Verbatim Porto Vecchio 27 janv

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Verbatim Porto Vecchio 27 janv
Concertation publique sur le projet Cyrénée
Réunion thématique « Offshore »
Porto-Vecchio, le 27 janvier 2011
Verbatim
Date et heure : 27 janvier 2011 à 18 heures 30
Lieu : Centre culturel de Porto-Vecchio
Durée : 18 heures 30 à 19 heures 10
Participants : environ 59 personnes
Cette réunion publique a été interrompue avant son terme par une intervention qui ne concerne
pas le projet Cyrénée. Par respect des participants, nous tenons à rendre public l’intégralité des
propos échangés lors de cette réunion. Les interventions qui ne présentent pas de relation directe
avec Cyrénée figurent entre crochets.
Patrick LEGRAND,
Garant de la concertation sur le projet Cyrénée
Vice-président de la commission nationale du débat public
I.
Ouverture
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II.
Présentation du projet
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I.
Ouverture
Monsieur Patrick LEGRAND, Vice-Président de la Commission Nationale du Débat Public
Merci de nous avoir suivis jusqu’ici pour faire une deuxième réunion qui est indépendante de la
première et qui sera suivie d’autres. Avant de la commencer, je vais laisser la parole à Monsieur le
Maire de Porto-Vecchio. Monsieur Mela, je vous laisse la parole.
Monsieur Georges MELA, Maire de Porto-Vecchio
Je vous remercie. Monsieur le Vice-Président de la Commission du Débat Public, Mesdames et
Messieurs les élus, Mesdames, Messieurs, Porto-Vecchio a le plaisir d’accueillir ce soir la dixième
Réunion thématique « Offshore » - Porto-Vecchio, le 27 janvier 2011
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Concertation publique sur le projet Cyrénée
réunion publique concernant le projet Cyrénée. Ce projet, pour le présenter succinctement, porte
sur la possibilité de raccorder la Corse au gaz à partir du gazoduc international Algérie-Italie via la
Sardaigne, plus connu sous l’appellation GALSI. Il tend en fait à substituer le gaz naturel au fuel
pour l’alimentation des centrales thermiques, mais également et surtout à convertir au gaz
naturel les réseaux de distribution publique de gaz de Bastia et d’Ajaccio. Cyrénée est donc – est-il
encore utile de le préciser ? – un projet stratégiquement important pour notre île, mais surtout
pour l’approvisionnement énergétique européen.
Depuis le lancement, le 18 novembre dernier, de cette concertation publique, neuf réunions
ouvertes au public ont été organisées dans les différentes microrégions. L’objectif de ces
rencontres était bien sûr d’amener tous les citoyens, administrés, acteurs publics, sociaux, acteurs
politiques, représentants associatifs, à poser les diverses questions, à réfléchir ensemble et à
apporter leur contribution à ce projet d’une très grande envergure. Ces réunions sont donc un
outil indispensable d’expression à un laboratoire d’idées.
Je sais aussi, pour l’avoir visité, qu’un site internet, entièrement dédié à ce projet et au débat
public qu’il provoque, existe. Je recommande à ceux qui ne le connaissent pas de le découvrir
pour unir notamment les commentaires des internautes intéressés par ce projet et pour enrichir
leurs réflexions personnelles.
Cyrénée est inéluctablement un sujet transversal qui présente des enjeux importants pour notre
île, tant sur un plan économique que sur un plan environnemental et social. Différentes
thématiques ont été abordées et la ville de Porto-Vecchio a ce soir l’honneur d’être la tribune de
cette grande concertation publique sur le thème de la pose offshore du gazoduc Cyrénée. Les
différents impacts, notamment sur l’environnement, relatifs à ce type d’installation, vont donc
faire l’objet de vos discussions.
Monsieur Patrick Legrand que je tiens à saluer, Vice-Président de la Commission Nationale du
Débat Public, sera le garant de cette concertation, une concertation que je souhaite vive,
fructueuse, porteuse d’interrogations, mais également constructive, faite de propositions
émanant de vous tous. En deux mots, un débat de qualité car le projet Cyrénée mérite une
attention toute particulière et surtout toute citoyenne. Je cède maintenant la parole aux
différents intervenants. Merci de votre attention.
