LES DE L`ACTU - Cevipol

Le Soir, 14/01/17
p. 57
et à la guerre civile.
On dit toujours que la fonction fait
l’homme… Trump comme président
va-t-il se métamorphoser ? Il n’aura
pas les coudées franches sur tout, il
devra tenir compte de toute une
mécanique autour de lui…
Etant élu, si l’on se base sur son comportement en termes de communication durant la phase de transition, la
différence avec l’homme en campagne
n’est pas flagrante. Il faudra voir ce
qu’il en est sur le plan de la décision
politique, dans un contexte plutôt favorable puisque le Congrès est de la
même couleur politique bien que les
relations entre Trump et le parti républicain restent très compliquées. ■
Propos recueillis par
PHILIPPE DE BOECK
« La transition
la plus difficile
reste celle de
Buchanan vers
Lincoln en
1860-61, qui a
mené à la sécession de sept
Etats et à la
guerre civile »
ÉMILIE VAN HAUTE
Juste après son élection, Trump a été reçu par Obama. © REUTERS.
Début janvier, Donald Trump a fait
plier Ford par tweet sur un investissement de 1,5 milliard de dollars au
Mexique. Du jamais vu ?
Il faut nuancer sur deux plans : l’ampleur du changement dans la décision, et le rôle d’un tweet dans ce
changement. L’ampleur du changement est relative : Ford maintient la
délocalisation d’une partie de sa production vers le Mexique (petits modèles), à produire dans une usine
existante, et maintient la production
de plus gros modèles aux USA. La
production reste distribuée entre les
deux pays, et le changement tient essentiellement à l’équilibre entre les
deux. Sur le rôle de Twitter, il faut encore davantage nuancer. La pression
sur les entreprises qui délocalisent a
été mise durant toute la campagne. Il
y a donc une construction progressive
d’un discours sur cette question, qui
pénètre dans les opinions et crée un
contexte favorable. En outre, les
tweets sont publics mais le reste des
négociations ne l’est pas. Il est clair
que des discussions ont eu lieu entre
lobbyistes de Ford et l’équipe de transition de Trump. La pression des lobbyistes restera forte pour obtenir les
garanties qui ont éventuellement été
négociées. Il ne s’agit donc certainement pas de l’effet d’un tweet. Par
contre, il est clair que Trump utilise
Twitter comme un outil parmi
d’autres dans les négociations.
On a l’impression que Trump est mal
parti… Vrai ou faux ?
Cela semble un peu tôt pour le dire. Il
faudra évaluer son agenda des cent
jours, et analyser les réalisations sur
cette base après cent jours.
l’expert « Le succès
de la transition dépend d’eux »
ENTRETIEN
milie Van Haute, professeur en
sciences politiques à l’ULB, nous
E
éclaire sur la période de transition.
Deux mois et demi entre l’élection et
l’investiture, un bon système ?
La question de la durée de la transition est toujours en débat. Pour certains, il s’agit d’un temps utile, voire
indispensable, pour la sélection du
personnel politique, leur screening (et
les auditions) sur le plan éthique, des
conflits d’intérêts financiers, ou en
matière de sécurité nationale par le
congrès… et par les médias, leur nomination (souvent seulement partielle au moment de l’inauguration),
recevoir des briefings sur différents
dossiers, et la préparation de l’agenda présidentiel pour les 100 premiers
jours.
Pour d’autres, le temps est trop long,
en particulier en cas de transition
difficile ou de contexte de crise : crise
économique nécessitant des mesures
rapides, situations de conflits, etc.
Par exemple, lors de la crise financière et économique qui a frappé les
Etats-Unis au moment de la transition entre Bush et Obama en 2008,
Bush a autorisé la demande d’Obama
d’accorder un “bailout” aux banques.
A noter que la transition des exécutifs
peut prendre du temps, dans les régimes parlementaires comme les régimes présidentiels. En Belgique, la
transition s’effectue avec un gouvernement sortant en affaires courantes,
et il n’est pas rare de voir cette transition dépasser les cent jours.
Des exemples de « transition » qui se
sont mal passés ?
Il peut y avoir des difficultés liées à
une incertitude sur le vainqueur (cas
de recomptage en 1876 et en 2000 par
exemple), mais aussi liées au comportement des présidents sortant et
élu durant la transition. Certains
présidents sortants peuvent être tentés de faire passer rapidement des
mesures ou de faire disparaître une
série de documents afin de rendre la
transition plus difficile ; en particulier dans les cas de passage vers une
administration d’une autre couleur
politique. Par exemple, lors de la
transition entre Bush et Obama, un
nombre très important d’e-mails
avaient été perdus par l’administration Bush.
Le cas de transition difficile le plus
extrême reste bien entendu celle de
Buchanan vers Lincoln en 1860-61,
qui a mené à la sécession de sept Etats
En
collaboration
avec
l’Université
libre
de Bruxelles
Déjà parus
…
12. La Commission
européenne
13. Les moyens
de paiement
14. La chute du pétrole
15. La révolution
industrielle 4.0
16. La présidentielle
américaine
17. Le cinéma belge
18. Le carnaval
19. Le parc nucléaire
20. Les Oscars
21. La construction
22. Les femmes
toujours inégales
23. Le microcrédit
24. Les routes
migratoires
25. Les services
de sécurité
26. Les playoffs
27. Le crowdfunding
28. L’extrême droite
29. La Communauté
française
30. La Région
bruxelloise
31. Le Festival
de Cannes
32. Les prisons
33. Le Reine Eli
34. Les voitures
de société
35. L’Euro 2016
36. Se déplacer
sans auto
37. L’élection US
38. Le budget de l’Etat
39. L’avortement
40. Les prix littéraires
41. Les Etats-Unis
42. Les présidents
américains
43. Les pouvoirs du
président américain
44. Les soins de santé
45. L’armée belge
46. Les Kurdes
47. L’Italie en 2016
48. Les commissions
d’enquête
49. Le business
de Noël
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Lundi 21 janvier 2013.
