Cours agrégation 2017 Molière 6 Leçon(s)
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Cours agrégation 2017 Molière 6 Leçon(s)
1 Cours6 Leçon(s) Jemecontredis,ilestvrai.Accusez-enleshommes. LaBruyère,LesCaractères. La distribution des valeurs dans Tartuffe induit une leçon relativement claire: quelque estime que Cléante affiche pour la foi et la dévotion vraies, la comédie en délaisse complètement l’expression et ne s’intéresse qu’à la double déformation que sontsupposéesleurinfligerunepratiqueexcessiveportantaufanatismeetunepratique hypocritefondéesurlemensonge.Lafourbeetl’autoritéabusives’opposentàlavérité et à la liberté, et en dernière analyse la comédie dénonce le fanatisme dans la composition duquel entrent aveuglement, tyrannie et fourberie. L’éloge de la liberté éclairéeestuneconstanteduthéâtredeMolière.LeplaidoyerdeCléantequiindiquela droitevoieàsuivreparrapportauxdérivesquemetenscènelacomédiepromeutdonc latolérance,valeurnouvelleencoursdelentedéfinitiondanslecontexteintellectueldu second XVIIe siècle. Le Misanthrope prend le relais, en quelque sorte, en reprenant la valeurpositive,latolérance,etenl’opposant,pareffetcomiqueauridiculenonplusde la bigoterie hypocrite et/ou fanatique, défiguration de la Vérité divine, mais à l’intransigeance morale, supposée défiguration de l’authenticité et de la sincérité par leur application inopportune aux règles de la vie en société et au commerce des honnêtes gens. L’effet de ce déplacement, c’est le flottement de leçon du Misanthrope. Tartuffe et Orgon violent la vérité divine et humaine, l’un par la fourbe et l’hypocrisie, l’autre par la cécité et l’abus de pouvoir (familial). Mais face à la tolérance de Philinte, c’est au contraire un excès de vérité tout au plus dont on peut reprocher à Alceste l’importunité et l’incongruité. Mais est- ce un défaut ou une qualité si supérieure que seulunhérosmoralpeuts’enfairelemartyrincompris? De même qu’elle n’offre pas une vraie conclusion, et bien moins encore un dénouementheureux,demêmelacomédien’offrepasnonplusdevéritablemorale; on n’en peut tirer une «leçon», dans un sens ou dans l’autre, qui ne soit immédiatementcontreditepard’autresdonnéesdesfaits1. Defait,tantqu’onlaissefaceàfaceAlcesteetPhilinteferraillantàl’ouverturedurideau, lamoraledel’histoirenepeutqu’êtreindécise:l’untientpour«complaisance»,c’est-àdirecompromissionlatolérancedel’autre,lequeltientpourfolieinopportuneetdonc ridiculelarigueurintransigeantedupremier.Cetteréciprocitétientlabalanceindécise entre la sagesse (Philinte est «philosophe», v.166) et la vérité (Alceste est la «franchise» incarnée, v.104): Alceste reproche à Philinte la sobriété qui accompagne sa sagesse tandis que Philinte reproche à Alceste l’inutile véhémence de ses emportements contre l’évidence, partagée par tous deux, que les hommes sont de méchantsanimaux.Débatdifficiledetrancher.(3000) Lefléaudelabalance Unesolutionpoursortird’embarrasseraitpeut-êtrederéinsérerdansleurduo celle qui fait l’objet de sa dernière partie: Célimène, qui est bien un aussi important personnagequePhilinte.D’abord,parcequesonadditionentiersdansceduelpermet d’échapperàlalogiqued’affrontementbinaireenlatriangulant;ensuiteparcequedela sorteledébatintellectuelseréinsèredansl’intrigue:laquestionmoralesetrouveposée 2 en termes dramaturgiques. Et le distique par lequel Philinte expose et résume sa position,luàlalumièrenouvelledecettetriangulation,éclaireàsontourl’ensembledu débat: Laparfaiteraisonfuittouteextrémité, Etveutquel’onsoitsageavecsobriété2, Si le second vers, couramment rapporté à une prescription de saint Paul3, condense l’effetmoraldel’idéalantiquede«médiocritédorée»,sonprincipeesténoncédansle premier:onyreconnaîtlaconceptionaristotélicienneduvraimérite,tellequel’expose l’ÉthiqueàNicomaque4.Aristoteyexpliquequetoutevertuprocèded’unéquilibretendu etperpétuellementredistribuéselonlescirconstancesetlespersonnes,entrel’extrême dutropetdutroppeu.Ainsilecourage,parexemple,sedéfinira,selonl’âge,lasituation etl’occasion,commerésultanteparfaiteentrel’inconscienceaveugledudanger,quiest témérité,etlatimiditécaponne,quiestpusillanimité.Laparfaiteraisondéfinitàégale distancedel’uneetl’autreextrémitéladroitevoie,entrel’ardeurprésomptueusequ’il