
journal clandestin, Quand Même.
A l'été 1943, l'AJ choisit de fonder un maquis
dans le Tarn. Ses résistants s'entraînent au
combat notamment au Rec. Plus tard, les dirigeants de l'A.J créent un maquis autonome,
spécifiquement juif. Il voit le jour à Biques, le
15 novembre 1943 sous le commandement de
Pierre Loeb (dit Pierrot) et de Henri Broder.
Mais, la situation devenant précaire, le maquis s’implante à Lacaune, à Martinou en
anonymes qui ont marqué l'histoire de ces
maquis du Tarn. Ces résistants, français ou
étrangers, combattirent pour libérer la
France de l'Occupation, et du régime de
Vichy, restaurer les valeurs républicaines et
préserver leur identité, à l'image d'Achille
Szpilfogiel, un des membres des EIF du maquis de Vabre dans la compagnie Marc
Haguenau.
Le maquis de l’Espinassier
De gauche à droite : Jean-Jacques FRAYMAN,
Jacques LAZARUS, PATRICIA, Henri BRODER,
Pierre LOEB et Albert COHEN.
Coll. Mémorial de la Shoah / CDJC
Le peloton Trumpeldor
Après entente avec la Résistance locale, les
membres de l'AJ conviennent d'intégrer le
Corps Franc de la Montagne Noire (CFMN)
le 6 juin 1944 afin de prendre part aux combats de libération du territoire. Adoptant
comme symbole le drapeau “ Bleu-Blanc ”,
ces résistants se regroupent dans une unité et
la distinguent par son nom: le Peloton Trumpeldor, en souvenir de cet officier de l’armée
tsariste engagé dans le mouvement sioniste.
Dans ce CFMN, fort de quelque 800 maquisards, le peloton Trumpeldor compte 40
résistants. Le commandement est alors confié
au lieutenant Leblond de l'Armée Secrète, de
son vrai nom Lévy-Seckel. Converti au protestantisme en 1939, il réclame l’honneur de
commander cette unité juive en 1944.
Le CFMN subit une sévère attaque
allemande le 20 juillet 1944 qui l'oblige à se
disperser en petites unités pour rester efficace. Alors qu'il cherche un repli pour son
peloton, le lieutenant Leblond est arrêté et fusillé par les Allemands le 5 août 1944 à
l'Espinassière. Réintégré au CFMN après le
15 août, ce peloton participe activement à la
Libération du département.
Ces maquisards ne se contentèrent pas de libérer le Tarn : ils poursuivirent la lutte en
territoire allemand jusqu'à la victoire finale.
né en 1924, à Random en Pologne. En 1942,
recherché par les Nazis à Paris, il se replie
sur Toulouse.
Il rencontre
alors Léon
Nisand- Neugewurtz, dit
Léon Desc a m p s ,
aumônier des
camps d'internement du
Sud de la
France qui le
charge de distribuer de fausses cartes d'identité. En juillet
1943 à Toulouse, il est arrêté et interné au
camp de Noé. Léon Descamps organise son
évasion le 29 décembre 1943. L’aumônier
envoie alors Freddy au maquis de Vabre où
il intègre la Compagnie Haguenau et participe à différentes actions : parachutages,
défense de La Roque, attaque du train de
Mazamet et libération de Castres. Il est ensuite incorporé dans le 12e régiment de
Dragons. Il se bat jusqu’à Belfort en octobre
1944, mais il est renvoyé parce qu'il n'est pas
de nationalité française.
Dossier réalisé par Valèrie Ermosilla – Pietravalle,
professeur d'histoire, Olivier Lalieu,
historien, responsable de l’aménagement des lieux
de Mémoire et des projets externes, Mémorial de
la Shoah et Hubert Strouk coordinateur régional
du Mémorial de la Shoah pour le Sud de la France.
Cet article s'appuie sur la récente exposition consacrée à la Résistance juive dans le Tarn, présentée
le 27 mai 2014 à la Mairie de Lacaune, en partenariat
avec
l'Association
des
Amitiés
judéo-lacaunaises présidée par Jacques Fijalkow.
Elle bénéficie du soutien de l’Office Nationale des
Anciens Combattants et Victimes de Guerre et de
la Mairie de Lacaune.
Difficile de présenter tous les héros parfois
AVIVmag n°202 septembre 2014
23
Les associations
LE CRIF
LA WIZO
La République doit réagir …
« Ici, dans cette terre de
France, le judaïsme a trouvé
des racines profondes. Juif et
Français : l’un ne va pas sans
l’autre ! » Cette phrase a été
prononcée le 27 février 2014
à Toulouse, par le premier
ministre Manuel VALLS
(alors ministre de l’intérieur)
lors du Diner du CRIF.
qui n’a pas été effleuré par
l’idée de faire son alyah ?
En août 2014 ce sont plus de
5000 juifs (contre 3000 juifs
en 2013) qui ont décidé de
partir. Le visage des migrants vers Israël a changé.
Les années précédentes,
l’alyah était surtout le fait
d’étudiants. Aujourd’hui ce
sont des familles ; beaucoup
partent pour ne plus ressentir
cette
inquiétude
Manuel Valls arrive au centre de congrès Pierre-Baudis de Toulouse. Il était
l’invité d’honneur du repas annuel du Crif Midi-Pyrénées, cinq cents invités
étaient présents, dont le préfet de région Michel Comet, le président du conseil
régional Midi-Pyrénées, Martin Malvy, le maire de Toulouse, Pierre Cohen, le
président national du Crif, Roger Cukierman, ou le cinéaste Alexandre Arcady.
De l’assassinat d’Ilan Halimi
au massacre du musée juif
de Bruxelles en passant par
la tuerie ignoble d’Ozar Hatorah.
De L’antisémitisme fructueux du pseudo humoriste
qui piétine, souille et tue une
seconde fois les victimes de
la Shoah aux manifestations
pro-palestiniennes, en passant par des « morts aux
juifs ! » scandés dans des
rassemblements qui ne
concernent pas directement
la communauté juive, une
partie croissante des juifs
pense quitter la France.
En analysant la situation,
permanente d'insécurité
pour leurs enfants.
Paradoxe de l’histoire, à
l’heure où la France commémore le soixante - dixième
anniversaire de sa libération
face à l’oppresseur nazi, la
communauté juive France et
d’Europe est menacée par
l’accroissement de l’antisémitisme !
A Toulouse, le CRIF,
l’ACIT et le FSJU travaillent de concert avec les
responsables politiques, les
services de police et le rectorat pour assurer au mieux la
sécurité de notre communauté. Et même si les
gouvernants prennent avec
importance nos propos, ce
combat contre l’antisémitisme ne cesse de gangrener
notre société. La lutte contre
cette haine ne peut être gagnée sans un véritable
sursaut républicain. Si la
France veut redonner
confiance aux juifs qui ne
partiraient pas si ils
n’avaient pas ce sentiment
d’abandon, il faut que les
mentalités changent.
L’antisémitisme c’est avant
tout le problème de tous
ceux et celles qui se revendiquent républicains et qui
veulent que la laïcité et le
vivre ensemble triomphe.
Le CRIF ne cesse d’expliquer ces problématiques
sans relâche à tous ses partenaires.
Lorsqu’une
personne est agressée pour
son appartenance religieuse,
c’est que le socle républicain
et les valeurs les plus profondes basées sur la
tolérance sont fragilisés.
C'est purement et simplement un échec grave pour
un état qui se veut « pays
des droits de l’homme ».
La grande majorité des juifs
de France souhaite rester ici,
ils veulent garder confiance
dans les fondements même
de notre république. Il faut
qu’au-delà des mots il y ait
des actes concrets qui puissent garantir la sécurité de
notre communauté. La plupart des juifs de France ne
souhaitent qu’une chose :
rester les enfants d’Abraham
et de Marianne.
La WIZO à Toulouse
Dans quelques jours nous entrerons dans
les fêtes de Tichri ; dans quelques jours nous
serons dans nos synagogues – hélas gardées
comme des blockhaus.
Espérons dorénavant qu’Israël n’aura plus à
affronter les roquettes et que les Israéliens
pourront enfin vivre en paix. Mais le pays
devra faire face à d’autres problèmes
internes, sécuritaires, économiques …
C’est là que nous, Wizéennes, avons un rôle important à jouer. La Wizo a toujours participé
pour 1/3 du social en Israël. Grâce à vous des
crèches, des écoles professionnelles, des dispensaires, des abris ont été créés.
Ces réalisations, nos réalisations doivent continuer à vivre et ainsi réduire les inégalités
sociales qui sont encore présentes en Israël.
Chères amies, maintenant plus que jamais, nous
avons besoin de vous, de votre soutien, de votre
appui. Malgré soucis et difficultés nous pouvons être fières de notre travail et avoir foi en
l’avenir de la WIZO.
C’est pourquoi, avec Colette Simon, présidente
de la section toulousaine, je lance un appel à
toutes nos sympathisantes. Venez nous rejoindre, engagez-vous, aidez-nous à élargir le pont
qui relie nos deux rives : Israël et la Diaspora
Mes meilleurs vœux de chana tova, que cette année
apporte paix, sécurité et sérénité à Israël et aux juifs
de France.
Anny Beck
Salomon ATTIA
Secrétaire Général du Crif
Toulouse Midi Pyrénées
La Wizo en 1966, déjà sur le pont…
24
AVIVmag n°202
Katia Nakache
Les associations
l’EDJ
Et encore
du nouveau
à l’EDJ…
Septembre 2014, veille des fêtes de
Tichri, Katia Nakache, directrice
de l’EDJ, reprend les rennes. Avec
toute son énergie, entourée de son
équipe, elle travaille sur le nouveau
programme d’activités et d’animation dans l’espace communautaire.
