Employabilité des jeunes : est

Transcription

Employabilité des jeunes : est
Jeunes
Faut-il avoir peur de l’avenir ?
École entreprise
Je t’aime moi non plus ?
Numérique
École : surfera, surfera pas ?
Auparager
La Start Up qui lutte contre
le gaspillage alimentaire
L’année des minis en 7 EPI
Soyons
agiles
L’ESSENTIEL
Ambitions & chiffres clés
Les actualités 2015
Réforme des collèges : enjeux et perspectives
Parrains, Marraines et Partenaires : merci
Les 4 programmes EPA
3 questions à Thibault Lanxade Vice-Président du MEDEF
Conseil d’administration et conseil des présidents
P. 6
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QUESTIONS D’AVENIR À 6 EXPERTS
Employabilité des jeunes : est-ce devenu un gros mot ?
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Jerick DEVELLE, Directeur Marketing Innovation et Communication Groupe Adecco
Jeunes : faut-il avoir peur de demain ?
P. 31
Marianne URMÈS, The Boson Project
J’ai fait mon 1er Conseil d’Administration à 15 ans : c’est grave ?
P. 34
Paul MAILLEFERT, PDG de la mini Entreprise-EPA Coup d’Coeur
École numérique : surfera, surfera pas ?
P. 37
Patrick BERTRAND, Directeur Général de CEGID
École & Entreprise : je t’aime, moi non plus ?
Blandine MULLIEZ, Présidente de la Fondation Entreprendre
EPA : le jeu en vaut-il la chandelle ?
P. 41
P. 43
Catherine BERTHO-LAVENIR, Rectrice de Martinique
L’ANNÉE DES MINIS, EN 7 EPI
Langues et cultures étrangères ou régionales
Transition écologique et développement durable
Culture et création artistique
Information, communication, citoyenneté
Sciences, technologie et société
Monde économique et professionnel
Corps, santé, bien-être et sécurité
P. 48
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P. 68
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LES CHIFFRES CLÉS
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l’éducation et de l’esprit d’entreprendre.
Par l’engouement que génèrent notre
activité et nos programmes : +20% de
bénéficiaires cette année. Cet état d’esprit conquérant, nous l’accompagnons
d’initiatives structurantes et innovantes
pour préparer l’avenir. Comme le lancement du programme Innov’EPA qui invite entreprises, élèves et professeurs à
réfléchir autrement sur des solutions et
services de demain. Ou encore le privilège d’avoir été retenu par la Fondation
AlphaOméga, créée par Maurice Tchenio et Martine Clavel, pour nous accompagner à structurer notre organisation
et développer notre activité, pendant au
moins trois ans. Ou encore ces convictions
de partenaires et d’experts que nous
avons invités pour nous éclairer sur des
sujets de société et d’avenir, en cahier 2.
L’agilité suppose la souplesse, c’est la
qualité de ce qui plie mais ne rompt
pas. Est agile celui qui sait s’adapter
aux contraintes pour les transformer en
forces. Ce sont aussi tous ceux qui savent
se remettre en cause pour se réinventer.
C’est aussi tous ceux qui vont nous
rejoindre sur le marché du travail :
on les appelle les Z, les digital natives ou les edges... Eux sont agiles,
et vont nous entraîner à l’être comme
l’explique Marianne URMÈS (p.31).
Les virages, décisions ou mutations
entrepris par EPA témoignent de cette
extraordinaire envie de se dépasser,
avec agilité. La réforme des collèges
en septembre 2016 ? Une opportunité de déployer largement le programme
Mini Entreprise-EPA au cœur des Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI) et avec une autonomie accrue des établissements. La nouvelle
carte des régions ? L’occasion de revoir
notre organisation tout en renforçant
notre maillage territorial. Les perspectives ouvertes par l’école numérique ?
Nous prenons les devants en mettant en
place notre intranet collaboratif pour faire
vivre nos programmes au travers l’école
du numérique. Chaque nouvel enjeu est
une nouvelle occasion de nous questionner, de relever de nouveaux défis.
Ce rapport 2014-2015 a souhaité rendre
compte de cet appétit d’avenir qu’EPA, les
jeunes, nos partenaires et les entreprises
partagent. Nous vous souhaitons à tous
une bonne lecture.
Jerôme Gervais et Jean-Claude Rouanet,
Co-présidents EPA France
Julien Vasseur, Directeur national
2014- 2015 est une année charnière pour
EPA : par l’actualité et les enjeux particuliers, médiatisés et politiques autour de
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EPA : 21 ans d’existence en France
Déployer
ses forces
Aujourd’hui, la fédération accompagne et
fait grandir ses projets dans toute la France
métropolitaine et Outre-Mer, avec plus de
25 000 jeunes participants. Nous sommes loin
de la petite centaine de pionniers qui ont débuté
l’aventure EPA avec nous. Nous sommes devenus plus forts, plus structurés, désireux de soulever toute une jeunesse pleine de ressources.
Plus que jamais, dans un contexte de crise
économique, mais aussi de crise de confiance
et de perte de repère, l’enthousiasme et l’avenir que portent les solutions EPA sont au cœur
des enjeux politiques, économiques et sociaux.
L’essentiel est là.
+20%
de bénéficiaires
de nos programmes
P. 8
P. 10
« L’initiative d’EPA est toute indiquée pour relier monde
de l’éducation et de l’entreprise. Cette démarche
structurante pour les élèves démontre à quel point
le projet est moteur et créateur de richesses. Nous
avons vu une dynamique nourrie par la motivation, par
l’appropriation du projet, par l’éclosion d’intrapreneurs.
Mettons des jeunes en situation et ils nous blufferont !
Merci pour ces initiatives, aux enseignants ouverts à
l’entrepreneuriat, aux managers (parrains, marraines)
ouverts au génie de la jeunesse. Continuons à leur
donner des «crayons» pour nous dessiner demain ! »
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Ambitions & chiffres clés
Les actualités 2015 : des Mini Entreprises-EPA
remarquables, des fondations partenaires éclairantes,
un intranet connecté, des initiatives dans toute la France,
une réforme des collèges prometteuse
Réforme des collèges : enjeux et perspectives
Parrains, Marraines et Partenaires : merci
Les 4 programmes EPA
3 questions à Thibault Lanxade Vice-Président du MEDEF
Conseil d’Administration et Conseil des Présidents
Jean-Marie Estève, Président du Club des Managers Hérault Méditerranée,
parrain de Speaking Green, Mini Entreprise-EPA Post bac qui a conçu la
poubelle connectée.
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Ambitions
& engagements
2016 : les 7 +
+ accessibles
Entreprendre Pour Apprendre
a pour mission de développer
l’esprit d’entreprendre chez
les jeunes et les préparer au
mieux à intégrer et réussir
leur vie sociale et professionnelle. En 2014-2015, le réseau
a sensibilisé près de 25 000
élèves dans le secondaire dont
17 000 mini-entrepreneurs.
Nous souhaitons ces prochaines années réunir les
conditions pour consolider
nos appuis et devenir une référence pour tous les entrepreneurs de demain. Notre
ambition est que chaque élève
du secondaire ait la possibilité
de participer au moins une fois
durant sa scolarité à un programme pédagogique EPA.
Nous avons pour cela formalisé 7 engagements.
en intégrant des groupes de travail, en
travaillant une version allégée de 6 MiniEntreprise-EPA ou en créant un parcours
éducatif EPA
+ vifs
en définissant des plans stratégiques de
développement et des objectifs chiffrés
de croissance ambitieux mais réalistes,
tout en conservant la qualité de nos
programmes
+ centraux
en devenant la référence de
l’esprit d’entreprendre auprès des
parlementaires, dirigeants, leaders
d’opinion…
+ solides
en concevant des politiques partenariales
win/win, pour EPA et l’ensemble des
associations
+ unis
en structurant la fédération EPA France
sur la nouvelle carte des régions
administratives
+ parlants
en consolidant nos outils de
communication (site fédération,
présentations, charte commune…)
+ connectés
aux technologies pour déployer nos
programmes de façon plus pratique,
vivante, interactive, en mettant
en place des bases de données, un
intranet, des formations numériques.
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Attention :
jeunes
en pleine
construction
d’avenir
À l’issue d’une année de travail, une grande
présentation des lauréats des salons régionaux est organisée chaque année pour
les Mini Entreprises-EPA (collèges, lycées,
post-bac et Initiatives Emplois) et pour les
Start Up Programme-EPA (post-bac). 2015
a été particulièrement riche en initiatives :
c’est au total 66 Mini Entre
prisesEPA tout confondu qui ont été présentés.
Nous avons eu l’immense honneur d’être
accueillis au Ministère de l’Economie,
de l’Industrie et du Numérique, le 3 juin
2015 pour le Championnat des Mini Entreprises-EPA, et à l’Université Paris Descartes pour le Championnat des Start Up
Programme-EPA . Le palmarès 2015 ?
Construction Express TP :
la Martinique à l’honneur
La Martinique, pionnière des Dom Tom
en la matière, porte le projet EPA depuis 2014. Cette année, 19 classes (collège et lycée) se sont ainsi lancées
dans l’aventure. Pour leur première
participation, c’est un carton plein
martiniquais : les 14 élèves de 1e du
lycée professionnel Léopold Bissol de
la Mini Entreprise-EPA Construction
Express TP ont remporté haut la main
le titre de Champion National 2015.
Ils sont ensuite allés à Berlin pour le
championnat européen.
Leur produit ? Pié karaïb, des pas de
jardin en béton fibré, en forme de Martinique, Guadeloupe et Guyane. Au-delà
du produit lui-même, l’ensemble de leur
prestation était d’un professionnalisme
surpassant le niveau post-bac, selon
les membres du jury. Un succès qu’ils
doivent à leur motivation, mais également à l’implication de tout un lycée :
les responsables du CDI pour un coup
de pouce en marketing/communication,
le professeur d’anglais pour les préparer à l’entretien d’anglais du championnat français, et les coacher intensivement pour le championnat européen, le
professeur de français pour préparer
leur présentation...
Ainsi, Auparager :
• collecte les invendus alimentaires grâce
à la filière de récupération qu’ils ont créée
• élabore des recettes bistronomiques,
variant selon les arrivages (comme ce
bavarois à la tomate, cœur d’artichaut &
chips de peau de tomate)
• cuisine dans son foodtruck Meals &
Wheels (ancien bus RATP réaménagé
en cuisine, prêté par l’association partenaire Calidris qui réinsère des jeunes
filles de quartiers défavorisés dans la vie
professionnelle)
• sert à prix très raisonnables (10 euros
le menu entrée/plat ou plat/dessert & son
smoothie maison) pour rendre plus accessible consommation responsable et
gastronomie. Très avisés, ils ont choisi un
foodtruck pour son aspect très événementiel, vivifiante vitrine de communication à
lui seul qui se déplace sur divers événements gastronomiques ou en rapport avec
le gaspillage alimentaire. Leur crédo :
« Vous dénigrez, on anoblit, vous hésitez, on embellit, puis dégustez : vous
serez surpris. »
Auparager : la Start Up
Programme-EPA qui
lutte contre le gaspillage
alimentaire
Alors que près de 40% de la production mondiale est jetée dans le monde,
7 étudiants de l’école de gastronomie
Ferrandi ont décidé de s’engager activement, avec goût et succès, dans la lutte
contre le gaspillage alimentaire. Voici
Auparager, la Start Up Programme-EPA
gagnante du championnat national 2015
qui a représenté la France au championnat européen en juillet, à Lisbonne. En
vieux français, auparager signifie anoblir.
Ce qu’ils anoblissent ? Légumes moches,
fruits cabossés, salades flétries ou autres
invendus alimentaires au cœur de « plateformes AUPARAGER SHARING ». Chacune
est un eco-système solidaire et engagé
qui mobilise tous les acteurs concernés
par le gaspillage alimentaire (producteurs, distributeurs, transformateurs,
consommateurs et pouvoirs publics).
Auparager, Start Up Programme-EPA
championne de France 2014-2015
Construction Express TP, Mini Entreprise-EPA
championne lycée 2014-2015, avec M. Jean-Paul
Delevoye, président du CESE
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place un solide management de la qualité.
Puis en mesurer les impacts : c’est un
chantier en cours que nous souhaitons mener le plus scientifiquement possible avec
des méthodes pragmatiques. Mais encore
faut-il s’accorder sur le sens du mot impact.
Par exemple la mini-entreprise a-t-elle un
impact sur l’orientation, sur l’insertion, sur
la motivation des jeunes et sa durée ? Cette
culture de l’impact, très anglo-saxonne, est
cruciale pour nous.
« La mesure de l’impact social » :
de quoi s’agit-il ?
Fondation
AlphaOmega :
consolider,
mesurer les
progrès
AlphaOmega est une fondation de Venture
Philanthropy créée par Maurice Tchénio,
fondateur d’Apax Partners et pionnier du
Private Equity. Elle accompagne EPA depuis 2014 à travers un mécénat financier
(dons) et de compétences : les équipes
d’AlphaOmega ainsi que des partenaires
extérieurs interviennent gracieusement
sur des opportunités ou problématiques
identifiées ensemble. Par exemple :
Quelle est la mission
d’AlphaOmega ?
AlphaOmega œuvre sur l’éducation et la
réinsertion professionnelle des jeunes
en France. Nous soutenons ainsi toute
une chaîne éducative dans laquelle EPA
trouve sa place : les plus jeunes avec
l’Association Coup de Pouce (ex Apféé)
qui lutte contre le décrochage scolaire
en primaire, le réseau des Écoles de
la 2e chance qui permet à des jeunes
marginalisés de retrouver le chemin de
l’éducation et de l’emploi, et entre les
deux, EPA qui intervient notamment au
collège pour donner une représentation
fidèle et tonique de ce qu’est l’entreprise
et du rôle que les jeunes peuvent y jouer.
Les efforts de la Fondation AlphaOmega sont fléchés sur les structures et non
sur les projets. Nous préférons fortifier
les associations de l’intérieur (outils,
recrutement, expertises) pour leur permettre de servir de plus en plus de bénéficiaires, de façon efficace : car les deux
sont indissociables.
• définir un statut juridique, fiscal et
comptable pour les Mini Entreprises-EPA
avec le cabinet Latham & Watkins
• réfléchir aux différentes opportunités
de croissance d’EPA et à un nouveau modèle organisationnel de la fédération avec
le cabinet de conseil OC&C
• actualiser les contrats des salariés EPA
avec le cabinet de droit social ACTANCE.
AlphaOmega soutient également une typologie inédite de R.O.I, bienveillante, saine
et génératrice de confiance : la mesure de
l’impact social. Martine CLAVEL, Directrice Générale d’AlphaOmega, revient sur
cette posture pleine de pragmatisme.
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Les donateurs sont nombreux et enthousiastes, mais se demandent naturellement
et sainement « à quoi servent mes dons ».
Nous pensons qu’il faut passer d’une attitude de don à un comportement d’euro
utile. Il s’agit donc de prouver que les dons
sont utilisés à bon escient et ont des résultats non financiers, mais sociaux. Pour
cela, nous avons commencé avec EPA par
travailler sur une « démarche qualité »
autour de leur programme pédagogique.
L’intensifier tout d’abord en mettant en
Mini Entreprises-EPA : au
cœur du progrès digital
EPA a lancé son nouvel intranet en septembre 2014 avec une ambition digitale affirmée : passer au tout numérique et permettre à toutes les équipes gravitant autour des
mini-entreprises de mieux travailler, mieux collaborer, mieux avancer ensemble.
L’intranet EPA, central et collaboratif, souhaite développer :
• la collecte d’informations métier
(établissements, projets, utilisateurs)
compilées dans une base de données
commune à toutes les associations régionales. Enjeu prioritaire de cette année, l’intranet a réuni les meilleures expertises pour son déploiement et utilise
le cloud pour son efficacité et son excellent rapport qualité/prix. Aujourd’hui
l’effort est mis sur la formation des utilisateurs pour faciliter la prise en main de
ce nouvel outil.
