Ellundril - Livre Attitude

Transcription

Ellundril - Livre Attitude
« Ce que j'aime par-dessus tout en Gwendalavir, outre la salade de champignons,
c'est une certaine légende... »
Certains Alaviriens pensent qu'il est impossible de remonter aux origines d'Ellundril
Chariakin. Cependant, comme dirait Merwyn Ril'Avalon, « Ce que j’aime par-dessus tout en
Gwendalavir, outre la salade de champignons, c’est l’inutilité du mot impossible ».
C'était il y a très longtemps, aux balbutiements d'un monde de nos jours fabuleux :
Gwendalavir. La mère d'Ellundril était originaire du peuple Haïnouk, une fille du vent pleine
d'envies de liberté. Le père était un homme mystérieux, solitaire. Les mythes racontent qu'il pouvait
voyager d'un monde à l'autre en ouvrant des portes. L'amour qui liait ces deux personnes a donné
naissance à une petite fille qui hérita des dons de ses parents.
Ellundril est née au cœur du Désert des Murmures. Ce soir-là, les derniers rayons du soleil
dessinaient des courbes gracieuses sur le sable. Le vent murmurait son prénom, et ce chant
harmonieux sonnait comme une promesse. Sans le savoir, elle était Marchombre avant d'être née.
C'est seulement quelques années plus tard que survint le drame.
Ses parents partirent un jour à la découverte d'autres dimensions, comme ils avaient
l'habitude de le faire. Ils ne revinrent jamais.
Recueillie par les Fils du Vent après leur disparition, la petite fille attendait désespérément
leur retour. Chaque jour écoulé était comme une lame de plus qui cisaillait son esprit. Elle tenta de
reprendre goût à la vie, en vain. Leur absence avait creusé un vide en elle.
Irréversible.
Durcie par la peine et le chagrin, l'enfant prit la fuite. Elle avait décidé qu'elle retrouverait
ses parents, et son choix était inébranlable.
Ellundril traversa la Mer des Brumes, se rendit à Al-Jeit, apprit à y survivre, voyagea vers le
Nord, s'entraîna au combat... Beaucoup de personnes croisèrent sa route, pourtant la jeune fille se
sentait très seule. Ces années d'errance l'avaient mûrie, et elle était devenue une femme très
intelligente. Et, surtout, elle avait compris une chose : ses parents n'étaient pas en Gwendalavir.
Un soir à Al-Jeit, elle se sentit prête à explorer d'autres mondes comme l'avaient fait ses
parents.
Elle avait peur, mais elle n'avait personne à qui l'avouer.
Peur de ce qui l'attendait.
Peur de ne plus revenir.
Peur de briser l'image qu'elle avait de ses parents.
Elle se percha sur une hauteur de la ville et embrassa le ciel du regard. Le vent chantait dans
ses cheveux : Ellundril...
Elle ouvrit une porte.
Explosion de couleurs,
Possibilités infinies,
Vie.
Ellundril était libre. Elle sentit qu'elle était faite pour cette vie, et sa vie venait à peine de
commencer. Chaque monde qui s'offrait à elle était un des innombrables chemins sur la voie qu'elle
arpentait. Elle ressentit pour la première fois un curieux sentiment qui la plongea dans l'extase:
l'harmonie.
Des titans de roches errant dans le brouillard
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Une jeune fille à la peau grise qui s'enflamme quand on la regarde
Des hordes de singes noirs aux crocs menaçants
Un lac rouge sang abritant une entité maléfique
Des plaines qui se tordent sous le souffle d'un géant
Des hommes qui chantent autour d'un arbre
Une femme qui les observe en riant.
Une légende commençait à naître. La légende d'une femme qui défiait toutes les limites de
l'univers, y compris celles du temps. Cette femme avait appris toutes sortes de techniques de combat
et savait modifier son apparence, à tel point qu'elle effrayait la mort. Quand cette femme nous
regardait, son regard était si brûlant que l'on oubliait tout le reste, même son visage. Dans certains
mondes, son nom était Ellundril. Dans d'autres, on la nommait Chariakin.
Ellundril retournait de temps en temps en Gwendalavir, et suivait l'évolution de son monde
natal. Elle voyait les villes grandir, les Empereurs régner, les guerres se succéder, les Faëls danser.