Son objectif est toujours aussi affirmé, continuer à remplir et à
dynamiser cet espace.
Entretien de rentrée
Septembre, une nouvelle année
démarre qui, nous l’espérons,
sera placée sous des auspices favorables pour tout le monde.
Vous reprenez les activités à la
tête de l’EDJ avec toujours le
même enthousiasme. Quelles
bonnes surprises nous attendent cette année ?
L’an dernier, nous avons initié
plusieurs activités nouvelles
comme les thés dansants et les
rendez-vous beauté qui ont
connu un certain succès mais qui
peinent tout de même à démarrer.
Je vais donc renouveler ces programmes,
mais
plus
ponctuellement des dimanches
par exemple. Je vais aussi mener
une petite enquête de satisfaction
sur ces deux animations pour
voir dans quelle mesure je les
propose.
Puis, je souhaite développer d’autres activités telles que des cours
de Zumba, de théâtre et des Ateliers Cuisine. Pour les collégiens
et lycéens, nous avons des étudiants autour de nous qui nous
ont proposé de mettre en place
des créneaux d’aide aux devoirs,
Je suis très aidée par Simon
Hababou pour ce projet !
Ensuite, certainement le 30 novembre prochain – mesdames
prenez date ! – nous allons consacrer la Journée aux Femmes
Juives : un dimanche après-midi
entier avec coiffeurs, esthéticiennes, massages, relooking, Taï
Chi, Feng Shui etc… suivi d’une
soirée à thème pour profiter de
cette mise en beauté du jour !!!
compter sur elle. Je me suis entourée l’an passé de supers
«mamys bénévoles» qui viennent
animer et encadrer les activités,
en particulier celles consacrées
aux enfants. Mais, il manque des
heures à mes journées pour gérer
à la fois le développement des
animations et les aspects administratifs. Je profite d’ailleurs de
votre interview pour lancer un
appel à des bénévoles volontaires
qui seraient prêts à m’aider
quelques heures par semaine
pour que je puisse mener à bien
ces projets.
Le centre aéré
Qui sont vous principaux partenaires ?
Je souhaite vraiment travailler
avec toutes les associations. A ce
jour, je travaille évidemment avec
les associations Hébraïca et Hé-
Vous avez permis à de nombreux enfants l’an passé de
venir passer des journées d’activités à l’EDJ pendant les
périodes de congés scolaires, ils
semble qu’elles ont eu un échos
très favorables, allez-vous renouveler ces actions ?
Oui, bien sûr !!!! Je travaillerai
de nouveau en partenariat avec le
Gan Rachi pour l’organisation de
ce programme. Nous avons aussi
de nouvelles idées pour amuser
les enfants mais je n’en dévoile
pas plus, je leur réserve des surprises…
Merci Katia
La soirée de réveillon 2013
Enfin, nous allons réorganiser la
soirée du 31 décembre qui semble-t-il est attendue du public
conquis de la première édition.
Quand commence ce programme ? Est-il décliné pour
tous les âges et peut-il répondre
à toutes les envies ? A qui est-il
destiné ?
Nous démarrons 1er octobre,
entre Roch Hachana et Yom Kippour. Tout le monde pourra y
trouver des activités qui lui
conviennent.
braïca Jeunesse au quotidien
mais aussi avec Eydel Weill
d’Aviv Hanashim et Batia de Lev
Tahor ; L’ACIT et le FSJU sont
constamment à nos côtés pour
nous aider et nous guider dans
l’organisation des événements !
Disposez-vous des moyens
techniques et humains suffisants pour mener à bien vos
projets ?
J’ai beaucoup d’idées d’animations et de services à développer
pour répondre aux attentes de
tous. L’équipe de l’EDJ est très
présente et je sais que je peux
Propos recueillis
par Yaël Rueff-Salama
Inscrivez vous sur
le statut Facebook
sécurisé et retrouvez
les animations et
le programme de
l’Espace du Judaïsme
EdjToulouse New
AVIVmag n°202 septembre 2014
25
Maurice Lugassy
Les associations
HEbRAICA
Des Journées de la Culture Juive
en une dramatique actualité
Lorsque nous avons choisi le thème des
xxIIes Journées de la Culture Juive,
nous ignorions en janvier 2014 que nous
serions au cœur de l’actualité. En rejoignant les dates commémoratives de 1914
et de 1944, le programme 2014 devait
concerner les guerres et la manière dont
les Juifs les ont vécues, à la fois dans leur
chair et dans leur foi. Nous en sommes
ainsi arrivés au titre assez simple, Tu ne
tueras point, et à une ligne générale, les
liens entre les Juifs, le judaïsme et la violence. Puis, en tant que thématique
consécutive, les diverses manifestations de
résistance à l’oppression, aux répressions,
aux guerres, et au génocide.
Nous avons ainsi depuis plusieurs mois
mis en place une affiche ( un soldat sombre qui porte une fleur au bout du fusil,
dans un champ de coquelicots), et décliné
la thématique en films projetés au cinéma
ABC (To be or not to be avec Mel Brooks,
Sobibor de Lanzmann, Exodus de Premminger) et au Goethe Institut (Tu
marcheras sur l’eau d’Eytan Fox). On a
ajouté du théâtre, en partenariat avec le
Théâtre Garonne (l’adaptation de Histoire d’une vie d’Appelfeld) et au Goethe
Institut ainsi qu’à l’EDJ, un montage inédit de pièces de cabaret d’Hanoch Levin,
en une traduction nouvelle. Résister à la
violence par le rire, par le témoignage, par
la transmission. En arrière-plan, du 8 novembre à début décembre, l’exposition
réalisée par Monique-Lise Cohen, les
Juifs dans la résistance, maintient présente cette double thématique, violence et
résistance.
Et puis, l’été vint. Le soleil, les séjours à
la plage et… les missiles sur Israël. Bon
nombre d’entre nous avons été finalement
la cible de ces missiles lancés aveuglément
sur les civils à Ashdod, Ashkélon, Tel Aviv
et même Jérusalem, pour ne citer que ces
villes. Et là, ce qui ressortait des livres
d’histoire prend une réalité palpable, solide, meurtrière. Notre affiche résonne
alors lugubrement, nous créons alors un
nouveau visuel ; nos premiers choix fonctionnent mais semblent terriblement
26
AVIVmag n°202
incomplets. Nous lançons une série d’invitations : l’ancien ambassadeur Elie
Barnavi, le promoteur infatigable de la
paix Marek Halter, l’auteur d’un excellent
livre et documentaire sur les Frères musulmans, Michaël Prazan, et, en
provenance d’Israël, les romanciers A.B.
Yehoshuah et Edgar Keret. Quant à
Pierre Jourde, il nous rejoindra le 20 novembre pour un dîner-rencontre.
Pierre Jourde, écrivain et blogueur, inlassable défenseur d’Israël
C’est à ce parcours à la fois dans l’histoire,
dans l’actualité et dans la pensée juive
qu’Hébraica vous convie dès le 8 novembre. En cette période très agitée et floue,
à l’Espace du Judaïsme et dans les lieux
partenaires, les journées de la Culture
juive nous aideront à parler, réfléchir,
mieux comprendre, mieux nous comprendre, sans oublier de rire, ensemble.
Maurice Lugassy, Président d’Hébraica
PRENDRE DATE
Samedi 8 novembre 21h Edj,
Ouverture, La Nuit des Arts
Mercredi 12 novembre, 20h30, Goethe
Institut, Cabaret inédit d’Hanoch
Levin
Jeudi 13 novembre, 20h30, Edj,
Jacques Sémelin, en partenariat avec
l’AJC
Jeudi 20 novembre, 20h, Edj, dîner
rencontre avec Pierre Jourde, écrivain
Programme complet sur
hebraicatoulouse.com
Laurent Taïeb
Linda Sztulman
Les associations
PASSERELLES
Un bien «
Bel été » à
renouveler
Du 28 juin au 31 juillet
Laurent Taïeb, délégué régional du FSJU-AUJF et
Linda Sztulman, responsable régionale du réseau
Passerelles ont proposé de
décliner le programme national « Bel été » pour les
aînés de Toulouse et sa région ; un succès qui ne s’est
pas fait attendre.
Retour sur le mois de juillet :
m’ont demandé de le développer
tout au long de l’année. Je crois
que le succès était au rendezvous !
Si on doit dresser un palmarès
des activités, quel serait-il ?
Parmi les activités qui ont le plus
plu ? Calicéo, les sorties à la forêt
de Bouconne, au château de Laréol ou à la Cité de l’Espace
arrivent en tête ! Je pense qu’à
travers ces activités, les gens ont
exprimé ce besoin de vacances et
de loisirs.
Au zoo de Plaisance du Touch
Les repas étaient bien entendu
strictement cachers; ils se déroulaient soit à l’EDJ, soit sur les
lieux de pique-nique.
Je tiens à rappeler que ce programme a pu fonctionné grâce au
soutien du FSJU, de la Mairie de
tains en couple et d’autres seuls.
Au début, je comptais une vingtaine de participants, puis au fur
au et à mesure du déroulé du programme, un effet boule de neige
a permis de gonfler les effectifs
jusqu’à une quarantaine, en
Face à ce retour très positif il va
falloir envisager de renouveler
cette action l’été prochain ?
