Les Clavicules de Salomon Pièces Liminaire tirées

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Les Clavicules de Salomon Pièces Liminaire tirées
Les Clavicules de Salomon
Pièces Liminaire tirées de divers Manuscrits
La Figure Mystique de Salomon * †
* Elle n’est donnée que dans les deux manuscrits Lansdowne 1202 et 1203. Elle est
également donnée par Lévi dans son Dogme et Rituel de la Haute Magie et par Tycho
Brahé dans son Calendarium Naturale Magicum mais, dans ces deux ouvrages, sont
omis les termes et caractères hébreux probablement dénaturés, au point d’être devenus
méconnaissables, par des copistes illettrés. Après une étude approfondie de cette figure,
j’en ai conclu que les mots inscrits dans le corps du symbole étaient les dix sephiroth
disposées sous la forme d’un arbre de vie avec le nom de Salomon à droite et à gauche,
tandis que les caractères disposés autour représentaient les 22 lettres de l’alphabet
hébreu. J’ai donc corrigé cette figure qui constitue par ailleurs le frontispice des deux
manuscrits cités.
†(nef) Dans le manuscrit de M.P.B. (Gutenberg Reprints), la figure est en
couleur : le cercle extérieur est blanc sur fond noir, le canal central est rouge ainsi que
le sceau central qui le traverse et les lettres hébraïques qui y sont écrites ; par contre les
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Discours Préliminaire *
Aujourd’hui, chacun sait que, dans des temps immémoriaux, Salomon a
acquis la connaissance grâce aux enseignements d’un ange, auquel il parut si
soumis et obéissant, qu’en plus du don de sagesse qu’il demanda, il obtint avec
profusion toutes les autres vertus ; de sorte que, pour éviter que cette sagesse
digne d’être éternellement conservée ne disparaisse avec son corps dans la
tombe, lorsqu’il se sentit, pour ainsi dire, sur la fin, il laissa à son fils Roboam un
testament contenant toutes ces connaissances qu’il avait le premier possédées et
ce, jusqu’à sa mort.
Les Rabbins, qui après lui, prirent soin de conserver ces enseignements,
nommèrent ce Testament : Clavicule ou Clef de Salomon et le firent graver sur
des écorces d’arbres, tandis que les pentacles étaient gravés sur des plaques de
cuivre en lettres hébraïques pour être soigneusement conservés dans le Temple
que ce sage avait fait construire.
Ce Testament fut, dans les temps anciens, traduit de l’hébreu en latin par
le sage Abognazar † qui l’emmena avec lui dans la ville d’Arles en Provence, où
par un hasard inespéré, l’ancienne Clavicule Hébraïque, ou plutôt sa précieuse
traduction, tomba entre les mains de l’archevêque d’Arles, après le massacre
des Juifs dans la ville ; celui-ci, du latin la traduisit en langue vulgaire, dans les
termes qui s’ensuivent, sans avoir pour autant altéré ni augmenté la traduction
originale depuis l’hébreu.
canaux supérieurs qui se dirigent vers la droites et la gauche sont verts et les inférieurs
jaunes, ainsi que les lettres qu’ils contiennent ; enfin les lettres du correspondant au
nom Salomon (hébr. : Shelomoh, hmls) sont noires.
* Extrait du Manuscrit de la Collection Lansdwone 1203 « Les véritables
Clavicules de Salomon, traduites de l’hébreu en latin par le Sage Abognazar ».
† Je crois qu’il doit s’agir d’une corruption d’« Aben Ezra ».
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Introduction *
Fais fructifier, ô mon fils Roboam ! la sagesse de mes paroles, car moi
Salomon je l’ai reçue du Seigneur.
