dossier Contrôle-commande et Contrôle
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dossier Contrôle-commande et Contrôle - commande et supervision : Des solutions modulables et modélisées Du capteur branché bus de terrain à la suite logicielle à tentacules, tout est devenu automation et les outils ne manquent pas ! Plus qu’une architecture informatique, c’est une véritable symbiose que l’on demande entre les acteurs de l’entreprise et les machines de production, voire même avec chacun de leurs composants. La modularité des suites logicielles et la programmation par modèles répondent à cette demande exigeante, mais procurent de nombreux maux de tête quand il s’agit de conceptualiser le système ! (PSA Peugeot-Citroën) 28 Mieux utiliser les informations issues de la production pour accroître l’efficacité globale des équipements et processus : un rêve pour toutes les usines, une réalité pour quelques unes. Nombre de suites logicielles d’intelligence industrielle sont pourtant mises sur le marché par autant d’entreprises prestigieuses : ABB, Europ Supervision, Schneider Electric, Siemens A&D, Wonder ware, … Leurs produits permettent aux différents acteurs de l’usine de répondre en temps réel aux événements, voire à les anticiper avant qu’ils n’entraînent des pertes de production, tout en optimisant l’utilisation des équipements et en améliorant la qualité de fabrication. La philosophie ambiante consiste à proposer des solutions modulaires adaptées au cas particulier de chaque industriel tout en étant évolutives et intégrables. Deux facteurs importants rendent la tâche complexe : l’hétérogénéité des sources d’informations (capteurs, automates, PC…) et le volume gigantesque de données à traiter. « En déployant la modularité au sein des entreprises à tous les FLUIDES & TRANSMISSIONS N°77 ●● MAI 2005 supervision niveaux – opérateurs, responsables qualité, responsables maintenance, ingénieurs process et responsables opérationnels – chacun dispose de données pertinentes pour prendre les bonnes décisions, plus rapidement, sur des problèmes parfois complexes », expliquent les responsables de Factory systemes. Technologie d’envergure Le grand défi de chaque projet consiste à intégrer plusieurs systèmes ensembles : ERP, contrôle-commande ouvert, MES… « Les moteurs, variateurs de vitesse, produits basse tension, robots et instruments de mesure sont les briques de construction des solutions technologiques d’envergure », explique ABB, dans son rapport « Technologies de l’automation ». Les capteurs restent à la base de l’instrumentation et des outils d’analyse. La mécatronique est au cœur des systèmes robotisés, de même que les microsystèmes électromécaniques (MEMS). La miniaturisation des dispositifs à électronique de puissance amène sur le marché des appa- P’TIT DICO : AIP : Aspect Integrator Platform. Plate-forme commune intégrant tous les aspects et objets des produits pour en faciliter l’utilisation. Aspect : Ensemble de paramètres dynamiques décrivant un objet Bus de terrain : support de transmission numérique reliant les instruments et automatismes de l’usine CMS : Condition Monitoring Systems ERP : Planification de ressources d’entreprises IHM IHM: Interaction Homme-Machine Java : Langage de programmation indépendant de toute plateforme matérielle. MEMS : Microsytème électromécanique. MES : Manufacturing Execution System Objet : Elément constitutif d’un site industriel (moteur, variateur…) ou action définie (utilisation d’un document) TIA TIA: Totally Integrated Automation reils de plus en plus compacts (moteurs, variateurs et robots), dotés de plus en plus d’intelligence embarquée. Des moteurs, des capteurs et des actionneurs doués d’intelligence sont capables de s’auto surveiller et de communiquer leur état automatiquement. Les différents éléments sont contrôlés par les informations qui circulent entre eux et le tableau de commande. Dans les usines, la technologie de commande avancée repose donc de plus en plus sur la technologie de communication industrielle, des bus de terrain