FICHE OUTIL LITTERATURE - M. CASANOVA Un regard sur l

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FICHE OUTIL LITTERATURE - M. CASANOVA Un regard sur l
FICHE OUTIL LITTERATURE - M. CASANOVA
Un regard sur l’Homme et la Société au XIX° siècle, le Naturalisme.
TRAVAIL : Lisez attentivement la fiche qui vous est proposée et répondez aux questions qui vous sont
posées.
Lectures conseillées :
Fictions :
 Nouvelles naturalistes des soirées de Médan. Coll. Bibliolycée.
 Guy de Maupassant, Boule de suif et autres récits de guerre.
Coll. GF
 Un cœur simple, Gustave Flaubert. Coll. Hachette Bibliocollège.
 Contes et Nouvelles, Guy de Maupassant. Coll. Hatier
anthologie.
Documentaires :
 Réalisme et naturalisme, Anthologie. Collection Etonnants
Classiques GF.
 TDC, bimensuel consacré au Naturalisme n° 1031, mars 2012.
Honoré Daumier, La blanchisseuse
(1860-1861)
Définition
« L’auteur n’est pas un moraliste mais un anatomiste qui se contente de dire
ce qu’il trouve dans le cadavre humain ».
Emile Zola
Le Naturalisme est un mouvement littéraire apparu dans les dernières décennies du XIXe siècle.
Soucieux de montrer la société telle qu’elle était et sans aucun sujet tabou, les auteurs naturalistes
introduisirent dans leurs romans des descriptions scientifiques et objectives des réalités.
Ce mouvement, né de l’influence des sciences, de la médecine expérimentale et des débuts de la psychiatrie, a
été en partie créé par Émile Zola, qui en devint le chef de file en publiant notamment en 1881 Le Roman
expérimental, ensemble d'articles dans lesquels il expose sa vision du roman.
Le Naturalisme prolonge, en l’élevant à un degré encore plus fort, le réalisme littéraire dont Balzac était l’un
des piliers.
Ce courant touche toutes les formes d’art dont bien sûr la peinture : « Reproduire la nature en l'amenant à
son maximum de puissance et d'intensité : c'est la vérité s'équilibrant avec la science » Jules-Antoine
Castagnary (1830 – 1888).
Des auteurs …
Les ouvrages de littérature s’accordent pour ranger dans le Naturalisme de grands auteurs du XIX° siècle :
Flaubert, Les frères Goncourt, Huysmans, Maupassant, Zola, Daudet… même si la plupart d’entre eux le
réfutaient.
« Littérature de la misère », « littérature de la canaille », « littérature putride », « littérature de
l’adultère »…, la critique de l’époque s’attaquera très vite à cette vision immorale de la société.
La Révolution de 1830, celle de 1848, La défaite de Sedan (guerre franco-prussienne), la chute du Second
Empire (1870), la Commune de Paris (1871), sont des événements qui ont marqué les esprits et qui ont
apporté beaucoup d’eau au moulin du courant naturaliste (cf. Nouvelles naturalistes des soirées de Médan.
Coll. Bibliolycée).
… des œuvres et des thèmes

L'Assommoir est un roman d'Émile Zola publié en 1876, septième volume de la série Les RougonMacquart. C'est un ouvrage totalement consacré au monde ouvrier et, selon Zola, « le premier roman
sur le peuple, qui ne mente pas et qui ait l'odeur du peuple ». L'écrivain y restitue la langue et les
mœurs des ouvriers, tout en décrivant les ravages causés par la misère et l'alcoolisme. À sa parution,
l'ouvrage suscite de vives polémiques car il est jugé trop cru.

La Terre est un roman d’Émile Zola publié en 1887, le quinzième volume de la série des RougonMacquart. Sans doute l’un des plus violents, Zola y dresse en effet un portrait féroce du monde
e
paysan de la fin du XIX siècle, obsédé par le gain, dévoré d’une passion pour la terre qui peut aller
jusqu’au crime. Tout l’ouvrage est empreint d’une bestialité propre à choquer les lecteurs de l’époque.

Boule de suif est une nouvelle de Guy de Maupassant, écrite dans le courant de l'année 1879, rendue
publique en 1880. Élisabeth Rousset, une prostituée surnommée Boule de suif à cause de son
embonpoint, se donnera à un officier prussien pour sauver les autres voyageurs qui pourtant la
méprisent. L'espace clos de la diligence fait ressortir l'hypocrisie et la bassesse des bourgeois. On
peut alors distinguer plusieurs thèmes dans cette œuvre tels que la guerre, l'alimentation et la liberté.