Alors Roboam répondit : « Comment ai-je pu mériter de suivre l’exemple
de mon père Salomon en de telles choses, lui qui a été considéré comme digne
de recevoir la connaissance de toute chose vivante grâce à (l’enseignement d’un)
ange de Dieu ? »
Et Salomon dit : « Écoute, ô mon fils, et reçois mes paroles, et apprends
les merveilles de Dieu. Car, une certaine nuit, alors que je me couchai pour
dormir, j’appelai le très saint nom de Dieu, YAH, et priai pour l’ineffable sagesse,
et comme je commençais à fermer les yeux, l’ange du Seigneur, Homadiel,
m’apparût, me communiqua certaines choses avec courtoisie, et dit : “Écoute,
ô Salomon ! Ta prière au Très-Haut n’a pas été vaine, puisque tu as demandé
non une longue vie, non davantage de richesses, ni la mort de tes ennemis, mais
la sagesse pour accomplir ce qui est juste.” Aussi, dit le Seigneur : “Suivant ton
désir, je t’ai donné un cœur sage et intelligent, tel qu’il ne s’est jamais trouvé
auparavant et qu’il n’y en aura plus après.” »
Et quand je compris le discours qui m’était tenu, je sus qu’en moi était la
connaissance de toutes les créatures, tant des choses qui sont dans les cieux,
que des choses qui sont sous les cieux ; et je vis que tous les écrits et la sagesse
de cette époque étaient vains et futiles, et qu’aucun homme n’était parfait. Et
je composai alors un certain ouvrage où je rapporte le Secret des Secrets, qui
y demeure préservé car caché, et dans lequel j’ai également dissimulé tous les
secrets des Arts Magiques de tous les maîtres ; précisément, tous les secrets et
les opérations se rapportant à ces sciences qui sont dignes d’être accomplis. Je
les ai transcrits dans cette Clef de sorte que, comme une clef ouvre un coffre
* Extrait du Manuscrit Additionnel 10862, « La Clef de Salomon, traduite en
latin depuis l’hébreu »
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contenant un trésor, cette Clef seule permet d’ouvrir la connaissance et la
compréhension des sciences et des Arts Magiques.
C’est pourquoi, ô mon fils ! Tu dois considérer chaque opération, les miennes
et celles des autres, et tu dois faire en sorte que tout soit correctement préparé,
comme tu m’as vu l’écrire, tant l’heure que le jour et toutes les choses nécessaires,
car sans cela, il n’y aurait qu’erreur et vanité en mon œuvre ; s’y trouvent cachés
tous les secrets et mystères qui peuvent être accomplis ; et ce qui se trouve dans
cette œuvre porte sur une divination ou une opération singulière que je pense
s’appliquer à toutes les choses qui sont dans l’univers, qui ont été et qui seront
dans les temps futurs.
Par conséquent, ô mon fils Roboam, je te commande au nom de la
bénédiction que tu as requise de ton père, de fabriquer un coffret d’ivoire et
d’y placer, d’y conserver et d’y cacher ma Clef ; et quand je serai parti chez mes
pères, je te prie instamment de la mettre à mes côtés dans mon sépulcre, de
crainte que, plus tard, elle ne tombe entre les mains des méchants. Et il fut fait
ce que Salomon avait commandé.
Et après que les hommes eurent attendu un long moment, se rendirent dans
le sépulcre certains philosophes babyloniens ; et quand ils se furent rassemblés,
ils se concertèrent et décidèrent que le sépulcre devait être restauré en l’honneur
de Salomon ; et quand le sépulcre fut mis à jour et réparé, le coffret d’ivoire fut
découvert et à l’intérieur se trouvait la Clef des secrets dont ils s’emparèrent avec
joie ; cependant, quand ils l’ouvrirent, personne parmi eux ne pût la comprendre
en raison de l’obscurité des mots, de leur disposition occulte et des caractères
cachés au sens commun, inaccessibles à la connaissance, parce qu’ils n’étaient pas
dignes de posséder ce trésor.
Alors se leva l’un d’entre eux, plus digne (que les autres), à la fois par le dessein
des dieux et en raison de son âge, qui s’appelait Iohe Grevis, et qui dit aux
autres : « À moins que nous n’allions en demander l’interprétation au Seigneur,
avec des larmes et des supplications, nous n’arriverons jamais à comprendre la
Clef. »
Par conséquent, lorsque les autres se furent retirés dans leur lit, Iohe tomba
face contre terre, se mit à pleurer et à se frapper la poitrine, en disant : « Ai-je
mérité de constater que personne ne pouvait comprendre ni interpréter cette
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connaissance, alors qu’aucun secret de la nature ne m’a été caché par le Seigneur !
