Le fameux moulin
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Le fameux moulin
Le fameux moulin Les larmes de l’arbre coupé Yasmina Fertahi (17 ans) Il était une fois, dans un pays lointain, un roi qui résidait dans le plus beau château du monde. Il était jeune et aimait beaucoup la nature. Aussi, son plus grand plaisir était de se promener dans le jardin du palais en humant l’odeur des fleurs et en écoutant le chant des oiseaux et des ruisseaux. Pour que son jardin fût toujours florissant, il demandait aux jardiniers de bien l’entretenir et l’irriguer. Néanmoins, il était constamment tourmenté par les paroles incompréhensibles qui montaient d’un moulin se trouvant dans un coin du jardin près d’une petite source tarie. Alors, il décida de comprendre ce mystère. Chaque matin, il demeurait des heures entières près du moulin, mais vainement. Il consulta les sages de son royaume, et en fit même venir d’autres des pays voisins. Mais les paroles restaient énigmatiques. Son chagrin était tellement grand qu’il s’enferma dans sa chambre. L’un des jardiniers du palais nommé Bassou était triste en voyant le roi dans cet état. Le soir lorsqu’il rentra à la maison, sa fille Tilila lui servit le dîner. Elle avait remarqué que depuis quelques jours, son père n’avait pas d’appétit, elle lui demanda ce qui en est la cause. « Oh ma fille, l’état du roi m’inquiète. Il ne se promène plus dans son jardin : personne n’est arrivé à découvrir le mystère du moulin ». Seule la voix lourde de Bassou retentissait dans la maison. Sa fille l’écoutait attentivement lorsque soudain, ses yeux brillèrent dans le noir et elle lui dit astucieusement : « hé bien, mon père, ce mystère c’est moi qui vais le dévoiler ». Elle continua en disant qu’elle était capable de comprendre le langage du moulin ; lorsqu’elle était enfant, sa mère lui avait appris l’art des devinettes. Bassou ne faisait pas attention à ce qu’elle lui racontait et resta têtu malgré les arguments avancés par sa fille. Le lendemain, à sa grande surprise, il la trouva vêtue d’un chapeau melon sous lequel elle cachait soigneusement sa chevelure. Tilila s’était complètement métamorphosée ; personne ne pouvait se douter que c’était une fille. Elle lui proposa donc d’aller travailler avec lui comme jardiner, et elle insista tellement que son père ne put refuser sa demande. Arrivée au jardin, Tilila montra un bon Conte postal : Idée de l’Association Ocadd Achetez nos contes pour sauvegarder ce patrimoine de l’humanité caractère et tissa d’agréables relations avec tous les serviteurs du palais. Son père souriait en la voyant imiter la voix des hommes. Un jour, elle profita de la sieste des serviteurs pour se faufiler près du moulin et pouvoir écouter les paroles étranges. Après cela, elle alla demander à une vieille cuisinière tous les détails concernant l’architecture du jardin : « Lala, qu’est ce qu’il y avait jadis ici, et là bas ? » La cuisinière répondit avec joie aux questions « du jeune homme » en s’appuyant sur ses souvenirs. Une fois sûre qu’elle avait tout compris, Tilila alla en parla à son père. « Mais tu es folle, tu veux que j’aille dire cela au roi » ! Elle lui répliqua qu’elle possédait la clé du mystère. Le lendemain, Bassou se réveilla de bonne heure, fit sa prière et mit ses plus beaux vêtements. Arrivé au palais, il demanda à être reçu par le roi car il avait une bonne nouvelle à lui annoncer. Le roi organisa aussitôt avec ses conseillers une petite commission pour écouter le prétendant. « Qu’as-tu à me dire ? » dit le roi. « Sir, je crois que je suis arrivé à comprendre les paroles du moulin. En effet, c’est ma fille qui en a saisit le sens. Bassou lui a raconté comment sa fille s’est déguisée en un homme pour pouvoir être proche du moulin et dévoiler le secret. Heureusement, le roi n’avait pas accordé beaucoup d’importance à ses détails. Il