diplome national du brevet

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diplome national du brevet
Examen : Bac S
Epreuve : Philosophie
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PREMIERE ETAPE : L’ANALYSE DU SUJET
Ce sujet renvoie à un problème classique de la philosophie de la connaissance. Il se rapporte à
la partie du programme qui porte sur la raison et le réel, et principalement sur la question de la
correspondance entre le vrai et le réel. Ainsi tous les domaines qui sont concernés par la question de
l’établissement de la vérité sont pertinents pour le sujet (de l’enquête policière aux sciences, en passant
par l’histoire). En revanche, il est hasardeux de chercher à le traiter sans avoir des connaissances assez
précises sur la partie du programme concernée.
« Avoir raison », c’est d’abord être dans le vrai, par opposition à « avoir tort » qui signifie se
tromper, être dans l’erreur. On est dans le vrai soit grâce à la raison (démonstration mathématique) soit
par la vérification ou l’observation. Si on s’en tient à une définition de la vérité classique : est vrai ce
qui est conforme au réel, alors on peut aisément déduire que celui qui a raison, c’est celui dont le
propos est conforme aux faits (réel).
Mais « avoir raison » c’est aussi avoir de bonnes raisons, c’est-à-dire pouvoir justifier ce qu’on
dit, ou encore pouvoir le motiver (lui donner un sens, un but). Alors l’expression peut renvoyer au droit
(parler à bon droit, de manière juste, au sens moral du terme). Dans ce cas on peut concevoir que la
« raison » donnée ne soit pas conforme aux faits, voire qu’elle s’y oppose.
On peut donc « avoir raison » de manière objective (on est dans le vrai) ou subjective (on peut
justifier ou motiver son propos)
« Les faits » ce sont les événements ou les choses observables, constatables. Donc le terme de
« fait » renvoie d’abord au réel. C’est en effet le fait qui peut être critère de distinction entre le vrai et le
faux (un discours conforme aux faits est un discours qui décrit les événements, tels qu’ils se sont
produits réellement, par exemple je peux savoir que l’énoncé « Paul était dans le salon à 14h » est vrai si
j’ai pu constater qu’il y était à ce moment-là). Les faits peuvent être alors soumis aux mêmes aléas que
toute perception : on peut constater à tort, mal comprendre ce qu’on observe.
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Le « fait », c’est aussi ce qui s’oppose au droit, c’est-à-dire non pas ce qui est juste, ni ce qui
devrait être, mais bien ce qui est. Par exemple, dans les faits les hommes sont inégaux, même si en droit
ils sont égaux. Cette opposition fait / droit, qui fait partie des repères du programme, peut être utile ici
pour comprendre comment la raison peut s’opposer aux faits : puis-je avoir raison d’affirmer l’égalité des
hommes, alors que les faits attestent du contraire ?
En revanche, un fait doit toujours être compris, interprété, voire établi : il n’est pas donné
d’emblée. En effet pour un même événement, on aura autant de versions que de témoins. Pour un
accident par exemple, il faut commencer par établir les faits, c’est-à-dire chercher ce qui s’est passé :
dans ce cas, c’est la raison qui guide l’établissement des faits, et qui leur donne sens. La
distinction peut être faite entre la perception d’un événement et le fait établi (exemple, en histoire, on
distingue le souvenir d’un témoin, du fait établi « scientifiquement »).
« Avoir raison contre les faits » : cette expression indique clairement une opposition, voire un
conflit possible entre la vérité et la raison d’une part et la réalité des faits d’autre part. Cette opposition
paraît d’abord peu vraisemblable (si on dit le contraire de ce que les faits indiquent, on se trompe : ce
sont les faits qui servent de critère de distinction entre le vrai et le faux.). Il faudra examiner ce qui peut la
justifier malgré tout.
« Peut-on ? » : ce terme interrogateur a plusieurs sens. C’est d’abord : « Est-il matériellement
possible ? ». Dans la mesure où l’homme est libre de penser ce qu’il souhaite, il peut toujours nier les
faits, ce qu’illustre la démarche cartésienne du doute méthodique.
Ensuite,
c’est
« A-t-on
le
droit ? » : il s’agit alors de se demander s’il est légitime de s’opposer aux faits, si c’est juste. D’un point
de vue moral on peut penser que oui, vu que le droit c’est justement ce qui s’oppose aux faits.
Mais il y a aussi le point de vue logique : n’est-il pas absurde de considérer qu’on a raison contre
les faits ? On peut penser à ceux qui s’entêtent dans une idée, dans une thèse qui est contraire à toutes
les données de l’observation : c’est le cas du négationnisme, par exemple. Les thèses négationnistes
sont invalidées, non seulement d’un point de vue moral (elles servent des propos racistes et antisémites)
mais encore et surtout d’un point de vue rationnel, elles ne respectent pas le principe élémentaire d’une
démarche historique : la conformité aux faits, justement.
