Cours agrégation 2017 Molière 6 Leçon(s)

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Cours agrégation 2017 Molière 6 Leçon(s)
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Cours6
Leçon(s)
Jemecontredis,ilestvrai.Accusez-enleshommes.
LaBruyère,LesCaractères.
La distribution des valeurs dans Tartuffe induit une leçon relativement claire:
quelque estime que Cléante affiche pour la foi et la dévotion vraies, la comédie en
délaisse complètement l’expression et ne s’intéresse qu’à la double déformation que
sontsupposéesleurinfligerunepratiqueexcessiveportantaufanatismeetunepratique
hypocritefondéesurlemensonge.Lafourbeetl’autoritéabusives’opposentàlavérité
et à la liberté, et en dernière analyse la comédie dénonce le fanatisme dans la
composition duquel entrent aveuglement, tyrannie et fourberie. L’éloge de la liberté
éclairéeestuneconstanteduthéâtredeMolière.LeplaidoyerdeCléantequiindiquela
droitevoieàsuivreparrapportauxdérivesquemetenscènelacomédiepromeutdonc
latolérance,valeurnouvelleencoursdelentedéfinitiondanslecontexteintellectueldu
second XVIIe siècle. Le Misanthrope prend le relais, en quelque sorte, en reprenant la
valeurpositive,latolérance,etenl’opposant,pareffetcomiqueauridiculenonplusde
la bigoterie hypocrite et/ou fanatique, défiguration de la Vérité divine, mais à
l’intransigeance morale, supposée défiguration de l’authenticité et de la sincérité par
leur application inopportune aux règles de la vie en société et au commerce des
honnêtes gens. L’effet de ce déplacement, c’est le flottement de leçon du Misanthrope.
Tartuffe et Orgon violent la vérité divine et humaine, l’un par la fourbe et l’hypocrisie,
l’autre par la cécité et l’abus de pouvoir (familial). Mais face à la tolérance de Philinte,
c’est au contraire un excès de vérité tout au plus dont on peut reprocher à Alceste
l’importunité et l’incongruité. Mais est- ce un défaut ou une qualité si supérieure que
seulunhérosmoralpeuts’enfairelemartyrincompris?
De même qu’elle n’offre pas une vraie conclusion, et bien moins encore un
dénouementheureux,demêmelacomédien’offrepasnonplusdevéritablemorale;
on n’en peut tirer une «leçon», dans un sens ou dans l’autre, qui ne soit
immédiatementcontreditepard’autresdonnéesdesfaits1.
Defait,tantqu’onlaissefaceàfaceAlcesteetPhilinteferraillantàl’ouverturedurideau,
lamoraledel’histoirenepeutqu’êtreindécise:l’untientpour«complaisance»,c’est-àdirecompromissionlatolérancedel’autre,lequeltientpourfolieinopportuneetdonc
ridiculelarigueurintransigeantedupremier.Cetteréciprocitétientlabalanceindécise
entre la sagesse (Philinte est «philosophe», v.166) et la vérité (Alceste est la
«franchise» incarnée, v.104): Alceste reproche à Philinte la sobriété qui accompagne
sa sagesse tandis que Philinte reproche à Alceste l’inutile véhémence de ses
emportements contre l’évidence, partagée par tous deux, que les hommes sont de
méchantsanimaux.Débatdifficiledetrancher.(3000)
Lefléaudelabalance
Unesolutionpoursortird’embarrasseraitpeut-êtrederéinsérerdansleurduo
celle qui fait l’objet de sa dernière partie: Célimène, qui est bien un aussi important
personnagequePhilinte.D’abord,parcequesonadditionentiersdansceduelpermet
d’échapperàlalogiqued’affrontementbinaireenlatriangulant;ensuiteparcequedela
sorteledébatintellectuelseréinsèredansl’intrigue:laquestionmoralesetrouveposée
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en termes dramaturgiques. Et le distique par lequel Philinte expose et résume sa
position,luàlalumièrenouvelledecettetriangulation,éclaireàsontourl’ensembledu
débat:
Laparfaiteraisonfuittouteextrémité,
Etveutquel’onsoitsageavecsobriété2,
Si le second vers, couramment rapporté à une prescription de saint Paul3, condense
l’effetmoraldel’idéalantiquede«médiocritédorée»,sonprincipeesténoncédansle
premier:onyreconnaîtlaconceptionaristotélicienneduvraimérite,tellequel’expose
l’ÉthiqueàNicomaque4.Aristoteyexpliquequetoutevertuprocèded’unéquilibretendu
etperpétuellementredistribuéselonlescirconstancesetlespersonnes,entrel’extrême
dutropetdutroppeu.Ainsilecourage,parexemple,sedéfinira,selonl’âge,lasituation
etl’occasion,commerésultanteparfaiteentrel’inconscienceaveugledudanger,quiest
témérité,etlatimiditécaponne,quiestpusillanimité.Laparfaiteraisondéfinitàégale
distancedel’uneetl’autreextrémitéladroitevoie,entrel’ardeurprésomptueusequ’il
faut modérer et la terreur irraisonnée qu’il faut surmonter. Et comme cet équilibre
dépend de l’occasion, le jugement sans cesse doit réévaluer la composition des forces
pourendégagerrationnellementlarésultanteraisonnable.