• la dématérialisation de documents pédagogiques partagés, comme cela a été fait
pour l’ensemble du guide pédagogique EPA
• le travail collaboratif avec des espaces
dédiés pour chaque projet (stockage de
document, calendrier partagé, forum de
discussion, newsfeed...). Chaque région
a son propre espace dédié et peut communiquer directement avec ses intervenants en région (enseignants, parrains,
bénévoles)
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Aux 4 coins
de France
EPA Ile-de-France labelisée « La France s’engage »
La France s’engage est une grande initiative présidentielle qui labellise et accompagne, tous les six mois, 15 nouveaux
projets d’intérêt général portés par des
associations, des fondations et des entreprises. Entreprendre Pour Apprendre est
honoré de rejoindre cette communauté
d’acteurs innovants, prêts à mutualiser
bonnes pratiques et conseils de réussite.
Les Mini Entreprises-EPA :
engagées solidaires
Les Mini-Entreprises EPA existent pour
un an et ont reversé l’ensemble de leurs
bénéfices 2014-2015 aux associations de
leurs choix. Plus de 150 associations d’intérêt général ont ainsi été soutenues par
les EPA de toute la France. Pour exemple,
les Mini Entreprises-EPA de Haute-Normandie ont reversé près de 5 000 euros à
des associations caritatives en 2014, et de
15 000 euros depuis sa création à des associations aussi bien nationales (Restos du
cœur, SPA...) que locales (Au nom d’Inès
qui aide une petite fille atteinte du syndrome de West, Bébés Bulles 76 qui lutte
contre l’isolement des enfants autistes...).
L’intérêt pédagogique EPA :
parlons-en !
Accompagner une mini est une aventure passionnante. Voilà pourquoi EPA
multiplie les actions de sensibilisation,
notamment auprès des professeurs. À
Caen, par exemple, EPA Basse-Normandie a conseillé les professeurs de
collège et de lycée souhaitant créer une
Mini Entreprise-EPA avec leurs élèves,
et a organisé des ateliers auprès d’étudiants stagiaires de l’Ecole Supérieure
du Professorat (ESPE) et de Caen. Le
1er avril, l’association était aussi présente au colloque académique « nouveau parcours pour s’orienter », dans
le cadre de la mise en place du Parcours Avenir (voir p.16) : pour exposer
au corps enseignant la démarche et les
outils clé en main EPA.
15 000 €
reversés par EPA Haute-Normandie
depuis sa création
+ de 350
jours de formation menés en France
pour les professeurs
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TodoSunshine Mini Entreprise-EPA
lauréate 2015 du GEP
SCOP: un statut qui a le
vent en poupe
L’esprit d’entreprendre
n’a pas de frontières
Les SCOP (Sociétés COopératives et Participatives) séduisent de plus en plus de
Mini Entreprises-EPA : 17% (contre 6% l’an
dernier) ont choisi ce statut. Sa particularité ? Tous les porteurs du projet sont associés au capital de l’entreprise : tous sont
égaux devant les montages, les décisions,
les directives...
L’esprit d’entreprendre se décline aussi à l’international et les EPA de France
n’hésitent pas à s’engager dans des initiatives internationales. Ainsi, EPA Ile de
France compte 10 Mini Entreprises-EPA
inscrites sur la plateforme Enterprise
Without Borders, développée par Junior
Achievement Europe (JAEurope) qui met
en relation diverses mini-entreprises européennes. Trois d’entre elles ont participé au GEP (Global Entreprise Challenge),
challenge qui permet à des jeunes lycéens
de découvrir les problématiques liées à
la mondialisation.
La SCOP est un moyen pour être
toutes et tous sur le même pied
d’égalité et de prendre les
décisions de manière collective
sans hiérarchie
Victor de la mini-entreprise RECUPLIVRE
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En 10 ans, nous avons réussi à structurer
un réseau où chaque projet grandit avec
respect et autonomie. Car si l’aide financière est nécessaire, le nerf de la guerre
reste l’accompagnement des projets, ce
que nous faisons main dans la main avec
la vingtaine de responsables de groupes
d’agences de BNP Paribas mobilisés auprès des associations sur le terrain. Donc
oui, nous sommes heureux de voir l’engouement que le projet suscite au sein de
la banque et les belles histoires qu’il encourage. Tout comme nous sommes satisfaits d’avoir pu monter le programme
Odyssées Jeunes avec le département de
la Seine-Saint-Denis, ce qui a permis à
plus de 30 000 collégiens de bénéficier de
voyages pédagogiques. Mais il faut rester
modeste car beaucoup reste encore à faire
pour les quartiers.
41
millions d’euros en mécénat mobilisés
par le groupe BNP Paribas dans le
monde en 2014
Pourquoi accompagner EPA ?
Porter
le Projet Banlieues
avec La Fondation
BNP Paribas
tives culturelles, de recherche scientifique
dans le champ du changement climatique,
et de solidarité dont l’éducation fait partie.
Suite aux émeutes qui ont ébranlé la région parisienne en 2005, la Fondation BNP
Paribas a souhaité mobiliser ses forces
autour d’un projet marquant pour les quartiers populaires : le Projet Banlieues est
né. 10 ans après, elle renforce ses engagements en faveur notamment de l’éducation comme vecteur de l’emploi. C’est sur
cet axe qu’EPA est fier d’être accompagnée
la fondation en déployant ses Mini Entreprises-EPA dans 3 nouvelles villes après
Paris : Nantes, Strasbourg et Marseille.
Jean-Jacques Goron, Délégué Général
de la Fondation BNP Paribas, en détaille
les enjeux et perspectives. La Fondation
BNP Paribas, créée en 1984, coordonne le
mécénat du Groupe et soutient des initia-
Voilà une belle aventure
de 10 ans déjà...
Oui : il y a eu énormément de belles victoires derrière le Projet Banlieues. L’avoir
construit avec et autour de l’ADIE et
l’AFEV que nous accompagnions déjà, a
eu un effet d’entrainement très fort. Le
volet Initiatives Locales, destiné à soutenir les petites associations qui agissent
au sein des quartiers en faveur de l’emploi, de l’éducation et du « vivre ensemble
», lancé à cette occasion, a lui aussi été
porteur de beaux succès. Avec des associations souvent modestes qui ne seraient sans doute jamais venues à nous...
Dans le champ de la solidarité, l’éducation
est un volet essentiel que nous soutenons
depuis toujours. Nos partenaires aspirent
à diminuer les inégalités des chances, à favoriser l’insertion professionnelle et donc
la création d’emplois. Nous cherchions
un acteur capable de nous accompagner
dans une nouvelle voie: l’envie d’entreprendre. Les Mini Entreprises-EPA nous
paraissaient être de solides arguments
pour cela. Nous intervenons ainsi avec
EPA dans des établissements professionnels qui sont plus proches du monde du
travail et sont largement fréquentés par
des jeunes issus de milieux populaires.
Ce lien entre le monde de l’éducation et le
monde professionnel est précieux : diminuer les méfiances réciproques, faire que
la rencontre se passe bien mérite tous ces
effort déployés. Nous avons fêté nos 2 ans
de collaboration et souhaitons renforcer
nos actions ensemble.
Jean-Jacques GORON,
Délégué Général Fondation BNP Paribas
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Réforme
des collèges :
une opportunité
Parcours Avenir : quels sont pour
vous les enjeux ?
Déployée sur les quelques 7 100 collèges de France dès septembre 2016, la
réforme des collèges mettra en place
2 types d’enseignements complémentaires. L’accompagnement personnalisé,
et 8 Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI, dès la 5e) : corps, santé,
bien-être et sécurité ; culture et création artistique ; transition écologique et
développement durable ; Information,
communication, citoyenneté ; Langues
et cultures de l’Antiquité ; Langues et
cultures étrangères ou, le cas échéant,
régionales ; Monde économique et professionnel ; Sciences, technologie et société. Deux EPI seront abordées chaque
année, 4 heures par semaine, et permettront le développement de compétences variées : oral, outil numérique,
esprit créatif, langues étrangères… Les
EPI seront des temps privilégiés pour
la mise en oeuvre du Parcours Avenir
porté par l’Education Nationale. Pierre
Ferracci, Président du Conseil National
Education-Economie (CNEE), revient
sur cette « formidable opportunité de
rencontres entre ces 4 acteurs que sont
l’école, les associations, l’entreprise
et les collectivités ».
entreprise, d’ingénierie de projet, d’accompagnement toute l’année. L’esprit
et la conception pédagogique d’EPA
ont un vrai temps d’avance, qui correspond tout à fait à l’esprit de ce qu’on
doit faire dans un EPI. La plus-value
pour les élèves, quant à elle, ne fait
plus débat : c’est là toute l’idée de la
réforme du collège…
Le Parcours Avenir doit préparer les
élèves à leur insertion sur le marché du
travail : accompagner le projet d’orientation, faire découvrir le monde professionnel, soutenir l’esprit d’entreprendre.
Pour le CNEE, le défi est de mobiliser
le monde économique et professionnel
pour faire réussir ce parcours et permettre aux enseignants de remplir les
objectifs des EPI. Beaucoup d’initiatives se sont développées dans ce sens,
comme EPA. Mais l’enjeu est le changement d’échelle : il faut passer de l’artisanat à l’ère industrielle, développer de
façon massive ces actions pour garantir
le succès du Parcours Avenir. On y réfléchit, tous ensemble : chefs d’établissement, enseignants, salariés et dirigeants
d’entreprises, associations…
Vous êtes confiant ?
Totalement. Pour la première fois, il y
va y avoir un vrai temps consacré pour
tous les élèves à la relation école-entreprise, et pour laquelle les enseignants disposent de solutions simples.
Il y a un vrai lien intime entre les projets tels que EPA les conçoit, et les projets de la réforme des collèges. On va
chercher les élèves différemment, on
met en valeur des compétences dont
ils n’avaient même pas connaissance,
on pose un autre regard sur eux... et
donc ils changent de regard sur eux.
J’ai été surpris, lors du championnat,
de voir des élèves qui n’en étaient déjà
plus vraiment.
Pourquoi EPA ?
EPA crée tout à la fois du lien fort (entre
élèves, enseignants et entreprises), et
des projets. Cette force peut emporter
une réelle adhésion. Je pense qu’il va
y avoir une vraie demande côté enseignants, puisqu’ils vont devoir gérer leurs
EPI avec une vraie logique de projet collaborative (interdisciplinaire) : ce qui
n’est pas évident. Et EPA est une solution clé en main, d’intermédiation école/
Pierre FERRACCI,
Président du CNEE
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Mon rôle de parrain
était complémentaire des professeurs et plus facile :
motiver, citer des
exemples vécus,
donner des conseils,
rassurer, insuffler
la nécessaire endurance qui faisait
parfois défaut… la
vie d’une entreprise
n’est pas un fleuve
tranquille, il y a des
hauts et des bas, ce
qui est une école
de vie.
Devenez ce que vous avez envie d’être !
C’est parfois compliqué, mais ce n’est
rien par rapport au bonheur et à la fierté
de créer son propre emploi, d’y prendre
du plaisir et de se réveiller le matin en se
disant qu’on vit de sa passion !
Frédérique Grigolato (fondatrice de Clic and Walk,
Présidente du Concours 2015)
Cette expérience m’a montré les
différentes étapes de la vie d’une
entreprise, et qu’il n’y a pas que des
moments roses.
Laurène Barachet
(mini-entrepreneuse DRH)
Dans la mini-entreprise,
je ne suis plus le prof qui
impose un savoir mais un
guide pour répondre aux
mini-entrepreneurs
Marc Kunkel (enseignant)
Jean-Michel Le Neve
(accompagnateur)
-
L’implication de chefs d’entreprises,
de collaborateurs d’entreprises :
Investir et s’investir avec EPA, c’est
transmettre aux jeunes une passion,
les coacher et leur faire découvrir une
réalité professionnelle. C’est aussi
découvrir de nouvelles générations,
de nouveaux enthousiasmes, de nouvelles façons de voir le monde et de le
faire évoluer, dans le cadre du monde
de l’éducation.
nous avons besoin de vous pour témoigner, accompagner, soutenir les projets
des jeunes. Parrainage (suivre le projet d’une Mini-Entreprise ou Start Up
pendant une année scolaire), intervenir
comme un « expert » auprès d’un projet
EPA, devenir jury sur nos salons régionaux ou championnats nationaux...
Missions & Compétences :
Christian Humbertclaude
(parrain)
L’apport le plus important d’EPA
est sans doute l’apprentissage
du travail en équipe : partager
un objectif commun, s’organiser, planifier, accepter les différences, s’entraider… Certains
élèves se sont révélés être de
vrais leaders.
Devenir partenaire EPA :
une expérience forte,
d’aujourd’hui et pour
demain
Nos élèves ont pris conscience
que l’on peut créer de
la richesse tout en préservant
l’environnement et que l’être
humain est l’élément
central de l’entreprise.
Il suffit d’être accessible et attentif
aux préoccupations des participants
(élèves de primaire, collégiens, lycéens
étudiants...) et savoir encourager, dynamiser, conseiller sans imposer.
Depuis ces 7 ans, j’ai rencontré
différentes classes : pour qui le démarrage était difficile, ou pour qui
l’organisation interne est complexe
mais également les classes championnes, graines d’entrepreneurs.
Quoi qu’il en soit, tous ces jeunes
entrepreneurs en herbe débordent
d’énergie et de créativité ce qui
nous laisse présager des futurs
potentiels entrepreneuriaux.»
Les modes de soutien
et partenariat
Mécénat : en tant qu’association à
but non lucratif et reconnue d’intérêt
général, tout soutien à notre action
(quelle que soit sa forme : mécénat financier, mécénat en nature, ou mécénat de compétences) ouvre droit à une
réduction d’impôt qui s’inscrit dans le
cadre d’un dispositif très souple.
Hinda Mehri, marraine BGE
Mini-Entreprises EPA
Taxe d’apprentissage le seul impôt
pour lequel les entreprises peuvent
choisir les bénéficiaires.
Stéphane Battaglia (enseignant)
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4 programmes
pour défricher l’avenir
Entreprendre Pour Apprendre est membre du réseau mondial JA Worldwide. Ce mouvement, né en 1919 aux États-Unis,
prépare les jeunes au monde professionnel via des programmes pédagogiques sur le principe du « Apprendre en
faisant ». Le mouvement a gagné notamment l’Europe où une
fédération européenne est née en 1977. C’est sur cette dynamique que nous intervenons auprès des jeunes générations,
via 4 programmes.
Notre Commune-EPA
(CM1/CM2)
Start Up Programme-EPA
(post-bac)
Une première découverte sous forme
d’ateliers pour mieux comprendre le
monde économique et comprendre le
fonctionnement d’une collectivité, en
insistant notamment sur l’éducation à la
citoyenneté et le rôle du commerce de
proximité.
Étudiants, enseignants et entrepreneurs
construisent et gèrent collectivement
une entreprise active. Il s’agit, pour les
étudiants, d’appréhender la démarche
de création d’entreprise en réalisant un
business plan préparatoire à la création
d’entreprise et ensuite de lancer l’activité
de celle-ci.
Mini Entreprise-EPA
(4e au BTS)
Innov’-EPA
(secondaire et supérieur)
Une équipe, accompagnée par un enseignant et un entrepreneur parrain, se mobilise pendant une année pour créer son
entreprise, grandeur nature. Découverte
concrète de la vie en entreprise, appréhension de la gestion de projet, réflexes
pour concrétiser une idée, tenue des objectifs. Ce dispositif innovant favorise
l’orientation des élèves par la pratique de
différents métiers.
Une journée pour convaincre : il s’agit,
pour ces élèves de la 4e à la Terminale (générale, technologique et professionnelle)
de répondre à une problématique donnée
à travers 4 étapes : cellule créativité, préparation de la présentation, auto-évaluation, et présentation de 5 minutes devant
un jury. Sens de l’analyse, de la recherche,
de l’argumentation, esprit critique et synthétique sont challengés, en équipe. En
collaboration avec le Rectorat, EPA, et un
acteur local.
