Combattre les inégalités pour un monde plus juste

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Combattre les inégalités pour un monde plus juste
N°66 - avril 2007
PERIODIQUE MENSUEL
DE LA FEDERATION MOC DE LIEGE-HUY-WAREMME
BELGIQUE-BELGIE
P.P. 9/1166
4000 LIEGE X
N° D’agréation
P 202 111
Combattre les inégalités
pour un monde plus juste
Le mardi 1er mai Solidarité Mondiale organise
la sixième édition du Cyclo-Solidaire à Liège.
Une grande manifestation conviviale pour soutenir des projets de coopération internationale
dans les pays du Sud. Nous vous invitons à participer à cet événement "cyclo-solidaire".
L'objectif premier de Solidarité Mondiale est de
renforcer les mouvements sociaux dans les pays
du Sud. Pour ce faire, elle soutient des projets
de coopération avec des partenaires locaux
pour qu'ils deviennent de véritables acteurs de
changement et des agents de leur propre développement. Elle réalise aussi un travail important de sensibilisation et d'éducation pour
nos militants face aux enjeux internationaux
d'aujourd'hui dans un contexte de mondialisation. C’est une dimension de solidarité essentielle pour nous, mouvement ouvrier.
Mais à côté de démarche solidaire, nous devons
combattre tous les jours pour que le monde
dans lequel nous vivons soit plus égal et plus
juste.
Un récent rapport de l'ONU montrait que les
inégalités dans les pays et entre ceux-ci sont allées de pair avec la mondialisation. Cela se traduit concrètement par le fait qu'aujourd'hui
près de 40% de la population mondiale doit se
débrouiller pour « vivre » (ou plutôt survivre !)
avec deux dollars par jour, que malgré des progrès dans certains domaines, les inégalités en
matière de santé, d'éducation et d'espérance
de vie ont considérablement augmenté.
Et alors que ce sont les pays industrialisés qui
émettent l'essentiel des gaz à effet de serre, ce
sont les pays en développement qui seront les
principales victimes du réchauffement climatique. L’eau, source de vie, est elle aussi soumise
aux contraintes du commerce et est devenue
source de profit privé ce qui exclut de plus en
plus de pauvres de cette ressource vitale.
Aujourd’hui 1,1 milliards de personnes ne peuvent accéder à l’eau de manière appropriée
et 2,6 milliards de personnes ne bénéficient pas
de systèmes d’assainissement de base. Et les
pauvres paient 5 à 10 fois plus cher leur eau
que les riches !
Face à ces inégalités qui gouvernent le monde,
il est plus que jamais temps de remettre en
cause la manière dont les richesses sont réparties ici et là-bas. "Notre progrès ne saurait
se mesurer à l'enrichissement de ceux qui vivent dans l'abondance, mais plutôt à notre capacité à pourvoir aux besoins de ceux qui en
ont trop peu" rappelait déjà l'ancien président
Roosevelt.
Un combat essentiel, qui est le nôtre, pour un
monde plus juste.
Par Jean-Jacques Jouffroy
et Jean-Marie Schreuer
Sans papiers: quel avenir pour la régularisation ?
Suite à l'échec en mars 2006 du vote à la
Chambre d'une loi pour la régularisation des
sans papiers selon des critères clairs et permanents, l'UDEP avait fait du prochain scrutin
fédéral son objectif prioritaire. A quelques mois
de cette échéance électorale primordiale pour les
milliers de sans papiers qui vivent en Belgique,
l'UDEP de Liège organisait, le 13 mars dernier,
un débat politique sur la question de la régularisation pour rappeler aux partis politiques leurs
promesses et entendre leur position sur ce sujet.
Pour en parler, des représentants des différents partis politiques démocratiques avaient été invités : Muriel Gerkens
pour Ecolo, Marie-Claire Lambert pour le PS, Philippe
Dodrimont pour le MR et Benoît Drèze pour le CDH. Un
débat qui, en terme de participation, a été un succès.
