Paplar - Jeudi 23 avril - Le Printemps de Bourges 2009

Transcription

Paplar - Jeudi 23 avril - Le Printemps de Bourges 2009
Le Printemps de Bourges
Le magazine du festival
Jeudi 23 avril 009
Christophe Salengro sort son billet
Berruyers, Berruyères,
Grolandaises, Grolandais,
C’est le printemps comme son nom l’indique, et moi j’arrive à Bourges. Il fait beau, ça
sent bon partout, ça va pas durer.
L’ambiance est aux politiques qui nous emmerdent,
qui ont le pouvoir et veulent le contre-pouvoir. Avec
Orelsan que l’on veut censurer, du Parti Communiste
jusqu’au ministère de la «solidarité», en passant par la
région. Après Siné qui se fait virer, on cache la pipe de
Jacques Tati dans le métro, on arrête une exposition
sur le corps, on interdit Sarkoland sur la chaîne publique présidentielle.
Après l’interdiction des bandes, bientôt les manifs ?
Et pourquoi pas les festivals ? Après les parachutes dorés, les coussins dorés et Julien Doré, j’ai
envie d’écouter du rock avec le cœur (pas celui de
Jacques).
Je suis ravi de retrouver mes potes : Tom Dar, Arthur H,
Tryo, les autres Paplar et les autres autres.
Il est interdit d’interdire, soyons plus Berruyers noirs
que Bourges.
À tout à l’heure.
Mansfield. Tya
Private Domain
— 23 minutes —
Carla Pallone et Julia Lanoë sont un peu
folles, tout à fait atypiques et extrêmement talentueuses. Elles ont ébouriffé le
Théâtre Jacques-Cœur hier soir.
Remarquées par Dominique A, les deux Nantaises ont repris En secret sur leur album Fuck
(le premier s’appelait Salope). Le violon de Carla,
qui joue accessoirement pour des orchestres
de musique baroque, et la guitare de Julia,
accessoirement chanteuse du trashissime duo
Sexy Sushi, symbolisent bien l’alchimie poéticogore de Mansfield.Tya. Leurs chansons parlent
d’amour, de mort(s), de torture et de rêves qui
tournent inévitablement au cauchemar, avec une
élégance sans équivalent dans le petit monde de
« la chanson française ». Ritournelles sanglantes,
voix adolescentes écorchées, textes hyper-violents sur mélodies joyeuses ; leur style est horsformat, iconoclaste et parfaitement irrésistible.
Leur dernier album, Seules au bout de 23 secondes, est un OMNI (objet musical non-identifiable)
mêlant ballades et rock’n’roll velu tendance punk,
à écouter d’urgence, souvent, très fort.
Votre humeur, en trois mots ?
Combien de lettres ?
Y a-t’il un peu de Charles Manson dans
Mansfield. Tya ?
À l’âge de 13 ans, Carla vole une épicerie et un
casino. Julia, elle, alterne les peines d’internement et les périodes de liberté. À 16 ans, Carla
est jugée « agressivement antisociale » par les
médecins. À 18 ans, un psychiatre de la prison
diagnostique un « traumatisme psychique » et
« une grande sensibilité qui n’est pas parvenu à
recevoir de l’amour et de l’affection » chez Julia.
L’année dernière, elles tentent ensemble de devenir proxénètes.
Le concert idéal, il est comment ?
Gros comme un veau.
Vos plaisirs ?
Dormir, Manger, Faire l’amour, Jouer de la musique, Composer de la musique, Plonger, Skier,
Boire, Rire, Courir, Nager, Mourir.
Vos projets ?
Dormir, Manger, Faire l’amour, Jouer de la musique,
Composer de la musique, Plonger, Skier, Boire,
Rire, Courir, Nager, Mourir.
—Musique nouvelle—
Répétition en huis-clos hier soir de ce qui sera l’un des événements de ce festival. La création
«Private Domain» a pris ses marques dans la Cathédrale de Bourges pour proposer une relecture
d’œuvres classiques.