Quel est le regard que porte le
MEDEF sur la jeunesse ?
La jeunesse d’aujourd’hui connaît trop
bien la crise économique et un taux de
chômage trop important. Les jeunes
doutent de nos institutions et ont parfois
le sentiment d’être oubliés par la génération actuellement au pouvoir. En parallèle,
ils voient le monde bouger, savent se saisir des opportunités du numérique, sont
ouverts sur l’international, créatifs et curieux. Par ailleurs, si deux tiers des jeunes
de 18 à 34 ans se disent plutôt très optimistes, plus de 80% déclarent que le travail est important pour eux, pas seulement
pour gagner de l’argent mais aussi pour
s’épanouir. Ainsi cette jeunesse constitue
un défi majeur pour les entreprises car
les attentes vis-à-vis du monde économique ont changé. Les entreprises doivent
s’adapter, que ce soit en termes de recrutement, de formation, de management, de
gestion des carrières et des compétences.
Mais au-delà de leur capacité à intégrer
ces jeunes générations, les entreprises
ont désormais un rôle social plus large
qu’elles ne peuvent ignorer. L’entreprise et
l’envie d’entreprendre sont des réponses
à une société challengée par sa jeunesse.
Pourquoi accompagner EPA
en tant que partenaire ?
Les Mini Entreprises-EPA sont un projet phare soutenu par le Medef en faveur
de la diffusion de l’esprit entrepreneurial. Car c’est dès le plus jeune âge que
la culture entrepreneuriale, l’envie et
l’esprit d’entreprendre, la prise de risque
doivent être enseignés. Permettre aux
élèves de toucher au plus près du terrain
la réalité d’une entreprise, lever des tabous et les a priori mais aussi casser les
stéréotypes, donner l’occasion aux enseignants et aux chefs d’entreprise de se
parler et se rencontrer, tels sont les enjeux que porte le programme des mini-entreprises et les raisons pour lesquelles
il est capital de soutenir EPA. Le Medef
considère qu’EPA est l’acteur historique
en matière de diffusion de la culture entrepreneuriale et l’envie d’entreprendre
auprès des élèves du secondaire. Mais
c’est aussi un enseignement pratique interdisciplinaire extrêmement vertueux.
L’efficacité de son programme « mini-entreprises » n’est plus à démontrer. Du
chemin reste cependant à faire afin d’aider les équipes à déployer ces mini-entreprises sur tout le territoire et dans un
maximum d’établissements scolaires.
Comment accompagnez-vous EPA ?
Le Medef accompagne EPA depuis de nombreuses années. Que ce soit au niveau national ou territorial, son soutien passe par
une très forte mobilisation des équipes du
Medef, par une implication des adhérents
du Medef dans le développement des mini-entreprises, par la co-construction
d’outils pédagogiques sur l’entrepreneuriat. Le Medef relaie aussi à chaque occasion qui lui est donnée l’intérêt de promouvoir le programme des mini-entreprises; il
en fait une des mesures phare qu’il porte
lors des Assises de l’Entrepreneuriat ou
au Salon des Entrepreneurs.
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Le Conseil d’Administration
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& le comex
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ASSOCIATIONS RÉGIONALES EPA :
14. Secrétaire EPA BOURGOGNE
Yves NOIROT 15. Membre du comex
EPA Ile de France Daniel TOUTAN 16.
Membre du comex EPA Ile de France
Bruno BACIOTTI 17. Membre du comex EPA RHONE ALPES Pascal REBER 18. Trésorier EPA Nord Pas de
Calais Amaury FLOTAT 19. Co-président EPA MIDI PYRENEES JeanClaude ROUANET
Le Conseil des Présidents
1. EPA Alpes Provence Philippe MARC, Président 2. EPA Alsace Georges WALTZ, Président
3. EPA Aquitaine Jean-Charles DUPLAA, Président 4. EPA Auvergne Fabrice MONTAL, Président
5. EPA Basse Normandie Michel RENARD, Président 6. EPA Bourgogne Yves NOIROT, Président 7. EPA Bretagne Patrick BOBE, Président 8. EPA Centre Marc BRUGIERE, Président 9.
EPA Champagne Ardenne Bertrand BOUSSAGOL, Président 10. EPA Corse Serge SANTUNIONE,
Président 11. EPA Franche Comté Serge COUESMES, Président 12. EPA Haute Normandie Xavier
PREVOST, Président 13. EPA Ile de France Bruno BACIOTTI, Co-Président, 14. EPA Ile de France
Daniel TOUTAN, Co-Président 15. EPA Languedoc Roussillon Claude CHAUVY, Président 16. EPA
Lorraine Bertrand LOUAPRE, Président 17. EPA Martinique Manuel BAUDOUIN, Président 18.
EPA Midi Pyrénées / France Jean-Claude ROUANET, Co-Président 19. EPA Nord-Pas-de-Calais
Amaury FLOTAT, Président 20. EPA Pays de Loire Joseph GRIMAUD, Président 21. EPA Picardie
Cécile BISCH, Co-présidente 22. EPA Picardie Patrick FERET, Co-président 23. EPA Poitou Charentes Joël MAZET, Président 24. EPA Rhône Alpes Pascal REBER, Président 21. EPA FRANCE
Jérôme GERVAIS, Co-président
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EDUCATION : 1. Ministère de l’éducation Nationale, Brigitte
DORIATH 2. Secrétariat général de l’enseignement catholique,
Jean Marc PETIT 3. APEL, Cedrick REYNAUD ABSENT : PEEP
Véronique HERVIOU ENTREPRISES : 4. FONDATION GROUPE
ADECCO, Laurence HURNI 5. EURONEXT, Catherine THERET 6.
FINANCES ET PEDAGOGIE, Chantal FAZEKAS 7. ORACLE,
Dominique VAN DETH 8. BNP PARIBAS CARDIF, Héloïse LAURET
INSTITUTIONS ET RÉSEAUX NATIONAUX : 9. MEDEF, Jacky
ISABELLO 10. Agefa PME, Laurence SOUDRY-DUBARRY
11. CJD, Sophie PELLIER & CCI, Thierry Olivier GASCARD
PERSONNES QUALIFIÉES : Isabelle KNOCK MEO 12. Gabriel
MADELIN 20. Co-président Jérôme GERVAIS
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L’équipe des permanents EPA France
21. Directeur national Julien Vasseur
22. Responsable du développement ,Raphaël Lorenzini
23. Responsable formation et qualité des programmes Nicolas Koster
24. Chef de projet communication et événements Zélie Verdeau
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Questions d’avenir ? Réponses d’experts.
EPA a fait appel à 6 experts, engagés comme
nous pour la cause entrepreneuriale, à donner leur point de vue sur des sujets de société. De l’employabilité des jeunes aux relations
école /entreprise, de la génération Z aux enjeux numériques, de la Mini Entreprise-EPA
aux enseignants qui les accompagnent : tous
sont optimistes et voient l’avenir arriver avec de
belles opportunités de développement et d’épanouissement. Pour les jeunes, les entreprises,
et tout ce que cette formidable rencontre peut
et va générer.
Questions
d’avenir ?
Réponses
d’experts.
P. 28
Employabilité des jeunes : est-ce devenu un gros mot ?
Jerick DEVELLE, Directeur Marketing Innovation et Communication Groupe Adecco
P. 31
Jeunes : faut-il avoir peur de demain ?
Marianne URMÈS, The Boson Project
« J’ai 17 ans, et j’ai envie d’être chef d’entreprise. Surtout
après une expérience telle qu’EPA, où l’on évolue dans
un milieu adulte. »
P. 34
J’ai fait mon 1er Conseil d’Administration à 15 ans : c’est grave ?
Paul MAILLEFERT, PDG de la mini Entreprise-EPA Coup d’Coeur
P. 37
École numérique : surfera, surfera pas ?
Patrick BERTRAND, Directeur Général de CEGID
Paul MAILLEFERT, PDG de la Mini Entreprise-EPA Coup d’Cœur
P. 41
P. 43
École & Entreprise : je t’aime, moi non plus ?
Blandine MULLIEZ, Présidente de la Fondation Entreprendre
EPA : le jeu en vaut-il la chandelle ?
Catherine BERTHO-LAVENIR, Rectrice de Martinique
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Employabilité des jeunes :
est-ce devenu
un gros mot ?
Avec Jerick DEVELLE,
Directeur Marketing Innovation
et Communication Groupe Adecco
Leader mondial en Ressources Humaines avec plus de 5 000
collaborateurs permanents et 130 000 intérimaires délégués
chaque semaine, le Groupe Adecco dispose d’une vue imprenable sur le monde de l’emploi. Nous avons souhaité faire un focus sur les jeunes et leur employabilité. Est-ce devenu un gros
mot, une notion que les jeunes ne comprennent pas ou plus, un
sujet tabou sur fond de 24% de chômage pour les moins de 25
ans (avril 2015) ? M. Develle nous répond.
Comment vont les jeunes ?
Ils ont tout lieu d’aller bien et d’avoir
confiance en l’avenir. L’économie va
mieux, les paramètres démographiques et
la nécessité de rentrer de plain pied dans
le monde digital ouvrent une voie d’excellence pour la France. Quelles que soient
les entreprises, quel que soit le métier, le
Big Data et ses techniques vont jouer un
rôle clé. C’est toute une culture digitale
dont les jeunes sont imprégnés qui a infusé et orienté des comportements et des
valeurs. Car au-delà des compétences
pures, c’est la posture des jeunes qui sera
jugée, avec sa capacité à adopter des comportements qui iront dans le sens des attentes des entreprises.
28
Sont-ils dans cette posture ?
est loin d’être parmi les meilleurs européens. Les pays aux meilleurs résultats
ont tous misé sur l’apprentissage. En
septembre 2015, le Groupe Adecco a donc
créé la première école de l’alternance : 15
filières métier qui vont permettre d’entrer
dans la vie active par ce biais car nous
considérons que favoriser le rapprochement école / entreprise est la meilleure
façon d’accompagner l’emploi des jeunes.
Et EPA, par ses actions et ses mini-entreprises, va également dans ce sens.
C’est la jeunesse de notre pays qui en fera
son avenir !
Oui bien sûr : les difficultés ont amené
les jeunes à s’adapter, mais aussi les enseignants à passer le message, à transmettre des notions très claires sur l‘adéquation entre la vie des entreprises et
leurs comportements. En permettant
aux entreprises d’aller dans les écoles,
EPA accélère le mouvement, et sait nous
mettre en contact avec les enseignants
qui sont évidemment le vecteur essentiel
de ce qu’on a à transmettre. Ils jouent vraiment bien le jeu. Et c’est presque cela qui
compte le plus.
Quels sont les freins ?
La valeur ajoutée d’EPA est donc
dans la relation ?
Nous vivons une situation inédite : 3 générations vont travailler en même temps.
Cela va forcer chacun à s’adapter à la
culture de l’autre, mais va générer des
conflits entre 2 univers aux contradictions
fortes. La culture digitale et la culture
traditionnelle, la culture en réseau et la
culture hiérarchique, des collaborateurs
qui veulent être évalués sur leurs résultats
et non plus sur le chemin emprunté. Cela
génère des conflits importants, qui pourraient être évités. Par exemple avec du
mentoring pour accompagner les jeunes
dans l’univers professionnel de l’entre-
EPA est un tiers de confiance qui valide,
garantit et oriente la qualité de la relation
entre professeurs, entreprises et élèves,
et apporte une expérience concrète aux
jeunes. Des chiffres sont frappants : 60%
de jeunes estiment qu’ils ne disposaient
pas des informations nécessaires lorsqu’ils ont choisi leur premier emploi. S’il
est possible d’exposer ces jeunes très tôt
à la parole d’entrepreneurs, qu’ils comprennent la diversité de métiers qu’ils
peuvent occuper, que des entrepreneurs
se sont posé les mêmes questions d’orientation qu’eux se posent...
Les jeunes :
un sujet complexe et difficile ?
De plus en plus, nous
aurons affaire à des gens
qui auront plusieurs vies
professionnelles,
en même temps.
Oui en effet. Le Groupe Adecco a pris des
engagements forts en 2013 en faveur des
personnes en situation de fragilité, de
l’emploi durable, mais aussi du premier
emploi des jeunes de moins de 26 ans. De
ces 3 sujets, c’est ce dernier le plus difficile. En France, les entreprises ne sont
pas assez proches de l’enseignement et
des jeunes encore à l’école. La France,
avec un taux d’emploi des jeunes de 60%,
29
Les jeunes sont-ils confiants ?
prise, et du reverse mentoring pour se
nourrir des valeurs et visions des jeunes :
c’est une question de transmission qui ne
peut être que constructive. Quand on vient
d’une culture traditionnelle, il est difficile
d’entendre un jeune en entretien de recrutement jauger de son évolution dans
3 mois. Et pourtant il faut avoir cette réponse. Nous sommes passés de la culture
de l’effort à la culture de l’instant.Ça ne
veut pas dire que la performance ne sera
pas bonne, mais que cela nécessite des
réflexes différents.
Pas vraiment, non. C’est en ce sens qu’EPA
joue un rôle fantastique : elle nous donne
l’occasion de leur dire qu’il faut avoir
confiance, de leur rappeler que demain est
plein d’opportunités, qu’il sera plus souple
et permettra à chacun de construire son
propre avenir. C’est en tout cas ma conviction. L’emploi et le travail vont de plus en
plus être des mots différents. Il y aura
plusieurs vies professionnelles en même
temps : l’explosion des auto-entrepreneurs en atteste avec des collaborateurs
en entreprise qui gèrent des multi-carrières. Ou encore l’engouement des jeunes
pour le modèle Start Up, que le Groupe
Adecco accompagne d’ailleurs avec le projet Start Up Tour qui sélectionne et incube
des projets en ressources humaines. Ce
foisonnement d’activité est un mouvement
de fond, encouragé par de nouveaux outils
comme Kickstarter ou le crowdfunding
qui permettent de pouvoir s’épanouir et de
s’exprimer en s’investissant dans divers
projets et entreprises.
EPA joue un rôle
fantastique : elle nous donne
l’occasion de leur dire qu’il
faut avoir confiance
Comment améliorer
l’employabilité ?
Il faut arriver à irriguer tous les secteurs
d’activité : l’alternance, les stages sont
par exemple d’excellents moyens à condition de rendre plus accessibles certains
secteurs comme la stratégie, la finance,
la logistique... En face, il s’agit de former
les managers à savoir travailler avec les
jeunes générations. Les entreprises n’ont
pas le choix : les meilleures seront celles
qui sauront garder cette jeunesse sur le
long terme, qui seront capables de mettre
en place une organisation basée non plus
sur le statut mais sur la contribution.
30
Jeunes : faut-il avoir peur
de demain ?
Avec Marianne URMÈS, du cabinet de conseil The Boson Project
thebosonproject.com / [email protected]
The Boson Project est un cabinet de conseil atypique qui se définit comme un catalyseur des idées du capital humain. C’està-dire ? Il bouscule les entreprises dans leurs modèles traditionnels pour les aider à replacer les collaborateurs au cœur
des organisations et pour les mettre en mouvement. C’est une
nécessité, voire une urgence, de les mobiliser pour affronter
les grandes mutations - digitales, sociétales, humaines, auxquelles les entreprises doivent faire face. The Boson Project,
auteur de l’étude « La grande invaZion » sur la génération Z et
réalisée avec BNP Paribas, décrypte leurs attentes et comportements « symptomatiques d’un changement du monde ».
Alors : gros mot ou pas ?
Génération Z : qui es-tu ?
Gros mot : oui, car il faut qu’il soit écrit en
gros, avec d’autres mots comme avenir,
épanouissement professionnel... Et EPA
est un beau moyen pour cela. Bien sûr
qu’il faut entreprendre car cela permet
de construire en marchant. Entreprendre
pour apprendre c’est bien, mais apprendre
pour entreprendre l’est également. Le
nom de cette association doit se lire dans
les 2 sens.
