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SIMON DE CYRÈNE LA LETTRE DE L’ASSOCIATION SIMON DE CYRÈNE NANTES - N°9 AVRIL 2016 On voudrait bien parfois écarter de soi la maladie, le handicap, l’épreuve, la souffrance, mais finalement, nous recevons les forces nécessaires pour ne pas baisser les bras! Même tout tordus nous sommes des hommes et des femmes debout ! Samedi 19 mars, notre groupe de compagnons Simon de Cyrène décide d’aller soutenir l’un des nôtres, Eric, et son équipe d’Handibasket le St Herblain Basket Club contre un adversaire redoutable : une équipe d’Anglet tout droit venue du Pays Basque, en tête des classements de la compétition. Toutes les personnes de notre groupe Simon de Cyrène ont été très touchées par cette spectaculaire leçon de courage. « Le handibasket m’oblige à sortir de chez moi pour être fidèle à un rendez-vous qui va me demander de me dépasser, de braver les réticences à mobiliser un corps douloureux et ankylosé. C’est un vrai combat, à chaque fois : dérouiller progressivement les mouvements, tenir bon dans l’effort malgré les chocs et même les chutes, supporter d’avoir mal. Pourtant j’y retourne. Nous refusons avec pugnacité l’adversité, la fatalité et nous nous donnons ce rendez-vous deux fois par semaine pour préparer nos matchs. Quant à nos supporters, compagnons Simon de Cyrène, il s’agissait là aussi de relever un vrai défi : Me rejoindre sur le terrain, à18h, loin de la salle qui nous réunit habituellement, c’est dépasser pour certains compagnons cérébro-lésés les peurs de l’inconnu, rester durablement dans une atmosphère bruyante, entouré d’un public nombreux. Il a fallu braver ces appréhensions. Merci à mes amis de Simon de Cyrène, vous étiez avec moi sur ce terrain : c’est formidable d’être tous ensemble ! » Eric, compagnon Simon de Cyrène à Nantes Evènement Sur le vif Je suis vivant, je veux vivre. Je veux voyager ! Ces quelques mots sont venus d’un seul trait de la pensée de Cyrille, désignés lettre après lettre avec l’aide d’une personne sur un petit alphabet de papier, en pointant son index gauche. C’était il y a 10 ans, 8 ans après un accident de voiture, qui avait laissé Cyrille emmuré dans son silence. Je suis restée là, scotchée, émue, à le regarder : heureuse d’avoir enfin pu dire ce qui l’animait. Ces huit années avaient été guidées par notre intuition sans aucune certitude sur l’avenir. Une sorte de navigation à l’estime, portée par les voiles de l’espoir, voilure adaptée aux circonstances changeantes de l’état de santé de Cyrille, alors que les médecins réanimateurs « ne pensaient pas qu’il passerait la nuit… ». Lorsque je relis cette première phrase, elle a toujours autant d’effet sur moi. Vivre ? Evidemment car il est vivant ! Et pourtant pas si évident. Pour une bonne part de nos concitoyens, l’existence de personnes porteuses de handicap semble dérangeante, voire incompréhensible, surtout lorsque se pose la question du coma, de l’état végétatif chronique puis de la déficience mentale et physique. Nous, on y a cru avec lui. « Désolé, Il a voulu vivre » m’a dit un autre réanimateur. On a respecté ce choix et laissé à Cyrille le temps d’émerger, de retrouver sensiblement ses marques et le goût de vivre. Nous l’avons entouré tout simplement, à son rythme, en famille, entre amis, avec l’aide des soignants. Sa fragilité nous a fait déplacer des montagnes, et elle nous a rendu forts, ensemble. Cela a pris des années, d’amour, de patience, de combats, de chutes, rechutes et de relèves. Nous nous sommes inclinés avec respect et attention face à tant de courage et de volonté de vivre. Et nous avons beaucoup reçu. Voyager ? Alors là, je ne m’y attendais pas… C’est vrai que Cyrille avait toujours été un grand voyageur avant son accident. Que voyager soit sa façon de dire que c’est vivre, c’est assez culotté de sa part, car il ne peut plus ni marcher, ni parler, ni manger… Alors je lui ai demandé où il voulait aller. Il m’a épelé « Czestochowa ». Je lui ai demandé pourquoi ? « Rendre grâce de la Vie qui m’est donnée ». Puis, avec qui ? « Mes amis de 1984 et 1987 ». C’était clair, cohérent avec ses souvenirs réels car il s’était rendu en pèlerinage étudiant ces années là au temps de Solidarnosc. Alors, j’ai envoyé un message rédigé par lui 15 jours plus tard à ses amis d’il y a 20 ans. Et 159 d’entre eux sont venus, seuls, en famille. Et nous avons marché, parlé, prié, ri ensemble. Nous avons vécu pleinement dans le partage et la solidarité autour et avec Cyrille. Six jours complets. « C’est qui ce mec qui ne marche pas et qui nous fait avancer sur les chemins de Pologne ? ». Cracovie, Wadowice, Auschwitz, Czestochowa… incroyablement heureux. 