ontologie - Rencontres SIG La Lettre

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ontologie - Rencontres SIG La Lettre
ONTOLOGIE
Tentative d’épuisement et de déconstruction
Quelques contributions écrites d’un café géo-littéraire animé par Jean-Yves Garinet,
implacable déconstructeur de jargons de tous poils, qui s’est tenu le mardi 17 mai 2011.
En guide d’introduction :
http://www.rencontres-sig-la-lettre.fr/wp-content/uploads/2011/04/Ontologie.mp3
« De toute façon, l'ontologie est une impasse. On la résumerait en une
assertion : ce qui est, est ; le reste, faut voir ».
Jean-Baptiste Botul, La métaphysique du mou
ONTOLOGIE
ON-TO-LO-GIE … Etude de l’être en tant qu’être …. Etude de la chose en tant que chose … Etude d’un
truc en tant que truc … Sublimation de la pensée humaine dans cette autoréférence abyssalement
infinie , voire infiniment abyssale , Socrate aussi avait des habits sales.
L’ontologie est la réflexion primordiale, fondamentale, sans quoi tout n’est rien. C’est l’étude de LA
question dont on sait qu’il ne PEUT PAS y avoir de réponse. L’étude qui PAR NATURE n’aura jamais de
conclusion.
La première fois, il y a qq années déjà, que j’ai pu me formuler intérieurement la question de Leibniz
« Pourquoi y a-t-il qqchose plutôt que rien ? », le sol s’est ouvert sous mes pieds et je n’ai pu m’en
sortir qu’à travers la lecture d’Aristote, Descartes, Locke, Berkeley, Kant , Wittgenstein. J’avoue
humblement ne pas avoir tout compris, mais j’ai pu appréhender la question de l’existence,
l’ONTOLOGIE, qui est la pierre philosophale de la philosophie.
En passant, c’est quand même Descartes, en qui posant la cognition reconnue par le sujet (cogito)
comme une condition suffisante à l’existence (cogito ergo sum) , en disant cela , a définitivement ôté
la possibilité aux blondes de douter justement de cette existence.
Sous un angle totalement différent, la phonétique, la rythmique de ce mot respire la profondeur par
sa simplicité, 4 syllabes basiques, commençant par un ON grave, sérieux, rare, mystérieux, inspirant
forcément le respect. Peu de mots de la langue française commencent par ON, ça se mérite.
Son étymologie est 100% grecque, monocépage … Pas un de ces mots issus d’un assemblage grécolatin comme métadonnées, voire un mot totalement arrangé (avec des copeaux) sur des bases
latines avec une vocation commerciale comme interopérabilité.
Ontologie est un mot qui nécessite une approche, des préliminaires… On ne le prononce qu’après
l’avoir préparé, imaginé, amené …. Sa robe est socratique, son nez est un calcaire du Péloponnèse
et la longueur de sa bouche est définitivement infinie.
C’est au début des années 2000 que j’ai entendu prononcer de mot, dans une réunion de boulot, par
un jeune geek à lunettes, nourri à la pizza et au coca. Il m’a parler d’ontologie , pour remplacer mon
bon vieux MCD, comme un nom commun que l’on peut mettre au pluriel , des ontologies .. alors qu’il
n’y a que LA ontologie , forcément unique … Je l’ai laissé parler et bien sûr ai feint de connaître ce
concept (sous peine de passer pour un con …. je dois veiller à préserver mon statut d’Architecte qd
même). Je me suis ensuite précipité sur le Net pour découvrir que c’est un certain Grüber, un
américain bien sûr, qui a amené ce précieux mot dans le jargon informatico-conceptuelo-technique
en 1992 .L’intelligence artificielle commençait à s’épuiser , il fallait rénover le langage. Et il a dit ,
Grüber , « An ontology is a specification of a conceptualization.” . S’il avait dit « An ontology is a
conceptualisation of a specification” , ça aurait été pareil….. Mais bon, c’est un américain de
Standford … C’est donc une nouvelle vérité.
Moi je dis que l’Amérique est à l’Europe, ce que Rome est à Athènes…. Nos valeurs et nos concepts
nous reviennent déformés, communiqués, marketés, relookés, …
Quand le jeune geek m’a parlé d’ontologies et qu’il m’a fait un dessin d’école primaire avec des mots
reliés par des traits , j’ai failli crier à l’imposture …. C’est comme si un américain me présentait un vin
de Californie qu’il aurait intitulé Vosne-Romanée , seulement parce qu’il l’a élaboré avec du Pinot
Noir.
