2010 : quels enjeux pour les recruteurs en finance

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2010 : quels enjeux pour les recruteurs en finance
2010 : quels enjeux pour les
recruteurs en finance ?
2010 : quels enjeux pour les recruteurs en finance ?
Par Thierry Iochem
La plupart des experts considèrent que la période la plus difficile a atteint ses limites, et que
nous pouvons espérer un redémarrage de l’économie dès le second semestre 2010, qui
s’amorcera lentement, et s’accélèrera plutôt en fin d’année.
Ce sera compliqué jusqu’à l’automne 2010, s’il n’y a pas d’accélération franche avant cette
date. Tel est le point de vue de Jérôme Hacquard, associé chez le cabinet de chasseurs de
têtes Singer & Hamilton. « Un léger frémissement se matérialise en termes de mandats alors
que dans certains établissements financiers, les recrutements sont gelés depuis près de
deux ans. La question principale sera de savoir comment sortir de cette situation vers le
haut. »
Si le recrutement concernant les activités de banque d’investissement et de financement
évolue à un rythme encore assez faible, la banque de détail offre davantage de
perspectives. La Fédération Bancaire Française (FBF) ne vient-elle pas d’annoncer
quelques 30 000 recrutements sur la seule année 2010 ? Credit-Agricole-LCL caracole en
tête avec 4000 embauches prévues, talonné par Société Générale et BNP Paribas avec
respectivement 3100 et 3000 embauches.
Confrontées chaque année à des départs à la retraite massifs, les compagnies d’assurances
elles aussi doivent recruter. Sans surprise, Groupama (qui prévoit 3000 recrutements en
2010 et autant sur les deux années suivantes) et AXA figureront parmi les plus gros
recruteurs de l’année.
Gérer efficacement la « sortie de crise »
« Quels que soient les scénarios de sortie de crise, nous assisterons à une augmentation du
nombre de professionnels dans les fonctions de contrôle », explique Danielle Kaisergruber,
directrice de la société d’études et de conseil DKRC basée à Paris. Et pour cause : malgré
les nombreuses embauches réalisés ces dernières années, les métiers du contrôle ne
représentent qu’une toute petite partie des effectifs bancaires. « Les métiers du risque
représentent 1,1% des effectifs bancaires, soit entre 2300 et 2600 personnes », relève Axel
Franceries, consultant chez Ineum Consulting qui vient de publier une étude sur les métiers
du contrôle dans la banque. C’est à peine plus pour les métiers de la conformité (1,4%) et
même un peu moins pour ceux de l’inspection et de l’audit interne (0,5%).
« Les banques recrutent toujours beaucoup sur les métiers du contrôle, mais pas seulement,
note Yann Fessard de Foucault, directeur exécutif du cabinet de recrutement Michael Page.
Elles recherchent également de plus en plus de professionnels « pour accompagner leurs
entreprises clientes dans leurs opérations : désendettement, augmentation de capital,
introductions en Bourse, …».
« L’amélioration des conditions de marché laisse penser que les introductions à la Bourse de
Paris pourraient repartir au deuxième trimestre 2010 », estime pour sa part Franck Sebag,
associé Assurance & Advisory Business Services au sein du cabinet Ernst & Young.
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Côté fusions & acquisitions, la France est le premier pays européen à sortir la tête hors de
l’eau. « Ça repart partout, aussi bien du côté des boutiques que des banques françaises qui
se développent à l'international à l’instar de Calyon et Société Générale. Et ce, sur tous les
secteurs et tous les niveaux de séniorité », commente un chasseur de têtes.
Pour les métiers de la gestion d’actifs, Lydivine Marie, consultante au sein du cabinet de
recrutement Norman Alex, est formelle : « aujourd’hui, quand il y a des recrutements, ce sont
des profils confirmés et souvent relatifs aux métiers de gestion des risques, compliance et
juridique. En outre, le processus de recrutement reste lent. Il faudra certainement attendre
mars 2010 pour voir une vraie reprise des embauches ».
Dans le finance d’entreprise, « la guerre des talents va continuer mais sur des
problématiques différentes comme le financement, le haut de bilan ou l’optimisation des
postes de charges », note Yann Fessard de Foucault.
Enfin, l’activité de conseil s’essouffle quelque peu, même si l’on constate que les cabinets
réalisent aujourd’hui davantage de missions de conseils en management. Quant à l’audit, « il
tend à plus d’équilibre, les profils disponibles se faisant plus nombreux, et les candidats en
poste privilégiant une certaine stabilité », constate Grégoire Juy, secrétaire général du
cabinet d’audit et de conseil Corevise.