Monsieur Patrick LEGRAND
Merci, Monsieur le Maire. Merci d’avoir positionné notre réunion de ce soir. Merci aussi à vous
tous d’être présents. Je voudrais très rapidement brosser le contexte de cette réunion. Vous avez
déjà dit un certain nombre d’éléments, je vais en préciser au moins deux, d’une part, le rôle des
garants – Patricia Watenberg, Paula Ceccaldi et moi-même – et d’autre part les suites attendues
du débat public.
Le rôle des garants est d’abord de ne pas se prononcer sur le fond. Le rôle des garants est de se
prononcer sur la qualité du débat et de porter votre parole, la parole du citoyen, pour garantir
qu’elle soit bien prise en compte par le maître d’ouvrage.
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Concertation publique sur le projet Cyrénée
C’est aussi mon rôle de rappeler régulièrement qu’un débat public dure quatre mois. Au fond, on
a quatre mois pour travailler ensemble. Lors d’un débat public, on travaille sur un projet qui n’est
pas ficelé. Le débat public est encore un moment où des détails ne sont pas accessibles. C’est
justement grâce à cette analyse largement amont que l’on peut imaginer que l’apport citoyen soit
efficace et utile. Un débat public porte sur un projet dont l’opportunité peut toujours être mise
en cause et pour lequel le conditionnel est impératif pour un certain nombre de choses.
Le deuxième et dernier point sur la question du débat, pour tranquilliser beaucoup de gens, à
juste titre, c’est qu’un débat aboutit à un acte public engageant le maître d’ouvrage. C’est
l’invitation à un mode un peu nouveau de contrôle social. Le maître d’ouvrage ayant entendu ce
qui se sera dit, s’engagera, s’il fait le projet, à le réaliser de telle ou telle façon, dans telles et telles
conditions, à la fois écologiques, environnementales ou économiques et sociales, et dans des
conditions post-débat. C’est important. Cette phase sera entamée dès la fin du débat public. Je
crois que GRTgaz mettra un point d’honneur à boucler cet engagement à la fin de l’été. Tout cela
sera bien sûr redevenu public. J’imagine que tout le monde sait que tout ce qui se dit ici, tout ce
qui se fait ici, tout ce qui se dira et tout ce qui se réengagera sera public.
Petit complément sur notre réunion de ce soir. C’est la deuxième réunion de la journée. Nous
sommes allés à Zonza pour discuter de ce que nous, garants, nous pensions des modalités de
développement du débat et pour informer la population de la thématique et du projet, à partir de
quelques malentendus. Ceci dit, nous avons entendu un certain nombre de questions qui peuvent
se poser sur le choix de l’atterrage à Pinarello, sur la desserte des communes, sur la présence des
collectivités politiques dans les débats et évidemment sur le rôle des garants. Au fond, le débat
public est un peu neuf et la notion de garant aussi. Toutes ces questions qui ont été
soigneusement répertoriées seront reprises ce soir – je n’en doute pas –et ensuite par les garants,
sous une forme que nous vous demanderons de contrôler.
De la réunion de cet après-midi, nous sommes sortis convaincus que les enjeux sur ce secteur
étaient importants et que dans ces conditions, nous n’avions pas à remettre en cause notre plan
de marche. Après une première information, une première réunion ici qui pourrait être consacrée
à l’atterrage, mais qui doit aussi être consacrée à la question de l’offshore, c’est-à-dire à la
centaine de kilomètres qui vous séparent de la Sardaigne via la voie maritime, dans notre tableau
de marche, nous avions prévu de faire une réunion directement à Sainte-Lucie, sur le secteur. On
vous propose de tenir cette réunion le 15 février. C’est un mardi. Nous parlerons expressément
de la question de ce que vous appelez, vous, les techniciens, l’atterrage, à savoir l’arrivée
éventuelle du tuyau sur la commune.
Pour continuer à mettre les choses au clair et m’assurer, ce que je n’ai peut-être pas fait
suffisamment tout à l’heure, que nous sommes tous au même niveau d’information, ce qui est
fondamental, je vous dirais deux choses. D’une part, la délibération de la commune de Zonza que
j’ai récupérée et que j’ai sous les yeux marque bien au fond – et c’est démocratiquement
heureux – que la commune veut discuter de l’éventuel atterrage, que la commune refuse de le
placer là où les techniciens l’ont imaginé pour l’instant, mais qu’elle n’est pas dans la perspective
intellectuelle de dire « Pas de ça chez moi. Mettez-le donc chez les autres », ce qui est plutôt une
très bonne nouvelle, non pas pour l’atterrage, mais simplement pour la démocratie. D’autre part,
il me semble qu’après un premier contact que nous avons eu avec la Municipalité de Zonza, à la
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Concertation publique sur le projet Cyrénée
suite d’ailleurs de cette délibération, GRTgaz a rencontré la Municipalité et il a commencé à se
discuter des choses sur le fond technique.