En ces temps de crise papale, cela faisait sans doute longtemps que la Cathédrale de Bourges n’avait affiché aussi
complet. Murcof, Para One, Rose-Mary, Marc Collin, c’est
en nombre que les musiciens de Private Domain ont investi
la maison de Monsieur le Curé. Répétition générale. Les
violons s’envoient des SMS, les violoncelles et les flûtes
s’agitent. Survient un théorbe, sorte de luth géant particulièrement impressionnant. Les balances continuent : guitares, claviers… Tout le monde sourit, l’air ne se réchauffe
pas malgré tout. Au contraire, les blousons apparaissent
sur les épaules des musiciens. Les dix choristes chahutent, tandis que s’affairent, derrière leurs ordinateurs,
trois hommes concentrés. Les balances se terminent. Il
convient de s’attaquer maintenant au registre des grands
compositeurs classiques, Schubert, Mozart, Bach, Monteverdi. Private Domain, dirigée par Laurence « IKO » Equilbey, prend alors toute sa puissance. Rose-Mary Stanley,
chanteuse de Moriarty, monte sur scène, sitôt
rejointe par Louise, seconde chanteuse.
Tandis que l’ambiance se fait
plus sombre, il ne
reste que les
cierges posés de chaque côté de la nef, une panne globale des projecteurs plonge les musiciens et les techniciens dans le noir le plus complet. Debout sur son échelle
pour le réglage des projecteurs, le technicien-lumière jure.
Après deux minutes, la lumière renaît.
Ce soir, il s’agit de la toute première représentation du
spectacle programmé aux Nuits de Fourvière en juillet et à
la Cité de la Musique en janvier 2010. Here in this Place :
une relecture de l’œuvre Les Indes Galantes de Rameau,
un moment magique où l’orchestre baroque, dans cette
relecture pop, hoche la tête et tape du pied.
La chef d’orchestre fait des allers et retours entre la console et la scène. Murcof, Para One et Marc Collin continuent
d’expérimenter et de triturer leurs ordinateurs. Les piliers
de la cathédrale s’effacent sous le bleu, le violet, le jaune.
La magie prend. Fin de la répétition, IKO décompresse
avec son équipe et se réjouit de « l’amplitude phénoménale et du relief que prennent certains titres dans
la nef ». Le pari semble réussi.
Ce soir à 20 heures, à la
Cathédrale de
Bourges.
Hello Bye Bye
Detroit 7
«Un endroit de rencontres»
Love in the middle of a fire fight
( iggy pop - Search & Destroy )
Sachez que cette journée du jeudi
23 avril 2009 a commencé par un
rituel voodoo Punk de forte magnitude.
Au 22 : «Soul medication in the dead
of night !» Un assemblage explosif
de différents atomes lourds.
Detroit 7 est apparu dans un déluge
de feu. Dès le deuxieme morceau,
les pendules étaient à l’heure. Le
pulic était happé par la force de leur
rock tendu comme un fil de fer barbelé chauffé à blanc.
Il en a marre Moule, marre qu’on fasse référence à son nom de Moule quand on parle de son
nouveau projet Hello Bye Bye. Bah oui, mais bon...
Hello Bye Bye a vu le jour en 2008. Qu’est-ce qui t’a
décidé à mettre sur pied ce projet en parallèle de ton
travail de bootleg ?
En fait, c’est l’activité de Dj Moule qui s’est greffée en parallèle de mon parcours de musicien. ça faisait longtemps
que germait en moi l’idée d’un projet musical électro-pop
avec du sitar et plein de voix douces... Aussi, quand nous
avons décidé de mettre un terme à l’aventure Mouloud &
the Sonic Destruction, je me suis enfermé dans mon home
studio afin de poser les bases de ce qui allait devenir Hello
Bye Bye.
Il est plutôt rare de trouver un groupe électro/pop
dans lequel on joue du sitar. Tu intègres l’instrument
dans plusieurs de tes morceaux. Comment est venue
cette idée ?
Tout naturellement ! J’ai découvert le sitar à la suite d’une
rencontre avec Francis Passicos et je suis tombé raide
amoureux de ses sonorités. La semaine suivante, j’en
achetais un ! Du coup, ce nouvel instrument est arrivé au
moment où je bricolais les première démos du projet et
je n’ai pas pu résister à l’idée d’en intégrer dans certains
morceaux .
Sur scène tu as invité ton ancien batteur de Mouloud
& the sonic destruction. Comment s’est passé le
recrutement des autres musiciens ?
Je joue avec Franck, le batteur, depuis des années et c’est
tout naturellement qu’il a intégré le projet dès ses balbutiements : on est amis et on adore jouer ensemble ! Hervé,
à la guitare et aux machines, on l’avait souvent croisé lors
de concerts communs avec son ancien groupe (Minitel) et
j’ai tout de suite pensé à lui pour la version live de Hello
Bye Bye. Quand à Célia, au chant et claviers, on l’avait
contactée pour poser une voix, qu’on voulait féminine, sur
un morceau de notre démo.
Le résultat a été trés concluant, si bien qu’on lui a demandé de venir jouer avec nous aussi !
