N°2 - Atmosphères 53
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12, rue Guimond-des-Riveries - 53100 Mayenne - Tél. 02 43 04 20 46 - Fax : 02 43 04 96 48 [email protected] www.atmospheres53.org n°2 & 15 16 Mars 2007 La gazette des Reflets du cinéma Tous les deux jours Gratuit Entretien avec Claude Duty, invité d’honneur de l’ouverture des Reflets du Cinéma pour présenter Norway of Life, de Jens Liens Plans Séquences : Comment avez-vous découvert Norway of Life ? Claude Duty : l’ACID (Agence du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) remet un prix chaque année à la Semaine de la Critique à Cannes, et Norway of Life l’a obtenu à l’unanimité. Sur les sept films présentés, on a tout de suite été conquis par ce film. On ne s’est pas posé de questions, le film nous a séduit par son originalité et par son côté décalé. Nos sensibilités sont proches de cet univers. La projection était la première en France et, nous ne le savions pas, ce film a eu depuis une très belle carrière en Norvège. P. S. : Quels éléments du film ont fait que vous avez souhaité le défendre ? Claude Duty : L’univers qu’il propose est à la fois décalé et drôle, assez glacé, et en même temps emprunt d’humour. Jens Liens s’est inspiré d’un réalisateur suédois dont il est fan : Roy Andersson (réalisateur de Chansons du deuxième étage). Graphiquement parlant, ce film est très beau. Esthétiquement, c’est un film très maîtrisé avec pourtant peu de moyens. De plus, le film propose un message. Il nous montre une société déshumanisée, gratuite et vaine, qui est le miroir de ce qu’on peut vivre actuellement. Ce mélange d’une esthétique glacée, de l’humour et d’un côté gore vraiment étonnant est intéressant. Norway of Life renoue avec des films comme Brazil, même s’ils sont complètement différents dans l’esprit. > suite page 2 > SOMMAIRE Entretien avec Claude Duty ............................. Page 1 et 2 Norway of life en ouverture des Reflets .............. Page 3 C’est vous qui le dîtes... ................................. Page 3 Gros plan...L’Europe...................................... Page 3 Coup de coeur ............................................ Page 4 1 n°2 - 15 et 16 mars 2007 - [email protected] foulée, on a réalisé un second long métrage : Bienvenue au gîte. Depuis, j’ai réalisé un documentaire et j’ai un autre projet de long métrage. J’aime beaucoup travailler dans mon coin, si ça ne marche pas, ce n’est pas grave. J’ai réalisé un petit film expérimental intitulé Ça ne rime à rien, titre qui me correspond bien ! Je ne sais pas si je le montrerai un jour, c’est un grattage de pellicule, un film marginal. Ce qui m’intéresse dans le cinéma, c’est plutôt ce côté-là. Le long métrage est plus officiel, avec une économie beaucoup plus lourde. Pourtant, mes deux longs métrages ne se sont pas inscrits dans un réseau marginal, ils ont tout de suite eu un distributeur important et j’en suis le premier étonné. Mes films sont toujours grand public, même s’ils sont atypiques. P. S. : Les films qu’on connaît de vous sont des comédies ? P. S. : A quel moment et pourquoi un réalisateur décide de s’investir dans une association comme l’ACID, qui est peu connue ? Claude Duty : Le principe de l’ACID est de réunir des réalisateurs pour défendre un certain type de cinéma. Le but est de soutenir des films « fragiles », qui n’ont parfois pas de distributeurs. Un réalisateur décide de soutenir un film et l’accompagne là où il est diffusé. Les films ont de plus en plus de mal à survivre aujourd’hui, il faut essayer de les montrer, les aider à faire leurs premiers pas dans la vie cinématographique. Il y a matière à se mobiliser, le travail de l’ACID devient de plus en plus important et pertinent. En tant que réalisateur, on ne peut pas être insensible à cette démarche. J’ai adhéré à l’ACID par la force des choses. L’ACID savait que je faisais partie du jury à Cannes qui a primé Norway of Life et ils m’ont proposé de le soutenir. C’est la première fois que je fais l’expérience de défendre un film sur le terrain. P. S. : Vous êtes avant tout un réalisateur de court métrage mais vous êtes surtout connu pour votre premier long métrage Filles perdues, cheveux gras. Comment s’est effectué ce passage du court au long métrage ? Claude Duty : J’ai réalisé un court métrage par an pendant 21 ans. Le long métrage me paraissait mission impossible. Je pensais que je n’en ferai jamais. Mes courts métrages ont bien circulé et j’ai animé beaucoup de débats, notamment dans le cadre du Festival de courts métrages de Clermont-Ferrand, ce qui m’a permis de connaître le monde du cinéma. Mais mes courts métrages, souvent extrêmement