Autrementdit,entrelavertuintraitabled’Alceste,aveugleauxcirconstances,etla
frivole amoralité de Célimène, aveugle au mérite personnel, Philinte suggère l’art de
tracer le chemin de sagesse et de raison qui correspond harmonieusement à chaque
occasion, à chaque situation, à chaque rencontre. En louvoyant entre les écueils
extrêmesdelahaineuniversellepourl’humanitéetdelacomplaisancesansconditions
nireculenverslacomédiemondaine,Philinte(etlacomédiedeMolièreàtraverslui)ne
prétend pas édicter les règles intangibles de la sagesse modérée une fois pour toute
figéedansun«justemilieu»bourgeoisementoccupé:ilrecherchel’équilibreinstableet
constamment rétabli entre deux plateaux d’une balance que charge tour à tour
d’outrance chacun des deux champions des extrêmes. Il serait malséant de dire, sans
leurêtreenrienlié,àlavieilleÉmilequ’ellemasqueenvaindefardslesridesdel’âgeou
àl’aimableetvainOrontequesonsonnetdontilestsinaïvementfierestbonàmettre
au cabinet; mais il est opportun d’ouvrir les yeux d’un ami, d’un ami véritable dont le
destin ne vous est pas indifférent, sur les ridicules que lui donnent ses foucades en
publicetsurl’humeurcoquetteetl’espritmédisantdelajeuneveuvequ’ilcourtisepour
sonmalheur,quandlasincèreÉlianteconviendraitmieuxàsonbesoind’authenticité.
Philinte le «raisonneur» ne l’est qu’avec l’élégante discrétion et la perpétuelle
acuité d’un fléau de balance hésitant entre le poids d’erreur d’une pesante vertu et le
poidsdefrivolitéd’unecoquetterielégèreetétourdie,quineplombepasmoins.Ilfaut
imaginer Philinte au sommet d’un triangle mouvant dont la médiane oscille
incessammentselonquel’unoul’autredesesamisexcessifs,AlcesteouCélimène,tend
plus ou moins vers l’infini, qui est leur vocation de néant: entre la solitude morale et
l’ébullitionmondaine,entreledésertetledisert.Sonrôle,àlafoisdiscret(cariln’est
pasleprotagonistedelapièce)etdécisif(carilyoccupelaplaceduchœurantique),se
situedansunesortedesurplombdémonstratif:ilconsisteàdessiner,dèsavantquene
commencel’actionetàdestinationsurtoutduspectateur,larésultanteexactedesforces
moralesetimmoralesenprésence,lajustedirectiondesagessesinondesympathie,le
pointdefuitedutableauutileàensaisirl’ordredesreprésentations.Etpuis,souvenirde
Tartuffe peut-être ce triangle dont Philinte occupe le sommet, Alceste et Célimène les
deuxpointesdelabase,estjouxtéparunautre,inverse,quidéveloppeenunlosangela
compositiondesforces:cesecondtriangle,symétriqueetinversedel’autre,porteàson
sommetlepersonnageleplusnoirdelapièce,Arsinoé.Carcelle-cicombineenelleles
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défauts conjugués d’Alceste et Célimène et la contrefaçon de leurs qualités: elle
caricature l’intransigeance morale d’Alceste en pharisianisme dévot et pousse
l’insincérité de Célimène jusque dans l’hypocrisie bigote, tout en sacrifiant à la
mondanitéetàsesvanités,dontelledurcitdesurcroîtlamédisanceétourdieendélation
concertéeetdéguisée.DiamétralementopposéeàPhilinte,commel’ombreàlalumière,
elleoccupenéanmoinselleaussi,maisàl’opposite,lerôledemédiatriceentrelesdeux
amoureuxdontelleprécipitelarupture.DanslecontexteoùfutconçuetreprésentéLe
Misanthrope,cettedistributiondesforcesquiopposeàPhilinteuneincarnationféminine
de Tartuffe confirme l’implication de Molière, de Molière en proie à la cabale des
tartuffes du moment, non seulement dans le personnage d’Alceste en proie à la
médisance et aux menées du «scélérat» bigot avec qui il est en procès (v.118-144),
maistoutautantdansceluidePhilinte,quiprêcheladistinctionetrefused’envelopper
danssahainepourlesméchantsl’ensembledes«pauvresmortels»(v.115-117).
