La concurrence des « pays en voie de développement » est
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La concurrence des « pays en voie de développement » est
La concurrence des « pays en voie de développement » est-elle dangereuse pour l'industrie française ? INTRODUCTION La France, 5e puissance industrielle mondiale, connaît depuis plusieurs années déjà, à l'instar des autres pays industrialisés, la concurrence des pays dits « en voie de développement ». Ces pays que sont par exemple la Chine, l'Inde ou le Brésil, tendent à s'imposer de plus en plus sur la scène économique internationale. Certains pays en voie de développement dans les années 1960, comme la Thaïlande ou la Corée du Sud, ont même réussi à acquérir le statut de « nouveaux pays industrialisés » ( NPI ) en un temps record. Ces nouvelles puissances inquiètent les pays occidentaux qui se sentent menacés dans leur économie en raison de cette forte concurrence qui émerge. En effet, en France par exemple, l' industrie perd beaucoup d'effectifs et elle devient de moins en moins efficace face à de grands pays comme la Chine ou l'Inde. Ainsi, au sein de la France et d'autres pays industrialisés, certains accusent les pays « en voie de développement » d'être responsables de ce ralentissement industriel français. En effet, grâce à une main d'oeuvre nombreuse et bon marché, ces pays ont un poids croissant dans l'industrie mondiale et ils remettent en cause bon nombre d'acquis dans les pays industrialisés comme la France. Ainsi, les délocalisations sont devenues un phénomène important en France et les investissements à l'étranger s'accroissent. Toutefois, la France est loin d'être à la traîne au niveau mondial, elle reste la terre d'accueil de beaucoup d'investissements étrangers, elle a une place importante au sein de l'Union Européenne et connaît également des succès industriels ( Airbus par exemple ). Il est donc intéressant de se demander en quoi l'émergence de la concurrence des « pays en voie de développement » représente une menace pour l'industrie française. Ainsi, nous verrons dans une première partie l'intensité de la concurrence des « pays en voie de développement » et leur impact sur l'industrie française, ce qui nous amènera à analyser les différentes solutions mises en place au niveau international mais également à l'échelle de la France, pour répondre à un éventuel danger. I La concurrence des « pays en voie de développement » : une menace pour l'industrie française à relativiser A – Lien entre concurrence des « pays en voie de développement » et ralentissement de l'industrie française 1. Le contenu de la concurrence des « pays en voie de développement » PED : ont grand potentiel de main d'oeuvre peu qualifiée et bon marché, sont des Pays Emergents à Bas Salaires. Exportations des PED ont un contenu en emploi beaucoup plus élevé que celles des pays développés ! La part industrielle dans le PIB augmente plus vite dans les pays en voie de développement que dans les pays industrialisés. Si la concurrence est surtout dans le domaine de produits à faible valeur ajoutée ( textile, chaussure, acier par exemple ), la concurrence en matière de produits à fort contenu technologique commence aussi à se développer. En effet, par exemple les NPI d'Asie mais aussi de plus en plus la Chine et l'Inde remontent les filières et s'orientent peu à peu vers des produits de ce type. Cf. développement de la concurrence des services 2. L'impact sur l'industrie en France Ils concurrencent les moins qualifiés de la France ( surtout depuis les années 1970 ) Dans les années 1990, intégration croissante de la Chine => doublement force de travail => pression sur salaires et emploi dans autres pays ! Ils concurrencent donc les salaires des pays industrialisés, et surtout les salaires des emplois peu qualifiés qui sont le plus touchés. Salaires sont tirés vers le bas. Concurrence PED : effets négatifs sur l'emploi industriel en France : développement des phénomènes de précarisation. Perte de 1,5 millions d'emplois dans l'industrie depuis 1978. Souligne la difficulté qu'a eu la France à s'adapter à la nouvelle configuration industrielle mondiale, elle n'a pas profité du décollage économique de la Chine, de l'Inde ou des NPI d'Asie. Au contraire, elle a même de sérieux problèmes en recherche et développement, pas comme l'Allemagne ! Certains dénoncent la concurrence déloyale des pays en voie de développement, parce que est « injuste », « inégale ». Les délocalisations sont par exemple très critiquées et remises en cause, cf rapport Arthuis qui aboutit à conclusions alarmantes : différentiels de coûts salariaux seraient facteur déterminant de la localisation et délocalisation des activités. 3 millions d'emplois dans l'industrie ( 5 millions au total ) seraient ainsi menacés de délocalisation. B – Une concurrence limitée 1. Relativiser l'impact de la concurrence sur l'industrie française Rapport Arthuis très discutable, coûts salariaux ne sont d'abord pas seule raison de délocalisations Il n'y a quand même pas actuellement de « désindustrialisation » en France, la France garde une bonne industrie. On parle plutôt de mutations industrielles. Pas de raison de s'inquiéter des délocalisations Leur impact serait plutôt limité. En plus, elles peuvent permettre à des entreprises de survivre, peut permettre une hausse de la productivité et donc la croissance et une hausse du pouvoir d'achat dans les pays industrialisés Effets seraient surtout psychologiques De plus, 2 raisons pour relativiser concurrence PED : – La part des exportations de produits manufacturés des pays en voie de développement représente une part modeste dans le PIB des pays développés. – La poussée de ces exportations s'accompagne aussi d'importations venant des pays développés En +, perte d'emplois dans l'industrie ne peuvent pas être attribués uniquement à la concurrence des pays en voie de développement. 