avait hâte de connaître le Secret. « Peu importe, raconte moi donc ». Dit-il. -« Les paroles, Sir, ne sont que la voix d’un arbre qui a été coupé, euh …. ». Bassou ne pouvait pas continuer. « Mais parle donc ! » lui dit le roi. « ….un arbre coupé par votre auguste grand- père ». «Tu accuses mon grand- père ? Les voix des conseillers se joignirent à celle du roi. Soudain, un vieil homme se mit debout et dit d’une voix assurée : « Un jour, en me promenant en compagnie de votre auguste grand-père dans le jardin, son turban s’était accroché à une petite branche d’un arbre. Furieux, il ordonna de le couper et de le remplacer par un moulin. Depuis ce jour-là l’arbre n’a pas cessé de pleurer, la petite source a disparu ». Conte postal : Idée de l’Association Ocadd Achetez nos contes pour sauvegarder ce patrimoine de l’humanité Le roi s’assit agité par une grande émotion. Pour être sûrs que la fille de Bassou avait réellement compris les paroles du moulin, et qu’elle ne les avait pas reçues d’une source incertaine, les conseillers décidèrent de la faire passer par d’autres épreuves. Le roi se mit aussitôt à songer à une rude épreuve. Un instant après, il demanda à Bassou de revenir le voir vêtu et nu à la fois. Cela paraissait trop exagéré aux conseillers et le jardinier sentit une sueur froide couler de son front. Lorsqu’il communiqua cela à Tilila, elle resta sereine. Elle réfléchit un moment et lui dit que le lendemain matin, le problème serait résolu. Elle passa alors toute la nuit à travailler. Le matin, elle lui donna un filet de pêche et lui demanda de le mettre sur son dos. Le père refusa de peur de paraître ridicule, mais il finit par accepter car il avait confiance en sa fille. Sur le chemin du palais, les gens regardaient Bassou avec étonnement. Pourquoi est-il vêtu de la sorte ? De nouveau, il se mit devant le roi. Celui-ci le regardait de tous les côtés et comprit qu’il était face à une fille dotée d’une intelligence exceptionnelle. Il le félicita car il avait réussi la première épreuve : « La prochaine fois, tu viendras chaussé et pied nu en même temps ». Cette fois, Bassou se croyait perdu. Cependant il courut annoncer la nouvelle à sa fille qui, en souriant lui demanda d’aller se reposer. Le père fatigué, s’endormit sur le champ. Le lendemain matin, elle lui demanda de mettre ses chaussures habituelles. Mais à sa grande surprise, il sentit que ses pieds touchaient le sol. Tilila leur avait enlevé en effet les semelles. Cette fois-ci personne ne se posa de questions, car on ne pouvait rien voir. Il était le seul à tout comprendre et à endurer. Le roi était étonné plus que la première fois. Il était à la fois heureux et furieux contre cet homme qui réussissait toutes les épreuves. Puis il se gratta la tête pour trouver une épreuve insoluble. « Dis à ta fille de me préparer un tricot dont la trame est constituée de filets de pluie ». Conte postal : Idée de l’Association Ocadd Achetez nos contes pour sauvegarder ce patrimoine de l’humanité Lorsque Tlila eut su la nouvelle elle lui dit : « Père, dis au roi de m’envoyer une « koubba dyal rih » (une pelote de vent). Etant convaincu que la fille avait compris véritablement les paroles du moulin, le roi demanda de la voir. Il faut dire que Tilila n’était pas seulement intelligente mais encore très belle. Le roi fut tellement ensorcelé qu’il demanda sa main. Pour réparer l’erreur de son grand-père, il planta beaucoup d’arbres dans le jardin et surtout un beau chêne tout près du moulin. Ce dernier cessa aussitôt de pleurer. La petite source a commencé a coulé de nouveau. Tilila termina sa vie dans le palais, au milieu des enfants et des fleurs. Son père continua à entretenir ce merveilleux jardiner, grâce auquel sa fille fut devenue une reine. Conte postal : Idée de l’Association Ocadd Achetez nos contes pour sauvegarder ce patrimoine de l’humanité