On devrait protéger les mots et mettre dessus AOC « Appellation d’Origine Contrôlée » … ou pour
être plus moderne IGP « Indication Géographique Protégée »
Bon j’arrête, je bascule de l’onto vers l’oeno – logie , je risque d’être hors-sujet . Etre hors-sujet dans
un débat sur l’ontologie est vraiment déplacé car le propre de l’ontologie est justement de
questionner le sujet de l’intérieur.
Pour finir, cette phrase trouvée sur le Net :
Il serait également possible d’utiliser une ontologie pour réaliser l’interopérabilité sémantique en
normalisant le vocabulaire des métadonnées ..
JYG
ONTOLOGIE
"Ontologie. Je n'ai jamais compris vraiment ce que c'est. Surtout, je n'ai jamais cru une
seconde à son caractère général ou unificateur qu'on essaye de nous vendre. A y regarder de
près, en vrai, cela dépend des milieux, des époques, bref, d'un état social.
Ce qui sera honte au logis pour l'un ne le sera pas pour l'autre. Nous connaissons tous des
exemples calés temporellement : fille-mère à une époque, homosexuel hier, non connecté
aujourd'hui, illettré toujours (avec une exception typique pour les connectés aux réseaux
sociaux).
Au lieu des ontologies, je préconise plutôt d'agir sur l'éducation. Une bonne action de
menée, c'est des dictionnaires de donnés."
(NB : je dis bien : de donnés, ce sont des dictionnaires)
ML
Délire ontologique - ontologie du délire ?
Ontologie...
Quand j'ai reçu le sujet de la dissertation de cette année, je me suis jeté sur mon iPad pour noter
quelques réflexions fulgurantes.
C'est je vous l'avoue un peu périlleux sur ce type d'équipement qui a tendance à n'en faire qu'à sa
tête avec l'assistance à la saisie. Ainsi, la première fois que vous tapez interopérabilité sur votre
clavier virtuel (il faut bien caser le sujet de la dissertation précédente), il vous culpabilise d’une
ondelette rouge, et vous propose "interposez limite", bref tout le contraire de l'interopérabilité... on
nage en plein surréalisme.
Pour en revenir à l'ontologie, je vais vous expliquer pourquoi ce mot provoque en moi un vertige
ontologique. Il y a quelques années, un nouveau DG brillant normalien et énarque est nommé au
BRGM. Lors de son premier tour de l’établissement, on lui présente avec fierté nos sujets de pointe
en matière de recherche, et notamment le web sémantique. On lui parle savamment d'ontologie. Et
il nous interrompt : « oui je sais c'est la science de ce qui est... »
Il faut vous avouer que cela nous a d'abord renvoyés dans nos buts, puis m'a plongé dans des abîmes
philosophiques voire mystiques dans lesquels je voudrais vous entraîner.
La science de ce qui est, c’est d'accord, mais n’est pas un peu large comme concept ? D'ailleurs c'est
quoi alors la science qui traite de ce qui n'est pas ? Essayons de réfléchir un peu à cela…
La science qui traite de ce qui n'est pas, doit développer des concepts sur ce qui n'est pas. Elle doit
par exemple en arriver à décrire ce qui n'est pas : "ce qui n'est pas a telles caractéristiques, c'est de
cette couleur là, ce n’est pas ici….". En résumé elle donne alors une essence a ce qui n'est pas... Du
coup ce qui n'est pas acquière une existence, j'oserais dire ontologique... Mais alors, me direz-vous,
elle ne relève plus de la science de ce qui n'est pas! et enlève par là-même son existence a cette
science de ce qui n'est pas.
Et c'est là que cela devient vertigineux, car si cette science de ce qui n'est pas n'existe pas, alors elle
ne peut pas faire exister ce qui n'existe pas, et donc cette science retrouve son objet, en retrouvant
ce qui n’est pas...
Pour reprendre la phrase du célèbre philosophe des religions Romain Bouteille dans son traité
philosophique « Le Graphique de Boscop » : "merde on tourne en rond, merde on tourne en rond,
merde on tourne en rond…".
Pour terminer en bravant les lois très actuelles de la laïcité (nous sommes bien dans un lieu public) ,
je vais en terminer par une démonstration fulgurante que n'aurait pas reniée Pascal. Est-ce qu'il y a
une ontologie de Dieu ? Oui, bien sûr, la « dé-ontologie », c’est donc que Dieu existe ! CQFD.
FR
Mes frères, mes sœurs, l'heure est à la déconstruction.