Pourquoi ces mots sont-ils si obscurs ? Pourquoi suis-je si ignorant ? »
Ensuite, à genoux, les mains jointes vers le ciel, il dit : « Ô Dieu, Créateur
de tout, Toi Qui connais toute chose, Qui as donné une si grande sagesse à
Salomon le fils du roi David, accorde-moi, je T’implore, ô Saint, Omnipotent
et Père Ineffable, de recevoir la vertu de cette sagesse, afin que je sois digne avec
Ton secours d’atteindre à la compréhension de la Clef des secrets. »
Et immédiatement lui apparut l’ange du Seigneur, qui lui dit : « Tu dois te
rappeler que si les secrets de Salomon semblent masqués et obscurs, c’est que
le Seigneur l’a ainsi voulu ; une telle sagesse ne doit pas tomber entre les mains
d’hommes mauvais ; par conséquent, promets-moi de ne jamais succomber à la
tentation de révéler une si grande sagesse à l’ensemble des vivants et que tu ne la
révéleras qu’à ceux qui sauront la garder pour eux-mêmes. Sans cela, les secrets
seraient profanés et n’auraient plus aucun effet. »
Et Iohé répondit : « Je te promets que rien ne sera révélé, excepté pour la
gloire du Seigneur et avec beaucoup de circonspection aux personnes pénitentes,
secrètes et fidèles. »
Et l’ange répondit : « Va et lis la Clef, et les mots qui étaient obscurs te
seront alors révélés. »
Et après cela, l’ange remonta au ciel dans une colonne de feu.
Et Iohé fut empli de joie, et travaillant avec un esprit clair, il comprit ce que
l’ange du Seigneur lui avait dit, et il vit que la Clef de Salomon s’était modifiée
de telle sorte qu’elle lui apparaissait tout à fait claire en tout point. Et Iohé
comprit que l’ouvrage pouvait tomber entre les mains d’ignorants, et il dit :
« Je conjure celui entre les mains duquel ce secret tombera, par le pouvoir du
Créateur et par Sa sagesse, de faire en sorte, quoi qu’il désire ou ait l’intention
d’accomplir, que ce trésor ne puisse parvenir à des personnes indignes, insensées
ou qui ne craignent pas Dieu. Parce que s’il agit autrement, je prie Dieu qu’il ne
puisse jamais atteindre l’effet désiré. »
Sur ce, il déposa la Clef que Salomon avait conservée, dans le coffret d’ivoire.
Le contenu de la Clef se présente comme suit, divisé en deux livres et exposé
dans l’ordre.
Introduction *
Ô mon fils Roboam ! Comme de toutes les sciences il n’en est pas de plus
naturelle et de plus utile que la connaissance des mouvements célestes, j’ai cru de
mon devoir, étant sur le point de mourir, de te léguer un héritage plus précieux
que toutes les richesses dont j’ai pu jouir. Et pour te faire comprendre de quelle
manière je suis parvenu à un tel degré de sagesse, il faut que je te dise qu’un
jour contemplant la puissance de l’Être Suprême, l’ange du grand Dieu apparut
devant moi alors que je disais : Que les œuvres de Dieu sont surprenantes et
admirables ! Et tout à coup j’aperçus au fond d’une allée d’arbres touffus, une
lumière en forme d’étoile ardente qui clama d’une voix de tonnerre : Salomon,
Salomon, ne crains rien. Le Seigneur consent à satisfaire ta curiosité en te
donnant la connaissance qui te sera la plus agréable. Je t’invite à lui demander
ce que tu désires. Une fois revenu de ma surprise, je répondis à l’ange que,
suivant la volonté du Seigneur, je ne désirais que le don de la sagesse et, par la
grâce de Dieu, j’obtins de surcroît la jouissance de tous les trésors célestes et la
connaissance de toutes les choses naturelles.
C’est par ce moyen, mon fils, que j’ai obtenu toutes les vertus et les richesses
dont tu me vois jouir à présent, et pour peu que tu sois attentif à ce que je vais
te dire et que tu le retiennes avec soin, je te promets que les grâces du grand
Dieu te deviendront familières, que les créatures célestes et terrestres t’obéiront,
que tu acquerras une science qui n’opère que par la force et la puissance des
choses naturelles et par les anges purs qui les gouvernent. De ces derniers, je te
livrerai les noms dans l’ordre, leurs rôles et fonctions particulières auxquels ils
sont destinés, ainsi que les jours auxquels ils président particulièrement, pour
que tu puisses accomplir tout ce que tu trouveras dans mon testament. En tout
cela, je te promets la réussite, pourvu que toutes tes œuvres ne tendent qu’à
* Extrait du manuscrit Lansdwone 1203 « Les véritables Clavicules de Salomon,
traduites de l’hébreu en latin par le sage Abognazar ».