Mais surtout, cette interprétation déplace l’accent de la distinction éclatante
entre Alceste et Philinte vers la confusion menaçante entre Philinte et Célimène. Sans
l’affirmation d’une différence essentielle et pas seulement graduelle entre ces deux-ci,
leur proximité annulerait l’équidistance entre Célimène et Alceste à laquelle doit se
tenirPhilintepourjouersonrôled’arbitre.Entermesconcrets,lafrivolitédeCélimène
ne déconsidère-t-elle pas la sagesse de compromis prônée par Philinte en la
contaminantdelasuperficialitéetdumensongemondains?Neserait-cepasréduirela
leçonduchef-d’œuvredeMolièreàunesagessedesalonniermodéré,commenaguèrela
NRFréduisantcelledeProustàl’esthétiquedusalonGuermantes?Nousavonsditque
Molièrenenoussemblaitpasassimilableàcesécrivainscomplaisantsquipourvendre
et faire vendre adhèrent aux platitudes en vogue à leur époque. L’image poudrée d’un
Molière«galanthomme»necoïncideguèreaveclamanièredontsonœuvreestreçue
en France et dans le monde depuis trois siècles et demi. Et l’étude de la littérature ne
vaudraitguèreletempsqu’onluiconsacresielleseramenaitàcesfadaises.
Bref, comment entendre la «vaste» et «vile» «complaisance5» (v.61 et 326)
qu’Alceste décèle dans la bienveillance universelle de Philinte? Car ce concept de
«complaisance»aunehistoire,etunehistoiredesalon.Ilsetrouveaucœurd’undeces
débatssurdespointsdemoralecivileetdetactquelesmondainsd’alorsaffectionnaient
etquiconstituentlalaïcisationdequestionsreligieuses.SansdoutePhilinteaurait-ilpu
répondreàAlcesteluireprochantsacomplaisance:
…je ne suis point contre elle quand elle est raisonnable, au contraire je soustiens
qu'elleestnecessaireàlasociétédetousleshommes,qu'ellesertàtouslesplaisirs,
qu'elle entretient l'amitié, & l'amour; que sans complaisance on seroit toujours en
guerreetenchagrin.Maisjesoustiensenmesmetemps,quecommelasincéritéest
la vertu de toutes, qui est la plus particuliere aux gens d'honneur, la complaisance
est de toutes les vertus, celle dont les lasches, les interessez, les fourbes, & les
flateurs,abusentleplussouvent6.
Varianteduplaire,cettecomplaisancemodéréepourvuqu’ellesoitassortiedesincérité
etneservepasdemasqueauxtartuffes,mènesurlavoied'unephilialaïcisée,éclairée
par la raison et rempart contre la guerre entre pairs. Selon Méré, autre penseur de
l’honnêteté mondaine, cette qualité cultivée dans le cercle étroit de la mondanité de
Parisetdelacouralacapacitédes’étendrehorsdesasphèreethorsdesoncaractère
même,parlafacultédesoupleadaptationauxcirconstancesqu’ellerecèle:
Le personnage d'un honnête-homme s'étend partout; il se doit transformer par la
souplessedugenie,commel'occasionledemande.7
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C'estl'effetd'unapprentissagedel'airgalantquicombinelesprincipesdel'universalité
bienséanteetdel'appropriationrelative,jusqu'ànaturaliserl'honnêteté:
Jevoudroisquepourserendrel'honnêteténaturelle,onnel'aimâtpasmoinsdansle
fond d'un désert, qu'au milieu de la Cour, et qu'on l'eût incessamment devant les
yeux; car plus elle est naturelle, plus elle plaît; et c'est la principale cause de la
bienséance,quedefaired'unairagréablecequinousestnaturel8.
Autrementdit,
unhonnête-hommedegrandevûëestsipeusujetauxpréventions,quesiunIndien
d'unraremeritevenoitàlaCourdeFrance,etqu'ilsepûtexpliquer,ilneperdroit
pasauprésdeluilemoindredesesavantages;carsitôtquelavéritésemontre,un
espritraisonnableseplaîtàlareconnoître,etsansbalancer9.
Rien de moins étriqué et xénophobe, en somme, que cet étrange univers des salons
galants, sis en intermédiaire entre courtoisie et snobisme, où s’esquissent
d'incompréhensiblesgestesdecompréhensionetd'accueilfondéssurdepursprincipes
deraisonetlogique.
Or,cettethéorisationdelagalanteriemondainequitired’unepratiqueuncorps
deprincipes,Molièrelatranscendeenprinciped’unemoraleuniversellequifaitpasser
son œuvre, la leçon de son œuvre, de l’esthétique des galants à l’éthique de l’honnête
homme: c’était élever la doctrine de Castiglione au niveau supérieur de la sagesse de
Montaigne.Comment?Commeonvalevoir,parlepassageauprincipe.
Leprincipedetolérance
Parlavoieétroiteetunpeutortueusedelamorale(ausensrestreintdedoctrine
des mœurs) mondaine, la complaisance que maudit Alceste parce qu’elle ne distingue
paslevraimériteetaccueilleaveclamêmeimpassibilitélebienetlemal,estpromue
par Philinte en tremplin vers une morale nouvelle (au sens éthique), qu’on dirait
volontiersunemoralecivile,fondéesurleprincipedetoléranceenvoiededéfinitionà
cetteépoque:héritièredeMontaigne,ladécennie1660estàégaledistancedes Essais
(1580-1588)etduTraitésurlatolérancedeVoltaire(1763).Maiselleesttouteproche
delaLettresurlatolérance(1689)deJohnLockeetduDictionnairecritique(1697)de
Pierre Bayle. Il nous paraît que Molière devance sur ce sujet la pensée de ces deux
ouvragesenesquissantlapromotiondelacomplaisancemondaineentolérancecivile.
