L`Union européenne élargie : quinze + dix = 455 Alain Monnier
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L`Union européenne élargie : quinze + dix = 455 Alain Monnier
CONSEIL D’ORIENTATION DES RETRAITES Séance plénière du 15 décembre 2010 - 9 h 30 « Les projections démographiques en France et en Europe » Document N°8 Document de travail, n’engage pas le Conseil L’Union européenne élargie : quinze + dix = 455 Alain Monnier (INED) Population et Sociétés n°398, février 2004, INED N A T I O N A L L ’ I N S T I T U T D E D ’ I N F O R M A T I O N M E N S U E L B U L L E T I N SOMMAIRE Février 2004 POPULATION SOCIÉTÉS & D ’ É T U D E S D É M O G R A P H I Q U E S Numéro 398 L’Union européenne élargie : quinze + dix = 455 Alain Monnier* A vec l’adhésion de dix nouveaux membres en mai 2004, l’Union européenne atteindra 455 millions d’habitants. Sa population la placera au troisième rang dans le monde, loin derrière la Chine (1,3 milliard d’habitants) et l’Inde (1,1 milliard), mais loin également devant les États-Unis (295 millions), la Russie (142 millions) ou le Japon (128 millions). Depuis 1957, date de la création de la Communauté économique européenne (CEE), l’Union européenne (UE) s’est constituée en grande puissance démographique, au fil des années et des élargissements (figure 1). L’arrivée de dix nouveaux membres entraîne une augmentation de la population de près de 75 millions d’habitants, mais le rythme de croissance démographique du nouvel ensemble est plus faible. Europe des Six + trois = Neuf + un = Dix + deux = Douze Réunification de l'Allemagne + trois = Quinze + dix = Vingt-cinq Finlande Suède Estonie Lituanie Royaume-Uni Pays-Bas Belgique Pologne Allemagne Luxembourg Rép. tchèque Slovaquie France Autriche Italie Portugal Le poids croissant des « petits » pays Les 455 millions d’habitants de l’Europe des Vingt-cinq se répartissent dans des pays d’efINED fectif variable : quatre pays approchent ou dé- 04804 passent 60 millions d’habitants, mais neuf en comptent moins de cinq millions. L’arrivée des dix nouveaux membres augmente sensiblement le nombre de pays ayant une population de petite taille. Dans l’Europe des Quinze, il y avait un seul État vraiment « petit » (le Luxembourg), il y aura désormais six pays de moins de 2,5 millions d’habitants (tableau 1). Les six pays les plus peuplés (Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Pologne) regroupent 75 % de la population de l’Union européenne élargie ; dix-neuf pays ne représentent donc qu’un quart de * Institut national d’études démographiques Lettonie Danemark Irlande Hongrie Slovénie Espagne Grèce Malte Chypre cette population, huit d’entre eux comptant chacun pour moins de 1 %. Au fil des élargissements successifs, le poids démographique des grands pays fondateurs n’a cessé de diminuer : la RFA, la France et l’Italie regroupaient ensemble près de 90 % de la population communautaire en 1957, ils n’en représentent que 44 % aujourd’hui. La France représentait en 1957 un peu plus du quart de la population des Six ; en 2004, elle ne comptera plus que pour 13 % de la population de l’Union, bien que sa population ait progressé d’un tiers ; l’Allemagne, dans les frontières de la RFA, représentait en 1957 le tiers de la population des Six, elle ne Éditorial – L’Union européenne élargie : quinze + dix = 455 • Le poids croissant des « petits » pays - p. 1 • La construction démographique de l’Union européenne : de six à vingt-cinq - p. 6 • Entre anciens et nouveaux membres : deux régimes démographiques différents - p. 8 • Les implications démographiques de l’élargissement - p. 8 Pyramides des âges de l’Union européenne et des vingt-cinq états membres en 2004 - p. 2 à 5 2 L’Union européenne élargie : quinze + dix = 455 Pyramides des âges des 15 pays membres au 1er janvier 2003* Europe des 15 au 1er janvier 2003 Année de naissance 1902 1902 Âge 100 1912 90 1912 1922 Hommes 1932 80 Femmes 1922 70 1932 1942 60 1942 1952 50 1952 1962 40 1962 1972 30 1972 1982 20 1982 1992 10 INED 1992 02704 2002 0 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale * au 1er janvier 2002 pour l’Irlande ; au 1er janvier 2001 pour l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni ; au 1er janvier 2000 pour la Grèce. En surimpression : pyramide de l’Europe des 25. Allemagne 1902 Les 10 nouveaux membres 1912 au 1er janvier 2003 Âge 100 Pop. totale : 82,5 millions A 1922 Hommes 1932 B 90 Âge 100 Année de naissance 1902 1912 90 1912 1942 1922 Hommes 1932 80 1952 50 70 Femmes 1922 1932 1962 D 40 1942 60 1942 1972 30 1952 50 1952 1982 1962 40 1962 1992 1972 30 1972 1982 20 1992 10 1982 1992 0 2002 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1902 Âge 100 Année de naissance 1902 1912 90 1912 1922 Hommes 1932 80 Femmes 1922 70 1942 Autriche A 1922 Hommes 1932 B 3 1942 90 C 1952 50 1952 1982 1962 40 1962 1992 1972 30 1972 1982 20 1992 10 C Déficit des naissances dû à la guerre 1939-1945 D Baby-boom D 3 1952 D 30 E 1962 1972 E 20 1982 10 INED 00204 Belgique 1902 1912 A 1922 Hommes 1932 1 1952 1992 90 80 70 60 1912 A Femmes 1922 1932 B C 1942 1 50 40 D 1952 1962 D 30 1972 1982 B C 1942 Année de naissance 1902 Âge 100 Pop. totale : 10,4 millions E 20 1972 E 1982 10 INED 1992 00304 2002 0 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 La pyramide des âges de la Belgique est la plus proche de celle de l'Europe des 25. E Baisse récente de la fécondité Population et Sociétés n° 398, février 2004 1942 C 1992 4 4 0 2002 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Pertes militaires de la guerre 1939-1945. 2 Déficit des naissances dû aux effets de la crise économique des années 1930. 3 Application de la loi réprimant l'avortement ; mise en œuvre de la politique nataliste allemande après l'Anschluss. 4 Fécondité très basse. 1962 B Passage des classes creuses à l'âge de la fécondité 1932 2 B 60 1972 A Déficit des naissances dû à la guerre 1914-1918 (classes creuses) Femmes 1922 70 2 1942 Signification des lettres portées sur les pyramides : 1992 1912 A 80 1 60 Pour permettre la comparaison, l’abscisse est graduée en % de la population totale, si bien que la surface des pyramides est la même quels que soient les effectifs de population (Allemagne : 82 millions ; Luxembourg : 0,4 million). 1982 Année de naissance 1902 Âge 100 Pop. totale : 8,1 millions 40 Légende commune aux pyramides 1962 1972 E INED 1962 1992 1952 D 00104 2002 3 3 0 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Pertes militaires de la guerre 1939-1945. 2 Augmentation de la fécondité due à des mesures natalistes. 3 Fécondité très basse. 1932 0 2002 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1942 10 50 1982 1932 B C 20 1952 INED 02604 2 60 E 1912 au 1er janvier 2003 Femmes 1922 70 2 C 1902 Europe des 25 1912 A 80 1 1902 INED 02804 Année de naissance 1902 INED L’Union européenne élargie : quinze + dix = 455 Danemark 1902 1912 A 1 2 50 3 3 40 4 4 30 1972 E 1982 E 20 1992 10 5 5 INED 1909 80 Femmes 1919 1932 1942 1939 60 1952 1949 50 1962 1959 40 1972 1969 1982 1979 1992 1989 00504 2002 0 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Fécondité basse dans les années 1930. 2 Reprise de la fécondité dès le début des années 1940. 3 Passage des classes peu nombreuses nées dans les années 30 à l'âge de la fécondité. 4 Passage des classes nombreuses nées dans les années 40 à l'âge de la fécondité. 5 Reprise momentanée de la fécondité. Espagne 1900 1910 1920 Hommes 1930 90 1910 80 Femmes 1920 70 1 1940 1950 Année de naissance 1900 Âge 100 Pop. totale : 40,1 millions 1 60 50 2 2 1909 70 C E Irlande 1901 1911 1911 80 Femmes 1921 1930 1940 1941 60 1941 1950 1951 50 1951 1961 1 30 1980 1981 2 E 1991 20 INED 4 1990 00604 2000 0 2000 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Guerre civile. 2 Forte émigration. 3 Fin de la fécondité élevée. 4 Fécondité très basse. Finlande 1902 1912 Âge 100 Pop. totale : 5,2 millions A 1952 1900 1912 1910 A 1 60 C D C D 50 40 1962 1972 30 E E 20 1982 2 1992 2 10 INED 00804 France 1902 1912 A 1952 1950 1962 1960 1972 1970 1982 1980 1992 1990 1952 C D 60 B C 50 D 40 1962 30 1972 1982 Femmes 1922 E 20 E 10 1992 INED 1991 1 90 A 1910 A 80 Femmes 1920 70 1930 60 C C 50 1940 1 1950 40 D 1960 D 30 20 E 1970 1980 E 10 1990 2 2 0 2000 2000 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Récupération de naissances différées e pendant la 2 Guerre mondiale. 