Guide, un métier en crue
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Guide, un métier en crue
JEUDI 12 MARS 2015 WWW.SUDOUEST.FR Virginie Despentes à Mollat demain Bordeaux L’auteure de « Vernon Subutex » présentera son dernier roman, demain, à 18 heures, dans les salons Albert-Mollat (11, rue Vital-Carles). Pour ceux qui ne pourront y assister, la rencontre sera retransmise en direct sur le site Internet de la librairie. Tél. 05 56 56 40 40. ARCHIVES GUILLAUME BONNAUD LE PIÉTON a relevé un jeu d’un genre nouveau sur le réseau de tramway dimanche dernier. À la station Grand-Parc, sur la ligne C, deux garçons d’une vingtaine d’années, se sont jetés sur les portes de la rame et se sont accrochés à chaque extrémité en tendant les bras alors que le tramway quittait la station en direction de Ravezies. Leur blague débile, devant des passants stupéfaits, n’a duré que quelques secondes. Le conducteur a freiné et arrêté la rame, leur demandant via le hautparleur de s’éloigner des voies. James Bond dans ses films saute aussi sur les wagons de train, mais avec plus de classe. Une mairie annexe bis SAINT-MICHEL Le local dont la restauration s’achève à côté du Passage Saint-Michel devait accueillir une antenne de la Maison de l’emploi. Patatras : ladite maison de l’emploi voyant son budget très réduit cette année, cette implantation est abandonnée. Du coup, la Ville va probablement installer à sa place une sorte de mairie annexe de proximité, comme il en existe déjà à Nansouty par exemple. Elle pourrait permettre d’effectuer certaines démarches, la tenue de permanence d’élus, etc. De la maternelle à la section BTS CAUDÉRAN Le groupe scolaire Assomption Sainte-Clotilde organise des portes ouvertes samedi, de 9 à 15 heures au 370, boulevard du Président-Wilson. Les enfants sont accueillis de l’école maternelle et primaire jusqu’au lycée. Une section BTS management et commerce complète l’offre de formation. Contact : 05 56 48 77 77, [email protected]. À NOTER ■ BORDEAUX OCCITAN La 25e visite guidée de Bordeaux occitan franchira la Garonne samedi pour découvrir la Bastide qui recèle d’histoires gasconnes. Réservations jusqu’à ce soir : [email protected] ou au 06 73 66 83 09. De 4 à 6 euros, gratuit pour les moins de 12 ans. À14 heures, place Stalingrad. ■ JOURNÉE DE L’AUDITION Aujourd’hui à la Maison écocitoyenne, des animations sont organisées dédiées aux oreilles et à leur fonctionnement. 05 24 57 65 20. Les guides interprètes conférenciers sont de plus en plus nombreux. À droite, Béatrice Perin, guide à Bordeaux. ARCH. « SO »/PH. THIBAUD MORITZ Guide, un métier en crue TOURISME L’essor du tourisme fluvial à Bordeaux dope l’activité des guides interprètes conférenciers, de plus en plus nombreux. Mais il révèle aussi des points faibles GILLES GUITTON A u total 30 en 2008, 80 en 2015 : en chiffres ronds, c’est le compte que tient Béatrice Perin, guide interprète conférencière à Bordeaux, pour décrire l’essor de la profession ces dernières années. Une activité de niche révélatrice de l’essor des métiers liés au tourisme. La vice-présidente de l’Agica, principale association professionnelle d’Aquitaine, n’a pas le style vestimentaire exubérant d’Yves Simone, ni son penchant pour les joutes municipales. Mais elle en partage la tchatche, dirait-on à Toulouse. Trait professionnel, forcément. Accru par la nécessité de défendre ces tempsci une profession en voie de réforme (lire ci-dessous). Si le sujet est « chaud » à Bordeaux, donc, c’est grâce aux labels et aux bateaux. « J’ai vu les choses évoluer dans le bon sens depuis les années 1990. Récemment, les labels Unesco, ville d’art et d’histoire, destination européenne. » Les croisières fluviales sont un vrai filon : « À ce jour, six bateaux. Une centaine de passagers à chaque fois ». Avec une particularité bordelaise avantageuse : « Les croisières fluviales restent sur l’estuaire. Elles ne quittent pas le département ». Public captif. Mais pas de quoi faire fortune : les « pros » de l’accompagnement sont parfois salariés, rarement en CDI, souvent en CDD, ou vacataires, auto-entrepreneurs. Précaires, en somme. Aliénor, les églises, les arbres Guide-chauffeur (en voiture) pour la société Roue libre Aquitaine, Béatrice Perin parle anglais, italien et allemand et constate : « Les Anglais sont friands de l’histoire commune avec l’Aquitaine, les Italiens veulent au minium trois églises, les Allemands demandent le nom de tous les arbres ! » C’est sa façon de dire SudOuest-immo.com Chaque mardi tout sur l’immobilier dans votre quotidien combien elle et ses collègues sont (« comme les journalistes, non ? »), spécialistes de tout… « Il faut s’adapter sans cesse. Beaucoup ici ont suivi des cursus d’œnologie pour faire faire des dégustations ». On peut être guide à pied, à vélo, en voiture, en bus… Points faibles L’essor bordelais a attiré quelques confrères ou consœurs parisiens. Mais la croissance express du tourisme international a révélé des points faibles : « Aucun guide ne parle chinois ou japonais ». Il y a bien des natifs de l’Orient à Bordeaux qui feraient le job, « mais ils maîtrisent souvent mal la langue écrite. Il faudrait aménager l’accès à la formation et au diplôme », pense Béatrice Perin. Puisque le Conservatoire national des arts et métiers dispense un cours à Bordeaux depuis septembre dernier pour l’obtention de licence professionnelle. Autre point faible soulevé par la crise de croissance : si hôtels, agences de voyage et offices de tourisme font appel aux professionnels, les croisiéristes posent un autre problème. « Pour les grands bateaux, il faut parfois 30 ou 35 guides sur un jour ou deux. Là, on est aidés par 10 ou 15 % de non-professionnels. Un peu comme les saisonniers sur la côte. » Pas de doute, il y a encore de la place, pense Béatrice Perin. « Bordeaux vient de très loin. Elle n’avait pas de capacité hôtelière il n’y a pas si longtemps. Ça change. On pourrait faire bien mieux en accueil de congrès ». Et elle ne se lasse pas de raconter la ville. « Jamais. Les lieux sont les mêmes, mais les gens changent à chaque fois. On ne peut pas se lasser. Sauf si on n’aime pas les gens. » Une convention qui fâche ■ Vice-présidente de l’Agica, que préside Catherine Bord, Béatrice Perin est « en colère ». Au niveau national, contre un projet de réforme de la profession qui a conduit ses collègues sur les marches du Grand-Théâtre. Plus localement, l’Agica vient d’intenter un recours contre une convention entre la Ville et le croisiériste Viking Cruises pour des visites au musée d'Aquitaine. Elle prévoit le recours « autant que possible » à des guides professionnels. « On attaque la formule « autant que possible ». Le musée doit n’em- ployer que des diplômés pour garder le label Musée de France ». Mais c’est la ville qui est contestée, pas le croisiériste, qui « accepte de respecter le tarif établi par l’Agica quand il recrute des guides », selon Béatrice Perin. D’autres pratiques via Internet apparaissent à la marge ou en dehors des règles de la profession. Concurrence « déloyale », crainte de l’irruption de « plombiers polonais » sur ce marché… « Que le métier évolue, c’est normal. Mais il faut encadrer ces évolutions », plaide BéatricePerin.