Je vous annonce donc la réunion du mardi 15 février. Vous aviez bien perçu, pour la plupart
d’entre vous, que nous n’étions pas, comme les commissaires enquêteurs, des garants qui disent
à la fin le bien et le mal, ce qu’il faut suivre et ne pas suivre, mais que nous avions un rôle un peu
particulier, parfois un peu difficile à tenir. Vous avez bien senti aussi que le débat public dure
quatre mois et qu’il faut construire, sur les quatre mois, une position collective qui transforme
toujours le projet assez radicalement.
Maintenant que j’ai terminé cette présentation, tout en restant à votre disposition avec mes
collègues, Paula et Patricia, pour discuter des conditions du débat public, de son utilité, de ce qu’il
engage, de ce qu’il coûte, etc. – je vous dis tout de suite qu’il ne coûte pas cher pour la
démocratie – je vais passer la parole à ces Messieurs de GRTgaz. Eux, ce sont eux ; nous, ce sont
nous. Moi, je n’ai rien à voir avec le gaz. Ils vont vous expliquer le projet pour mettre tout le
monde au même niveau d’information. Vous avez une vingtaine de minutes, à la fois pour
présenter globalement le projet et pour donner les premiers ensembles d’informations
nécessaires à l’ouverture de la discussion sur les questions offshore et sur l’interface entre la mer
et la terre. Merci. Messieurs, à vous.
II.
Présentation du projet
Monsieur Georges SEIMANDI, Directeur de projet Cyrénée-GRTgaz
Merci, Monsieur le Président. Mesdames, Messieurs, bonsoir. Je suis Georges Seimandi, le
directeur du projet. Je voudrais d’abord vous remercier d’être là ce soir, vous remercier de
prendre sur votre temps personnel pour venir dialoguer, vous remercier parce que c’est une
réunion de dialogue importante pour le projet.
Ce type de projets – j’ai eu l’occasion d’en discuter avec certains d’entre vous avant la réunion –
ne se fait plus tout seul dans son coin, mais passe par le dialogue. C’est d’autant plus important
qu’à ce stade, le projet n’est pas figé dans toutes ses dimensions. Beaucoup de choses sont
évolutives. Nous sommes au stade de l’opportunité. C’est cela le débat public. Il n’y a aucune
préoccupation qui soit taboue et que l’on ne puisse pas aborder. C’est important aussi parce que
nous sommes à un moment du projet où nous ne sommes pas encore sous la pression du
planning. Bien sûr, on est tendu – c’est notre métier d’ingénieur – vers la mise en service en 2015,
mais aujourd’hui, on n’est pas sur un planning au jour près. On a encore le temps de se dire les
choses. On a encore le temps de prendre en compte des préoccupations et des ajustements au
projet.
Ceci étant dit, je vous propose de rentrer dans le vif du sujet avec le sommaire qui est le menu de
cette soirée. On va dire deux mots sur qui nous sommes, nous, GRTgaz. On va présenter le projet
Cyrénée, même si Monsieur le Maire l’a parfaitement fait tout à l’heure. Merci. On va ensuite voir
le territoire d’implantation. On va ensuite voir comment se passe l’implantation d’un tel projet,
c’est-à-dire le chantier, étant entendu qu’il s’agit d’une canalisation qui in fine sera enterrée avec
au moins un mètre de couverture de terre et que c’est l’opération du chantier qui est la plus
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impactante. Je n’ai rien contre mes amis du ferroviaire, mais on n’est pas en train de construire
une voie ferrée ou une route. C’est bien la partie relative aux travaux qui doit centrer nos
préoccupations. On dira ensuite ce qui reste après les travaux, c’est-à-dire les ouvrages. Avant
d’aborder le calendrier, on zoomera un peu sur la question de l’offshore puisque comme l’a voulu
l’équipe de garants, c’est la thématique du jour.