Bien entendu nous allons la renouveler au regard de ces échos.
On va garder la même forme, en
augmentant certainement le nombre d’activités proposées par
semaine – peut-être 3 à 4 - ou
bien même à étendre sur le mois
d’août pour répondre aux demandes
exprimées.
Bien
entendu, nous dépendrons aussi
des aides allouées, mais je pense
que le public nous attend !
Entretien avec Linda Sztulman
Linda, pouvez-vous nous rappeler en quelques mots le
programme que vous avez développé
et
les
objectifs
poursuivis ?
L’objectif était simple : proposer
des activités ludiques et culturelles aux seniors qui, faute de
moyens ou d’accompagnant, ne
pouvaient partir en vacances.
Nous avons choisi d’organiser
deux activités par semaine, réparties de façon à la fois ludique
– piques niques à la forêt de Bouconne, au lac de Saint Féréol,
demi-journée à Calicéo ou encore
visite du zoo de Plaisance - et
culturelle - visite guidée du
Musée des Augustins, du château
de Laréole, de la Cité de l’Espace
ainsi qu’un atelier d’écriture.
Toutes ces sorties ont été animées
par des professionnels. Pour
exemples, l’atelier d’écriture était
animé par Annie Bloch-Raymond, sociologue aujourd’hui à la
retraite, et les visites de musées
étaient assurées par des guides
conférenciers.
Cité de l’Espace - De gauche à droite : Renée, Elisabeth, Fortunée et Esther !
Toulouse, du Conseil Général, du
Conseil Régional et de l’ACIT.
Ces subventions ont permis de ne
demander aux participants
qu’une faible participation aux
frais.
Je crois savoir que ce programme a rencontré un vif
succès, combien de personnes y
ont participé ?
J’ai enregistré en moyenne une
quarantaine de personnes à
chaque activité. Beaucoup sont
venus entre amies, leur mari ne
voulant pas forcément venir, cer-
L’atelier d’écriture a connu plus
de retenue ; d’ailleurs, j’ai compté
beaucoup moins de participants.
Je pense qu’il y a une certaine
pudeur des personnes face à cet
exercice qui demandait d’écrire
son histoire pour la transmettre à
ses petits enfants.
comptant un noyau dur à chaque
activité. Le bouche à oreilles a
très très bien fonctionné.
Les effectifs ont augmenté au
fur et à mesure du mois de juillet, votre public a donc été
conquis ?
« Bel été » a eu un très bon écho.
Tout le monde était enchanté,
d’autant plus que c’était la première fois que ce type de
programme était proposé à Toulouse. Certains ont même
regretté qu’il ne soit pas prolongé
sur le mois d’août. D’autres
Merci Linda
Propos recueillis
par Yaël Rueff-Salama
AVIVmag n°202 septembre 2014
27
brèves
Samedi 5 avril
Dimanche 29 juin
L’Ordre National du Mérite
honore Robert Marcault
L’assemblée générale de
l’ACIT : préparer demain
L’ordre national du Mérite rend un hommage solennel à
la mémoire du Déporté et Grand Résistant que fut Robert MARCAULT. A l’issue de son assemblée générale, le 5 avril
2014, l‘association des membres de l’Ordre national du Mérite que préside Gérard ELBAZ, en Haute-Garonne, offrait un grand moment
d’émotion à une nombreuse assistance réunie dans l’amphithéâtre de
Météo France.
En effet, sous la présidence du Préfet Henri-Michel COMET et en
présence des plus hautes personnalités civiles et militaires, un vibrant
hommage était rendu à la mémoire de Robert MARCAULT, déporté
et victime du nazisme. Il fut un grand témoin, qui à sa libération, a eu
le courage et l’intelligence de prévenir des foules de jeunes en leur
déclarant « Si je suis là, c‘est pour
vous mettre en garde : n’écoutez pas les
sirènes qui vous invitent à la haine de
l’autre, des différences… dites non à
l’horreur autour de vous »
Avant de remettre le Trophée de reconnaissance à sa veuve Mme Annie
MARCAULT, le Préfet COMET donnait lecture du texte qui y était
gravé : « La République Française avec toutes ses composantes et à l’initiative
de la section des membres de l’Ordre national du Mérite de la Haute-Garonne,
témoignent avec ce Trophée un vibrant hommage au souvenir de Robert MARCAULT, survivant des camps d’extermination nazis pour son inlassable travail
de témoignage et de transmission de la Mémoire de la Shoah auprès des nombreuses générations ! Il restera dans nos esprits notre plus grand et vénérable
témoin ».
Mardi 1er juillet
C’est un rendez-vous important.
L’Acit, c’est nous, et dans ce moment d’échange annuel, chacun de nous a son mot à entendre, comme il a son mot à dire.
Les services cultuels de la communauté juive de Toulouse sont
à la disposition de tous pour tous les moments de la vie, et les
fêtes de Tichri aujourd’hui en sont un vivant exemple. L’assistance était nombreuse.
Les grands sujets ont été passés en revue par le président Arié
Bensemhoun, et le trésorier Michel Khalifa a rendu son rapport financier. Yves Bounan a présenté la nouvelle charte des
statuts de cotisants, mise en place pour pallier les départs récents qui laissent un vide à combler pour pouvoir continuer à
gérer notre communauté comme elle le souhaite et le mérite.
Synagogue Hékhal David :
hommage aux trois jeunes
israéliens assassinés
C’est dans une atmosphère de recueillement malheureusement trop
connue que s’est déroulé un office spécial à l’Espace du Judaïsme à
l’appel du Rabbin Avraham A. Weill et de toutes les organisations
juives. « Il y a un temps pour pleurer, un temps pour prier et un temps
pour agir. Soyons fort dans l'unité » a dit le rabbin.
A la fin de l’office, Nicole Yardéni, présidente du CRIF Midi-Pyrénées,
a précisé que les juifs entrent dans une nouvelle période complexe dans
laquelle les accusations face aux représailles israéliennes ou tentatives
de justifications de tels actes au nom d’un contexte politique difficile
au Moyen-Orient, doivent trouver des réponses fermes et des arguments affutés. « Israël va détruire le Hamas et les organisations
islamistes barbares », ceci doit être entendu, compris et admis.
28
AVIVmag n°202
brèves
Mercredi 30 juillet
Le dernier convoi
Jeudi 31 juillet
Manifestation pro-israélienne
sous haute surveillance
Scandant «Israël légitime défense» ou «Hamas, AlQaïda même combat», plusieurs milliers de personnes
se sont rassemblées à Paris pour soutenir Israël et son
offensive sur Gaza. Répondant à l'appel du Crif, quelque
4.500 manifestants, selon la police, 6.000 selon les organisateurs, se sont réunis vers 18h30 devant l'ambassade
d'Israël, dans le VIIIe arrondissement de Paris, pour ce
premier rassemblement pro-Israël organisé dans la capitale depuis le début du conflit, le 8 juillet.
Photo D.R
Le 30 juillet à 12 h 30 eut lieu sur le parvis de la gare de ToulouseMatabiau la lecture des noms des personnes emportées par le
dernier convoi le 30 juillet 1944.
Serge Klarsfeld ainsi que Jacques Fredj, directeur du Mémorial
de la Shoah, ont fait le déplacement pour rendre hommage aux
victimes du régime nazi et de Vichy. Parmi l'assemblée nombreuse, nous pouvions remarquer la
présence d'anciens déportés, rescapés de ces
wagons de malheur en 1944. Parmi eux, certains venaient de Paris ou de Nice, tandis
que Madame Marie Vaislic, (ci-contre à
l’âge de sa déportation) mesurait en tant que
toulousaine, la course infernale de l'histoire,
celle qui emporte, qui fait disparaître ou qui
épargne jusqu'à un retour au point de départ.
Maurice Lugassy
Coordinateur régional du Mémorial de la Shoah
samedi 6 septembre
Le traitement
médiatique de la
guerre à Gaza
Quel traitement médiatique de la guerre ? Comment les envoyés spéciaux traitent avec les porte-parole du Hamas ? Et avec l’armée
israélienne ? Des journalistes de France Culture, en compagnie d’Arno
Klarsfeld ont essayé de répondre…
ExTRAITS
Isabelle Veyrat-Masson, historienne, sociologue des médias : les accréditations sont faciles à obtenir tant du côté israélien que du côté palestinien.
Guillaume Auda, iTélé et RTL : “il y a une différence notable : aujourd’hui
les israéliens permettent aux journalistes étrangers d’entrer dans la bande
de Gaza, alors qu’ils savent que les images peuvent leur être défavorables.
Ce n’était pas le cas en 2009”.
Emmanuel Halperin, journaliste israélien, ”aucun journaliste n’a filmé ou
interviewé un combattant du Hamas. Encore moins filmé un site de lancement de roquettes. Quand des journalistes ont enquêté pour vérifier si les
roquettes étaient tirées depuis des zones civiles, ils ont été recherchés et expulsés de Gaza.”’
Helène Sallon, du Monde : “Impossible de trouver un combattant, d’interroger un dirigeant politique, tout le monde est caché, on ne voit rien. Quand
j’ai couvert l’enterrement des trois hauts commandants de Rafah, tous les
La manifestation s'est tenue sans incidents mais sous
haute surveillance: rues alentour bouclées, accès filtré
par la police et important service d'ordre.
A plusieurs reprises les manifestants, agitant petits drapeaux israéliens et français, ont entonné l'hymne
national français, La Marseillaise.