au systèmes sans-fil. Mais chacun parle dans son langage électronique personnel en fonction des protocoles de communication standard qu’il utilise : DeviceNet, Profibus, Interface AS, CANBus, … Aucun n’est bien sûr compatible avec les autres ! Devant une telle Tour de Babel, les concepteurs sont donc obligés de créer des « interprètes » comme les fiches bus de terrain FBP de ABB. Pour exploiter ces systèmes d’automatisation et de contrôle-commande, il faut de surcroît des logiciels robustes et fiables. Du dialogue de tous les équipements résulte l’augmentation des performances de l’ingénierie, de l’approvisionnement, et de la maintenance du site. La production et la fabrication seront intégrées dans ces processus sur une plate-forme commune. Les CMS (Condition monitoring systems) ont d’ailleurs fait l’actualité à Hanovre. Systèmes de surveillance, maintenance préventive et surveillance continue ont pour mission de repérer les signes avant-coureurs d’usure et de prévenir les pannes de système. Piloter des objets La commande par modèles, en plein essor, consiste à piloter des objets « réels » (moteurs, variateurs…) au moyen de modèles informatiques. Cela sim- FLUIDES & TRANSMISSIONS N°77 ●● MAI 2005 29 dossier plifie grandement l’installation du système. Sur le Fleuve Jaune en Chine, Wonderware a automatisé sous la philosophie ArchestrA les 47 écluses servant à réguler son débit, réparties sur 4 000 km. La création d’un modèle a consisté à conceptualiser Contrôle-commande et informatiquement une première écluse et ses différentes données d’intérêt, ce qui a pris quelques semaines, puis à « copier coller » ce modèle sur les 46 autres : en tout, la mise en place de l’automation n’a pris que quatre mois ! Cette méthode, transposée à une industrie qui comprend plusieurs centaines de capteurs, plusieurs dizaines de moteurs, etc…, offre un gain de temps considérable à la mise en œuvre de l’automation et à ses modifications ultérieures. UNE MESURE RAPIDE ET À FAIBLE COÛT Photos Bibus-Doedijns Créée en 1996 et spécialisée dans la réalisation de machines spéciales d’assemblage, d’usinage et de montage, la société Ergos emploie 50 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 4,5 millions d’euros. « Totalement intégrée au niveau de la fabrication, notre entreprise regroupe en interne l’ensemble des corps de métiers afin de pouvoir livrer clés en main les machines de sa conception à des clients appartenant au secteur de l’automobile (75% de notre activité) ainsi qu’aux domaines de la téléphonie, de la cosmétique et de l’industrie pharmaceutique », explique son PDG, Gérard Courtillier. L’entreprise picarde a récemment procédé à la fourniture d’une machine d’assemblage de tendeurs de chaîne à un équipementier automobile. Sur cette machine, il s’agit notamment de vérifier après assemblage une pièce comprenant un clapet anti-retour, une vis de fuite et un trou d’échappement. Pour cela, Ergos a fait appel à la société Bibus Doedijns qui lui a livré et installé trois débitmètres miniatures FSM de marque CKD (2 appareils de +/- 5 l/min et 1 appareil de +/- 10 l/min) avec les trois afficheurs et les trois régulateur de pression. « Les débitmètres permettent de vérifier le débit dans la vis de fuite, la présence du trou et le bon fonctionnement du clapet anti-retour », précise Steve Liebault, Responsable technico-commercial de la région Nord-Ouest chez Bibus Doedijns. Sur un premier poste de test, un débitmètre FSM vérifie le débit dans la vis de fuite après la mise en pression. Sur un deuxième poste, deux débitmètres FSM vérifient la présence du trou et le bon fonctionnement du clapet anti-retour. Après la mise en pression pour tester la fermeture du clapet anti-retour, une mesure est effectuée afin de vérifier le débit de fuite dans celui-ci (au-delà d’un certain débit, le clapet est déclaré mauvais). L’autre côté du clapet est ensuite mis en pression (à une pression inférieure afin de le maintenir fermé). L’opération suivante consiste à vérifier la présence du trou qui se trouve du côté où