Nous, GRTgaz, nous sommes venus en équipe ce soir. Je suis en binôme avec Thierry Lamy, le chef
de projet. D’autres collègues sont présents dans la salle, ainsi que des bureaux d’études qui nous
assistent sur cette partie technique. Ils se présenteront au fur et à mesure que vos interrogations
les solliciteront. Néanmoins, il y a dans la salle deux personnes que je vais présenter parce que
vous allez les voir sur le terrain et vous pouvez les voir régulièrement. Ce sont elles qui sont
chargées de nous proposer la meilleure implantation. Je vais vous les présenter. Il s’agit de Claude
Courtin qui est assis ici.
Le débat est interrompu par un intervenant dans la salle.
Dominique TAFANI, Vice-Président de l’association Sulidarità
Mesdames et Messieurs, bonsoir. Excusez-nous de prendre la parole. Ce soir, il y a une réunion.
Nous ne sommes pas venus ici pour protester contre ce type de réunions, mais il y a des femmes
qui sont aujourd’hui en garde à vue depuis plusieurs jours : une qui est suivie pour un cancer et à
qui on refuse des médicaments et une deuxième, mère de famille. [Aujourd’hui, elles se retrouvent en
garde à vue pour des faits qui datent d’il y a plusieurs années, en sachant très bien qu’elles seront libérées à l’issue des
gardes à vue.
Alors, nous, au nom de Sulidarità, au nom des familles, nous sommes venus vous dire qu’ici, à Porto-Vecchio comme
ailleurs, le petit train-train, les petites choses, la vie sociale, les entendus, c’est terminé ! ] Ce soir, pour l’instant, il
n’y a pas de réunion. [Comme aujourd’hui les élus nationalistes se sont levés de l’Assemblée de Corse pour dire
« Ava basta », « Ava basta mecarrioni stazi ».]
Monsieur Patrick LEGRAND
Merci pour cette intervention.
Monsieur Dominique TAFANI
Monsieur, je viens de vous expliquer qu’il n’y a plus de réunion.
Monsieur Patrick LEGRAND
C’est la République, Monsieur.
Monsieur Dominique TAFANI
La République, c’est celle qui met des femmes en prison, Monsieur. Alors, il n’y a pas de réunion.
Ou on le fait tranquillement et on arrête là ou alors, cela va se passer moins tranquillement. Vous
faites le choix de la République, de la République française. [Sur le problème du rapprochement des
prisonniers, sur le problème des incarcérations abusives, elle n’a pas de leçon à donner aux Corses ni au peuple corse.]
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Concertation publique sur le projet Cyrénée
Monsieur Patrick LEGRAND
Ce n’était pas du tout mon intention. Je voulais simplement vous dire qu’un débat public n’est pas
le train-train habituel. En plus, nous sommes ici pour discuter d’un projet qui intéresse la Corse.
Monsieur Dominique TAFANI
On ne vous entend pas les élus ! Vous faites des petits communiqués à chaque fois.
Monsieur Patrick LEGRAND
Ensuite, je ne vois pas pourquoi, quelles que soient vos convictions, vous voleriez le débat aux
Corses.
Monsieur Dominique TAFANI
[On ne vous entend pas vis-à-vis de l’Etat. Vous ne tapez pas du poing sur la table comme il faudrait le faire. Je sais que
tous, humainement, vous êtes choqués par ce qui se passe parce qu’à chaque fois qu’il y a une interpellation, vous
nous téléphonez et vous êtes présents, mais aujourd’hui, il faut sortir du débat que nous avons entre nous et faire
savoir que tous ensemble, on est contre ce qui se passe. Vous ne faites pas la démarche qu’il faudrait faire pour dire à
l’Etat « Ava basta », « ça suffit ». Qu’est-ce qu’on va attendre ? On va attendre que Madame Santoni qui depuis quinze
ans, fait le tour de France pour aller voir son fils, meure sur la route. Qu’est-ce que vous attendez ? Il faut vous bouger
maintenant.
(Applaudissements)
Il ne suffit plus de dire que ce n’est pas normal. Il faut agir. Agissez avec les moyens que vous avez en disant par
exemple qu’aujourd’hui, toutes ces réunions que l’on fait avec les Préfets, les vœux, etc. on n’en fait plus ! On ne peut
pas faire des vœux ou de telles réunions quand des gens sont en prison, quand Madame Marie Anghulella Caviglioli ne
peut pas prendre son traitement alors qu’elle a un cancer. Qu’est-ce que vous attendez ?
