Escroqueries au matelas en Dordogne : ces très chères literies
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Escroqueries au matelas en Dordogne : ces très chères literies
Escroqueries au matelas en Dordogne : ces très chères literies Publié le 19/03/2013 à 06h00 . Mis à jour à 09h15 par Marie Gasc Me Vincent Desport et Me Daniel Lalanne, les avocats des deux vendeurs de matelas © PHOTO ARNAUD LOTH Ce mardi a lieu à Périgueux la deuxième journée d'audience dans le procès des treize personnes soupçonnées de vente frauduleuse de matelas et d'abus de faiblesse. Hier, les mésaventures des nombreuses victimes périgourdines (et d'ailleurs) ont été dévoilées L’argent ça va, ça vient… Quand ça vient, ça va ! » La citation de Coluche a été reprise hier par le président du tribunal correctionnel de Périgueux pour illustrer l’affaire qu’il juge jusqu’à ce mardi, dans les sous-sols du Théâtre de Périgueux. Cette salle est utilisée pour permettre d’accueillir les 13 prévenus jugés pour escroqueries à l’encontre de près de 60 victimes, essentiellement des personnes âgées. Âgés de 34 et 39 ans, issus de la communauté des gens du voyage de l’agglomération périgourdine et du Var, deux hommes sont accusés d’avoir mis au point un système particulièrement lucratif de vente forcée de matelas en Dordogne, dans le Var, les Landes et le Gers. Leurs proches bénéficiaient des recettes. Ils auraient aussi ponctuellement sévi dans les Hautes-Pyrénées, la Loire ou encore la Gironde. Des faits qu’ils nient en grande partie. Ce qui a conduit le président à reprendre une par une les escroqueries présumées. Amiante dans le matelas Il y a l’histoire de cet homme de Montpon-Ménestérol, âgé de 73 ans, qui a vu deux individus entrer chez lui le 6 janvier 2012 sans son autorisation. Les deux hommes auraient retiré la mousse du matelas de son lit, avant d’affirmer qu’il fallait le changer. Coût du nouveau : 6 600 euros ! Les mêmes seraient revenus huit jours après pour annoncer qu’il fallait à nouveau changer la literie, soutirant cette fois 5 000 euros. Ils auraient aussi rendu visite à cet habitant de Sainte-Eulalie-d’Ans, âgé de 82 ans, le 10 novembre 2011. Prétextant de l’amiante dans son matelas, ils le convainquent d’en changer pour un montant de près de 1 000 euros. Chez d’autres, ils évoquent des acariens qui nécessiteraient un changement de literie. Ils reviennent jusqu’à quatre fois chez une victime. Vendus 10 fois le prix Dans le Gers, ils repartent en prime avec les 13 bouteilles d’Armagnac de la cave d’un vieux monsieur. Certaines victimes expliquent avoir payé à cause de l’insistance des deux hommes et pour les faire partir. Une personne âgée handicapée, une autre atteinte de la maladie d’Alzheimer, un déficient mental ou encore un analphabète ont été visés. L’enquête de la police judiciaire de Périgueux a montré que les matelas étaient parfois revendus plus de 10 fois leur prix. Les conjointes, la mère et d’autres proches des prévenus, poursuivis pour blanchiment d’argent, affirment n’avoir « rien vu, rien entendu ». Ils ont pourtant été retrouvés en possession de plusieurs chèques soutirés aux personnes âgées. Sur les multiples comptes d’un des deux vendeurs, ainsi que sur ceux de sa compagne et de sa fille, pas moins de 560 000 euros ont transité. Soit une moyenne de 11 500 euros par mois entre 2007 et 2012. Le juge parle d’un autre « petit matelas financier » : celui de la mère d’un des prévenus, qui a près de 123 000 euros en banque. Elle, « ne sait pas ». Les prévenus évoquent des assurances-vie, des revenus d’auto-entrepreneurs qu’ils n’ont jamais déclarés aux impôts ou encore « 400 000 euros gagnés au casino ».