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Culture23 Tribune de Genève | Mercredi 18 juin 2014 Photographie «J’adore faire le clown. J’aime me moquer de moi-même» «Ultra Violet» s’est éteinte Lebeck est mort Egérie de Salvador Dalí et d’Andy Warhol, Isabelle Collin Dufresne, icône pop franco-américaine plus connue sous le nom d’«Ultra Violet», est décédée d’un cancer à New York à 78 ans. Figure du photojournalisme de l’après-guerre, Robert Lebeck avait immortalisé le Congolais saisissant l’épée du roi belge Baudoin, en 1960. Victoria Beckham Selon ses dires, l’ex-«Posh Spice» serait un clown en puissance DR Carnet noir TOBIAS HASE/DPA Elle a dit Scènes La 38e Bâtie se politise à fond Du 29 août au 13 septembre, le festival genevois explorera le rapport entre réalité et fiction de l’autofiction. C’est le cas par exemple de la danseuse Marie-Caroline Hominal, qui proposera avec Ballet deux fois huit heures de monologue intérieur au Théâtre Pitoëff. C’est le cas aussi du docufiction signé Dorian Rossel, Une femme sans histoire, qui, au Forum Meyrin, revient sur l’affaire des bébés congelés par Véronique Courjault. Ou encore de ce Vader dû au collectif de danseurs belges Peeping Tom, qui convoque une figure paternelle dans les couloirs d’une maison de retraite. Ou enfin de l’«acte autobiographique» sans concession qu’est Hunter, le premier solo de la carrière chorégraphique de Meg Stuart, au Loup. Katia Berger Quand la programmatrice théâtre de La Bâtie-Festival de Genève entreprend de ficeler sa prochaine édition, elle part d’envies inassouvies. Ce n’est qu’une fois les objets de son désir rassemblés qu’elle parvient à en dégager un fil rouge thématique. Cette année, Alya Stürenburg Rossi tenait à bâtir son rendez-vous sur un triangle d’artistes chers à son cœur: le chorégraphe belge Alain Platel, déjà accueilli en 2010, qui viendra en fin de festival donner son tauerbach en première suisse au BFM. Le talent argentin Mariano Pensotti, qui présentera quant à lui au Grütli, en première suisse également, son projet intitulé Cineastas, qui juxtapose sur une scénographie à deux étages la vraie vie et les fictions de quatre réalisateurs. Et le prodige zurichois Milo Rau, jamais programmé en Suisse romande, qui n’a de cesse de démontrer comment les mots répétés peuvent conduire à la barbarie. Parce que ce dernier débarque en septembre avec pas moins de trois spectacles et quatre films, il a été déclaré invité d’honneur de cette 38e édition. Rapprochement avec Vidy Sur le bateau «Genève» qui accueillera un concert en septembre, Alya Stürenburg Rossi (théâtre) et Philippe Pellaud (musique) déroulaient hier le programme de la prochaine Bâtie, devant un miroir apte à refléter toute la complexité de la vraie vie. OLIVIER VOGELSANG Théâtre documentaire Dans Hate Radio, Milo Rau observe comment des appels au meurtre radiophoniques ont causé le génocide rwandais. Dans Breivik’s Statement, il revient sur la déposition d’Anders Behring Breivik, lors de son procès suite à la tuerie perpétrée sur l’île norvégienne d’Utoya. Avec The Civil Wars, sa dernière création coproduite par La Bâtie, il explore enfin les motifs incitant de jeunes Occidentaux à s’engager pour le djihad en Syrie. On le voit, aux rapports complexes entre réalité et fiction, ce jeune metteur en scène ajuste une approche principalement historique et sociologique. A la question «la vie engendre-telle la fiction ou la fiction produitelle la vie?» d’autres créateurs répondront sur le mode plus subjectif Extrapointus, extracultes, ainsi vont les concerts U Peu, mais de qualité. Ainsi va la part que La Bâtie consacre aux concerts, cette année comme les deux précédentes, depuis que Philippe Pellaud a repris les rênes de la programmation musicale. Mais si les arts scéniques gardent la vedette (lire ci-contre), les mélomanes en auront pour leur compte. A condition d’apprécier l’hyperunderground, le superbranché et, dans une moindre mesure, l’anticonformisme. Centrée sur la maison communale de Plainpalais, où se donneront cinq soirées festives (dont l’une pour les 25 ans du label genevois Mental Groove), l’affiche musicale essaime jusqu’au Théâtre de Vidy, où se produira l’ex-Kat Onoma Rodolphe Burger (13 septembre). La toute petite et très dynamique Parenthèse, à Nyon, sera également de la partie. Ainsi que L’Abri en Vieille-Ville de Genève, qui ouvrira ses portes à la rentrée: chanteur du groupe Super Furry Animals, Gruff Rhys s’y produira, trois ans après son (excellent) dernier passage à La Bâtie (8/9). Du côté des artistes cultes, ou prétendant à ce statut, La Bâtie soigne sa ligne. Slowdive comme Bill Ryder-Jones ne parlent, et de loin, pas à tout le monde? Raison de plus pour les aduler! Groupe mélancolique des années 90, Slowdive se reforme vingt ans après sa dissolution (9/9). Le second, ex-guitariste de The Coral, campe désormais un songwriter des parmi les plus délicats (3/9). Idolâtrie possible également à l’endroit de François Maurin, alias F.M., arrangeur vedette de la variété française (5 et 6/9), voire ce quatuor féminin de rock très à la mode aujourd’hui, Warpaint (2/9). Et tandis que l’ensemble Contrechamps accompagnera en direct Le cuirassé Potemkine d’Eisenstein (8/9), une installation interactive plongera le public dans de vieux films de S.