Vous avez été programmés in extremis aux dernières TransMusicales. Cette apparition rennaise a-telle débouché sur des contacts intéressants pour le
groupe ?
Jean-Louis Brossard nous a appelé le dimanche pour jouer
le vendredi suivant ! C’était effectivement in extremis ! On
avait déjà eu des contacts avec lui dans les mois précédents car il avait beaucoup aimé notre démo... Le concert
des Trans nous a permis de nous présenter à tout un réseau de pros et a débouché sur pas mal de contacts très
encourageants.
Que représente pour toi le Printemps de Bourges,
carrefour de nombreux professionnels ?
Le Printemps de Bourges, pour un groupe en «développement» comme le nôtre, c’est un super endroit pour faire
des rencontres et prolonger le travail de démarchage commencé aux Trans.
Forcément un peu manga, Tomomi
Nabana, chanteuse et guitariste du
groupe nous apparaît tantôt sorcière
en guenilles, tantôt princesse sabre
au clair. Les photographes se jettent
quasi au pieds de Miss Nabana.
Le public (transgénérationnel) sent
bien qu’il a pas affaire à des Charlots. C’est tout en poigne et attitude.
L’affaire monte en puissance, mais,
coupés dans leur élan par une coupure de jus et la sirène d’alarme, le
trio doit s’arrêter un bon moment.
La tension ne mollit pas et ça repart
de plus belle. Le bassiste est comme un dingue et la batteuse apparement chétive n’est pas du genre à
lacher l’affaire.
Pour ceux qui voulaient plus de filles
et de guitares, il y a eu un peu plus
tard The Von Bondies, bien généreux dans leur rock, ainsi que Lucy
& the Popsonics.
Tom Darnal
Anaïs
—Pa la pa pa la la—
Entre deux Zéniths, Anaïs fait une halte au Printemps de Bourges. Une artiste à redécouvrir
ce soir au Phénix.
Après le tennis, l’équitation, la natation, Anaïs s’imagine
déjà jouer au curling : « C’est un sport qui ne sert à rien,
et j’adore voir les gens s’énerver avec leur balai ». Sérieuse, pas sérieuse, la chanteuse française rit beaucoup et
de tout. Pour cela, elle a convié Dan The Automator sur
son album, mais aussi Pierrick Sorin, le vidéaste nantais
qui a réalisé les vidéos diffusées pendant ses spectacles.
« J’aime beaucoup les hologrammes qu’il a développés,
j’aime son humour. Il rit avec l’art et ne se prend pas au
sérieux », précise-t’elle. Elle ne cache pas sa joie de jouer
I Love You devant son public. « Le riff de I Love You est
tout simplement imparable, c’est mon Seven Nation Army
à moi.» Attendons-nous alors, à l’image des chants des
stades français reprenant l’hymne des White Stripes, à
ce qu’Anaïs embarque son auditoire dans de très longs
papapa palala de son nouveau tube Peut-être une angine.
En concert au Phénix à partir de 19 heures, avec Arthur H,
Amadou et Mariam, et Ayo.
Carte planche à Minuscule Hey
Découverte Printemps de Bourges de la région Aquitaine,
le duo noir et blanc n’est pourtant pas un nouveau venu.
Minuscule Hey a en effet partagé une dizaine de fois la
scène avec The Do en cette fin d’année 2008. En point
d’orgue, une prestation remarquée à l’Olympia fin novembre. Laurent et Emily ont par ailleurs officié de nombreuses
années au sein du groupe bordelais People on Holiday.
Parfois comparés aux B52’s, Minuscule Hey puise ses
influences dans les Beatles, le Velvet Underground ou
encore Fiery Furnaces. Les deux complices développent
une pop personnelle, pleine de sensibilité, dans un univers
joyeusement déjanté, minimaliste et farfelu. Paplar a choisi
de leur offrir une carte blanche car, de la musique au dessin, le couple sait encore et toujours s’amuser des petites
choses qui se jouent des figures imposées.
Rédacteurs en chef / Sylvain Chantal et Jerome Taudon – Invité / Christophe Salengro – Graphisme / Gregg Bréhin – Journalistes / Tom Darnal,
Thomas Guezou, Melu Crozon – Photos / DoTheAndyGibbon – Thanks / Émilie, Hélène, Fernando – Imprimerie / CIA Bourgogne, label
imprim’vert – Mail / [email protected]
Paplar reçoit le soutien du Conseil Régional des Pays de la Loire et du Conseil Général de Loire-Atlantique.