Pies bavardes - Attire d`ailes

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Pies bavardes - Attire d`ailes
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Les Pies bavardes
(Pica pica)
sont-elles trop
nombreuses
Siège social : rue des Écoles 21 à BE 5670 VIERVES SUR VIROIN
Cercles des Naturalistes de Belgique (CNB) – Section ATTIRE D’AILES
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L ES P IES BAVARDES (P ICA PICA )
SONT - ELLES TROP NOMBREUSES ?
Paul GAILLY1
Les Pies bavardes (Pica pica) sont-elles trop nombreuses et responsables de la
disparition des petits passereaux ?
En défrichant les forêts, en favorisant les milieux ouverts, nos habitudes urbanistiques
créent de nombreux milieux favorables à la Pie bavarde. Si les populations de Pies bavardes
sont actuellement en bonne santé, elles le doivent en partie à leur protection légale, mais
surtout à l’évolution des paysages au cours des dernières décennies.
Le « métier » de la Pie bavarde dans la « nature » est celui de prédateur opportuniste et il est
vrai qu’elle consomme des œufs et de jeunes oiseaux.
Mais la Pie bavarde ne prélève généralement des œufs ou des oisillons que pour nourrir sa
propre nichée. Elle n’en a qu’une seule par an, alors que merles, hirondelles, moineaux… en
mènent deux ou trois. Une seule nichée est donc prélevée par la Pie bavarde. Des études ont
montré que la Pie bavarde n’est pas responsable de la raréfaction des petits oiseaux.
D’autre part, les humains ont introduit dans leur environnement un prédateur bien plus
dangereux, qui tue non seulement pour se nourrir, mais aussi sans nécessité alimentaire : le
chat. Dans les zones urbaines ou suburbaines, un territoire de Pie bavarde peut compter de
10 à 30 chats ! Leur impact sur les populations d’oiseaux, aussi bien jeunes qu’adultes, est
considérable et la présence de nombreux chats crée bien souvent des « déserts »
ornithologiques.
La diminution ou la disparition des « petits oiseaux » est donc le plus souvent imputable aux
chats et surtout à la transformation du paysage : élimination des vieux arbres, des haies
d'épineux… qui sont remplacés par des bouleaux ou des forsythias, qui n'offrent aucune
protection pour les nichées et sont donc sans intérêt pour les oiseaux de ce point de vue.
Peuvent se superposer à ces phénomènes de portée générale des événements particuliers par
exemple les mauvaises conditions météorologiques pendant la saison de nidification ou une
longue période de couverture neigeuse, qui chasse beaucoup d'oiseaux vers le sud
(mésanges, pinsons…). De telles circonstances peuvent par exemple expliquer le peu de
visites aux mangeoires pendant l'hiver. La conséquence de ces phénomènes est une légitime
impression de désert ornithologique… mais la Pie bavarde n'y sera que pour peu de chose.
Il faut également signaler que les Pies bavardes sont d'infatigables bâtisseurs qui
construisent nombre de nids complets ou ébauches de nids. Cette prolifération de
constructions, parfois une dizaine par territoire, donne souvent une fausse impression
d'abondance de la Pie bavarde, de nombreuses personnes imaginant que chaque nid est
occupé par un couple de Pies bavardes.
1 Paul GAILLY est ornithologue, et directeur du service éducatif chez NATAGORA.
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Dernier détail, les Pies bavardes peuvent constituer en hiver des dortoirs rassemblant parfois
plus de cent individus. Ces rassemblements effrayent également le public, bien qu'ils soient
tout à fait temporaires et se tiennent à une époque où il n'y a aucun problème avec les
« petits oiseaux »… sauf à la mangeoire. Si la compétition est trop ardente, il suffit de
disperser la nourriture dans le jardin et, surtout, de présenter de diverses manières (au sol,
suspendue, mangeoire trémie…) différents types de nourriture (déchets de table, graines de
tournesol, graisse…). Cette manière de faire réduit fortement la compétition entre les
différentes espèces qui viennent chercher leur pitance dans le jardin.
Enfin, les Pies bavardes – tout comme les autres Corvidés – sont des oiseaux remarquables,
présentant des comportements sociaux et familiaux tout à fait passionnants à observer.
Photo : René DUMOULIN
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