66. L`ego et la conscience de l`avoir L`histoire du monde est le
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66. L`ego et la conscience de l`avoir L`histoire du monde est le
66. L’ego et la conscience de l’avoir L’histoire du monde est le déploiement de la conscience humaine. Au sens de la « philosophia perennis », la conscience se développe en direction de la transcendance à des niveaux consécutifs et hiérarchisés le long de la « grande chaîne du soi ». Cet itinéraire part de la matière vers le corps (vie), du corps vers l’intellect (esprit), celui-ci aspirant au transcendantal (Dieu). Ce développement est aussi appelé évolution de la conscience et Teilhard de Chardin parle d’une conscientisation évolutive. L’ « ego mental » de l’homme a évolué à partir d’un état dominé par la nature physique et le corps animal. La conscience du sujet est à mi-chemin entre l’inconscient de la nature et le « sur-conscient » du pur esprit. Pour Ken Wilber (WK(4)), il existe trois milieux de développement de la conscience, nettement distincts : l’inconscient (prépersonnel), le conscient (personnel) et le sur-conscient (transpersonnel). Un tel milieu n’est pas assimilable à un climat ou à une région spéciale caractérisée par des conditions précises, mais à un environnement mental favorisant ou non le développement. L’homme s’extrait péniblement de l’inconscient ou de l’animalité et tend vers son ego. L’ego peut schématiquement se définir comme une conscience de l’avoir. La conscience de l’ego se structurant refoule le désir de transcendance. L’homme veut être l’égal de Dieu. Au lieu de chercher la globalité intemporelle, il lui substitue le désir d’une vie sans terme, la pulsion d’immortalité. Les trois piliers du mode de l’avoir dans la société marchande sont la propriété privée, le profit et le pouvoir. « Je n’ai pas de comptes à rendre sur la manière dont j’ai acquis ce que je possède, ni sur quand je l’ai acquis, ni sur ce que j’en fais. Mon droit est illimité et absolu – tant que je ne contreviens pas aux lois ». L’ « ego habens » poursuit essentiellement deux objectifs : toujours plus de richesses ou toujours plus de pouvoir, ou toujours plus de l’un et de l’autre. Le syndrome du « plus » de richesses est un objectif largement répandu dans la société postindustrielle et rares sont ceux qui, ayant la possibilité d’y parvenir, ne succombent pas à la tentation. Il existe évidemment des individus qui réussissent mieux que d’autres mais, pour l’essentiel, le petit monde de l’ « ego habens » gravite autour de l’amassement et de la dépense d’argent ou de biens matériels. Le sentiment de pouvoir est souvent directement lié à l’opulence. L’homme avide de pouvoir, l’ « ego potestans », est beaucoup plus dangereux. Le grand problème de notre époque, c’est que le plus souvent, seul le véritable homme de pouvoir détient une position influente au sein de la société, de la politique ou de l’économie. Et cette position une fois prise, tous ses efforts se concentreront sur la manière de la consolider. La mentalité dominante au niveau de la conscience de l’avoir a pour corollaire le caractère accessoire de toute autre forme de quête qui prend des allures d’alibi – c’est courant dans le monde des affaires et de la politique. Les conditions préalables au mode de l’être sont la liberté et la raison critique. Dans ce contexte, vivre signifie se renouveler, grandir, pratiquer l’amour du prochain, transcender l’univers carcéral de l’ego.