courts, expérimentaux et fréquemment sans acteurs, n’incitaient pas les producteurs à me demander de faire un long métrage. Ma carrière de long métrage semblait compromise jusqu’à ma rencontre avec Cédric Klapish. Je lui ai dit que j’avais l’idée d’un film qui s’appellerait Filles perdues, cheveux gras, ça lui a plu et son associé, Bruno Levy, m’a demandé d’écrire l’histoire, puis a accepté de la produire. On a fait ce film de manière très simple. Du coup, tout est allé très vite et dans la Claude Duty : J’ai fait essentiellement des films drôles, avec de l’humour, mais un peu cyniques quand même. Mes personnages dans Filles perdues, cheveux gras sont plus cyniques que je ne le pensais, ils ont un humour au second degré, avec des clins d’œil et du non sens. J’ai réalisé deux ou trois films « sérieux ». Ils sont rares dans ma filmographie. J’ai eu beaucoup de chance avec mes courts métrages, qui ont toujours bien marché, d’où ma longévité dans le court. C’est aussi pour ça que je n’ai jamais arrêté d’en faire. Filles perdues, cheveux gras P. S. : Quels sont vos sources d’inspiration ? Claude Duty : J’essaie de faire des films qui ne ressemblent pas aux autres. Mes courts étaient souvent uniques dans leur genre. J’aime beaucoup Tim Burton, Peter Greenaway, Roy Andersson et les cinéastes qui viennent de l’univers graphique. On dit toujours qu’il y a deux sources dans le cinéma : d’un côté Méliès, avec le côté plastique et imaginaire du cinéma, et de l’autre les frères Lumière, avec un cinéma réaliste à tendance littéraire. Je fais plutôt partie du pan Méliès. Je suis passionné par l’animation, j’ai toujours une frustration car j’ai l’impression que c’est ce que j’ai envie de faire. Propos recueillis par Willy Durand et Pauline Le Péculier 2 www.atmospheres53.org Gros plan... L’Europe Norway of life en ouverture des Reflets du Cinéma Le 25 mars prochain, nous fêterons une date qui est la base de notre vie quotidienne actuelle : la signature du traité de Rome. En effet, cela va bientôt faire cinquante ans qu’en créant la C.E.E. (Communauté Economique Européenne) les six pays fondateurs (Allemagne, Belgique, France, Luxembourg, Pays-Bas) ont jeté les bases de la première grande union internationale d’une façon pacifique dans le monde, après une première expérience limitée dans le domaine des minerais (la C.E.C.A. pour Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier). C’était hier que débutait la 11e édition des Reflets du Cinéma, au Cinéville de Laval. Ouvert par Antoine Glémain, directeur d’Atmosphères 53, et suivi par la projection de Norway of life, long métrage norvégien de Jens Lien, cette cérémonie d’ouverture a été marquée par l’intervention de l’écrivain Jean-Loup Trassard, président d’honneur du festival. Willy Durand, responsable des programmations, et Claude Duty, réalisateur parrain du film et représentant de l’Association de Cinéma Indépendant pour sa Diffusion (ACID), ont ensuite présenté le film. Peu à peu, dix-neuf autres pays ont rejoint la C.E.E., devenue l’Union Européenne, et les liens se sont étendus, au point de rendre parfois la notion de frontière abstraite. Ainsi, dans l’Espace Shenguen, les postes de douane ont été abandonnés, remplacés par des équipes douanières volantes, qui ne contrôlent volontairement qu’une partie du trafic : les contrôles n’ont plus rien d’obligatoire. D’ailleurs, pour se rendre dans un pays de l’Union Européenne, les personnes majeures n’ont plus besoin de visa, effaçant ainsi un peu plus la notion de frontière. Qui est cette personne venant accueillir Andréas en voiture à sa descente du car ? D’ailleurs, qui sont ces gens stéréotypés dans une société si parfaite dans laquelle nulle sensation ne semble exister ? Dans un film lent sans être long, Jens Lien a su exploiter au maximum son idée hors du commun : nous raconter la délicate adaptation d’un marginal, à qui tout manque dans sa nouvelle vie préprogrammée. Oscillant entre l’horreur et le comique, le réalisme et le fantastique, Norway of life est la parfaite démonstration qu’il est possible de se frayer une place entre deux mondes. Parmi les attraits du film, on comptera le jeu d’acteur, la pertinence des décors et la qualité du scénario. Jens Lien a su parler d’un sujet qui nous concerne tous. Science-fiction ou anticipation ? De la même façon, l’arrivée de l’Euro a, lui aussi, permis de faire oublier cette frontière physique. La monnaie unique, valable dans l’ensemble de la zone €uro, mais que chaque pays continue de frapper, circule, se mélange et, tout en faisant le bonheur des numismates, renforce le lien entre européens, tout comme le franc en son époque. Nathalie Pauchet et Romain