Madame Bovary est un roman de Gustave Flaubert paru en 1857 dont le titre original est Madame
Bovary, mœurs de province. Bien qu’antérieur au courant naturaliste, ce roman est cité en exemple
par Zola. Marquée par ses lectures romantiques de jeunesse et nourrissant une vision
passionnément lyrique de l'existence, la jeune Emma finit par épouser Charles Bovary et se prend à
rêver d'une vie en adéquation avec ses aspirations naïves de jeune fille. Mais la réalité est autre. Sa vie
en couple dégénère rapidement pour devenir lassante et monotone. Charles, privé d'ambition, ne
répond pas à ses attentes d'une vie exaltante. Emma s'ennuie et sombre dans la dépression.

Jack d’Alphonse Daudet est une œuvre parue en 1876. Roman noir adapté d’une histoire
authentique, Jack retrace l’itinéraire d’un jeune garçon marqué par une enfance malheureuse et un
destin tragique.

Germinie Lacerteux, des frères Edmond et Jules de Goncourt est un roman paru en 1865. Ce roman
décrit une histoire tragique (vraie au départ), celle d’une fille du peuple sexuellement abusée dans sa
jeunesse. Venue à Paris pour travailler comme domestique, elle sombre dans la déchéance, s’endette
par amour et finit par sombrer dans l’alcool.
Deux figures importantes
Pour écrire leurs fictions, les auteurs naturalistes vont se servir des travaux de deux célébrités de
l’époque.
Hyppolite Taine
Né à Vouziers le 21 avril 1828 et mort à Paris le 5 mars 1893, Hippolyte
Adolphe Taine est un philosophe et historien français qui s'intéresse à de
nombreux domaines notamment à l'art, à la littérature mais surtout à
l'histoire.
De formation littéraire, Taine présente son doctorat sur les Fables de La
Fontaine et publie par la suite nombreux articles philosophiques, littéraires et
historiques pour deux grands journaux de l'époque, la Revue des Deux
Mondes et le Journal des débats.
Les auteurs Naturalistes retiendront de lui sa thèse de « la race, du milieu et
du moment » :
« Il n'y a pas encore de science des races, et on se risque beaucoup quand on essaye de se figurer
comment le sol et le climat peuvent les façonner. Ils les façonnent pourtant, et les différences des peuples
européens, tous sortis d'une même souche, le prouvent assez. L'air et les aliments font le corps à la
longue ; le climat, son degré et ses contrastes produisent les
« Il n'y a guère, à notre époque, que deux ou
sensations habituelles, et à la fin la sensibilité définitive: c'est
trois hommes qui puissent lire, comprendre et
juger un livre […]. L'analyse scientifique que j'ai
là tout l'homme, esprit et corps, en sorte que tout l'homme
tenté d'appliquer dans Thérèse Raquin ne les
prend et garde l'empreinte du sol et du ciel ; on s'en aperçoit
surprendrait pas ; ils y retrouveraient la méthode
en regardant les autres animaux, qui changent en même
moderne, l'outil d'enquête universelle dont le
temps que lui, et par les mêmes causes ; un cheval de
siècle se sert avec tant de fièvre pour trouer
l'avenir. Quelles que dussent être leurs
Hollande est aussi peu semblable à un cheval de Provence
conclusions, ils admettraient mon point de départ,
qu'un homme d'Amsterdam à un homme de Marseille. Je
l'étude du tempérament et des modifications
crois même que l'homme, ayant plus de facilités, reçoit des
profondes de l'organisme sous la pression des
impressions plus profondes ; le dehors entre en lui
milieux et des circonstances ».
davantage, parce que les portes chez lui sont plus
nombreuses. Imaginez le paysan qui vit toute la journée en
Émile Zola,
Thérèse Raquin, préface de la deuxième édition,
plein air, qui n'est point, comme nous, séparé de la nature par
15 avril 1868.
l'artifice des inventions protectrices et par la préoccupation
des idées ou des visites. Le ciel et le paysage lui tiennent lieu
de conversation ; il n’a point d'autres poèmes; ce ne sont point les lectures et les entretiens qui
remplissent son esprit, mais les formes et les couleurs qui l'entourent ; il y rêve, la main appuyée sur le
manche de la charrue ; il en sent la sérénité ou la tristesse quand le soir il rentre assis sur son cheval, les
jambes pendantes, et que ses yeux suivent sans réflexion les bandes rouges du couchant. Il n'en raisonne