On a coutume de placer l’invention du concept moderne de tolérance dans le
sillage de son acception religieuse, rendue célèbre par l’usage qu’en avait fait
abondamment le législateur pour qualifier les édits promulgués en faveur des
protestantsdeFrance,notammentlefameuxÉditdeNantesde1598.Libéraldansson
application, cet édit de tolérance ne relevait pas d'une acception philosophique du
conceptausensoùnousl'entendrionsaujourd'hui,parcequ'ilnefondaitpaslaliberté
religieuse en principe, mais seulement en pratique. Chaque camp espérait de cette
éphémère accalmie la rapide progression de son parti vers une domination sans
partage; et l'unité de religion pouvait seule à terme consoner avec l'inspiration
fondamentalementabsolutistedelamonarchiefrançaise:sarévocationétaitinscriteà
l'horizon de l'Édit prétendu «perpétuel et irrévocable». Pourtant, il constituait une
avancée en direction de la tolérance moderne en donnant une réalité historique à une
tolérance civile définie comme modulation profane la «tolérance théologique» ou
«ecclésiastique»,quiconsistaitàautoriserunedivergenced’opiniondanslechampde
certaines questions dogmatiques, pourvu qu'elles fussent secondaires. Dans son
Avertissement aux protestants, Bossuet a bien posé la distinction entre elles deux: la
tolérancecivilesedéfinitcomme«l'impunitéaccordéeparlamagistratureàtoutesles
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sectes», en quoi elle excède la tolérance ecclésiastique, dont l'indulgence ne saurait
s'étendre à absoudre les zélateurs de propositions hérétiques ou schismatiques.
Autrement dit, la tolérance civile est une concession large faite par l’État à l'erreur, la
tolérance religieuse une absolution circonspecte, par l’Église, de la faute qui n'excède
pasledomainedel'accessoire.En1690,lalanguecouranteentendraencorelatolérance
comme «Patience par laquelle on souffre, on dissimule quelque chose.» Et Furetière
illustrera son analyse lexicologique par cet exemple: «La tolérance qu'on a pour les
vicesestsouventcausedeleuraugmentation.»
Bref, au XVIIe siècle, la tolérance s'entend, pour la religion, comme l'effet d'une
indulgence, pour le législateur, comme la promesse d'une impunité, et dans le langage
courant,commeuneconcessionindulgentesinoncomplaisantequelavertufaitauvice.
L'inventiondel'idéemodernedetolérance,danslesquelquesdécenniesquimènentde
Bossuet à Voltaire, de Furetière à l'Encyclopédie, allait procéder d'une inversion
d'optique: non d'une évolution, mais d'une révolution de la considération portée à
l'objettoléré.Latolérancemoderneconsisteraàavoirconsidérationpourl'autre,pour
sapersonne,sesconvictionsousaconduite,nonplusendépitgénéreuxetindulgentde
l'aversionqu'ilsusciteoudelacondamnationqu'ilmérite,maisparrespectdeprincipe
pour son altérité. La métamorphose de la notion suppose son érection formelle en
principeintellectueletmoral,dégagédetoutjugementdevaleur:cequidéterminema
conduiteàl'égardd'autruineseraplusmonjugementsurlaqualitédesesopinionsou
desesactions,d'autantplusblâmablesàmesyeuxqu'ilsserontéloignésdemonidéaldu
vraietdubien,maisleprincipedeleurlégitimitéfondéesurlerespectdeleuraltérité.