Monsieur Patrick LEGRAND
Merci.
Monsieur Dominique TAFANI
Plus rien ne va se passer tant que cela va continuer comme cela : les réunions, le train-train, les comptes administratifs,
etc. C’est de la gestion, mais aujourd’hui, on est dans l’humain, on n’est plus dans la gestion d’un système. Alors,
bougez-vous, faites quelque chose. Bougeons-nous tous ensemble. On n’est pas venu là pour faire un débat parce
qu’on l’a déjà fait. On a tous la même analyse. Après, il faut se bouger. ]
Monsieur Patrick LEGRAND
Je suis touché par vos interventions, mais je serai désolé qu’une réunion importante, sur un projet
tout aussi important pour la Corse, soit prise en otage.
De la salle
On a eu un bordereau dans la boîte aux lettres à midi et demi pour une réunion importante qui se
déroule à 18 heures 30. Alors, ce n’est pas si important que cela. Excusez-moi.
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Monsieur Patrick LEGRAND
Madame, je note votre question. Nous répondrons en ce qui concerne la diffusion de
l’information.
Que fait-on ?
De la salle
Vous prenez les gens en otage.
Monsieur Dominique TAFANI
Il y a des familles entières qui sont prises en otage, Madame. Vous n’êtes pas prise en otage ; on
vous crée un désagrément. Ce n’est pas du tout pareil. Pour aller voir les prisonniers à Paris, les
familles font des cheminements. Ça, ce sont des prises d’otage.
De la salle
Monsieur, je comprends votre position. Je suis prise en otage.
Monsieur Dominique TAFANI
On vous pose quelques désagréments dans votre vie paisible.
De la salle
[Un bébé est séparé de sa maman qui n’a rien fait. Est-ce que vous croyez que ce n’est rien ?
De la salle
Je n’ai pas dit que ce n’était rien.
De la salle
La maman a été arrêtée devant les yeux de son bébé et l’autre aussi parce qu’elle a aussi un bébé. Est-ce que vous
croyez que ce n’est rien ?
Monsieur Georges MELA
Je viens d’avoir une discussion avec Dominique. Dominique sait ce que je pense et ce que beaucoup pensent. Il y a une
situation grave, une situation de crise. Il ne m’appartient pas, ni à l’ensemble des membres du Conseil Municipal que je
représente aujourd’hui, de m’immiscer dans les affaires de justice. Quelle est la seule chose que je puisse faire en ma
qualité de Maire ? C’est de demander à l’ensemble des autorités d’apaiser ce climat de tension, mais je n’ai pas la
possibilité de m’immiscer dans les affaires de justice. Il y en a d’autres qui sont là pour le faire et d’autres qui sont là
pour exercer les prérogatives qui sont les leurs. Moi, qu’est-ce que je peux faire ? Je le répète, je peux demander à
l’ensemble des autorités, lorsqu’il y a une possibilité comme celle-ci et qu’il y a des problèmes graves de santé qui
peuvent arriver, de veiller à ce que certains soins puissent être prodigués. Ça, oui, mais je ne peux pas demander à
l’ensemble des autorités qui sont ici d’avoir un autre comportement qui est le leur. Ce n’est pas de ma responsabilité.
Je me suis suffisamment exprimé dans la presse, j’ai pris suffisamment de motions au sein du Conseil Municipal. J’ai été
le seul Maire à le faire de toute la Corse.
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Donc, s’il vous plaît, je vous demande de calmer la pression, de laisser les autorités aller jusqu’au bout de ce qu’elles
recherchent. Je ne sais pas ce qu’elles recherchent.
Monsieur Dominique TAFANI
Qu’est-ce qu’elles recherchent ? Elles cherchent à savoir si c’est elle qui a tiré à la roquette en 2005.