2 Fécondité très basse. 1902 1912 INED 01304 Luxembourg Année de naissance 1902 Âge 100 Pop. totale : 0,4 million A 90 1912 A 80 1932 1922 Hommes 1932 1942 1942 1952 1952 50 1952 1962 1962 D 40 D 1962 1972 1972 1982 1982 E 20 E 1992 1992 1 10 1 00904 2002 1 1 0 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Maintien d’une fécondité relativement stable. INED 1981 Année de naissance 1900 Âge 100 Pop. totale : 57,0 millions 1940 1912 A 70 B 1942 90 80 1922 Hommes 1932 Italie 1942 Année de naissance 1902 Âge 100 Pop. totale : 59,6 millions E INED 1932 0 2002 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Récupération de naissances différées pendants les hostilités (1939-1940). 2 Reprise momentanée de la fécondité. 1971 2 10 1920 Hommes 1930 Femmes 1922 1931 3 3 01204 2001 0 2001 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Forte émigration. 2 Fin de la fécondité élevée. 3 Arrivée des générations nées dans les années 1970 à l’âge de la fécondité. Année de naissance 1902 70 1 1942 90 80 1922 Hommes 1932 1 70 1971 4 Année de naissance 1901 90 1970 E 1989 1921 Hommes 1931 30 10 1979 E Âge 100 Pop. totale : 3,9 millions 1970 E 1969 INED 40 1990 1959 1 01004 1999 2 2 0 1999 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Fin de la fécondité élevée. 2 Fécondité très basse. 1961 3 1949 10 1960 20 1939 20 40 3 1929 C 30 1 1960 1980 Année de naissance 1899 Âge 100 Pop. totale : 10,6 millions 90 Femmes 1922 60 Grèce 1899 1919 Hommes 1929 1912 A 70 1 2 1952 1962 90 80 1922 Hommes 1932 1942 Année de naissance 1902 Âge 100 Pop. totale : 5,4 millions B C 70 60 Femmes 1922 1932 B 1942 C 30 1972 1982 INED 1992 01604 2002 0 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Arrivée des générations du baby-boom à l’âge de la fécondité. Population et Sociétés n° 398, février 2004 3 4 L’Union européenne élargie : quinze + dix = 455 Pays-Bas 1902 1912 Année de naissance 1902 Âge 100 Pop. totale : 16,2 millions A 90 1912 A 1922 Hommes 1932 80 Femmes 1922 70 1932 1942 60 1 1952 1962 1942 1 50 1952 40 D D 30 1972 E 1982 1972 E 20 1992 10 2 1962 1982 2 INED 01804 1992 0 2002 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Récupération des naissances différées pendant la 2e Guerre mondiale. 2 Maintien d’une fécondité relativement stable. Portugal 1902 1912 1922 Hommes 1932 1912 80 Femmes 1922 1 1952 40 1962 1972 2 20 E 1992 1982 E 10 INED 02004 1992 0 2002 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Forte émigration. 2 Fin de la fécondité élevée. 1900 1910 Royaume-Uni Pop. totale : 59,3 millions 1920 Hommes 1930 60 C 1 1950 B C 1 40 D D 30 E 1980 1990 E 20 10 2 Suède 1912 Pop. totale : 8,9 millions 1922 Hommes 1932 1942 2 2 INED 02204 40 3 3 E Baisse récente de la fécondité 1910 1970 1980 1980 20 1990 1990 3 10 1940 1950 1960 2 30 Estonie 1970 E 1980 3 1990 1912 A 90 1942 1942 1952 1952 50 1962 1962 40 1982 1992 1992 1 1912 A 80 1932 1982 Année de naissance 1902 Âge 100 Pop. totale : 1,4 millions 1922 Hommes 1932 02504 2002 0 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Fécondité faible dans les années 1930. 2 Reprise de la fécondité dans les années 1940. 3 Passage des générations des années 1940 à l’âge de la fécondité. 4 Reprise momentanée de la fécondité. 1930 40 E 1910 Femmes 1920 1 70 2 1902 20 Population et Sociétés n° 398, février 2004 1 INED 00404 A 0 2000 2000 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Forte émigration. 2 Fin de la fécondité élevée. 3 Reprise momentanée de la fécondité. 1982 INED 80 1970 1972 4 90 1960 1972 10 A 1960 30 4 Année de naissance 1900 Âge 100 Pop. totale : 0,7 million 50 1972 1992 Chypre 1900 1950 1912 2 D Baby-boom 1950 Femmes 1922 1 C Déficit des naissances dû à la guerre 1939-1945 60 80 60 B Passage des classes creuses à l'âge de la fécondité 1940 90 70 Signification des lettres portées sur les pyramides : A Déficit des naissances dû à la guerre 1914-1918 (classes creuses) 1940 Année de naissance 1902 Âge 100 50 1952 1962 1 Pour permettre la comparaison, l’abscisse est graduée en % de la population totale, si bien que la surface des pyramides est la même quels que soient les effectifs de population (Allemagne : 82 millions ; Luxembourg : 0,4 million). 