faut modérer et la terreur irraisonnée qu’il faut surmonter. Et comme cet équilibre dépend de l’occasion, le jugement sans cesse doit réévaluer la composition des forces pourendégagerrationnellementlarésultanteraisonnable. Autrementdit,entrelavertuintraitabled’Alceste,aveugleauxcirconstances,etla frivole amoralité de Célimène, aveugle au mérite personnel, Philinte suggère l’art de tracer le chemin de sagesse et de raison qui correspond harmonieusement à chaque occasion, à chaque situation, à chaque rencontre. En louvoyant entre les écueils extrêmesdelahaineuniversellepourl’humanitéetdelacomplaisancesansconditions nireculenverslacomédiemondaine,Philinte(etlacomédiedeMolièreàtraverslui)ne prétend pas édicter les règles intangibles de la sagesse modérée une fois pour toute figéedansun«justemilieu»bourgeoisementoccupé:ilrecherchel’équilibreinstableet constamment rétabli entre deux plateaux d’une balance que charge tour à tour d’outrance chacun des deux champions des extrêmes. Il serait malséant de dire, sans leurêtreenrienlié,àlavieilleÉmilequ’ellemasqueenvaindefardslesridesdel’âgeou àl’aimableetvainOrontequesonsonnetdontilestsinaïvementfierestbonàmettre au cabinet; mais il est opportun d’ouvrir les yeux d’un ami, d’un ami véritable dont le destin ne vous est pas indifférent, sur les ridicules que lui donnent ses foucades en publicetsurl’humeurcoquetteetl’espritmédisantdelajeuneveuvequ’ilcourtisepour sonmalheur,quandlasincèreÉlianteconviendraitmieuxàsonbesoind’authenticité. Philinte le «raisonneur» ne l’est qu’avec l’élégante discrétion et la perpétuelle acuité d’un fléau de balance hésitant entre le poids d’erreur d’une pesante vertu et le poidsdefrivolitéd’unecoquetterielégèreetétourdie,quineplombepasmoins.Ilfaut imaginer Philinte au sommet d’un triangle mouvant dont la médiane oscille incessammentselonquel’unoul’autredesesamisexcessifs,AlcesteouCélimène,tend plus ou moins vers l’infini, qui est leur vocation de néant: entre la solitude morale et l’ébullitionmondaine,entreledésertetledisert.Sonrôle,àlafoisdiscret(cariln’est pasleprotagonistedelapièce)etdécisif(carilyoccupelaplaceduchœurantique),se situedansunesortedesurplombdémonstratif:ilconsisteàdessiner,dèsavantquene commencel’actionetàdestinationsurtoutduspectateur,larésultanteexactedesforces moralesetimmoralesenprésence,lajustedirectiondesagessesinondesympathie,le pointdefuitedutableauutileàensaisirl’ordredesreprésentations.Etpuis,souvenirde Tartuffe peut-être ce triangle dont Philinte occupe le sommet, Alceste et Célimène les deuxpointesdelabase,estjouxtéparunautre,inverse,quidéveloppeenunlosangela compositiondesforces:cesecondtriangle,symétriqueetinversedel’autre,porteàson sommetlepersonnageleplusnoirdelapièce,Arsinoé.Carcelle-cicombineenelleles 3 défauts conjugués d’Alceste et Célimène et la contrefaçon de leurs qualités: elle caricature l’intransigeance morale d’Alceste en pharisianisme dévot et pousse l’insincérité de Célimène jusque dans l’hypocrisie bigote, tout en sacrifiant à la mondanitéetàsesvanités,dontelledurcitdesurcroîtlamédisanceétourdieendélation concertéeetdéguisée.DiamétralementopposéeàPhilinte,commel’ombreàlalumière, elleoccupenéanmoinselleaussi,maisàl’opposite,lerôledemédiatriceentrelesdeux amoureuxdontelleprécipitelarupture.DanslecontexteoùfutconçuetreprésentéLe Misanthrope,cettedistributiondesforcesquiopposeàPhilinteuneincarnationféminine de Tartuffe confirme l’implication de Molière, de Molière en proie à la cabale des tartuffes du moment, non seulement dans le personnage d’Alceste en proie à la médisance et aux menées du «scélérat» bigot avec qui il est en procès (v.118-144), maistoutautantdansceluidePhilinte,quiprêcheladistinctionetrefused’envelopper danssahainepourlesméchantsl’ensembledes«pauvresmortels»(v.115-117). Mais surtout, cette interprétation déplace l’accent de la distinction éclatante entre Alceste et Philinte vers la confusion menaçante entre Philinte et Célimène. Sans l’affirmation d’une différence essentielle et pas seulement graduelle entre ces deux-ci, leur proximité annulerait l’équidistance entre Célimène et Alceste à laquelle doit se tenirPhilintepourjouersonrôled’arbitre.Entermesconcrets,lafrivolitédeCélimène ne