Monsieur Georges MELA
Moi, qu’est-ce que je peux faire ? Chacun connaît ici les positions respectives des uns et des autres. On n’est pas là pour
se raconter des histoires. En tout cas, moi, je ne suis pas là pour le faire. Je demande aux uns et aux autres d’avoir une
attention particulière et de calmer les choses qui peuvent être dommageables pour tout à chacun ici. On ne sait jamais
comment les choses peuvent finir et si je m’adresse à toi, tu sais pourquoi. C’est tout. Aujourd’hui, vous avez manifesté
quelque chose au sein de Porto-Vecchio. Il y a une tension qui existe déjà depuis 48 heures.] Des personnes sont
venues ici pour écouter les personnes qui s’expriment sur quelque chose qui engage
économiquement la Corse. Si on défend cette Corse, à un moment donné, il faut que l’on ait
conscience de ce que l’on fait et conscience du comportement qui est le nôtre. [Moi, je le dis avec
gravité, même si vous le savez. Je me suis suffisamment exprimé sur certains sujets. C’est tout. Je n’en dirai pas plus.
Monsieur Dominique TAFANI
Le juge a informé l’avocat de Noëlle qu’il pourrait la visiter à quatre heures du matin. Et nous, on va continuer notre
petit train-train avec les institutionnels.] Bien sûr que le GALSI, c’est important. On la refera la réunion.
On la refera et on parlera du GALSI cette fois, mais aujourd’hui, on ne peut parler de rien. [Ce n’est
pas sur la tension ni sur l’oppression que l’on va construire la Corse. Ceux qui veulent le faire, qu’ils le gèrent. Monsieur
Le Tortellier, gérez-le. ] Faites-la la réunion sur le GALSI.
[Je vais te répondre, Georges. Je pense que les actions que nous menons depuis trois jours sont très mesurées et
qu’elles sont très responsables. On est rentré ici gentiment, on dit ce que l’on a à dire. On va peut-être empêcher la
réunion, mais ce n’est pas une violence disproportionnée par rapport à ce qui se passe pour Noëlle, par rapport à ce
qui se passe pour Marie Anghulella et par rapport à ce qui se passe pour les autres. J’ai bien entendu ton message,
mais dis-le à la personne qui est derrière toi, à Monsieur Le Tortellier qui est le responsable des autorités militaires sur
la région. Dis-lui. Si on ne nous avait pas laissé devant la porte, cela aurait duré cinq minutes. On est aurait fait une
distribution de tracts. Bonjour et au revoir. Ces bouffons devant la porte qui faisaient les gigolos ne nous ont pas laissés
rentrer. Sinon, cela aurait duré cinq minutes. Si ça, c’est de la psychologie !
Monsieur Alain CHARRIER, Sous-préfet de Sartène, Corse du sud
Bonsoir. Je m’appelle Alain Charrier, je suis Sous-préfet.
Monsieur Dominique TAFANI
Ah, ça tombe bien !
Monsieur Alain CHARRIER
C’est pour cela que je vous ai écouté avec intérêt.
Monsieur Dominique TAFANI
Vous voyez, à un moment donné, ce n’est pas difficile de venir discuter.
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Monsieur Alain CHARRIER,
Je vous ai écouté avec intérêt, mais je ne sais pas tout de votre histoire. Je suis là depuis deux mois, je ne peux donc pas
tout connaître. Je suis désolé. Je vous écoute avec intérêt.]
Deux choses sur ce que vous avez dit et sur la réunion de ce soir. Vous avez dit et je le partage
que la réunion de ce soir autour du projet Cyrénée est importante pour la Corse. Elle est d’autant
plus importante que c’est une réunion qui se veut être avant la réflexion, pour faire en sorte de
prendre en compte tous les avis, tout ce que l’on peut imaginer, pour faire en sorte d’imaginer à
plusieurs années ce que peut être notre paysage énergétique. C’est donc important. Cette
réunion a eu lieu dans beaucoup de villes et de villages dans le sud de la Corse. Il y a eu des
débats nourris, houleux. Il est nécessaire qu’ils aient lieu. Il est nécessaire aussi que vous vous
exprimiez. Vous avez le droit de rentrer dans cette enceinte et de vous exprimer, comme vous
l’avez fait, de façon calme et en essayant d’exprimer vos opinions.
Beaucoup de personnes sont venues. Nous pouvons aussi leur laisser le droit de s’exprimer sur ce
projet. [Je vous propose, tout de suite, maintenant, si vous le souhaitez et si vous en êtes d’accord, que l’on se
retrouve à l’extérieur de cette salle, laissant les débats se poursuivre ici. Je vous entendrai aussi longtemps qu’il le
faudra et je transmettrai l’ensemble de vos griefs aussitôt. Ceci peut se faire entre vous et moi. Si la présence des
gendarmes vous indispose, cela ne me gêne pas que cette rencontre puisse se faire entre nous. Moi, je veux avoir le
temps de vous écouter. Si cela vous convient, je vous propose que l’on se retrouve tout de suite par ailleurs. Cela
prendra le temps qu’il faudra et je le ferai avec intérêt.