1930 0 2000 2000 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Récupération des naissances différées pendant la 2e Guerre mondiale. 2 Arrivée des générations du baby-boom à l’âge de la fécondité. 1902 Légende commune aux pyramides 1920 Hommes 1930 Femmes 1920 50 1960 1970 80 1910 A 70 B 1940 Année de naissance 1900 Âge 100 90 A En surimpression : pyramide de l’Europe des 25. 1942 50 30 2 1982 * au 1er janvier 2001 pour Chypre. 1932 C 60 1962 1972 90 70 C 1942 1952 Année de naissance 1902 Âge 100 Pop. totale : 10,4 millions Pyramides des âges des 10 nouveaux pays membres au 1er janvier 2003* Femmes 1922 70 C 2 1932 60 1952 1962 2 30 20 3 1942 C 1972 1982 3 10 4 4 INED 1992 00704 2002 0 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Pertes militaires de la guerre 1939-1945. 2 Passage des classes creuses de la 2e Guerre mondiale à l’âge de fécondité. 3 Reprise momentanée de la fécondité sous l’effet de mesures natalistes. 4 Baisse de la fécondité des années 1990. INED 5 L’Union européenne élargie : quinze + dix = 455 Hongrie 1902 1912 A 90 1912 A 80 1922 Hommes 1932 B 60 C 1952 2 3 1962 50 1972 30 C 2 40 4 3 4 20 1982 E 1992 E 10 INED Lettonie 1912 A 1942 1 1942 1952 1952 1962 1962 1972 1972 1982 1982 4 1992 1992 1912 A B 60 C C 50 1962 40 2 2 30 1972 20 3 3 10 1992 4 INED 4 Lituanie 1902 Pop. totale : 3,5 millions 1912 A 1 C 1952 50 1962 40 2 C 2 30 1972 1982 B 60 20 3 3 10 1992 4 INED 01504 4 Malte 1902 1912 A 1922 Hommes 1932 C 1942 1 90 80 1 70 60 C Rép. tchèque 1902 1912 A 1972 1982 1982 1992 1992 90 2 4 1962 3 30 4 20 E 1972 1982 E 10 1992 INED 5 5 02104 2002 0 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Pertes militaires de la guerre 1939-1945. 2 Libéralisation de l’avortement. 3 Restriction de l’avortement. 4 Reprise de la fécondité sous l’effet de mesures natalistes. 5 Baisse de la fécondité des années 1990. Slovaquie 1902 1912 A 1932 1942 1942 1952 1952 1962 1962 1972 1972 1982 1982 1992 1992 Année de naissance 1902 Âge 100 Pop. totale : 5,4 millions 90 Femmes 1922 1 70 B 1932 B 60 C 1912 A 80 1 1942 C 50 2 1952 2 40 3 3 30 4 E 1962 1972 4 20 E 10 5 INED 02304 5 1982 1992 0 2002 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Pertes militaires de la guerre 1939-1945. Forte émigration masculine et féminine. 2 Libéralisation de l’avortement. 3 Restriction de l’avortement. 4 Reprise de la fécondité sous l’effet de mesures natalistes. 5 Baisse de la fécondité des années 1990. Slovénie 1902 1912 A 1932 1922 Hommes 1932 1942 1942 C 1 B 90 70 60 1972 30 1982 1982 1992 10 1992 1992 Femmes 1922 1932 B 1942 C 50 1972 20 1912 A 80 40 1982 Année de naissance 1902 Âge 100 Pop. totale : 2,0 millions 1962 Population et Sociétés n° 398, février 2004 1952 2 40 3 1962 INED 1942 C 50 40 E 1932 B 60 1962 E Femmes 1922 70 B C 1922 Hommes 1932 01704 2002 0 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Forte émigration. 2 Arrivée des classes creuses de la 2e Guerre mondiale à l’âge de la fécondité. 1912 A 80 1 1952 2 INED Année de naissance 1902 Âge 100 Pop. totale : 10,2 millions 1952 30 1982 1992 5 50 2 1972 4 5 1952 1972 1962 3 01904 2002 0 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Pertes civiles et militaires de la guerre 1939-1945. 2 Fin de la fécondité élevée. 3 Arrivée à l'âge de la fécondité des classes creuses de la 2e Guerre mondiale. 4 Reprise de la fécondité sous l’effet de mesures natalistes. 5 Baisse de la fécondité des années 1990. 1972 Femmes 1922 1952 2 10 1962 1912 A 1942 C 20 1962 Année de naissance 1902 Âge 100 Pop. totale : 0,4 millions 1932 B 60 30 1952 0 2002 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Pertes militaires de la guerre 1939-1945. 2 Arrivée à l'âge de la fécondité des classes creuses de la 2e Guerre mondiale. 3 Reprise momentanée de la fécondité sous l’effet de mesures natalistes. 