à Lyon, entre 800 et mille personnes se sont aussi rassemblées jeudi soir à la Grande synagogue pour
apporter leur soutien à l'état et à la population d'Israël.
From Le Figaro du 31 juillet 2014
jeunes gens étaient en civil et je n’ai croisé aucun combattant.”
Guillaume Auda : “les porte-paroles du Hamas tenaient des conférences de
presse à l’intérieur de l’hôpital Shifa. J’ai vu des responsables du Hamas,
une fois, qui se repliaient après un bombardement massif, et c’est très rare.
S’il a fallu attendre 40 jours pour qu’Israël trouve des hauts cadres du
Hamas et les tue, c’est encore plus difficile pour des journalistes.”
Ludovic Piedtenu (France Culture) : “avec l’armée israélienne, c’est très facile
de travailler, ils envoient des extraits vidéo de leurs opérations, parfois
quelques heures à peine après. C’est réactif, très bien organisé. Le personnel
qui s’occupe de la presse est bienveillant, parle français…”
Isabelle Veyrat-Masson : “on a envie de connaitre les effets de ces images à
travers les sondages. Malgré le nombre d’images, les français se désengagent. 70 % déclarent que leur sympathie ne va ni vers Israël, ni vers les
Palestiniens. Ils n’ont pas envie de prendre position. Mais il y a un effet sur
la sympathie à l’égard d’Israël qui s’est inversée. De 68 % de sympathisants
dans les années 1950/60, ils sont seulement 14 % aujourd’hui. Mais il n’y a
pas pour autant de sympathie à l’égard des Palestiniens même s’ils sont pour
un état palestinien. Est-ce que les médias ont eu un rôle négatif à l’égard
d’Israël ? Je crois qu’il faut voir un autre chiffre qui montre que l’existence
de l’état d’Israël n’est pas en cause. Seuls 1 % se déclarent contre son existence. Ils étaient plus nombreux en 1970. Le peuple français est, en Europe,
le plus favorable à Israël. Arno Klarsfeld : La France n’est pas antisémite, la
société est très ouverte aux Juifs mais il y a une partie de la jeunesse des
banlieues, une frange de l’extrême-gauche, le noyau dur de l’extrême droite
Propos recueillis par Pierre Lasry
qui est farouchement antisémite.
AVIVmag n°202 septembre 2014
29
Mémoire
Pologne…France…Israël
Autour de Max Honikman • 1re partie
Le nom de Max Honikman est lié à d'autres noms
de la petite communauté ashkénaze d'après-guerre:
M. et Mme Chilstein, Oscar et Paulette Shapiro, Dr
Anklewitch et sa femme, Dr Gynfogel père et fils, M.
Kaufmann, … des amis intimes auxquels viennent
s'ajouter les grossistes de la place de la Bourse et de
la rue Ste Ursule : les Zilberberg - partis à Paris
au début des années 60 - et puis les Grushewski
(Fanny que nous avions revue à Tel Aviv), Borowski, Perleberger, Petchenik, Chizen, Guenashov,
Shtulman, Grauhar et d'autres encore qui mériteraient d'être cites mais qui échappent à ma mémoire.
Je ne pourrai conclure cette liste sans mentionner le
nom de M. et Mme Kishner, non pas liés au commerce des "shmates" mais à celui des "delicatessen":
le concombre salé est pour moi comme la madeleine
de Proust et le magasin de la rue des Filatiers me
revient instantanément en mémoire, avec toutes ses
odeurs alléchantes d'épices, de "shprotes" et de pain
noir!
Tous ces noms évoquent des personnalités
fortes et conscientes de leur responsabilité de
faire renaitre de ses débris une nouvelle communauté saine et dynamique qui tout en
restant attachée à son passé et à ses valeurs
culturelles et religieuses, a su s'adapter à la
réalité d'après-guerre en France et créer des
liens nouveaux avec le jeune état d'Israël.
C'est là que Max Honikman entre en scène
au début des années 1950.
1 – le jeune homme militant (de 1932 à
1947)
Adolescent il est déjà actif dans le mouvement
"Ha halouts"(le pionnier) alors qu'il étudie au
lycée O.R.T. de Vilno (Pologne). C'est en
1932 qu'il débarque à Paris où il poursuit ses
études d'ingénieur radio à l'Ecole des Arts et
Métiers tout en continuant ses activités sionistes. En 1935, il tente son Alya en 'Erets
Israel" mais reçoit une réponse négative à
cause des nouvelles rigueurs imposées par le
mandat britannique. Il reste donc à Paris et
une fois diplômé, est embauché par la société
de radio Pathé Marconi (La Voix de son Maitre).
A la suite des mesures anti-juives qui sévissent
30
AVIVmag n°202
dans Paris en 1940, il est encouragé par son
patron à quitter Paris et se refugier dans la
zone libre. C'est ainsi qu'il débarque à Toulouse avec une
lettre de recommandation pour
M. Martin Gautier, le "Pathé
Marconi" de Toulouse qui l’embauche immédiatement dans sa
maison de la radio, rue d'Alsace
Lorraine!
Une nouvelle vie commence
mais le calme est de courte
durée. Max est dénoncé et interné au camp de Recébedou. Je
tiens à citer M. Martin Gautier
père en tant que "Juste parmi les
Nations" car c'est grâce a son intervention rapide que Max a été libéré et
grâce à son soutien qu'il a pu fuir la France
occupée et rejoindre la 2ème D.B. (Division
Blindée du général Leclerc). Le détail de son
parcours pendant la guerre a été publié dans
« Aviv » n° 197 de de juin 2013, p12.
2 - Les années d'après-guerre.
Fin 1947, c'est à Toulouse qu'il choisit de retourner, accompagné de son épouse Jeanne
(Yenta) Bechkes rencontrée en Pologne. C'est
à Toulouse qu'il décide de créer une famille,
de "construire et se reconstruire" comme on
dit en hébreu "livnot ve leibanot"!
Il reprend son travail d’ingénieur chez Martin
Gauthier. Il reprend aussi ses activités sionistes et noue des liens avec la communauté
juive locale et aussi avec ses amis de Paris,
comme M. Orfus lui aussi fervent sioniste,
actif pour le K.K.L. et porte-parole du parti
des libéraux indépendants.
3 – l’homme engagé :
Au début des années 1950, Max devient président de la fédération sioniste - section
toulousaine Midi Pyrénées - et il le restera
jusqu'en 1962.
Cette responsabilité le met en contact avec
des personnalités de la scène politique israélienne (le parti Mapai alors au pouvoir), les
représentants du Keren Kayemet pour lesquels il organise des collectes et surtout les
délégués de l'Agence Juive ; le nom de M.
Kenan me revient en mémoire car Max l'a
rencontré lors d'une de ses visites en Israël.
En dehors des fêtes, les conférences, débats,
interviews, réunions et rencontres organisés
par Max ont animé la salle des locaux de la
rue du Rempart St Etienne.
A la même époque, Max écrit des articles qui
sont publiés dans le journal national Yiddish
"Unzer Wort". Mais sa langue favorite reste
sans nul doute l'hébreu ; il lisait avec grand
plaisir et intérêt le journal "Haarets" de la 1ère
à la dernière page lors de ses séjours en Israël!
Sa bibliothèque, comme un reflet de l’effervescence intellectuelle de l’époque, contenait
des livres, en hébreu et en yiddish, d'histoire
et de littérature, de poésie (dont les recueils
du poète Tchernikovski) ; certains de ces ouvrages sont dédicacés à Max par leurs auteurs
qu’il invitait à Toulouse dans le cadre de ses
activités pour la communauté. Selon sa volonté, il en a été fait don au Medem
(Bibliothèque Yiddish) et au Musée de la
Shoah à Paris.
à SUIVRE…
“
“
Un récit d’Annie et Esther Honikman
bOULOC, 20 AOUT 2014
La Mémoire des Enfants Juifs Déportés
Aujourd’hui prend place le
70è anniversaire de la Libération de Bouloc et sa région
et partout se déroulent des
cérémonies comme celle qui
vient de prendre place
devant la stèle dédiée à
la
mémoire
d’Edouard
MARSAUD, Rémy CURE,
Charles DESTRUEL et
Philippe POIRIER. Ils sont
tombés aux mains des allemands en déroute le 20 août
1944 et l’ont payé de leur vie
La minute de recueillement devant la plaque,avec Rachel Roizès, pour MEJD et les représentants des résistants
avaient refusé une opportunité de
le jour même ou la région se fuite car ils se sentaient en séculibérait. Leur souvenir ne
doit pas être oublié.
Comme ne doit pas être oublié
non plus cet autre drame qu’a été
la Shoah avec l’arrestation à Bouloc, la déportation et l’assassinat
dans les camps de la mort nazis de
Régine et Hersch KOMORNIK
avec leurs deux enfants Max et
Susi.
Cette famille a rejoint la cohorte
des 6 millions de Juifs arrêtés à
travers toute l’Europe, dont 76000
en France, et exterminés dans le
cadre de la « Solution finale », établie par les dignitaires nazis lors
de la conférence de Wansee du 20
janvier 1942.
Les familles juives, françaises ou
étrangères, qui avaient fuis en
zone « dite » libre, avaient dans un
premier temps été accueillies en
tant que « réfugiées », puis assignés à résidence à la suite de la
promulgation du premier statut
des Juifs établi par le gouvernement de Pétain en octobre 1940.
La famille Komornik était arrivée
d’Autriche, réfugiée à Bouloc où
la famille s’était bien intégrée.
