HOMMAGE A JEAN-CLAUDE BRUNEAU

HOMMAGE A JEAN-CLAUDE BRUNEAU (1945-2014)
Bordeaux, le mercredi 24 septembre 2014
En commençant ce petit mot, je voudrais d’abord saluer respectueusement la famille de
Jean-Claude Bruneau : son épouse Tina, ses enfants (Sébastien, Christian, Eric, Olivier et
Marc), sa sœur, sa tante et ses cousins qui sont présents parmi nous. Je voudrais leur dire
combien nous partageons leur peine et, dans ces moments d’épreuve, les assurer de toute
notre amitié.
La famille Bruneau et le Laboratoire « Les Afriques dans le Monde » (LAM) auquel
appartenait Jean-Claude (et auquel je suis moi-même associé) m’ont demandé de faire une
brève présentation de notre cher disparu à l’occasion de cette cérémonie de recueillement
en sa mémoire.
Je parlerai un peu de l’homme. Je parlerai surtout de l’homme de science, de l’universitaire,
de l’enseignant-chercheur, du collègue et de l’ami que j’ai côtoyé pendant plusieurs années
et avec qui j’ai souvent discuté et travaillé.
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Jean-Claude Bruneau est né à Bordeaux le 25 octobre 1945. Il a fait toutes ses études
(primaires, secondaires et supérieures) dans cette ville.
Il a obtenu tous ses titres universitaires à l’Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3,
actuelle Université Bordeaux Montaigne, sous la direction du Professeur Guy Lasserre,
spécialiste de géographie tropicale dont le laboratoire, le CEGET, était situé dans l’actuelle
Maison des Suds sur le domaine universitaire.
1969 : Maîtrise en Géographie des pays tropicaux : Mémoire sur Saint-Louis du Sénégal, les
quartiers de l'île et de la Langue de Barbarie, 180 pages. Mention Très bien.
1975 : Doctorat de 3ème cycle en Géographie : Thèse sur Ziguinchor en Casamance.
Aspects géographiques de la capitale régionale du Sud sénégalais, 450 pages. Mention
Très bien.
1990 : Doctorat d'Etat ès Lettres et Sciences Humaines (Géographie) : Thèse sur
Lubumbashi, capitale du cuivre. Ville et citadins au Zaïre méridional, 1000 pages. Mention :
Très honorable, avec les félicitations du jury à l'unanimité. Cet ouvrage a été couronné par le
Prix de l’Institut d’Outre-Mer de l’Académie de Bordeaux, 1990.
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Jean-Claude était un grand universitaire, passionné de l'Afrique. C’était un africaniste dans la
peau, un Africain dans le cœur, un humaniste dans la tête et dans l’esprit. Il a épousé, en
secondes noces, une Congolaise et tous ses enfants, sauf les jumeaux, sont nés en Afrique.
Il a passé près de la moitié de sa vie en Afrique où il a enseigné dans les universités de
divers pays : Sénégal (Université de Dakar), République Démocratique du Congo (pendant
15 ans : Universités de Lubumbashi et de Kinshasa), Cameroun (Université de Yaoundé 1)
et Niger (Univesité de Niamey).
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Il a consacré le plus clair de son temps et toute son énergie à étudier les populations locales,
leurs cultures, leurs langues, leurs villes. Il a dirigé l'élaboration d'un Atlas de Lubumbashi, la
deuxième ville la plus peuplée de la République Démocratique du Congo. Au Cameroun, il a
été le responsable du projet d'appui aux universités, UNICAM 2000.
Reprenant la phrase « Le Cameroun c’est l’Afrique en miniature» utilisée pour la première
fois par le géographe camerounais Jean Felix Loung dans un ouvrage de géographie destiné
à l’enseignement secondaire, Jean-Claude a fait de ce pays une description particulièrement
enthousiaste, que l'on peut encore lire sur le site de l'ambassade de France au Cameroun
(Yaoundé).
Revenu en France au début des années 2000, Jean-Claude a enseigné la géographie à
l'Université Paul-Verlaine de Metz, puis à l'Université Paul-Valéry de Montpellier, en
continuant d’habiter la ville universitaire de Pessac.
Il a été chercheur à l'UMR 5185 ADESS (Aménagement, Développement, Environnement,
Santé, Sociétés), équipe DYMSET (Dynamique des Milieux et des Sociétés dans les
Espaces Tropicaux), de l'Université Bordeaux-Montaigne et à l’UMR 5115 LAM (Les Afriques
dans le Monde) rattachée à l’IEP (Institut d’Etudes Politiques de Bordeaux), à l’Université
Bordeaux Montaigne et à l’UPPA (Université de Pau et des Pays de l’Adour).
Jean-Claude était un grand scientifique dont les nombreux travaux ont largement contribué à
faire connaître la géographie des hommes et des villes, des cultures et des langues du
continent africain et à faire reculer l’ignorance, les clichés et les préjugés.
Jean-Claude, qui a pris sa retraite le 1 er septembre 2014 avec le titre de professeur émérite,
était un enseignant respecté et estimé de ses collègues autant que de ses étudiants et
doctorants. C’était un chercheur extrêmement curieux, particulièrement méticuleux et
largement ouvert aux autres champs disciplinaires (anthropologie, linguistique, science
politique, que sais-je encore ?). C’était un homme de bien, chaleureux et accueillant, bon
vivant et convivial, à la conversation aisée, riche et enrichissante.
Son départ de ce monde, jeudi 18 septembre, laisse un grand vide dans sa famille et parmi
ses amis. Cependant sa mort, pour tout homme et pour toute femme de foi, n’est pas une
disparition ; c’est le passage dans un autre monde que nous croyons meilleur.
Sa mort nous rappelle brutalement que nous sommes tous mortels, que nous sommes tous
de passage sur cette terre. Elle nous laisse entrevoir la possibilité, que dis-je ?, la certitude
d’une autre vie, dépourvue de souffrance, de contingence et de finitude.
Jean-Claude est mort. Mais Jean-Claude reste vivant dans le coeur de sa famille et de ses
amis, dans la mémoire de ses collègues et de ses disciples, à travers l’œuvre admirable qu’il
nous laisse en héritage.
Cher Jean-Claude, cher ami, cher frère, nous ne te disons donc pas « Adieu ! ». Nous te
disons « Au revoir, merci et à bientôt ! »
Musanji NGALASSO-MWATHA
Professeur émérite, Université Bordeaux Montaigne (France)
Senior Research Fellow, University of Johannesburg (South Africa)
Chercheur à CLARE et chercheur associé à LAM
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