Les jeunes Z portent une autre façon de
concevoir le monde de l’entreprise. Ils raisonnent différemment de leurs aînés car
ils sont issus d’un monde numérique qui
a bouleversé profondément et rapidement
nos sociétés : plus ouvert, transparent, interconnecté, agile, rapide… Tout cela est
inconscient : ils ne savent tout simplement
pas faire autrement car ils n’ont connu que
cela. En arrivant dans des entreprises traditionnelles, pyramidales, ils se cognent
la tête sur des modèles qu’ils ne comprennent pas et qui ne leur ressemblent
pas. Pour eux, l’entreprise de demain est
plus plate, les échelons hiérarchiques
raccourcis, elle est plus ouverte sur les
éco-systèmes qui l’entourent comme le
monde des Start-Up ou de l’éducation,
31
comme les Shadow COMEX, sorte de COMEX off qui réunissent de jeunes collaborateurs et challengent la vision du COMEX
officiel avec un regard, une posture différents. Ou le reverse mentoring pour lequel
de grands patrons se font aider par des
jeunes : au début sur des sujets aussi légers que Comment tu fais un tweet ?, cela
déborde très vite sur des sujets plus fondamentaux comme la vision stratégique
de l’entreprise.
c’est un système vivant où les collaborateurs sont des cellules agiles capables de
se remettre en cause et se réinventer très
rapidement. Les managers seraient non
plus au-dessus mais à côté, comme des
coachs, et ne feraient d’ailleurs que manager, pour le faire bien. Pour eux, et c’est
aussi ce que nous pensons et souhaitons,
l’entreprise de demain aura remis le capital humain au cœur de son développement, saura écouter les responsabilités
et pourra bouger de façon vite et bien, car
elle sera à l’écoute des idées neuves et
partagées. C’est ce que nous faisons avec
les entreprises que nous accompagnons :
repenser leurs modèles, démontrer à la
tête le potentiel réformateur de la base.
Tout cela pour mettre le capital humain en
capacité de transformer l’organisation.
Les Z : quelles différences
avec les Y ?
Notre étude La grande invaZion nous a
appris une chose stupéfiante : c’est la
première fois qu’une génération ne se
construit pas en opposition à la précédente. Les Z sont une amplification des Y :
ils ont besoin d’engagement, sont en quête
de sens, font passer le pourquoi avant le
comment, l’exemplarité avant le statutaire, l’accomplissement avant la réussite.
Cela traduit un changement profond du
monde et de notre société. Avec les Y et les
Z, nous avons pris conscience des mutations de fond qui s’opèrent, que les entreprises allaient devoir se transformer pour
s’adapter, avant qu’il ne soit trop tard et
que les jeunes se désengagent totalement
du modèle. Nous sommes convaincus que
ces jeunes qui font du bruit en bas de la
pyramide, c’est un signal faible d’un grand
changement de société et du monde.
Et ça marche ?
Les dirigeants commencent à se rendre
compte de la richesse de la transmission. Lorsqu’on intervient en entreprise,
on interroge les collaborateurs, jeunes ou
moins jeunes, sur les process, les choses
à améliorer. L’enthousiasme à s’impliquer,
à s’engager pour leur entreprise est prodigieux. À côté de cela, se développent
des initiatives extrêmement révélatrices
Ils craignent pour leur avenir ?
Notre enquête a demandé aux Z de dépeindre l’entreprise qu’ils voient, en un
adjectif. Noir, fermé, compliqué, jungle,
stressante, sont autant de mots qui sont
ressortis. Zut : les Z seraient donc angoissés, pessimistes, refusant de se projeter
dans l’avenir… Mais plus de 50% d’entre
eux souhaitent créer leur entreprise. Donc
ce que l’on lit, finalement, c’est qu’ils ne
se reconnaissent pas dans le modèle ac-
Nous voulons sensibiliser
de façon assez forte les
équipes dirigeantes à se
réinventer.
32
construisant (entrepreneuses, ou intrapreneuses). Elles cumuleront peut-être plusieurs emplois. Le rapport à l’entreprise
va changer : ce n’est plus l’entreprise qui
fait l’honneur de me faire travailler, mais
moi qui mets mes compétences au service
d’une ou plusieurs entreprises. Entrepreneurs de sa formation également, car c’est
à moi d’aller picorer partout des connaissances qui ne cessent de bouger. Il s’agit de
ne jamais se reposer sur ses acquis, être
toujours en mouvement. C’est peut-être lié
à une génération qui vit dans un monde précaire, qui le refuse et se dit qu’elle ne peut
et ne doit pas se reposer sur un système.
L’entreprise de demain ?
Une entreprise agile
et qui aura remis les
hommes au coeur de son
développement.
La crise est génératrice
de progrès finalement ?
Ils vivent cette crise comme une opportunité de construire autrement et de tout
réinventer.
Alors : faut-il avoir peur de demain ?
Non, au contraire ! Les générations Y et
Z sont loin des stéréotypes qu’on leur assigne. Ils sont une formidable opportunité de réinventer les modèles, changer le
monde, dessiner l’entreprise de demain : il
suffit de les mettre en mouvement, de leur
donner la parole et ils deviendront un levier de médiation extraordinaire et un potentiel fou. Quant à ce qu’ils pensent eux :
les études montrent qu’ils sont inquiets
pour l’avenir collectif - de la société, de la
planète… mais en aucun cas de leur avenir
individuel. Ils savent qu’ils ont un pouvoir
entre les mains, et qu’ils ont envie de bouger. Ils sont confiants. Et ça : c’est extrêmement positif et excitant pour demain.
tuel de l’entreprise, et préfèrent créer leur
propre modèle. Je pense qu’ils n’ont pas
peur de l’avenir, et que l’immense pouvoir
du numérique qu’ils ont entre les mains va
les aider à faire bouger les choses. Michel
Serres considère que nous sommes en
train de vivre la 3e révolution anthropologique de l’humanité : c’est une chance incroyable que nous avons de la vivre. Et ils le
savent, ou en tout cas le pressentent. L’outil internet donne un pouvoir et des possibilités incroyables, mais c’est à moi de
tout construire.
Vous soutenez l’idée d’être
entrepreneur de sa vie :
ça veut dire quoi ?
Les jeunes générations sont entrepreneuses de leur vie car elles avancent en
33
J’ai fait mon 1 Conseil
d’Administration à 15 ans :
c’est grave ?
er
Avec Paul MAILLEFERT, PDG de la Mini Entreprise-EPA Coup d’Cœur
Paul a aujourd’hui 17 ans, la tête bien sur les épaules, et un
pied déjà dans le monde de l’entreprise. Son expérience de
PDG lui a ouvert une aventure qui restera gravée dans sa
mémoire et aura marqué son avenir professionnel. À son
palmarès : champion régional, champion de France, une participation au championnat Européen, et une très ferme envie de
devenir chef d’entreprise.
Sacrée aventure, non ? Comment
tout ça a commencé ?
J’étais en seconde, il y a 1 an et demi. On
nous a présenté Entreprendre Pour Apprendre en cours d’économie, sa mission
de donner l’envie d’entreprendre, de nous
montrer ce qu’était le monde de l’entreprise. Oui, bien sûr : c’était passionnant,
comme tout le monde je ne pouvais qu’être
partant pour y participer. J’avais déjà dans
l’idée de créer ma propre entreprise. EPA
était une belle opportunité pour moi et je
l’ai donc saisie. Mais j’étais sceptique :
comment de jeunes lycéens, de seconde,
pouvaient bien créer, gérer et faire rouler
une entreprise ? En un an ?
34
Et en fait...
Quel investissement !
A-t-il été payant ?
Et en fait, c’était tout à fait faisable : mieux,
c’est très excitant. Tout a été prévu par
EPA pour que l’on puisse démarrer et mener à bien le projet. Pendant toute l’année,
les professeurs et les membres EPA ont
été à côté de nous pour nous soutenir, surtout dans les coups durs et les moments
de tension. Parce que oui : c’est une expérience fantastique, très impliquante, mais
parfois éprouvante.
Bien sûr. C’est une très belle expérience,
qui m’a familiarisé avec la création d’entreprise, la réalisation d’un projet, la
gestion d’équipe, et m’a fait énormément
avancer, notamment au poste de PDG. La
pression était particulièrement forte, surtout au début. Je voulais donner à mon
équipe l’envie de s’impliquer, autant que
moi je l’étais, je voulais tout faire pour
qu’ils puissent donner leur meilleur. Le
revers de la médaille, c’est que je voulais tout gérer, j’avais du mal à déléguer.
Lors des premiers concours, j’étais extrêmement stressé et sous pression, je suis
allé au bout de mes limites. J’ai senti à
ce moment qu’il fallait que je change. J’ai
appris à déléguer, à faire confiance, tout
en étant là quand il fallait donner un coup
de pouce ou de bourre.
C’est-à-dire :
comment tout s’est déroulé ?
Nous avons vraiment créé notre mini-entreprise fin octobre, juste avant la Toussaint, après un brainstorming qui nous a
décidé à fabriquer des trousses, sacs et
porte-monnaie en tissu récupéré. L’idée
était là. Restait à tout organiser : la production, les partenariats avec le Secours
Catholique qui nous fournirait les tissus,
les rôles et missions de chacun dans
la mini. Nous prenions nos vendredis
après-midi chaque semaine pour travailler et mettre en place le projet...
Ton pire moment ?
Il y a eu vers Noël une baisse de régime.
C’était une période critique : il fallait produire beaucoup, négocier des points de
vente avec la mairie (comme les marchés
de Noël), s’impliquer aussi les week-ends
pour vendre. C’était dur, même pour moi.
Mais en tant que PDG, il ne faut jamais
rien lâcher. La mini m’a aussi appris cela :
puiser de nouvelles forces et les partager
pour motiver et mobiliser les équipes. Et
j’ai réussi.
J’ai appris à déléguer,
à faire confiance, tout en
étant là quand il fallait
donner un coup de pouce
ou de bourre.
35
pris beaucoup de choses fonctionnelles,
comme manager des équipes, mais aussi peser le pour et le contre lors d’une
prise de décision, les phases de création
d’un produit.
Même mieux : tu les as fait gagner !
Non : on a gagné. On a tous gagné
ensemble.
Tu as craqué ?
Non, jamais. J’y ai toujours cru, malgré
la pression. Et tant qu’on y croit, il ne faut
surtout pas abandonner. Surtout au poste
de PDG, si je lâchais, tout le monde lâchait
aussi. Notre lycée a une mini cette année :
je leur donne de petits conseils, je partage
mon expérience.
Bien entendu...
Et ton meilleur moment ?
C’est bien évidemment le concours national. Quand on sait toute l’énergie que
ce projet a mobilisé sur toute une année,
c’est une explosion de joie quand on voit
ses efforts récompensés. Et puis il y a eu
le concours européen qui lui aussi a été
une expérience unique, impressionnante et
surtout instructive. On arrive dans un environnement très professionnel : on passe
des entretiens, on est noté, on est face à
des équipes très fortes. Cela nous donne
une belle idée de notre expérience future :
tôt ou tard je serai face à des concurrents qui seront particulièrement doués.
C’était challengeant, stressant, stimulant...
On ressentait la tension dans toutes les
équipes, et malgré cela, il y avait énormément de proximité, on se comprenait et on
avait envie de se connaître, de partager.
Et demain ?
Je voudrais faire soit des classes préparatoires HEC, soit ingénieur. Ingénieur me
donnerait un bagage technique supplémentaire qui me permettrait de réaliser
mes idées. Mais je réfléchis encore. École numérique :
surfera, surfera pas ?
Avec Patrick Bertrand,
Directeur Général de CEGID
et ancien Président du Conseil National du Numérique
CEGID, éditeur lyonnais de logiciels de gestion et de services
cloud, inaugurait il y a 2 ans sa fondation. Sa mission ? Soutenir des projets de mécénat liés au numérique, autour de 4
thèmes fondateurs : la santé, l’entrepreneuriat, l’intégration et
l’éducation. La Fondation entend ainsi répondre aux évolutions
de la société, en particulier concernant la réussite scolaire et
professionnelle des jeunes par l’éducation digitale pour tous.
Patrick Bertrand revient avec nous sur ces enjeux numériques.
Pourquoi promouvoir
l’école numérique ?
Je pense que ne pas être accoutumé
à utiliser, maîtriser et connaître les
outils numériques, j’entends la technique de ces outils comme le code par
exemple, est aujourd’hui une forme
d’illettrisme. Ces techniques devraient
être enseignées dès le collège, comme
tout enseignement académique de base :
mathématiques, lecture, expression,
philosophie... C’est une forme de langage
qui structure l’esprit, qu’il est essentiel
de comprendre dans le monde digital
qui est le nôtre aujourd’hui, et qui surtout permettra à nos jeunes d’accéder
aux emplois de demain. L’offre d’emplois
s’oriente activement sur des métiers qui
n’existaient même pas il y a 3 ou 4 ans :
data-scientist, data-analyst, ergonomes,
UX, spécialistes en matière de privacy et
Quand on a mis toute une
année à concrétiser un
projet, et qu’il est soudain
récompensé : c’est une
consécration incroyable !
Te sens-tu différent
des jeunes de ton âge ?
Un peu, car je sais que j’ai vécu quelque
chose d’unique. Parfois, dans des discussions, j’ai une idée de produit et me dis
que ce serait pas mal de la développer :
c’est comme un réflexe. Cela m’a aussi
permis de forger des amitiés fortes avec
les camarades de minis, de confirmer
mon envie de devenir chef d’entreprise,
et cela me servira pour plus tard : c’est
une expérience qui attirera l’attention
des entreprises sur un CV. J’ai aussi ap-
36
37
Vous parlez du numérique et de
son fort pouvoir d’inclusion...
données personnelles, marketing digital... Le numérique est plus que jamais
vecteur d’emplois, et donc d’inclusion sociale. Travailler, c’est une liberté essentielle, facteur de lien et d’appartenance
à une société. Il faut que le monde de
l’éducation au sens large s’empare de cet
enjeu et comprenne que l’objectif, passée
la phase de formation aux basics, n’est
pas de former pour un diplôme, mais bien
de former à un métier ! Bâtir un corpus de
cursus de formations autour de ces nouveaux métiers, c’est participer à ce qui
est, à mon sens, un enjeu majeur : permettre à nos jeunes de trouver un travail
et devenir ainsi un être humain libre et
acteur de la société.
Oui, le numérique a un fort pouvoir d’inclusion tant au niveau scolaire car il facilite l’accès à la connaissance, qu’au
niveau de la capacité du nombre de nos
jeunes de trouver un emploi correspondant à leurs attentes alors que le système scolaire traditionnel les a exclus. Je
pense aux enfants avec des difficultés en
cours, et que de nouveaux contenus pédagogiques utilisant les techniques numériques, par exemple une animation 3D,
peut les aider à appréhender des notions
théoriques et des mots difficiles. Je pense
aussi à des initiatives comme l’école Simplon ou la Web@cademy qui forment des
jeunes de 18 ans sans le bac, qui n’ont
pas pu s’adapter aux prérequis de notre
système d’éducation et qui se révèlent
capables d’intégrer de belles entreprises
à l’issue de leur formation aux métiers du
numérique. Certains étaient sans doute
incapables de réciter par cœur tel théorème mais codaient le soir dans leur lit
(oui, oui, ce sont des histoires vraies).
Après 18 mois de formation dans ces
écoles, ils sont devenus des développeurs
web de très bon niveau, dont 3 ont d’ailleurs rejoint CEGID. Toute initiative du
monde de l’éducation qui aide les jeunes
à se former à un métier et qui leur permet de trouver un emploi et de s’insérer
ou se réinsérer dans la société, doit être
activement soutenu car elle nourrit une
dynamique positive.
Comment faire évoluer tout cela ?
Le monde de l’éducation, publique et
privée, ne bouge pas suffisamment vite.
