Cirrhose du foie
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Cirrhose du foie
21 SE SOIGNER Cirrhose du foie ZOOM SUR LE PREMIER STADE Maladie du foie, la cirrhose peut évoluer du stade compensé (sans symptôme grave), au stade décompensé (avec complications). Un suivi médical précoce et une hygiène de vie peuvent permettre d’éviter ou de ralentir l'évolution. Dans ce numéro, Remaides fait le point sur le stade le moins avancé : la cirrhose compensée. Traiter une cirrhose due à une hépatite C La cirrhose est une maladie du foie, à la progression lente, provoquée notamment par une hépatite virale chronique C, B ou D (en France, les hépatites sont la deuxième cause de cirrhose après l’alcool. Cependant, elles n’évoluent pas toutes vers la cirrhose). En stade “cirrhose”, le foie est souvent plus petit, plus dur. Il est recouvert de cicatrices importantes (la fibrose) consécutives à la mort des cellules du foie. Les délais d’apparition d’une cirrhose sont variables (entre 10 et 40 ans après la contamination par une hépatite virale devenue chronique). Certains facteurs accélèrent son développement (principalement le fait d'être porteur du VIH et la consommation d’alcool). Au stade de la cirrhose compensée (sans complications), les symptômes ne sont pas fréquents ou relativement “modérés” (fatigue, perte d’appétit, de poids, jaunisse légère, troubles sexuels, etc.). Il arrive donc que, en l’absence d’un dépistage, on ait une cirrhose sans le savoir. On peut traiter une hépatite C lorsqu’on a une cirrhose compensée. On emploie généralement un traitement “classique” par interféron pégylé (injection une fois par semaine) et ribavirine (gélules ou comprimés, deux fois par jour, avec le repas). Le traitement peut apporter une amélioration de l’état du foie, et parfois la guérison (élimination du virus). Mais il arrive (rarement) qu’au contraire, le traitement aggrave l’évolution de la cirrhose. Aussi, une discussion approfondie avec le médecin et un suivi médical très attentif sont nécessaires. Si un ou plusieurs traitements contre l’hépatite C n’ont pas réussi à éliminer le virus, un traitement “d’entretien” (interféron pégylé à faible dose, sans ribavirine) peut être mis en place afin d’essayer d’éviter la progression de la cirrhose. N’hésitez pas à discuter avec votre médecin des avantages et des inconvénients de ce traitement d'entretien, qui est encore à l'étude. De nouveaux médicaments contre l’hépatite C sont à l’étude mais ne seront probablement pas disponibles avant plusieurs années. Traiter une cirrhose due à une hépatite B Dans la plupart des cas, on traite l’hépatite B avec des médicaments (gélules ou comprimés) qui bloquent le virus. Ces médicaments ne semblent pas présenter de risque particulier en cas de cirrhose compensée. L’interféron est parfois utilisé et demande les mêmes précautions que pour l’hépatite C. Lorsque le traitement est efficace, l’état du foie peut s’améliorer. Mais attention : il ne faut jamais arrêter un traitement contre l’hépatite B sans accord du médecin spécialiste du foie (on risque une aggravation brutale de l’hépatite). Parmi les médicaments actuellement disponibles, certains ont l'autorisation officielle pour le traitement de l'hépatite B et d'autres Quel suivi médical ? En cas de cirrhose, un suivi médical spécialisé (médecin hépatologue) est indispensable : • des bilans sanguins réguliers (tous les 3 mois) ; • une endoscopie digestive tous les 1 à 3 ans pour dépister la présence • des échographies (ou parfois scanner ou IRM) pour dépister éventuelle de varices dans l’œsophage ou leur évolution (introduction précocement un éventuel cancer du foie (tous les 4 à 6 mois ; et par la bouche d’une toute petite caméra. Si vous êtes trop stressé, selon les experts, tous les 3 mois si l’on a le VIH car les risques sont une anesthésie générale peut être effectuée). plus importants) ; Illustration : Jacqueline Maman - remaides 58 - décembre 2005 Qu’est-ce que la cirrhose du foie ? 