déconsidère-t-elle pas la sagesse de compromis prônée par Philinte en la contaminantdelasuperficialitéetdumensongemondains?Neserait-cepasréduirela leçonduchef-d’œuvredeMolièreàunesagessedesalonniermodéré,commenaguèrela NRFréduisantcelledeProustàl’esthétiquedusalonGuermantes?Nousavonsditque Molièrenenoussemblaitpasassimilableàcesécrivainscomplaisantsquipourvendre et faire vendre adhèrent aux platitudes en vogue à leur époque. L’image poudrée d’un Molière«galanthomme»necoïncideguèreaveclamanièredontsonœuvreestreçue en France et dans le monde depuis trois siècles et demi. Et l’étude de la littérature ne vaudraitguèreletempsqu’onluiconsacresielleseramenaitàcesfadaises. Bref, comment entendre la «vaste» et «vile» «complaisance5» (v.61 et 326) qu’Alceste décèle dans la bienveillance universelle de Philinte? Car ce concept de «complaisance»aunehistoire,etunehistoiredesalon.Ilsetrouveaucœurd’undeces débatssurdespointsdemoralecivileetdetactquelesmondainsd’alorsaffectionnaient etquiconstituentlalaïcisationdequestionsreligieuses.SansdoutePhilinteaurait-ilpu répondreàAlcesteluireprochantsacomplaisance: …je ne suis point contre elle quand elle est raisonnable, au contraire je soustiens qu'elleestnecessaireàlasociétédetousleshommes,qu'ellesertàtouslesplaisirs, qu'elle entretient l'amitié, & l'amour; que sans complaisance on seroit toujours en guerreetenchagrin.Maisjesoustiensenmesmetemps,quecommelasincéritéest la vertu de toutes, qui est la plus particuliere aux gens d'honneur, la complaisance est de toutes les vertus, celle dont les lasches, les interessez, les fourbes, & les flateurs,abusentleplussouvent6. Varianteduplaire,cettecomplaisancemodéréepourvuqu’ellesoitassortiedesincérité etneservepasdemasqueauxtartuffes,mènesurlavoied'unephilialaïcisée,éclairée par la raison et rempart contre la guerre entre pairs. Selon Méré, autre penseur de l’honnêteté mondaine, cette qualité cultivée dans le cercle étroit de la mondanité de Parisetdelacouralacapacitédes’étendrehorsdesasphèreethorsdesoncaractère même,parlafacultédesoupleadaptationauxcirconstancesqu’ellerecèle: Le personnage d'un honnête-homme s'étend partout; il se doit transformer par la souplessedugenie,commel'occasionledemande.7 4 C'estl'effetd'unapprentissagedel'airgalantquicombinelesprincipesdel'universalité bienséanteetdel'appropriationrelative,jusqu'ànaturaliserl'honnêteté: Jevoudroisquepourserendrel'honnêteténaturelle,onnel'aimâtpasmoinsdansle fond d'un désert, qu'au milieu de la Cour, et qu'on l'eût incessamment devant les yeux; car plus elle est naturelle, plus elle plaît; et c'est la principale cause de la bienséance,quedefaired'unairagréablecequinousestnaturel8. Autrementdit, unhonnête-hommedegrandevûëestsipeusujetauxpréventions,quesiunIndien d'unraremeritevenoitàlaCourdeFrance,etqu'ilsepûtexpliquer,ilneperdroit pasauprésdeluilemoindredesesavantages;carsitôtquelavéritésemontre,un espritraisonnableseplaîtàlareconnoître,etsansbalancer9. Rien de moins étriqué et xénophobe, en somme, que cet étrange univers des salons galants, sis en intermédiaire entre courtoisie et snobisme, où s’esquissent d'incompréhensiblesgestesdecompréhensionetd'accueilfondéssurdepursprincipes deraisonetlogique. Or,cettethéorisationdelagalanteriemondainequitired’unepratiqueuncorps deprincipes,Molièrelatranscendeenprinciped’unemoraleuniversellequifaitpasser son œuvre, la leçon de son œuvre, de l’esthétique des galants à l’éthique de l’honnête homme: c’était élever la doctrine de Castiglione au niveau supérieur de la sagesse de Montaigne.Comment?Commeonvalevoir,parlepassageauprincipe. Leprincipedetolérance Parlavoieétroiteetunpeutortueusedelamorale(ausensrestreintdedoctrine des mœurs) mondaine, la complaisance que maudit Alceste parce qu’elle ne distingue paslevraimériteetaccueilleaveclamêmeimpassibilitélebienetlemal,estpromue par Philinte en tremplin vers une morale nouvelle (au sens éthique), qu’on dirait volontiersunemoralecivile,fondéesurleprincipedetoléranceenvoiededéfinitionà cetteépoque:héritièredeMontaigne,ladécennie1660estàégaledistancedes Essais (1580-1588)etduTraitésurlatolérancedeVoltaire(1763).Maiselleesttouteproche delaLettresurlatolérance(1689)deJohnLockeetduDictionnairecritique(1697)de Pierre