2. D'autres facteurs de problèmes industriels français Pour Krugman : c'est le manque de croissance qui est responsable et aussi la demande française qui croît faiblement depuis plusieurs années. Les causes aux différents problèmes français ( outre ceux de l'industrie ) sont essentiellement internes au pays ! En effet, il y a eu une hausse de la productivité qui a joué dans le sens de perte d'emplois dans l'industrie, mais aussi les progrès de la mécanisation, de la robotisation Problème du dynamisme des PME qui devraient être les plus créatrices d'emplois. Ce qui est souligné : la perte de compétitivité de la France, même par rapport aux autres pays industrialisés, qui pourtant subissent aussi la compétitivité des pays en voie de développement. II Les réponses possibles à une éventuelle menace : des solutions externes aux solutions internes A – Agir sur l'environnement européen et international 1. Le renouveau protectionniste et ses limites _ Depuis les années 1980, au niveau mondial, remontée tensions protectionnistes. ( barrières douanières pour se protéger des exportations des PED, subventions à certains secteurs...) Mais a aussi des effets négatifs possibles : sur les consommateurs, parce que augmente coûts d'achat, et donc diminue leur pouvoir d'achat. 2. Des politiques au niveau européen _ Au niveau européen : développer une industrie plus européenne ( sur le modèle d'Airbus par exemple ), parce que est un des seuls moyens pour concurrencer gros pays comme les NPI, la Chine, l'Inde... _ _ Agir sur la fiscalité : harmonisation européenne par exemple. Agir sur taux de change : le niveau actuellement élevé de l'euro avec une politique monétaire restrictive pénalise l'industrie européenne et donc française. Est une solution plus rapide et efficace que diminuer coût du travail. 3. L'internationalisation des mesures _ Renforcer normes sociales mondiales pour compétition loyale. OIT a défini par exemple des normes internationales du travail ( liberté syndicale, interdiction du travail forcé, égalité de chances et de traitement...), OCDE a fait lignes directrices pour FMN des Etats membres. Mais problème : assurer respect règles et punir le cas échéant. _ La clause sociale : a été et est toujours débattue dans l'OMC. Son but : faut que les pays satisfassent à des normes sociales définies par les États industrialisés pour pouvoir commercer avec eux. La France a fait partie des pays qui ont voulu cette clause sociale, avec les États-Unis en 1994...vue comme néoprotectionnisme, protectionnisme déguisé, et pas comme humanisme désintéressé par pays en voie de développement et serait pour eux un frein délibéré à leur développement. Surtout qu'il existe déjà des doses de protectionnisme dans les pays du Nord, sous des formes sophistiquées, notamment en France. Cf l'exception culturelle, l'agriculture... En plus, ce serait à l'OMC de contrôler application clause sociale, ce qui pose problème. B – Résoudre des problèmes internes à la France 1. Les efforts à faire sur la qualification des salariés _ _ Faut investissement de l'Etat dans cette nouvelle cause ! Problème est surtout micro économique aujourd'hui Promouvoir la formation d'employés qualifiés, augmenter niveau de qualification pour faire face à la progressive remontée des filières dans les PED. Problème : a un coût social important. Faut aussi promouvoir reconversion et programmes spécifiques pour employés peu qualifiés surtout 2. Politiques d'innovation et de recherche _ Développer dépenses liées à la recherche et développement, en complément d'une dimension européenne. Aujourd'hui : seuls 2% du PIB sont consacrés à la R&D _ _ But : retrouver la croissance et surtout une croissance riche en emplois. L'industrie emploie aujourd'hui 22% de la population active, ce n'est quand même pas négligeable ! L'Etat doit intervenir dans ces problèmes : Durcir règles du jeu en cas de restructuration, surtout couvrir salariés PME Pour réussir cette nouvelle politique industrielle, la Datar ( délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale ) avait ainsi proposé au Gouvernement des principes d’action pour relancer compétitivité industrielle française : notamment renforcer les pôles de compétitivité, investir dans les ressources humaines, mieux assurer l'articulation industrie-recherche, inscrire cette stratégie dans le cadre européen, établir un partenariat fort avec les régions. Le champ d'action de la DIACT ( la Délégation interministérielle à l’aménagement et à la compétitivité des territoires, qui succède à la DATAR en 2005 ) est encore plus large que celui de la DATAR. Mais elle a le même rôle, toujours dans cette optique de soutenir l'industrie française. Conclusion : Si les « pays en voie de développement » s'insèrent de plus en plus sur la scène économique internationale, il ne faut pas non plus les diaboliser ni les accuser de tous les maux subis par les pays industrialisés, notamment la France. En effet, en France, si l'industrie est actuellement en « panne », ce n'est pas uniquement lié à la concurrence industrielle de ces « pays en voie de développement ». Il existe de nombreux facteurs internes à cette crise, facteurs sur lesquels il convient de s'attarder afin de mener des politiques efficaces pour y remédier. Ces politiques doivent ainsi se concentrer sur les problèmes de qualification des salariés, de reconversion de ceux-ci, mais aussi sur l'investissement en recherche et développement. La question doit également se poser au niveau européen et international, car la concurrence des pays « en voie de développement » concerne désormais tous les pays industrialisés.