22 SE SOIGNER sont employés contre le VIH, mais ont également une activité contre l'hépatite B : adéfovir (Hepsera), lamivudine (Zeffix ou Epivir, également présent dans Combivir et Trizivir), ténofovir (Viread), emtricitabine (Emtriva) et, bientôt sur le marché, entécavir (Baraclude). Plusieurs autres médicaments sont à l’étude. Des molécules pour la fibrose De nombreuses molécules dites “anti-fibrosantes” sont à l’étude pour évaluer leur bénéfice sur le foie. Certains produits (disponibles en vente libre : pharmacie, supermarché, magasin de diététique, etc.) sont utilisés par certaines personnes pour leur éventuel rôle protecteur sur le foie. L’efficacité de ces produits n’a pas été démontrée. Leurs effets indésirables semblent rares mais, par précaution, il est recommandé de demander l’avis de son médecin. Cirrhose et médicaments remaides 48 - juin 2003 - Illustration : Jacqueline Maman La plupart des médicaments sont transformés par le foie. Lorsque cet organe fonctionne moins bien, l'élimination des médicaments est modifiée. Cela se produit surtout en cas de cirrhose compensée avancée ou de cirrhose décompensée. On risque d'avoir plus d'effets indésirables et de toxicité pour le foie ou, parfois, une moindre efficacité des médicaments. Il est indispensable de faire le point avec son médecin sur tous les traitements que l'on prend afin, si besoin, d'ajuster les doses : somnifères, anti-douleurs, substitution (Subutex), etc. Il faut aussi discuter avec lui des médicaments “courants” : aspirine, paracétamol (Doliprane, Efferalgan, etc.), anti-inflammatoires, antibiotiques, etc. Quant aux traitements anti-VIH, il est particulièrement utile de mesurer leurs concentrations dans le sang (dosage sanguin) afin, si nécessaire, que le médecin adapte les doses. Enfin, si l'on prend des remèdes (y compris des tisanes) à base de plantes, il est également utile d'en parler à son médecin. Cynthia Benkhoucha Remerciements au Dr Marc Bourlière Hôpital St Joseph (Marseille) Cirrhose, alcool, tabac et autres drogues Quand on a une cirrhose, il est important d’éviter à son foie toute forme d’agression. La consommation d’alcool est déconseillée (ou alors juste un verre très occasionnellement). Les drogues sont à éviter, en particulier les plus toxiques pour le foie comme la cocaïne ou les dérivés d’amphétamines (ecstasy, etc.). Le tabac contribuerait aussi à aggraver les lésions du foie, mais ce risque est certainement moins important que l'alcool ou les drogues citées précédemment. Pour un soutien face à vos dépendances, vous pouvez parler avec votre médecin et joindre Drogues Info Service (tél. : 0 800 23 13 13, gratuit depuis un poste fixe) ou 01 70 23 13 13 (depuis un portable) et Écoute Alcool (tél. : 0 811 91 30 30). Cirrhose compensée et alimentation Une alimentation régulière et équilibrée est préférable pour une meilleure santé et une meilleure efficacité des traitements. Il n’y pas de régime particulier si l'on n'a pas de complication de la cirrhose. En revanche, avoir un “surpoids” contribue à aggraver les lésions en provoquant une surcharge de graisse dans le foie, appelée stéatose. Il est alors conseillé de consulter un(e) diététicien(ne) ou un médecin nutritionniste. La cirrhose décompensée La cirrhose décompensée, c’est l’apparition de symptômes importants, pouvant être graves, dus au fait que : • les fonctions du foie (épuration du sang, sécrétion de bile, coagulation, etc.) sont progressivement perturbées (c’est l’insuffisance hépatique) ; • le sang circule difficilement à travers le foie, ce qui entraîne une forte pression dans la grosse veine reliant le système digestif au foie (la veine porte). C’est l’hypertension portale. Un cancer du foie peut également survenir au cours de la cirrhose. Ces complications seront abordées dans un prochain article de Remaides.