la pression est la plus faible. Le premier côté mis en pression est ensuite mis à l’échappement et l’on vérifie que le clapet anti-retour s’ouvre correctement. Rapidité de mesure « Nous avons retenu le matériel CKD lorsque Steve Liebault est venu procéder à des essais chez nous, explique Jérôme Castaigne, Responsable du Bureau d’Etudes d’Ergos. Ces essais se sont révélés concluants et le prix intéressant des débitmètres proposés nous a confortés dans notre choix. La machine a pu être livrée au mois d’avril et fonctionne depuis à la pleine satisfaction de notre client ». « Ergos avait envisagé un moment de retenir un système de mesure par différentiel de pression, indique Steve Liebault. Cette solution s’est cependant révélée trop onéreuse et la précision proposée dépassait de beaucoup les besoins. Ergos a donc préféré se tourner vers la solution CKD qui, outre un prix tout à fait compétitif, présente l’avantage d’offrir un débit correspondant exactement à ses besoins, une facilité d’utilisation appréciable, une compacité remarquable et une grande rapidité de la mesure ». De fait, les débitmètres FSM de CKD proposés par Bibus Doedijns fonctionnent en vide et pression. La technologie massique thermique utilisée facilite le montage et n’impose pas d’avoir un circuit rectiligne. Avec un temps de réponse de 50 msec (5 msec pour le FSM-V), la possibilité d’avoir une sortie analogique et un capteur avec deux seuils de détection, les débitmètres FSM s’adaptent à de nombreuses applications comme la détection de pièce, la détection de préhension, le contrôle dimensionnel, la mesure de distance par soufflage, le test de fuite et d’étanchéité… La gamme se décline en 3 séries : FSM (0,05 à 100 l/min, -0,7 à 7 bar), FSM-H (0,25 à 100 ml/min, -0,9 à 10 bar) et FSM-V (bidirectionnel, +/-0,05 à +/- 10 l/min, -1 à 2 bar). Spécialiste japonais des composants pneumatiques, la société CKD existe depuis 1943 et travaille depuis environ huit ans avec le groupe Bibus en Europe. En France, CKD a conclu en 2003 un accord de commercialisation avec Bibus Doedijns. 30 Le concept de régulation en boucle fermée est actuellement hissé du terrain au niveau de la gestion industrielle : on commence par définir des paramètres de production globaux (objectifs de vente, coût…) puis les modèles informatiques calculent les variables du procédé qui répondront à ces exigences économiques. Enfin, on ajuste tous les points de régulation de la production en conséquence. L’exploitation d’une usine fait donc appel à des milliers de lignes de code informatique. Le génie logiciel associé s’échafaude sur une parfaite connaissance du procédé pour chaque application donnée, relayée par les progiciels du commerce. Le logiciel d’exploitation du site et de ses produits ainsi que les processus d’optimisation de l’usine revêtent donc une grande importance. La société Ilog JRules, qui propose des composants logiciels pour l’entreprise, prend l’exemple d’un aciériste : « chaque mois, il gère plus d’un millier de plans de production et coordonne environ 1,5 million d’étapes de production. Chaque plan mis en œuvre repose sur des règles métiers flexibles automatisées. Elles doivent être modifiées facilement pour adapter la production aux besoins des clients, aux tests et procédures d’assurance qualité spécifiques, aux changements de machine ou au traitement des exceptions ». Modifier les processus Le système logiciel donne aux collaborateurs de la planification de la production et de l’assurance qualité les moyens de mettre en œuvre eux-mêmes en quelques heures seulement les modifications de processus nécessaires et ce aussi souvent que l’exige l’environnement opérationnel. « Auparavant, seules les équipes informatiques avaient la capacité de modifier ces processus, ce qui pouvait prendre jusqu’à deux semaines ! », précisent les équipes d’Ilog JRules. Le système automatisé permet FLUIDES & TRANSMISSIONS N°77 ●● MAI 2005 supervision également de réagir plus rapidement aux anomalies de production non conformes aux règles de qualité -limitant