1ère soirée Fragilité-Partage à Nantes Une grande fête proposée par Simon de Cyrène Nantes : De nombreuses Associations se sont fédérées autour de la fragilité humaine, 450 personnes ont osé la rencontre de l’autre différent, miroir de nos fragilités. « Quelle joie cela a été pour moi de vous rencontrer toutes et tous lors de ce magnifique moment placé sous le signe du partage et de la convivialité ! Nous avons veillé ensemble, nous avons mis nos cœurs en éveil… et nous nous sommes regardés, nous nous sommes écoutés, nous nous sommes admirés, et nous avons ainsi commencé à arpenter ce beau et parfois si ardu chemin qui mène à l’Amour. Oui, l’Amour avec un grand A. Cet Amour qui va au-delà de sa famille, de son clan, de son cercle… cet Amour qui va vers l’inconnu, le différent, le rejeté le démuni, le vulnérable, le faible… le Vivant : cet Amour qui permet de s’aimer soi-même et de relever l’humanité toute entière ! Merci du fond du cœur de m’avoir donné le grand honneur d’être la marraine d’un tel évènement. » Frédérique Bedos « Sois un héros, sois toi-même » www.leprojetimagine.com Frédérique Bedos, journaliste, écrivain et fondatrice du projet Imagine : une marraine rayonnante Au retour, tous nous étions vivifiés. Cyrille nous a remerciés et puis il nous a invités à continuer : chemin de St Jacques de Compostelle, traversée de la baie du Mont St Michel, marche à Lisieux, Montmartre, Rome et cette année la Terre Sainte… A chaque fois le même enthousiasme, la même joie partagée de marcher ensemble, de vivre ensemble une aventure improbable et forte. Oui la Vie vaut la peine d’être vécue ! Ensemble tout est possible. Cyrille et Magali JEANTEUR 2 La lettre de l’association Simon de Cyrène Nantes AVRIL 2016 - www.thetis-nantes.fr Le groupe des compagnons de Nantes sur scène. www.thetis-nantes.fr - La lettre de l’association Simon de Cyrène Nantes AVRIL 2016 3 Parole de mécènes La « Fondation Lucq Espérance » est familiale. Créée en 2010 et abritée par la Fondation Caritas France, elle complète l’engagement de sa grande sœur. La « Fondation du Lucq » créée en 2005 est abritée par la Fondation de France. Elle bénéficie de l’expérience du Secours Catholique-Caritas France et travaille souvent avec d’autres fondations sur plusieurs années. Une famille et deux fondations, véritables instruments de partage et de solidarité : elles accompagnent et encouragent des initiatives pour lutter contre la solitude, toutes les formes d’exclusion et de pauvreté en France et dans le monde comme le « handicap » Ces Fondations interviennent généralement auprès de petites et jeunes organisations en phase de démarrage, qui aident les « cabossés » de la vie à se réinsérer et à tisser des liens avec la société. Depuis 2005, nous avons accompagné plus de 80 projets associatifs. 4 En France, on ne meurt pas de faim mais de solitude. Le projet Simon de Cyrène, créant des liens entre personnes valides et personnes en situation de handicap, a tout de suite retenu notre intérêt par son côté innovant : on ne « fait pas pour, mais avec », chacun se révèle à lui même qu’il soit accompagné ou accompagnant, car tous nous avons besoin de nous enrichir les uns des autres. C’est une nouvelle approche que décline de nombreuses personnalités prophétiques dont fait partie le grand Jean Vanier fondateur de la communauté de l’Arche. Nous nous sommes donc engagés à accompagner le démarrage de Simon de Cyrène Nantes à hauteur de 40 000 € et faisons le voeux que d’autres fondations et mécènes ainsi que particuliers et entreprises s’engagent à leur tour. La lettre de l’association Simon de Cyrène Nantes AVRIL 2016 - www.thetis-nantes.fr