Monsieur Dominique TAFANI
Monsieur le Sous-préfet, avec tout le respect que je dois avoir pour vous, je vous signale que j’ai rencontré le délégué
général de la Préfecture il y a quelques mois avec Sulidarità. Je vous signale aussi qu’il y a quatre ans, nous sommes
montés à l’Assemblée nationale où nous avons été reçus par les Députés. On leur a expliqué, ils sont au courant.
L’ensemble des élus corses ont été reçus place Beauvau au mois de septembre. Ils sont au courant. Excusez-moi, mais
on a vu tout le monde. Vous êtes Sous-préfet, avec le poids d’un Sous-préfet. Ne voyez rien d’insultant dans mes
propos. Jusqu’à Sarkozy, tout le monde est au courant de la situation. Ne serait-ce qu’en matière de rapprochements,
cela fait dix ans que de Sarkozy à Jospin, de Vaillant à Alliot-Marie, tout le monde a dit qu’on allait rapprocher les
prisonniers. Or si vous faites le tour des prisons corses, vous verrez que largement, le compte n’y est pas. Les lois, les
lois de la République, ne sont pas respectées.
Alors, je ne vois pas de quoi on va parler ce soir. De quoi va-t-on parler ? On va parler de Marie Anghulella qui est
montée voir son mari au parloir et qui à la sortie, a été mise en garde à vue. Elle a demandé à aller chercher son
traitement à son hôtel et on lui a dit que l’on verrait demain, que le docteur viendrait la voir. De qui va-t-on parler ? On
va parler de Noëlle qui est la responsable des relations avec les familles des prisonniers et dont on a ouvert la porte à
six heures du matin pour l’emmener et voir si elle n’avait pas lancé des roquettes. De quoi va-t-on discuter, Monsieur le
Sous-préfet ? On ne va discuter de rien. Vous allez nous entendre, vous allez faire un petit rapport et rien ne va
changer.
Aujourd’hui, qu’est-ce que nous sommes venus dire à nos élus, à tous ces gens qui sont venus,
avec responsabilité, participer à une réunion importante – c’est vrai – sur le GALSI ? Nous sommes
en effet tous conscients qu’il faut changer les choses en Corse et souvent contre l’Etat et contre
EDF. On le sait très bien. [Nous sommes venus dire à tous ces gens que l’on ne peut pas construire la Corse sur
une crise latente, avec des effets qui sont plus ou moins importants. Il faut tout d’abord trouver une sortie de crise. Il
faut que l’on arrête avec ces comédies parce qu’on ne peut plus continuer comme cela.
Je te ferai passer un message, Georges. Je comprends très bien quand tu nous dis que tu ne peux pas influer sur la
justice, etc. La justice, on la connaît tous. En tant qu’élus, à un moment donné, il faut dire que vous ne pouvez plus
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travailler comme cela, que vous ne pouvez plus faire de réunion, que vous ne pouvez plus faire de réunion parce que
ces rapports conflictuels avec les populations ne vous permettent plus de gérer sereinement les choses. Voilà ce qu’il
faut dire, voilà ce qu’il faut faire. Ce n’est pas un diktat que je t’ai dit. Je t’ai dit où nous en sommes, nous. Pour sortir
de la crise, il faut que l’on sorte tous ensemble de la crise. Prenons tous nos responsabilités. Le mouvement national va
les prendre. Il les a déjà prises et il va les prendre rapidement s’il y a une sortie de crise. Aujourd’hui, nous avons un
Etat qui joue le pourrissement. Alors, qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce qu’on va se contenter de ces déclarations ? Est-ce
qu’on va se contenter de nos occupations ? Non, il faut trouver les moyens pour en sortir. Il faut que la Corse revive,
renaisse. Elle ne peut renaître que sur la paix et l’apaisement. Aujourd’hui, on n’est ni dans la paix, ni dans
l’apaisement.
C’est tout ce que je peux vous dire.]
