L`édito du Président - Union Syndicale des Magistrats

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L`édito du Président - Union Syndicale des Magistrats
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L’ÉDITO DU PRÉSIDENT
le nouveau pouvoir judiciair e - n° 397 - décembr e 2011
TS
L’édito
du Président
Intéressant sur le fond, même si
le Ministre, à quelques mois
d’élections majeures, n’a fait
aucune annonce, ni répondu à
nos inquiétudes et nos interrogations.
Essentiel pour l’USM avec la
réforme de ses statuts qui a été
adoptée dans la sérénité et le
consensus le plus large.
Christophe REGNARD
Chers collègues,
Le 4ème numéro du NPJ de l’année
est traditionnellement consacré au
congrès. Rapport moral du secrétaire
général,
discours
du
Président, réponse du Ministre,
compte rendu des tables rondes,
motions adoptées … et quelques
photos pour permettre à tous les
adhérents qui n’ont pu faire le
déplacement d’apprécier le caractère studieux, mais aussi à certains
égards festif de nos travaux. Vous
trouverez naturellement tout cela
dans ce numéro.
Le congrès 2011 était assurément
une réussite.
Remarquablement organisé par
nos collègues de l’Union Régionale
de Paris que je tiens à remercier
chaleureusement.
Mais cette année, ce numéro est
aussi celui du souvenir pour Claude
PERNOLLET, président d’honneur
de l’USM, qui nous a quittés fin
octobre, après avoir si longtemps
lutté contre la maladie qui a fini par
l’emporter.
Chacun se souvient de Claude,
qui dans une période difficile
(déjà !) a mené l’USM aux succès,
notamment électoraux que l’on
connait. Membre du CSM de
2002 à 2006, il a porté nos idées
et défendu nos valeurs dans une
institution
qui
chaque
jour
essayait d’affirmer un peu plus
son indépendance.
Homme de conviction et de fidélité,
Claude
PERNOLLET
assistait
chaque année à nos congrès et très
fréquemment à nos réunions de
conseils régionaux élargis, dont il
était membre de droit.
Je n’oublierai pas ses conseils, toujours pertinents et mesurés, ses
marques de sympathie pour
l’équipe actuelle et pour moi en
particulier.
Je sais que je ne suis pas le seul à
être très triste aujourd’hui de son
départ. Nombreux étaient les collègues qui l’avaient connu, ceux
avec qui il avait travaillé à avoir
assisté à ses obsèques en l’église
Saint Sulpice à Paris le 4 novembre. L’émotion était réelle et sincère.
Nous avons souhaité rendre hommage à la mémoire de Claude. En
relation aves ses proches, et
notamment Michel LERNOUT, nous
avons inséré quelques photographies qui rappeleront à beaucoup
de bons souvenirs. Enfin Valéry
TURCEY et Dominique BARELLA
ont souhaité lui manifester leur
reconnaissance et leur amitié.
Mais comment mieux lui rendre
hommage que de lui redonner la
parole en reproduisant son tout
premier édito en tant que président
de l’USM en mars 1993.
« Ombres et lumières au pays des
juges »
« Factieux, climat de pré-fascisme,
maccarthysme antisocialiste, forfaiture ». Telles sont les expressions
récemment employées par des responsables politiques de notre pays
parlant des juges et de la Justice.
C’est vrai qu’ont été mises en
lumière les combines, la conclusion
de marchés publics arrosée à
coups de pots de vin, les pratiques
douteuses qui sévissent ici ou là
dans le monde des affaires, les
détournements de fonds effectués
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par certains hommes politiques
sans scrupule, les délits d’initiés
(qualifiés curieusement par d’aucuns de délits d’amitié !). Toute la
classe politique s’effraie de tant de
hardiesse de la part des magistrats.
Il ne manquerait plus que les juges
veuillent remplir leur rôle ! C’est
dans ce climat délétère qu’a été
décrétée le 14 juillet 1992, par le
Président de la république, l’urgence de la réforme de la procédure pénale. Au nom des libertés et
de l’Europe des droits de l’homme,
ce texte a été voté à la va-vite et
promulgué au pas de charge …
pour cause d’inculpations multiples. Le Garde des Sceaux, fidèle à
la tradition, appelle à l’effort de
mobilisation des magistrats, fonc-
tionnaires et policiers en leur
demandant de « consentir à l’effort
d’adaptation et d’organisation qui
est attendu d’eux ». C'est-à-dire :
débrouillez-vous ! Et les avocats,
pour le moment, ne sont pas mieux
lotis. Dans le même temps, la chancellerie multiplie à l’envi, circulaires,
notes techniques, réunions de travail – prédications pour essayer de
nous convaincre d’appliquer la
loi « a minima », tant elle mesure (en
privé) ses conséquences pratiques
(…). Dans cette période pré-électorale, les déclarations et les écrits
des personnalités politiques de
l’opposition affichent une volonté
de placer la Justice au centre de
leurs préoccupations. Henri NALLET lui-même (…) prône un grand
effort budgétaire de la part de la
nation pour une justice de l’an
2000. Le climat doit redevenir
serein ; les magistrats ont besoin
d’être confirmés dans leur rôle au
sein de l’Etat, et traités enfin dignement. Est-ce un si mauvais combat
qu’il ne faille l’engager ? A quand le
big bang judiciaire ! »
Chacun pourra mesurer l’actualité
du propos, même si à l’époque le
pouvoir n’avait pas la même couleur politique qu’aujourd’hui.
Merci pour tout, Claude et au revoir.