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SHANGHAI À LA HAUTEUR
DES ESPÉRANCES
La 21e édition de Furniture China, organisée du 9 au 12 septembre, semble avoir tenu ses promesses
pour l’essentiel des exposants français et belges. Un taux de change favorable, une présence « en
meute » – via les collectives GEM et Belgofurn – et une fréquentation qualitative ont su satisfaire les
marques présentes.
i, moins d’une semaine
après la clôture, les
chiffres de fréquentation officiels ne sont pas
encore connus, cette
édition 2015, au deuxième jour
d’ouverture, enregistrait + 40 %
de visiteurs selon les organisateurs. Et même si les méthodes de
calcul du nombre d’entrées enregistrées peuvent évidemment être
discutables, le communiqué bilan,
attendu prochainement, permet-
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tra au moins de vérifier si cette
affluence à mi-salon était le reflet
d’une tendance générale.
Pourtant, la question pouvait se
poser : la tenue, en parallèle, du
deuxième salon organisé par la
China National Furniture Association, au sein du Shanghai World
Expo & Exhibition Convention
Center distant de quelques kilomètres, aurait pu capter une partie du visitorat du Shanghai New
International Expo Centre, où se
tenait Furniture China. En réalité, les organisateurs ne semblent
pas avoir dû faire face à une telle
situation, d’autant que les 2 manifestations ont affiché d’emblée
leur complémentarité : « Il y a
actuellement 60 000 fabricants de
meubles en Chine, déclaraient-ils
lors de la conférence organisée le
deuxième jour, c’est la raison pour
laquelle nous avons décidé de mettre
en place ces 2 manifestations de manière simultanée, sans que celles-ci ne
Traditionnellement, le salon est inauguré lors d’une cérémonie au rituel bien établi.
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se cannibalisent. Au contraire, nous forcément sur les salons européens,
sommes ainsi plus compétitifs, avons résume Stéphanie Roussin,
un rayonnement encore plus large chargée de mission au GEM.
sur la scène mondiale et sommes en- J’entends par là des acteurs d’Amécore mieux positionnés sur nos mar- rique du Sud, d’Amérique Latine,
chés cibles ». Les responsables des et du Moyen-Orient. » Même ob2 salons se réjouissaient même de jectif pour le Belgofurn : « Nous
l’effet « tremplin » provoqué par voulons toucher des marchés du
cette combinaison, qui aurait per- Sud-Est asiatique et de l’Océanie,
les Etats-Unis, le Canamis de booster la fréda et le Moyen-Orient,
quentation grâce, noavance son président,
tamment, à plusieurs
Une
Bernard Deheegher.
services mis en place
fréquentation
Nous ne venons pas
(navettes, etc.) ayant
en hausse,
pour le marché chinois
incité les visiteurs
à confirmer
principalement… mais
d’une manifestation à
s’il y a des opportunise rendre à l’autre dans
tés, nous les étudions
la foulée… Du côté
des exposants belges et français, évidemment. La Chine est devenue
aucune incidence sur la fréquen- le premier producteur de meubles
tation à déplorer, certains s’esti- au monde…ce qui veut dire que
mant même satisfaits du rayon- tous les grands acheteurs du meuble
nement supplémentaire que cette sont présents à ce salon pour être
réunion a pu effectivement ap- au contact de leurs fournisseurs !
porter à Furniture China, d’autres Nous devons donc être présents sur
soulevant les problèmes de logis- ces grands rendez-vous internatiotique, agencement, etc. (dus aux naux, qui nous permettent de conforénormes surfaces) qui pouvaient ter notre notoriété et d’asseoir notre
encore exister sur l’autre salon… légitimité. Et le marché chinois perce qui leur permettait d’apprécier met une ouverture sur le monde que
d’autant mieux l’organisation de l’Europe ne peut apporter : des pays
océaniens ou américains ou encore
Furniture China.
sud-asiatiques resteraient inaccessibles pour nous si nous n’étions
TOUCHER LES MARCHÉS
pas présents à ce salon. Furniture
ÉMERGENTS…
Comme pour chaque édition, China est donc, en quelque sorte,
les exposants français et belges une vitrine pour nos marques ».
