N°2/2014 Ventôse Express / Flash info
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NOTAIRES DE FRANCE N° 2/2014 SYNDICAT NATIONAL DES NOTAIRES FLASH INFO—VENTÔSE EXPRESS—FLASH INFO TARIF : L’autorité de la concurrence saisie. Il faut sanctionner le hors sujet tions de nomination et de formation. C’est la période des examens. La Condition de sécurité, assurée par les confirmation nous en a été donnée contrôles exercés sous l’autorité directe au congrès, l’autorité de la concurdu parquet, et l’obligation de la garantie rence est saisie d’une question, solidaire sur les fonds personnel des celle du tarif des professions réglenotaires qui en garantit l’efficacité. mentées, et se propose donc de Et l’on comprend alors que l’existence de notre tarif n’a disserter sur la justification de d’autre finalité que celle, essentielle et indispensable, notre tarif. d’assurer les moyens matériels d’accomplir cette misMadame la Garde des Sceaux sion : nous a certes tenu quelques propos rassurants. En affirmant entre Alors, s’agissant d’une seule et même mission de service autres que la compétence de cette public, le coût doit en être le même pour tous. C’est une autorité sur le sujet n’était pas évi- question d’égalité républicaine. dente, mais qu’il lui paraissait sou- S’agissant d’une mission accessible à tous, ce tarif doit être haitable que cette question de notre redistributif et assurer le financement des actes qui coûtent par le produit de ceux qui rapportent. tarif soit définitivement tranchée. On ne peut que la rejoindre, tant l’agitation de ce vieux mar- S’agissant de garantir la permanence du service public, il ronnier par nos détracteurs est exaspérante. Manifestation doit assurer les conditions normales de rentabilité des oftant de la jalousie de professions désorganisées, qui se vou- fices, et singulièrement celles des petits offices, seule garandraient nos concurrentes, que de la rigidité du dogme libéral tie du maintien du maillage territorial. bruxellois, nourri et entretenu par les lobbies corporatistes, la Il se doit enfin d’être le socle de l’indispensable indépenpermanence de l’attaque situe néanmoins l’importance des dance financière. Elle-même seule garantie de l’impartialité enjeux. dans le conseil et de la qualité du service rendu tant au ciEt cette saisine en est un aveu clair. Car, à l’évidence, la toyen qu’à l’Etat lui-même. question de notre tarif ne relève pas de la concurrence. L’af- Voilà ce que nos détracteurs refusent de comprendre ou firmer relève de l’ignorance. A moins que ce ne soit de la feignent de ne pas comprendre. Que viendrait faire la condémagogie en feignant d’y trouver une justification dans le currence dans cette histoire … ? Le tarif est la contrepartie, souci du maintien du pouvoir d’achat en ces périodes de fixée par l’Etat, notre seule autorité, de la mission qui nous vaches maigres. Ou encore, et sans doute plus surement est confiée et des obligations statutaires qui s’y attachent. Et encore, de la volonté de déstabiliser une profession dont le c’est ainsi le moyen pour l’Etat de s’assurer que cette missérieux, l’organisation et l’efficacité suscitent bien des jalou- sion soit, en tout endroit du territoire, bien et complétement sies. remplie. Et je vous le redis, cette mission c’est celle d’assuDans une hypothèse comme dans l’autre, à nous notaires de rer le respect de la loi. Rien de moins. Elle a ses exigences, faire preuve de pédagogie. Et de rappeler que, tant sur le n’en déplaise à certains. Elle ne peut, et ne doit, pas être principe que dans l’application que nous en faisons, notre exercée par n’importe qui à n’importe quelles conditions. En clair, elle impose d’être réglementée. tarif n’est pas la rémunération du notaire. Pardonnez-moi de partir de si loin mais ceci est nécessaire Si Bruxelles et Bercy sont contre, qu’ils le disent clairement. car visiblement beaucoup l’ignorent : le Notaire est officier S’ils considèrent que le respect de la loi n’est pas essentiel public. Ce qui veut dire que : au sommet de notre édifice et ne nécessite pas que l’Etat se dote des outils