Concernant la mise en place d'une commission de régularisation selon des critères clairs et permanents, les choses
étaient relativement simples dès le départ: PS, ECOLO, et
CDH ayant déjà déposé des propositions de loi allant dans
le sens des revendications de l'UDEP. Du côté du MR, les
choses sont différentes. Pour rappel, le parti s'était opposé
à la dernière loi en date pour la régularisation et ne semble
pas avoir changé de position sur le sujet. Même si d'un point
de vue personnel, Philippe Dodrimont se montre ouvert à
une régularisation selon certaines conditions dont la durée de présence sur le territoire est un élément essentiel.
Quelle priorité pour la régularisation ?
La question centrale posée aux intervenants était bien de
savoir jusqu'où les partis qui se sont positionnés en faveur
de la régularisation vont-ils la défendre s'ils se retrouvent
à la table des négociations pour la mise en place du prochain Gouvernement. Bref, PS, Ecolo et CDH en feront-ils
une question de participation gouvernementale ?
Benoît Drèze, personnellement, fait de la régularisation une
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de ses quatre priorités politiques et qui serait donc un point
essentiel dans l'optique d'une participation au
Gouvernement.Toutefois, il reconnaît que tout le monde, au
sein de son parti, n'est pas aussi enthousiaste que lui sur
cette question.
De son côté, Marie-Claire Lambert a expliqué que la régularisation faisait partie du programme du parti socialiste
et que cette question serait mise sur la table des négociations. Néanmoins, elle n'a pas voulu s'engager sur le fait que
le PS en ferait une question de participation au
Gouvernement ce qui apparaît comme un recul par rapport
à certaines prises de position antérieures beaucoup plus volontariste sur le sujet.
"En 1999, Ecolo avait fait de la régularisation, une condition à sa participation au Gouvernement arc-en-ciel" a rappelé, pour sa part, Muriel Gerkens. Pour la députée Ecolo,
la question importante est de voir si la régularisation sera
inscrite dans la prochaine déclaration gouvernementale qui
est le document qui engage réellement les partenaires.
Il faut que les lignes bougent
au Nord du pays…
Dans une situation économique difficile, la question de la
régularisation est un dossier qui continue à faire peur au
grand public et les partis ne vont pas en faire un thème
de campagne très visible. Pourtant la régularisation est faisable car politiquement indispensable a rappelé un participant au débat; elle est humainement et socialement nécessaire pour permettre aux sans papiers de sortir de la
clandestinité. Une situation qui les rend vulnérables face à
l'exploitation de certaines personnes profitant de leur détresse.
En définitive, comme l'ont souligné les différents intervenants, c'est bien le rapport de force qui s'établira au soir
des élections, au Nord comme au Sud du pays, qui déterminera la question de la régularisation et donc de l'avenir des sans papiers. Dans ce contexte, c'est en particulier
l'attitude des partis en Flandre face à ce problème qui sera
déterminante.
De son côté, l'UDEP avec le Comité de soutien des sans papiers de Liège, sont bien déterminés à continuer leur travail
pédagogique pour informer et sensibiliser la population à
leur cause. Prochain rendez-vous fixé, le samedi 21 avril.
Cela fera un an d'occupation à Liège! Diverses activités vous
seront proposées dans l'après-midi et en soirée à la "Maison
blanche" à Glain où l'occupation avait commencé.
Journée internationale des femmes, regards croisés
plorons ce partage inégalitaire des tâches, cette prise en
charge par les femmes de la famille et de toutes les démarches s'y rapportant constitue une forme d'intégration
non négligeable. Elles sont donc moins visibles dans les lieux
d'occupation des sans papiers où les leaders sont des
hommes, mais bien présentes ailleurs notamment, dans
notre réseau. C'est pourquoi nous avons saisi l'opportunité
du 8 mars pour les mettre à l'honneur et les sortir de
l'ombre.