ainsi les rebuts et réduisant le délai global de production- d’ajuster et de modifier facilement et avec flexibilité les processus de production au fur et à mesure de l’évolution des contraintes. Frédéric Reichert, chef de produits Festo, explique : « L’idée maîtresse est d’intégrer au maximum les nouvelles technologies électroniques, informatiques et de communication à tous les niveaux des composants et équipements d’automatisation industrielle ». Internet devient le passage obligé de l’accès et de la commande à distance, mais aussi le gage d’une meilleure fourniture de services sur le site. Les transmissions sans fil, déjà intégrées à certains produits, se déploieront parallèlement à l’essor actuel de l’Internet sans fil (WIFI). Au final, la démarche implique aussi bien le niveau bas d’une application (un composant terrain) qu’une fonction de contrôle / commande (sur PC) du niveau supérieur. « Les applications monopostes tendent à disparaître au profit de solutions en réseau » remarque Denis Lubrun, ingénieur support et application de Factory systemes. Il s’agit alors de concentrer sur un serveur l’ensemble des logiciels nécessaire à l’usine et de mettre en réseau la (Schneider Electric) En intégrant la gestion complète de l’usine, l’automation est devenue le miroir indispensable à la bonne santé de sa production. (Wonderware) Une suite logicielle récolte toutes les informations fournies par chaque élément de production pour les remonter dans les centres décisionnels. totalité des postes de production et de décision. Exigence d’efficacité Le marché mondial est en demande croissante de solutions d’automation. En Amérique du Nord, l’exigence d’une meilleure efficacité énergétique – mise en relief par les pannes d’électricité de 2003 qui avaient d’abord fait rire Silvio Berlusconi, juste-avant que sa Nuit Blanche se transforme en nuit noire avec beaucoup d’éclat ! – est un levier de croissance de la demande pour les technologies d’automation aux Etats-Unis et au Canada. « Les incitations aux économies d’énergie sont plus présentes que jamais. Cette démarche ré- FLUIDES & TRANSMISSIONS N°77 ● MAI 2005 sulte à la fois d’une prise de conscience du problème de l’énergie et des activités politiques internationales qui se déclinent dans la classification des rendements et dans la loi fédérale des Etats-Unis », révèlent les dirigeants de Siemens. « L’énergie électrique, en tant que principale source d’énergie de l’industrie, permet aux moteurs, aux machines et à la production de fonctionner. L’industrie représente 40% de la consommation totale d’énergie», insistent-ils. Le marché est aussi en plein essor en Asie et au Moyen-Orient. Mais, l’Europe évolue à un moindre rythme. « Les clients du secteur de l’automation ont surtout 31 besoin de gagner en productivité, en qualité et en développement durable », décrivent les responsables d’ABB. D’autant que « contrairement à leurs confrères allemands, les constructeurs français ne bénéficient pas des performances à l’exportation des fabricants de machines-outils » commente le Gimelec (Groupement des industries de l’équipement électrique, du contrôlecommande et des services associés). Seuls certains secteurs comme ceux de la manutention ou du levage offrent un volume d’affaires intéressant pour les ventes de produits et systèmes de contrôle-commande et d’entraînement, qui évoluent en légère progression. « Les appareils de mesure et contrôle deviennent indispensables dans tous les domaines, car les exigences de sécurité et de qualité se renforcent », remarque le Sessi. « Le parc d’instruments de mesure vieillit, il devrait se renouveler pour répondre aux nouveaux standards », prévient-il. Pour l’instant, le tertiaire, l’énergie, l’eau, les industries des procédés continus et manufacturiers seraient seuls demandeurs de ces technologies. Ce qui n’est déjà pas si mal. Mais, incertitudes conjoncturelles oblige, la volonté affichée par les industriels en France est plutôt d’« optimiser l’existant que d’investir dans de nouvelles installations. » ❙ E.B.