L’école pour le plus jeune, les travaux des champs pour le père. Ils
rité.
Ils ont disparu, condamnés parce
qu’ils étaient juifs et parce que
l’antisémitisme meurtrier avait déferlé sur toute l’Europe.
Mais ce chiffre de 6 millions de
juifs massacrés est à présent largement revu à la hausse avec les
fouilles du Père Desbois qui continue son travail harassant et met à
jour inlassablement d’immenses
charniers de juifs fusillés en
Ukraine. Au cours d’une conférence à Toulouse, il nous avait
déclaré devoir s’arrêter durant des
périodes plus ou moins longues
car ce qu’il découvrait tout au long
de ses recherches sur ce qu’il a
nommé « la Shoah par balles »
était insupportable. Il avait besoin
de ces arrêts pour avoir la force de
continuer.
Aujourd’hui, cet antisémitisme est
en train de renaître et sans vouloir
faire preuve de pessimisme, nous
devons tous nous mobiliser, avec
tous les moyens dont nous disposons, même s’ils paraissent faibles
ou insuffisants devant la déferlante de haine dont nous recevons
tous les jours les clameurs. Pourtant,
nous
savons
que
l’antisémitisme, le racisme et l’intolérance ne peuvent conduire
qu’à la ruine et à la mort. Les
guerres et les destructions humaines n’ont jamais été une
solution à aucun problème sur
cette terre.
puis l’inauguration de cette plaque
au mois de juillet 2010.
Nous sommes heureux de nous
retrouver parmi vous pour ces
Alors, faisons en sorte que le «
vivre ensemble » ne devienne pas
une utopie.
Je remercie tout particulièrement
la municipalité de Bouloc pour
l’accueil que les membres de
l’équipe de l’association ToulouseMEJD, Mémoire des Enfants
Juifs Déportés, et moi-même,
nous recevons chaque année de-
commémorations si importantes et
nous vous remercions du fond du
cœur de pouvoir partager ces moments d’émotion avec vous tous.
Rachel ROIZES, Présidente
l’Association Toulouse - MEJD
AVIVmag n°202 septembre 2014
de
31
Jeunesse
EEIF : un été
INOUbLIAbLE
Les bâtisseurs : 18 jours à la
découverte de l’aventure
Comme le dit la chanson « ils sont hauts comme
trois pommes et n’ont peur de rien.. », nos 47
bâtisseurs ont campé sous la tente près de 3 semaines sous le beau soleil du centre de loisirs
de Gascogne, sous la direction de la chef de
camp Clara Zerbib.
Ils ont séjourné avec le groupe de Saint – Maur
(Val de Marne), plus connu sous le nom de
« Yona » (colombe, oiseau de paix).
Au programme, les incontournables classiques
EI : constructions, « concours de bouffe », Maccabiades, bivouac, veillées chants, (et même
Walibi !) ont rythmé ces 18 jours de rencontres,
de découvertes et de partages, placés cette année
sous le signe des 4 éléments. Rien de mieux
pour un vrai retour à la nature !
23 Bâtisseurs, et 3 animateurs ont également
fait leur « promesse bat », cérémonie au cours
de laquelle ils promettent solennellement de
respecter la loi nationale des bâtisseurs :
ceux qui s’en souviennent encore, c’était bien
10 ans en arrière: même
grotte, même siddourim,
même chants, même
danses. On aurait pu
croiser les regards de
certains éclais, aujourd’hui animateurs et
chef de camps. Eh oui
c’est bien en Juillet 2004, sur le
Nathan fait sa bar mitsva même terrain de camp, que
Charles-Elie Sillam a lu sa paracha
Les Eclaireurs : trois semaines Pinhas et que nous avions cette fois accueilli la
de partages, de découvertes et famille Sillam.
Rien de plus merveilleux, d’unique et d’émoud’actions
vant qu’est l’ambiance EI pour accompagner
Les 65 « éclais », tels qu’on les surnomme, de la tous ces bar-mitzvot lors de leur premier jour
Branche Moyenne de Toulouse se sont retrou- de la vie d’homme. Un grand Mazaltov à Navés pour camper du 7 au 28 juillet dernier, à la than et à la famille Azuelos, ce fut un réel plaisir
Blaquererie près de Millau. Ils ont fait là-bas la de célébrer et de partager cette joie. Nous esrencontre de 40 éclaireurs du groupe local de pérons avoir l’occasion d’accueillir chaque anParis La Victoire.
née une nouvelle bar-mitsvah sur nos camps,
Tout comme les bâtisseurs, ils n’ont pas échappé expérience si enrichissante pour le mouvement,
aux incontournables activités EI du mois de les enfants et les familles concernées. Et, on ne
juillet. ; sans oublier la journée Bonne Action - vous cache pas que les éclais ont également
ou BA - qui a consisté cette année à aider un hâte de retrouver le goût unique des croissants
agriculteur à nettoyer entièrement sa ferme, sur un terrain un camp !
ainsi qu’à traire ses chèvres. De quoi rapide- Et comme la chanson du camp Shot Gun 2014
ment se replonger dans le monde de la cam- le disait, « on aurait bien voulu qu’elle dure,
pagne pour nos petits toulousains !
cette belle aventure ! »
La branche Perspective : un
voyage unique
C’est du 6 au 27 Juillet 2014
que les 10 membres de la BP
de Toulouse, âgés de 17 ans,
ont participé à un voyage exceptionnel sur la
terre d’Israël. Ce n’est sûrement pas le climat
de guerre qui a empêché les EEIF et ses pifs de
Toulouse, Nice et de Paris, toujours autant déterminés, de partir à la découverte de leur terre.
Au Programme :
On les félicite et leur souhaite un grand Mazaltov !
On ne vous a pas dit tout dit : cette année les
«bats», ont également construit tous ensemble
une très grande cabane … de quoi donner de
nouvelles idées aux enfants pour la rentrée !
Bilan très réussi de ce séjour qui a permis l’intégration au groupe d’une dizaine de nouveaux
enfants.
Alors on vous dit, 1,2,3 Spart’i, c’est comme les
EI, ce n’est jamais fini …
32
AVIVmag n°202
1e étape → Le voyage Hatikva 2014, trois jours
de croisière sur la mer Méditerranée organisés
par l’Agence Juive, avec escale à Chypre, où
étaient regroupés plus de 800 jeunes issus de
mouvements juifs français. Inutile de vous dire
que l’ambiance était au rendez-vous !
la BC devant la cabane A la fin de la croisière, les pifs ont assisté au
Cette année encore, le camp BM6 a eu la chance concert d’Amir Haddad à Kyriat Gat.
de célébrer la mise des Tefillins d’un de ses 2e étape → La ville de Jérusalem, avec la dééclaireurs, Nathan Azuelos, tout comme en couverte et la visite de la Vieille Ville, du Kotel,
2013 avec Axel Bounan. C’est ainsi que le mer- ainsi qu’un pèlerinage au cimetière. Ils ont passé
credi 16 Juillet toute la famille Azuelos a dé- le premier chabbat dispersés dans plusieurs fabarqué à la Blaquererie pour ce moment si par- milles d’anciens EI. De quoi avoir plus d’une
ticulier. Que de nostalgie… effectivement, pour anecdote à se raconter !
Jeunesse
PROGRAMME
La Rentrée EEIF !
C’est un programme très chargé qui attend les Eclaireuses Eclaireurs Israélites de Toulouse :
Manon, Romane, Hannah, Léna, Léa, Barbara, Clara
Dimanche 13 Juillet ils sont également partis
visiter l’incroyable mémorial de Yad Vashem.
3e étape → 5 jours de volontariat dans un kibboutz à Nitsana ; au programme de ce bénévolat : agriculture, archéologie et apprentissage
sur l’implantation de village ou le recyclage
dans le désert.
4e étape → Les incontournables Ein Gedi, rencontre des bédouins, Massada et Mer Morte
5ème étape → Chabbat pleines de rencontres
dans une auberge de jeunesse à Eilat
6e étape → 5 jours de Gadna à Sdé Boker,
programme similaire à celui de l’armée israélienne qui prépare les lycéens de fin de cycle
secondaire au service militaire.
Et pour clôturer ce camp, nommé par les animateurs “MIKLATEVOU 2014” (en rappel
aux heures passées dans plusieurs miklats d’Israël), un grand et dernier chabbat a été organisé
avec tous les Pifs qui séjournaient en Israël, à
Netanya.
C’est plein de souvenirs que tous les Pifs de la
BP9, ou Famey, se sont quittés pour retrouver
leur ville respective, au quatre coins de la
France. Une chose est sûre, émerveillés des découvertes et des rencontres faites en Eretz Israël, ce voyage, qu’ils ont mis un an à préparer,
ils ne sont pas prêts de l’oublier !
→ La branche Cadette (7-11 ans), qui accueille les bâtisseurs, dit « bats » sera sous la direction de Elsa Siboni
et Yoann benchetrit pour la deuxième année consécutive.
→ La branche Moyenne (12- 15 ans), qui comprend les éclaireurs, dit « éclais »
sera elle dirigée par Anael Nedjar et Eden bensimon.
Petit Zoom sur LA bRANCHE
PERSPECTIVE, souvent méconnue
du grand public
→ La Branche perspective réunit des
jeunes, appelés “Pifs” qui ont vécu ensemble le même parcours EI: ils ont été
Bâtisseurs, puis Eclaireurs pour la plupart. L’année perspective est une
période où ils se retrouvent entre eux et
pendant laquelle ils vont s'investir dans
des projets qu'ils vont eux-mêmes mettre en place, encadrés par deux animateurs,
qui sont cette année Katleen Abergel et Dana Bensimon.
