BAS TAUX D`INTÉRÊT

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BAS TAUX D`INTÉRÊT
RETRAITE
À L’HEURE DES
BAS TAUX D’INTÉRÊT
Comment maintenir les
revenus des clients retraités
alors que les taux d’intérêt
persistent à vouloir rester bas ?
Diversification des placements,
stratégie globale et efficience
fiscale, répondent vos confrères.
HÉLÈNE ROULOT-GANZMANN
« À partir de 40 ans, on avait souvent
tendance à rééquilibrer les REER en faveur des obligations, moins
volatiles donc plus sécurisantes, explique Sophie Sylvain, planificatrice financière et gestionnaire de patrimoine au Mouvement
Desjardins. De sorte qu’à la retraite, les économies étaient majoritairement composées de titres à revenus fixes. Mais avec les bas
taux d’intérêt que nous connaissons, cette stratégie n’est pas très
payante. Nous insistons de plus en plus sur l’importance d’une
saine diversification des portefeuilles. »
Oui, les retraités devraient garder une proportion de leurs
économies sur le marché obligataire afin de pouvoir payer leurs
factures au jour le jour et mener à bien leurs projets à court terme
sans se retrouver coincés par une baisse subite de valeur. Mais ils
devraient aussi lorgner du côté de la Bourse, qui a de meilleurs
rendements à long terme.
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« L’impact des bas taux d’intérêt n’est pas catastrophique pour
l’instant car l’inflation est basse elle aussi, constate Alexandre
Legault, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Allard,
Allard & Associés. Ce sera plus problématique lorsque ceux-ci
vont commencer à remonter car l’inflation risque de faire pareil.
Le rendement réel des obligations pourrait alors devenir négatif.
Il ne faut pas faire l’erreur de croire que l’on ne peut pas perdre
d’argent avec des obligations. L’histoire démontre que c’est tout
JUIN 2015
«
Il ne faut pas faire
l’erreur de croire que l’on ne
peut pas perdre d’argent avec
des obligations. »
– Alexandre Legault
www.conseiller.ca
«
Nous insistons de plus en
Ce que vos clients ne
doivent surtout pas faire
plus sur l’importance d’une saine
diversification des portefeuilles. »
– Sophie Sylvain
MARTIN JALBERT : « Faire confiance à
son beau-frère autour de la table de la
cuisine le dimanche midi ! Aucune
situation ne se ressemble, personne
n’a le même portrait financier ni la
même tolérance au risque. »
à fait possible : le rendement réel des actions a été beaucoup
plus stable dans le temps que celui des obligations. Sur les cent
dernières années, le rendement réel des actions est supérieur de
6,5 % à l’inflation. »
RASSURER LA CLIENTÈLE
Or, même à la retraite, on peut avoir un horizon assez long.
Une femme qui a 65 ans aujourd’hui a une espérance de vie de
près de 25 ans1.
« Bien sûr, tout le monde n’a pas la même tolérance au risque,
poursuit M. Legault. Mais on doit se demander si l’arrimage
entre le risque que le client prend et le risque qu’il doit prendre
pour atteindre ses objectifs est bon. Si la réponse est non, il doit
peut-être revoir ses objectifs à la baisse, donc laisser tomber des
projets ou se serrer la ceinture. »
Il est rare cependant que les clients aillent jusque-là. À force
de tenir ce discours de la saine diversification, et alors que les
taux d’intérêt qui demeurent mois après mois au plus bas leur
donnent raison, les conseillers affirment parvenir de mieux en
mieux à convaincre leurs clients.
« Tout passe par l’éducation, estime Martin Jalbert, planificateur financier au groupe Mirador. Et par la confiance qu’ils nous
accordent. Il faut les rassurer, leur montrer que l’on comprend
leur situation, leur aversion plus ou moins grande au risque,
leurs besoins à court terme. Leur prouver aussi qu’on connaît
notre métier et qu’on peut leur proposer des produits qui, sans
présenter des taux complètement garantis, ont une faible volatilité
et ne leur font donc pas prendre de risques inutiles. »
Alexandre Legault rappelle quant à lui que les dividendes à
la Bourse de Toronto tournent aujourd’hui autour de 2,5 %, ce
qui est très proche des revenus garantis sur le marché obligataire
à long terme. Et aux clients complètement réfractaires à toute
forme de risque, il conseille d’acheter des obligations à court
terme, de façon à ne pas se retrouver coincés avec elles lorsque
les taux finiront par augmenter.
MAXIMISER LES ACTIFS HORS REER
Aussi, pour contourner les bas taux d’intérêt, les conseillers
optent de plus en plus souvent pour des stratégies globales
dépassant les seuls actifs détenus dans les REER.
1 Source : Statistique Canada
SOPHIE SYLVAIN : « Arrêter d’investir
en attendant que les taux augmentent.
Car à rester sur les lignes de côté trop
longtemps, on perd des sous. »
ALEXANDRE LEGAULT : « Acheter une
rente viagère. Certes, à la retraite, le
plus grand risque est de vivre plus
vieux que ses épargnes. Mais si on
achète une rente au moment où les
taux sont bas, son taux d’actualisation
va être bas lui aussi, et elle risque de
perdre de la valeur lorsque l’inflation
va se mettre à grimper. »
« La fiscalité est souvent la clé, note M. Jalbert. Réfléchir à
la meilleure façon de placer l’argent d’un immeuble à revenus,
de la vente d’une maison ou d’un héritage, afin d’en améliorer
l’efficience fiscale, peut augmenter le rendement moyen de
l’ensemble des avoirs. En période de bas taux, il faut maximiser
tous les actifs hors REER. »
Même piste du côté de Sophie Sylvain, qui conseille à tous une
révision annuelle du plan de retraite afin d’anticiper les besoins
et les fluctuations du marché.
« Le fractionnement des revenus peut être une bonne
solution pour deux conjoints de 65 ans et plus ayant des
situations financières très disparates, expose-t-elle. Ne pas
oublier d’optimiser tous les crédits d’impôts pour les frais
médicaux, les personnes handicapées, les aidants naturels,
etc. Bref, la fiscalité peut vraiment faire toute la différence.
Encore faut-il en avoir conscience. »
Sur les cent dernières années, le rendement réel des actions est
supérieur de 6,5 % à l’inflation.
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