Pouclet C’est vous qui le dîtes... A propos de Norway of Life « Un film surprenant et surréaliste ! » « Etrange, mais c’était sympa » « Un film très particulier, avec une ouverture sur la fin qui pose beaucoup de questions ! » « Au début, on rigole beaucoup, mais peu à peu il devient angoissant, on se sent enfermé comme le personnage ! » Enfin, avec la mondialisation, les chaînes de magasins font que les rues de centre ville des différents pays se ressemblent tant que sur une simple photo, il est parfois difficile de reconnaître le lieu de prise de vue. La culture n’est pas en reste, avec des programmes de télévision communs, comme l’illustre la chaîne franco-germanobelge… D’ailleurs, l’Europe compte trois capitales, plus une quatrième itinérante : la capitale de la culture (Lille, Hambourg ou Liverpool). Le monde du travail n’est pas en reste non plus, le nombre de frontaliers augmente chaque jour un peu plus : c’est en particulier vrai pour les régions dites sinistrées (les anciens bassins miniers), qui profitent du dynamisme voisin : le cas du Luxembourg… Cela étant dit, tout n’est pas totalement rose, le rejet du traité constitutionnel européen, ou encore les divergences politiques, en sont la preuve… Autre obstacle de taille, la barrière de la langue nuit à cette belle unité, surtout que Bruxelles favorise les langues nationales, voire régionales. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, par son habitat ou son mode de vie, un lillois ressemble plus à un bruxellois qu’à un marseillais… Pejy Propos recueillis par Gwenaëlle Pezennec 3 La traversée ELISABETH LEUVREY (2005/ 55 MN) Il faut parfois du temps pour traverser une frontière. C’est le cas lorsque pour passer d’un pays à un autre, ou même d’un continent à un autre, il faut traverser un océan comme la Méditerranée. Elisabeth Leuvrey a fait le voyage sous forme de plusieurs allers et retours entre Alger et Marseille. Elle filme cet espace si particulier et interroge ceux et celles qui traversent cet entre-deux. Plus d’ici ni de là, ceux qui traversent semblent plus à même de questionner leur identité et de dire leur vie. C’est la grande force de ce documentaire que d’avoir pu saisir, recueillir ces paroles qui ne nous laissent pas indifférents et nous amènent en retour à nous questionner. Willy Durand Jeudi 15 mars LE BOURGNEUF-LA-FORET > LE TRIANON 20 H 30 - Babel EVRON > LE SÉLECT 20 H 30 - Madame l’eau SAINT-PIERRE-DES-NIDS > L’AIGLON 21 H 00 - Maria pleine de grâce MAYENNE > LE VOX 20 H 30 - Les ailes du désir invité : Alain Masson SEGRÉ > LE MAINGUÉ 20 H 30 - Bled number one LAVAL > CINÉVILLE 14 H 00 - Calais, la dernière frontière 16 H 10 - Intervention divine 18 H 25 - Vacances prolongées 18 H 30 - Dol ou la vallée des tambours 20 H 45 - Transylvania SOIRÉE VILLE DE LAVAL 21 H 00 - La traversée invitée : Elisabeth Leuvrey Vendredi 16 mars LE BOURGNEUF-LA-FORET > LE TRIANON 20 H 30 - La grande illusion CHÂTEAU-GONTIER > LE PALACE 20 H 30 - Inland Empire ERNÉE > LE MAJESTIC 20 H 45 - La fiancée syrienne GORRON > CINÉMA MUNICIPAL 20 H 45 - Congorama EVRON > LE SÉLECT 20 H 30 - Le chemin de la liberté RENAZÉ > VOX 20 H 30 - Bamako invité : Amy Camara SAINT-PIERRE-DES-NIDS > L’AIGLON 21 H 00 - Babel MAYENNE > LE VOX 20 H 00 - Bled number one SOIRÉE SPÉCIALE 22 H 30 - Nouvelle cuisine LAVAL > CINÉVILLE 14 H 00 - Là-bas 16 H 10 - Vacances prolongées 19 H 15 - Requiem for Billy the Kid invitée : Anne Feinsilber 19 H 30 - Entre les deux la vie 22 H 00 - La traversée (Liftshitz) 22 H 15 - Transylvania Pour assister aux séances Vous pouvez acheter vos billets aux tarifs habituels dans les salles de cinéma. Vous pouvez prendre un carnet d’abonnement (trois places) Reflets, non nominatif, valable dans toutes les salles avec deux formules : Tarif normal 15 €uros Tarif réduit 12 €uros (adhérents Atmosphères 53, étudiants, scolaires, demandeurs d’emplois, association des sourds et malentendants) Le « Pass Culture Cinéma » de la Région Pays de la Loire est accepté : 1 chèque donne droit à 1 carnet d’abonnement (trois places). www.atmospheres53.org est édité, réalisé et imprimé par Atmosphères 53. © Mars 2007 - Tous droits réservés PROCHAINE PARUTION DE PLANS SÉQUENCES Le Samedi 17 mars 2007 Rappel : dernier délai pour déposer vos articles : le 16 mars à 21 H 00 (tout article hors délai sera refusé) RÉDACTION Ken Gregory-Brault, Willy Durand, Pauline Le Vous pouvez nous envoyer vos textes à [email protected]. Péculier, Nathalie Pauchet, Pejy, Gwennaëlle Pezennec, Romain Pouclet, Pierre-François Tournade, Florian Tissot. CONCEPTION, RÉALISATION Florian Tissot CONTACT [email protected] n°2 - 15 et 16 mars 2007 - [email protected] 4