C'est un jour où elle se promenait à Al-Jeit qu'un homme attira son attention. Il se fondait
dans la foule avec souplesse et ses gestes étaient fluidité. Elle le suivit dans un dédale de ruelles
sombres sans se faire repérer, telle une ombre sur les murs. Il la mena dans un bâtiment souterrain
où un groupe d'individus échangeaient autour d'une table. L'homme prit place auprès des autres, et
Ellundril se cala à son aise dans un coin pour les observer. Elle les écouta parler toute la nuit, et le
lendemain elle revint à nouveau pour les épier, et ainsi de suite. Chaque soir, ces hommes et ces
femmes d'apparence ordinaire mais que la démarche trahissait se réunissaient pour parler. Un jour,
elle s'avança vers eux, et avant qu'ils n'eurent le temps d'esquisser un geste, elle dit d'une voix
claire et puissante :
« Mes amis, je sais ce qui vous fais venir ici chaque soir. C'est cette force qui coule dans nos
veines, cette envie irrépressible de liberté et d'indépendance, de loyauté et d'honneur. C'est la force
qui vous fait avancer, la grâce qui guide vos gestes et la souplesse de vos mouvements. Moi aussi,
je connais cette sensation de légèreté quand le vent porte nos mots vers l'horizon. Je vous propose
de nous unir pour arpenter ensemble la Voie de l'harmonie. Je vous propose de créer une guilde
secrète. »
Après ces mots, le silence se faufila dans la salle comme un courant d'air. Tous le monde
fixait cette femme surgie de nulle part, et qui vous regardait avec une intensité déroutante. Au fil du
temps, les mots prononcés s'imprégnaient dans les esprits de chacun, et dévoilaient leur sens.
Finalement, un homme aux cheveux gris et aux yeux très clairs demanda calmement :
« Quel est ton nom ?
– Ellundril Chariakin.
– Bienvenue. »
Ce soir-là, ils se quittèrent plus tard que d'habitude. Ils établirent rapidement quelques règles
provisoires, car les vraies lois de la guilde s'imposeraient d'elles mêmes avec le temps.
Ils trouvèrent un nom : Marchombre.
Pendant ces délibérations on parla peu : les mots n'étaient pas nécessaires. Ainsi la guilde
naquit.
Ellundril forma les plus jeunes au combat, elle leur apprit à écouter, à voir le monde, à
respecter. Elle n'était plus seule, mais elle restait libre et indépendante. Plus tard, on découvrit le
Mont Rentaï, la greffe. La légende marchombre s'y rendit en secret et découvrit qu'on lui avait offert
la greffe à sa naissance, mais c'est ce jour-là seulement qu'elle l'activa. Un nuage de brume
lumineuse l'enveloppa et la porta dans le ciel. Dans le désert des murmures, le vent chantait :
Ellundril...
Plus tard, Ellundril retourna à ses voyages. De temps en temps, elle réapparaissait en
Gwendalavir et alimentait les mythes. Elle participait à l'histoire du monde quand ça lui plaisait. Les
Marchombres continuèrent à évoluer.
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Ellundril s’intéressa de près à la vie d'Ellana Caldin. Elle ne résista pas à l'aider dans des
situations amusantes sous d'autres apparences, jusqu'au jour où elle décida de l'aider à découvert.
Elle trouva que Salim avait une coiffure très drôle, mais elle se retint de le lui dire pour ne pas le
vexer. Elle aimait bien la petite Ewilan, et décida de l'aider à vaincre Ahmour. Après tout, il était
assez énervant, avec tout le vacarme qu'il faisait. Puis, elle croisa Eijil et lui dit qu'elle cherchait un
endroit intéressant à visiter. Celle-ci lui parla d'une certaine Nawel qui se mettait souvent dans le
pétrin, et qui dit pétrin dit aventure. Ellundril partit alors à sa rencontre, et elle ne fut pas déçue.
Mais tout ceci n'est qu'un pan de la vie entière de cette légende.
Aujourd'hui, elle continue à explorer les mondes même si elle ne cherche plus ses parents.
Peut-être l'avez-vous croisée sans le savoir.
Elle marche sur l'ombre, chevauche la brume et porte la lumière.
Penchée sur son clavier, la jeune fille écrit sans s'arrêter. Elle cherche les défauts de son
texte pour l'améliorer. Elle sait qu'elle est très loin de la perfection. Elle est tellement concentrée
qu'elle ne remarque pas la femme qui se tient derrière elle. Par-dessus l'épaule de l'adolescente,
elle observe ce qui est écrit et ne peut s'empêcher de sourire. Elle éclate d'un rire silencieux, et
disparaît gracieusement.
La jeune fille s'arrête d'écrire. Elle se retourne. Il n'y a personne.
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