étaient idéalement installés dans Selon les entreprises, les cibles
le hall W1, à l’entrée du salon sont un peu plus précises, comme
– atout non négligeable, étant par exemple chez Alsapan :
donné la configuration du SNIEC, « Nous cherchions, avant tout,
dont les halls s’étendent en en- à rencontrer des clients d’Améfilade sur des distances impres- rique du Nord et d’Amérique du
sionnantes – répartis autour des Sud » avance Franck Taubert,
stands des 2 collectives, le GEM directeur commercial à l’export
et le Belgofurn. Une réunion qui, de la société alsacienne.
même si la notion de « made
in France » prend évidemment … AVEC UNE IMAGE
toute son ampleur sur cette ma- SOLIDE
nifestation, permet de mettre en Pour aborder l’ensemble de ces
avant un « made in Europe » plus marchés, la majorité des induslarge, un savoir-faire commun, triels belges et français mettent
capables de partir à la conquête en avant leurs gammes phare,
des marchés asiatiques, améri- mais aucun n’élabore de produits
cains et océaniens. Car Furni- spécifiques ; l’originalité que préture China sert bien à cela : cap- sentent à eux seuls le made in
ter une clientèle venue de bien France / made in Belgium se sufau-delà des frontières chinoises, fit à elle-même, comme l’explique
et même asiatiques. « Il est essen- David Soulard, PDG de Gautier :
tiel, pour nous, de venir trouver une « Toutes nos gammes sont standard,
clientèle internationale, des grands nous n’avons pas de références desacheteurs ou acteurs de la distri- tinées uniquement à l’export… En
bution que nous ne verrions pas revanche, ici, la plupart des distri-
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buteurs recherchent des fournisseurs
fabriquant des produits « junior » :
nous avons donc cherché à créer
une thématique sur l’enfant. Et nous
avons aussi pris le soin de choisir des
meubles qui ne prenaient pas trop de
place pour optimiser le volume du
stand ». Et de préciser : « De manière générale, en Asie, l’image française est clairement très puissante sur
le plan du mobilier et de l’art de vivre.
Par ailleurs, nous avons une étiquette
très « green », notamment en ce qui
concerne les meubles pour enfants
pour lesquels, chez Gautier, nous
n’utilisons pas de produits toxiques.
La qualité et le respect de l’environ-
Aperçu du pôle français.
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nement sont donc un plus pour notre
image de marque… Il faut avouer
que les scandales réguliers touchant
aux méthodes de production et à la
composition des produits chinois ont
servi notre cause ». Une impression
partagée par Franck Taubert (Alsapan) : « Le made in France revient
à la mode, et cela semble être particulièrement le cas en Asie, tandis
que le « made in Europe » concerne
davantage les marchés européens.
Des marchés qui sont au fait des
normes européennes de production,
environnementales etc… Pour eux,
nos produits représentent donc une
qualité certaine à leurs yeux. En ce
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sens, je pense que le fait d’arriver
« unis » sur le salon – industriels
belges et français, j’entends – sous
la houlette de collectives très actives,
nous sert beaucoup ». Pour Jérôme
Armaroli (Sifas), le made in
France a une réelle notoriété « qu’il
est fondamental de savoir exploiter » :
une image idéalement mise en
avant sur le salon. « Par ailleurs, je
pense que l’unité qui existe ici entre
exposants belges et français, grâce
aux 2 collectives, font que nos 2 pays
sont sûrement les nations étrangères
les mieux représentées sur ce salon ».
Le made in France a donc toute
sa place en Asie et l’ensemble des
autres marchés ciblés, soutenu par
la largeur des gammes qui garantit une certaine « universalité » :
« Notre gamme de produits répond
parfaitement à l’international et à
tous types de clients : elles s’inscrivent
dans tous types d’habitats actuels »,
poursuit Franck Taubert (Alsapan). « Nos produits sont adaptés
à l’international, explique Michaël
Dugué, DG de Célio. Je peux aussi vous dire que nous avons le même
principe de corners partout dans le
monde, afin de relayer une image
unique où que nous soyons ».
DES CONTACTS
DE QUALITÉ
Cette édition 2015 de Furniture
China pouvait déjà laisser pressentir de belles choses aux exposants européens, puisqu’elle s’inscrivait dans un contexte favorable
concernant le taux de change de
l’euro / dollar… qui facilite donc
les exportations des industriels
européens, mais aussi américains, vers la Chine. Les nouvelles
normes et régulations sur les
plans environnemental et social
laissent également autant d’opportunités pour ces entreprises.