En France, on veut d’abord réfléchir, débattre avec comme conséquence de retarder l’inévitable. Le sujet n’est désormais plus de se dire « on est en retard »,
mais « comment accélérer ». C’est lourd,
il faut s’appuyer sur le corps professoral (qui d’ailleurs expérimente déjà de
nouvelles façon d’enseigner comme les
MOOC). Tout cela prendra logiquement
du temps : même si l’autonomie des universités devrait faciliter le mouvement.
Parallèlement, des initiatives privées
comme l’école 42 de Xavier Niel, ou
l’école LDLC inaugurée la semaine dernière à Lyon, font énormément bouger les
lignes, en franc-tireur. Point ne sera besoin de demander l’agrément de diplôme
de l’éducation nationale, car la valeur
du diplôme de ces écoles sera corrélée
à la valeur des connaissances métier de
jeunes qui en sortiront... C’est ça qu’il est
essentiel de comprendre. Arrêtons de
raisonner sur des modes anciens et qui
n’ont plus lieu d’être! Il faut maintenant
bouger, et le faire vite...
Pourtant, cette génération Z est
appelée « Digital Native » :
cela devrait être facile ?
Ces digital natives ne sont pas formés au
numérique : ils baignent dans l’utilisation des outils (réseaux sociaux, moteurs
de recherche, façons de penser...). C’est
38
forcément le meilleur, mais celui qui sait
animer), ils ont découvert leurs forces et
celles de leur camarades, leurs envies,
la compréhension aussi qu’ensemble on
est plus forts et plus créatifs. C’est réellement bluffant.
bien, mais il faut aussi leur apprendre à
« produire » du numérique, le construire
et savoir innover, si on veut faire émerger des leaders mondiaux du numérique,
quel que soit le domaine de compétence.
Même si grandir dans un environnement
où l’usage du numérique est quotidien et
facilite la compréhension des usages, il
est nécessaire de former cette génération aux connaissances de base pour devenir des acteurs de ce nouveau monde
dans lequel ils vivent.
Alors : surfera, surfera pas ?
Je n’ai aucun doute là-dessus : le mouvement est lancé. Je suis d’autant plus
confiant qu’il me semble que le diagnostic
est aujourd’hui partagé par l’ensemble
de la société française. Ce qui n’est pas
une mince affaire dans notre pays dans
lequel trop nombreux sont ceux qui
portent leur attention sur la rente et les
habitudes. Chacun comprend que ce n’est
plus possible aujourd’hui, même s’il est
nécessaire d’accompagner cette transition. Dès lors, l’important est maintenant
que nous agissions sans tomber dans le
manichéisme que nous affectionnons
en France. Il ne s’agit pas de faire fi du
passé et de nos atouts, mais bien d’accompagner le changement et d’accélérer
précisément en nous appuyant sur les
formidables atouts de notre pays. Mais
en toute hypothèse, ce qui est sûr, c’est
qu’un nouveau monde est là et que celui
qui s’accrochera à son passé sera exclu.
Pourquoi accompagner EPA ?
Cette connexion École / Entrepreneuriat
est fondamentale. Il est indispensable,
bien sûr d’enseigner les éléments de
base pour comprendre le monde et y être
autonome, mais cela ne suffit pas. Il faut
aussi permettre à nos jeunes de prendre
conscience d’eux-mêmes et de leur capacité d’initiative. Leur permettre, par l’expérience concrète de comprendre comment ils peuvent s’épanouir en créant, en
essayant de mettre en œuvre une idée,
en osant parfois sortir de la démarche
théorique, en se confrontant au travail
en groupe, en sachant écouter les besoins pour trouver comment son produit
ou son service va mieux répondre aux
usages. Quelle belle initiative que celle
d’EPA ! Entreprendre c’est apprendre
d’autres choses complémentaires que
les connaissances basiques qui sont aussi indispensables à la construction de
leur personnalité. C’est extrêmement
formateur et positif pour nos jeunes et
une belle appréhension de la vie. Quand
on assiste au salon régional, ces jeunes
élèves ne sont plus des élèves : ce sont
des entrepreneurs qui présentent, animent des relations commerciales, négocient, sont fiers et affichent une maturité
déconcertante. Ils ont créé et géré pendant un an leur entreprise, appris qu’il
fallait un porteur de projet (et ce n’est pas
Le mouvement est lancé.
C’est désormais davantage
une logique consistant
à cadrer, corriger, et
accélérer. Mais on ne
reviendra pas en arrière.
39
École et entreprise :
je t’aime, moi non plus ?
marquées soient-elles, ne s’appuient sur
aucune expérience : c’est là qu’il faut les
accompagner, bien plus que les nourrir.
C’est sur cette opposition que l’enseignant
peut construire un réel échange pour l’aider à se structurer. De plus en plus de professeurs se rendent compte de l’importance et du rôle qu’ils ont. Ils sont le lien
entre les différents moments de vie d’un
jeune, de la socialisation de la petite enfance à l’entrée dans le monde des adultes
et de l’entreprise. Nous, porteurs de l’esprit d’entreprendre, devons, plus que jamais accompagner les enseignants pour
les aider à faire ce lien et assurer cette
continuité de vie. Et inversement, il faut
sensibiliser les entrepreneurs à regarder
d’un peu plus près le monde de l’éducation
qui n’a d’autre mission que l’épanouissement des enfants...
Avec Blandine MULLIEZ, Présidente de la Fondation Entreprendre
fondation-entreprendre.org
Depuis 2008, la Fondation Entreprendre porte, développe,
promeut l’entrepreneuriat en France. Ses missions : sensibiliser à l’esprit d’entreprendre, encourager au métier d’entrepreneur, contribuer au débat sur l’entrepreneuriat. Dans cette
démarche, la Fondation œuvre notamment avec et au service
d’une dizaine d’associations par an qu’elle soutient et stimule,
dont Entreprendre Pour Apprendre. Cet écosystème dédié à
l’esprit d’entreprendre est hébergé à la Filature, une pépinière
d’associations voulue et conçue par la Fondation. Blandine
Mulliez, sa Présidente, partage son point de vue sur les relations école / entreprise.
Vous parlez de
« cause entrepreneuriale » :
qu’entendez-vous par là ?
on teste tout, on découvre la relation à
l’autre et notre capacité à co-construire
avec lui... L’erreur, c’est de faire disparaître ce pouvoir en exposant le jeune à
nos peurs d’adulte, au lieu de l’éveiller
à ses chances et lui montrer ses opportunités. Tout comme l’entrepreneur, un
jeune doit réussir à se libérer de toutes
ses peurs, à se dire avec force qu’il peut le
faire... Si on y arrive, la France ira mieux,
sera plus positive.
La cause entrepreneuriale, c’est savoir
entreprendre sa vie. Nous pensons qu’il
est important d’apprendre à mener sa vie
sur un modèle entrepreneurial, de chef
d’entreprise. C’est-à-dire prendre ou reprendre sa vie en main, être proactif, savoir faire ensemble, entretenir l’audace et
le mordant... C’est une excellente posture
à montrer aux jeunes, notamment dans
les écoles, et aux publics plus défavorisés.
J’adore l’idée qu’un entrepreneur partage
sa liberté, sa force et son enthousiasme en
classe : « vous pouvez tous faire de belles
choses ». Ce pouvoir, nous naissons tous
avec : on peut connaître l’échec, on peut se
tromper, mais on se relève toujours après,
C’est là l’un de vos credos :
rapprocher école & entreprise...
En effet : à travers la fondation et ses actions, nous cherchons à favoriser la porosité entre école et entreprise. Qu’elles se
nourrissent l’une de l’autre, et perçoivent
le potentiel et l’utilité incroyables qu’elles
ont à se rencontrer, en mode projet. C’est
essentiel, pour que les élèves donnent
du sens à ce que les professeurs leur
enseignent, que les entreprises comprennent les modes de pensées et les difficultés de ces jeunes qui vont prochainement intégrer l’entreprise. La rencontre
de ces deux mondes est, quand elle est
bien organisée, extrêmement riche et
fructueuse. On s’aperçoit que les forces
sont complémentaires, car elles œuvrent
pour et autour d’une tierce personne :
l’élève. La 1ère année, ils se parlent, la
2ème année, ils se demandent: « Et maintenant, que fait-on pour nos jeunes? ».
EPA est un exercice
indispensable pour intégrer
dans la fibre des jeunes la
connaissances du monde
des adultes, pour les
rassurer intrinsèquement
Oui mais : comment fait-on ?
Aujourd’hui, les jeunes sont plus rebelles,
pétris de connaissance qu’ils acquièrent
seuls, sur Internet, à la télé... Ils n’hésitent pas à aller dans une opposition
qu’ils pensent argumentée « je l’ai lu sur
Google ». Mais leurs convictions, aussi
40
41
Par le FAIRE, les jeunes
vont s’auto-valoriser. Ils ne
vont pas forcément créer
leur entreprise, mais ils
vont apprendre le respect
de l’entreprise
Quel est le secret, finalement ?
Le FAIRE. Pendant toute une année, ils
vont faire. Construire, bâtir. Par le FAIRE,
les élèves se rendent compte de la réalité du monde économique, ils prennent
conscience qu’ils peuvent y gagner une
place, par leur travail, leur mérite. Cette
place, ils vont pouvoir l’enrichir avec des
compétences et des personnalités différentes mais complémentaires aux leurs.
Par le FAIRE, les jeunes vont s’auto-valoriser. Ils ne vont pas forcément créer
leur entreprise, mais ils vont apprendre
le respect de l’entreprise qu’ils rejoindront, celui du collaborateur et de tous
les métiers et fonctions qu’ils côtoieront. C’est là l’intérêt d’EPA et de ses
mini-entreprises. Apprendre la réalité,
la complémentarité, la valorisation des
compétences ou du savoir qui ne l’étaient
pas forcément jusqu’alors. Par exemple,
des élèves d’un naturel réservé, se sont
révélés être de brillants leaders, ou des
dessinateurs en herbe un peu dans leur
monde ont tissé de nouvelles relations
grâce à leur mini-entreprise…
EPA : le jeu en vaut-il
la chandelle ?
Alors : je t’aime moi non plus ?
Avec Catherine BERTHO-LAVENIR, Co-Présidente EPA Martinique
Ce pourrait être davantage « Je t’aime et
je ne te comprends pas (encore) ». Mais
cela reste de toute manière extrêmement
bienveillant, avec des acteurs comme
nous en trait d’union. La Fondation Entreprendre, les écoles et les entreprises
que l’on rencontre, les associations que
l’on soutient, tout ce petit monde œuvre
à valoriser les compétences de chacun,
à rendre concrète et visible la valeur
de chacun dans un projet, à connecter
les compétences. Si chaque année, les
élèves rencontrent l’entreprise, avec
EPA, 100 000 Entrepreneurs, jusqu’aux
Entrepreneuriales à l’Université (ndlr :
challenge universitaire qui voit 20% des
participants créer leur entreprises), cela
ancrera des réflexes et des façons d’envisager l’avenir de façon plus libre.
Rectrice de l’académie de Martinique, Mme Bertho-Lavenir a
immédiatement été séduite par le projet EPA. Trois ans après, 35
Mini Entreprises-EPA plus tard, le succès est indéniable et l’expérience retirée « extrêmement bienveillante et enthousiaste ».
Mme la Rectrice revient sur les avantages et perspectives de la
formule EPA, en Martinique.
Il y a de l’espoir, en somme.
C’est plus que de l’espoir : nous avons le
pied dans la porte ! Pour moi, c’est devenu une réalité, et la prise de conscience
est là. L’association EPA est indispensable dans ces progrès : par le Learning
by doing, par les connexions qu’elle crée,
par la confiance qu’elle fait grandir. Ensemble, nous avons envie de faire réussir
la cause : c’est une question d’hommes,
de femmes, de jeunes, de rencontres, et
de valeurs partagées !
Pourquoi vous être investie
aux côtés d’EPA ?
Lorsque nous avons reçu les représentants EPA, nous avons tout de suite identifié les possibilités et potentiels de ce
projet. Il s’inscrivait parfaitement dans
les priorités pédagogiques de l’académie - à savoir favoriser la persévérance
scolaire (conserver dans le système scolaire les élèves les moins faciles à mobiliser et à intéresser), amener chaque
élève à prendre en charge son parcours
de formation et d’orientation, et enfin encourager les rencontres avec le monde
économique. Nous nous sommes alors
appuyés sur la Chambre de Commerce
et d’Industrie Martinique, pour créer ensemble EPA Martinique, que je co-préside
aujourd’hui avec Manuel Baudouin, Président de la CCI. Nous déterminons ensemble les objectifs et orientations pour
le développement des programmes des
EPA en Martinique.
Vous attendiez-vous à ce succès ?
Le terrain était bien préparé, depuis longtemps : les inspecteurs de l’enseignement
professionnels ont des relations étroites
avec les entreprises depuis longtemps, la
Comment a été accueillie
cette initiative ?
42
Avec beaucoup de chaleur et d’enthousiasme. De la part des élèves, mais également des écoles : il n’y a pas eu un seul
établissement réfractaire… Le réseau des
professeurs a été une force rare et précieuse sur laquelle nous nous sommes
appuyés, dans tous les domaines et tous
les niveaux de l’éducation. En lycée professionnel pour commencer car plus logique et facile. Puis les mini-entreprises
ont gagné l’année dernière les collèges,
une section SEGPA (section d’enseignement professionnel adapté) et un BTS cette
année. Côté professionnel cela a été de la
bienveillance chaleureuse. Le milieu professionnel en Martinique est extrêmement
soucieux de l’éducation de ses jeunes, de
transmettre l’esprit d’entreprise et partager son expérience. C’est une petite île, on
aime se serrer les coudes.
43
graine EPA a germé assez naturellement.
Mais je ne pensais pas que cela se répandrait si vite dans les établissements avec
des enseignants engagés avec autant de
volonté. Je ne m’attendais pas non plus
à ce que les élèves soient si brillants. La
Mini Entreprise-EPA Construct Express
TP (lycée professionnel Léopold Bissol qui
a créé des pas de jardins en béton fibré)
qui a remporté le prix national 2015, a été
portée par toute l’île qui s’est mobilisée
pour préparer ces jeunes, en organisant
des stages de motivation en commando,
une immersion en anglais à Sainte-Lucie…
gences culturelles, économiques et géographiques (les îles). Il est fort à parier
qu’un tel sujet mobilisera l’attention et
nous espérons les énergies de beaucoup
d’interlocuteurs.
Ce succès,
c’est un beau message d’avenir…
Bien sûr : je n’ai aucun doute sur les compétences de ces jeunes qui, l’espace d’un
instant, cessent d’être des élèves pour devenir des professionnels. C’est une expérience qui soutient l’esprit d’entreprendre,
bien sûr, mais qui révèle également aux
jeunes élèves leurs capacités à se prendre
en main, à devenir leader de projets qui
pourront être intéressants pour l’île.
Chacun en a retiré une expérience personnelle très forte. Certains ont été marqués par le travail d’équipe, d’autres se
sont découvert des compétences, ou sont
sortis de milieu de vie un peu étroit… La
mini-entreprise est un outil complet, polyvalent, qui va s’inscrire idéalement dans
l’objectif des Enseignements Pratiques
Interdisciplinaires : maîtriser la production, le français, le marketing, la gestion
des compétences… Je remercie vraiment
EPA d’avoir partagé avec nous un modèle,
une façon de faire, un outil aussi bien rôdé
pour permettre aux talents de nos élèves
de se déployer. C’est quelque chose dont
on avait besoin.
Impressionnée ?
Beaucoup, oui, à commencer par l’équipe
qui est allée au championnat européen à
Berlin. À chaque fois que la marché était
plus haute : ils ont réussi. Et plus globalement, c’est l’imagination dont ces jeunes
font preuve qui m’a soufflée : ils sont
beaucoup moins ancrés dans la société
de consommation qu’on ne croit, et ont su
sortir de grands schémas industrialisés
pour créer leur petit business, souvent
local… C’est cela qui m’intéresse dans les
histoires des entreprises : leur personnalité, leurs particularités…
Quels constats tirez-vous
de votre expérience EPA ?