4 Baisse de la fécondité des années 1990. 1 70 3 1952 Femmes 1922 Femmes 1922 40 1942 1912 A 70 B 1942 90 80 1922 Hommes 1932 1912 A 50 1942 Année de naissance 1902 Âge 100 1 B 2 1932 01404 2002 0 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Pertes militaires de la guerre 1939-1945. 2 Arrivée à l'âge de la fécondité des classes creuses de la 2e Guerre mondiale. 3 Reprise momentanée de la fécondité sous l’effet de mesures natalistes. 4 Baisse de la fécondité des années 1990. 90 80 C 1922 Hommes 1932 Femmes 1922 70 B 1952 1982 90 80 1922 Hommes 1932 A 1942 Année de naissance 1902 Âge 100 Pop. totale : 2,3 millions 1912 Année de naissance 1902 Âge 100 Pop. totale : 38,2 millions 1932 5 5 01104 2002 0 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Pertes militaires de la guerre 1939-1945. 2 Fin de la fécondité élevée. 3 Libéralisation de l’avortement. 4 Reprise de la fécondité sous l’effet de mesures natalistes. 5 Baisse de la fécondité des années 1990. 1902 Pologne 1902 1922 Hommes 1932 Femmes 1922 70 B 1 1942 Année de naissance 1902 Âge 100 Pop. totale : 10,1 millions 2 3 1962 1972 3 20 E 10 1952 2 1982 E INED 1992 4 4 02404 2002 0 2002 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 En % de la population totale 1 Pertes militaires de la guerre 1939-1945. 2 Fin de la fécondité élevée. 3 Arrivée des générations de l’après-guerre à l’âge de la fécondité. 4 Baisse de la fécondité des années 1990. INED 6 L’Union européenne élargie : quinze + dix = 455 comptera plus, dans ses frontières actuelles, que pour 18 % parmi les Vingt-cinq. La situation de l’Union européenne est désormais à l’image de celle de l’Europe, continent morcelé par l’histoire, dans lequel les « grands » pays constituent l’exception. La construction démographique de l’Union européenne : de six à vingt-cinq Lors de la signature du Traité de Rome, en 1957, la CEE regroupait 167 millions d’habitants ; sa population a donc augmenté de 288 millions d’habitants en 47 ans (455 moins 167), presque un triplement. Pour l’essentiel, cette croissance résulte des adhésions successives de dix-neuf pays : en 1973, le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark ; en 1981, la Grèce ; en 1986, l’Espagne et le Portugal ; en 1995, l’Autriche, la Finlande et la Suède ; enfin, en 2004, Chypre, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Slovénie (figure 1). L’arrivée en 2004 de dix nouveaux membres comptant ensemble 74 millions d’habitants constitue l’élargissement le plus important en nombres absolus ; mais en termes relatifs, il accroît la population de l’Europe des Quinze de 20 %, soit nettement moins que le passage de Six à Neuf en 1973, qui, avec 64 millions de personnes en plus, avait entraîné une augmentation de 33 %. Au total, la croissance du nombre d’habitants de la CEE puis de l’UE résultant des élargissements successifs (et de la réunification de l’Allemagne en 1991, qui a fait passer la population allemande de 64 à 80 millions) atteindra 235 millions en 2004, après l’intégration des dix nouveaux membres. La population de chacun des pays membres n’est toutefois pas figée : elle augmente ou, quelquefois, diminue. Il y a donc, outre la composante « politique » de la croissance de la population (adhésion de nouveaux membres), une croissance interne qui représente 55 millions d’habitants au total. Au cours des années récentes, la croissance de la population de l’Europe des Quinze était de l’ordre d’un million et demi d’habitants en plus chaque année, chiffre à comparer aux presque deux millions enregistrés dans la seule Europe des Six au début des années 1960. Cet accroissement démographique est fondé sur l’accroissement naturel (différence entre les naissances et les décès) et le solde migratoire (différence entre les entrées et les sorties du territoire communautaire). Pour l’ensemble des pays, l’accroissement naturel atteint 32 millions depuis leur entrée dans la Communauté, dont 28 millions dans les six pays fondateurs. Leur contribution à la croissance est plus importante que celle des autres pays