La réunion, il n’y en a pas. On ne va pas en discuter pendant
cinquante heures. Vous la referez la semaine prochaine. Nous, de la réunion du GALSI, on s’en
fout ce soir. [On pourra apaiser la Corse lorsqu’elle sortira de cette situation conflictuelle. Pour l’instant, on est en
plein dedans et ce soir, c’est un exemple, un exemple a minima. Vous voyez que c’est quand même assez calme,
malgré la tentative de la sécurité de nous empêcher de rentrer. C’est quand même inconséquent. On n’est pas allé à
l’affrontement, on est passé par-derrière, on a ouvert une porte. Il n’y a pas eu de jets de pierres, il n’y a rien eu. Alors,
arrêtons un peu les gags. C’est tout ce que nous avons à vous dire ce soir. On n’est pas là pour faire du cinéma, on est
là pour vous dire que c’est terminé. Basta !
De la salle
Monsieur le Sous-préfet, moi, je vais vous rapporter quelque chose que vous pourriez leur indiquer. Comment se fait-il
qu’à chaque visite ministérielle, succède un lot de gardes à vue qui n’aboutit à rien ? Les gens sont relâchés au bout de
48 heures ou de 96 heures, comme c’est le cas aujourd’hui. Derrière les visites ministérielles, il est commandité par
l’Etat français de donner une image de marque sur certains sujets, mais cela ne se résout pas. On prend n’importe qui
et on leur fait faire des gardes à vue. On prend des mères de famille, on prend des gens malades. Vous pouvez leur
demander pourquoi cela. Vous pouvez regarder la chronologie des visites ministérielles, il y a toujours eu, au
lendemain des visites ministérielles, une succession d’arrestations. Est-ce que vous ne trouvez pas cela bizarre, en tant
qu’homme ?
Monsieur Alain CHARRIER
Il ne m’appartient pas d’en parler ce soir.
De la salle
Cela paraît bizarre. On fait des gardes à vue. C’est quand même important.]
Monsieur Patrick LEGRAND
Evidemment, on peut retrouver une date. On peut même discuter ensemble de la façon dont on
peut réaliser ce débat. Monsieur, moi aussi, de temps en temps, j’ai des contraintes et je préfère
que l’on revoie cela ce soir par exemple.
De la salle, responsable d’une association de défense de l’environnement
Je suis responsable d’une association de défense de l’environnement. Vous me connaissez tous.
J’étais venu ici dans un but citoyen, pour donner un point de vue, dans un but démocratique aussi
parce que j’estime qu’un débat public est un endroit où on débat, comme son nom l’indique,
publiquement et où chacun doit pouvoir s’exprimer. Malheureusement, je n’ai pas pu le faire. Je
le regrette. Je vous dis bonsoir à tous. Pour moi, c’est un peu un déni de démocratie. Au revoir.
Réunion thématique « Offshore » - Porto-Vecchio, le 27 janvier 2011
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Concertation publique sur le projet Cyrénée
(Applaudissements)
Monsieur Patrick LEGRAND
Merci. Est-ce que quelqu’un d’autre veut intervenir ? On finit. On rentre dans des problématiques
un peu compliquées qui sont loin de nos affaires. Qu’est-ce que je fais ? Est-ce que je fixe une
date ? Je peux difficilement la fixer de manière impromptue maintenant. En tout cas, ce n’est ni
moi ni la Commission Nationale du Débat Public qui vous privera d’une réunion et d’un débat sur
le projet Cyrénée. Il y aura donc une autre réunion ici. J’espère que d’ici là, les questions auront
suffisamment avancé pour qu’elle puisse se tenir. Je vous remercie d’avoir participé. Je connais,
pour la ressentir, votre frustration, d’autant plus que nous avions plutôt bien travaillé cet aprèsmidi, mais je crois qu’il vaut mieux que je lève la séance. Je vous garantis que le planning des
réunions et l’information seront faits de telle façon que vous serez informés. Merci.
N’oubliez pas qu’un débat public dure quatre mois et qu’il est aussi l’occasion de faire évoluer un
projet. Je ne connais pas de projet mis en débat public qui soit sorti comme il était entré.
Monsieur le Maire, merci. Mesdames, Messieurs, merci. Bonne soirée et bon courage.
Réunion thématique « Offshore » - Porto-Vecchio, le 27 janvier 2011
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Index
Nous vous signalons que nous n’avons pas pu vérifier l’orthographe des termes suivants en langue
corse :
mecarrioni stazi ..............................................5