A Toulouse, les projets aboutissent régulièrement sur un voyage de découverte d’Israël au mois de Juillet. Cette année exceptionnellement, les Pifs ne partiront pas en
Israël mais au Japon, où ils participeront au Jamboree.
Le Jamboree est la réunion mondiale des scouts qui a lieu tous les quatre ans.
Il permet aux jeunes des quatre coins du monde de vivre la fraternité scoute en action, et de prendre conscience de la dimension internationale du scoutisme.
Par là, Barden-Powell espérait faire progresser la paix dans le monde : Les scouts
ayant été présents lors de jamborees prennent conscience du fait qu’avant d’appartenir à tel ou tel pays ennemis ils étaient avant tout jeunes et semblables.
Pour finir …
C’est donc un « sans faute » pour les camps
BC, BM, BP, 2014 tous dirigés par un chef de
camp Toulousain cette année !
Un grand merci aux trois maitrises EEIF, composées d’animateurs bénévoles toulousains, parisiens et niçois, qui ont donné beaucoup de
leur temps pour transformer ces camps en moments magiques.
Nous tenions également à remercier certains
parents et notamment le FSJU qui nous ont
aidé à financer intégralement la sécurité sur les
camps BC et BM et qui ont permis à ces maitrises d’œuvrer sereinement et en toute sécurité.
A très bientôt pour de nouvelles aventures !
Les activités du dimanche reprendront dès le mois de Septembre, un dimanche sur trois de
12h30 à 17h00 à l’Espace du Judaïsme.
Concernant le camp de Toussaint, il aura lieu à Saint-Lary, du Mercredi 29 Octobre au
Dimanche 2 Novembre 2014.
L’année s’annonce également très spéciale pour notre groupe local qui fête cette ces 75 ans
(créé en 1940 par Robert Munnich). Plus d’infos dans les éditos à
venir.
Dana Bensimon, Johanna Dray, responsables du groupe local
AVIVmag n°202 septembre 2014
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Jeunesse
Hébraïca Jeunesse
La colo d’Hébraïca
Jeunesse
Cet été, Hébraïca Jeunesse a organisé sa colo
en partenariat avec Moadon, organisme culturel
de vacances et de loisirs implanté à Paris, qui
organise des colonies de vacances dans toute la
France et à l’étranger.
Ce partenariat a pu avoir lieu grâce à la flexibilité de Moadon, mais également grâce au soutien du FSJU et du CASIT, comme les années
précédentes.
10 enfants et 3 animatrices dont Léa Berdah,
professionnelle d’Hébraïca Jeunesse, sont partis
à Figeac du 8 au 24 juillet. Le centre de vacances était une « Académie des sports », donc
les enfants ont pu choisir plusieurs activités
sportives parmi foot, basket, hip hop, tennis,
zumba, krav maga ou équitation. Ces activités
matinales étaient encadrées par des professionnels. L’après- midi, les animateurs et animatrices
de Moadon proposaient leurs activités, jeux,
sorties, veillées, soirées, etc…
Les enfants se sont éclatés, l’ambiance était au
rendez-vous. Ils sont revenus des souvenirs
pleins la tête, épanouis, enchantés par leur séjour, prêts à repartir ! Il leur tarde maintenant
de reprendre les activités d’Hébraïca Jeunesse
qui seront proposées tout au long de l’année.
Des retrouvailles sont déjà prévues pour le dimanche 21 septembre (date à confirmer).
Laetitia Cooper, présidente d’Hébraïca Jeunesse
Hébraïca Jeunesse, émanation du Fonds Social
Juif Unifié, s’adresse aux enfants et ados de 7
à 17 ans.
Pour toute suggestion, information, vous pouvez contacter Léa Berdah au 06.22.60.35.16.
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AVIVmag n°202
LEV TAHOR
Un nouvel animateur à Lev Tahor !
Bienvenue à Rav bitton, qui vient présider aux destinées de ce beau
mouvement qu’est Lev Tahor, que Rahamim Sebag à su animer et vitaliser depuis plusieurs saisons.
Le Créateur a fait résider en chacun de conférences dans le cadre de Lev Tahor,
nous un « cœur pur », ou plus précisé- j’ai décidé de relever le défi, avec l’aide du
ment, une immense réserve d’énergie, de Créateur sans Qui rien n’est possible.
force et d’optimisme. Les turbulences de Lev Tahor est d’ores et déjà à l’origine
la vie atteignent à des degrés divers cette d’une nouvelle émission de radio qui comréserve. De nombreuses
mencera après les fêtes :
forces se liguent pour Lev Tahor bera li Elokim, Torah Spot. L’émission
nous ravir ce bien préréunira un plateau de
vérouah nakhon hadech
cieux. Comment nous
jeunes qui dialogueront
békirbi.
régénérer ?
avec la communauté, au
Lev Tahor s’est fixé O Dieu, crée en moi un
cours de débats sur des
comme objectif de don- cœur pur, et fais renaître
thèmes de société et
ner cette « pêche » à nos dans mon sein un esprit
d’actualité. Plus encore,
jeunes, mais également
nous organisons déjà de
droit.
à toute notre communouveaux cours en ville,
nauté. Nous avons une
dans les lieux publics.
réserve inépuisable de
Nous sommes bien sûrs
sagesse, de force, de joie
disposés à organiser des
et de sérénité qui nous
soirées chez les familles,
vient d’un jeune-vieux
pour des cours et des
texte, imité, déformé,
débats entre amis, dans
traduit/trahi, trafiqué
une atmosphère de diapar beaucoup, mais
logue et d’échange.
dont nous avons « l’original », expliqué par
Je participe également
ceux qui l’ont étudié et
à l’animation des sites
transmis tout au long des siècles : la Torah box et Espacetorah. Sur ce derTorah.
nier site, vous pourrez écouter
C’est cet héritage que Lev Tahor se pro- quelques-uns de mes cours notamment
pose de faire découvrir à toute la sur les rubriques « Sciences et Torah », «
communauté, dans de nouveaux lieux de la paracha », « judaïca », ou bien encore
rencontre, dans la convivialité et la joie.
ceux qui sont consacrés à la Shoah, aux
preuves archéologiques de la sortie
Rav Monsonego m’a confié la direction de d’Egypte, ou bien, dans un autre registre,
cette équipe. Après avoir parcouru toutes au couple.
les communautés francophones, au tra- Rendez-vous également sur le Facebook
vers de séminaires, de Chabbat, de de levtahor sur lequel vous trouverez tous
conférences et de nombreuses rencontres, nos rendez-vous, ainsi que des Torahj’ai choisi d’accepter cette mission. La flash sous la forme d’une phrase, d’un
communauté juive de Toulouse a été frap- enseignement de nos sages.
pée, et par son intermédiaire, l’ensemble
du peuple juif. Etant souvent venu à Tou- Mordekhaï Bitton
louse pour donner des cours et des mordekhaï [email protected]
Culture
le feuilleton
historique
claude
denjean
Bernhard Blumenkranz,
un historien à Toulouse à la fin du xxe siècle
C’est à Toulouse que les ouvrages novateurs de la collection
Franco-Judaïca ont d’abord été édités à la fin des années
1970. On peut lire les préfaces et introductions aux divers ouvrages
de cette collection. Claude Denjean et Juliette Sibon proposent une
biographie intellectuelle de cet auteur dans « Être historien des
juifs médiévaux en France après Bernhard Blumenkranz », The
legacy of Bernhard Blumenkranz, Colloque de Vienne (nov. 2013),
Martha Keil, Philippe Buc et John Tolan eds (à paraître).
En cette année qui suit le bicentenaire de la communauté de Toulouse et le centenaire de la naissance du refondateur de
l’histoire des juifs en France, nous pouvons relire le message de rigueur et de réflexion que Bernhard Blumenkranz (19131989) nous a laissé.
Juifs et chrétiens
Né à Vienne, émigré en France, il prépara à Bâle une thèse
de doctorat en théologie sur le sermon aux Juifs d’Augustin,
avant de publier en 1960 sa thèse d’histoire sous la direction
d’Henri-Irénée Marrou, professeur à la Sorbonne fondateur
en 1948 de l’amitié judéo-chrétienne. Parmi ses maîtres, des
antiquisants spécialistes d’histoire des religions, tel Marcel
Simon, auteur du Verus Israël (1947). Il défend donc une histoire médiévale des juifs et chrétiens, au plus près des textes,
au plus haut niveau universitaire. Il s’inscrit dans lesillage
de Salo Wittmayer Baron qui plaidait déjà pour une histoire
« déghettoïsée ».
Il travaille avec des collègues non spécialistes, développant
ainsi une voie novatrice. à Fanjeaux, lieu de colloques annuels, on débat. En témoigne un livre marquant : Juifs et
judaïsme du Languedoc, Cahiers de Fanjeaux 12, Toulouse,
Privat, 1977, publié avec Marie-Humbert Vicaire.
Un travail encyclopédique au service de
nouvelles recherches
Exhumer des documents inédits, mettre en lumière des
sources méconnues et toujours renouveler le corpus, tels
sont les axes majeurs qui guident son oeuvre. Il met l’érudition et l’extrême rigueur scientifique au service de l’histoire
des juifs, jamais perçue comme périphérique ni particulière,
mais bien au contraire conçue comme intimement insérée
dans l’histoire de la société médiévale globale. Les années
1970 voient une floraison de titres publiés chez Privat, qui
offrent inventaire des sources et synthèses, proposent de
nouvelles pistes.