La question n'est plus de nature — celle de la pensée, de l'acte, des valeurs qui les
meuvent—maisdestructure:ilnes'agitpasd'évaluerlagravitédudéfautpoursavoir
s'il mérite blâme ou indulgence devant telle ou telle juridiction, comme dans le
raisonnement de Bossuet sur les deux tolérances; mais d'adopter le principe d'une
considération due à autrui dans sa relation avec moi à proportion de son éloignement
même.Questionjusqu'alorsde«fond»,letolérancedevenaitunequestionde«forme»
Celafaitobstacleàl’hypothèsed’unefiliationdirecteentrelatolérancereligieuse
ouciviledel'ancienmondeetlatolérancephilosophiqueetmoraledesLumières,même
sicelle-cisedéploieenprioritésurleterrainpolémiquedelacroyanceetdelapratique
religieusesdéjàoccupéparl'autre.Enréalité,ilfallaitaucontrairequel'apprentissage
desidéesetdesconduitesquenousdirionsaujourd'huitolérantess'accomplîtdansdes
domaines et sur des sujets dépourvus de conséquences et d'enjeux majeurs, pour que
cet allégement des considérations de fond, ce délestage de leur poids idéologique et
moral, permît d'inaugurer le geste d'acceptation formelle de l'autre dans son altérité
nonparpenchant,maisparprincipe.Orilestundomaineoùrègnecetteindispensable
futilitéetoùilesteneffetloisibledesuivrel'esquissedecegeste,idéaliséetformalisé
jusqu'à l'épure: c'est le champ de la mondanité, particulièrement durant l'ère galante
quicouvrelesdécenniescentralesduXVIIesiècle.Onsoutiendradoncl’hypothèseque
Molièrefutdeceuxquisurententrevoiretextrairedelafutilitémondaine(àlafaçonde
Célimène) le principe fondateur d’un exercice libre et libéral des valeurs prônées
radicalementetsansnuanceparAlceste.Onsoutiendral'hypothèseenl'étayantdetrois
considérations.D’abord,onnoteraquel'ethosgalantetmondaintrouvesonapplication
majeure dans la pratique de la belle conversation: il y revêt le visage de la
«complaisance» due à autrui, qui n'est pas sans esquisser le profil de la future
tolérance.Ensuite,cetethoss'estdonnépourréférencelemodèledel'honnêteté:cette
revendicationl'inscritdanslesillaged'unillustreprécurseurdelagrandetolérance—
Montaigne.Enfin,soncontexteépistémologiqueestmarquéparlerelativismetempéré
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des valeurs et des critères, à commencer par celui de vérité, dont la dissémination
réfléchie sape l'autorité du fanatisme. Complaisance dans la conversation, idéal
d'honnêteté,géométrievariableduvrai,voilàlestroischeminsouvertsparlemondede
Célimène à la rencontre de la valeur de tolérance destinée à moduler l’intransigeance
passionnéed’Alcestesansreniersesfondements.
Écoled’éléganceenhainedupédantisme,labelleconversation,àl'âgegalant,se
revendiquecommeformepure,délestéedesonpoidsdescience,gouvernéeparunart
de l'à-propos congruent qui bannit libéralement tout exclusive de sujet, de tour et de
ton. Elle enseigne à écouter autrui et à prendre en compte sa position jusque dans la
réponsequ’onluiopposepourluiparleravecunerudefranchisequineblessepas:
Lemonde,parvossoins,nesechangerapas;
Etpuisquelafranchisea,pourvous,tantd'appas,
Jevousdiraitoutfranc,quecettemaladie,
Partoutoùvousallez,donnelacomédie,
Etqu'unsigrandcourrouxcontrelesmœursdutemps,
Voustourneenridiculeauprèsdebiendesgens.
Philintes’appuiesurladoctrinedesquatrevéritésprônéeparsonamipourluidirela
sienne,parcequ’ilestsonami.MaisilneferapasdemêmeavecOronte,auquelildoit
une honnêteté mondaine, celle de l’honnête homme bien élevé, et non l’honnêteté de
cœur,cellequel’ondoitavecfranchiseàunami.
Cetartdesajustementssupposeuneconceptionmoduléedelavéritéqu’Alceste
neconçoitqu’enbloc.La«parfaiteraison»n'exercepassonempireabsolusansnuances
relatives à une réalité toujours complexe, fuyante et intriquée. C'est ce que prend en
comptelagéométriemouvanteduvraidéfinieparLaRochefoucauld:
Le vrai, dans quelque sujet qu'il se trouve, ne peut être effacé par aucune
comparaisond'unautrevrai,etquelquedifférencequipuisseêtreentredeuxsujets,
cequiestvraidansl'unn'effacepointcequiestvraidansl'autre:ilspeuventavoir
plusoumoinsd'étendueetêtreplusoumoinséclatants,maisilssonttoujourségaux
par leur vérité, qui n'est pas plus vérité dans le plus grand que dans le plus petit.
[...]Alexandre et César donnent des royaumes; la veuve donne une pite: quelque
différentsquesoientcesprésents,lalibéralitéestvraieetégaleenchacund'eux,et
chacundonneàproportiondecequ'ilest.[...]Quelquedisproportionqu'ilyaitentre
deuxmaisonsquiontlesbeautésquileurconviennent,ellesnes'effacentpointl'une
l'autre: ce qui fait que Chantilly n'efface point Liancourt, bien qu'il ait infiniment
plus de diverses beautés, et que Liancourt n'efface pas aussi Chantilly, c'est que
ChantillyalesbeautésquiconviennentàlagrandeurdeMonsieurlePrince,etque
Liancourt a les beautés qui conviennent à un particulier, et qu'ils ont chacun de
vraiesbeautés.10
Reçuescertessansdiscussion,lesvaleursdevérité,debeautéoudelibéralité,absolues
par principe, ne s'en définissent pas moins, dans leur application, en termes de
proportion, de convenance et de comparaison. La logique «absolue» n'induit pas un
systématisme stéréotypé. De son côté, la logique «relative» n'implique pas le
relativisme: tout ne se vaut pas, même si tout peut s'évaluer par relations
proportionnéesetmodulées.Cettepondérationdel'universeletdusingulierestprocède
d’unelogiqueannonciatricedelatolérance.