Bon nombre des exposants présents sur le salon ont pu mesurer les conséquences de cette
conjoncture particulière : « Globalement, nous sommes très satisfaits,
résumait Bernard Deheegher
(Belgofurn) alors que la manifestation battait son plein. Nous avons
pu nouer beaucoup de contacts,
mais également placer de beaux
ordres de commandes. Cela fait 5
ans que nous participons, et c’est, à
mon sens, la meilleure session, que
nous ayons eue ! Je pense que cette
fréquentation s’explique par un taux
de change euro / dollar favorable
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au commerce : nous sommes en effet
20 % moins chers que l’année précédente. » Chez Sifas, qui a pour objectif de continuer sa progression
sur les marchés chinois et asiatique, ce Furniture China 2015 a
également été concluant : « En
ayant constaté une bien meilleure
participation que l’année dernière,
nous sommes très satisfaits, déclare
Jérôme Armaroli, DG. Nous avons
eu affaire à des clients très intéressants, de qualité ». Stéphanie Roussin (GEM), constatait également
« une fréquentation bien plus importante qu’en 2014 » au troisième
jour du salon, tandis que du côté
du stand Célio, pour lequel la participation au salon de Shanghai
représente « un incontournable »
de la stratégie à l’export, Michaël
Dugué (Célio) estimait avoir noué
« davantage de contacts intéressants
qu’en 2014 ».
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Impressions un peu plus mitigées
chez Gautier – qui était venu avec
son autre marque Gami destinée,
elle, à la grande distribution –mais
restant globalement positive :
« Cela fait 6 ans que nous participons au salon, ce qui nous permet
de comparer, avance David Soulard. Pour ce cru 2015, nous sommes
un peu déçus sur le plan du volume
de fréquentation, mais la qualité des
acheteurs potentiels ou des contacts
noués était bien là ». Chez Alsapan,
si la quantité ne semble pas non
plus avoir été au rendez-vous, des
prospects ciblés ont pu être rencontrés.
Cette édition 2015 semble donc
avoir satisfait la majeure partie
des exposants belges et français,
dont beaucoup avaient d’ores et
déjà décidé, avant la fermeture
du salon, de renouveler leur participation en 2016 : « Nous serons
présents l’année prochaine, en espérant attirer de nouveaux industriels
belges. A ce jour, 2 nouveaux seraient
intéressés » avance Bernard Deheegher (Belgofurn). Stéphanie
Roussin, du GEM, conclut : « Il
faut rester vigilant sur l’évolution des
2 salons. Nous avons un partenaire
qui accompagne nos sociétés françaises en Chine, il s’agit donc pour
nous de continuer à observer le marché chinois, le décrypter pour nos
participants, afin de veiller à assurer
un service de qualité et les accompagner, ce qui sera profitable pour tous
les acteurs du GEM ».
[REPORTAGE RÉALISÉ
PAR LOUIS LECLERC]
ZOOM SUR L’EXPORT EN ASIE
Pour les industriels européens exposant sur Furniture
China, le salon représente donc une porte d’entrée vers
d’autres marchés émergents du continent asiatique (entre
autres), sur lesquels quelques-unes de ces marques ont
déjà commencé leur phase d’implantation plus ou moins
récemment.
C’est le cas du vendéen Gautier, qui a pour objectif de
développer son activité à l’international au travers de
franchises principalement : « Concernant l’Asie, cette année,
nous avons engagé un V.I.E. basé à Singapour, l’idée étant
d’avoir une activité commerciale de proximité (et ainsi éviter
ainsi les problèmes de décalage horaire), explique David
Soulard. Nous avons également un magasin en Corée du Sud
et en décembre prochain, nous en ouvrirons un à Manille, aux
Philippines. » Actuellement, Gautier est encore en phase de
développement pour le marché asiatique.
Sifas, pour sa part, dit miser sur les prescripteurs
(architectes, décorateurs…) et se tourner vers les secteurs
de l’hôtellerie et la restauration. « Nous avons aussi une
filiale en Chine, qui nous permet de livrer rapidement nos
clients, de faire des échantillonnages » avance Jérôme
Armaroli, précisant que le pays joue aussi un tremplin pour
l’international : « Nous essayons de poursuivre cette expansion
en Asie, et en cela, la Chine est un facilitateur de développement,
pourvu qu’il soit bien exploité ».
Célio, qui participait pour la deuxième fois au salon de
Shanghai, doit ouvrir son premier espace à Singapour dans
2 mois ; un responsable grand export a par ailleurs été
recruté il y a quelques mois, pour assurer l’expansion de la
marque à l’international. Concernant le marché chinois plus
particulièrement, sur lequel l’entreprise commence tout
juste à s’implanter, Michaël Dugué dit espérer le voir
« occuper une bonne place » d’ici quelques années.
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