point, il n'arrive point à des jugements nets ; mais toutes ces émotions sourdes, semblables aux
bruissements innombrables et imperceptibles de la campagne, s'assemblent pour faire ce ton habituel
de l'âme que nous appelons le caractère. C'est ainsi que l'esprit reproduit la nature ; les objets et la poésie
du dehors deviennent les images et la poésie du dedans ».
Taine, La Fontaine et ses Fables, 1861
Claude Bernard
Né le 12 juillet 1813 à Saint-Julien (Rhône) et mort le 10 février 1878 à Paris, Claude Bernard,
est un médecin et physiologiste français.
« L’homme ne peut observer les phénomènes qui l’entourent que dans des
limites très restreintes ; le plus grand nombre échappe naturellement à ses sens,
et l’observation simple ne lui suffit pas. Pour étendre ses connaissances, il a dû
amplifier, à l’aide d’appareils spéciaux, la puissance de ces organes, en même
temps qu’il s’est armé d’instruments divers qui lui ont servi à pénétrer dans
l’intérieur des corps pour les décomposer et en étudier les parties cachées. Il y a
ainsi une gradation nécessaire à établir entre les divers procédés d’investigation ou
de recherches qui peuvent être simples ou complexes : les premiers s’adressent
aux objets les plus faciles à examiner et pour lesquels nos sens suffisent ; les
seconds, à l’aide de moyens variés, rendent accessibles à notre observation des
objets ou des phénomènes qui sans cela nous seraient toujours demeurés
inconnus, parce que dans l’état naturel ils sont hors de notre portée.
L’investigation, tantôt simple, tantôt armée et perfectionnée, est
donc destinée à nous faire découvrir et constater les
phénomènes plus ou moins cachés qui nous entourent. Mais
l’homme ne se borne pas à voir ; il pense et veut connaître la
signification des phénomènes dont l’observation lui a révélé
l’existence. Pour cela il raisonne, compare les faits, les
interroge, et, par les réponses qu’il en tire, les contrôle les uns
par les autres. C’est ce genre de contrôle, au moyen du
raisonnement et des faits, qui constitue, à proprement parler,
l’expérience, et c’est le seul procédé que nous ayons pour nous
instruire sur la nature des choses qui sont en dehors de nous.
L’observation montre et l’expérience instruit ».
« [Le romancier] est, avant tout un savant de
l’ordre moral. J’aime à me le représenter comme
l’anatomiste de l’âme et de la chair. Il dissèque
l’homme, étudie le jeu des passions, interroge
chaque fibre, fait l’analyse de l’organisme entier.
Comme le chirurgien, il n’a ni honte ni
répugnance lorsqu’il fouille les plaies humaines.
Il n’a souci que de vérité et étale devant nous le
cadavre de notre cœur ».
Emile Zola, Deux définitions du roman, 1866.
Claude Bernard, Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, 1865.
Questions à partir de la fiche
« Le naturalisme, dans les lettres, c'est également le retour à la nature et à
l'homme, l'observation directe, l'anatomie exacte, l'acceptation et la
peinture de ce qui est."
Emile Zola
1.
2.
3.
4.
5.
6.
Quel était le but recherché par les auteurs du courant naturaliste ?
Quels événements historiques ont poussé les auteurs à une vision pessimiste de la société ?
Quelles couches de la société les intéressaient-ils plus particulièrement ? Pourquoi ?
Qu’est-ce qui « façonne » l’Homme selon H. Taine ?
Quel rapprochement peut-on faire entre le texte de Claude Bernard et les caricatures ci-dessous de
Zola et de Flaubert ?
A la lecture des éléments proposés par cette fiche, donnez une explication au choix du terme
« Naturaliste ».
Compléments sous forme de recherches personnelles :
7.
8.
9.
Qu’est-ce que les Rougons-Macquart ?
Quel but l’auteur cherchait-il à atteindre ?
Qu’est-il arrivé au roman de Gustave Flaubert, Madame Bovary, peu après sa publication ? Pourquoi ?
Caricature d’Emile Zola par Gill.
« Le plus souvent, il me suffira de remplacer le mot
« médecin » par le mot « romancier » pour rendre ma
pensée claire et lui apporter la rigueur d’une vérité
scientifique ».
Emile Zola
Gustave Flaubert disséquant Emma Borary, caricature de Lemot
Jean-François MILLET « La becquée », 1873
Honoré Daumier, Le Wagon de troisième classe (1864)

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