-F. Tandis que le multitalent Andrés García présentera The Ghost, une sorte de concert total mêlant dramaturgie, musique et visuels. (30/8-1/9) Fabrice Gottraux Bien d’autres artistes contribueront au flux continu de cette soixantaine de propositions en seize jours de festival (Philippe Quesne, Christiane Jatahy, Marielle Pinsard, La Ribot…). Chacun à sa façon apportera de l’eau au moulin d’un art éminemment politique. Même du côté des spectacles destinés aux enfants, comme ce Tel quel! de Thomas Lebrun, qui s’attaque aux absurdes dikats de l’apparence physique. On peut mettre également sur le compte d’une affinité à mi-chemin du politique et de l’esthétique le rapprochement naissant entre La Bâtie et le Théâtre de Vidy. Pour la première fois de son histoire, le festival implanté à la Maison communale de Plainpalais tend clairement la main à l’institution gérée par Vincent Baudriller. Alliée de l’ancien codirecteur d’Avignon, Alya Stürenburg Rossi le suit en quelque sorte à Lausanne, puisque tous deux mettent en commun une poignée de rendez-vous d’envergure marquant, grâce à un système de navettes, à la fois la clôture de l’un et l’ouverture de saison de l’autre. La Bâtie-Festival de Genève Programme et billetterie sur www.batie.ch Marc Bonnant, Maria Mettral et Alain Carré s’invitent chez Madame de Staël Théâtre La 4e édition du festival Autour de Mme de Staël, à Coppet, met à l’honneur la femme de lettres, ainsi que Napoléon Elle aurait voulu Marc Bonnant déclamant les qualités du Marquis de Sade – qui lisait Delphine de Mme de Staël en 1814 depuis son cachot –, mais le directeur du château de Coppet s’y est opposé: «On n’invite pas Sade chez Mme de Staël, m’a-t-il dit», regrette Pascale Méla, directrice du festival de théâtre Autour de Mme de Staël, qui se tient pour la quatrième année consécutive au château de Coppet. L’avocat genevois ouvrira donc le festival par une plaidoirieContrôle qualité Carole Bouquet, présente lors de la 1re édition, est la marraine du festival. Marc Bonnant y est présent chaque année. CHRISTIAN BRUN spectacle qui traitera des femmes de tête du XVIIIe siècle. La manifestation, qui a lieu du 23 au 27 juin, bien que centrée sur Germaine de Staël, se permet quelques écarts pour ne pas épuiser son thème. Ainsi, 2014 offre la possibilité de célébrer le bicentenaire de l’abdication de Napoléon, et donc du retour de la fille de Necker à Paris. Celui-ci l’avait en effet bannie du sol français – d’où son ermitage au château de Coppet, qu’elle transforma en salon politique, s’entourant notamment de Chateaubriand, Byron, Goethe ou encore Sismondi. La création du comédien et metteur en scène genevois Alain Carré intitulée Napoléon à SainteHélène, jouée vendredi 27, mêle les voix de Napoléon et de Victor Hugo avec les notes du pianiste François-René Duchâble – virtuose français connu pour avoir jeté une carcasse de piano depuis un hélicoptère dans le lac d’Annecy. 1814, c’est également l’année de la mort de Guillotin, inventeur du célèbre coupe-tête mécanisé. La pièce Guillotine de Victor Hugo, qui tenait Mme de Staël en grande admiration, sera jouée mercredi soir prochain. Juste avant, Olympe de Gouges, une création inédite du dramaturge genevois Daniel Vouillamoz, qui s’est intéressé à la figure d’Olympe, militante des droits de la femme et guillotinée en 1793. Parmi les acteurs, la comédienne et présentatrice météo Maria Mettral. Une version courte de Roméo et Juliette et les Précieuses ridicules seront également jouées: «J’ai vu ces pièces au festival off d’Avignon l’été dernier. Elles m’ont beaucoup plu», confie Pascale Méla, qui a engagé les troupes à se produire à Coppet. A terme, la directrice souhaite faire du festival «un lieu d’expression pour les jeunes acteurs, écrivains et metteurs en scène». Autour de Mme de Staël, d’un budget total de 160 000 francs, est financé à 90% par des mécènes, dont la banque Pictet, mais touche également quelques subventions publiques, dont celles de la Commune de Coppet et de la Commission culturelle de Terre Sainte. Marianne Grosjean Autour de Mme de Staël château de Coppet, du 23 au 27 juin, infos: www.autourdemmedestael.com