Entre peur et espoir
Le 8 mars dernier avait lieu la journée internationale des femmes. L'occasion pour Vie
Féminine de mettre en évidence les inégalités
qui persistent, les droits qui restent à conquérir
et tout ce qui empêche les femmes de jouir plei nement de ces droits.
Nous avons voulu mettre l’accent sur la précarité de celles
qui sont dans une réelle situation de non droit, les femmes
sans papiers. Sensible à la problématique des sans papiers,
Vie Féminine a voulu donner la paroles à celles qui se trouvent, dans l'ombre et pourtant très présentes dans la lutte
pour la régularisation et la lutte pour une réelle politique
d'asile et d'immigration. Donner la parole aux femmes demandeuses d'asile permet de rendre visible les risques qui
pèsent sur elles, dans leur pays d'origine tels que les pressions culturelles, religieuses et sociales qui empêchent leur
autonomie et leur émancipation, mais aussi les violences
multiples qui portent atteinte à leur intégrité physique et
morale, et vont jusqu'à mettre leur vie en danger. C'est aussi
l'occasion de dénoncer ce à quoi elles sont confrontées ici,
dans nos sociétés pourtant régies par un pouvoir démocratique. La situation de beaucoup de ces femmes les oblige
à travailler dans l'informel, elle les rend vulnérables face aux
réseaux de la prostitution et aux abus de toutes sortes. Mais
c'est aussi l'occasion de mettre en évidence que la charge
des enfants qui leur incombe le plus souvent, les oblige à
entrer en contact avec des institutions "officielles" telles que
écoles, consultations des nourrissons…Même si nous dé-
Devant une salle pleine comme un œuf, la présidente
Hafida Bachir, a présenté les propositions de Vie Féminine
pour tenir compte des femmes dans la politique d’asile et
d’immigration. Intense émotion, lorsque plusieurs femmes
sans papiers ont témoigné des difficultés concrètes à vivre
dans l’inquiétude, la peur et la souffrance que cela engendre.
Elles ont aussi exprimé leur espoir et fait part du soutien
et de la solidarité dont elles bénéficient dans les réseaux
de proximité. Des associations telles l’UDEP, le Point d’Appui,
le Comité de soutien de Saint François et le Centre Ouvert
de Fraipont, ont participé à la Table Ronde en informant des
projets de soutien à la lutte des sans papiers.
L'après midi nous avons dévoilé l'exposition "tout ce qu'on
peut faire avec des papiers". Les œuvres exposées ont été
réalisées dans différents lieux du mouvement avec pour
chaque œuvre, une symbolique sur ce que confère les papiers en terme de droits. Deux énormes marionnettes réalisées dans un atelier rassemblant des femmes de Vie féminine et de la régie de quartier St Léonard, ont mis en
scène un dialogue entre deux femmes sans papiers.
La journée s'est clôturée par une mise en voix des récits
de vie de sans papiers, par les Ecrivains publics du PAC.
Cette journée, qui se déroulait au centre culturel de Chênée,
a contribué à poser un autre regard sur les sans papiers
que l'on qualifie souvent de miséreux. Les témoignages nous
ont donné à connaître des femmes instruites, diplômées, dynamiques pleines de savoir et de capacité, qui ne demandent qu'à s'investir dans notre société, si celle-ci daigne enfin les régulariser.
Christine Weckx
responsable de Vie Féminine Liège-Seraing-Verviers
Un défilé contre la précarité
De son côté, le groupe spécifique des Femmes de la CSC
avait organisé, pour la journée internationale des
femmes, un défilé… contre la précarité sur le thème
plus particulier de la précarité des femmes sur le marché du travail.
"L'objectif de cette action était de dénoncer un thème
grave comme celui de la précarité qui touche certaines
femmes, sous forme de clin d'œil via un défilé. La journée internationale des femmes doit être aussi un moment de fête partagée par toutes" explique Muriel
Gueurts, responsable du groupe spécifique des Femmes
de la CSC Liège-Huy-Waremme.
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L ES
BRÈVES
Libéralisation de l'énergie:
quelle protection pour le consommateur ?