Et quels défits à venir ?
Le bilan est donc…
Je me suis rendue compte que ce dispositif ne touchait que quelques élèves, mais
irradiait bien au-delà du nombre d’élèves
mobilisés. Le deuxième constat : la fierté
de voir le dynamisme de notre académie,
aux 35 minis en 3 ans. Ce que je vois aujourd’hui pour demain, et que je souhaite
travailler avec les mini-entreprises, c’est
un concours dédié à l’espace économique
de la Caraïbe, qui réponde à ses exi-
Entièrement positif, très bien accompagné
par des équipes dédiées aux succès du
projet, à tous les niveaux. Je suis extrêmement fière de ce que mon académie a
su développer en 3 ans, avec autant d’efficacité. Et, en tant qua Rectrice, voir des
jeunes s’épanouir et déployer leur talent,
c’est un pur plaisir : car on est là pour ça.
44
45
Une année
passée à progresser
+23%
de Mini Entreprises-EPA
par rapport à 2014
+12%
de jeunes sensibilisés
au programme
« Le programme Mini Entreprise-EPA peut s’inscrire positivement dans le cadre des Enseignements Pratiques
Interdiscplinaires. Tout au long de l’année ce projet a
réuni plusieurs enseignants : français, mathématiques,
histoire géographie, arts plastiques, technologie… chacun apportant sa pierre à l’édifice du projet des jeunes.
J’ai apprécié accompagner professeurs et élèves.
Ces jeunes sont plein d’énergie : ils m’ont nourri par leur
vitalité, leur sourire, leur inexpérience, leur curiosité et
même parfois leur insolence. »
Nos projets s’illustrent au cœur des nouveaux EPI
EPA réunit depuis 1994 des milliers d’énergies
positives autour de l’esprit d’entreprendre et de ses
valeurs. Chaque année, des professionnels, des élèves
et des enseignants du secondaire se croisent autour de
projets, au cours d’échanges professionnels, au cœur
de Mini Entreprises-EPA, et font grandir ensemble les
entrepreneurs français de demain.
Cette année, le sujet de la réforme des collèges
commence à être abordé. Un tournant pour les élèves
et leurs enseignants, une nouvelle aventure pour EPA
qui a souhaité dès cette année marquer le changement
en inscrivant l’ensemble des initiatives des Minis, dans
la nouvelle donne des 8 Enseignements Pratiques
Interdisciplinaires (EPI). L’occasion de sonder les
envies et les appétits d’entreprendre des jeunes : ce
qui les taraude ? Ce qui les motive ? Visite guidée de
cette nouvelle génération d’entrepreneurs.
P. 48
Langues et cultures étrangères ou régionales
P. 54
Transition écologique et développement durable
P. 60
Culture et création artistique
P. 64
Information, communication, citoyenneté
P. 68
Sciences, technologie et société
P. 72
Monde économique et professionnel
P. 78
Corps, santé, bien-être et sécurité
Bruno Casado, Directeur des Services Group Cegid
et parrain de Mini Entreprise-EPA 3e
46
47
La longue et passionnante histoire de France
a eu le temps de semer
une diversité culturelle
extrêmement riche, du
Béarn à la Manche en passant pas l’Alsace et la Lorraine. Accent, gastronomie,
traditions, croyances,
paysages... les différences et
les goûts sont parfois tranchés,
et notre territoire aime les célébrer. Plus de 76% des Français
sont ainsi fiers de leur région avec
des jeunes en sur-représentation
(49% des 18-24 ans, contre 34% des
plus de 75 ans). Les équipes EPA suivent
cette tendance : à tel point que certaines
équipes n’ont pas hésité à leur dédier leur
Mini Entreprise-EPA.
Jugad’Ors, lauréats collège 2014-2015
49
• la pédagogie : chaque carte s’accompagne d’une carte explicative ou
biographique
l’année scolaire, les élèves du collège de
Prades et leurs enseignants étudient aujourd’hui, avec l’appui de professionnels,
la pérennisation de leur activité et envisagent la conception de nouveaux jeux
pour continuer de promouvoir la langue
et la culture locale et pourquoi pas, celles
d’autres départements.
• la fabrication maison : les illustrations
par les élèves, impression, packaging,
housse de protection, fabrication des
jetons par des entreprises locales.
30 collégiens de 3e ont créé la mini entreprise Jugad’Ors (joueurs en catalan), qui
joue avec les grandes figures de la culture
catalane dans un jeu de 54 cartes. Tout y
est régional : la baratina (instrument de
musique), l’espardenya (l’espadrille), la
faune et la flore (de l’isard au desman),
l’art (d’Aristide Maillol), les personnalités
tels que François Arago, Gustave Violet...
Ce projet a été mené avec rigueur et justesse, sur les conseils des professeurs et
parrain.
C’est l’histoire d’une belle
région. Catalane, plus
exactement...
Comme un chapeau bas joliment
tiré aux cultures régionales, EPA a
sacré Championne de France la mini
entreprise Jugad’Ors (Languedoc
Roussillon). Son propos : promouvoir le
pays et la culture catalane avec des jeux
de société, mais aussi avec savoir-faire,
joie et simplicité. Bravo : pari réussi, à
tous les niveaux.
• la conception : les élèves ont fait appel
aux conseils d’un ludologue (expert en
création de jeu). Les règles doivent être
simples, et l’univers attrayant.
• la diversification produit : le succès
rencontré par ce premier jeu a ouvert la
porte à 3 nouveaux. Un jeu Memory, un
autre inspiré du jeu de l’oie et enfin des
Domino reprennent eux aussi les grands
symboles catalans (dont l’emblématique
Train Jaune, symbole catalan menacé de
disparaître).
Le verse-champagne :
bras armé de la tradition
champenoise
Avec plus de 300 maisons de Champagne
et 307 millions de bouteilles expédiées en
2014, le Champagne est un savoir-faire
ancestral qui s’exporte partout dans le
monde (environ la moitié des bouteilles
expédiées). Pour accompagner cette tradition, 3 élèves en Première bac pro architecte au lycée Arago de Reims ont créé
un verse-champagne pour un magnum
de Champagne. Le Mag Conceptor a ainsi
remporté le championnat régional. Pour
se le procurer : soit l’achat du produit fini,
ou l’achat du fichier pour imprimante 3D.
Le tout premier moteur de leur démarche a été leur catalanité : fierté de
leur culture, envie de la cultiver les ont
poussé à consacrer leur mini entreprise
à leur identité régionale. Les rouages EPA
se sont ensuite mis en marche pour les
accompagner à monter un projet viable
et pérenne : réunions et brainstorming
pour trouver l’activité, conseils des professeurs et du parrain Claude SARDA de
la société Abies Lagrimus. Et si l’aventure
Mini Entreprise-EPA s’est terminée avec
1 000
jeux vendus
en 3 mois
Jugad’Ors : de l’or en jeu
Mini Entreprise-EPA Champion de
France (catégorie collège), Prix de
l’Entrepreneuriat et Prix du Business
Model (toute cat.) Collège Gustave
Violet de Prades (66) dans les
Pyrénées Orientales.
50
51
City guides : fierté
de raconter sa ville
Les Mini Entreprises-EPA peuvent être
d’excellents moyens pour développer tourisme ou maillage urbain. C’est en tout cas
ce qu’ont prouvé 3 Mini Entreprises-EPA,
qui ont travaillé pendant une année à
faire mieux connaître leur ville, son histoire, ses bons plans ou son actualité. En
Basse-Normandie, c’est d’ailleurs l’office
du Tourisme qui a commandé à une Mini
Entreprise-EPA un tel projet, dans le cadre
d’un échange avec une ville allemande.
C’est ainsi que la mini Memomerville a
créé un jeu de memory sur la ville de Merville-Franceville ( Basse-Normandie ). En
Poitou-Charente, la Mini Entreprise-EPA
Entre-Jeunes-Prises (collège Saint-Joseph, Cognac) a édité le jeu de cartes
« Cart’Ados » qui sillonne et fait connaître
la ville, par et pour des adolescents. Avec
l’ambition d’être le plus exhaustif et pratique possible, le jeu comprend 8 familles
de cartes, comprenant une carte dépliante
pour chacune d’elle. Bons plans, restaurants, lieux historiques : les incontournables cognaçais se retrouvent dans cette
boîte sans colle et en carton recyclé non
blanchi. Enfin, en Bourgogne avec le BTS
du Lycée Montchapet de Dijon, l’application gratuite Moov’in Dijon rassemble tous
les bons plans utiles de la ville pour découvrir et profiter facilement de la ville :
restaurants, pub, prix, horaires, promos.
Disponible également en anglais, pour
les touristes ou étudiants étrangers.
Le projet s’auto-finance avec de l’espace publicitaire vendu. La mini compte
grandir et développer l’application pour
d’autres villes.
Le patrimoine
gastronomique à l’honneur
La richesse française en la matière est
culturelle : depuis 2010, le repas gastronomique des Français est d’ailleurs inscrit au patrimoine de l’Humanité. Gastronomique ou pas, la cuisine est un art
de vivre très français, cadencé par nos
repas immuables. La moitié des Français est à table à 13h, et c’est plus du
tiers qui dîne à 20h15, souligne Thibaut
de Saint Pol, sociologue. Même si les
pratiques ont quelque peu évolué avec
les jeunes générations, qui cuisinent
pour 59% avec leur smartphone ou tablette, on continue à profiter des repas
comme des moments de convivialité et
de partage. Très français. Il n’est donc
pas étonnant de retrouver 2 Mini Entreprises-EPA : où ça ? À table. Globe’s
Cooker (École de la Deuxième Chance
de Thionville, en Lorraine) et Interdelis (Rhône-Alpes) ont édité des recettes
régionales ou internationales. Pour
Interdélis, il s’agissait des nationalités
de chaque élève. Pour Globe’s Cooker,
des fiches plastifiées et aimantées pour
en simplifier la manipulation.
D’unilatérale, la
transmission des savoirs
est devenue bilatérale :
je mettais mon expertise
au service de mes
nouveaux collaborateurs,
eux soulevaient des
problématiques
inhérentes à leur âge,
à leur environnement.
Ils ont entrepris pour
apprendre, j’ai appris
pour continuer à mieux
entreprendre... Merci !
Philippe Gomis
parrain de Moov’in Dijon
52
53
Alors que les nouvelles générations
(X et Y) grandissent aux côtés des
urgences environnementales que
l’on connaît, seuls 31% des jeunes
Français savent précisément ce que
recoupe le développement durable
(étude ADEME / IPSOS). Dans une
autre étude, l’Ademe jugerait même
les moins de 30 ans avec « un niveau
d’information correct sur les sujets environnementaux mais peut mieux faire
sur le terrain ». Les jeunes EPA ont entendu l’appel : comme pour démentir les
différentes études, c’est la catégorie Transition Écologique qui a réuni le plus de projets. 30% du total des Mini Entreprises-EPA
ont œuvré pour ce thème avec des produits
et services éco-conçus, de bienveillants à
révolutionnaires. Trois types de projets ont
ainsi émergé.
Porter la bonne parole :
la voie de la sensibilisation
module de sensibilisation Graines de DD
grâce aux salariés EDF et du groupe ÉS.
Des sujets tels que biodiversité, climat,
pollutions, inégalités sociales ou diversité ont été abordés avec l’objectif qu’enjeux et solutions soient bien intégrés par
les mini-entrepreneurs. Comme un écho
(…)
Les sources privilégiées d’information
sur les problèmes environnementaux
sont l’école (49%), la télévision (45%) et
les parents (40%). En partenaire très actif
de l’école, EPA se mobilise vivement auprès des élèves sur ce sujet de l’environnement. Avec EPA Alsace par exemple,
les mini-entrepreneurs ont pu suivre le
55
69
modules Graines de DD ont
été dispensés à plus de
1 200
mini-entrepreneurs depuis la création du
salon régional d’Alsace
Les Français
et l’environnement
45%
sont conscients que l’individu est le 1er
acteur pour agir concrètement en faveur du
développement durable (notamment via sa
consommation)
17%
des jeunes sont confiants sur
l’avenir de la planète à 10 ans
Pourquoi réduire ses déchets
• préserver les ressources utilisées pour
fabriquer, dont certaines ne sont pas
renouvelables
• réduire la quantité et la nocivité des
déchets produits
• limiter émissions de gaz à effet de serre,
pollution (eaux et sols), coûts de collecte, de
traitement, de stockage...
56
(…) à cette démarche, certaines Mini
Entreprises-EPA ont souhaité devenir
elles-mêmes émettrices de messages
citoyens de sensibilisation sous un leitmotiv commun : laissons une planète
propre !
et des smoothies à base de fruits récupérés : un exploit tant les contraintes
légales et administratives sont nombreuses pour ce type de projet.
Up-cycling : les 2e vies sont
ici monnaie courante
• Teen Entreprise (Creully, Basse-Normandie) a ainsi conçu un jeu de plateau
autour du gaspillage alimentaire. Belle
initiative : pour information, plus de 20
kilos par an par personne sont jetés en
France, dont 7 kilos d’aliments encore
emballés (ADEME).
Les jeunes générations EPA se sont emparé avec enthousiasme des problématiques du recyclage, avec des solutions
up cycling : comment redonner une utilité à un objet ou un matériau, en le transformant soi-même (le recyclage, lui, fait
intervenir des processus de transformation plus complexes, laissés aux industriels). Les exemples sont ici nombreux,
et démontrent l’extrême sensibilité des
jeunes aux enjeux environnementaux, et
de la grande imagination et débrouillar-
• En Ile-de-France, Amazing Ecolo (collège Gérard Philipe de Villeparisis) a
conçu un kit de réduction des déchets
comprenant notamment un vide-tube
dentifrice (fabriqué avec une imprimante
3D), une étiquette stop-pub, un livret
de sensibilisation créé par leurs soins.
Rappelons que les déchets des ménages
pèsent plus de 30 millions de tonnes
(contre 26 en 2004) : une production de
déchets qui a doublé en 40 ans, pesant
590 kg de déchets / an / personne.
Ma plus grande satisfaction
reste d’avoir vu évoluer ces
jeunes qui étaient d’ardents
promoteurs de leur entreprise
lors de la finale nationale, la
défendant avec une force qui
faisait plaisir à voir ! Je suis
d’ores et déjà candidat pour
parrainer une
promotion 2016 !
• Cycl’n’Styl (3e prép. pro en Ile-deFrance) a orchestré une campagne de
communication et lobby (affiches, flyers,
lettre de motivation...) pour collecter
stylos et correcteurs usagés en faveur
des enfants du Népal, avec TerraCycle,
leur partenaire.
• la Mini Entreprise-EPA corse I frutti freschi de l’école de la 2e chance de
Bastia (Vice-Champion national, Cat. Initiative emploi) ou Soup & Smooth (Rhône
Alpes) ont élaboré des jus de fruits frais
Jean-François Bianchi,
Chef d’entreprise et parrain de
« I frutti Freschi »,
Mini Entreprise-EPA de Corse
57
3 piliers DD : approvisionnement local
(100% achats auvergnats), fournisseurs
rémunérés à juste valeur, consommation
d’énergie et de matière première raisonnée (produit et packaging), jusqu’aux présentoirs récupérés de grandes enseignes
puis customisés...
dise des candidats. Des jeans devenus des
sacs vendus en ligne de Back To Jeans
(1ère STMG du Lycée Emiland Gauthey,
Chalon-sur-Saône), des briques de lait
transformées en porte-monnaie ( Stylait,
CLPS de Rennes), les bijoux de Air Beauty
Pearls (Rhône Alpes) fabriqués à partir
de pneus et chambres à air, les papiers de
café transformés en sac ou trousses par
Créa Pocket (collège Jean-Jaurès de Gençay, Poitou-Charente), des bâches publicitaires et voiles de bateaux qui deviennent
des trousses de toilette (1ère STMG du lycée
privé ICOF à Lyon), des bijoux La Maison
des Bijoux à partir de capsules Nespresso,
des chutes de bois fabriquant des supports
de téléphone, des bouteilles plastique découpées en fils à tresser des scoubidous,
des décorations de Noël grâce au système
unique des vice-champions de France catégorie Lycée TSM Alliance (Lycée Polyvalent Georges Baumont, Saint-Dié-desVosges, Lorraine). Elle a d’ailleurs gagné
le prix de l’innovation et de l’utilisation
des nouvelles technologies... La liste
est longue et ne manque ni d’inspiration
ni de progrès.