À voir la conversation passer des escarpements hautains de l'érudition
humaniste à la complaisance raisonnable des salons, le snobisme galant dépasser les
préventions délicates du clan pour concevoir un idéal d'honnêteté qui «s'étende
partout»,etlavéritédescendredescertitudesdogmatiquesàlagéométrievariabledes
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ajustementsproportionnés,oncomprendqu’unpoètegrandobservateurdesontemps
etrodéaucombatautourdesvaleursmoralesendébatdansl’actualitéaitpuanticiperla
naissance du principe de tolérance en transcendant l’idéal des coteries mondaines du
XVIIesiècle,àpartirdesquestionsqueposaitàcetidéalsapratiquehonnêteetgalante:
puissance et limites de la complaisance raisonnée, relations entre l'universel et le
singulier en matière de mœurs et de morale, légitimation et pratique d'une géométrie
variableduvrai.
D’abord,lacomplaisancequilerendamidetousneprocèdepaschezPhilintede
penchant, mais bien de principe. Loin de s'en laisser conter, il tire sa conduite si
moderned'uneappréciationdel'hommetoutecontemporainedusiècledesmoralistes
augustiniens:
Oui,jevoiscesdéfautsdontvotreâmemurmure,
Commevicesunisàl'humainenature;
Etmonespritenfinn'estpasplusoffensé
Devoirunhommefourbe,injuste,intéressé,
Quedevoirdesvautoursaffamésdecarnage,
Dessingesmalfaisants,etdesloupspleinsderage.11
Voilàpourleprincipe.Etvoicipourlapratique:
Jeprendstoutdoucementleshommescommeilssont
J'accoutumemonâmeàsouffrircequ'ilsfont.
Etjecroisqu'àlacour,demêmequ'àlaville,
Monflegmeestphilosopheautantquevotrebile.12
Ensynthèsedela«complaisance»queluireprocheAlcesteetdelapatiencequ'ilmetà
«souffrir» les travers d'autrui, Philinte revendique la voie étroite d'une «vertu
traitable»quifasse«unpeugrâceàlanaturehumaine».Cettedémarcheprocèdeàla
fois d'une conception intellectuelle (celle d'un «esprit philosophe») et d'une pratique
morale (une «accoutumance de l'âme»). Cette philosophie appliquée se donne un
champuniversel(«lacourdemêmequelaville»).Elles'exerceàdégagersonprincipe
de toute appréciation morale sur les «vices unis à l'humaine nature» et de toute
effervescencesensible:àtraversl'imagephysiologiqueduflegmesedessinel'idéaldela
bienveillance dépassionnée. En occupant tout le champ qui va de la complaisance
raisonnéeàl'honnêtetéuniverselle,lepersonnage,ouplutôtletextequiluidonnevie,
n'a-t-il pas franchi le pas qui sépare la patience charitable ou élégante de la tolérance
parprincipe?
Uneleçonà«tiroirs»
On peut aller jusqu'à cette conséquence extrême, à condition d'ajouter à la
genèse de cette innovation sa troisième composante: cette géométrie variable du vrai
qui permet à la tolérance de dépasser le conflit, à jamais épineux pour elle, entre
l’intransigeancedogmatiqueetlacomplaisancesansbornes.DèsavantMolière,ledébat
étaitposé.MlledeScudéryplaidaitpour
lasincéritéquifaittouteladouceurdelaviedeshonnestesgens;&sanslaquellele
commercedumondeneseroitqu'unetromperiecontinuelle.
Face à quoi, Marmet de Valcroissant rétorquait, quatre ans avant la création du
Misanthrope:
Ilvautmieuxserendreagreable&sefaireaimerparlaflaterie,quededeplairepour
estretropouvert,tropsincere,&pourdiretropfranchementleschoses.13
Molièrenetranchepascedébat:illerésoutenledépassantparl'esquissed'uneposture
de synthèse. Et cette issue ne résulte pas tant d'un génie supérieur, que de l'avantage
8
offertparlemoded'expressionqu'iladopte,celuiduthéâtre.C'estl'écrituredramatique
qui permet à la géométrie variable du vrai de dépasser conjointement le péril du
relativisme(a)moralpointéparMlledeScudéryetlerisquedudogmatismeobtusque
fuitValcroissantauprixdumasque.