Bayle. Il nous paraît que Molière devance sur ce sujet la pensée de ces deux ouvragesenesquissantlapromotiondelacomplaisancemondaineentolérancecivile. On a coutume de placer l’invention du concept moderne de tolérance dans le sillage de son acception religieuse, rendue célèbre par l’usage qu’en avait fait abondamment le législateur pour qualifier les édits promulgués en faveur des protestantsdeFrance,notammentlefameuxÉditdeNantesde1598.Libéraldansson application, cet édit de tolérance ne relevait pas d'une acception philosophique du conceptausensoùnousl'entendrionsaujourd'hui,parcequ'ilnefondaitpaslaliberté religieuse en principe, mais seulement en pratique. Chaque camp espérait de cette éphémère accalmie la rapide progression de son parti vers une domination sans partage; et l'unité de religion pouvait seule à terme consoner avec l'inspiration fondamentalementabsolutistedelamonarchiefrançaise:sarévocationétaitinscriteà l'horizon de l'Édit prétendu «perpétuel et irrévocable». Pourtant, il constituait une avancée en direction de la tolérance moderne en donnant une réalité historique à une tolérance civile définie comme modulation profane la «tolérance théologique» ou «ecclésiastique»,quiconsistaitàautoriserunedivergenced’opiniondanslechampde certaines questions dogmatiques, pourvu qu'elles fussent secondaires. Dans son Avertissement aux protestants, Bossuet a bien posé la distinction entre elles deux: la tolérancecivilesedéfinitcomme«l'impunitéaccordéeparlamagistratureàtoutesles 5 sectes», en quoi elle excède la tolérance ecclésiastique, dont l'indulgence ne saurait s'étendre à absoudre les zélateurs de propositions hérétiques ou schismatiques. Autrement dit, la tolérance civile est une concession large faite par l’État à l'erreur, la tolérance religieuse une absolution circonspecte, par l’Église, de la faute qui n'excède pasledomainedel'accessoire.En1690,lalanguecouranteentendraencorelatolérance comme «Patience par laquelle on souffre, on dissimule quelque chose.» Et Furetière illustrera son analyse lexicologique par cet exemple: «La tolérance qu'on a pour les vicesestsouventcausedeleuraugmentation.» Bref, au XVIIe siècle, la tolérance s'entend, pour la religion, comme l'effet d'une indulgence, pour le législateur, comme la promesse d'une impunité, et dans le langage courant,commeuneconcessionindulgentesinoncomplaisantequelavertufaitauvice. L'inventiondel'idéemodernedetolérance,danslesquelquesdécenniesquimènentde Bossuet à Voltaire, de Furetière à l'Encyclopédie, allait procéder d'une inversion d'optique: non d'une évolution, mais d'une révolution de la considération portée à l'objettoléré.Latolérancemoderneconsisteraàavoirconsidérationpourl'autre,pour sapersonne,sesconvictionsousaconduite,nonplusendépitgénéreuxetindulgentde l'aversionqu'ilsusciteoudelacondamnationqu'ilmérite,maisparrespectdeprincipe pour son altérité. La métamorphose de la notion suppose son érection formelle en principeintellectueletmoral,dégagédetoutjugementdevaleur:cequidéterminema conduiteàl'égardd'autruineseraplusmonjugementsurlaqualitédesesopinionsou desesactions,d'autantplusblâmablesàmesyeuxqu'ilsserontéloignésdemonidéaldu vraietdubien,maisleprincipedeleurlégitimitéfondéesurlerespectdeleuraltérité. La question n'est plus de nature — celle de la pensée, de l'acte, des valeurs qui les meuvent—maisdestructure:ilnes'agitpasd'évaluerlagravitédudéfautpoursavoir s'il mérite blâme ou indulgence devant telle ou telle juridiction, comme dans le raisonnement de Bossuet sur les deux tolérances; mais d'adopter le principe d'une considération due à autrui dans sa relation avec moi à proportion de son éloignement même.Questionjusqu'alorsde«fond»,letolérancedevenaitunequestionde«forme» Celafaitobstacleàl’hypothèsed’unefiliationdirecteentrelatolérancereligieuse ouciviledel'ancienmondeetlatolérancephilosophiqueetmoraledesLumières,même sicelle-cisedéploieenprioritésurleterrainpolémiquedelacroyanceetdelapratique religieusesdéjàoccupéparl'autre.Enréalité,ilfallaitaucontrairequel'apprentissage desidéesetdesconduitesquenousdirionsaujourd'huitolérantess'accomplîtdansdes domaines et sur des sujets dépourvus de conséquences et d'enjeux majeurs, pour que cet allégement des