Même si une série de mesures visant à protéger le consommateur
ont été prises dans le cadre de la
libéralisation de l'énergie, de nombreux abus de démarchage ont été
constatés aux quatre coins de la
Wallonie. Au-delà de ces pratiques
commerciales inacceptables et largement dénoncées par les consommateurs eux-mêmes, se pose aussi
la question fondamentale de la protection des consommateurs les plus faibles et de leur accès à l'énergie, ce bien essentiel pour vivre.
Pour répondre à cette question de société essentielle: "quelle
protection des consommateurs dans un marché de l'éner-
gie libéralisé ?" le MOC et les Equipes populaires de Liège
organisent un débat sur ce thème le vendredi 11 mai
à 19h30 à l'Auberge Simenon à Liège, dans le
quartier d'Outremeuse, avec en invités, des représentants
politiques et des responsables d'associations de défense
des consommateurs.
Plus d'info:
Nathalie MOTTET, Equipes populaires
04/232 61 77
Philippe TAQUET, MOC-CIEP
04/232 61 69
FOPES: dernière séance d'information
Dès septembre 2007 démarre à Liège une nouvelle session
FOPES. Il s'agit d'un Master universitaire (anciennement
licence) en politique économique et sociale organisé à l'initiative conjointe du MOC et de l'UCL. Depuis plus de trente
ans, la FOPES a formé des centaines de militants syndicaux,
associatifs, politiques et culturels… qui cherchent à mieux
comprendre le monde qui les entoure pour mieux le transformer. Destinée principalement aux adultes, la formation
prend en compte l'expérience professionnelle et sociale des
étudiants qui sont au centre du processus d'apprentissage.
Concrètement, la formation dure trois ans, à raison d'un jour
par semaine pour les cours qui sont organisés à Liège dans
un principe de décentralisation. Il faut prévoir également
une soirée par semaine pour les travaux à réaliser en sousgroupe.
Pour en savoir plus, une dernière séance d'information est
organisée le jeudi 26 avril à 19 heures au MOC
à Liège, 29 rue St Gilles.
Documentation sur demande également disponible sur
simple appel au 010/47 39 08
ou par e-mail: [email protected].
Petit-déjeuner sain et solidaire
Pour découvrir l'alimentation équitable et
équilibrée, venez découvrir, seul, en famille,
ou entre amis, un petit-déjeuner composé
de produits variés et originaux issus du
commerce équitable. Des panneaux didactiques et différentes animations permettront également à chacun d'en savoir
plus sur ces deux aspects de l'alimentation.
Cette activité du secteur MOC Ans s'inscrit dans le cadre du festival "Mai
en couleurs" organisé par le Centre Cuturel d’Ans. Une des caractéristiques
de ce festival est de pousser les associations présentes sur Ans à initier de
nouvelles collaborations. C’est avec Oxfam Magasins du Mondes, La Maison
Médicale "La Légia" et l’école primaire et gardienne St Pierre d’Alleur que
nous avons mis sur pied ce projet durant lequel 150 personnes pourront
venir apprécier notre petit-déjeuner.
Le petit-déjeuner sera servi le samedi 5 mai de 9 à 11h
à l'école St Pierre, rue Lambert Dewonck, 203 à
Alleur. Inscription souhaitée avant le 27 avril pour une
meilleure organisation. PAF: adultes 2€ / enfants 1€.
Contacts: 04/247 42 48 (Maison médicale) ou [email protected].
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REGARDS
Rue St Gilles 29
4000 Liège
Tél.: 04 232 61 61
Fax: 04 232 61 60
Editeur responsable:
Jean-Marie Schreuer
[email protected]
Rédacteur en chef:
Philippe Taquet
[email protected]
Ont collaboré à ce numéro:
B. Genot
J.J. Jouffroy
N. Laermans
A. Maia
F. Moisse
Y. Nicolas
P. Rezette
W. Schleck
J.-M. Schreuer
A. Stassart
M. Stenta
C. Weckx