Une modestie conquérante
Il souligne que « Toute minorité a l’inquiétude en partage »
et réfléchit à la confrontation avec les majoritaires. Il rejette
toute vision lacrymale parce qu’elle serait un a priori qui
rendrait impossible toute oeuvre scientifique. Il insiste sur
la nécessité de replacer les textes dans leur contexte redit
combien l’étude bouscule les lieux communs : « Le devenir
historique des Juifs, aussi peu que de tout autre groupe humain, ne suit pas une direction rectiligne [… ] D’abord et
surtout : les rapports entre juifs et chrétiens ne sont pas une
catégorie isolée, indépendante ... ». Il ne cesse de reprendre
ses oeuvres, de nuancer son propos. Infirmer l’hypothèse de
départ, obtenir une réponse en creux ne l’effraie pas.
Lui, dont la présence vivante s’affirme d’abord par sa méthode historique et sa boulimie de découvertes, parle des
hommes qu’il étudie, les Juifs médiévaux, avec un mélange
de distance et de connaissance intime, mais loin de l’expression de tout pathos. Ainsi nous dit-il (sommes-nous autorisés
à voir un léger sourire se dessiner dans cette proposition ?) :
« Sans nulle propension à l’apologie des Juifs, je me crois
en droit d’affirmer ... »
AVIVmag n°202 septembre 2014
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Point de vue
par Franck Khalifa
A la recherche de
l’Unité
Professeur certifié hors classe d'économie gestion, docteur
en sciences juridiques et politiques de l'université des
sciences sociales de Toulouse, il est l’auteur de "Difficile laïcité, Sources et enjeux", éditions l'Harmattan, Paris 2014.
Presque 60 jours passés à Ashkelon sous la nuée
de missiles tirés par le Hamas dans le but de créer
le chaos en Israël, 60 jours après le kidnapping et
l’assassinat de Eyal, Naftali et Gilad, 60 jours
après l’opération « Tsouk Etan », le gouvernement
israélien a eu l’intelligence de ne pas se laisser entrainer dans la spirale de la violence de ceux qui
ont forgé leur identité dans la haine du juif et dont
le seul but était, au travers des tunnels, de semer
la mort au sein même du territoire israélien précisément le jour de Roch Hachana. Elle est là la
victoire d’Israël !
Bien sûr, il y a ceux qui ne seront jamais satisfaits
de ne pas être allés plus loin sur le plan militaire.
A ceux là, je leur demande d’entendre les hurlements de ces mères venues à l’enterrement de leur
enfant chéri dont le sacrifice est certainement plus
pathétique que celui du Petit cheval de Georges
Brassens.
Il y a ceux qui, des deux côtés de l’échiquier politique israélien, vont jouer leur carte en isolant un
peu plus le premier ministre Benjamin
Netanyahou.
A ceux là, je voudrais dire combien il est dangereux de jouer avec l’unité du peuple d’Israël.
Enfin, il y a ceux que l’on n’a pas entendus tout
au long du conflit et dont on aurait tant apprécié
leur don d’ubiquité pour éviter les pièges d’une
guérilla qui a fait tant de victimes parmi les très
jeunes soldats de Tsahal. A ceux là, je veux leur
dire qu’ils ont joué avec l’Unité tout court. J’en ai
un peu marre d’entendre des pseudo-républicains
et des pseudo-démocrates se soustraire à
l’épreuve de la vérité historique allègrement dévoyée, non sans un certain cynisme couard face à
la multitude, preuve honteuse de leur collaboration à la libération de la parole raciste, antisémite
et antisioniste. Et, je n’évoque même pas les atrocités commises par l’EI. Deux poids, deux
mesures.
Où sont passés les idées de Spinoza, Hobbes,
Locke, Rousseau, Kant, Mendelssohn et des Lumières en général qui ont inspirés les fondateurs
de l’Europe et des Etats-Unis et qui ont inspiré la
Déclaration des droits et du citoyen du 26 août
1789, la Déclaration universelle des droits de
l’homme du 10 décembre 1948 ou encore la
Convention européenne des droits de l’homme du
4 novembre 1950 ?
Mais seulement voilà, beaucoup de ces penseurs
sont ceux de la religion naturelle, du coeur et de
l’angélisme « biologicateur» des principes fondateurs des Etats de droits.
C’est l’opinion et les droits qui dictent leur volonté
au Nomos et c’est là le point de rupture qui explique les fractures actuelles du pacte social en
Europe et le cynisme des diplomaties européennes et américaines. L’Europe est le lieu des
droits de l’homme mais elle est le lieu du « plus
jamais cela ! ».
L’Europe est aveuglée par son universalisme massificateur. L’Europe se fourvoie dans sa « dérive
du cœur » qui la conduit à ses antipodes : la négation de l’autre. Le juif n’aurait pas sa place dans
un monde ou tout est nivelé par le bas c’est à dire
par les droits et l’opinion. Parallèlement, Israël n’a
pas son mot à dire dans le concert des nations. Israël est bien un « Etat juif ». Il est vrai que le
monde des hommes est celui du dualisme et c’est
bien là le drame de l’humanité. Mais, Roch Achanah est avant tout la proclamation de l’Unité.
La vie et la mort se fondent ensemble. Il n'y a
que « Etre » mais nous choisissons la vie.
Nombreux produits d'épicerie
israéliens
Arrivage chaque semaine
Viande volaille fraîche
& surgelé
Rayon charcuterie à la coupe
et épicerie fine
Large choix de fromages
& laitages
Rôtissoire poulet rôti
Roti de poulet
Roti de dinde…
Et ses accompagnements
Vin spécial réserve ...
Pain de shabbat frais chaque
jeudi et vendredi
Market 26 est heureux de la confiance que vous lui avez
apportée, et tient à remercier l’ensemble de la communauté
pour son encouragement à continuer dans la voie du cacher.
Market26 vous souhaite de très bonnes fêtes de Tichri
Et une merveilleuse année 5775 !
174 chemin
de Ramelet Moundi
ZAC Triasis, rue Antoine Becquerel 31140 Launaguet
Tél. 05 62 89 11 22
36
AVIVmag n°202
Tournefeuille
Tél : 05 34 52 26 26
Ouvert du lundi au jeudi 9h- 19h,
vendredi et dimanche 9h14h30
Culture
Lectures
Anny BECK
Les pages
d’Anny
Anny, notre insatiable lectrice, possède une authentique qualité : elle prend du plaisir à lire mais
elle a un autre talent - qui n’est pas donné à tout le monde : celui de nous le faire partager !
« Le Codex d’Alep »
Ou l’Etrange destin d’un
Manuscrit sacré - Par
Matti Friedman
Cet ouvrage n’est pas une fiction.
L’auteur s’est documenté auprès des
plus hautes personnalités scientifiques
et théologiques et il a passé 4 ans à en
écrire l’histoire.
Le Codex ou Couronne d’Alep, texte
sacré le plus convoité du monde est la plus ancienne version connue de
la Bible hébraïque. Il aurait été écrit entre 910 et 930 de notre ère à Tibériade par un grand érudit, le Rabbin Aaron Ben Asher. Ce manuscrit
est très précieux, car il n’en n’existe aucune copie. C’est sur la base du
Codex d’Alep que Maïmonide a édicté les règles de rédaction de la
Thora.
On pourrait résumer son histoire – et quelle histoire – ainsi :
Ecrit en Israël, volé par les Croisés, caché pendant des siècles à Alep (
Syrie ), endommagé par un incendie allumé par des émeutiers arabes
en 1947, il est finalement arrivé le 6 janvier 1956 en Israël, son point de
départ.
Je pourrais m’arrêter là, mais ce serait sans compter sur l’intérêt très
vif suscité en moi par ce livre et que je veux vous faire partager.
Matti Friedman raconte l’incroyable destin de ce précieux manuscrit
qui a survécu à des siècles de guerre avant de regagné, finalement Israël,
son point de départ.
Mais comment le Codex a t il voyagé depuis une obscure crypte de la
synagogue d’Alep jusqu’à Jérusalem ?
L’auteur nous emmène à travers les âges à la rencontre de personnages
fascinants, agents secrets, gens d’Eglise, hauts fonctionnaires israëliens
qui, tous tentent de mettre la main sur ce texte sacré.
Composé donc au xe siècle, le Codex aurait été, par la suite, la propriété
de la communauté karaïte à Jérusalem. Au cours de la 1ere Croisade,
il est volé par les Croisés lors de la chute de Jérusalem en 10 99. Après
paiement d’une rançon, il est racheté par la communauté juive de Furstat en Egypte.
Trois siècles plus tard, un rabbin fuyant les troubles du Caire, l’emporte
avec lui et s’installe à Alep. Le manuscrit sera gardé dans la synagogue
comme une relique jusqu’en 1947, date à laquelle éclate les émeutes
anti-juives. La synagogue est brûlée. On sauve le Codex.
Je vous laisse découvrir les conditions rocambolesques de sa sortie de
Syrie et de son arrivée en Israël en 1958, comme si ce manuscrit avait
attendu que le peuple d’Israël revienne lui aussi chez lui.