considérations de fond, ce délestage de leur poids idéologique et moral, permît d'inaugurer le geste d'acceptation formelle de l'autre dans son altérité nonparpenchant,maisparprincipe.Orilestundomaineoùrègnecetteindispensable futilitéetoùilesteneffetloisibledesuivrel'esquissedecegeste,idéaliséetformalisé jusqu'à l'épure: c'est le champ de la mondanité, particulièrement durant l'ère galante quicouvrelesdécenniescentralesduXVIIesiècle.Onsoutiendradoncl’hypothèseque Molièrefutdeceuxquisurententrevoiretextrairedelafutilitémondaine(àlafaçonde Célimène) le principe fondateur d’un exercice libre et libéral des valeurs prônées radicalementetsansnuanceparAlceste.Onsoutiendral'hypothèseenl'étayantdetrois considérations.D’abord,onnoteraquel'ethosgalantetmondaintrouvesonapplication majeure dans la pratique de la belle conversation: il y revêt le visage de la «complaisance» due à autrui, qui n'est pas sans esquisser le profil de la future tolérance.Ensuite,cetethoss'estdonnépourréférencelemodèledel'honnêteté:cette revendicationl'inscritdanslesillaged'unillustreprécurseurdelagrandetolérance— Montaigne.Enfin,soncontexteépistémologiqueestmarquéparlerelativismetempéré 6 des valeurs et des critères, à commencer par celui de vérité, dont la dissémination réfléchie sape l'autorité du fanatisme. Complaisance dans la conversation, idéal d'honnêteté,géométrievariableduvrai,voilàlestroischeminsouvertsparlemondede Célimène à la rencontre de la valeur de tolérance destinée à moduler l’intransigeance passionnéed’Alcestesansreniersesfondements. Écoled’éléganceenhainedupédantisme,labelleconversation,àl'âgegalant,se revendiquecommeformepure,délestéedesonpoidsdescience,gouvernéeparunart de l'à-propos congruent qui bannit libéralement tout exclusive de sujet, de tour et de ton. Elle enseigne à écouter autrui et à prendre en compte sa position jusque dans la réponsequ’onluiopposepourluiparleravecunerudefranchisequineblessepas: Lemonde,parvossoins,nesechangerapas; Etpuisquelafranchisea,pourvous,tantd'appas, Jevousdiraitoutfranc,quecettemaladie, Partoutoùvousallez,donnelacomédie, Etqu'unsigrandcourrouxcontrelesmœursdutemps, Voustourneenridiculeauprèsdebiendesgens. Philintes’appuiesurladoctrinedesquatrevéritésprônéeparsonamipourluidirela sienne,parcequ’ilestsonami.MaisilneferapasdemêmeavecOronte,auquelildoit une honnêteté mondaine, celle de l’honnête homme bien élevé, et non l’honnêteté de cœur,cellequel’ondoitavecfranchiseàunami. Cetartdesajustementssupposeuneconceptionmoduléedelavéritéqu’Alceste neconçoitqu’enbloc.La«parfaiteraison»n'exercepassonempireabsolusansnuances relatives à une réalité toujours complexe, fuyante et intriquée. C'est ce que prend en comptelagéométriemouvanteduvraidéfinieparLaRochefoucauld: Le vrai, dans quelque sujet qu'il se trouve, ne peut être effacé par aucune comparaisond'unautrevrai,etquelquedifférencequipuisseêtreentredeuxsujets, cequiestvraidansl'unn'effacepointcequiestvraidansl'autre:ilspeuventavoir plusoumoinsd'étendueetêtreplusoumoinséclatants,maisilssonttoujourségaux par leur vérité, qui n'est pas plus vérité dans le plus grand que dans le plus petit. [...]Alexandre et César donnent des royaumes; la veuve donne une pite: quelque différentsquesoientcesprésents,lalibéralitéestvraieetégaleenchacund'eux,et chacundonneàproportiondecequ'ilest.[...]Quelquedisproportionqu'ilyaitentre deuxmaisonsquiontlesbeautésquileurconviennent,ellesnes'effacentpointl'une l'autre: ce qui fait que Chantilly n'efface point Liancourt, bien qu'il ait infiniment plus de diverses beautés, et que Liancourt n'efface pas aussi Chantilly, c'est que ChantillyalesbeautésquiconviennentàlagrandeurdeMonsieurlePrince,etque Liancourt a les beautés qui conviennent à un particulier, et qu'ils ont chacun de vraiesbeautés.10 Reçuescertessansdiscussion,lesvaleursdevérité,debeautéoudelibéralité,absolues par principe, ne s'en définissent pas moins, dans leur application, en termes de proportion, de convenance et de comparaison. La logique «absolue» n'induit pas un systématisme stéréotypé. De son côté, la logique «relative» n'implique pas le relativisme: tout ne se vaut pas, même si tout peut s'évaluer par relations proportionnéesetmodulées.Cettepondérationdel'universeletdusingulierestprocède