Pourmesurercomment,prenonsdurecul.Molièreacomposétoutaucoursdesa
vie deux types de comédies: les unes clairement orientées vers une signification
explicite et explicitée par des personnages de «raisonneurs», occasionnels ou
statutaires; d’autres indifférentes ou énigmatiques, ouvertes, en somme, par la
disséminationdesraisonsetdesenjeuxdesensqu'ellesnesesoucientpasderésoudre
en synthèse préétablie, et tout au long desquelles subsiste une part d'incertitude, une
polyvalence de sens sinon de sympathie, qui fait hésiter sur le parti à prendre, sur le
raisonneur et le raisonnement à suivre. Parmi celles-ci, de petites comédies sans
intention de sens moral en côtoient d’autres où le point de vue raisonnable demeure
engagéàl'intérieurduréseaudesforcesenprésence,sanstranscendanceparticulière,
simple bricolage de la raison pratique. Sans être totalement délivrée par aucun
personnageàluiseul,laviséedesensyestsuggéréeauspectateurdefaçondiffractée,
contradictoiremême.Danslaperspectivedessinéeparl'affrontementdesconceptions,
des explications et des solutions partielles, celui-ci demeure le seul à percevoir d'un
point de vue souverain, trop large pour être relayé par aucun porte-parole autorisé et
clairement désigné pour cette fonction, le montage emboîté de ces éclaircissements
partiels toujours susceptibles d'être enveloppés dans une perspective plus vaste: au
pointquel'émissionmêmedecesvéritéspeutsoumettreàsontourleraisonneurquiles
soutientauxfeuxduridicule,parl'effetd'unreversdesatire.
Tartuffe appartient à la première catégorie: le point de vue raisonnable
supérieuryestdéfiniparCléante,celuid’uneraisonuniverselleenveloppantlareligion,
conçuecommelaRaisonparfaite,danssonchampinfinietréservantlafoiaudomaine
doublement privé —moralement celui du cœur, socialement celui du sujet. Certes
demeure l’ambiguïté troublante de la cible visée: le ridicule vise-t-il la dévotion
déforméeparlafourbeetlefanatisme,ousilafourbeetlefanatismerévèlentl’essence
deladévotionconçuecommeuneexacerbationensoicondamnabledelafoi?Resteque
le point de vue de raison supérieure développé par Cléante enveloppe cette ambiguïté
même:rabattantlaquestiondelafoisurleprivé,elleexclutqu’unpointdevuesurelle
soit proposé dogmatiquement par une comédie destinée au public. Molière en tant
qu’auteur,doncsujetindividuel,n’apasàysuggérersescroyancesousesincroyances,
ilsecontentedefabriquerunemachineàdénoncerlesimposturesetàrendrelucides
lesspectateurs.Jusqu’oùporteracettemachine,savoirsilefanatismeestinhérentaufait
mêmedelareligion,lapiècepermet(souslemasque)d’ouvrirledébatets’interdit,par
principe,deformulersonavislà-dessus.
DansquellecatégorieplacerLeMisanthrope?Lapremière,sil'onconsidèreque
Philinte joue sans conteste le rôle de raisonneur: cette fonction qu'il remplit de façon
presqueemblématiqueinviteàsupposerunsensclairàlapièce.Restequ'Alcesteàsa
façon aussi raisonne, avec passion mais non sans fondement. Sa position peut passer
pour estimable autant et plus que ridicule; celle de Philinte pour excessive ou
convenue: le piège de la radicalisation tendu par les excès bilieux de l'un au flegme
mesuré de l'autre n'exclut pas que Philinte ne chute dans le ridicule du dogmatisme
inversé.Etdèslorslesensdelapiècedemeureraitouvert,ladifficulténerésidantpasici
dans l'absence énigmatique d'orientation, mais dans une sorte de trop plein. Or, cette
difficultétrouvesarésolutiondanslanatureetlatexturedramatiquesquiestlefaitde
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la comédie. Art du spectacle, le théâtre construit sa signification dans le cadre d'un
système optique: c'est d'un système optique que ressortit la vérité du Misanthrope.
Alceste yfigure en effet un raisonneur pris sous le feu d'un autre, parce que l'optique
qu'il choisit pour louer les valeurs mêmes de la «raisonnabilité» moliéresque —
authenticité,évidencerationnelle,dénonciationdesmasquesetdesopacités—l'amène
àlestraiteretàlesappliquerselondesmodalitésàlafoisobtusesetexcessives,dans
uneperspectiveétriquéequ'unpointdevueplusgénéreuxquelesienpeutsaisirsous
l'angle du ridicule. Reste que la position libérale de Philinte ne peut être comprise et
appréciée qu'au sein de son débat circonstanciel avec Alceste, c'est-à-dire du point de
vuesupérieuroùsetrouveplacélespectateurassistantàleurdébatetappréciantleur
conduite.
Latolérancenaissantes'esquissedoncdansl'œuvreentermesdepostureplutôt
quedevaleuroudevertu:elles'élaboreenacteets'édifieàlafaveurd'unjeud'optique.
L'œil dont Philinte voit le monde et nous donne à voir le regard d'Alceste sur celui-ci
nous invite à exercer notre regard pour fuir les effets de l'aveuglement passionnel et
dogmatique: c'est une leçon de tolérance. Et c'est aussi une leçon sur la nature de la
tolérance:sil'idéeetlapratique,inextricablementmêlées,surgissentcommeuneimage
holographiqued'unjeuderegardsemboîtés,c'estquelatoléranceconstitueuneposture
plutôtqu'unedoctrine,unpointdevueetuneformed'actionplutôtqu'uneopinionet
une conduite en soi. Elle ne s'ajoute pas à la liste des valeurs déjà connues, pas plus
qu'elleneprétendentraverleurjusteexercice:elleconstitueunmodenouveaudeleur
pratique. C'est pourquoi elle traverse tout le champ des valeurs, des opinions et des
conduites: elle prospère dans chaque camp, s'applique à toute situation, opère son
partageentrelessectateursfurieuxetlesadeptestraitablesdetouteslesopinions.