Mieux prendre en compte les aspirations des salariés
Les recruteurs devront tenir compte de la perception qu’ont les salariés de la sécurité de leur
emploi. Globalement, il n’y a pas plus d’inquiétude qu’il y a un an, révèle l’enquête menée à
l’automne 2009 par le recruteur Robert Half auprès de plus de 1300 responsables financiers
et RH dans 8 pays. Mais la crise a un impact indéniable sur la confiance de certains salariés
en leur avenir au sein de leurs entreprises. En France, 25 % se déclarent plutôt moins
confiants vis-à-vis de la sécurité de leur emploi, tandis que 16 % se disent beaucoup moins
confiants qu’il y a un an.
« Les banques continuent à voir beaucoup de candidats ; les recrutements ne se
matérialiseront qu’en fonction des démissions après l’annonce des bonus, et des budgets
connus début 2010. Ceux qui ne seront pas satisfaits de leurs bonus hésiteront moins à
bouger que l’an dernier, d’autant que la partie versée en cash sera beaucoup plus faible »,
anticipe Vally Colli, associée au sein du cabinet de chasse Vendôme Associés.
« Le rapport employeurs-employés a changé, explique pour sa part Yann Fessard de
Foucault. Nous risquons d’assister à une désaffection des cadres, dont beaucoup se
plaignent de manque de reconnaissance et vont aller offrir leurs compétences ailleurs ».
Accompagner les jeunes diplômés
La troisième édition du baromètre Emploi de l’Edhec confirme la prudence des entreprises
sur le marché de l’emploi des jeunes diplômés de niveau Master2 (Bac+5), mais laisse
apparaître un signal encourageant. Plus de 70 % des entreprises interrogées affirment avoir
recruté sur le dernier trimestre 2009 et ont l’intention de le faire sur le premier trimestre
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2010. Et c’est la finance d’entreprise qui devrait le plus profiter de ces recrutements, puisque
la moitié des entreprises ont l’intention de recruter sur cette fonction.
Ceci dit, les banques ont elles aussi rendu publiques leurs prévisions d’embauches de
jeunes diplômés pour 2010. A elle seule BNP Paribas compte embaucher pas moins de
1500 jeunes diplômés sur toute la France, notamment dans ses divisions banque de détail,
banque d’investissement, solutions d’investissement et métiers transversaux.
Enfin, les banques tentent de maximiser leur taux de transformation de stages en CDI.
« Aujourd’hui, le processus de recrutement des stagiaires est devenu identique à celui des
jeunes diplômés en CDI : entretiens psychologiques, tests de personnalité et d’intelligence,
plusieurs entretiens avec les opérationnels. Avec à la clé un meilleur taux de transformation
des stages en CDI », rappelle Jean-Paul Brette, directeur du département Banque-FinanceAssurance chez Hudson.
S’adapter aux nouvelles réglementations
D’ores et déjà, 2010 s’annonce bien remplie pour les recruteurs en finance. En début
d’année, la taxation des bonus des banques sera inscrite dans un projet de loi de finances
rectificative. « Le mercato 2010 risque d’être assez actif sur le marché du recrutement ! »,
anticipe Sophie Wigniolle, directrice générale du cabinet de chasseur de têtes Eric Salmon &
Partners.
D’ici le 1er février, le Ministère du Travail va imposer aux entreprises de plus de 1000
salariés de lancer les négociations sur la prévention du stress au travail. Les banques
françaises n’y échapperont pas, d’autant plus qu’un certain nombre d’entre elles comme
BNP Paribas, Société Générale ou HSBC, ont été confrontées, ces dernières années, au
suicide d’un ou plusieurs salariés sur leur lieu de travail.
Début mai, un premier bilan sera dressé sur le CV anonyme actuellement expérimenté par
une douzaine de cabinets de recrutement. Reste à savoir quel en sera l’impact effectif sur la
promotion de l’égalité des chances. En effet, si, aujourd’hui quelques entreprises se
positionnent en faveur de cette mesure en l’appliquant volontairement dans leurs
recrutements, peu d’éléments permettent à ce jour de déterminer son efficacité en matière
de discrimination à l’embauche.
Autre rendez-vous important : le 1er juillet 2010. A partir de cette date, l’Autorité des
marchés financiers (AMF) va développer sur la place de Paris un dispositif de certification
des connaissances réglementaires des professionnels des activités de marché. « C’est une
initiative qui est la bienvenue mais qui constituera une grosse charge pour les banques et les
fournisseurs de services d’investissement dans un contexte de restrictions financières,
conclut Géraldine Marteau, avocate au sein du cabinet Lowells ».
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