Barack Obama prête
serment pour un second
mandat. © REUTERS
PH.DB.
Ce rituel de serment
sur la bible est une
coutume, ce qui
laisse une certaine
latitude aux présidents élus pour s’engager. George Washington a lancé le
mouvement en 1789,
en prêtant serment
sur une bible maçonnique… celle-là même
qu’utilisent depuis
tous les présidents.
A quelques exceptions près. John Quincy Adams, président
en 1825 et chantre de
la laïcité, a prêté
serment sur le texte
de la Constitution.
Theodore Roosevelt,
en 1901, n’a utilisé
aucun livre. John
Kennedy, premier
président catholique,
a utilisé en 1960 une
bible… catholique.
Les Bush ont utilisé la
bible de George Washington, à laquelle
George W. a superposé une bible familiale en 2004. Pour
son second mandat,
Obama a prêté serment sur deux bibles
superposées : celle de
Lincoln et une autre
ayant appartenu à
Martin Luther King Jr.
Quelle bible ?
PHILIPPE DE BOECK
Parade sur Pennsylvania Avenue
Depuis 1901, toutes les cérémonies du Capitole sont organisées par le « Joint
Congressional Committee on Inaugural Ceremonies ». Le président des Etats-Unis
étant le commandant en chef des armées, les
représentants de l’US Army y prennent part.
Depuis Thomas Jefferson en 1805, il est
d’usage que le président parade en descendant la Pennsylvania Avenue du Capitole
jusqu’à la Maison-Blanche. Le seul président qui ne l’ait pas fait est Ronald Reagan
pour son second mandat en 1985 en raison
d’une température glaciale et de fortes rafales de vent. ■
qui n’est pas dans le texte.
Depuis l’adoption du douzième amendement en 1933, la cérémonie d’investiture a
toujours lieu le 20 janvier, sauf si cette date
tombe un dimanche.
Jusqu’en 1933, à l’exception de la première
investiture de George Washington qui s’est
tenue le 30 avril 1789, l’Inauguration Day se
déroule le 4 mars, environ quatre mois après
l’Election Day, jour de l’élection du collège
électoral qui élit officiellement le président
et le vice-président.
En 1933, après l’élection de Franklin Roosevelt et alors que le président en exercice
Herbert Hoover est très impopulaire – et
que le pays est plongé dans une profonde
crise économique –, cette période de transition de quatre mois paraît trop longue.
Le 6 février 1933, un mois avant la prise de
fonction de Roosevelt, la ratification du 20e
amendement de la Constitution change le
début des mandats du président et du viceprésident, l’avançant au 20 janvier. Ce changement est effectif dès le second mandat de
Roosevelt en 1937. Il y a cependant trois exceptions, celles de Dwight D. Eisenhower en
1957, de Ronald Reagan en 1985 et de Barack
Obama en 2013. Leurs investitures ont été
décalées au lundi 21 janvier.
L’investiture
américaine
Donald Trump deviendra,
ce 20 janvier à midi,
le 45e président des Etats-Unis.
Il prêtera serment après
le vice-président Mike Pence.
Ils dirigeront pour quatre ans
la première puissance mondiale.
L
e jour d’investiture du nouveau président américain (« Inauguration
Day ») a lieu le 20 janvier. C’est dans
la capitale Washington, sur les marches du
Capitole, que Donald Trump prêtera serment. Il deviendra alors officiellement le 45e
président des Etats-Unis et ce sera la 58e cérémonie du genre. Pour respecter les termes
de la Constitution, le mandat présidentiel
débute le 20 janvier à midi, heure locale (17 h
GMT).
Le vice-président élu, Mike Pence, prêtera
serment en premier avec la formule suivante : « Je jure solennellement que je soutiendrai et défendrai la Constitution des
Etats-Unis contre tous ennemis, externes ou
intérieurs, que je montrerai loyauté et allégeance à celle-ci, que je prends cette obligation librement, sans aucune réserve intellectuelle ni esprit de m’en distraire et je vais
bien et loyalement m’acquitter des devoirs de
la charge que je m’apprête à prendre. »
La fanfare militaire exécutera alors quatre
Ruffles and flourishes (courte musique avec
clairon et tambour) puis le Hail, Columbia
(hymne vice-présidentiel).
Viendra ensuite le tour du président élu
Donald Trump. A midi précise, il prêtera
serment devant le président de la Cour suprême avec les termes indiqués dans la
Constitution américaine : « Je jure solennellement que j’exécuterai loyalement la charge
de président des États-Unis et que du mieux
de mes capacités, je préserverai, protégerai et
défendrai la Constitution des Etats-Unis. »
Certains y ajoutent un « So help me God »
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