Conte de Bompassant La 1002ème nuit (Histoire de deux royaumes). 1
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Conte de Bompassant La 1002ème nuit (Histoire de deux royaumes). 1
Conte de Bompassant La 1002ème nuit (Histoire de deux royaumes). 1/2 Il y a très, très longtemps existaient sur les rives de la Mer Rouge, deux royaumes à la tête desquels se trouvaient deux frères, Ali et Ahmed. Ces deux rois étaient justes et bons et leurs sujets vivaient en paix, s’adonnant surtout au commerce, à l’élevage et à la pêche. Oui, mais voilà…Il y a toujours un « mais »… Un beau jour, (je devrais plutôt dire : un « mauvais » jour !), venant de l’horizon, plusieurs gros voiliers s’approchèrent de la côte du royaume d’Ahmed. Les habitants pensèrent tout d’abord que c’étaient des navires de commerce mais le nombre de voiles finit par les inquiéter et ils comprirent enfin qu’il devait s’agir des Gens de la Mer, peuple de sinistre réputation qui avait, paraît-il, réussi à domestiquer le tonnerre ! Quand elle fut face à la colline sur laquelle se dressait le château royal, la plus grosse embarcation tira un coup de canon. Enorme frayeur et stupéfaction parmi la population, chez qui l’usage de la poudre était inconnu ! Un coin du palais s’était écroulé, causant plusieurs victimes. Ahmed réunit aussitôt ses ministres et leur demanda d’organiser au plus vite la défense du royaume. Cependant le bombardement continua, semant panique et désolation parmi les habitants. Les soldats d’Ahmed, armés de sabres, de lances et d’arcs, attendaient, impuissants, sur la rive. Lorsque l’ennemi débarqua enfin, ils se défendirent comme des lions mais leurs armes ne pouvaient rien contre les arquebuses adverses et ils furent tous massacrés. Privé de combattants, puis de tout homme valide, Ahmed finit par demander l’aman. Sans sourciller, les vainqueurs lui tranchèrent la tête. Ils s’installèrent alors dans le pays dont ils pillèrent les richesses, réduisant en esclavage femmes et enfants. Au bout de quelques mois, abandonnant un pays ravagé, leurs vaisseaux chargés du butin recueilli, les Gens de la Mer refirent voile vers leur pays. Le Roi Ali qui, grâce à des espions envoyés dans les montagnes, savait ce qui s’était passé dans le royaume de son frère, fut soulagé. « Ils sont enfin repartis ! Espérons que ce sera pour toujours… ». Sa joie fut de courte durée : moins d’un an plus tard, les mêmes voiles reparurent à l’horizon et cette fois se dirigèrent vers la capitale de son propre royaume. Ali fit alors mettre à l’eau une de ses embarcations chargée de présents, de mets raffinés, de vins de qualité, et l’envoya à la rencontre des navires ennemis. A son bord, l’Emir-al-Behar avait la mission de souhaiter, de la part du Roi, la bienvenue au Chef de l’escadre, de l’inviter à descendre à terre et à séjourner au Palais Royal, et de le prier d’accepter comme épouse la princesse Aïcha, la plus jeune fille d’Ali. Les Gens de la Mer furent ravis : ils n’avaient même pas à tirer un seul coup de canon. Ils descendirent donc à terre mais, flairant un traquenard, prirent toutes les mesures de sécurité nécessaires. A leur grande surprise, Ali tenait ses promesses. La population locale, elle, était divisée : beaucoup pensaient que le Roi était sage et qu’il était inutile d’ouvrir des hostilités dont l’issue ne faisait aucun doute. D’autres, au contraire, les jeunes en particulier, trouvaient qu’il était déshonorant de se rendre sans combattre et qu’il valait mieux mourir plutôt que d’être asservis. Malgré ces rodomontades, personne n’osa désobéir au souverain. (A suivre)