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servir l’honneur de Dieu qui m’a donné la force de gouverner non seulement les
choses terrestres, mais également les célestes, c’est-à-dire les anges dont je peux
disposer à ma volonté et obtenir des services considérables.
Tout d’abord, il faut que tu saches que Dieu ayant fait toute chose pour lui
être soumise, a voulu porter ses œuvres jusqu’au degré de perfection en créant un
ouvrage qui participe du divin et du terrestre, c’est-à-dire l’homme ; son corps est
grossier et terrestre, tandis que son âme est spirituelle et céleste ; il lui a soumis
toute la terre et ses habitants, et lui a donné des moyens par lesquels il peut se
rendre familiers les anges, que j’appelle créatures célestes, et qui sont destinés :
les uns à régler le mouvement des astres, d’autres à habiter les Éléments, d’autres
encore à aider et conduire les hommes, d’autres à chanter continuellement les
louanges du Seigneur ; tu peux donc, au moyen de leurs sceaux et caractères, te
les rendre familiers pourvu que tu n’en abuses pas en exigeant d’eux des choses
qui leur sont contraires, car maudit soit celui qui prononcera en vain le nom de
Dieu et qui mal emploiera les sciences et les biens dont il nous a enrichis.
Je t’ordonne, mon fils, de bien graver en ta mémoire tout ce que je dis de
façon à t’en rappeler toujours. Si tu n’as pas le dessein de bien user des secrets
que je t’enseigne, je t’ordonne de jeter plutôt ce testament au feu que d’abuser
du pouvoir que tu auras de contraindre les esprits, car je t’avertis que ces anges
bienfaiteurs, fatigués et lassés par des requêtes illicites, pourraient pour ton
malheur exécuter les ordres de Dieu à ton encontre aussi bien qu’à l’encontre
de tous ceux qui, mal intentionnés, abuseraient des secrets qu’il Lui a plu de me
livrer et révéler ; ne crois pas pourtant, mon fils, qu’il te soit interdit de profiter
des biens et des plaisirs que les esprits Divins peuvent t’offrir ; au contraire,
c’est pour eux un très grand bonheur que de rendre service à l’homme avec qui
nombre de ces esprits entretiennent des affinités, Dieu les ayant destinés à la
conservation et à la conduite des choses terrestres qui sont soumises au pouvoir
de l’homme.
Il y a de différentes sortes d’esprits, classés selon les choses auxquelles ils
président : il y en a qui régissent le Ciel Empirée, d’autres le Premier Mobile,
d’autres le Premier et Second Cristallin, d’autres le Ciel Étoilé ; il y a aussi des
esprits au ciel de Saturne que je nomme saturniens ; il y a des esprits joviens,
martiaux, solaires, des vénériens, mercuriels et lunaires ; il y en a aussi dans les
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Éléments aussi bien que dans les cieux, il y en a dans la région Ignée, d’autres
dans l’Air, d’autres dans l’Eau et d’autres sur la Terre, qui tous peuvent rendre
service à l’homme qui aura le bonheur de les connaître et de savoir les attirer.
Je veux également t’apprendre que Dieu a donné à chacun de nous un esprit
qui veille à notre préservation ; ceux-ci sont appelés génies, ils sont Élémentaires
comme nous et sont plus disposés à rendre service à ceux dont le tempérament
est conforme à l’élément qu’ils habitent : par exemple, si tu étais d’un
tempérament enflammé, c’est-à-dire sanguin, ton génie serait igné et soumis à
l’empire de Baël. En outre, il y a des moments réservés à l’invocation de ces
esprits, des jours et heures sur lesquels ils ont un pouvoir et un empire absolu :
C’est pourquoi tu trouveras dans la suivante table à quelle planète et à quel ange
sont soumis chaque jour et chaque heure, les couleurs qui leur conviennent, les
métaux, les herbes, plantes, animaux aquatiques, aériens et terrestres, ainsi que
les encens qui leur sont propres et en quelle partie du monde ils doivent être
invoqués, sans omettre les conjurations, sceaux, caractères et lettres divines par
lesquels on reçoit le pouvoir de fraterniser avec ces esprits.