pour deux raisons : ce sont les plus anciens membres, et les premières années de la CEE se situaient encore dans une période de forte croissance démographique. Ainsi, entre 1957 et 1973, soit en 16 ans, la population des Six a augmenté de 25 millions d’habitants, soit plus que dans les 30 années qui ont suivi, durant lesquelles elle ne s’est accrue que de 21 millions. Population et Sociétés n° 398, février 2004 Figure 1 - L’Europe de six à vingt-cinq : la construction démographique En millions d'habitants 500 VINGT-CINQ 450 400 QUINZE 350 Réunification de l'Allemagne DOUZE 300 DIX NEUF 250 200 150 SIX 100 1957 1960 INED 05204 1965 1970 Le solde migratoire se calcule par différence entre l’accroissement démographique total (55 millions) et l’accroissement naturel (32 millions) : il s’établit donc à 23 millions. Sur l’ensemble de la période, la migration a ainsi joué un rôle moins important dans la croissance de la population que le mouvement des naissances et des décès. Mais la situation a changé depuis une dizaine d’années et les migrations constituent désormais le facteur essentiel de la croissance de l’Union européenne. Depuis la fin des années 1980, en effet, l’apport migratoire s’est élevé à plus de 11 millions, soit le double de l’accroissement naturel. Les migrations sont ainsi actuellement le moteur de la croissance démographique de l’Union. C’est un changement dans la nature même du régime démographique de l’Union. On peut suivre, à l’aide de la figure 2, 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 Tableau 1 - Population des pays de l’Union européenne au 1er janvier 2004 Allemagne France Royaume-Uni Italie Espagne Pologne Pays-Bas Grèce Portugal Belgique Rép. tchèque Hongrie Suède Autriche Danemark Slovaquie Finlande Irlande Lituanie Lettonie Slovénie Estonie Chypre (1) Luxembourg Malte Europe des Quinze Dix nouveaux membres Europe des Vingt-Cinq Effectif (millions d’hab.) % 82,5 59,9 59,5 57,5 41,0 38,2 16,3 11,0 10,5 10,4 10,2 10,1 9,0 8,1 5,4 5,4 5,2 4,0 3,4 2,3 2,0 1,4 0,7 0,5 0,4 18,2 13,2 13,1 12,5 9,0 8,4 3,6 2,3 2,3 2,3 2,2 2,2 2,0 1,8 1,2 1,2 1,1 0,9 0,7 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0,1 380,8 83,6 74,1 16,4 454,9 100,0 (1) Non compris la partie turque. Note: Les pays sont classés par population décroissante. Les 10 nouveaux membres sont en gras. Source s: Observatoire démographique européen et Eurostat. INED L’Union européenne élargie : quinze + dix = 455 l’évolution du mouvement de la population dans la CEE puis dans l’UE. En nombres absolus, l’accroissement naturel dépasse un million par an jusqu’en 1970, culminant même à 1,4 million en 1965. Depuis le milieu des années 1970, l’Union européenne est passée de 9 à 15 membres, et de 257 à plus de 370 millions d’habitants, mais l’accroissement naturel est désormais bien inférieur, en deçà de 400 000 par an, à l’exception d’une reprise autour de 1990. À l’inverse, le solde migratoire, tendanciellement déclinant de la fin des années 1950 au milieu des années 1980, a connu depuis lors une forte poussée autour de 1990, liée notamment aux changements en Europe de l’Est. Fait marquant : tous les pays qui constituaient l’Europe des Quinze sont désormais des pays d’immigration, alors que nombre d’entre eux (Espagne, Italie, Portugal, Grèce, Irlande) étaient, Figure 2 - Accroissement annuel de la population de l'Union européenne (moyenne mobile sur 3 ans) (en millions d'habitants) En millions d'habitants 2,5 Europe des 6 E. 9 E. 10 E. 12 Réunification de l'Allemagne E.15 2,0 Accroissement total 1,5 1,0 Accroissement naturel 0,5 0,0 Accroissement migratoire INED 05304 -0,5 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 Tableau 2 - Population (1er janvier 2004) et indicateurs démographiques des pays de l’Union européenne (2002) Population Indicateurs démographiques (en 2002) au Accroissement Accroissement Accroissement Proportion de Indicateur Espérance de vie à la naissance personnes de conjoncturel migratoire naturel total 65 ans et + de fécondité (pour mille (pour mille (pour mille (1) Hommes Femmes (%) habitants) habitants) habitants) er 