Vendre des bouillottes
sèches avec du lin bio produit
en Haute-Normandie et
mettre en avant notre région
à travers un marketing
« normand » était évident.
Happy Do,
championne de France
catégorie post bac
Encore, en Haute-Normandie, Happy Do
(Lycée Val de Seine, Grand-Quevilly, fabrication de bouillotte sèche avec du lin bio)
et Housse N’Caux (Collège André Raimbourg, Doudeville, housses de téléphone
rigide et naturelle) ont eux aussi fait le
pari de l’économie très locale : les meilleurs fournisseurs et partenaires les plus
proches de leurs établissements, dont des
ESAT (Établissement et Service d’Aide par
le Travail) et des maisons de retraite afin
de développer le lien intergénérationnel.
Mention spéciale à la valorisation du lin,
savoir-faire séculaire de la région, qui a
été bio-sourcé par Housse N’Caux installé à Doudeville, capitale européenne de
la production lin. Notons également des
efforts, en ribambelle : une « empreinte
carbone surveillée de près tout au long
du projet » par Recycl’art (Collège Robert
Schuman, Behren, Lorraine) qui fabrique
des horloges à partir de bois récupéré et
de peinture eco-friendly. De la chimie durable mise à l’honneur dans le détergent
LavoBio. Du home staging de meuble
grâce à la rénovation de MBR (collège
Maryse Bastié de Reims).
Connaissance et respect
des indicateurs durables :
en route pour l’exemplarité
Quand les mini-entrepreneurs déclarent
être en phase avec les valeurs responsables, ils vont au bout de la démarche.
C’est le cas par exemple pour la Savonnerie des Volcans (Lycée Pierre Joël
Bonté, Riom, Auvergne) qui a éco-pensé l’ensemble de son activité autour des
58
59
La création artistique est cette
année montée sur scène avec
de nombreux projets mêlant
audiovisuel, musique ou encore
bande dessinée. Passionnés,
ces mini-entrepreneurs n’ont
manqué ni de professionnalisme,
ni d’intuition pour accompagner
leurs projets.
Tour d’horizon.
La musique pour
adoucir les mœurs,
et aiguiser les ambitions
Mélomanes en herbe, les mini-entrepreneurs n’ont pas hésité à joindre passion
à professionnalisation. À Montluçon (Auvergne), Lem’On Rock du Lycée Madame
de Staël s’est lancé dans l’événementiel
en consacrant sa mini à l’organisation
de concert : ces élèves de seconde ont
en effet tout géré, de la négociation des
groupes à la promotion, jusqu’à la logistique le jour du concert. Une expérience
rock’n’roll avec des pics de stress, mais
surtout beaucoup d’enseignement.
En Alsace, c’est sur une note solidaire
que les élèves de 3e de la mini HDL Prod
ont accompagné un groupe de musique
composé d’élèves de 4e DYS (dyslexique,
dyspraxie) de leur collège Herrade de
Landsberg de Rosheim : les Improbables.
Promotion du groupe, pressage des CD,
clip en ligne sur Youtube, organisation du
concert ont mobilisé l’énergie et les efforts de la mini. Les textes, tournant autour de la thématique de « la différence »,
ont été un excellent support de sensibilisation au sujet de l’intégration et du regard de l’autre.
61
Bijoux en capsules de café
réutilisées : néo-chic 2015
Notre Commune-EPA :
l’art et la manière
Les capsules de café représentent une
manne de matière première incroyable,
sur laquelle la mini Bij Box de 3e Prépa Pro du lycée professionnel Brossaud
Blancho (Saint-Nazaire) a fait main
basse pour créer des collections de bijoux. Une initiative maline et exemplaire,
quand on sait que seulement 20% des capsules sont recyclées. Première et principale difficulté (même pour les marques) :
la collecte des capsules. En créant son
propre circuit de collecte grâce aux marraines DRH de Auchan Saint-Nazaire, la
Mini Entreprise-EPA a réuni les quantités nécessaires pour créer ses bijoux. Le
double bienfait : le marc de café a servi de
compost pour les plantes, l’aluminium a
été nettoyé et stocké. La création et le design : réalisés par les élèves.
Le programme, qui fait découvrir la vie
socio-économique aux primaires, sait
utiliser les meilleures ressources pour
soutenir son propos. Par exemple, ces 17
maquettes de leur ville réalisées par plus
de 300 élèves de CM2 d’Ile-de-France
(Poissy et Nanterre), et présentées à
leurs parraines et marraines de BNP Paribas Cardif. Prouesse artistique, largement applaudie ce 15 juin 2015
Une bande dessinée pour
promouvoir EPA
Tout a commencé en 2013 avec un projet vidéo entre TVR et EPA Bretagne. L’aventure
a continué sous forme cette fois de bande
dessinée : elle devra faire la promotion
de l’esprit d’entreprendre en peignant les
premières étapes d’une mini. Un dessinateur breton de renom, Lucien ROLLIN, a
ainsi accompagné 4 mini-entrepreneurs
du collège Chateaubriand à Saint-Malo.
La meilleure planche a été sélectionnée
pour être éditée, et exposée (en partenariat avec Quais des Bulles). Un outil
de sensibilisation intelligent et original,
« fait maison ».
Rendre les élèves acteurs de
leur savoir est la meilleure
manière de susciter leur
intérêt et leur motivation.
Sonia Pazos professeur d’Espagnol
Une page de la BD réalisée par la Mini Entreprise-EPA
62
63
Communiquer, informer : c’est
aujourd’hui devenu inné, tant
les moyens de le faire se sont
généralisés, démocratisés,
simplifiés. À tel point que l’infobésité (excès d’information) a
commencé à infecter nos sociétés pour devenir « l’un des plus
grands problèmes à résoudre
par les organisations pour les 10
prochaines années ». Trop d’info,
souvent inutile et polluante, crée
déconcentration et stress. Place
donc à l’info utile et ciblée, non intrusive et raisonnable. C’est en tout
cas ce type d’information que EPA et
les mini-entrepreneurs portent.
Parole aux Mini Entreprises-EPA.
Guerres Mondiales : de la
mémoire à l’hommage
Les deux guerres successives ont été
des périodes dont les témoins sont devenus rares ou ont disparu (le dernier
Poilu au monde, Claude Choules, s’est
éteint en 2011 en Australie). Tout à la fois
devoir de mémoire et hommage au courage de toute une époque, plusieurs initiatives ont été portées par EPA et des
mini-entrepreneurs.
• À Gueux (Champagne-Ardenne), les
élèves de 3e du collège Raymond Sirot ont
créé un jeu éducatif 14/18 GAME sur la
guerre et les Poilus (le jeu a reçu le label
« Centenaire » accompagnant les célébrations du centenaire de la guerre).
65
Ces minis qui veulent
vite grandir : du projet
à l’entreprise
• En Alsace, Pass’Tem Clic (lycée Camille
Schneider, Molsheim) a créé un docu-USB
dédié aux « Malgré Nous ». Ces soldats, enrolés de force dans l’armée allemande lors
de Seconde Guerre Mondiale, ne sont dans
aucun manuel scolaire : les jeunes alsaciens ont souhaité réparer cet oubli en devenant « passeurs de témoignages » avec une
clé USB.
• À Balaruc-les-Bains (Languedoc Roussillon) le module « 14-18 c’est notre histoire
» a réuni 140 élèves de CM1 et CM2 autour
du centenaire dans le cadre de Notre Commune-EPA (école Lou Planas). Une exposition réalisée par les élèves a clôturé la
session (du 11 au 13 juin 2015) : discours, objets, photos d’époque, etc. EPA Languedoc
Roussillon s’engage depuis déjà deux ans
aux côtés des écoles élémentaires avec son
programme « Éducation et Citoyenneté ».
EPA les appelle avec fierté ses Success
Story : ces Mini Entreprises-EPA ou Start
Up Programme-EPA menées avec tels
professionnalisme et passion qu’elles se
lancent dans la foulée dans la vraie économie. Il y en a eu plus de 150 depuis le
début de EPA. La dernière en date s’appelle SIYOUX, agence de graphisme créée
dans le Start Up Programme-EPA par 8
étudiants en audio-visuel de l’IUT TAIS
(Chalon sur Saône). Elle accompagne les
entreprises avec des produits de communication accessibles et des services
réactifs. Le succès de leur projet phare
(une sorte de Trip Advisor Régional, avec
des avis de consommateurs filmés sur
place : restaurant, bars…) a décidé 2 des
8 fondateurs à continuer le projet : SIYOUX
a rejoint une pépinière d’entreprises de
Chalon-sur-Saône.
Le premier réseau des
anciens minientrepreneurs
en Ile-de-France
Silence : ça tourne !
(aide sociale, savoir-être et compétences,
organismes publics et associatifs pour
vous accompagner, outils de recherche,
formation / apprentissage / études, vie en
entreprise). Il nécessite un animateur (un
professionnel de l’insertion) qui va guider
le jeu et orienter les discussions. La mairie de Metz a immédiatement identifié le
potentiel pédagogique de ce produit.
Etonnant pour de si jeunes élèves : une
web TV a été créée au Collège Pierre
Souverville (Pontfaverger-Moronvilliers,
Champagne-Ardenne) pour partager actualités, évènements marquants, publicités pour des commerçants locaux. Tout
a été fait par les élèves : de la conception du site Web au démarchage des
commerçants.
MALIN : des Trophées Travaux Pratiques
Que veux-tu faire,
plus tard ?
Difficile question à laquelle Walking Game
(Ecole de la Deuxième Chance de Montigny
les Metz, Lorraine) tente d’apporter une
réponse ludique et pratique. Elle a créé
un jeu de discussion pédagogique qui permet d’aider les jeunes dans leur insertion
professionnelle, en illustrant différents
parcours possibles qui mènent à la vie active. Le jeu couvre 6 grandes thématiques
EPA Basse-Normandie a cette année
confié la conception des trophées du
salon régional aux étudiants de la région :
les élèves BTS DESIGN Produit (Lycée
Mezeray d’Argentan) les ont designés, ceux
du BTS Système Constructif Bois Habitat
(Lycée de la Ferté Macé) ont proposé une
étude de faisabilité pour les réaliser.
Un peu plus loin, un peu plus jeune, la
Start Up Synon, à Rennes, ambitionne
de développer son application Agenda
pour smartphone. Adossés à une équipe
de développeurs de l’ESIR, les étudiants
de l’IGR-IAE (institut de gestion) ont su
allier leurs expertises pour créer cette
application Agenda pour Smartphone
: agendas partagés, multiplication des
agendas (pro,perso, famille...), gestion
ultra simplifiée, et surtout détection
des disponibilités communes entre plusieurs personnes. Cette fonctionnalité,
inédite, est un avantage concurrentiel
que les jeunes entrepreneurs sont bien
décidés à exploiter.
Partager des informations, des expériences, des conseils pour un stage ou un
job, faciliter le contact entre toutes les générations de mini-entrepreneurs et nourrir
l’esprit d’entrepreneuriat aux côtés de EPA :
voilà quelques ambitions de ce tout nouveau
réseau d’Alumni baptisé « J’ai créé une Mini
Entreprise-EPA en Ile-de-France ». Créé
par l’ancienne Mini Entreprise-EPA Peabrains ( lycée Jean Rostand de Villepinte
(2012), avec l’aide de EPA Ile-de-France, le
réseau a été officiellement lancé le 20 mai
2015, lors du salon régional. Avec un potentiel d’environ 2 500 jeunes par an, ce réseau
devrait grandir vite !
66
67
Observer le monde, repérer un
dysfonctionnement ou de nouvelles envies, et se demander
comment y répondre. Voilà la
méthode qu’ont à peu près suivi
les mini-entrepreneurs qui se
sont illustrés dans cette catégorie. Que ce soit avec des compétences techniques, chimiques,
artistiques, ou tout simplement du
bon sens, chaque mini a relevé la
gageure avec brio et inventivité.
LavObio, le détergent qui Bast’Hackers, ou comment
lave les a prioris
empêcher la fraude de
carte bancaire
Voici des étudiants qui revendiquent
une chimie durable : ou comment
« laver pro tout en lavant écolo ».
Pour répondre à cela, ces 8 élèves
de la seconde à la terminale du lycée
professionnel Lavoisier de Mulhouse, ont
lancé leur Mini Entreprise-EPA LavObio.
Leur projet : concevoir et commercialiser,
de la formulation chimique jusqu’au
conditionnement, un détergent multiusage biologique à base d’huile d’olive et
de savon noir (particulièrement sain et
économique). Une recette responsable,
au prix accessible, formulée à partir
de matières premières végétales ou
minérales. Garanti sans conservateur,
sans colorant, sans parabène ni
phosphates. Cette expérience leur a
permis de faire un lien avec les matières
enseignées et de parler positivement de
la filière Procédés chimie et eau.
Selon la dernière enquête « cadre de vie
et sécurité » de l’Institut National de la
Statistique, les fraudes à la carte bancaire
seraient passées de 500 000 à 650 000
entre 2010 et 2011, soit +30%. Et ce qui a
particulièrement retenu l’attention des 18
mini-entrepreneurs de Bast’Hackers, ce
sont les nouvelles fraudes des cartes bancaires au paiement sans contact.
La fraude ? Pirater à l’aide d’une application les ondes émises par ce type de
cartes bancaires.
La solution : un porte-carte limitant la
propagation des ondes et protégeant les
informations. Les contraintes et les difficultés à créer cet objet ont été telles que
les jeunes entrepreneurs ont dû redoubler d’intelligence et d’initiatives. Trouver
le meilleur fournisseur capable de les
conseiller, organiser des débouchés via (…)
La Mini Entreprise-EPA Bast’Hackers
69
(…) des conférences de presse (divers
articles et reportages sur France 3 et au
cinéma ont d’ailleurs remercié leurs efforts). C’est souvent quand on est dos au
mur que l’on peut trouver des ressources
insoupçonnées. Belle expérience.
Butter stick :
du beurre fermier sur la
rampe de lancement
Butter Stick, lauréat collège de l’édition EPA
2014 avec son beurre fermier conditionné
en stick, a conquis la presse et séduit
nombre de partenaires commerciaux,
dont le groupe Auchan qui souhaiterait
commercialiser le produit. Ces collégiens
(oui, ce sont de très jeunes entrepreneurs !)
de Marcq-en-Baroeul poursuivent donc
l’aventure, avec son lot de questions.
Conditions et contexte juridique et sanitaire
de la production, propriété intellectuelle,
et surtout, quelle suite donner au projet :
Vendre ou créer l’entreprise ? Ils se font
accompagner pour cela par le Centre des
Jeunes Dirigeants.
Le doux retour à la nature
Les tendances convergent vers un retour
certain aux valeurs authentiques, dont
la nature fait partie. La volonté d’être en
harmonie avec cette nature capable de
rompre avec le roulis et le train-train des
sociétés industrialisées et de ses machines. Les sociologues parlent de tendance Happy Life ou d’Unexpected Wild,
avec en fond un doux retour à la nature.
Les Gens du Jardin (collège Charles Péguy de Vauvillers Franche Comté), en plus
d’être dotés d’un solide sens de l’humour
et d’avoir Jean Dujardin abonné à leur fan
page Facebook, répondent à cette tendance avec des produits de jardinage. Du
jardin suspendu à la tour à fraisiers, leurs
produits utilisent des matériaux récupérés et s’adressent aussi bien aux jardins
urbains (balcons) que ruraux. Encore,
les poulaillers mobiles de la Mini Entreprise-EPA Poul’alaise (collège Paul Portier, Bar-sur-Seine, Champagne Ardenne),
permettent même aux urbains de profiter
d’œufs frais avec des poules bien rangées
et protégées.