On pourrait donc lire la morale du Misanthrope comme une leçon à tiroirs. Au
premier degré qui est aussi celui de l’actualité immédiate (la querelle de Tartuffe) et
celui de l’engagement immédiat et personnel de Molière dans sa propre comédie,
l’authenticité d’Alceste, sa passion de vérité et son jusqu’auboutisme héroïque à ses
propresdépensvalidentlaleçonradicaleetpassionnéequ’ildélivre.Ceniveaupremier
est enveloppé dans un second où l’inféodation passionnelle d’Alceste envers Célimène
justifie le relativisme modéré de Philinte et, sur le même constat pessimisme, son
désengagementradical:Alcesteselaisseporterparsanatureetvoudraitfaireconfiance
àlanaturecontrel’artifice,auxchansonsnaïvesqu’ilopposeauxartificesdelapoésie
galante; Philinte qui n’a pas même cette confiance rétroactive pense en termes de
contratetdeconventions,derèglesetderégulations.Satolérancereposesurlesmêmes
attendus, mais domine sa répulsion passionnelle en la promouvant en sagesse
raisonnée.Restequecetteraisonneditpeut-êtrepaslederniermotdelacomédie.Un
dernier tiroir existe peut-être, autorisé par l’indécision constitutive d’un genre qui,
reposant sur le principe du truchement des personnages, interdit à l’auteur de mener
directement et explicitement le spectateur sur la voie qu’il lui assigne pour vraie. Il
sembleiciqueledosagesoitéquilibréentrelesdeuxposturespréalablementdégagées:
commesiAlcesteavaitéchappéauprojetderidiculequidevaitamoindrirsapostureet
basculait, plus encore qu’Arnolphe, dans une forme retenue de pathétique, dans un
déchirement plus sinistre que grotesque dont la douleur réelle est issue d’une cause
héroïque,d’uneirréductiblerépugnancepourlefaux,lebas,levil.Cequemettraitalors
enscènelacomédie,c’estlecombattoujoursrepris,jamaistranché,entrelaraisonetla
passion, la perfection par la mesure et la perfection par le sublime, la sagesse et
l’héroïsme, bref entre les deux faces du devoir: le devoir d’assumer et le devoir de
s’opposer. Combatqui sedérouledans le champ clos dechaque sujet— etiln’estpas
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interditqueMolièrenel’aitpaséprouvé,luiquiécriraunanplustardàLouisXIV:«il
ne faut plus que je songe à faire des comédies, si les tartuffes ont l’avantage».Mais le
Philintequiétaitenluiparvintàtirerdecedésertpromisl’Alcestequ’ilétaitaussi,et
sixmoisplustardilcréaitAmphitryon,comédielumineuse,poétiqueetapaisée.
En somme, ç’aura été l’échappée de la comédie à son propre projet qui aura
permis à son auteur de se la réapproprier en y incarnant la part d’humanité la plus
personnelle et la plus universelle qu‘il aura jamais consenti d’exposer dans son
théâtre —«cette mâle gaieté si triste et si profonde, Que lorsqu’on vient d’en rire, on
devraitenpleurer».
1Mario
Bonfantini, «Le comique du Misanthrope», dans J. Cairncross, l’Humanité de Molière,
1988,p.152.
2LeMisanthrope,I,I,v.151-152.
3Paul,ÉpîtreauxRomains,XII,3.
4Aristote,ÉthiqueàNicomaque,115aetsuiv.
5LeMisanthrope,I,I,61etI,II,326.
6MadeleinedeScudéry,Clélie,VI,p.728-729.CitéparDelphineDenis,LaMusegalante.Poétique
delaconversationdansl'œuvredeMadeleinedeScudéry,Paris,Champion,«Lumièreclassique»,
1977,p.263.Passagesoulignéparnous.
7Antoine de Méré, Œuvresposthumes, «Sixième discours. Suite du Commerce du Monde.». Éd.
Charles-H. Boudhors des Œuvres complètes (1930), rééd. Paris, Klincksieck, 2008, préf. P.
Dandrey,p.157.
8Op.cit.,«Discourspremier.DelavraieHonnêteté»,éd.cit.,p.74.
9,Ibid.,p.73.
10«Du Vrai», [in] Réflexions diverses, éd. Jean Lafond des Maximes et réflexions diverses, Paris,
Gallimard,«Folio»,1976,p.161-162.
11LeMisanthrope,I,I,173-178.
12Op.cit.,I,I,183-184.
13Madeleine de Scudéry, Conversations, I, p.165. Marmet de Valcroissant, Maximes pour vivre
heureusementdanslemonde,p.180.CitésparD.Denis,LaMusegalante,p.264.