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DEUXIEME ETAPE : LA PROBLEMATIQUE DU SUJET
On peut d’abord penser qu’il est impossible d’avoir raison contre les faits. En effet, les faits peuvent
être constatés, observés. Nier les faits, c’est comme nier l’évidence : seule la mauvaise foi peut expliquer
une telle attitude.
Cependant, il est arrivé que les faits se révèlent autres que ce qu’on croyait d’abord. Par exemple,
on observe le mouvement du soleil autour de la terre, et on a pu considérer que c’était un fait. Or c’est
une simple impression sensible, un certain point de vue sur un fait qui est en réalité tout autre. Quand
Galilée s’écriait « Et pourtant, elle tourne », en parlant du mouvement de la Terre, il donnait à ses
contemporains l’impression de parler contre les faits, alors même qu’il avait raison.
On peut donc se demander si ce sont toujours les faits qui « ont raison ». Si c’est le cas nous
sommes condamnés à décrire le réel tel que nous le percevons et à dire « ce qui est » d’après ce que
nous observons (le Soleil tourne autour de la Terre). Ne faut-il pas au contraire entendre la raison, même
si elle semble contredire les faits ? Mais alors, si ce ne sont pas les faits eux-mêmes, qu’est-ce qui nous
permettra de distinguer le vrai du faux ?
TROISIEME ETAPE : LA BOÎTE A OUTILS
Idées et connaissances qui pouvaient être utiles pour le sujet.
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Définition d’un fait : ce qui peut être constaté et qui est vérifiable, par exemple les données d’une
expérience ou les éléments matériels dans une enquête policière.
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Définition de la vérité comme conformité au réel, comme le rappelle Spinoza « on appelle « Idée
vraie » celle qui montre une chose comme elle est en elle-même »
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Le négationnisme est un discours qui nie l’existence des chambres à gaz pendant la Seconde
Guerre mondiale. C’est un bon exemple pour montrer que si on a toujours la possibilité de nier les faits
(c’est la liberté de chacun), cette attitude est cependant illégitime d’un point de vue scientifique : le
négationniste a tort, au sens où il dit le faux.
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En effet on peut toujours tout nier, si on considère que le sujet possède un libre arbitre. Par
exemple, Descartes pense « contre les faits », puisqu’il rejette comme faux y compris ce qui lui semble
vrai. La démarche cartésienne consiste à nier tout ce qui paraît vrai, comme ce qui se donne dans
l’expérience sensible, pour établir une vérité absolument certaine.
-
Cependant, il n’est pas dit alors qu’on « a raison » : le doute est méthodique et provisoire, on
considère comme faux ce qui est incertain. Cela suppose non que les faits dont on doute sont faux, mais
qu’ils sont incertains. Si Descartes a raison d’un point de vue méthodique, cela ne signifie pas que ce
qu’il rejette comme faux est effectivement faux.
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La démarche scientifique permet de distinguer les données de l’expérience sensible (fait apparent)
et le fait établi scientifiquement dans une expérience. Avec les expériences de Galilée on peut montrer
cette distinction : dans la nature on observe que les corps plus lourds tombent plus vite, mais dans
l’expérience des plans inclinés de Galilée, l’observation change : deux corps d’un poids différents
tombent à la même vitesse si on parvient à supprimer les frottements. Si Galilée a raison contre un fait,
c’est en vertu d’un autre fait !
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Le fait observé est toujours l’objet d’une interprétation : il faut distinguer ce que je vois, et la
manière dont je le comprends. Alors « avoir raison contre les faits », c’est peut-être en réalité interpréter
différemment un fait. Ce qui s’oppose ce n’est pas la raison et le fait, mais deux lectures d’un même fait.
Par exemple, en politique, si on peut ne pas légitimement nier un fait (par exemple les chiffres du
chômage), il reste qu’on peut l’expliquer différemment.
-
Par exemple, dans le texte de Rousseau sur le droit du plus fort, ce dernier semble nier les fait en
disant que le droit du plus fort n’existe pas, alors qu’on peut observer dans les faits la domination des
plus forts, mais c’est que Rousseau ne considère pas ce fait comme un droit. Il s’agit donc d’interpréter
et de comprendre ce fait (la domination des plus forts). Le critère de dire que Rousseau « a raison » c’est
celui de la logique : le droit du plus fort n’existe pas au sens où il est contradictoire de considérer ce fait
comme un droit.
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La question est alors de savoir ce qui permet de trancher entre deux discours sur un fait : la
conformité avec les faits est une condition nécessaire pour établir la vérité, (Rousseau ne nie pas le fait
de la domination des plus forts) mais elle n’est pas une condition suffisante.
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