analyse thème sur le double dans la femme au colier de velour de

Transcription

analyse thème sur le double dans la femme au colier de velour de
Loïc Vincent
Tigran Grigorian
Timothée Peter
Étude thématique sur le double dans « la femme au collier de velours »
Considéré comme l’un des derniers soubresauts du romantisme noir, « la femme au collier de velours » de Dumas nous plonge le Paris de la fin du 18ème siècle, où la mort et le sang se mêlent à la chair et au plaisir et où l'amour sensuel ne semble pouvoir se découvrir qu'à travers la mort. Comme certains de ses contemporains (E. Allan Poe, R.L. Stevenson…), l’auteur agrémente son œuvre d’une dimension mystérieuse et fantastique. Faisant part intégrante de celle-­‐ci, le thème du double est omniprésent dans le récit. Celui-­‐ci se développe graduellement, allant jusqu’à brouiller complètement la frontière entre le réel et l’irréel. C’est notamment le cas d’Hoffman, qui semble sans cesse osciller entre c’est deux états. Il semble avoir une part d’ombre, comme si il avait deux personnes en lui. C’est tout particulièrement ce dernier point qui va retenir notre attention, et, pour essayer de mieux comprendre ce dédoublement de la personnalité, nous allons en premier lieu établir un lien entre Hoffman et l’environnement dans lequel il évolue. Puis, nous verrons comment s’est formé ce deuxième Hoffmann et quelles sont les répercutions sur son comportement. Enfin, nous examinerons la façon dont cette scission prend fin, et ce qu’elle implique. Dès les premiers chapitres, on distingue une division des lieux et de certains personnages. En effet, l’auteur s’est efforcé à créer un double de chaque objet, de chaque détail apparaissant dans son récit. Ainsi, la porte du théâtre à Mannheim est ornée de deux sphinx, l’un représentant la tragédie, et l’autre la comédie : « La porte du théâtre est surmontée de deux sphinx. Ces deux sphinx représentent, l’un la Comédie, l’autre la Tragédie.» (l.8p.8), on remarque par la suite que le théâtre de Paris se présente également sous deux aspects opposés l’un de l’autre : d’un côté la luxure et la tentation provoqués par la présence d’Arsène, et de l’autre la morosité et l’indifférence. On distingue aussi ce phénomène dans la description de l’église. Celle-­‐ci possède deux niches, dans l’une étant une Minerve et dans l’autre une Hébé : « l’église a deux niches extérieures : dans l’une de ces deux niches est une Minerve, et dans l’autre une Hébé. » (l.5p.8), ces deux entités mythologique s’apparentent aux personnages d’Antonia et d’Arsène : d’une part la sagesse, et de l’autre l’imprudence. On s’aperçoit que Dumas décrit ici deux extrêmes, la comédie s’oppose donc à la tragédie, et la Minerve à l’Hébé. Cette symétrie constitue une étrange entrée en matière, qui suscite de la curiosité chez le lecteur. Ce dernier va par ailleurs très rapidement comprendre que cette dualité ne s’arrête pas uniquement aux objets inanimés, mais qu’elle se repend également au travers des personnages. Par exemple, Antonia est décrite comme un ange caractérisant un amour pur et éternel, alors qu’Arsène prend la forme d’une incarnation diabolique visant à initier Hoffman à un amour charnel et éphémère. Tout ceci confère une atmosphère particulière à l’œuvre, permettant de nous introduire au dédoublement de la personnalité d’Hoffman et à son fonctionnement trouble. Cette dualité est présente jusqu’au nom du protagoniste, car Dumas n’a vraisemblablement pas choisit Ernst Theodor Amadeus Hoffmann au hasard. Le fait d’avoir d’emprunter le nom d’une personne réelle et de l’avoir inclus dans une œuvre de fiction, peut se traduire par la volonté de créer une copie, un reflet de la réalité. C’est dans cette optique que l’auteur, à la manière de Stevenson (l’étrange cas du docteur Jekyll et Mister Hyde), essaye de retranscrire la face cachée qui sommeil en chacun de nous. Chez Hoffman, la partie immergée de l’iceberg se dévoile lorsqu’il assiste à l’exécution de Madame Du Barry. Il semblerait en effet, que la mort de celle-­‐ci entraine aussi la mort du jeune homme dans une certaine mesure. Dès lors, une renaissance s’opère, et le futur écrivain franchit un point de non-­‐retour dans sa sinistre transformation. Effectivement, après cet événement, les choses vont changer: Le fidèle et responsable Hoffman va laisser place à un traître aveuglé par les grâces d’Arsène. Cette transformation se caractérise par un comportement étrange, qui semble pousser le jeune homme à l’encontre de sa volonté, comme-­‐ci il était attiré par une force supérieure. C’est notamment le cas lorsqu’il retrouve le mystérieux docteur dans « l’estaminet de la fraternité ». Le médecin manipule Hoffmann en faisant croitre son ardent désir de retrouver la belle Arsène : « Peste! Il ne faut pas devenir fou! Peste! Il ne faut pas mourir! A la folie il y a peu de remède, à la mort il n’y en a pas du tout » (l.20p.86), cette scène nous montre, comment à l’aide de quelques mots seulement, le docteur ravive et décuple l’unique volonté du jeune allemand, qui, se laisse entrainer par ce qui semble être une manifestation du diable. Ce laissé aller, va également se retrouver lorsqu’Hoffman se laisse gagner par le démon du jeu, brisant ainsi la promesse faite à sa dulcinée. En effet, prêt à tout pour conquérir le cœur d’Arsène, le jeune homme va tenter de l’acheter, en se soumettant à l’appel de l’or : « Oh! Ce numéro 113, ce numéro 113, avec son chiffre ardent, comme il appelait Hoffman, comme il le guidait, phare infernal, vers cet abîme au fond duquel hurle le vertige en se roulant sur une couche d’or! » (l.40p.98), son comportement semble aller encore une fois à l’encontre de sa volonté, comme si une autre personne a pris le contrôle de son esprit. On remarque à travers ces deux exemples qu’Hoffmann n’est plus le même qu’autrefois, et qu’il semble à présent être guidé par une attraction aussi mystérieuse qu’irrésistible. Toutefois, cette « illusion » va néanmoins prendre fin avec la mort d’Arsène. Effectivement, alors que la guillotine à l’origine se la mort de Madame Du Barry va être le cause de sa dépression, la guillotine faisant office de d’agrafe au collier de velours d’Arsène va marquer un retour à la réalité. Dès que l’étrange médecin détacha l’agrafe, Arsène perdit la tête, et les éléments fantastiques disparurent (l’hôtel, l’or…). Le retour au réel fût brutal. En plus de passer pour un fou aux yeux de la population : « Tout cela était bien improbable ; aussi le récit d’Hoffmann obtint-­‐il peu de croyance : les plus fanatiques de vérité crièrent au mensonge, les plus modérés crièrent à la folie. » (l.11p.124), Hoffmann va également perdre un être cher : sa jeune promise Antonia. Cet événement marque l’avènement des interrogations du lecteur. Qu’est-­‐ce qui est vrai, qu’est-­‐ce qui ne l’est pas ? La limite entre réelle et l’irréelle semble plus que jamais compromise. En conclusion, en développent le thème du double à son paroxysme, Dumas efface complètement la frontière entre réalité et illusion. Le lecteur s’interroge plus que jamais sur la portée des hallucinations du jeune Hoffmann et sur la véracité de son histoire. Il faut voir ici, une réponse de la part de l’auteur à l’expansion des théories scientifiques de l’époque, qui, pour la plupart remettent en question l’existence de Dieu. 

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