1 janvier 2004 Allemagne Autriche Belgique Danemark Espagne Finlande France Grèce Irlande Italie Luxembourg Pays-Bas Portugal Royaume-Uni Suède Europe des 15 Chypre (2) Estonie Hongrie Lettonie Lituanie Malte Pologne Rép. tchèque Slovaquie Slovénie Dix nouveaux membres Europe des 25 82,5 8,1 10,4 5,4 41,0 5,2 59,9 11,0 4,0 57,5 0,5 16,3 10,5 59,5 9,0 380,8 0,7 1,4 10,1 2,3 3,4 0,4 38,2 10,2 5,4 2,0 74,1 454,9 1,2 3,5 4,5 2,8 6,7 2,2 4,8 1,0 14,7 3,0 9,5 5,4 7,6 3,6 3,6 3,7 11,8 0,2 -3,2 -6,1 -3,8 6,1 -0,4 -0,3 0,3 0,5 -1,0 3,0 -1,5 0,3 0,5 1,0 1,1 1,2 3,7 -0,2 7,3 -0,3 3,6 3,7 0,8 1,1 0,1 0,8 3,8 -3,9 -3,5 -5,3 -3,2 2,0 -0,1 -1,5 0,1 -0,6 -1,1 0,5 2,7 3,2 4,0 1,8 5,6 1,0 1,1 1,2 7,4 3,3 5,9 1,7 6,8 2,5 3,5 2,9 8,0 4,1 0,3 -0,8 -0,6 4,1 -0,3 1,2 0,2 1,1 0,1 2,5 16,6 15,6 16,9 14,8 17,1 15,2 16,2 17,3 11,2 18,2 14,1 13,7 16,5 14,0 17,2 16,2 11,4 15,5 15,3 15,5 14,2 12,6 12,5 13,8 11,5 14,5 13,3 15,7 1,31 1,40 1,62 1,72 1,25 1,72 1,89 1,25 2,00 1,23 1,63 1,73 1,47 1,64 1,65 1,49 1,49 1,37 1,3 1,24 1,24 1,46 1,24 1,17 1,19 1,21 1,24 1,45 75,5 75,8 75,1 74,8 75,7 74,9 75,6 75,4 74,6 76,7 74,9 76,0 73,8 75,7 77,7 75,7 76,1 65,3 68,4 64,8 66,3 75,8 70,4 72,1 69,9 72,7 69,9 74,8 81,3 81,7 81,1 79,5 83,1 81,5 82,9 80,7 79,6 82,9 81,5 80,7 80,5 80,4 82,1 81,8 81,0 77,1 76,7 76,0 77,5 80,5 78,7 78,7 77,8 80,5 78,2 81,2 (1) Nombre moyen d'enfants par femme. (2) La partie turque non comprise. En italique : données relatives à 2001 (Grèce : 2000) Note : Les résultats relatifs à des groupes de pays (15, 10 ou 25) sont des moyennes des indices nationaux pondérées par les effectifs. Sources : Observatoire démographique européen et Eurostat. INED Population et Sociétés n° 398, février 2004 7 8 L’Union européenne élargie : quinze + dix = 455 jusqu’à un passé récent, des pays d’émigration. L’arrivée des dix nouveaux membres va freiner la croissance démographique de l’Union européenne. Leur accroissement naturel est déficitaire : les décès l’emportent sur les naissances, de plus d’un demi-million depuis 1995, et leur solde migratoire tend à être négatif. Entre anciens et nouveaux membres : deux régimes démographiques différents Tous les pays qui constituent l’Europe des Quinze partagent un même régime démographique, caractérisé par : – un taux d’accroissement naturel très faible, voire négatif, résultant de la faiblesse de la fécondité et du vieillissement de la population ; – une importance grandissante des migrations, devenues dans la plupart des pays le principal facteur de croissance ; – une proportion élevée de personnes âgées, conséquence de la baisse de la fécondité sur le long terme et, depuis une vingtaine d’années, de la baisse de la mortalité aux âges élevés, qui tend à accroître le nombre et la proportion de personnes âgées ou très âgées. Globalement, pour l’Europe des Quinze, le taux de croissance annuel est de 4 pour 1 000 habitants au début des années 2000, avec un solde migratoire (les entrées moins les sorties) de 3 pour 1 000 et un solde naturel (les naissances moins les décès) de 1 pour 1 000. La faiblesse de l’accroissement naturel s’explique en premier lieu par la basse fécondité de l’Europe des Quinze : les femmes y ont en moyenne 1,5 enfant. Le second facteur réside dans le vieillissement de la population – 16 % de personnes âgées de plus de 65 ans pour l’ensemble des Quinze – maintenant un nombre de décès élevé, même quand la mortalité diminue. Ce vieillissement va s’accentuer, notamment en raison de la baisse de la mortalité aux âges élevés. En effet, les grands progrès dans la lutte contre la mort, fondés dans un premier temps sur la baisse de la mortalité des enfants, trouvent désormais leur origine dans un recul de la mortalité des personnes âgées. Ce sont ces nouveaux progrès qui expliquent les chiffres élevés atteints par l’espérance de vie à la naissance : 76 ans pour les hommes, 82 ans pour les femmes. La plupart des nouveaux membres de l’Union européenne connaissent un régime démographique différent (tableau 2). Si l’on excepte Chypre et Malte, dans lesquels un accroissement naturel soutenu