Dans une société ontologiquement vouée à l'échec de ses valeurs les plus profondes, il est temps de
nous attarder sur les origines de ce mal civilisationnel : le transjargonnage. Puisque désormais les
partis politiques ont des « logiciels », que les informaticiens « moissonnent », que les journalistes
« taclent », pourquoi les géomaticiens n'auraient-ils pas droit à quelques soucis d'ontologie ?
Comment saisir le mal, en comprendre les racines ? Mais en retournant tout simplement aux racines,
justement.
Car finalement, qu'est ce que c'est l'ontologie ? Oubliez tout ce qu'on vous a dit et que vous avez fait
semblant de comprendre, ou mieux, si vous étiez encore d'attaque, que vous avez cru comprendre.
Oui, je vous le demande, de quoi est constituée l'ontologie ? 9 lettres, 4 consonnes et 5 voyelles, a
priori rien de bien sorcier pour les amateurs des Chiffres et des Lettres... (bon passons, c'est pas
votre génération), si ce n'est qu'avec 3 O, on pourrait se croire mal barrés. Il n'en est rien. L'ontologie
est pleine de ressources.
Commençons petit et modeste : on y trouve aussi bien l'art sacré du NO que le jeu de GO, les
chevaliers qui disent NI et ceux qui sont toujours IN... LE LI, une mesure bien utile au Scarbble. Une
ILE où TITO en TONG côtoie TONIO en TOGE... Nous rencontrons aussi la GNOLE de TONI qui lui fait
gonfler son GILET LETON qu'il garde dans sa LOGE, masquée sous un LOGO de bière LITE quelconque
afin de cet imbécile de GINO ne se rende compte de rien quand il vient jouer aux LEGO avec sa petite
fille LEONI. On se souviendra aussi de nos GOLONIE de vagances, où nous cueillions des TIGE de
GOTON eguitables pour nous former à l'EGO LOGIE. On rêvait d'embarquer sur le NOTILE pour aller
chasser la GOOLE avec notre pistolet LIGETO sous les yeux éblouis de LINE, la fille de TONI justement
!
Mais aujourd'hui, nous sommes désormais assez grands pour inventer notre propre langue... Alors,
aventurons-nous au pays des anagrammes, dernier refuge des adultes qui refusent de grandir et qui
ont troqué leurs ailes d'enfants contre des L d'un autre genre, celles qui se marient avec les N, les G,
les T, les O, les I et les E... dans une grande fiesta sans queue ni tête !
Un pays où l'on parle de :
EGOTOILON : mouvement artistique initié par Dali dans les années 60 consistant à étaler son ego sur
la toile.
ELOIGNOTO : forme substantivée du verbe éloignoter généralement utilisé à la forme réflexive,
s'éloignoter, s'en aller en grignotant...
ETILONOGO : appareil permettant de savoir avec précision qu'il ne faut pas y aller quand on est
bourré !
ETOIGNOLO : Petit éteignoir à étoiles dessiné par Léonard de Vinci.
GLOOTONE : rythme qui colle à la peau, à ne pas pas confondre avec la gloutonne – écriture française
mais même prononciation - qui peut également s'avérer collante et avec un bon rythme !
GONOLOTIE : maladie sexuellement transmissible.
NOTOLOGIE : art de notifier à ses pairs qu'on est bien rentré chez soi.
OGNOTOILE : Tissu écologique très en vogue dans les années 2020, lors du deuxième mandat de
Nicolas Hulot, fabriqué à partir de pelures d'oignons.
OIGNOTELO : organisme de voyages organisés pour amoureux des monuments déjà vus et des
digestions difficiles.
OLIGOTONE : Orage riche en oligo éléments
OLOGOTIEN : période géologique encore mal connue mais très importante puisqu'elle a donné à la
terre une grande partie de ses nutriments actuels, et ce n'est pas le BRGM qui me contredira.
OLONGOTIE : dialecte couramment utilisé dans les courses cyclistes, incompréhensible du reste de la
planète. Il ne resterait qu'une seule cycliste capable de la parler à peu près correctement à ce jour.
ONTOGOILE : Anathème lancé sur certaines femmes musulmanes par des défenseurs de la laïcité
particulièrement enrhumés.
OOTOGNIE : région nordique très accueillante où toutes les Hoote vivent dans des huttes.
OTOIGNOLE : alcool traditionnel des peuples cannibales.
TONGOLOIE : interprétation extrême orientale de la loi du Talion « oeil pour oeil, tong pour tong »)
TONOLOGIE : science de la fabrication de tonneaux résistants à toute attaque de philosophe – le
saint patron de la profession étant bien sûr Diogène.
ONTOLOGIE : sentiment de culpabilité qui peut saisir n'importe lequel d'entre nous qui traîne un peu
trop longtemps à la maison le matin.
FDB