Lettre de Paris au camarade KOSTROV sur l`essence même de l

Transcription

Lettre de Paris au camarade KOSTROV sur l`essence même de l
Vladimir Vladimirovitch
Maiakovski
Lettre de Paris au
camarade KOSTROV
sur l'essence même
de l'amour
− Collection Poésie −
Retrouvez cette oeuvre et beaucoup d'autres sur
http://www.inlibroveritas.net
Table des matières
Lettre de Paris au camarade KOSTROV sur l'essence même de
l'amour........................................................................................................1
Lettre de Paris au camarade KOSTROV sur l'essence même de
l'amour................................................................................................2
i
Lettre de Paris au camarade
KOSTROV sur l'essence même de
l'amour
Auteur : Vladimir Vladimirovitch Maiakovski
Catégorie : Poésie
Kostrov : rédacteur on chef du journal komsomolskaïa pravda
Licence : Domaine public
1
Lettre de Paris au camarade KOSTROV sur
l'essence même de l'amour
Pardonnez−moi donc camarade Kostrov,
avec votre largeur d'esprit,
d'avoir dissipé en lyrisme des strophes,
qui m'étaient allouées pour Paris.
Regardez, la belle qui fait son entrée,
parée de fourrures et perles,
c'est d'elle que je m'étais aussitôt emparé :
Fallait−il ou pas lui parler ?
Camarade, j'arrive de 1'U.R.S.S,
on me connaît dans ma patrie.
J'ai vu des filles de plus d'allure,
j'ai vu des filles de plus d'esprit.
Les poètes sont chers aux femmes,
avec ça j'ai de l'astuce,
et pour peu qu'elles prètent l'oreille
je leur conte des merveilles.
Je ne mords pas à l'ordure,
à l'appât de basses fredaines.
Eternel blessé d'amour
c'est à peine si je me trahie.
Fausses mesures d'amour, les noces,
− s'évapore qui se déprend −
camarade, quant aux cloches
je m'en moque éperdument.
Lettre de Paris au camarade KOSTROV s...
2
Lettre de Paris au camarade KOSTROV s...
Mais tout ça c'est des vétilles,
j'ai ri bien assez,
je n'ai plus vingt ans, ma fille,
mais trente ans passés.
L'amour ce n'est pas se promener bouillant,
ce n'est pas du charbon l'ardente brûlure,
mais c'est ce qui monte des monts des poitrines
plus haut que la jungle des chevelures.
Aimer, c'est courir au fond de la cour,
et jusqu'au soir des vers luisants.
briller de la hache, casser des tronas,
jouant de sa propre puissance.
Aimer, c'est des draps en loques d'insomnies
s'arracher, jaloux de Copernic,
lui, et non le mari d'une Marie,
étant le rival maudit.
L'amour n'est pas paradis délicieux,
l'amour c'est quand cela souffle en vous
et que du cœur le moteur rouillé
se remette en marche, à nouveau.
De Moscou vous êtes coupée
lieux et temps aidant,
comment puis−je vous expliquer
cet étrange état ?
De la terre au ciel, les feux,
dans le ciel, les astres en nombres.
Si je ne m'étais fait poète,
je serais un astronome.
La ville mène un train d'enfer,
Lettre de Paris au camarade KOSTROV s...
3
Lettre de Paris au camarade KOSTROV s...
moi, je me promène,
sur les pages de mon carnet
j'écris des poèmes.
Les autos courent les chaussées,
mais elles me ménagent,
les futées savent ce que c'est,
qu'un homme en extase.
Jusqu'aux bords je suis plein,
− rêves, apparitions, −
il en pousserait des ailes,
même à un ourson.
Alors, dans quelque infâme bistrot,
enfin, la bouillie est prête,
de la gorge aux étoiles fuse le mot,
naissance dorée d'une comète !
Sur un tiers du ciel s'étale sa queue,
ses plumes flambent, se dressent,
pour qu'à deux amoureux la voie lactée
dans les branches des lilas apparaisse.
Pour entraîner, soulever, guider
ceux dont la vue se délabre,
pour trancher les têtes d'ennemis hideux
d'une queue luisante de comète.
L'attente dans chaque battement du cœur,
à mon rendez−vous sempiternel,
j'attend qu'enfin reprenne sa rumeur,
l'amour humain, simple et éternel.
La tempête, le feu, et l'eau
assiègent la forteresse.
Lettre de Paris au camarade KOSTROV s...
4
Lettre de Paris au camarade KOSTROV s...
Qui saurait en mater l'assaut ?
Vous ? Ça m'intéresse ! ...
Lettre de Paris au camarade KOSTROV s...
5

Documents pareils