d’unelogiqueannonciatricedelatolérance. À voir la conversation passer des escarpements hautains de l'érudition humaniste à la complaisance raisonnable des salons, le snobisme galant dépasser les préventions délicates du clan pour concevoir un idéal d'honnêteté qui «s'étende partout»,etlavéritédescendredescertitudesdogmatiquesàlagéométrievariabledes 7 ajustementsproportionnés,oncomprendqu’unpoètegrandobservateurdesontemps etrodéaucombatautourdesvaleursmoralesendébatdansl’actualitéaitpuanticiperla naissance du principe de tolérance en transcendant l’idéal des coteries mondaines du XVIIesiècle,àpartirdesquestionsqueposaitàcetidéalsapratiquehonnêteetgalante: puissance et limites de la complaisance raisonnée, relations entre l'universel et le singulier en matière de mœurs et de morale, légitimation et pratique d'une géométrie variableduvrai. D’abord,lacomplaisancequilerendamidetousneprocèdepaschezPhilintede penchant, mais bien de principe. Loin de s'en laisser conter, il tire sa conduite si moderned'uneappréciationdel'hommetoutecontemporainedusiècledesmoralistes augustiniens: Oui,jevoiscesdéfautsdontvotreâmemurmure, Commevicesunisàl'humainenature; Etmonespritenfinn'estpasplusoffensé Devoirunhommefourbe,injuste,intéressé, Quedevoirdesvautoursaffamésdecarnage, Dessingesmalfaisants,etdesloupspleinsderage.11 Voilàpourleprincipe.Etvoicipourlapratique: Jeprendstoutdoucementleshommescommeilssont J'accoutumemonâmeàsouffrircequ'ilsfont. Etjecroisqu'àlacour,demêmequ'àlaville, Monflegmeestphilosopheautantquevotrebile.12 Ensynthèsedela«complaisance»queluireprocheAlcesteetdelapatiencequ'ilmetà «souffrir» les travers d'autrui, Philinte revendique la voie étroite d'une «vertu traitable»quifasse«unpeugrâceàlanaturehumaine».Cettedémarcheprocèdeàla fois d'une conception intellectuelle (celle d'un «esprit philosophe») et d'une pratique morale (une «accoutumance de l'âme»). Cette philosophie appliquée se donne un champuniversel(«lacourdemêmequelaville»).Elles'exerceàdégagersonprincipe de toute appréciation morale sur les «vices unis à l'humaine nature» et de toute effervescencesensible:àtraversl'imagephysiologiqueduflegmesedessinel'idéaldela bienveillance dépassionnée. En occupant tout le champ qui va de la complaisance raisonnéeàl'honnêtetéuniverselle,lepersonnage,ouplutôtletextequiluidonnevie, n'a-t-il pas franchi le pas qui sépare la patience charitable ou élégante de la tolérance parprincipe? Uneleçonà«tiroirs» On peut aller jusqu'à cette conséquence extrême, à condition d'ajouter à la genèse de cette innovation sa troisième composante: cette géométrie variable du vrai qui permet à la tolérance de dépasser le conflit, à jamais épineux pour elle, entre l’intransigeancedogmatiqueetlacomplaisancesansbornes.DèsavantMolière,ledébat étaitposé.MlledeScudéryplaidaitpour lasincéritéquifaittouteladouceurdelaviedeshonnestesgens;&sanslaquellele commercedumondeneseroitqu'unetromperiecontinuelle. Face à quoi, Marmet de Valcroissant rétorquait, quatre ans avant la création du Misanthrope: Ilvautmieuxserendreagreable&sefaireaimerparlaflaterie,quededeplairepour estretropouvert,tropsincere,&pourdiretropfranchementleschoses.13 Molièrenetranchepascedébat:illerésoutenledépassantparl'esquissed'uneposture de synthèse. Et cette issue ne résulte pas tant d'un génie supérieur, que de l'avantage 8 offertparlemoded'expressionqu'iladopte,celuiduthéâtre.C'estl'écrituredramatique qui permet à la géométrie variable du vrai de dépasser conjointement le péril du relativisme(a)moralpointéparMlledeScudéryetlerisquedudogmatismeobtusque fuitValcroissantauprixdumasque. Pourmesurercomment,prenonsdurecul.Molièreacomposétoutaucoursdesa vie deux types de comédies: les unes clairement orientées vers une signification explicite et explicitée par des personnages de «raisonneurs», occasionnels ou statutaires; d’autres indifférentes ou énigmatiques, ouvertes, en somme, par la disséminationdesraisonsetdesenjeuxdesensqu'ellesnesesoucientpasderésoudre en synthèse préétablie, et tout au long desquelles subsiste une part d'incertitude, une polyvalence de sens sinon de sympathie, qui fait hésiter sur le parti à prendre, sur le raisonneur et le raisonnement à suivre. Parmi celles-ci, de