Verdun 2016 : la victoire des identitaires

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Verdun 2016 : la victoire des identitaires
Verdun 2016 : la victoire des
identitaires ?
Pour Isabelle Kersimon, la défense aveugle de BalckM est révélatrice d’une
vision essentialiste de l’individu. Sous couvert d’antiracisme, une
certaine gauche entérine la vision racialiste des «Indigènes de la
République».
L’épisode pathétique de la programmation de BlackM à Verdun aura entre autres
révélé l’effondrement des principes républicains dans l’imaginaire de
l’antiracisme représenté par ceux qui se sont exprimés sur le sujet.
On aura pu constater que, pour l’élu municipal socialiste de la préfecture de
la Meuse, les qualificatifs de «youpins», «pédés» et «kouffars» (Europe 1, 12
mai) sont entrés dans le nouveau dictionnaire d’une France que les autorités
pensaient agonisante, mais dont le soulèvement populaire a rappelé les hautes
valeurs, la principale étant nommée décence, n’en déplaise aux crieurs de
morale et au Front national à qui ces mêmes crieurs ont attribué la paternité
de cette indignation. Peut-être Samuel Hazard a-t-il reçu des mails
injurieux, racistes, des mails qui ressemblent à ces insultes et à ces
menaces délétères qui font le quotidien des réseaux sociaux. Il s’en relèvera
et nul ne l’empêchera de porter plainte pour incitation à la haine lorsque le
délit sera manifeste.
On aura assisté, consterné, à des procès iniques en extrême droitisme,
souillant la mémoire des morts et le souvenir des familles, tandis que
l’annulation de l’événement résulte non pas de l’action «de hordes de nazis
négrophobes emmenés par le FN», mais du retrait d’une subvention accordée
initialement et de la plainte déposée par la famille d’un ancien combattant.
On aura au passage remarqué que la responsabilité de cette initiative festive
n’a été assumée par personne.
On aura observé que les accusations orwelliennes en racisme, en fascisme, en
totalitarisme, proférées à l’encontre de tous ceux que l’idée de danser sur
les ossuaires révulsait, aura peut-être jeté dans les bras du Front national
des Français excédés qui avaient salué la cantatrice, également noire, Jessye
Norman lors du Bicentenaire de la Révolution.
On aura compris que, dorénavant, si l’on est agressé parce que l’on est
noir, on peut aussi être louangé et défendu pour cette seule même raison,
quoi que l’on profère.
On aura constaté que, si tout homme peut accéder au repentir, voire à la
rédemption, M. Diallo, alias BlackM, ne s’est jamais désolidarisé ni des
propos contenus à foison et récurrents, loin de simples «dérapages», dans les
chansons de Sexion d’Assaut, ni des membres dudit groupe, puisqu’il part en
tournée avec le dénommé Lefa cet été. Il n’a pas renoncé aux droits d’auteur.
Il n’a pas investi ses gains dans des luttes contre ces discours de haine en
réalité construits (le pouvoir aux juifs intouchables, la décadence morale
des non-croyants, le viol comme conséquence logique de la colonisation et des
moeurs des jeunes filles). En 2014, il écrit un rap intitulé «Jemaa El Fna»
au refrain suivant: «Sous-estimer le Black, ne fais plus jamais ça / Sinon
j’te fais payer le triple comme à Jemaa El Fna». Jemaa El Fna est une célèbre
place publique de Marrakech. C’est là que, le 28 avril 2011, un attentat
djihadiste à la bombe, perpétré dans un café réputé fréquenté par des
«chrétiens», coûta la vie à 17 personnes, dont 8 Français.
On aura observé qu’avoir un devancier mort pour la France – traumatisme
largement partagé – serait une condition nécessaire et suffisante pour être
républicain et fréquentable. Rappelons que Serge Ayoub, autrement nommé
Batskin, chef du groupuscule fasciste auto-dissous Troisième Voie et
d’origine libanaise, a sans doute aussi, si l’on en croit le site
gouvernemental recensant les victimes militaires du conflit, au moins un
ancêtre tombé au champ d’honneur. Cela l’autorise-t-il?
On aura compris que, dorénavant, si l’on est agressé parce que l’on est noir,
on peut aussi être louangé et défendu pour cette seule même raison, quoi que
l’on profère. Ainsi, nombre internautes se sont-ils hâtés de visiter la page
Facebook de Christiane Taubira, qui n’a plus aucune responsabilité nationale
et donc, logiquement, pas grand-chose à annoncer officiellement sur ce sujet.
Pourquoi cet afflux, sinon parce que, outre son talent pour la versification
lourdingue, elle aussi est noire?
Jean de La Fontaine écrivait, dans «Les Animaux malades de la Peste»: «Selon
que vous serez puissant ou misérable / Les jugements de cour vous rendront
blancs ou noirs.». Nos autorités politiques et de nombreux confrères l’auront
quant à eux inversé, entérinant la vision racialiste des «Indigènes de la
République» et de ses meilleurs ennemis identitaires: «Selon que vous serez
blanc ou noir / Les jugements de cour vous rendront coupable ou
fréquentable.»
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Le Figaro Premium – Verdun 2016 : la victoire des identitaires ?