La Mini Entreprise-EPA est
une fabuleuse machine à
mettre en mouvement auprès
des jeunes. Les effets sont
indéniables sur les élèves,
en tant que performances
scolaires, épanouissement
individuel et collectif et
de dynamique de groupe.
Mais cette dynamique se
retrouve aussi auprès des
enseignants qui font un travail
remarquable. Le projet Mini
Entreprise-EPA les invite à
sortir des carcans habituels,
à travailler en équipe, à se
questionner. C’est une vraie
prise de risque pédagogique
et il faut les en féliciter.
J’ose maintenant prendre
la parole sans me poser
de questions, j’ai beaucoup
plus confiance en moi. Cette
expérience m’a aussi donné
envie de créer ma propre
entreprise : je me suis rendue
compte que c’était à
ma portée.
Dominique Malroux,
principal du collège Voltaire,
St Florent sur Cher
Sihem DG de LavObio,
lycée Lavoisier, Mulhouse
ButterStick, lauréat national collège 2013-2014
70
71
Comme l’explique
Mariane Urmès de Boson
Project (p.31), les jeunes
générations sont en quête
de sens et d’utile dans
leur vie professionnelle.
C’est d’autant mieux, car
l’économie sociale et solidaire
(ESS) est en plein boom. Avec
+24% d’emplois créés entre
2000 et 2013 (et seulement 4,5 %
dans le privé lucratif), l’ESS est
en manque de jeunes diplômés
gestionnaires, commerciaux
ou ingénieurs : le secteur se
professionnalise de plus en plus
pour pallier la baisse des subventions
et structurer un modèle économique
pérenne et agile. « Sans l’aspect
business, rien ne se ferait », confie un
jeune entrepreneur ESS créateur d’un robot
interactif pour enfants autistes. Les jeunes
EPA ne s’y sont pas trompés, et ont embrassé la
vocation avec professionnalisme et passion.
I Frutti Freschi Vice-Champion
Initiative Emploi 2014-2015
73
Accompagner des
publics qui se sont égarés
Favoriser le lien
intergénérationnel
Les initiatives sociales ont été nombreuses : solidarité, soutien, conseils et
enthousiasme ont guidé leur année. C’est
ainsi que Peps Cafet’ (Etablissement Régional d’Enseignement Adapté Yvonne
Guéguan à Hérouville, Basse-Normandie)
s’engage à lutter contre le décrochage
scolaire en proposant des cours de cuisine pédagogique. Responsabilisant, impliquant : cette expérience a motivé les
participants a reprendre une formation.
Pari réussi.
En corse, Event’fin (2de professionnelle
Accueil Relation Clients Usagers du lycée Finosello, Ajaccio) a fédéré ses compétences artistiques autour d’un projet
créateur de lien : des animations pour
les jeunes et des personnes âgées. L’enthousiasme et la joie manifestés par les
personnes âgées en maison de retraite
les ont convaincus de poursuivre l’aventure jusqu’à la fin de leur scolarité (1ère
et terminale).
Innovations pour
les personnes
à mobilité réduite
En Alsace, Sentiness (lycée ORT, Strasbourg) a joué la carte des solidarités pour
accompagner le projet de sachets senteurs. Collaboration avec des structures
d’insertion professionnelle, approvisionnement en tissu en partenariat avec Vetis
qui accompagne les personnes en difficulté vers l’emploi, fabrication avec les «
ateliers du Petit Prince » pour travailler
en partenariat avec des malvoyants (les
étiquettes sont écrites aussi en braille).
Les jeunes entrepreneurs ont également
tenu à prendre des cours de langue des
signes afin de présenter leur projet dans
cette langue...
Le Ministère de la Santé estime à 2 millions le nombre de Personnes à Mobilité
Réduite (PMR). Rappelons que la loi du
11 février 2005 a posé des exigences et
des ambitions en termes d’accessibilité
(transports, bâtiments...), en considérant
« la personne en situation de handicap
comme un citoyen, qui a des capacités et
des potentialités, mais nécessite des compensations pour les exercer au regard d’un
environnement souvent inadapté ». EPA
est fier d’apporter sa pierre à l’édifice avec
quelques projets : à petite échelle, mais à
grande solidarité. C’est dans cet état d’esprit que les Terminales (Bac professionnel
Technicien d’Usinage du Lycée Oehmichen
de Châlons-en-Champagne) ont créé un
guidon monobranche pour les PMR. Prix
de l’innovation, prix national mobilité remis par la SNCF : un produit couronné de
succès, mais aussi d’émotion lors de la
présentation du produit à des enfants de
+ 600
associations bénéficient de dons de Mini
Entreprises-EPA
74
75
primaire et collège qui ont pu faire du vélo.
De son côté, la mini Hypervision a créé un
système de miroirs permettant aux PMR
de compléter leur vision lorsqu’ils sont
dans leur fauteuil roulant. Il permet de voir
l’avant proche et l’arrière proche au niveau des roues. Très vite, les 13 élèves ont
souhaité concevoir un produit aidant les
PMR, comme leurs camarades handicapés moteurs de l’IEM (Institut d’Education
Motrice) du Petit Tremblay. Pari réussi : la
Mini Entreprise-EPA Hypervision a remporté le Trophée d’Argent des Trophées de
la Découverte organisés par l’Inspection
Académique de l’Essonne, la 1e place du
Concours Eveil à l’Esprit d’Entreprendre
organisé par la Chambre de Commerce de
l’Essonne (catégorie « Graine d’Entrepreneur »), et encore le prix « Entreprendre
Autrement » lors du Salon régional des
mini-entrepreneurs.
C’est quoi, pour vous, EPA ?
Question à Yann Kappes,
Délégué Général - Club des 1000,
Entreprises Citoyennes d’Auvergne
Nous accompagnons des jeunes mini-entrepreneurs d’EPA Auvergne sur des actions mises en place lors la semaine de la
Diversité et remettons un Label « Diversité & RH » lors du Salon régional. C’est
un partenariat solide. EPA nous permet
de véhiculer ce message qui est d’entreprendre mais pas n’importe comment :
en étant responsable, responsable socialement. C’est un groupe d’élèves qui
apprend à être respectueux les uns des
autres, à mettre un premier pied dans la
relation sociale et solidaire. Il s’agit d’injecter des valeurs humaines dans une entreprise et le faire en respectant les personnes investies, quelles qu’elles soient.
C’est aussi les amener à intégrer dans
leur processus de création d’entreprise
toutes les questions autour des valeurs,
de l’implication de tous, des conditions
de travail, autour de comment on s’organise pour bien travailler ou prendre les
décisions, quelles conditions on pose au
groupe, c’est-à-dire à tous les éléments
qui constituent le groupe pour que cette
mini-entreprise fonctionne bien, développe son activité comme convenu dans
le cadre du dispositif. Finalement c’est
un exercice assez révélateur de ce qu’ils
pourraient rencontrer dans le contexte
économique réel.
76
Plus de 6 heures au contact
d’idées innovantes, d’équipes
dynamiques et motivées… Je
retiendrai de mon premier
salon régional, cette envie
débordante de création et
de positivisme dont ont fait
preuve tous les participants
Maxime Valette,
Président du jury salon
régional Champagne-Ardenne,
fondateur du site viedemerde.com
77
Difficile pour de jeunes entrepreneurs de s’engager sur
ces thèmes, qui nécessite des
savoir-faire et connaissances
parfois très techniques, et une
certaine maturité. Pourtant, les
brainstorming pour ces mini ont
été sans appel et se sont dirigés
vers des innovations ou des produits souhaitant « faire du bien » :
prévention, protection, sérénité...
ont orienté les actions tout au long
de l’année. Visite guidée.
Des initiatives
sur tous les fronts
• SecuryBag, du Collège Belsunce de
Marseille, qui a fabriqué une alarme de
sac à main. Le claim « Pickpockets attention, Sécurybag dissuade et prévient
contre le vol de portefeuille et de portable » a rythmé leur présentation et leur
communication.
• La Mini Entreprise-EPA STAR GARAC
(Lycée Jean Jaurès, Argenteuil), a créé
des fiches de désincarcération pour véhicules afin de sensibiliser et faciliter le
dégagement de personnes prisonnières
d’un véhicule accidenté. Arrivée 3e au
concours « Skills for the Future » organisé par JA Europe et Hyundai, la mini a
reçu de Hyundai une voiture neuve, qui
rejoindra les 4 autres déjà offertes par la
marque dans la flotte dédiée à la formation pratique des élèves section Maintenance automobile.
Les mini-entrepreneurs n’ont manqué ni
d’imagination ni d’implication sur cette
thématique. Se sont particulièrement illustrés cette année :
• Le bonnet Tempo Baby’z (collège Marcel
Pagnol, Martigues, Alpes Provence) qui
prend la température du bébé instantanément. Le principe : un thermomètre intégré dans ce bonnet décliné en plusieurs
coloris et motifs. Pour cela, la mini a fait
appel à l’expertise des terminales BAC
PRO Option couture du lycée Les Ferrages à Saint-Chamas.
• La mini As du jeu qui a créé une mallette de jeux pour communiquer, stimuler
et valoriser les personnes atteintes de
la maladie d’Alzheimer. Ces 15 lycéens
en bac professionnel SAPAT (Service
aux personnes et aux territoires du lycée
Agricole Charles Baltet à Saint Pouange)
ont également rencontré un professeur
en gériatrie pour améliorer leur jeu.
79
Cette expérience m’a
énormément enrichi à titre
personnel ! J’ai apprécié
accompagner les professeurs
et les élèves dans cette
aventure. Ces jeunes sont
plein d’énergie ! Ils m’ont
nourri par leur vitalité, leur
sourire, leur inexpérience,
leur curiosité et même parfois
leur insolence.
Le rire : l’anti-stress
à déclencher quand bon
nous semble
Sensibiliser les jeunes
entrepreneurs aux risques
en entreprise
Hypertension, nervosité, fatigue, dépression... L’état de stress peut avoir des effets
graves sur la santé physique et mentale
des travailleurs concernés. Voilà pourquoi, pour sensibiliser au stress en entreprise, et en profiter pour détendre plus de
600 lycéens et collégiens juste avant l’ouverture du salon régional, EPA Bretagne a
invité une thérapeute d’un nouveau genre :
Aurélie Collet, spécialisée dans le yoga du
rire. L’idée est simple : utiliser les bienfaits du rire pour développer bien-être et
gestion du stress au quotidien. Le Yoga du
Rire par The Smile Workshop, l’entreprise
d’Aurélie Collet, ce sont des exercices de
respiration mis en scène, afin d’amener
les participants à faire la place collectivement à leur optimisme naturel.
Voilà l’expérimentation menée avec la
CARSAT Normandie (Caisse d’Assurance
Retraite et Santé Au Travail) et le Rectorat
de Caen, partenaires depuis 25 ans pour
l’Enseignement de la Santé et Sécurité au
Travail, dont l’objectif est d’inclure dès la
formation et l’apprentissage du métier des
compétences en santé et sécurité au travail. Même en mode Mini Entreprise-EPA,
les jeunes entrepreneurs sont concernés
par la sécurité au travail et les risques
(phases de production, de vente...). Il leur
a donc été demandé d’inclure dans leur
réflexion un axe sur la santé et sécurité au travail, allant de la prévention pour
l’utilisation de produits chimiques, aux
risques psycho-sociaux. L’idée était donc
de les former aux risques en les identifiant, et les solutionnant (masque anti-poussière, siège confortable pour éviter les mauvaises postures...). Pour aller
au bout de la démarche, il a été proposé
de former les enseignants référents des
Mini Entreprise-EPA à des bases en prévention, pour qu’ils puissent accompagner
leurs mini-entrepreneurs sur ce thème.
Les meilleures bonnes pratiques de
TimberGames (collège Notre Dame de St
pierre Eglise, Basse Normandie) ont reçu
le prix de la Santé et Sécurité au Travail,
avec leur jeu Meuhlky (jeu de quilles d’origine scandinave revisité et destiné à un
public local).
Pack’night
Le Pack « fin de soirée » essentiel pour
sortir et revenir en sécurité : mallette
avec brosse à dents, préservatifs, bon
de réduction pour taxi, ethylotest... Il est
distribué en sortie de boîte de nuit (lycée
Pierre-Brossolette de Villeurbanne,
Rhône-Alpes).
Bruno Casado,
Directeur des Services Group Cegid,
Parrain de Mini Entreprise-EPA,
Collège Lamartine de Villeurbanne
80
81
1 061 904 €
Données
chiffrées
soit une augmentation de + 5%
81,8%
Mécénat
8,6 %
recettes
Taxe d’apprentissage
6 %
Subventions publiques
2,6%
1%
Participation aux activités
Divers
83
3,5%
Championnat national des
Start Up Programmes-EPA
3 %
Evènements hors championnats
dépenses
10 %
Formation et qualité
La stratégie d’EPA est de diversifier au maximum les recettes de la fédération. Dans cette
logique, le mécénat a fortement été développé avec une part importante de soutien financier reversé aux associations régionales EPA.
Les charges de fonctionnement de la structure EPA France ont été contenues. Les dépenses du championnat national des mini-entrepreneurs ont été très largement réduite
grâce au soutien du Ministère de l’Economie,
de l’Industrie et du Numérique, par la mise
à disposition gracieuse des espaces au sein
du Ministère. EPA France a investi sur les 5
prochaines années sur un intranet collaboratif pour l’ensemble de la fédération, permettant du coup de réduire certaines charges de
fonctionnement et d’animation des associations régionales EPA.
15%
Championnat national
des mini-entrepreneurs
27,5%
Dépenses Fonctionnement
41%
Animation de la fédération
et reversement aux
associations régionale
84
Des acteurs engagés à nos côtés pour
développer les talents de demain
Les entreprises et fondations partenaires d’Entreprendre Pour Apprendre nous soutiennent financièrement par du mécénat ou du versement de Taxe d’Apprentissage. Ils
nous accompagnent également par l’implication de collaborateurs auprès des jeunes
dans nos projets école / entreprise.
Ils sont partenaires structurels de la Fédération
Partenaires publics et institutionnels
MEN
EPA bénéficie d’un agrément en tant qu’association éducative
complémentaire de l’enseignement public. Les Rectorats sont
fortement investis dans la gouvernance des associations régionales EPA.
Enseignements Catholique + Renasup
EPA a signé un accord cadre de coopération qui permet le déploiement des programmes dans les Etablissements de l’Enseignement Catholique.
MFR
EPA travaille en lien avec les MFR afin de développer des actions communes autour de la démarche de projets destinés
aux jeunes des établissements.
Ministère de l’économie, de l’industrie et du numérique + DGE
Le Ministère soutient le développement des programmes EPA
particulièrement la Mini Entreprise-EPA et le Start Up Programme-EPA
Ministère de la ville, de la jeunesse et des sports + CGET
EPA propose un déploiement particulier des programmes au
sein des quartiers prioritaires de la politique de la ville.
Réseaux nationaux et associatifs
Ils sont partenaires de nos programmes
Ces partenariats expriment la volonté de différents acteurs de nous soutenir en
apportant à EPA leur expertise en vue de réaliser un objectif commun : développer
l’esprit d’entreprendre des jeunes en France.
EPA est également un acteur engagé au sein
du mouvement Entrepreneurs demain ! qui
rassemble les principaux acteurs de la sensibilisation des jeunes à l’entrepreneuriat.
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87
Rédacteurs
David Garcia
Julien Vasseur
Crédits photo
Maxime Dufour
Graphisme Arnold D’Alger
Tous droits réservés EPA France
La Filature bâtiment 5
32, rue du faubourg Poissonnière
75010 Paris
Édition novembre 2015

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