pour l’assudémocratique, il y a la loi votée par nos représentants. A sa rer et en garder la maîtrise, qu’ils le disent sans chercher base, il y a l’obligation, essentielle nous semble-t-il, de la d’artifice. A défaut, on ne m’enlèvera pas de l’idée qu’ils voir respecter. Et, entre les deux, l’outil pour y arriver : l’offi- sont alors, l’un comme l’autre, totalement hors sujet. cier public auquel la mission est donc confiée d’en assurer Et qu’ils méritent, l’un comme l’autre, un zéro pointé. l’application dans les rapports contractuels. Pendant exact de A nous de le leur dire : adhérez au syndicat. De celle assumée par le juge dans le cadre contentieux. votre part à tous, nous leur transmettrons le corrigé ! C’est cette mission, qui nous vaut notre titre d’ « officier » de Régis de Lafforest l’Etat, agissant par délégation, que l’on doit nous permettre d’assurer dans des conditions égalitaires pour tous les citoyens. Condition d’accès au service, avec l’obligation d’instrumenter et l’obligation de continuité du service public. Le CSN et le SNN viennent de définir dans une charte Condition d’accès géographique, qu’offre le maillage territo- les modalités de leur collaboration au titre du paritarisme et du dialogue social. rial. Condition de qualité de la prestation, résultat des condi- Page 2 NOTAIRES DE FRANCE VIE PROFESSIONNELLE ET FAMILLE - PLACE AU CONTRAT ? Le 110ème congrès des notaires de France a abordé un sujet capital et dans l'air du temps : concilier vie privée et vie professionnelle et mieux, assurer un équilibre. Son président, Bertrand Ryssen, notaire à Seclin, considérant qu'un bon contrat peut répondre à toutes les questions, avait pour ambition de permettre, par le contrat, de trouver un tel équilibre. Mais force est de constater que nombre des propositions font appel au législateur, souvent pour permettre au contrat de retrouver une certaine liberté et corrélativement, une plus grande efficacité. * La première commission (Emmanuel Clerget, président, notaire à La Charité-sur-Loire et Corinne Dessertenne-Brossard, rapporteur, notaire à Paris) entendait promouvoir le partage des richesses professionnelles du couple. Cette commission fut audacieuse dans ses propositions et très honnête quant à leur acceptation par les notaires. En effet, deux des propositions pour lesquelles la majorité n'était pas clairement acquise (ni la minorité), ne donnèrent pas lieu à un comptage mais les rapporteurs, prenant acte d'une de l'absence d'une véritable approbation, préférèrent considérer qu'elles étaient rejetées. La première prévoyait que soit précisée, à l'immatriculation, la quote-part des bénéfices devant être rétrocédée au conjoint collaborateur. La salle souleva divers problèmes qui entraînèrent une adhésion peu évidente, d'où le rejet. La seconde, très utile et très en phase avec la volonté (non seulement des notaires mais du droit contemporain) de contractualisation ouvrait la possibilité de contractualiser la prestation compensatoire dans un acte authentique (contrat de mariage ou acte notarié en cours d'union). Est-ce en raison des difficultés pratiques que cela aurait entraînées ou de la complexité de la formule à trouver ? Toujours est-il que cette proposition fut rejetée à une courte majorité et/ou minorité. La volonté d'assurer une certaine équité entre époux conduisit à adopter la qualification de la force de travail comme bien commun, donnant donc lieu à récompense. Poursuivant ce qui avait été entrepris au 100ème congrès des notaires sur le pacs en faveur de la liberté contractuelle, il fut décidé d'étendre aux biens acquis en remploi de deniers provenant de la vente de biens personnels la qualification de biens personnels de l'article 515-5-2 du Code civil et plus largement, d'autoriser les partenaires à réduire, dans leur convention de pacs, le périmètre des biens soumis à l'indivision spéciale des acquêts. La dernière proposition adoptée vise à supprimer la réversion des pensions de réversion et à créer un partage automatique des droits à retraite pour tous les couples mariés. On peut se demander si