Selon l`étude SENECA, un style de vie et une alimentation

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Selon l`étude SENECA, un style de vie et une alimentation
Selon l'étude SENECA, un style de vie et une alimentation
appropriés pourraient réduire la mortalité et la morbidité
des européens
Les études épidémiologiques publiées ces dernières
années ont bien montré le rôle de la nutrition et des habitudes
de vie sur la prévalence de nombreuses pathologies avec
l'âge. Un comportement à risque, ou au contraire un style de
vie approprié, peuvent ainsi avoir une répercussion très
sensible sur l'espérance de vie en limitant notamment
l'incidence des maladies cardiovasculaires et des cancers. Une
des questions qui se pose toutefois est de savoir si ces
comportements ont aussi un effet bénéfique sur la morbidité.
En d'autres termes, est-il possible en même temps de
prolonger la durée de la vie et sa qualité ? Cette notion de
"bonne santé le plus longtemps possible" est une
préoccupation individuelle forte, puisqu'elle se réfère à
l'autonomie personnelle, mais représente aussi un problème
de santé publique majeur lié, par exemple, à l'accueil des
personnes dépendantes. Plusieurs schémas pourraient être
envisagés dans l'avenir: - une augmentation de l'espérance de
vie qui prolongerait la période de vie en position de
dépendance ; - une vie plus longue avec la même durée
d'autonomie ; - une espérance de vie constante, mais une
réduction de la période de dépendance ;- une vie plus longue
et une compression de la morbidité. Cette dernière hypothèse
est bien entendue la plus souhaitable, et fait l'objet
d'attentions toutes particulières dans les travaux les plus
récents.
Les résultats de l'étude européenne SENECA (Survey in
Europe on Nutrition and the Elderly: a Concerted Action)
offrent à ce sujet des enseignements très encourageants.
Initiée en 1988, l'étude SENECA avait pour objectif d'évaluer
les effets de la nutrition et du style de vie sur l'état de santé
des seniors. Au départ, 2586 personnes ont été recrutées dans
19 pays d'Europe. Pour être éligibles, elles devaient être nées
entre 1913 et 1918, habiter une ville de taille moyenne et ne
pas résider dans un établissement de psychiatrie ou de
gériatrie. Ces personnes ont été suivies durant 10 ans, avec
une évaluation au début, au milieu et à la fin de l'enquête.
Trois paramètres principaux ont été utilisés pour
caractériser leur état de santé. Le premier consistait à savoir si
la personne était ou non encore en vie. Le second concernait
Probabilité de devenir dépendant vs être indépendant
(Odd Ratio et intervalle de confiance à 90%)
le statut fonctionnel des individus apprécié à partir de leur
capacité à effectuer un certain nombre de tâches de la vie
quotidienne. Le troisième était plus subjectif et touchait la
perception que chacun avait de son propre état de santé. La
caractérisation du style de vie était essentiellement focalisée
sur la consommation ou non de tabac dans les 15 dernières
années et sur l'activité physique mesurée selon le score de
Voorrips avec trois composantes, domestique, sportive ou de
loisir. Enfin, les habitudes alimentaires étaient évaluées à
partir du test Mediterranean Diet Score qui tient compte du
rapport des graisses saturées sur insaturées, de la
consommation d'alcool, de légumes, de noix, de noisettes et
de graines, de céréales, de fruits et légumes, de viande et de
produits laitiers.
L'analyse des résultats montre que les habitudes
alimentaires, la consommation de tabac et l'activité physique
ont toutes un impact sur la survie et l'état de santé des
participants ; une diète de bonne qualité, l'absence de
tabagisme et l'activité physique sont clairement reliées à une
espérance de vie plus importante. Le fait de ne pas fumer
retarde la détérioration de l'état de santé des hommes. Le
nombre de femmes de plus de 70 ans fumant régulièrement
était trop faible pour faire le même type d’analyse dans ce
groupe. L'activité physique maintient l'autonomie et la
sensation d'être en bonne santé chez les hommes alors qu'elle
affecte surtout la mobilité et l'autonomie des femmes sans
modifier la perception de leur propre état de santé.
Ces travaux montrent qu'un mode de vie approprié
augmente non seulement l'espérance de vie des européens,
mais également retarde la période durant laquelle l'état de
santé des participants se détériore. Il semblerait qu'un gain en
terme d'années ne soit pas incompatible avec une réduction
de la dépendance en fin de vie. Si en général il est
recommandé d'acquérir le plus tôt possible de bonnes
habitudes alimentaires et un mode de vie approprié, et de les
maintenir toute la vie, il semble bien que ces comportements
gagnent à être adoptés même tardivement pour préserver au
mieux un état de santé optimum.
B. Corman
Successful Aging Database
Hommes
Activité physique faible
1,9 (0,9-3,9)
Consommation de tabac
2,2 (1,1-4,5)
Femmes
Activité physique faible
2,6 (1,4-4,9)
Consommation de tabac
non significatif
Haveman-Nies A, de Groot L, Staveren WA. Dietary quality, lifestyle factors and healthy ageing in Europe: the
SENECA study. Age Ageing 2003; 32:427-434
©2003 Successful Aging SA
Af 143-2003