est renforcé par un solde migratoire positif, les huit pays d’Europe centrale se caractérisent d’abord par une croissance totale très faible, négative dans cinq d’entre eux. Il y a en effet un déficit prononcé des naissances sur les décès, sauf en Slovaquie, où le surcroît de naissances est très faible (0,1 pour 1 000) et un solde migratoire négatif dans trois pays (Lettonie, Lituanie et Pologne) et faiblement positif dans les autres. Pour l’ensemble de ces huit pays d’Europe centrale, le taux d’accroissement naturel moyen est de – 1,1 pour 1 000, le solde migratoire moyen de 0,1, le taux de croissance est donc de – 1,0 pour 1 000. Cette situation correspond évidemment à une fécondité nettement plus faible que dans le reste de l’Europe, le nombre moyen d’enfants par femme s’échelonnant de 1,39 en Estonie à 1,14 en République tchèque, pour une moyenne de 1,2. En dépit de la baisse récente de la natalité en Europe centrale, qui tend à accentuer le vieillissement relatif de la population, la proportion de personnes âgées (13,3 %) demeure inférieure à celle observée dans les Quinze membres actuels de l’Union, bien qu’elle augmente. Enfin, la mortalité demeure plus forte qu’en Europe occidentale, avec une espérance de vie à la naissance inférieure à 70 ans en moyenne pour les hommes et égale à 78 ans pour les femmes. Au total, l’élargissement va se traduire par un ralentissement de la croissance démographique de l’Union européenne, le taux de croissance passant de 3,7 pour 1 000 à 3,0 pour 1 000, et par un léger rajeunissement, la proportion de personnes âgées de 65 ans et plus diminuant de 16,2 % à 15,7 %. Les implications démographiques de l’élargissement L’élargissement de 2004, et au-delà celui de 2007, sont susceptibles d’avoir de fortes implications démographiques, concernant, soit les seuls nouveaux adhérents, soit l’ensemble des pays de l’Union. Les observateurs s’attacheront en particulier à trois sujets dans les années à venir. En premier lieu, il faudra prêter attention à l’évolution de la mortalité chez les nouveaux membres d’Europe centrale et orientale, qui accusent tous un retard important par rapport à l’Europe des Quinze. S’ils rattrapent ce retard, il faudra y voir un signe positif sur l’évolution de la santé, et plus largement des conditions de vie de la population. Ensuite, la fécondité, actuellement très faible dans ces mêmes pays, connaîtra-t-elle un regain, si les conditions économiques et sociales s’améliorent, et que l’avenir devient moins incertain qu’au cours des dix dernières années ? Ou se maintiendra-t-elle, voire diminuera-t-elle encore ? Les pays de l’Europe méridionale – Espagne, Grèce, Italie et Portugal – sont là pour nous rappeler que l’entrée dans l’Union européenne ne s’est pas traduite, chez eux, par une reprise de la fécondité. Enfin, en ce qui concerne les migrations, l’ensemble de l’Union est concerné. La liberté de circuler et de séjourner dans tous les États de l’Union, dont vont bénéficier les ressortissants des nouveaux États membres, va-t-elle entraîner d’importants mouvements vers les pays occidentaux les plus riches, et en premier vers l’Allemagne ? Quant au déplacement vers l’est de la frontière de l’Union européenne, il ne manquera pas d’imposer une lourde responsabilité aux nouveaux États chargés d’assurer le contrôle des frontières orientales de l’Union : les États baltes, la Pologne et la Slovaquie. POPULATION ET SOCIÉTÉS, bulletin mensuel d’information de l’Institut national d’études démographiques ISSN 0184 77 83 Directeur-Gérant: François Héran – Rédacteur en chef: Gilles Pison – Assistante de rédaction: Céline Perrel – Maquette: Isabelle Brianchon – C.P. n° 1207 B 06304 ADEP - D.L. 1er trim. 2004 Ined : 133, boulevard Davout - 75980 Paris, Cedex 20 – Téléphone : (33) (0)1 56 06 20 00 – Télécopie : (33) (0)1 56 06 21 99 – http://www.ined.fr/publications/pop_et_soc/index.html – e.mail : [email protected] – Responsable des ventes : Françoise Lautrette : 01 56 06 20 88 – Le numéro : 1,50€ – Abonnement 1 an - France : 10€ - Etranger : 16€ – Imp. : Imprimerie Nationale