petites comédies sans intention de sens moral en côtoient d’autres où le point de vue raisonnable demeure engagéàl'intérieurduréseaudesforcesenprésence,sanstranscendanceparticulière, simple bricolage de la raison pratique. Sans être totalement délivrée par aucun personnageàluiseul,laviséedesensyestsuggéréeauspectateurdefaçondiffractée, contradictoiremême.Danslaperspectivedessinéeparl'affrontementdesconceptions, des explications et des solutions partielles, celui-ci demeure le seul à percevoir d'un point de vue souverain, trop large pour être relayé par aucun porte-parole autorisé et clairement désigné pour cette fonction, le montage emboîté de ces éclaircissements partiels toujours susceptibles d'être enveloppés dans une perspective plus vaste: au pointquel'émissionmêmedecesvéritéspeutsoumettreàsontourleraisonneurquiles soutientauxfeuxduridicule,parl'effetd'unreversdesatire. Tartuffe appartient à la première catégorie: le point de vue raisonnable supérieuryestdéfiniparCléante,celuid’uneraisonuniverselleenveloppantlareligion, conçuecommelaRaisonparfaite,danssonchampinfinietréservantlafoiaudomaine doublement privé —moralement celui du cœur, socialement celui du sujet. Certes demeure l’ambiguïté troublante de la cible visée: le ridicule vise-t-il la dévotion déforméeparlafourbeetlefanatisme,ousilafourbeetlefanatismerévèlentl’essence deladévotionconçuecommeuneexacerbationensoicondamnabledelafoi?Resteque le point de vue de raison supérieure développé par Cléante enveloppe cette ambiguïté même:rabattantlaquestiondelafoisurleprivé,elleexclutqu’unpointdevuesurelle soit proposé dogmatiquement par une comédie destinée au public. Molière en tant qu’auteur,doncsujetindividuel,n’apasàysuggérersescroyancesousesincroyances, ilsecontentedefabriquerunemachineàdénoncerlesimposturesetàrendrelucides lesspectateurs.Jusqu’oùporteracettemachine,savoirsilefanatismeestinhérentaufait mêmedelareligion,lapiècepermet(souslemasque)d’ouvrirledébatets’interdit,par principe,deformulersonavislà-dessus. DansquellecatégorieplacerLeMisanthrope?Lapremière,sil'onconsidèreque Philinte joue sans conteste le rôle de raisonneur: cette fonction qu'il remplit de façon presqueemblématiqueinviteàsupposerunsensclairàlapièce.Restequ'Alcesteàsa façon aussi raisonne, avec passion mais non sans fondement. Sa position peut passer pour estimable autant et plus que ridicule; celle de Philinte pour excessive ou convenue: le piège de la radicalisation tendu par les excès bilieux de l'un au flegme mesuré de l'autre n'exclut pas que Philinte ne chute dans le ridicule du dogmatisme inversé.Etdèslorslesensdelapiècedemeureraitouvert,ladifficulténerésidantpasici dans l'absence énigmatique d'orientation, mais dans une sorte de trop plein. Or, cette difficultétrouvesarésolutiondanslanatureetlatexturedramatiquesquiestlefaitde 9 la comédie. Art du spectacle, le théâtre construit sa signification dans le cadre d'un système optique: c'est d'un système optique que ressortit la vérité du Misanthrope. Alceste yfigure en effet un raisonneur pris sous le feu d'un autre, parce que l'optique qu'il choisit pour louer les valeurs mêmes de la «raisonnabilité» moliéresque — authenticité,évidencerationnelle,dénonciationdesmasquesetdesopacités—l'amène àlestraiteretàlesappliquerselondesmodalitésàlafoisobtusesetexcessives,dans uneperspectiveétriquéequ'unpointdevueplusgénéreuxquelesienpeutsaisirsous l'angle du ridicule. Reste que la position libérale de Philinte ne peut être comprise et appréciée qu'au sein de son débat circonstanciel avec Alceste, c'est-à-dire du point de vuesupérieuroùsetrouveplacélespectateurassistantàleurdébatetappréciantleur conduite. Latolérancenaissantes'esquissedoncdansl'œuvreentermesdepostureplutôt quedevaleuroudevertu:elles'élaboreenacteets'édifieàlafaveurd'unjeud'optique. L'œil dont Philinte voit le monde et nous donne à voir le regard d'Alceste sur celui-ci nous invite à exercer notre regard pour fuir les effets de l'aveuglement passionnel et dogmatique: c'est une leçon de tolérance. Et c'est aussi une leçon sur la nature de la tolérance:sil'idéeetlapratique,inextricablementmêlées,surgissentcommeuneimage holographiqued'unjeuderegardsemboîtés,c'estquelatoléranceconstitueuneposture