cette proposition égalitariste et de nature à faciliter le calcul de la prestation compensatoire ne se heurtera pas aux règles fondamentales de la retraite par répartition, socle de la retraite à la française. * La deuxième commission (Olivier Gazeau, président, notaire à Malemortsur-Corrèze, Stéphanie Blin, rapporteur, notaire à Montpon-Ménestérol et Christophe Sardot, rapporteur, notaire à Lyon) voulait anticiper et gérer les risques par le contrat. Mais, en réalité, la plupart des propositions font appel à des modifications législatives. Ainsi en est-il de la suppression de l'article L. 526-17 du Code de commerce prévoyant la transmission intégrale du patrimoine affecté de l'EIRL et du souhait de la confirmation, dans les textes relatifs à l'acceptation de succession à concurrence de l'actif net, de l'ordre de paiement des créanciers et de la faculté de consigner les sommes dues jusqu'à la fin des délais de contestation ou d'opposition. La volonté de garantir à l'hérédité un intéressement au titre de l'administration et de la liquidation dans ces successions vise à l'équité mais aussi à augmenter l'intérêt d'une telle acceptation. La proposition que la requête au juge-commissaire dans les cessions de gré à gré, en période de liquidation judiciaire, soit accompagnée d'un projet d'acte de vente et que les délais de réflexion édictés par l'article L. 271-1 du Code de la construction et de l'habitation permettait de sécuriser la pratique. Elle fut naturellement approuvée par les praticiens. Il en fut évidemment de même de l'insaisissabilité automatique de la résidence principale. Façon simple de résoudre le problème récurrent, lors des congrès, de la protection du patrimoine privé de l'entrepreneur individuel. Les rapporteurs avaient pris le soin de prévoir la renonciation à cette protection de façon à ne pas tarir la source des crédits. La proposition phare de la deuxième commission était le droit à rebond du chef d'entreprise de bonne foi au moyen de la création, à l'intérieur du pôle financement de la Bpifrance, d'un dispositif dédié à leur financement. Cette question donna lieu également à débat lors de la table ronde. Si l'on comprend la noble intention de cette proposition, il restera à préciser ce qu'est la bonne foi et donc à contrario, la mauvaise foi. * La troisième commission (Antoine Bouquemont, président, notaire à Eu et Emmanuel Tater, rapporteur, notaire à Cognac) était relative au contrat de société et à la famille. Les rapporteurs débutèrent par une proposition de confort (pour eux) visant à étendre le champ d'application des articles 1424 et 1832-2 du Code civil à l'ensemble des droits sociaux non admis à la négociation sur un marché réglementé et à limiter la faculté de revendication de l'article 1832-2 du Code civil à un délai de deux mois suivant la notification au conjoint. Bien entendu, peu d'objections survinrent. Il en fut de même de la possibilité d'apporter à une société holding les titres couverts par un engagement de conservation "Dutreil" puisque les propositions visant à étendre ou sécuriser les avantages fiscaux sont toujours très largement adoptées. La proposition que la loi reconnaisse la validité des clauses conférant tous les droits de vote à l'usufruitier de droits sociaux, tout en imposant la participation du nu-propriétaire aux assemblées, était .une réponse légale à une jurisprudence fluctuante et souvent protectrice du nu-propriétaire. Elle visait clairement une plus grande liberté contractuelle et, en ce sens, était Page 3 N° 2/2014 conforme au vœu du président Ryssen, puisqu'on l'aura bienotaires compris,de l'objet du congrès était deNational promouvoirdes le conFranceSyndicat trat et donc la liberté contractuelle. La proposition que le Notaires — 73, bd Malesherbes—75008 PAdirigeant placé sous curatelle ou sous tutelle soit dessaisi RISde représentant légal de la de plein droit de ses fonctions société avait pour but de résoudre une véritable difficulté Tél.: 01.43.87.96.70 / Fax.: 01.43.87.12.37 pratique, génératrice de risques et d'inertie pour la société. e-mail: [email