Malheureusement durant ce long périple, environ 1/3 de ses pages ont
disparu, volées ou vendues à des collectionneurs. Lors de l’enquête,
l’auteur s’est trouvé face à un mur de silence. L’étrange mutisme au sujet
des feuilles disparues ne semblait pas être uniquement observé par les
juifs d’Alep. Les israéliens se taisaient également.
La grande synagogue d’Alep est aujourd’hui abandonnée, à demi carbonisée, au milieu d’un quartier juif…sans juif. Un monde vieux de
milliers d’années s’est éteint à Alep.
Dans son livre, Matti Friedman, grand reporter, qui vit à Jérusalem,
retrace donc l’incroyable vie de ce manuscrit qui a survécu à des siècles
de guerre. Ce récit est à la croisée de l’enquête journalistique et du thriller d’espionnage ; un destin romanesque où se mêlent la convoitise des
uns, le fanatisme religieux des autres et d’obscurs secrets d’Etat.
« Je m’attendais, dit il, à écrire une histoire exaltante sur le sauvetage de ce Manuscrit. En fait, j’ai ouvert un placard et je me suis
trouvé enseveli sous les cadavres qui y étaient cachés »
Quant au Codex ou Couronne d’Alep, parchemin témoin de
notre histoire mouvementée, il est exposé au Musée du Livres à
Jérusalem, où il attend votre visite.
Une citation de Jonathan Safran Foer en conclusion :
« on ne connaît aucun précédent à un peuple dispersé parvenant à
conserver son unité, car en général dispersion égale disparition »
A cette citation je rajouterai : l’union du peuple juif s’est faite et
se fait toujours autour d’un Livre : la Bible hébraïque qui a aidé
ce peuple a survivre en tant que juifs.
Bonnes fêtes de Tichri
AVIVmag n°202 septembre 2014
37
Disparition
Gérard Azulay
Il fut président de l’ADAPEI, président national des agents généraux d’assurance, président régional des retraités
d’assurance, président du club d’Alouette, trésorier de l’ACIT sous les deux mandats de Tony Elicha.
i m mense plaisir. Il fut un homme dévoué,
intègre pour ce qu’il avait à accomplir. A son
départ de la vie, j’ai perdu un ami, un frère.
Repose en paix Gérard et prie pour toute ta
famille”.
Alexandre Attaïech
HOMMAGES à
GÉRARD AZULAY
“Comment vous dire simplement ce que nous
pensons ? Nous avons toujours eu pour Gérard plus que de l’estime, de l’admiration.
Avec son départ, c’est une forme totalement
désintéressée du militantisme et de l’engagement associatif qui est atteinte. Il fût un
homme convaincu, d’une parfaite honnêteté
intellectuelle, toujours prêt à rendre service.
Il acceptait toutes tâches, toutes fonctions,
qu’il accomplissait avec compétence, application et rapidité. Travailler avec lui était un
vrai bonheur. Fidélité à sa famille, à ses
idéaux, à ses valeurs. Il manifestait malgré
tous ses engagements une incroyable disponibilité. Il est une des rares personnes qui
disait ce qu’il faisait et faisait ce qu’il disait.
A toutes ses qualités, s’ajoutait une autre bien
peu fréquente, la modestie. Travailleur de
l’ombre, il ne cherchait aucune gratification,
aucun honneur, merci pour tout.”
“Gérard était pour nous un époux, un père
et un grand-père chéri formidable. Il n’y a
rien d’autre à ajouter.”
Arlette Azulay, son épouse.
“Juste un petit historique : Avant de nous
rencontrer à la responsabilité confiée par
l’ACIT, nous ne nous connaissions que superficiellement. Nous nous sommes
appréciés et travailler avec Gérard était un
“Gérard était un grand serviteur de la communauté. Il était un homme de grand cœur
qui a donné beaucoup de son temps et de son
énergie. Il était connu pour ne pas mâcher
ses mots ; il avait son franc parler. Il avait un
grand esprit critique mais très constructif, il
apportait toujours des solutions.”
Elie Amsellem
“Il était une personnalité, un serviteur de la
communauté et non des moindres.
J’ai souvenir d’un homme discret, qui n’a jamais ménagé ses efforts pour la communauté.
Il n’était pas là pour briller, mais était là pour
un objectif : servir sa communauté.”
Arié Bensemhoun
LA RENTRÉE D’HÉBRAÏCA
Nombreux produits d'épicerie
israéliens
CETTE ANNÉE
J’ADHÈRE
À HEBRAÏCA !
Arrivage chaque semaine
Viande volaille fraîche
& surgelé
Rayon charcuterie à la coupe
et épicerie fine
Large choix de fromages
& laitages
Rôtissoire poulet rôti
COURS D’HÉBREU
ANGLAIS
NIVEAU ALEPH : MERCREDI 10H – 11H30
MERCREDI 19H30 – 21H
NIVEAU BETH : LUNDI 20H –21H30
NIVEAU GUIMEL : LUNDI 18H30 - 20H
NIVEAU DALETH : MARDI 19H30 - 21H
NIVEAU VAV : MARDI 17H30 – 19H
APPROFONDISSEMENT : MARDI 15H – 16H30
CONVERSATION : MARDI 16H30 – 17H30
MERCREDI 18H-19H (NIVEAU INTER.- AVANCÉ)
Et ses accompagnements
Vin spécial réserve ...
Mercredi 16h-17h
Pain de shabbat frais chaque
jeudi et vendredi
NOUVELLES ACTIVITES
LUNDI 14H-16H OU MARDI 16H-18H
OU DIMANCHE
DANSES D’ISRAEL
LUNDI ( DÉBUTANTS ) 19H-20H
LUNDI ( DÉBUTANTS PLUS) 19H30-20H30
LUNDI ( INTER-AVANCÉS) 20H30-22H
HEBREU BIBLIQUE
Jeudi 18h30-19h30
HISTOIRE JUIVE
Jeudi 19h45-20h45
ATELIER D’ECRITURE
« Raconte moi une histoire »
G R O U P E
Market 26 est heureux de la confiance que vous lui avez
apportée, et tient à remercier l’ensemble de la communauté
pour son encouragement à continuer dans la voie du cacher.
Market26 vous souhaite de très bonnes fêtes de Tichri
Et une merveilleuse année 5775 !
Lundi 14h30- 16h
Hébraïca
F S J U
RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTIONS
05 62 73 45 33
AVIVmag n°202
Roti de dinde…
TAI CHI
DESSIN PEINTURE
38
Roti de poulet
174 chemin
de Ramelet Moundi
Tournefeuille
Tél : 05 34 52 26 26
Ouvert du lundi au jeudi 9h- 19h,
vendredi et dimanche 9h14h30
Carnet
Sophie Castiel
Naissances
à Toulouse
23/05/2014
10/06/2014
20/06/2014
20/06/2014
08/07/2014
08/07/2014
11/07/2014
22/07/2014
18/08/2014
18/08/2014
20/08/2014
29/08/2014
CHETRIT
Louise Angélina Ruth
PEZILLA Raphaël Méir
HABIB-FITOUSSI Aaron
HABIB-FITOUSSI Isaac
NAKACHE Ruben
NAKACHE Naomie
NAKACHE Ariel
GAGNEBIEN Raphaël
SEROR Elsa
BITOUN Romy
GURARY
Ménahem Mende
Salomé ARTIGAUx
… et ailleurs
18/05/2014
18/05/2014
25/06/2014
05/09/2014
ZAMIR Andréa
Tel-Aviv (Israël)
ZAMIR Olivia
Tel-Aviv (Israël)
LEBHAR Réfaël Elisha
Paris
HAINE Emma (Paris)
Bar et Bat Mitsva
23/06/2014
10/08/2014
28/08/2014
06/09/2014
LEMAITRE Julien
TESTEMALE Yohan
AZUELOS Nathan
STROUK Ness
Mariages à Toulouse
06/07/2014
KESSAS Sébastien /
LAYANI Céline
14/07/2014
AZOULAY David /
BOYADJIEVA Stanislava
17/08/2014
ALLOUCHE Lionel /
ATTALI Sophie
28/08/2014
DAHAN Philippe /
ELOIT Yaelle
31/08/2014
BENHAIM Raphaël /
DANAN Anaelle
31/08/2014
KHELIF Jérémy /
SERADIEU SIMON Natacha
… et ailleurs
13/07/2014
11/08/2014
11/08/2014
13/08/2014
18/08/2014
24/08/2014
SAADA Jonathan /
BENDAYAN Marion
Montpellier
HABIB Jérémie /
LEVY Hannah
Israël
COHEN Alexandre /
INGOLD Yonit
Israël
COHEN Jacob /
Jessica ZEKRI
Israël
GONZALEZ Florian /
BENSEMHOUN Sharon
Israël
CHICHE Jordan /
LEHIANY Sarah
(Montpellier)
Décès
30/06/2014
GRUSZEWSKI Fanny
04/07/2014
MITRANI Feby
16/07/2014
HAMMEL Lot
17/07/2014
BECUS Rachel
20/07/2014
SEBBAG Prosper
21/07/2014
MORYOUSSEF Fanny
22/07/2014
SIMON Williams
23/07/2014
RAMOND Fanny
24/07/2014
DARMON André
25/07/2014
BENDRIHEM Esther
30/07/2014
DOUIEB Jean Claude
31/07/2014
ALMOUZNI Joseph
14/08/2014
TARZAN
Berthe Madeleine
28/08/2014
AZULAY Gérard
… et ailleurs
LEVY Daniel
Metz
… et ailleurs
07/08/2014 MEIMOUN Ariel Chalom
AVIVmag n°202 septembre 2014
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