Le projet PANIER : - Activités agri rurales innovantes

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Le projet PANIER : - Activités agri rurales innovantes
Colloque
« Ressources locales et création d’activités durables
dans les territoires ruraux »
Lundi 17 novembre - Hôtel de Rennes Métropole
Les savoir-faire ruraux traditionnels sont un ferment d’avenir ! Alors qu’ils sont menacés, de
nombreux porteurs de projets veulent se les réapproprier pour créer une activité économique.
Mais leur démarche se heurte à certaines difficultés : besoin d’un accompagnement adapté à leurs
aspirations, transmission des savoir-faire, etc. Le projet PANIER a pris 3 années pour mettre en
place des réponses nouvelles. La dynamique de ces projets innovants peut redonner souffle à des
territoires ruraux.
A l’heure de la globalisation, il peut sembler archaïque de souhaiter relocaliser l’économie en
valorisant des ressources territoriales. Et pourtant, que ce soit la crise financière et économique
récente ou des crises sanitaires et environnementales plus anciennes, le modèle de développement
actuel montre ses limites.
La modernisation agricole des années 50, a conduit la Bretagne au rang de première région
agricole européenne. Ce « miracle breton » fait aujourd’hui l’objet de regards ambivalents.
Certains retiennent les performances techniques et économiques, qui ont conduit la région à
produire la moitié des porcs élevés en France, 4 poulets sur 10 et un litre de lait sur 3. D’autres
pointent les dégâts écologiques de cette modernisation (dégradation de la qualité des eaux,
banalisation des paysages, fragilité des systèmes de monoproduction) ainsi que les impacts
sociaux (forte baisse du nombre d’agriculteurs, exode rural, difficultés d’installation des jeunes).
Moins spectaculaire que les pollutions, l’érosion des savoir-faire traditionnels et des ressources
locales typiques des territoires ruraux est, elle aussi, fortement liée à la modernisation agricole.
Cette évolution s’inscrit dans un mouvement général, qui dépasse le secteur agricole et les
frontières de la Bretagne. Une double comparaison amène à penser qu’il s’agit d’une question
particulièrement marquée dans le monde rural breton: La Bretagne ne possède à ce jour que 2
produits en Appellation d’Origine Contrôlée, qui résultent d’usages « locaux et constants », et «
constituent un patrimoine collectif », sur un total national de 79. L’intérêt pour les savoir-faire
anciens bretons est très marqué (musique par exemple) mais dans d’autres secteurs économiques
que l’agriculture.
Des institutions de développement agricole et rural ont estimé collectivement que la
réappropriation de ces savoir-faire et ressources pouvait contribuer à résoudre des problèmes
posés par le « modèle breton » et à générer des activités adaptées à notre temps et aux attentes des
territoires. Réunies au sein d’un partenariat mixte privé/ public 1, elles ont lancé en 2005 le projet
Equal2 PANIER : « Pratiques ANciennes et Innovation Pour des Emplois Ruraux », grâce à un
financement du fonds social européen. Le projet s’est développé autour de 3 axes principaux :
1
Le projet est piloté par la FRCIVAM (Fédération Régionale des Centres d’Initiatives et de Valorisation de
l’Agriculture et du Milieu rural) Bretagne et réunit 11 partenaires dont : les FDCIVAM (Fédération Départementale
des CIVAM) d’Ille et Vilaine et du Finistère ; Accueil Paysan Bretagne ; l’AFIP (Association pour la Formation et
l’Information Pour des initiatives rurales) ; Agrobio 35 ; Culture Bio ; Mené Initiatives Rurales ; Etudes et Chantiers
Bretagne - Pays de Loire ; le CFPPA (Centre de Formation Professionnelle Pour Adultes) de Caulnes ; Agrocampus
– site de Beg Meil
identifier et analyser des ressources liées au patrimoine local et leurs conditions de transmission
et de valorisation ; accompagner des porteurs de projets souhaitant créer des activités
économiques mettant en valeur ces ressources ; mobiliser les acteurs locaux autour de ces
ressources et porteurs de projets afin de contribuer à la mise en place de véritables systèmes
locaux de création d’activités.
La revalorisation des savoir-faire anciens dépend d’abord de la capacité à les transmettre. Il ne
s'agit pas seulement de transmettre des connaissances techniques liées à l'exercice d'un « métier »
mais aussi de savoir plus « généraux » liés à la vie rurale. Ces connaissances sont désormais
négligées alors qu’elles jouent un rôle particulièrement important dans les processus de
transmission et d'insertion des activités en milieu rural. Il faut donc inventer de nouveaux
processus de transmission qui prennent en compte la globalité des savoir-faire. La mise en réseau
des détenteurs de savoir-faire avec des porteurs de projets qui pourraient les adapter et les faire
revivre, et l’accompagnement à la transmission, sont des actions qui ont été développées dans le
cadre du projet PANIER.
La revalorisation des savoir-faire anciens et des ressources locales dépend ensuite de la capacité
des porteurs de projets à créer des activités viables. Cette capacité est très souvent mise en doute :
Qui sont donc ces personnes, farfelues et marginales, qui semblent aller à l’encontre de la
modernité et des schémas de réussite actuels ? Et pourtant, ces personnes sont de plus en plus
nombreuses. Projets atypiques, innovants, nouvelles filières, autant de noms pour tenter
d’appréhender ce phénomène qui prend de plus en plus de place et qui fonde des stratégies de
revitalisation du monde rural. Même si des institutions telles que le Conseil Régional de Bretagne
ont fait une de leurs priorités le soutien aux projets agri-ruraux innovants, le parcours de la
création d’activités reste à inventer à chaque fois. Les partenaires du projet PANIER ont mis en
place collectivement un accompagnement où les aspirations et capacités des entrepreneurs sont
valorisés dans 3 dimensions : projet professionnel, projet de vie et projet de territoire.
Mais ces savoir-faire et ces ressources locales étaient aussi valorisés au sein d’une économie
domestique et communautaire qui n’existe plus aujourd’hui. Dans un contexte dominé par
l’économie de marché, il est difficile de dégager un revenu suffisant par la seule vente des
produits et services issus de la pratique de ces savoir-faire. Entre musée et marché, il s’agit donc
de construire de nouveaux modes d’organisation socio-économiques qui puissent réactiver cette
économie sous des formes innovantes, sur la base d’une identité de territoire. Il est nécessaire de
pouvoir dépasser le dilemme public/ privé et de trouver des moyens d’articuler soutiens publics et
marché. Du projet d’Eco-pôle de l’association Culture Bio à celui de carrefour citoyen sur le site
de l’ancienne fabrique de teillage de lin du Palacret, les partenaires du projet PANIER ont
cherché, sous des formes différentes, à fédérer des acteurs locaux, privés et publics, au sein de
systèmes locaux de création d’activités.
Le projet PANIER en tant que tel prendra fin le 15 décembre prochain. Ses membres invitent
élus, institutions publiques et privées, associations, détenteurs de savoir-faire et porteurs de
projets, tous ceux qui se considèrent acteurs du développement local en milieu rural, à venir
échanger et débattre sur les enjeux et les moyens d’une relocalisation de l’économie basée sur la
création d’activités durables à partir des ressources locales dans les territoires ruraux.
2
Le programme Equal est Programme d’Initiative Communautaire ayant pour objectif de réduire les discriminations
d’accès à l’emploi.