les grandes epidemies au moyen age

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les grandes epidemies au moyen age
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LES GRANDES EPIDEMIES
AU MOYEN AGE
I - LA PESTE
La peste est une maladie typhique, contagieuse, caractérisée par l’apparition de bubons et la
présence, dans le sang, du bacille de Yersin (du nom de son découvreur Alexandre YERSIN,
élève de Pasteur en 1894).
La peste n’est pas une maladie propre au Moyen Age et elle n'est pas la seule épidémie à avoir
frappé les humains à cette période, mais les immenses ravages qu’elle a occasionnés ont
profondément marqué cette époque.
Jusqu’à la fin du 19ème siècle, et à défaut d’explications, les hommes s’interrogeaient sur les
causes de ce mal et supposaient qu’il était une manifestation de la fureur du ciel.
Au Moyen Age leurs accusations portaient aussi sur les juifs et les lépreux supposés
coupables d’empoisonner les puits ; leurs contemporains le leur ont fait payer très cher.
On remarquait bien que l’épidémie était précédée par une « invasion » de rats mais ce n’est
qu’à partir de la fin du 19ème siècle que les chercheurs ont découvert le bacille responsable
de la peste, véhiculé par les puces vivant sur le rat. En lui inoculant la maladie elles le tuent et
s’attaquent alors à l’homme ; la contagion s’opère ensuite par les expectorations et les
contacts des muqueuses.
Le rat est le compagnon de l’homme pauvre qui vit sans hygiène et parfois dans la vermine,
les modes de vie au Moyen Age étaient donc tout à fait propices au développement rapide et
étendu de l’épidémie.
Les épidémies de peste portent des appellations différentes selon l’époque à laquelle elles ont
sévi ou selon les aspects effrayants que les contemporains ont retenus.
1 - LA PESTE JUSTINIENNE 541/767
Elle tient son nom de l’empereur Justinien sous le règne duquel elle se propagea de 541 à 767,
elle atteignit son paroxysme en 592.
C’est la première manifestation importante de cette épidémie. Partie d’Ethiopie, elle gagna le
Nord de l’Afrique, la Palestine, la Syrie, Constantinople, l’Italie, la Gaule, et remonta le
Rhône et la Saône, elle toucha donc tout le bassin méditerranéen et arriva jusqu’en Irlande et
en Grande-Bretagne.
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Dans certaines régions la dépopulation fut telle que des villes importantes devinrent des
déserts; durant l’hiver 589, elle frappa lourdement l’Italie, et lorsque le Pape Pélage II en
mourut en février 590 la terreur des Romains fut à son comble.
Entre le 7° et le 14° siècle, plusieurs épidémies apparurent que l’on peut qualifier de bénignes.
2 - LA PESTE NOIRE 14ème siècle
C’est la deuxième manifestation importante de la peste, au 14ème siècle, entre 1346 et 1353.
La peste sévit de façon endémique en Asie et l'on pense que les Mongols en ramenèrent le
bacille au retour de leur guerre contre la Chine.
En 1346 ils attaquent la Ville portuaire de Caffa, comptoir commercial gênois sur la Mer
Noire et l’assiégent.
L’épidémie frappe bientôt assiégeants et assiégés et le siège doit être levé.
Les bateaux gênois quittent la ville et transmettent l’épidémie dans tous les ports où ils
s’arrêtent : Constantinople, Messine, Gênes, Marseille Venise ; en un an tout le pourtour du
bassin méditerranéen est contaminé, puis toute l’Europe.
Le 14ème siècle connut des fléaux de toutes sortes : guerres, hivers rigoureux, chaleurs
torrides, famine, invasion d’insectes, l’épidémie arrive donc sur des organismes
particulièrement fragilisés.
Il y a peu ou pas d’hygiène : les châteaux et les villes sont entourés de profonds fossés aux
eaux croupissantes, des marais aux eaux stagnantes avoisinent les villages, la promiscuité
règne tant entre les vivants qu’entre ceux-ci et leurs morts, enterrés près des habitations sans
aucun souci d’hygiène.