plutôtqu'unedoctrine,unpointdevueetuneformed'actionplutôtqu'uneopinionet une conduite en soi. Elle ne s'ajoute pas à la liste des valeurs déjà connues, pas plus qu'elleneprétendentraverleurjusteexercice:elleconstitueunmodenouveaudeleur pratique. C'est pourquoi elle traverse tout le champ des valeurs, des opinions et des conduites: elle prospère dans chaque camp, s'applique à toute situation, opère son partageentrelessectateursfurieuxetlesadeptestraitablesdetouteslesopinions. On pourrait donc lire la morale du Misanthrope comme une leçon à tiroirs. Au premier degré qui est aussi celui de l’actualité immédiate (la querelle de Tartuffe) et celui de l’engagement immédiat et personnel de Molière dans sa propre comédie, l’authenticité d’Alceste, sa passion de vérité et son jusqu’auboutisme héroïque à ses propresdépensvalidentlaleçonradicaleetpassionnéequ’ildélivre.Ceniveaupremier est enveloppé dans un second où l’inféodation passionnelle d’Alceste envers Célimène justifie le relativisme modéré de Philinte et, sur le même constat pessimisme, son désengagementradical:Alcesteselaisseporterparsanatureetvoudraitfaireconfiance àlanaturecontrel’artifice,auxchansonsnaïvesqu’ilopposeauxartificesdelapoésie galante; Philinte qui n’a pas même cette confiance rétroactive pense en termes de contratetdeconventions,derèglesetderégulations.Satolérancereposesurlesmêmes attendus, mais domine sa répulsion passionnelle en la promouvant en sagesse raisonnée.Restequecetteraisonneditpeut-êtrepaslederniermotdelacomédie.Un dernier tiroir existe peut-être, autorisé par l’indécision constitutive d’un genre qui, reposant sur le principe du truchement des personnages, interdit à l’auteur de mener directement et explicitement le spectateur sur la voie qu’il lui assigne pour vraie. Il sembleiciqueledosagesoitéquilibréentrelesdeuxposturespréalablementdégagées: commesiAlcesteavaitéchappéauprojetderidiculequidevaitamoindrirsapostureet basculait, plus encore qu’Arnolphe, dans une forme retenue de pathétique, dans un déchirement plus sinistre que grotesque dont la douleur réelle est issue d’une cause héroïque,d’uneirréductiblerépugnancepourlefaux,lebas,levil.Cequemettraitalors enscènelacomédie,c’estlecombattoujoursrepris,jamaistranché,entrelaraisonetla passion, la perfection par la mesure et la perfection par le sublime, la sagesse et l’héroïsme, bref entre les deux faces du devoir: le devoir d’assumer et le devoir de s’opposer. Combatqui sedérouledans le champ clos dechaque sujet— etiln’estpas 10 interditqueMolièrenel’aitpaséprouvé,luiquiécriraunanplustardàLouisXIV:«il ne faut plus que je songe à faire des comédies, si les tartuffes ont l’avantage».Mais le Philintequiétaitenluiparvintàtirerdecedésertpromisl’Alcestequ’ilétaitaussi,et sixmoisplustardilcréaitAmphitryon,comédielumineuse,poétiqueetapaisée. En somme, ç’aura été l’échappée de la comédie à son propre projet qui aura permis à son auteur de se la réapproprier en y incarnant la part d’humanité la plus personnelle et la plus universelle qu‘il aura jamais consenti d’exposer dans son théâtre —«cette mâle gaieté si triste et si profonde, Que lorsqu’on vient d’en rire, on devraitenpleurer». 1Mario Bonfantini, «Le comique du Misanthrope», dans J. Cairncross, l’Humanité de Molière, 1988,p.152. 2LeMisanthrope,I,I,v.151-152. 3Paul,ÉpîtreauxRomains,XII,3. 4Aristote,ÉthiqueàNicomaque,115aetsuiv. 5LeMisanthrope,I,I,61etI,II,326. 6MadeleinedeScudéry,Clélie,VI,p.728-729.CitéparDelphineDenis,LaMusegalante.Poétique delaconversationdansl'œuvredeMadeleinedeScudéry,Paris,Champion,«Lumièreclassique», 1977,p.263.Passagesoulignéparnous. 7Antoine de Méré, Œuvresposthumes, «Sixième discours. Suite du Commerce du Monde.». Éd. Charles-H. Boudhors des Œuvres complètes (1930), rééd. Paris, Klincksieck, 2008, préf. P. Dandrey,p.157. 8Op.cit.,«Discourspremier.DelavraieHonnêteté»,éd.cit.,p.74. 9,Ibid.,p.73. 10«Du Vrai», [in] Réflexions diverses, éd. Jean Lafond des Maximes et réflexions diverses, Paris, Gallimard,«Folio»,1976,p.161-162. 11LeMisanthrope,I,I,173-178. 12Op.cit.,I,I,183-184. 13Madeleine de Scudéry, Conversations, I, p.165. Marmet de Valcroissant, Maximes pour vivre heureusementdanslemonde,p.180.CitésparD.Denis,LaMusegalante,p.264.