protected] - site internetà: faire, Bien qu'aient été évoqués quelques ajustements www.syndicat-notaires.fr notamment lors d'un pacte "Dutreil", elle recueillit largement l'assentiment de la salle. Responsable de la rédaction : Philippe GLAULa proposition phare de cette commission (et du DET Mise en page et illustrations GUINEBREcongrès) était la 5ème. On sait que: Pascale la cour de cassation, TIERE dans deux arrêts des 6 mars et 20 novembre 2013, a considéré que la donation-partage comportant des lots composés de biens indivis doit être requalifiée en donation ordinaire. Cette jurisprudence, qui a vocation à durer et qui a sa vraie logique juridique, est de nature à poser de nombreux problèmes aux notaires et aux familles puisque, souvent, la volonté des parents est de transmettre des droits indivis sans pour autant pratiquer un partage. Les conséquences d'une requalification en donation ordinaire pour les actes antérieurs (et pour les actes postérieurs pour les notaires qui continuent à ne pas tenir compte des arrêts de la cour de cassation) sont redoutables. Il fut donc proposé que la loi soit aménagée afin de permettre de stabiliser, au jour de l'acte, la valeur des biens donnés pour le calcul de la réserve et le rapport à succession, sous la condition que cette stabilisation soit subordonnée à la gratification par acte authentique (et non notarié à la demande du président Benoît Renaud) de tous les héritiers réservataires présomptifs, à leur consentement unanime exprimé dans l'acte ou dans un acte postérieur et à l'absence de réserve d'usufruit portant sur une somme d'argent. Un tel pacte familial est de nature à répondre à la volonté des familles de transmettre, de leur vivant, des droits indivis tout en bénéficiant des actuels avantages de l'article 1878 du Code civil. Cette proposition ne pouvait qu'entraîner l'unanimité de la salle, ce qui survint. Si ce vœu prospère, nous signerons demain des pactes familiaux dont la donation-partage ne constituera qu'une des figures * La quatrième commission (Jean Gasté, président, notaire à Nantes et Xavier Picard, rapporteur, notaire à Nantes), comme souvent les quatrièmes commissions des congrès, s'occupait de l'international et, en l'espèce, de la vie professionnelle et de la famille à travers les frontières. La possibilité de généraliser, dans tous les contrats permettant un tel choix, la déclaration de loi applicable était tellement dans notre modernité et la volonté de promouvoir le contrat qu'elle ne pouvait qu'être acceptée. Il en fut de même de la création d'une nouvelle société européenne adaptée aux petites et moyennes entreprises. Une telle société aurait pour finalité à la fois de promouvoir un statut commun et de résoudre les questions posées par la mobilité. L'introduction du testament conjonctif permettra d'écorner quelque peu l'extrême sévérité de nos règles testamentaires. La prudence des rapporteurs conduisit à prévoir, dans cette hypothèse, la réception par deux notaires. Puis il fut débattu de la modification de la quotité disponible en présence de descendants et proposé de la fixer invariablement à une moitié de la succession en pleine propriété, quel que soit le nombre d'héritiers réservataires. C'est à la fois défendre la réserve mais aussi la réduire et donc augmenter la liberté de donner ou de léguer. Certains diront que c'est s'adapter à la volonté sociétale de faire encore plus ce que l'on veut, d'autres rétorqueront que c'est s'attaquer à la famille (aujourd'hui, une ou multiple). Cette proposition, qui mériterait un très large débat, fut néanmoins adoptée. La création d'un registre informatif des certificats successoraux européens permit au congrès de s'achever dans l'unanimité, les nouvelles technologies et l'Europe, donc d'anticiper le futur. Philippe GLAUDET Notaires de France- Syndicat National des Notaires — 73, bd Malesherbes—75008 PARIS Tél.: 01.43.87.96.70 / Fax.: 01.43.87.12.37 e-mail: [email protected] - site internet : www.syndicat-notaires.fr Responsable de la rédaction : Philippe GLAUDET - Mise en page et illustrations : Pascale GUINEBRETIERE