L’épidémie rencontre donc un terrain propice à son expansion.
Les historiens s’accordent pour estimer qu’elle tua 30 à 60 % de la population européenne ;
de 1340 à 1440 la population de la France passe de 17 à 10 millions d’habitants, en Italie la
peste aurait causé la mort d’au moins la moitié des habitants, 80 % de morts à Majorque,
autant à Florence, 75 % à Venise, 60 % en Aragon.
On ne connaît pas les pertes en vies humaines sur la rive sud de la Méditerranée mais les
troupes participant aux croisades en ont été largement victimes (Saint Louis en meurt devant
Tunis en 1270) et elles participèrent à la propagation de la maladie.
La peste a provoqué d’importants troubles économiques, sociaux et religieux:
La main d’œuvre vient à manquer et son coût augmente, surtout dans l’agriculture, de
nombreux villages sont désertés et la terre retourne en friches, la forêt gagne du terrain.
Les villes ont été plus touchées par l’épidémie, elles se retrouvèrent dépeuplées, la médecine
n’ayant ni les connaissances ni les capacités à juguler l’épidémie.
Malgré la protection du Pape Clément VI, en 1348 les Juifs et les Gitans sont persécutés,
émeutes anti-juives en Provence, la synagogue de St Rémy de Provence est incendiée, des
Juifs sont massacrés en Navarre et en Castille, le quartier juif de Barcelone est pillé, le 14
février 1349 près de 2.000 Juifs sont brûlés vifs à Strasbourg, ce ne sont là malheureusement
que quelques exemples.
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La peste se manifestera par des poussées plus ou moins meurtrières jusqu’en 1503.
D’autres épidémies ont sévi au cours du Moyen Age , sous la plume des chroniqueurs elles
prennent à tort le nom de peste, on peut le comprendre puisque ce mot signifie originellement
fléau.
II - LE FEU SACRE (XIème siècle)
On admet, actuellement, que le « feu sacré » porte également les noms de « mal des ardents
ou « feu de Saint Antoine » alors que la Société de chirurgie royale jugeait, au 18ème siècle,
qu’il convenait de distinguer ces affections.
Au cours de ce siècle, Le Feu Sacré, véritable fléau, affecta et effraya la population en
arrivant par vagues successives de plus ou moins d’importance selon le climat, la misère, la
famine.
Il se manifeste d’abord par une impression de froid intense suivi de chaleurs intolérables,
sorte de gangrène spontanée, atteint les membres qu’il consume et qui se détachent du corps.
Ceux, très peu nombreux, qui en guérissaient restaient par contre infirmes à vie.
Les malades se précipitent dans les églises pour implorer le secours des Saints.
Ce fut « la terreur de l’an mil ». Ignorant l’origine du mal, on l’attribue à des « dérèglements
honteux »…il n’épargne pourtant personne, le sexe et l’âge lui sont indifférents.…
Il semble que l’épidémie ait débuté en Lorraine pour se répandre ensuite en France, en Italie,
peut être plus localisée que la peste, ce qui s’expliquerait par ses causes, découvertes au
20ème siècle : un empoisonnement provoqué par un champignon appelé communément
« ergot de seigle ».
Cet ergot se présente sous forme d’un appendice de cinq à six centimètres de longueur et de
cinq millimètres de diamètre, ce parasite de l’épi de seigle est responsable de la mort de
millions d’hommes.
Il fut, et de loin, le plus mortel de tous les champignons.
Broyé avec le seigle pour faire de la farine, il était consommé dans le pain, les bouillies, les
galettes. Il reste très toxique pendant six mois suivant la moisson ; il se développe par temps
humide. Le seigle est la céréale des terres pauvres, cultivé en Europe dès le premier millénaire
avant Jésus Christ, il s’est progressivement répandu sur tout le pourtour méditerranéen.
Les autres céréales (maïs, orge, avoine) peuvent être contaminées, seul le blé résiste à ce
parasite.
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